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ARTICLE ORIGINAL
Rôle de l’observatoire REVELA13 dans
l’épidémiologie des tumeurs de vessie des femmes dans les Bouches-du-Rhône
The REVELA13 observatory to study new cases of bladder tumor among women living in Bouches-du-Rhône county
T. Martin
a,∗,b, K. Mantey
c, R. Boissier
a,p, P. Albert
d, V. Grisoni
e, E. Lechevallier
a,p, D. Barriol
f, G. Gravis
g, G. Pignot
h, D. Rossi
i, J. Lorca
j, C. Rattier
k,
C. Eghazarian
l, N. Daou
m, J.L. Davin
n,1, C. Clément
n, A. Akiki
a,b, L. Pascal
o, G. Karsenty
a,paServiced’urologieetdetransplantationrénale,hôpitaldelaConception,147,boulevard Baille,13005Marseille,France
bServiced’urologie,hôpitalEdmondGarcin,13400Aubagne,France
cObservatoirerégionald’épidémiologiepourlarégionPACA,13005Marseille,France
dServiced’urologie,hôpitalSaintJoseph,13008Marseille,France
eServiced’urologie,hôpitalEuropéen,13003Marseille,France
fServicedechirurgieurologique,polycliniqueduParcRambot,13100Aix-en-Provence,France
gDépartementd’oncologiemédicale,institutPaoli-Calmettes,13009Marseille,France
hServiced’urologie,institutPaoli-Calmettes,13009Marseille,France
iServicedechirurgieurologique,hôpitalNord,13015Marseille,France
jServiced’urologie,cliniquegénéraledeMarignane,13700Marignane,France
kServiced’urologie,cliniqueVignoli,13300Salon-de-Provence,France
lServicedeChirurgieurologique,centrehospitalierintercommunalAix-Pertuis,13100 Aix-en-Provence,France
mServiced’urologie,cliniqueAxium,13100Aix-en-Provence,France
nServiced’urologie,cliniqueRhôneDurance,84000Avignon,France
oSantéPubliqueFrance,CirePaca-Corse,94410Saint-Maurice,France
pAixMarseilleuniversité,13005France
Rec¸ule23mars2018 ;acceptéle7septembre2018 DisponiblesurInternetle10octobre2018
∗Auteurcorrespondant.
Adressee-mail:thomas.martin.chir@gmail.com(T.Martin).
1 Auteurdécédé.
https://doi.org/10.1016/j.purol.2018.09.004
1166-7087/©2018ElsevierMassonSAS.Tousdroitsr´eserv´es.
936 T.Martinetal.
MOTSCLÉS Cancer; Vessie; Femme; Épidémiologie
Résumé
Introduction.—L’observatoire REVELA13 est un outil épidémiologique unique recensant les nouveauxcasdetumeurdurein,devessieetdeleucémiesaiguësdansledépartementdes Bouches-du-Rhône.L’objectifdecetravailétaitd’analyserpourlapremièrefoislesdonnées decet observatoirepour lesnouveauxcasde tumeurs devessie dela femme≥T1 dansles Bouches-du-Rhônede2012à2014.
Matériel.—Il s’agissait d’une étude épidémiologique descriptive observationnelle. Quinze variablesnonnominativesdelabasededonnéesdeREVELA13ontétéanalyséespourdécrireles caractéristiquescliniquesetanatomopathologiquesdescasincidentsainsiqueleurrépartition spatio-temporelle.Lestauxd’incidenceexprimésennouveauxcasparanpour100000habi- tantsontétéstandardiséssurl’âgemondial,calculésavecleursintervallesdeconfianceà95% etcomparésauxestimationsnationalespourlamêmepériode.
