ÉTUDE DES MESURES DE CONFORMATION DU POULET
III. -
ANALYSE
DE LAVARIABII,IT1-: PHËNOTYPIQUE
DES MENSURATIONS DE CARCASSE DE COQUELETS c! 13RESSE-PILE »R. ROUVIER F. II. RICARD G. MARCHE
Génétique animale Station centrale de
Génétique
animale,Centre Ilational rle Recherches
zootechrai q ues,
78 -_/oi/»-e>1_/osas
Station
exf!évimentale
d’.4vicultuve du1’vlagneraud, 17 - Saillt-l’ierre-d’/llIlilly
SOMMAIRE
Nous avons étudié la variabilité
morphologique
de 3r;coquelets âgés
de ri semaines,partir
des variations et covariations
phénotypiques
de 24mensurations de carcasse. Les résultats obtenuscomplètent
et confirment ceux que nous avionsrapportés précédemment
il propos depoulets
vi-vants
âgés
de 8 semaines et issus de la mêmeRéputation parentale.
Dans
l’ensemble,
les mensurations de carcasse sontplus précises que
cellesprises
sur levivant et conduisent a des corrélations
pltts
élevées. Notre échantillon peut être considéré commeprovenant d’une
population
nornutle àplusieurs
variables. Les lots d’éclosion ont des varianceshomogènes
mais des moyennessignificativcment
différentes.Les corrélations ont été
analysées
selon la méthode des composantesprincipales.
Lapremière
composante obtenue
explique
6r p. ioo de la varianceanalysée
et traduit les variations de taillegénérale
chez lepoulet.
La deuxième composanteexplique rz
p. ioo de la varianceanalysée
et cor-respond
à une variation de forme liée à lacompacité
du corps,principalement
au niveau du tronc.La troisième composante
représente
un facteurspécifique
dudéveloppement
de la crêtequi explique près
de 7 p. roo de la varianceanalysée.
Les composantes suivantesexpliquent
chacune moins de 3p. 100de la variance. Elles
représentent
des facteursspécifiques
ou des facteurs de groupeplus
délicats à
interpréter.
En
pratique,
la considération des 2premières
composantesprincipales
doit suffire pourexpri-
mer la variabilité
morphologique
dupoulet.
Nous avons cherché à les estimer àpartir
d’unpetit
nombre de mensurations : la
première
est bienreprésentée
par lalongueur
du tronc, defaçon
moinscaractéristique
par lalongueur
dupilon
ou de la pattc ; la deuxième est bien estimée par une combinaison linéaire del’angle
et de la hauteur depoitrine.
INTRODUCTION
I)ans un travail
précédent,
nous avons étudié lamorphologie
dupoulet
vivantà
partir
dupoids
et de 13 mensurationscorporelles
d’animauxâgés
de 8 semaineset
appartenant
aux 2 sexes d’une souche detype
Sussex et d’une soucheexpéri-
mentale dite Bresse-Pile. Une
première
série de calculs(R ICARD
etRouviE R , 19 65)
a
permis
d’admettrel’hypothèse
de la normalité des distributions et de la linéarité desliaisons,
les caractères étantexprimés
en valeursbrutes ;
le lot d’éclosion avaitune influence
plus
nette sur les moyennes que surl’homogénéité
desvariances ;
la souche et le sexe faisaientapparaître
des différences deconformation, principalement
au niveau du thorax. Une
analyse
encomposantes principales
des corrélationsphéno- typiques (R OUVIER
etR ICARD , 19 6 5 )
apermis
dedécomposer
la variationglobale
des 13 mensurations en variations dues à la taille
générale,
à la forme des animaux et à des facteursspécifiques
àchaque
mensuration. Nos résultats laissaient voir lapossibilité
d’estimerglobalement
la variabilité des mensurations par 2combinaisons linéaires des caractèresmesurés,
etd’exprimer,
sansperte d’information,
la taille et la forme àpartir
d’un nombre réduit de caractères.Nous avons
repris
ce travail àpartir
de 24 mensurationsprises
sur la carcassede
coquelets
de la souche Bvesse-Pile.Le présent
mémoire concernel’analyse
statis-tique
de cesmensurations,
l’étude de leur variabilitéphénotypique
et leur utilisation pourexprimer quantitativement
la taille et la formecorporelle.
Nous avons
comparé
les résultats obtenus sur carcasses avec ceux obtenus surle vivant pour les
coquelets
Bresse-Pile de notre étudeprécédente.
