NOTE
LES RELATIONS ENTRE LES INDEX LAITIERS DES PÈRES ET DES FILS
DES RACES BOVINES F.F.P.N., MONTBÉLIARDE ET NORMANDE
J.-C. MOCQUOT M. POUTOUS
Station de
Génétique quantitative
etappliquée,
Centre national de Recherches
zootechniques, LN.R.A., 7
8 - Jouy-en-Josas
RÉSUMÉ
Les relations entre les index de matière grasse
(I)
despères
et des fils ont étéétudiées pour
77
couples
de taureaux de racefrisonne (F.F.P.N.),
71 de race normande et 37 de race mont- béliarde. Lepourcentage
d’élimination(E
= nombre de lactations de moins de 150jours /Nombre
total delactations)
a été inclus dansl’analyse.
Les valeurs des moyennes, des variances et des coefficients de
régression
sont données dans le tableau 1. Parrapport
à la valeurattendue,
la valeur observée de larégression
estde 84 p.100
en moyenne, mais seulement de 57 p. 100 pour la race normande. Les valeurs de E et 1 sont
négativement
liées au niveauphénotypique
etgénétique (r
=0,54
entre E et 1 dufils,
r =-
0,21
entre 1 dupère
et E dufils).
Pour la racenormande,
la corrélation entre les index dupère
et du filsaugmente
fortement si on introduit la valeur de E du fils.Les raisons pour
lesquelles
1 et E sont liés et pourlesquelles
la valeur moyenne de E est différente suivant les races sont discutées.Les résultats de cette étude devraient être confirmés sur
plus
de données.Cependant
ilapparaît
très vraisemblable que l’élimination d’unegénisse
en début de lactation est liée à la valeurgénétique
du taureaupère.
Parconséquent,
les auteursproposent
que le calcul des index soit fait sur l’ensemble des lactations connues, sans éliminer les lactations courtes de moins de 150jours.
INTRODUCTION
L’étude des relations
statistiques
entre les index «lait» t d’un échantillon de taureaux F.F.N.P. et les indexcorrespondants
de leurfils,
nous a conduit à estimer à 78 p. 100 l’efR- cacitéglobale
de la méthode actuelle de calcul desindex,
l’efficacité étant mesurée par lerapport
des coefilcients derégression Fils /Père
estimé etthéorique.
Dans le cas de mâles testés sur au moins 35 à 40filles,
l’efficacité étaitsupérieure
à 100 p. 100(Mocouo T J.-C.,
PourousM., 1968).
Compte
tenu del’importance
en sélection de cette dernièrecatégorie
de mâles testés eninsémination
artificielle,
il nous a paruimportant d’entreprendre
un travail similaire pour lesprincipales
races laitières.MATÉRIEL, MÉTHODES ET RÉSULTATS
Le matériel
comprenait
les index de matière grasse de tous lescouples de taureaux pères-
fils
figurant
sur le derniercatalogue
des taureaux indexés sur au moins 35 à 40 filles(C.T.C.D.- C.N.R.Z., 1968),
77couples
ont été retenus pour la raceF.F.P.N.,
71 pour la race normande et 37 pour la race montbéliarde. On doit observer que sur les 77couples
pour la racefrisonne,
51 avaient
déjà
été utilisés lors de notreprécédente
étude.Les calculs ont
porté
sur les index matière grasse despères (y)
et des fils(x)
et sur les pour-centages
de lactations courtes despères (m)
et des fils(z).
Ces dernierspourcentages
sontégaux,
pour un indexdonné,
aurapport
du nombre de fillesayant
eu unepremière
lactation de durée inférieure à 150jours (performances
nonprises
encompte
pour le calcul del’index)
au nombretotal de filles
ayant
eu unepremière
lactation contrôlée.A propos de l’échantillon des taureaux
pères,
on doit remarquerqu’il
nes’agissait
pra-tiquement jamais
de mâles mis entestage,
mais enquasi
totalité dereproducteurs
de servicepour
lesquels
un index a été calculé aposteriori.
Les valeurs des moyennes, des variances et des coefficients de corrélation
(r)
et derégres-
sion
(b)
des variablesprises
2 à 2figurent
dans le tableau 1. Dans cette étudepréliminaire
nous pouvons résumer les résultats comme suit :
a) L’efficacité,
mesurée par lerapport, multiplié
par100,
du coefficientde régression
calculé de l’index du fils sur celui du
père
à la valeurthéorique correspondante
est de :- 128 en race F.F.P.N.