Résultats.—Autotal,291nouveauxdiagnosticsdetumeursvésicalesontétéenregistréssoit uneincidencestandardiséesurl’âgemondialde3,85[3,32—4,37]nouveauxcasparanpour 100000habitants, supérieurede 54%aux estimations nationalesde 2012et2015. Le sex- ratioétait de19,41%(F/H) etl’âge médiandesurvenuede75,9ans. Les tumeurs étaient majoritairementsansinfiltrationdumuscle(52%),dehautgrade(69%)etsanscarcinomeinsitu (Cis)associé(49%).Les2territoireslesplustouchésétaientceuxdeMarseilleetd’Aubagne-La Ciotat.
Conclusion.—L’observatoire REVELA13 a permis d’améliorer nosconnaissances épidémiolo- giquessurlestumeursdevessiefémininesdanslesBouches-du-Rhôneetdemettreenévidence unesur-incidencelocale.
Niveaudepreuve.— 3.
©2018ElsevierMassonSAS.Tousdroitsr´eserv´es.
KEYWORDS Bladdercancer;
Female;
Epidemiology
Summary
Introduction.—The REVELA13 observatory is aunique epidemiological tool listing thenew casesofkidneytumors,bladdertumorsandacuteleukaemiasintheBouches-du-Rhônecounty (France).Aimwastoexploitforthefirsttimedatafromthisobservatoryregardingnewcases ofbladdertumors≥T1inwomenfrom2012to2014.
Materials.—This epidemiological study was observational and descriptive. Fifteen non- nominative variables from the REVELA13 database were analyzed inorder to describe the clinicalandpathologicalcharacteristicsoftheincidentcasesaswellastheirspatialandtem- poraldistribution.Theincidenceratesexpressedinnewcasesperyearper100000inhabitants werestandardizedontheworldage,calculatedwith95%confidenceintervalsandcompared tonationalestimatesforthesameperiod.
Results.—Incident bladder tumor cases were recorded in 291 women, corresponding to a standardized incidence on the world age of 3.85 [3.32—4.37] new cases per year per 100,000population,54 %higherthanthenational estimates of2012and2015. Median age ofdiagnosticwas75.9years.Sex ratiowas19.41%(W/M).Tumorswerepredominantlynon- muscle-invasive(52%),highgrade(69%)andwithoutassociatedcarcinomainsitu(Cis)(49%).
ThetwomostaffectedterritorieswereMarseilleandAubagne-LaCiotat.
Conclusion.—The REVELA13 observatory has improved our epidemiological knowledge on femalebladdertumorsinBouches-du-Rhônecountyandhighlightedalocaloverincidence.
Levelofevidence.—3.
©2018ElsevierMassonSAS.Allrightsreserved.
Introduction
Le cancer de vessie est un enjeu de santé publique à l’échelle mondiale. En 2012, 430 000 nouveaux cas et 165000décèsleplac¸aientau 9erangdes cancerslesplus fréquentsetau13ecancerdesplusmeurtriers[1].EnFrance
lamêmeannée, avec11965 nouveauxcaset4772 décès, c’étaitle5ecancerleplusfréquentetle7eleplusmeurtrier [2].Lecancerdevessieestégalementunenjeuéconomique puisque lorsqu’on prendencompte sontraitement etson suivi,onestimesoncoûtà200000$parpatient,soitdeux foisplusquelecancerdupoumonparexemple[3].
Figure1. CartedesregistresdesurveillancedescancersenFranceen2017.
Bien que 3 à 5 fois moins touchées que les hommes parlecancer devessie,lesfemmes présententunemala- die plus avancée au diagnostic ainsi qu’un plus fort taux de récidive et de mortalité après cystectomie [3]. La tendance évolutive de l’incidence du cancer de vessie chez la femme est à la hausse contrairement à celle de l’homme [1,2]. Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer ces différences hommes/femmes : exposition moindreauxcarcinogènesprofessionnels,statutgénétique, rôle hormonal protecteur et troubles mictionnels révé- lateurs improprement attribués à des infections ou au vieillissementvésicalresponsablesd’unretardaudiagnostic [3—6].