Il nes’agit
pas des mêmes animaux mais des 2 échantillons issus de la mêmepopulation parentale
et éclos à 3 mois d’intervalle.
Les
conclusionsqui
en résultentpermettent
d’orienterla suite de notre
travail,
enparticulier
pour un choix raisonné des mensurations lesplus
intéressantes à étudier.MATERIEL
ETMÉTHODES
W Choix et
préparation
des animauxLes
poulets
étudiés étaient descoquelets
de la souche B, dite «Byesse-Pile &dquo;, décrite précédem-
ment
(R ICARD
etR OUVIER , r96!).
Ilsappartenaient
à 32famillespedigrees (8
coqs et 4poules
par’
coq)
et ont été obtenus en 10lots éclos entre le 29mai et le ieraoût19 6 2 .
A l’intérieur d’un même groupe famille-lot d’éclosion, les animaux à abattre ont été choisis au hasard.Il avait été
prévu
d’examiner io descendants par famille. Enréalité,
une famille n’en a donné que 8 et 2 en ont donné chacune 9. Unpoulet qui présentait
de nombreuses mesures anormalementpetites
a été considéré commc aberrant et n’a pas été retenu.Finalement,
les calculs ontporté
sur315
poulets.
Les animaux ont été abattus à
l’âge
de isemaines, après
unjeûne complet
d’environ r6 heures.Ils ont été
saignés
par section des vaisseaux au fond de la gorge, échaudés dans une eau à54 0 C
etplumés
sur une machine àdoigts
de caoutchouc ; la finition était faite à la main.2
0
Définition
des mesures étudiéesLe
poids
vif était noté immédiatement avantl’abattage.
Aulaboratoire,
les 24mensurationsindiquées
dans le tableau r ont étéprises
sur les carcassesplumées, après
environ 4heures de res-suyage.
Les mensurations 1, 2, 3, 4,
6,
9, ii, 14, I5, 17, 18, 20 et z3 ont été décrites en détail dans notre travailprécédent (RICARD
et RouW Ea,19 65).
La
profondeur
des blancs(M 5 ) représente
la distance entre l’arête du bréchet et le sternum.Pour sa mesure, nous avons
imaginé
unappareil, appelé
steynomètre, muni de 2aiguilles
pouvant s’enfoncer de part et d’autre de la crête sternale(cf. fig. r).
La mesure étaitprise
1,5cm en arrière de lapointe
avant du bréchet.La
largeur
du bassin(M 7 ) correspond
à la distance entre lesparties
externes des 2trochanters.La
largeur
depoitrine (M io)
a été mesurée selon latechnique
décrite par ASMUNDSON( 1944 ).
Nous avons utilisé un fil
souple
en aluminium( 0 =
io/iomm) placé
1,5cm en arrière dela pointe
avant du bréchet. La
largeur
était mesurée à une distance de 2cm de l’arête du bréchet.Pour mesurer le tour
spiral (M i2),
une extrémité du mètre-ruban estappliquée
sur lapointe
antérieure du bréchet,
puis
le ruban contourne le tronc en passant par le milieu du dosjusqu’à
lapointe
arrière du bréchet où se fait la lecture.La
longueur
de la cuisse(M r 3 ) représente
la distance entre l’articulation coxo-fémorale et lapartie
externe du genou.La
longueur
dudoigt
médian(!I i6)
est la distance entre lapartie
arrière de la soleplantaire
et l’extrémité charnue du
doigt
bien tendu.La
longueur
du bras(M 10 )
est la distance entre lapartie
antérieure del’épaule
et l’articulation bras-avant bras.La
longueur
de la tête(!l 2!)
est la distance entre l’arrière du crâne et l’extrémité du bec.La
largeur
de la tête(M 22 )
est laplus grande
distance entre les 2apophyses
sus-orbitales La hauteur dl’la crête(M 2 ¢)
a étéprise
au niveau de l’insertionpostérieure
de la crête sur le crâne, en mesurant la hauteur maximum du crétilloncorrespondant.
Les animaux avaient la crêtesimple.
1’ous les animaux ont été élevés, abattus et mesurés il la Station
expérimentale
d’Aviculture duMagneraud.
30 Calculs >.<£alis<ù.
Sur 4o
poulets ( 4
par lotd’érosion),
les mesures ont étéprises
2 fos defaçon
àpouvoir
calculerles coenicients de fidélité. selon la formule
(cf.