- 49 en race montbéliarde.
- 57 en race normande.
- 85 pour l’ensemble des races.
b) L’importance
des éliminationsprécoces,
calculée sur l’ensemble des indexpubliés,
esttrès variable suivant les races, faible pour la F.F.P.N. et la montbéliarde
( -
5%)
élevée pour la normande(-
15%).
On observe des variations individuelles trèsgrandes,
certains taureauxayant jusqu’à
50 p. 100 de filles éliminées en début de lactation.c)
Parrapport
à cette situation moyenne, l’échantillon destaureaux pères
de l’étudeapparaît
comme très sélectionné dans le cas de la race normande. Par contre la variance de leur index de matière grasse est anormalement élevée.d)
Lepourcentage
d’élimination estnégativement
lié avec l’index de l’animalcorrespondant.
On vérifie
également
cephénomène
sur lesfigures lA,
où nous avonsreporté
les moyennes dupourcentage d’élimination
et de l’index de matière grasse pour 96reproducteurs
normandstestés de la
Coopérative d’Elevage
du Centre-Nordgroupés
en 4 classesd’égal
effectif et 1B(96 F.F.P.N.).
On remarque, parailleurs,
sur cegraphique
lagrande
étendue de variationpossible
dupourcentage
d’élimination même pour la classe laplus
élevéeoù, pourtant,
il atteintun minimum. Ceci est
particulièrement
net pour la normande.La liaison
négative
ainsi mise en évidencetraduit,
au moins enpartie,
unphénomène
denature
génétique.
En effet lespourcentages
despères
et des fils sont en corrélationpositive
ce
qui
ne serait pas le cas s’ils avaient pour seuleorigine
l’effet de facteurs du milieu. Par ailleurs la corrélationnégative
entre lepourcentage
d’élimination des fils et l’index dupère,
ou réci-proquement,
montrequ’il
existe effectivement une liaison de naturegénétique
entre ces 2 variables.e)
Les corrélationspartielles
oumultiples
entre les index de matière grasse des fils(x)
etdes
pères (y)
et lespourcentages
d’élimination des fils(z)
et despères (m) figurent
dans le tableau ?.A la lecture de ce
tableau,
ilapparaît
que laprise
en considération dupourcentage
d’éli- mination despères
n’améliore pas sensiblement les résultats. Cecis’explique puisque
dans tousles cas la variabilité
restante, après
sélection despères,
est faible.Par contre la connaissance du
pourcentage
d’élimination des filsaugmente
considérablement laprécision
pour les races où la variance de ce critère est forte(montbéliarde
etnormande).
f)
Enrésumé,
onpeut
dire que la connaissance despourcentages
d’élimination est d’autantplus importante
à considérer que la variabilité de ce critère estplus
élevée pour le lot de repro- ducteurs considéré.DISCUSSION
Cette étude met en évidence 3
points importants : pourcentage
d’élimination variable suivant les races et les taureauxpères
desgénisses,
liaison entre l’index d’unreproducteur
et lepourcentage
d’élimination de sesfilles,
enfin caractère non aléatoire de ce dernier critère.L’existence d’une sélection massale
pratiquée
par les éleveursd’après
lesperformances
dede leurs animaux est bien connue. C’est le moment et l’efficacité d’une telle sélection
qui prêtent
à discussion. De ce travail et de celui réalisé par l’un d’entre nous sur le taux de réforme entre la l!e et la 2e lactation
(Moc Q uo T , Z DRAVKOV , 1968)
il ressort une différence nette entre les racesF.F.P.N. et normande. Pour la
l re ,
les éliminations sont faibles en début et élevées en fin de la 1 relacatation,
l’inverse étant vrai pour la normande. Cephénomène
a,vraisemblablement, plusieurs
causes : taux de conservation des femelles
plus
élevé pour lafrisonne,
race enexpansion
numé-rique importante;
taux de renouvellement ducheptel,
par achats et ventes sur lesmarchés,
traditionnellementplus
fort pour les éleveurs de la racenormande;
enfin existence vraisemblable d’un seuil deproduction
auvêlage
en dessousduquel
l’éleveur estimerait non rentable de conser- ver sesanimaux,
seuilqui
seraitplus fréquemment dépassé
en race F.F.P.N. Ilest, d’ailleurs, probable
que l’éleveurprend
une décision selon un ensemble decritères,
enparticulier
par réfé-rence à un niveau fixe de
production
mais aussi par un classement de ses animaux entre euxd’après
leursproductions
contrôlées. Ce dernierpoint
de vue semble confirmé par la liaison assez étroite observée entre lespourcentages
d’élimination et d’étables où les filles dureproducteur
ontproduit plus
que leurscontemporainse (r = - 0,55,
pour 96 mâles normands de laCoopérative d’Élevage
duCentre-Nord).