LesystèmedesurveillanceducancerenFrancerepose actuellement surle réseauFRANCIM(FRANce CancerInci- denceetMortalité)dontlavocationestd’estimerlestaux d’incidence etdemortalitéde touslescancersau niveau national. Il est composé de 14 registres généraux répar- tissur19départementscouvrant24 %delapopulation.Il n’existepasderegistredans ledépartementdesBouches- du-Rhône (BdR) ni en région Provence-Alpes-Côte-d’Azur (PACA)(Fig.1).
Suite à l’interpellationdes autoritéssanitaires pardes associations de riverains, de médecins et d’élus locaux, l’observatoire REVELA13 est né en 2011 afin de répondre objectivement à la perception par la population résidant àproximité de«points noirsenvironnementaux» dansle départementdesBouches-du-Rhôned’unnombreélevéde cancers.Ilrecueilledepuisle2avril2012lesnouveauxcas decancersdurein,devessieetdeleucémieaiguëchezles adultesrésidantdanscedépartement.
En l’absence de données locales concernant les can- cers de vessie dans les Bouches-du-Rhône, et plus
particulièrementsurlesspécificitésfémininesdéfavorables nous avons entrepris d’exploiter pour la première fois les données de l’observatoire REVELA13 concernant les nouveaux cas de cancers de vessie féminins. L’objectif de ce travail était de décrire à partir des données de l’observatoire REVELA13, l’incidence, les caractéristiques épidémiologiquesetladistributiongéographique desnou- veauxcasdetumeursdevessieinfiltrantaumoinslechorion (≥T1) survenus entre le 2 avril 2012 et le 31 décembre 2014 chezles femmes adultes résidant dans lesBouches- du-Rhône.
Matériel et méthodes
Il s’agissait d’une étude descriptive analytique. Les cas étaientdéfinis par des femmes adultes résidant dans les Bouches-du-Rhône au moment du diagnostic et présen- tant unpremier diagnostic detumeur de vessie infiltrant au moins le chorion (≥T1) entre le 2 avril 2012 et le 31décembre 2014.Lestumeurs destades TaetCis n’ont pasétéprisesencompteafindepouvoircomparernostaux d’incidenceaveclesvaleursnationales.Eneffet,lestaux d’incidenceàl’échellenationalesontcalculéssurlesstades égauxousupérieursaustadeT1conformémentauxrègles d’enregistrementetdevalidationissuesdes recommanda- tionsinternationalesduCentreInternationaldeRecherche surleCancer(CIRC),duréseaueuropéendesregistresdes cancersetduréseaudesregistresdescancersfranc¸aisFRAN- CIM.LegradetumoraletaitdéfiniselonlaclassificationOMS 2004.
Quinze variables non nominatives issues de la base de données de REVELA13 ont été analysées permettant
938 T.Martinetal.
Tableau1 15variablesnonnominativesissuesdelabasededonnéesdel’observatoireREVELA13.
Datedesignalement Établissementdéclarant Stade
Typedesignalement Statutétablissement Grade
Datedediagnostic Basediagnostique Taille
Âgeaudiagnostic RCPdéclarante Cisassocié
Lieududomicile Cabinetd’anatomopathologie Unioumultifocal
RCP:réuniondeconcertationpluridisciplinaire;Cis:carcinomeinsitu.
de décrire les caractéristiques cliniques et anatomopa- thologiques des cas incidents ainsi que leur répartition géographiqueaprèsaccordetengagementdeconfidentialité auprèsdesantépubliqueFrance(Tableau1).
