ÉTUDE DE LA CHONDROGENÈSE VERTÉBRALE
CHEZ L’EMBRYON DE SOURIS.
INFLUENCE D’UNE IRRADIATION TÉRATOGÈNE
AUX RAYONS X.
I. — TOPOGENÈSE DES MALFORMATIONS
OBSERVÉES
AU TERME DUDÉVELOPPEMENT
Madeleine NOVEL Laboratoire de
Biologie,
Institut national des Sciences
appliquées de Lyon,
69 - VilleurbanneSOMMAIRE
i. Le roe
jour
de la vieembryonnaire représente
chez la Souris une despériodes critiques
ma-jeures
del’organogenèse
vertébrale. Une dose modérée deRayons
X( 300 r),
administrée in toto àce stade,
n’aggrave
que de 18 p. 100la mortalitéprénatale,
mais suffit à provoquer des malformations vertébrales chez 92p. 100 desembryons
survivants. ,2
. Les malformations, bien que très diverses, peuvent être
rangées
en 9grandes catégories.
Quatre
d’entre elles affectent les centres vertébraux. Ce sont l’absenced’ossification
au 18ejour,
laréduction, la fusion
entre centressuccessifs,
etl’ossifical i on
bilatérale. On constatequ’exception
faitede
la fusion,
leurrépartition longitudinale présente
desanalogies
avec celle de la différenciation. Eneffet, l’ossification
bilatérale concerne les centres ossifiés lespremiers,
tandis que réduction et absence portent sur des centres à ossificationplus
tardive. Cette constatationsouligne l’importance
des mou-vements
morphogénétiques
et celle de la différenciation dans lagenèse
desmalformations,
et le rôlede leur
asynchronisme longitudinal
dans la diversification de ces dernières.3
. Les côtes
présentent
quatre types d’anomalies.L’angulation, l’interruption
et lafusion paraissent
seproduire
sans lien avec latopographie.
La variation du nombre affecte au contraire surtout les frontières de la cagethoracique,
avec desparticularités
propres à notre souche. Les arcsvertébraux montrent une
fusion
dorsale, selon unerépartition
distincte de celle des anomalies cen-trales.
INTRODUCTION
1/existence
de malformationssquelettiques engendrées
par une irradiation in utero a été maintes foissignalée (J OB , I,!IBO!,D
etF I T ZMAURI CN, i935 ;
WARKANYet
SC HR AFFË NB E R GE R ,
ig47 ;W ILS O N , i 954 ; RUSS!!,!, 1950, 1956 ;
RUSSELL etR USSTI , L
, i 954 ).
Ces derniers auteurs enparticulier
ont montré que la colonne verté- bralepassait,
aux environs du ioejour embryonnaire,
par unepériode critique
deradiosensibilité. Alors que, d’une
façon générale,
le tissusquelettique
estparticu-
lièrement
radiorésistant,
une dosemodérée ( 300 r), administrée
cejour - là, suffit
àproduire
électivementde
nombreuses malformations.Du
point
de vue de lamorphogenèse,
le dixièmejour
se trouve inclus dans lapériode
delatence qui sépare
induction etdifférenciation.
Laradiosensibilité parti-
culière de cette
phase
deprédifférenciation
est unphénomène
trèsgénéral (Wo!;x!,
1 93
6)
bienqu’encore mal expliqué.
Il estlogique
de supposerqu’en
raison de l’im-portance
du nombredes mitoses,
et del’activité
d’information liée à ladifférenciation,
l’ADN soit «démasqué
» etparticulièrement
vulnérable. WHITFIELD( 19 66)
observeaprès
irradiation unelarge
sortie des histones à l’extérieur du noyau.I,’ARN
messagerpourrait également
être touché. Citons la démonstration parE K E RT
et GRUNBERG- MANAGO
( 19 66)
d’une influence de l’irradiation sur l’activitémessagère
depolyribo-
nucléotides de
synthèse,
in vitro.Mais
l’analyse
de cesproblèmes exige
aupréalable
que soitdélimité, d’une part,
ce
qui
estimputable
à lacytolyse,
et à sesmultiples répercussions, topographiques
notamment,
dans l’édification
desmalformations,
et d’autrepart,
cequi peut
êtreconsidéré
comme une atteinte directe de la différenciation. Il convient en outre de discerner sicelle-ci
estperturbée de façon transitoire,
à l’échelle de lagénération cellulaire,
ou defaçon plus durable,
cequi
introduirait unphénomène génétique.