IW uxv et IZOIVIFR,r 9 6 5 ):
a variance
de l’erreur aléatoire (te la mesure, a étéexprimée
àpartir
des 40écarts entre les 2répé-
titions de la même mesure. 67est la variance du caractère calculée sur l’ensemble des 315
poulets
étudiés.
Vous avons calculé les
paramètres statistiques
dechaque variable,
les io lots d’éclosion étantgroupés, puis
testé la normalité dcs distributionsaprès
avoirréparti
les animaux en 10classes,
selon la
technique déjà
utilisée pour les animaux vivants.Toutefois,
lalargeur
de la têteprésentait
un intervalle de variation faible ne permettant de faire que 6 classes. Nous avons testé l’effet du lot d’éclosion sur
l’homogénéité
des variances par le test de BARTLEITet sur les moyennes par uneanalyse
de variance à i facteur de classilicatioii.Nous avons calculé les coefficients de corrélation
phénotypique
entre les 25variables(poidsvif
et z¢
mensurations) prises
2 à 2. Pour les caractères mesurées à la fois sur le vivant et sur carcasse, nous avonscomparé
les 2corrélations obtenues, en utilisant la transformation z =Arg
th r de FiSHER.La matrice des corrélations entre les 24 mensurations de carcasse a été
analysée
par la méthode des composantesprincipales (II OT’ l’E LI -,(;, t933)!
1>ans ladiagonale
de lamatrice,
nous avons misles coefficients de fidélité des mensurati<ms
indiqués
dans le tableau i.Nous avons recherché une estimation des 2
premières
composantes(taille
et forme du corps dans sonensemble)
à l’aide d’unpetit
nombre de mensurations. Pour cefaire,
nous avons calculé les coefficients ai del’équation
derégression multiple
écrite sous la forme :où z
représente
l’estimée de la composante étudiée et Xi1’une des mensurations deprédiction
choisies.Les calculs de base ont été réalisés sur ordinateur IBM-r G2o à la Station centrale de
Génétique
animale. Nous avons utilisé les programmes n° 62 or3 pour le calcul des
paramètres statistiques,
6
2or4 pour les distributions de
fréquence,
6202 1 pour lesanalyses
devariance, 6 3
oz! pour le calcul des corrélationsphénotypiques,
62 oz3 pourl’analyse
en composantesprincipales
et 62 006 pour la résolution dessystèmes
linéaires. Ladescription
détaillée de ces programmes a été donnée par Rouvm>Z et al.
( 19 6 2 ),
VfSSAC et al.( 1 <)6 2 ),
Ro(’B’IFR et (’A-NON(;E( 10 6 4 ).
RÉSULTATS
ET DISCUSSIONi.
ltu d e
iaadividrrelle des variablesLes coefficients de fidélité des différentes mensurations sont
indiqués
dans letableau i. Ils s’échelonnent de 0,722 pour la
largeur
de la tête à0 , 9 8 7
pour la lon- gueur du tronc. Onpeut
considérer que les mensurationsayant
un coefficient defidélité inférieur à o,g ne sont pas suffisamment
précises :
c’est le cas, dans notreéchantillon,
pour lalargeur
de la tête( 0 , 722 ),
laprofondeur
des blancs(o,8q 4 ),
lalongueur
du bras( 0 ,86 3 ),
lalargeur
du thorax( 0 ,8 74 )
et le diamètre de lapatte (o,8
99
).
Pour leur utilisation dans des recherches où une meilleureprécision
est indis-pensable,
ilconviendrait,
soit deprendre
la moyenne deplusieurs répétitions
dela mesure, soit de revoir la
technique
de mesure.Dans le tableau z, nous
indiquons également
les coefficients de fidélité observéssur le vivant pour les
coquelets
Bvesse-Pile de notre étudeprécédente (R ICARD
etRouvWx, ig6 5 ).