Avantsondéploiement,l’observatoireREVELA13arec¸u l’avisfavorableducomitéconsultatifsurletraitementde l’information en matière de recherche dans le domaine de la santé (avis favorable no 11569 du CCTIRS du 21octobre2011),lesautorisationsdelacommissionnatio- nal de l’informatique et des libertés (autorisations CNIL no 911545 du 21 mars 2012 et DR-2014-442 du 8 octobre 2014) ainsi que l’accord des médecins partenaires. Le recueildedonnéesdel’observatoires’appuiesurlesigna- lement direct (Matériel complémentaire, no 1) par tout médecin,adhérantauréseaudel’observatoireREVELA13,à l’origined’unnouveaudiagnosticdecanceretparlesignale- mentindirectdecasautraversd’extractionstrimestrielles desbasesdedonnéescentralisantlesfichesderéunionsde concertationpluridisciplinaire(RCP).En2015,cesdonnées ont été consolidées par une étude d’exhaustivité menée auprèsdes départementsd’informationmédicale (DIM) et deslaboratoires d’anatomopathologie pour cettepériode.
Lesdonnéesdescasvalidéssont complétés,avecl’accord dumédecin signalant, à partir des dossiers médicauxdes patients et saisies sur une base de données informatisée dédiée.
Les analyses statistiques ont été réalisées en collabo- ration avecl’observatoire REVELA13 en suivant lesrègles destatistiquesépidémiologiquesutiliséesparlesregistres du réseau FRANCIM et le service de biostatistiques des hospicescivils de Lyon.Lestaux d’incidence exprimés en nouveauxcasparan pour100 000habitants ontétéstan- dardiséssurl’âgemondial(Matérielcomplémentaire,no2), calculés avec leurs intervalles de confiance à 95 % et comparésauxestimationsnationalespourlamêmepériode.
Lespopulationsétudiéessontissuesdesdonnéesnationales del’institut national de la statistiqueet des études éco- nomiques (INSEE) recensant chaque année la population franc¸aiseparsexeetparâgepourtouteslescommuneset arrondissements.
Résultats
Entre le2 avril2012 etle 31 décembre2014, 291 casde nouveaux cancers de vessie chez la femme (67 en 2012, 107 en 2013 et 117 en 2014) ont été recueillis dans les Bouches-du-Rhône,contre1208chezl’homme,soitunsex- ratiofemmes/hommesde19,41%.Letaux standardisésur l’âgemondial(TSM)étaitde3,85[3,32—4,37]nouveauxcas
Tableau2 Répartitiondescasincidentsparétablisse- mentdéclarantetstatutassocié.
Établissementdéclarant Dpt Statut Cas
CHUConception 13 Public 25
CHUNord 13 Public 14
CHMartigues 13 Public 4
CHAix 13 Public 8
CHArles 13 Public 4
CHSalon 13 Public 1
CHLaCiotat 13 Public 1
HôpitalStJoseph 13 Privé 36
HôpitalEuropéen 13 Privé 35
PolycliniqueduParcRambot 13 Privé 23
HôpitalBeauregard 13 Privé 19
HôpitalCasamance 13 Privé 15
CliniqueChanteclerc 13 Privé 13
CliniqueBouchard 13 Privé 10
CliniqueMarignane 13 Privé 10
CliniqueVignoli 13 Privé 11
CliniqueVertCoteau 13 Privé 8
CliniqueAxium 13 Privé 6
CliniqueLaCiotat 13 Privé 6
CliniqueRésidenceduParc 13 Privé 5
CliniqueJeanned’Arc 13 Privé 5
CliniqueRhôneDurance 84 Privé 5
CliniqueBonneveine 13 Privé 4
HôpitalIstres 13 Privé 3
CliniquesprivéesNîmes 13 Privé 2 InstitutPaoliCalmettes(IPC) 13 CLCC 17
InstitutSteCatherine 84 CLCC 1
Dpt:département;CLCC:centredeluttecontrelecancer.
paran pour100 000habitants. L’âgemoyenau diagnostic étaitde74,12ans,l’âgemédiande75,9ans,l’âgeminimum de40,7ansetl’âgemaximumde97,9ans.