Dans ce
but,
nousétudierons
ici lamorphogenèse
des malformations vertébrales.Les résultats obtenus seront
exposés
dans une série de troispublications.
Dans cette
première partie,
nous évaluerons tout d’abord l’effet létal de l’irra- diation dans nos conditionsexpérimentales.
Puis nous établirons uneclassification
des malformations vertébralesapparaissant
dans ces conditions biendéfinies.
Enregroupant
lamultiplicité
des défectuosités décrites parR USSELL ( 1954 ) lorsqu’elles présentent
desanalogies,
on a pu définirquelques grandes catégories. L’apparition
de
chacun de cesgrands types
demalformations
a ensuiteété
dénombrée pourchaque
vertèbre
prise individuellement,
àl’exclusion
des vertèbrescaudales,
defaçon
àmettre en évidence une
éventuelle relation
entre la nature des malformations et leur localisation.MATERIEL
ETMÉTHODES
Les souris utilisées
proviennent
d’une soucheSwiss/gif
entretenue au Centre de Sélection du C. N. R. S. On choisit depréférence
des femelles ayantporté déjà
une fois,plus
rarement des femellesprimipares.
Ledatage
desportées
se fait d’abord enconsignant l’apparition
du bouchonvaginal, qui
donne lejour
zéro. Puis il est déterminé defaçon plus précise
au moment dusacrifice,
selon uneclef établie
d’après
GRUNEBERG( 1950 )
et MILAIRE( 19 6 3 )
sur des critèresmorphologiques.
Tous lesembryons qui
n’ont pas effectivementl’âge
souhaité sont écartés.L’irradiation est
pratiquée
defaçon systématique
au roejour
de lagestation.
Les rayons Xsont fournis par un
appareil Stabilipan
Siemens, sous 1!0 kV et 8 mA, avec une filtration de 2 mmd’aluminium. Le débit est de 33r/mn à 6o cm de l’anticathode.
La mère est sacrifiée dans le courant du dix-huitième
jour
pour les raisons suivantes. Il est indis-pensable
enpremier
lieu que l’observation soit suffisamment tardive pour interveniraprès
le démar-rage de l’ossification. En effet,
J OST ,
MOREAU et FOURNIER(rg6o)
ont montré que, lors de ces «virages physiologiques
»; la variabilité estpendant quelques
heures extrêmement grande. Il convient par ailleurs d’intervenir avant laparturition,
afin depouvoir
observer les sites derésorption
d’une part,et la totalité des foétus survivants d’autre part ; car la
mère,
traumatisée par l’irradiation, peut détruire elle-même saportée.
Les foetus sont fixés au formol, colorés en masse à l’alizarine,
puis
éclaircis à la potasse et enfin conservés dans laglycérine.
Lesquelette
osseuxapparaît
en rouge, lesquelette cartilagineux
et lestissus mous deviennent
parfaitement
translucides. 70embryons,
issus de 23portées,
ont été exami-nés
après
coloration dusquelette.
Le taux de mortalité a été établi àpartir
d’un nombreplus
étendud’individus
( 1 1 8 3 ),
destinés à d’autres types d’études.RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUX
I. - Taux de mortalité
embryonnaire
A. - Taux moyen.
I,e tableau i donne le nombre moyen
d’embryons
survivants et résorbés dans lesportées
normales et irradiées à 300r. On voit que la mortalitéembryonnaire
n’est pas
négligeable
au cours dudéveloppement
normal( 17
p.ioo).
En retranchant cette valeur de la mortalité totale observée chez les irradiés( 35
p.ioo),
on obtientune valeur résiduelle de 18 p. 100
qui représente
le taux attribuable à l’irradiation.B. -
Évolution
de la mortalité au cours de lagestation.
a)
Sites derésorption.
Chez les
témoins,
les avortements sontdéjà
nombreux au dixièmejour,
et 11 està remarquer
qu’une
femellepeut
en subirjusqu’à
8. Il est vraisemblablequ’il s’agit
dans ce cas de
primipares ;
en effet cesdernières,
à laparturition,
ne donnent souventnaissance
qu’à
4oujeunes.