Nous avonscomparé
les valeurs observées pour des mesures homo-logues prises
l’une sur le vivant et l’autre sur la carcasse, en calculant le nombre dedegrés
de liberté àpartir
du nombre depoulets
mesurés 2 fois( 100
sur le vivantet 40 sur
carcasse). Les
valeurs obtenues pour « t »figurent
dans la dernière colonnedu tableau i. Les mensurations de carcasse sont en
général plus précises
que cellesprises
sur le vivant. Ce résultat estlogique
car sur la carcasse, on n’estplus gêné
par la
présence
desplumes,
ni par les mouvements de l’animal.Les
améliorationssignificatives
observées concernent dans l’ordre : le tour depoitrine, l’angle
depoitrine,
la
largeur
duthorax,
lalongueur
du tronc, lalongueur
des blancs et lalongueur
del’avant-bras. Pour ces caractères on
peut
rechercher le nombre derépétitions qu’il
conviendrait de faire pour avoir sur le vivant un résultat aussi
précis qu’avec
uneseule mesure
prise
sur carcasse. Le nombre !z cherché est donné par la formule(L u s H
, ig45) :
1où p est le coefficient de fidélité pour i mesure et pncelui de la moyenne de n mesures.
Pour les caractères cités
ci-dessus,
les valeurs de n arrondies à l’unité sont les sui- vàntes :l a
es
principales caractéristiques statistiques
des mensurations et dupoids
vifsont
indiquées
dans le tableau 2. Nousrappelons également
les résultats obtenussur le vivant pour les animaux du même groupe
génétique
étudiés lors de notre travailprécédent (R I C ARD
etRouvmx, 1965).
I,es
coefficients de variation observés sur carcasses sont du même ordre de gran- deur que ceux observés sur le vivant. Ilapparaît,
iciaussi,
que les mensurations de la crête sont très variables(v
de l’ordre de 17 à 20 p.ioo),
que les mesures desquelette,
enparticulier
leslongueurs,
le sont très peu(v
inférieur ou de l’ordrede p. 100 )
et que les mesures delargeur
ou dedéveloppement
musculaireoccupent
une
place
intermédiaire.I,’étude
des distributions defréquence
pour les valeurs brutes faitapparaître
un bon
ajustement
à la loi normale : sur 25 valeurs deX 2 @
5 sontsignificatives
auseuil 5 p. 100, aucune au seuil i p. 100. Notre échantillon
peut
donc être considérécomme issu d’une
population
multi-normale. SCHNEIDERet DUNN( 1924 )
avaient obtenule même résultat à
partir
de mensurations d’os depoules Leghovn
adultes. Mais il n’est paspossible
degénéraliser
ce résultat. Dans notre cas, ils’agit
d’un échan- tillonprélevé
dans des famillesayant
eu suffisamment de descendants et neprésen-
tant pas de caractère
atypique.
Nous avons observéplusieurs
fois des écarts sensibles à la normalitéquand
nous considérions la totalité des animaux d’une mêmesouche,
obtenus et élevés dans les conditions de lapratique
courante(données
nonpubliées).
L’étude
de l’effet du lot d’éclosion montre que les variances intra-lotspeuvent
être considérées commehomogènes
dans laplupart
des cas(cf.
tabl.2 ).
Aucontraire,
les moyennes de lotprésentent
des différences très souventsignificatives.
Nousavions observé des résultats
analogues, quoique
moinsnets,
sur lespoulets
vivantsétudiés
précédemment.
Il est intéressant de remarquer que l’échantillonpeut
être considéré comme normal bienqu’il
y ait de nettes variations entre moyennes de lot :on
peut
penser que le nombre de ces lots est suffisammentgrand ( 10 )
pour atténuer les effets d’un lotparticulier.
2
.
Étude
des corrélationsDans le tableau 3, nous
indiquons
les coefficients de corrélationphénotypique
entre les 25 variables
prises
2 à 2, les 10lots d’éclosion étantgroupés.
Nous donnonségalement
les valeurs observéesprécédemment
sur le vivant pour descoquelets
dela même souche Bvesse-Pile
(R ICARD
etR OUVI E R , 19 65).
La plupart
des corrélations observées surpoulets
vivants sont inférieures auxvaleurs
correspondantes
obtenues sur carcasses :7 8
cas sur 91, dont 30 différencessignificatives.
Le tour dupilon
faitexception
et donne de nombreuses valeursplus
fortes sur
poulets
vivants que sur carcasses, 2 des différences étantsignificatives.
L’échantillonnage
de nos animauxpeut
rendrecompte
de ces écarts : il serait souhai- table depouvoir
étudier les corrélationsprises
sur le vivant et sur la carcasse des mêmes animaux.Cependant,
onpouvait
s’attendrelogiquement
à trouver des corré-lations
plus
fortes sur les carcasses, du fait de laplus grande précision
des mensu-rations de carcasse.