Lessignalementssesontétalésentrele9mai2012etle 15avril2017.Centdix-neufcas(41%)sont issusdesigna- lementsdirects, 125cas(43%)sont issusdesignalements indirects et 47 nouveaux cas (16 %) ont été ajoutésà la base de donnéesaprès réalisation d’une enquête interne d’exhaustivité.Deuxcent-seizecas(74%)ontétédiagnos- tiquésdansdesétablissementsprivés,57cas(20%)ontété diagnostiquésdansdesétablissementspublicset18cas(6%) ont étédiagnostiqués dans descentres delutte contre le cancer(Tableau2).
Tableau3 Caractéristiquesgénéralesdes291casrecensés.
Sex-ratioF/H 19,41%
Âgemédian[min—max] 75,9[40,7—97,9]
Signalement 41%directs,43%indirectset16%aprèsenquêted’exhaustivité Statutétablissement 74%privés,20%publicset6%CLCC
Stade 52%TVNIMet46%TVIM(2%nr)
Grade 5%deFPM,19%debasgradeet69%dehautgrade(7%nr)
Uni/multifocal 39%unifocaleset34%multifocales(27%nr)
AssociationCis 11%avecCiset49%sansCis(40%nr)
F:femme;H:homme;CLCC:centredeluttecontrelecancer;TVNIM:tumeurdevessien’infiltrantpaslemuscle;TVIM:tumeur devessieinfiltrantlemuscle;Cis:carcinomeinsitu;nr:nonrenseignés;FPM:faiblepotentieldemalignité.
Sur les 291 cas détectés, bien qu’enregistrés dans les basesRCP,44cas(15%)n’avaientpaspuêtredétectéssurles extractionsdesRCPdufaitd’unmanquedesensibilitémais l’avaientétéàpartirdesdonnéesdesDIMetdeslaboratoires d’anatomopathologie.
Lestumeursétaientmajoritairementsansinfiltrationdu muscle(52%),dehautgrade(69%)etsansCisassocié(49%).
Sur les 147 cas n’infiltrant pas le muscle, 16 cas (11 %) étaientdestumeursdefaiblepotentieldemalignité,49de basgrade(33%)et82dehautgrade(56%).Surles123cas infiltrantlemuscle,seuls5casétaientdebasgrade(4%), leresteétantdehautgrade(96%)(Tableau3).
Larépartitiongéographiquedépartementaleétaithété- rogène avecdes TSMs’étalant de2,2 à5,8 nouveauxcas paranpour100000femmes.Les2territoireslesplustou- chésétaientceuxdeMarseille-Ouestetd’Aubagne-LaCiotat (Fig.2).
Ilestànoter qu’aucunnouveaucas detumeurdeves- sie féminin n’a été reconnu en maladie professionnelle dans notre département ni dans la régionPACA-Corse sur la période 2013—2015 (données de l’institut national de recherche et de Sécurité (INRS), la caisse d’assurance retraiteetdelasantéautravailrégionSud-Est(CARSATSud- Est),etla caissecentraledelamutualitésocialeagricole (CCMSA)).
Discussion
Cette étude est la première exploitant des données de l’observatoireREVELA13etplus spécifiquementcellesdes cancers de vessie féminins. Elle a permis de décrire lescaractéristiquescliniquesetanatomopathologiquesdes 291casincidentsrecenséssurlapériode2012—2014.Letaux
Figure2. Répartitiondépartementaledestauxstandardiséssurl’âgemondialdestumeursdevessiefémininesdesBdRsurlapériode 2012—2014.BdR:Bouches-du-Rhône;MRS:Marseille.
940 T.Martinetal.
Tableau4 ComparaisondesTSMdestumeursdevessie chezlafemmedanslesBdRauniveaunational.
TSMBdR TSMFrance
Période2012—2014 Estimation2012 Projection2015
3,85[3,32—4,37] 2,50 2,50
TSM:tauxstandardisésurl’âgemondial;BdR: Bouches-du- Rhône.
standardisésurl’âge mondialcorrespondant étaitde3,85 [3,32—4,37]nouveauxcasparanpour100000habitants.Au niveaunational,leTSMdestumeursdevessiechezlafemme estestiméà2,5en2012et2015.Nosrésultatssontdoncen faveurd’une sur-incidence locale de 54% par rapport au niveaunational(Tableau4)[3].