D’autrepart,
ladécrue
observéeaprès
ledouzième jour
doit
provenir
de larégression
totaledes
sites derésorption qui échappent
de ce faità
l’observation. Chez
lesirradiées,
aucontraire (fig. z),
la courbe subit une ascensiontrès nette, démontrant que la mortalité se
poursuit jusqu’au
18ejour.
b)
Nombre moyend’embryons
vivants à divers stades.Ce mode de
comparaison (tabl. 2 ) indique également
que c’estaprès
le douzièmejour
que se creuse l’écart entreportées
témoins et irradiées.c) Distribution
du nombred’embryons vivants par portée
à divers stades.Chez les
témoins,
la taille desportées
est très variablejusqu’au
douzièmejour
(fig.
2a).
Puis elle se stabilise autour de certaines valeurs. C’est ainsiqu’à
dix-huitjours (fig. 2 c)
on ne trouveplus
deportées
comprenant moins dequatre
foetus.Certaines, correspondant probablement
àdes premières gestations,
enpossèdent quatre,
mais lamajorité
encomporte sept
àquatorze.
L’irradiation
nemodifie pratiquement
pas leprofil
dans les deuxpremiers jours (fig.
2a).
Maisensuite les portées
nombreuses se raréfientjusqu’à devenir
excep-tionnelles.
Lesportées
très réduites sont au contraire en nombre accru.Enfin,
les taillesintermédiaires
encoredispersées pendant
un certaintemps (fig.
2b),
seregroupent finalement
autourd’un
seul maximum pour lesportées
decinq
foetus(fig.
2c).
C. - Discussion.
Il est difficile de comparer les
pourcentages
delétalité
observés par lesauteurs,
étant donné d’unepart
les différentsmodes d’observation possibles,
et d’autrepart,
les différencesgénétiques. C’est
ainsi qued’après
RUSSELL( 195 6),
300roentgens administrés
entre 9i/a jours
et 131/2 jours
neprovoquent
aucune mortfoetale
maisioo p. 100de mort néonatale. Pour RUGHet WOHLFROMM
(i 9 62),
le taux normal desurvie,
au dix-huitièmejour,
d’unelignée C>!1
de souris Swiss s’élève à8 4
p. 100, cequi
concorde avec nos propres observations(tabl. i).
Mais il tombe pour 300r à 14p. 100si les rayons X sont administrés à dix
jours
et à 33p. 100 s’ils sont donnés à onzejours,
cequi
estlargement
inférieur à nos résultats(65
p.ioo).
Intermédiaires entre ces données
extrêmes,
nos observationsindiquent
doncque les conditions
d’irradiation utilisées
ici n’entraînentqu’une
mortalité relative-ment
modérée.
Ellessoulignent
deplus
que cephénomène
sepoursuit
tout aulong
de la vie
foetale,
alors que dans les conditionsnormales,
la mortalité semblestabilisée
durant ladeuxième
moitié dela gestation. Enfin,
l’étudedétaillée
dela distribution
des tailles montre que l’irradiationfrappe
indifféremment lesportées quelle
que soit leur tailleinitiale, déportant
lepolygone
defréquence depuis
ses limites normalescomprises
entresept
etquatorze individus,
vers des taillesfaibles, comprises
entreun et
sept
individus.II. -
Classification
desPrincipales
anomalies observéesLe
tableau 3précise,
pour les 9 classesproposées,
les anomalies que nous regrou- pons dans chacune d’entre elles. Il yfigure également,
dans unecolonne distincte, les
autres anomaliessusceptibles
d’êtreobservées,
maisqui
ne seront pasdénombrées
par la suite.
Certaines correspondent
à des effetsmarginaux
d’une autrepériode critique
deradiosensibilité,
etn’apparaissent
que rarement ; c’est le cas parexemple
du
tilting dés
centres, ou des déformations del’atlas (RuSSELL, 195 6). D’autres
sont difficiles à
apprécier,
commel’asymétrie
des centres(pl.
i;fig. A),
ou les lésionsaffectant
lesternum,
dont les différentesparties constitutives deviennent
difficile- ment reconnaissables.Les anomalies retenues recouvrent une certaine variabilité de forme.
L’ossifi-
cation bilatérale
peut prendre
desaspects
trèsdivers, depuis
lesimple
rétrécissement médian(pl.
i,fig. A, B, C) jusqu’à
laséparation
en deux éléments totalement dis- tincts(pl.
i,fig. !).
La fusion des centrespeut
êtresoit large (pl.
n,fig. B, C, I)
soitténue
(pl.
i,fig. B).