Mais les écarts observés restent faibles. Les ordres de
grandeurs
sont les mêmes etnous retrouvons sur carcasses les
caractéristiques
d’ensemble observées sur le vivant(cf.
notre discussion des corrélations dans RiCARU etRouviE p ,, 19 65).
Parmi lesnouveaux caractères mesurés sur la carcasse, les
longueurs
de lacuisse,
du bras et de latête,
ainsi que lalargeur
du bassin et le tourspiral
conduisent à des corrélationsélevées ;
leslargeurs
ducroupion
et de latête,
laprofondeur
desblancs,
lalargeur
de
poitrine
et la hauteur de la crête donnent lieu à des valeursplus petites. Les
faiblescorrélations obtenues avec
l’angle
ou lalargeur
depoitrine
ontquelquefois
fait consi-dérer ces caractères comme
indépendants
de lataille,
au moins dans une certainemesure
(As lB1 uN DSOK , 1945
et194 8
pour lesdindes ; FRISCHKNECHT
etJur,!&dquo; 1946,
ainsi que
B IRD , 194 8,
pour lespoulets).
Les résultats de
l’analyse
encomposantes principales
des corrélations entre les 24 mensurations de carcasse sont résumés dans les tableaux 4 et 5.I,e
tableau 4 donne les valeurs propres associées à chacune des 24composantes obtenues,
ainsique les
pourcentages
de la variance totale et de la varianceanalysée représentés
par ces valeurs propres. Le tableau 5 donne les corrélations entre les 24mensurations et
les composantes principales
deplus grande
variance(z l
àZ7 ) ’
La variance totale est
égale
au nombre de caractèresétudiés,
soit 24.I,a
varianceanalysée
estégale
à la somme des coefficients <le fidélité des 24 mesures, soit dans lecas
présent
22,420. Cecireprésente
93,42 p. IOO de la variance. Lecomplément,
soit
6, 5 8
p. 100,représente
lapart
de la variance totale due aux erreurs de mesure.L’étude
des corrélations du tableau 5permet
de donner uneinterprétation biologique
des résultats de
l’analyse.
La première composante,
zl, est en corrélationpositive
avec toutes les mensura-tions. Elle
représente
61 p. ioo de la varianceanalysée.
Onpeut l’interpréter
commeitit
facteur général
de taille(cf.
notre discussion dans ROUVŒR etR I CA RD , y 65).
Les plus
fortes corrélations s’obtiennent avec leslongueurs
dtt tronc, des blancs et dessegments
demembres,
le tour depoitrine
et le tourspiral.
Aucontraire,
les mesuresde
développement
des musclespectoraux, angle
etlargeur
depoitrine,
lui sontpeu liées. Nous observons que les
longueurs
du tronc, du bras et de la cuisse sont des mensurationscaractéristiques
de lapremière composante :
les corrélations sont très fortes avec z, et très faibles avec les autrescomposantes. Or,
ils’agit
departies corporelles qui marquent
la fin dugradient
de croissance chez les animaux(P AISSO - ’Ç , i9!5).
Il serait intéressant de voir cequi
se passe chez despoulets d’âges différents,
en
particulier
chez l’adulte.La deuxième
composante,
Z2, traduit uneopposition largeurs-longueurs. Elle
explique
environ 12 p. 100 de la varianceanalysée.
Au niveau dutronc,
on observedes corrélations
positives
élevées avec lalargeur
depoitrine, l’angle
depoitrine
etla
largeur
duthorax,
des corrélationsnégatives
avec la hauteur depoitrine
et laprofondeur
des blancs.Au
niveau desmembres,
les corrélations sont nettementplus petites : positives
avec le tour dupilon
et le diamètre de lapatte, négatives
avec les
longueurs
dechaque segment.
Cettecomposante
est donc liée à untronc
large
etaplati
ainsiqu’à
des membres courts etépais.
Onpeut l’interpréter
comme un
facteur
decompacité (ou
inversement delinéarité)
du corps dans son ensemble.La
troisièmecomposante,
z3,représente
un facteurspécifique
pour ledéveloppe-
ment de la
crête ; longueur
et hauteur de la crête ont en effet une forte corrélationpositive
avec z3. Elleexplique près
de 7 p. 100 de la varianceanalysée.