Notrepopulationd’étudedépartementales’inscritdans les estimations nationales de 2012 avec un sex-ratio femmes/hommesdel’ordrede20%(19,41%danslesBdR contre20,19%auniveaunational)etunepopulationunpeu plusjeunequ’àl’échellenationale(âgesmoyenetmédian audiagnosticrespectivementde74,12et75,9ansdansles BdRcontre77et79ansauniveaunational)[3].
La sur-incidence locale observée de tumeurs de ves- siefémininesest confortée parla fiabilité durecueil des données réalisé par l’enquête interne d’exhaustivité sur cettepériodequiapermisdecroiserlesdonnéesissuesde REVELA13àcellesissuesdeslaboratoiresd’anatomiepatho- logiquedudépartementetdesDIM.Deplus,l’observation d’unesur-incidencelocaleégalementpour lescasdecan- cers masculins de vessie contrairement à celles sur des cancersdureinetdesleucémiesaiguësdansl’observatoire étaitun argument deconfirmation dela réalité de cette sur-incidence.
Plusieurs facteurs derisque de survenue decancer de vessiesont aujourd’hui reconnus avecdes risques relatifs variantde1,4à4.Leprincipalfacteurderisquemodifiable resteletabagismeactifresponsablede50%desnouveaux cas.Sont également reconnusl’exposition professionnelle àdes carcinogènes, le sexemasculin, les antécédentsde radiothérapiepelvienne,d’infectionsurinaireschroniques, lapriseaulongcoursdecyclophosphamide(agentalkylant utilisédansletraitementdeslymphomesetdesleucémies) oudepioglitazone(antidiabétiqueoraln’ayantplusl’AMM enFrancedepuisle9juin2011),lesantécédentsdebilhar- zioseurinairedans leszonesendémiques etl’expositionà l’arsenicdansl’eaupotable.D’autresfacteursderisquede survenuedecancerdevessie,bienquesuspectés,nesont actuellementpasreconnusparmanquedepreuve scienti- fique.Ils’agitdutabagismepassif,desfacteursgénétiques etdesfacteursdiététiques.Lesexpositionsenvironnemen- talesauxcarcinogènesfontdébat[5].
La sur-incidence locale observée dans les Bouches-du- Rhônepeutêtreexpliquéeenpartieparunesur-incidence dutabagisme actif chezlesfemmes dans les Bouches-du- Rhône.En effet, ilexiste 30 % de fumeuses quotidiennes chezles15—75ansenrégionPACAen2010contre26%en Francemétropolitaine.Letabagisme actifestresponsable d’environ 20 à 30 % des nouveaux cas féminins [5,6]. Un fumeur est considéré comme 4 fois plus à risque qu’un
non-fumeuretunancienfumeurcomme2foisplusàrisque [5]. On retrouveégalementen2011 une sur-incidencede 11%ducancerdupoumonchezlesfemmesenrégionPACA parrapportàlaFrance.
Se pose également la question d’une sur-exposition professionnelle et/ou environnementale aux carcino- gènes vésicaux dans notre département. L’exposition professionnelle aux hydrocarbures aromatiques polycy- cliques (HAP) dérivés de la houille et du charbon, à certaines amines aromatiques (AA), à une nitrosamine (N-nitrosodibutylamine) et à l’arsenic présent dans cer- tains produitsphytosanitaires detraitement desvignes et xyloprotecteurs représente le second facteur derisque le plus important, responsable d’environ 5 à 25 % des cas [5,6]. Quant aux facteurs environnementaux, on estime que 22% des maladies dansle mondeet 23% dunombre totalde décèsleursont attribuables.LarégionProvence- Alpes-Côte-d’Azur possède de nombreux axes routiers de transit, des aéroports et une forte activité maritime, sources de pollution multiples. Quant au département des Bouches-du-Rhône,ilestle terraindenombreuxsites industriels historiques et actuels, sites classés Seveso, ainsi que d’importantes voies maritimes et transports autoroutiers qui pourraient être à l’origine d’expositions professionnellesetenvironnementales.