La corrélation
négative
que l’on constate entre lepourcentage
d’élimination(lactations
demoins de 150
jours)
et l’index calculé sur lesperformances
des filles non éliminées enpremière lactation s’explique
par suite d’une corrélationgénétique
élevée entre lespremiers
contrôles et la lactation totale.Dans la descendance des taureaux de faible valeur
génétique
il se trouvera unpourcentage
élevé d’animaux à faibleproduction
auvêlage
et doncsusceptibles
d’être éliminés par les éleveurs.L’index de ces
reproducteurs
sera évidemmentsurestimé, puisque
calculé sur un échantillondéjà
trié de filles mais le biais introduit ne sera pas suffisant pour que
pourcentage
et index ne soient pasnégativement
liés.Cependant,
la corrélation entre les index despères
et des fils sera diminuéepuisque
les différences entre les groupes de descendantes seront artificiellement diminuées alors que les différences entre lespères
le seront moins du fait de la sélection àlaquelle
ceux-ci ont été soumis defaçon
directe ou indirecte sur leurpourcentage
d’élimination.CONCLUSION
Les différentes constatations faites sur nos échantillons et les
explications
que nous venonsd’avancer nécessitent une confirmation.
Cependant,
ilapparaît
defaçon pratiquement
certaine que l’élimination des filles en début de lactation est très liée à la valeurgénétique
dupère
etqu’il
faudrait tenircompte
de ce faitdans le calcul de l’index.
Une correction a
posteriori
en fonction despourcentages
d’élimination semble difficile étant donné que la moyenne desproductions
des filles conservées ne varie pas linéairementavec le
pourcentage
d’élimination.On
pourrait
alorsenvisager
de réduire encore la durée minimale afin de limiter lephé-
nomène ou bien
plus simplement
de faire intervenir toutes leslactations, quelle
que soit leurdurée,
ensupposant
que les causes de réformeprécoce,
autresque la production,
sontréparties
au hasard et
indépendantes
de la valeur du mâle. Il conviendrait alors de vérifier que l’efficacité d’un index calculée de cettefaçon
est améliorée.Sur un
plan plus général,
ilapparaît important
de remarquerqu’il
serait souhaitable dene pas introduire dans les schémas de calcul des
hypothèses
concernant les décisions à court terme queprennent
leséleveurs,
ceshypothèses
étant basées sur des conventionsqui
ne cor-respondent
pas nécessairement à la réalité.Reçu pour j!ublication
en décembre 1970.SUMMARY
RELATIONS BETWEN MILK INDEX FOR FATHERS
AND SONS IN F.F.P.N.,
MONTB E LIARDE
AND NORMANDE CATTLE BREEDS.The
relationships
between the fat content indexes(I)
of sires and sons were studied in 77 FrenchFriesian,
71Normandy,
and 37 Montbeliarde bullcouples.
The eliminationpercentage (E
= number of lactationslasting
less than 150days /total
number oflactations)
was included in theanalysis.
Means,
variances and coefficients ofregression
aregiven
in Table i.As related to the
expected value,
the averageregression
value found is 84 percent, except
in theNormandy
breed, where it isonly
57 per cent. The values of E and I arenegatively
related at the
phenotypic
andgenetic
level(r
=0,5
between E and I of son; r =0,21
between I of sire and E ofson).
In theNormandy breed,
sire-son index correlation isgreatly
increasedif the E value of the son in introduced.
The reasons for
I—E
relation and for difference in the average value ofE, depending
onthe
breed,
are discussed.The results of this
study
should be confirmed with more data.However,
it is veryprobable
that t.he elimination of a heifer at the
beginning
of lactation is linked to thegenetic
value of thesire.
Thus,
the authors propose that calculation of the indexes be based on the whole of knownlactations,
withouteliminating
lactations shorter than 150days.
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