A propos de l’absenced’ossification (pl.
i,fig. D, E, I, J).ilfaut
remarquer que la coloration à l’alizarine ne
permet
pastoujours
de trancher entreles absences réelles de
pièce squelettique
et desimples
retards d’ossification. Onpeut
considérercependant
que ce retard constituedéjà
lesigne
d’uneperturbation
consé-cutive à
l’irradiation,
etqu’il
estlégitime
de grouper cette anomalie avec l’absence depièce
ossifiée. Ce retardpeut
lui-même masquer d’autresanomalies, échappant
ainsi à l’examen. Des observations faites sur un nouveau-né
(pl.
I,fig. B)
montrentpar
exemple
unesegmentation
confuse de la zone cervicale par suite du dédouble-ment et de la fusion unilatérale des centres ; cette grave
perturbation
aurait totale- mentéchappé
si l’observation avait été faite au dix-huitièmejour.
Aussi le groupe que nous intitulons absenced’ossification
caractérisé pardéfaut,
est-il un groupehétérogène,
notion dont il conviendra de tenircompte
lors del’exposition
et del’interprétation
des résultats.III. - Distribution
longitudinale
de la radiosensibilité vertébrale A. - Centres vertébraux.Les défectuosités affectant chacun des centres des zones
thoracique,
lombaireet sacrée sont dénombrées et les
polygones
defréquence correspondants
sont établis(fig. 3 ). L’étude systématique
des centres cervicaux n’a pas étéfaite ;
elle n’aurait pas designification puisqu’ils
sont souventimperceptibles
à dix-huitjours
mêmechez les foetus normaux.
D’une
façon globale
toutd’abord,
on remarque que la dose de 300r touche 60 p. 100des centres
thoraciques (T),
30p. 100des centres lombaires(L)
et 15 p. 100 des centres constituant le sacrum(S).
Sur 40 foetus étudiésaprès 300 r,
4neprésentent
aucune anomalie des centres, m montrent seulement des malformations antérieures
(jusqu’à T 4 ),
34possèdent
des lésions sur toute lalongueur
de l’axevertébral,
maisaucun n’en montre dans la zone
postérieure
seule. Il faut donc admettre que la zone antérieureest,
au dixièmejour, particulièrement
radiosensible.Remarquons
aussique les anomalies d’un
type
donné sont engénéral,
pour unindividu, groupées
surdes centres voisins.
Annales de Biologie animale. - i96g.
La fréquence
dechaque
anomalie semble passer par un ou deuxmaxima,
depart
et d’autredesquels
elle décroîtprogressivement.
C’est ainsi que l’absence d’ossi-fication
estimportante
dans la zoneantérieure ;
de66 p.
100enT l ,
elle décroîtjus- qu’à
s’annuler enT,
pourréapparaître
caudalement(pl.
i,fig. r).
La réduction montreun
premier pic
deT l
àT,,
et un second au niveau des lombaires.L’ossification
bila-té y
ale affecte surtout les vertèbres
thoraciques
de la zone moyenne etpostérieure,
avec un
pôle
desensibilité
enT ll .
L’irradiation à doseplus
forte( 4 0 0 r) augmente la fréquence
desanomalies,
et enparticulier de l’absence d’ossifccation. Cette dispo-
sition fait
apparaître
une sorte desymétrie céphalo-caudale, dont
le centre se situe-rait au niveau des
dernières vertèbres thoraciques.
B. - Aycs vertébraux.
Les arcs
réagissent presqu’exclusivement
par lafusion,
leplus
souvent dorsale(pl.
I,fig. E, G), parfois
ventrale(pl.
i,fig. B). L’histogramme
desfréquences
con-cernant la fusion dorsale
(fig. 4 )
accuse deux sommets, l’un tout à faitantérieur,
au niveau deC 2
etC!,
l’autreplus
atténué surT l
etT,.
La dose de 400r faitapparaître te ra!!rochement
médian.C. - Côtes.
I,’angulation, l’interruption
et lafusion paraissent
seproduire
sans lien avec latopographie.
Aussi lepourcentage
d’animaux atteints par l’une ou l’autre de cesanomalies
est-il
donné sanspréciser
combien de côtes sontaffectées,
nilesquelles (fig. 5).
Par contre, ledéfaut
ou le surnombre d’éléments se manifestepréférentielle-
ment aux extrémités
(pl.
i,fig. G, I) conduisant
audéplacement des
limites de lacage
thoracique (R USSELL , I954 ).