Notons que les mesures dedéveloppement
des musclespectoraux (angle
etlargeur
depoitrine)
lui sont liées
négativement
et laprofondeur
des blancspositivement.
Les composantes
suivantes sont moinsintéressantes,
du faitqu’elles représentent
chacune une faible
partie
de la varianceanalysée (moins
de 3 p.100 ).
Laquatrième
composante représente principalement
un facteurspécifique
pourla largeur
du crou-pion. Le
diamètre de lapatte
lui est liénégativement. La cinquième
sembleindiquer
une
opposition
entrel’importance
des musclespectoraux (angle
depoitrine, profon-
deur des
blancs)
et leslargeurs
du membrepostérieur (tour
dupilon
et diamètrepatte).
I,a sixième semble traduire uneopposition
entre caractères àdéveloppement précoce (longueurs
dudoigt,
de lapatte
et de latête)
et caractères liés audéveloppe-
ment
thoracique (hauteur
depoitrine, profondeur
desblancs,
tour depoitrine)
etmusculaire
(angle
depoitrine,
tour dupilon).
La dernièrecomposante étudiée,
z!, semble traduire uneopposition
entre ledéveloppement
enlongueur
du thorax(lon-
gueurs du bréchet et des
blancs)
et ledéveloppement
enlongueur
des membres.Bien que la méthode
d’analyse
ne soit pasrigoureusement identique,
l’inter-prétation
des 2premières composantes principales
est la mêmequ’ils’agisse
des car-casses étudiées ici ou des
poulets
vivants de même souche et même sexe de notre travailprécédent (R OFV Œ R
etR ICARD , 19 (¡ S ).
Nous pouvonsparler
dans les 2 casd’un facteur
général
de taille et d’un facteur de forme lié à lacompacité
de l’animal.Le facteur de taille est bien
représenté
par lalongueur
du tronc et le facteur de com-pacité
parl’angle
depoitrine.
Ilpeut
ne pastoujours
en être ainsi : pour lescoquelets
de
type
Sussex due nous avons étudiésprécédemment,
lasignification
de la varia- bilité décrite par la deuxièmecomposante
au niveau du tronc n’était pas nette etl’angle
depoitrine présentait
une faible corrélation avec cettecomposante
(r
=0 ,1(1).
On
peut
noter due la deuxièmecomposante explique
une fractionimportante
de la variance
analysée, plus
de 10p. 100, aussi bien sur le vivant que pour les car- casses. I>es résultatsanalogues
ont été trouvés par TANNKRet BuIZ2(Il)54)
à la suited’une
analyse
factorielle de mensurationscorporelles
de vaches adultes. Ces auteurs ont mis en évidence un facteur de linéaritéqui représente
la croissance enlongueur
des
jambes
et du corps enopposition
à la croissance enlargeur
et enprofondeur,
et
qui explique
io p. 100 de la variance totale. ’1’:,NER et 5!w·m(m1!3),
utilisantune autre méthode
statistique,
ont mis en évidence un facteur de croissance en lon- gueur etlargeur,
c’est-à-dire delinéarité,
au niveau de la colonne vertébrale dulapin.
TA
YLOR et Ror,r,ws
( I <j(¡ 3 )
ont effectué uneanalyse
encomposantes principales
etune
analyse
factorielle des corrélations entre 12 mensurationscorporelles prises
surdes
paires
degénisses jumelles monozygotes
en cours de croissance. Lapremière composante principale
et le facteurgénéral
de croissance trouvés paranalyse
de lavariabilité
intra-paire expliquent respectivement 6 7
p. ioo et5 6
p. 100de la variance totale. La deuxièmecomposante, qui explique
8 p. Ioo de la variance totale semble décrire lacompacité
ou inversement la linéarité du corps. TANNER et BuRZ( 1054 )
notent que ce facteur de linéarité semble avoir une
grande généralité
chez les mammi-fères.
Après
l’avoir mis en évidence chez lepoulet,
nous nous proposons d’étudier ultérieurement sa variationgénétique.
Par contre, dans des travaux
qui
concernent d’autresespèces,
tels que ceux de TEISSIER( 1955 )
sur le Crabeoxyrhynque
Maiasquil Z a d o,
ou de] OI , IC Œ UR
etMosiMA
NN
(ig6o)
sur la tortue, lapremière composante principale,
ou le facteurgénéral, explique
laplus grande partie
de la varianceanalysée (de
07 ào8
p.Z oo).