Le recueil des donnéesau travers de cet observatoire n’apasvocationàdocumenterlesexpositionsàl’originedes tumeursenregistrées.Cependant,laconstitutiond’unebase dedonnéesdecancersincidentsestuneétapeindispensable à la réalisationd’études ad-hoc quiaurontpour vocation d’explorer les différentes hypothèses d’exposition. Ainsi, deuxétudessont actuellementencours,d’unepart, pour localiser plus précisément les territoires où l’on observe cettesur-incidence,et,d’autrepart,pourdocumenterles expositionsindividuellesauseind’unecohorteprospective depatientes.
L’intérêt d’un tel observatoire est multiple : mieux connaître l’épidémiologie locale des tumeurs de vessie grâce à l’analyse de données quasi-exhaustives, et per- mettre ainsiune meilleure prévention etprise encharge des nouveaux cas de tumeurs de vessie notamment chez la femme, atteinte plus sévèrement que l’homme au momentdudiagnostic.Lepartagedecesinformationsvia le réseau des urologues et des médecinsgénéralistes des Bouches-du-Rhônepermettra d’améliorernotamment leur reconnaissanceenmaladieprofessionnelle.
Conclusion
L’observatoire REVELA13 est un outil épidémiologique uniquedanslesBouches-du-Rhôneayantpermis demettre enévidenceune sur-incidencelocaledes tumeursde ves- siechezlafemme.Sonexistencenouspermetd’améliorer nosconnaissancesépidémiologiqueslocalessurlestumeurs devessie etdoncderéaliser une meilleure préventionet unemeilleurepriseenchargedecespatientes.Ilconstitue égalementunesourcededonnéespréalablesindispensable à la conduite d’études ad-hoc permettant de dépister et caractériser les éventuelles expositions à l’origine deces tumeurs.
Remerciements
Merci à l’ensemble des urologues du département des Bouches-du-Rhône etdes départements limitrophes colla- borantàl’observatoireREVELA13:
A. Akiki, F. Abram, P. Albert, E. Anfossi, F. Arroua, C. Avances, J.P. Baills, D. Barriol, C. Bastide, A. Beraru, S. Bertrand, T. Bodin, M. Boukaram, D. Bretheau, F. Bre- ton, X. Breton, A. Carcenac, A. Chiapello, C. Clément, N.Daou,P.Y.Dauvergne,J.L.Davin,B.DeGraeve,V.Dela- porte,R.Demoux,J.Deturmeny,S.Droupy,C.Eghazarian, P.O. Fais, A. Ferré, M. Fourmarier, G. Henri, S. Gaillet, G.Gravis,V.Grisoni,G.Karsenty,J.Lacoste,S.Lavilledieu, F. Lay, E. Lechevallier, J. Lorca, W. Manoukian, L. Mar- tin, A. Matte,C. Maurin, A. Monges, T. Negre, G. Perez, G. Pignot, E. Ragni-Ghazarossian, C. Rattier, D. Rossi, S.Rybikowski,N.Siegler,E.Taib,H.Toledano,L.Tomatis, F.Vidal,P.Volpe,L.Wagner,J.Walz,J.Wodey.
Merciégalementàl’ensembledesmédecinsresponsables des DIMet aux anatomopathologistes qui ont participé à l’étuded’exhaustivité.
Déclaration de liens d’intérêts
Lesauteursdéclarentnepasavoirdeliensd’intérêts.
Appendix A. Matériel complémentaire
Le matériel complémentaire accompagnant la version en ligne de cet article est disponible sur http://www.
sciencedirect.com et https://doi.org/10.1016/j.purol.
2018.09.004.
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