Laprésence
d’unequatorzième paire
surL i
estfréquente ( 1 6
p.100 ),
les trois autrestypes
dedéplacement beaucoup plus
rares(
3
à 4 p.10 0)
pour 300r ; pour une doseplus
forte( 400 r),
il n’estjamais
apparu de côtesurnuméraire;
parcontre,
laprobabilité
d’absence despremières
ou dernièrespaires
de côtes a étéaugmentée.
DISCUSSION ET CONCLUSIONS A. -
Malformations
des centresI
. Mise en évidence d’une
régionalisation.
I,a
radiosensibilitéparticulière
de la zonethoracique postérieure
adéjà
étésignalée.
RUSSELL( 195 6)
a observé une localisationpréférentielle
del’ossification
bilatérale sur
T 6
àT u ,
sans laquantifier.
MURAKAMI et KnM!YnMn( 19 6 4 )
obtiennentégalement
une zone très radiosensible au dixièmejour ;
sa localisation(T 9
àI ve )
estpeu
différente, compte
tenu des différences de dose et de souche.Mais nous avons vu que cette
réponse
n’était pas laseule,
etqu’autour
de cemaximum
apparaissaient
deux maxima de réduction et deux autresplus
distantsd’absence
d’ossification.
En outre, nous avons observé ungradient] céphalocaudal
deradiosensibilité en ce
qui
concerne l’intensité desréponses.
Undiagramme
schéma-tique (fig. 6)
illustre l’interaction de ces deuxphénomènes.
2
.
Hypothèses morphogénétiques.
Si on se réfère à la
chronologie
normale del’ossification, l’ossification
bilatéraleaffecte les centres les
plus précocement
ossifiés. Eneffet,
à la fin du 16ejour
de déve-loppement embryonnaire,
seuls les centresthoraciques
moyens etpostérieurs
sontcolorables à
l’alizarine, accompagnés parfois
despremiers
centresthoraciques,
oubien des
premiers
centres lombaires(pl.
i,fig. H).
Les deux autrestypes
d’anomalies concernent des zones dont ledéveloppement
est moins avancé.Qu’en
est-il au mo-ment de l’irradiation?
Les mouvements
morphogénétiques
intervenant au dixièmejour
sontcomplexes.
Tout d’abord les sclérotomes
opèrent
leur soudure médiane autour de lachorde,
puis,
renversant le sens de leurprolifération,
ils évoluent ensuite defaçon
centri-fuge.
Il estclassique
d’attribuer une sensibilitéparticulière
aux cellules en cours deprolifération
et non encore différenciées(KIRRn!ANN
etWoi<FF ; 1964) ;
onpeut
alors concevoir la réduction comme laconséquence
d’une radiolésion de la zonepériphé- rique
d’ébauchesayant déjà opéré
ce renversement. De la mêmefaçon
onpourrait
aisément
imaginer
quel’ossification
bilatérale touche des ébauches moinsavancées, qui
n’auraient pas encore réalisé leursoudure,
et se trouveraient désormaisempêchées
de le faire. Cette
hypothèse implique
que la situation au 10ejour
soitl’inverse,
dupoint
de vue del’asynchronisme longitudinal,
de cequ’elle
est au 18ejour,
cequi
demande à être vérifié.
RUSSELL
( 195 6)
observe unepériode critique
trèsprécoce
pourla fusion
descentres,
vers le
7 e jour,
cequi correspond
à la formation des somites. Les fusions observées icireprésentent
une deuxièmepériode critique
pour cette anomalie. Elles sont vrai- semblablement liées à des troubles de lasegmentation
secondaire des ébauches verté- brales(A REY , i954) !
Le retard d’ossification n’est pas accessible
directement,
mais il est une causeprobable
de certaines absences et réductions. RUSSELL( 195 6)
le mentionne comme un effet certain des rayons X.Toutes ces
questions
rendent nécessaire l’étudeprécise
de lachronologie
desévénements
morphogénétiques
entre le ioe et le 18ejour ;
cetteanalyse
feral’objet
de la seconde
partie
de ce travail.B. -
Malformations
des c8tesLes côtes
présentent spontanément,
dans la souche Swissutilisée,
une certaine variabiliténumérique :
une côte ou unepaire
de côtes surnumérairespeuvent
appa- raître à la limite de la cagethoracique, provoquant
ainsi undéplacement
de cettefrontière en direction
postérieure. L’irradiation augmente
lafréquence
de cetteanomalie. Elle suscite
également
les trois autresdéplacements possibles
des fron-tières
thoraciques,
c’est-à-dire d’unepart
le transfert en direction antérieure de cette même frontièrethoraco-lombaire,
d’autrepart
le mouvement vers l’avant ou versl’arrière de la limite
cervico-thoracique.