Comme dans notre travail sur
poulets vivants,
nous avonsreprésenté
les 24men- surations dans leplan
descomposantes
z!et z 4
ramenées à une variance unité(fig. 2 ).
Les
groupements
suivantsapparaissent : angle et largeur
de poitrine ( 9
et I o),
hauteur
et tour de
poitrine (5
et17 ),
certaines mesures delongueur. Mais,
ces groupes sontprès
del’origine
et la variabilitéqu’ils représentent
est donc faible. Aucontraire,
les mensurations de la crête et du
croupion
sont nettementéloignées
del’origine.
On
peut
ainsiparler
de facteursspécifiques représentés
par z:,(crête) et Z4 (croupion).
Si l’interprétation
des 2premières composantes
semblepouvoir
segénéraliser,
il est
probable
que lasignification
descomposantes
suivantesdépend
des mensurations effectuées. Cecipeut expliquer
les différences observées entre les résultats que nousobtenons sur le vivant et sur carcasse. D’un autre
point
de vue, ilapparaît
üposte-
riori une certainehétérogénéité
dans le choix des mesures : très nombreuses auniveau du tronc et du membre
postérieur,
nous n’avons aucune mesured’épaisseur
d’os,
ni dedéveloppement
musculaire au niveau des ailes. Un choixplus complet
de mensurations
permettrait peut-être
de donner une meilleureinterprétation
descomposantes.
Dans lapratique, cependant,
la considération des 2premières
semblesuffisante pour
exprimer
la variabilitémorphologique
dupoulet :
ellesexpliquent
ensemble une fraction très
importante
de la varianceanalysée :
77p. 100 dans notre étude sur carcasses etprès
de go p. 100 dans notre travailprécédent
surpoulets
vivants de la même souche. C’est
pourquoi
nous avons cherché à les estimer àpartir
d’un
petit
nombre de caractères.3. Estimation de la
composa I/ te
de taillegénérale ( Zi )
Nous avons vu que la
longueur
du tronc était une mensurationcaractéristique
de z!. C’est celle
qui
en donne la meilleure estimation si on n’utilisequ’une
seulemensuration.
I,’équation
derégression
s’écrit :avec R2=
0 ,865 où x
l
représente
lalongueur
dutronc,
z, la valeur de lacomposante
et R2 le carré de la corrélationentre x l
et zl.Parmi les autres mensurations fortement liées avec z,, les
longueurs
dupilon
et de la
patte
sont lesplus
faciles à mesurer sur l’animal vivant.Mais,
elles inter- viennent dans ladescription
descomposantes suivantes,
enparticulier
ladeuxième,
de
façon plus
nette que lalongueur
du tronc. Si on les utilise en mêmetemps
que lalongueur
du tronc dans uneéquation
derégression
à 2 variablesindépendantes,
onobtient :
W
longueur
du tronc(x l )
etlongueur
dupilon (x 2 ).
avec R2 = 0,012.
2
0
Longueur
du tronc(x l )
etlongueur
de lapatte (x 3 ).
avec R2 = 0,<)2I.
Ces
équations
améliorentsignificativement
l’estimationde z l
parrapport
à cellene faisant intervenir que la
longueur
du tronc.I,a taille
générale
dupoulet
a souvent étéexprimée
par lalongueur
de lapatte (L
ER xE R , 1 937
; J. B . B }’ ,
HJ-1-I ;CacK, 19 (¡ J ),
la taille dusquelette
par lalongueur
dupilon (Bi RD , I < J43 ).
I)e même chez ledindon, A SMUNDSON ( H ) 4 8)
avait noté que lalongueur
de lapatte
était déterminée presque entièrement par des facteurs de taillegénérale.
Nos résultatsjustifient
ces choix. Mais ils montrent que lalongueur
dutronc est
préférable
si on veut étu<lier la taille dupoulet indépendamment
des autresfacteurs de la variabilité
morphologique.
!.
Estiataation
de Laeomposill/te
decoznpacité ( Z2 )
I >ans notre
échantillon, l’angle
ou lalargeur
depoitrine
fournissent une excellente estimation de zz, les carrés des coefficients de corrélation étantrespectivement
de0 ,6 7 6
pour
l’angle
et deo,!28
pour lalargeur.