Soulignons
que ledéplacement
de la frontièrecervico-thoracique
n’a pas été cité par RUSSELL. Les animaux étudiés par cet auteur sont deshybrides
C 57
BL 5j!
X NBe.
Parailleurs,
MURAKAMI et KAMEYAMA( 19 6 4 )
observent bien undéplacement
de cettefrontière,
maisquel
que soit lejour
de l’irradiation et lalignée (ddN
ouCF l )
il esttoujours
en directionantérieure,
révélé alors par laprésence
decôte sur le
septième
centre cervical. Dans lalignée Gif de
la souche Swiss que nousutilisons,
ledéplacement
en directionpostérieure
a effectivement été observéaprès
une irradiation au joe
jour,
et il y apeut-être
là une radiosensibilitéoriginale
decette souche
(NovEi<, I9 65).
Cette sensibilitéspécifique
conduit à l’idée que, dans la différenciationcostale,
l’irradiationpourrait
intervenir en facilitantl’apparition
demalformations à base
génétique.
GIROUD etTUCHMANN-DUPI,!SSIS ( 19 6 2 )
ont sou-ligné
ce mode d’action desagents tératogènes.
Les autres déformations costales
paraissent
sans relation avec les centres corres-pondants,
ni localisationpréférentielle
dans le senslongitudinal. Cependant,
RUSSELL(
195
6)
avait établi une corrélation avec les anomaliessternales,
aberrations non étu- diées dans ce travail. Et il existe une évidente relation entre lapartie
osseuse etla partie cartilagineuse
de la côte : lafigure
D de laplanche
i en donne unexemple, puisqu’à l’angulation
de l’unecorrespond
la fusion de l’autre.Les anomalies
provoquées
par une irradiation del’embryon.de
Souris au ioejour
n’interviennent donc pas au
hasard,
mais revêtent desaspects typiques
et affectentpréférentiellement
certainesrégions. L’augmentation
de la dose accuse lephénomène,
tout
particulièrement
les absences ou retards d’ossification.Ces observations
apportent
des. éléments intéressants pour lacompréhension
de la
genèse
desmalformations,
ensuggérant l’importance
des relations entre les mouvementsmorphogénétiques
et la différenciation. Aussi est-ce à uneanalyse
dudéroulement de ces deux processus entre le 10e et le 18e
jour,
avec unechronologie précise,
que nous allonsprocéder
dans la deuxièmepartie
de ce travail.Reçu
pourpublication
enseptembre
1968.SUMMARY
TERATOGENIC EFFECT OF X-RAY IRRADIATION ON VERTEBRAL ORGANOGENESIS IN THE MOUSE EMBRYO.
I. - DESCRIPTION AND DISTRIBUTION OF ABNORMALITIES IN THE FOETUS
In the Mouse,
day
10ofembryonic
life is a criticalperiod
for vertebralorganogenesis.
Total-body
goo r,X-ray
irradiation administered at this stage inducesonly
an 18 per cent increase inembryonic mortality,
but it causes vertebral malformations in 92 per 100surviving embryos.
The various abnormalities can be divided into 9 groups. Four of them concern the vertebral centra : non-ossification
(day 1 8) reduction;
fusion between consecutive centra ; bilateral ossification.With the
exception
of fusion, the distribution pattern of these abnormalities is similar to that oforganogenetic
differenciation. Bilateral ossification occurs inearly-ossified
centra whereas reduction and absence concern late-ossified centra. Thispoints
out theimportance of morphogenetic changes
and differenciation in the
genesis
of abnormalities, and the partplayed by
axialdissynchronism
in their diversification. Four types of abnormalities were noticed in the
rib,
I. E.angulation,
defi-ciency, fusion, change
in number, The occurrenceof angulation, deficiency
and fusion seemed irres-pective
oftopography,
whereaschange
in number of elementsmainly affected
the border of the thoiaciccage―with peculiarities
due to theSwisslgif strain.
The
abnormality
of vertebral arches is dorsal fusion, with a different distribution from central abnormalities.RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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