Nous avons cherché à améliorer l’estimation
de z z
par l’utilisation d’unpetit
nombre d’autres mensurations. Sur le
plan théorique,
la meilleure méthode pour choisirles p
mensurations désirées serait de rechercherparmi
lesc P 24
combinaisonspossibles,
cellequi
donne laplus
forte corrélationmultiple
avec z2. Dans lapratique, cependant,
il nous a semblépréférable
de faire un choix raisonnédes p
mensurationsen tenant
compte
des résultats del’analyse
encomposantes principales,
de lapréci-
sion et de la facilité des mesures ainsi que de l’intérêt
zootechnique
des caractèresutilisés. Nous avons estimé ca
priori
que les mensurations de latête,
de la crête etde l’aile
présentaient
peu d’intérêtpratique.
Nous avons finalement retenu 3 mensu- rationsprises
au niveau de lapoitrine (angle
depoitrine,
hauteur depoitrine
et lon-gueur du
bréchet)
et 3 mensurations du membrepostérieur (longueur
de lapatte,
tour du
pilon
et diamètre de lapatte).
Les
mensurations se divisent en 2 groupes selonqu’elles présentent
une corré-lation
positive
ounégative
avec z2. Parmi lespremières, l’angle
et lalargeur
depoitrine
sont des mesuresinterchangeables. Elles
sont fortement liées entre elles(r
=o,bq. 4
pour la corrélationphénotypique totale,
r =0 ,8 25
pour la corrélationpartielle
àpoids constant)
et toutes deuxprésentent
des corrélations du même ordre degrandeur
avec toutes lescomposantes principales.
Nous avons retenul’angle
depoitrine qui
estplus
facile à mesurer etplus précis.
Lalargeur
du thorax a été écartéedu fait de sa faible
précision
sur le vivant et lalargeur
du bassin du fait de sa faible corrélation avec z2. Nous avons retenu les 2 mensurations du membrepostérieur
liées
positivement
avec z2 ; le tour dupilon représente
apriori
undéveloppement
musculaire et le diamètre de la
patte
undéveloppement
enépaisseur
dusquelette.
Parmi les mesures liées
négativement
avec z,, la hauteur depoitrine,
le tour depoitrine
et laprofondeur
des blancsparaissent
être des mesuresinterchangeables.
Nous avons écarté la
profondeur
des blancsqui
est une mensuration peuprécise
et
impossible
àprendre
sur lepoulet
vivant.Le
tour depoitrine présente
une fortecorrélation
partielle
àpoids
constant( 0 , 772 )
avec la hauteur depoitrine.
Mais c’estun caractère
complexe,
dont la mesure sur le vivant est peuprécise
et dont la corré-lation avec z2 est moindre en valeur
absolue,
que celle de la hauteur depoitrine.
Nousn’avons donc retenu que la hauteur de
poitrine.
Un raisonnementanalogue peut s’appliquer
auxlongueurs
dupilon,
de lapatte
et dudoigt.
Nous avons retenu lalongueur
de lapatte
dont la mesure est laplus
facile et laplus précise
etqui
a souventété utilisée en sélection. Nous avons
également
conservé lalongueur
dubréchet, qui
est facile à mesurer et adéjà
été utilisée en sélection.Nous avons calculé les
équations
derégression
enprenant
2, 4 ou 6 variablesindépendantes, chaque équation ayant
le même nombre de variables en corrélationpositive
etnégative
avec z,. Le tableau 6 donne les coefficients derégression
pour cha-cune des y
combinaisons,
ainsi que le carré des coefficients de corrélationmultiple correspondants (R’ = ).
Les variables sont sous la forme centrée-réduite. La dernièreligne
du tableaurappelle
la valeur deprédiction
del’angle
depoitrine
seul.Parmi les
équations
à 2variables,
cellesqui
estiment lemieux Z 2 comprennent l’angle
depoitrine (équations
i,2 et 3 ).
La meilleurefait intervenir l’angle
et la hauteurde
poitrine.
Parmi leséquations à variables,
les meilleurescomprennent l’angle
et la hauteur de
poitrine, conséquence logique
du résultatprécédent (équations 1° ,
m, z3 et
i 4 ). I,’utilisation
des () mensurations retenues(équation io)
n’améliore que faiblement la meilleureéquation
à4 variables <lui
fait intervenirl’angle
et la hauteurde
poitrine,
le tour dupilon
et lalongueur
de lapatte (n O 14 ).
On
peut
constater que les mensurations du membrepostérieur apportent
une faible contribution à laprédiction
de zz,qui apparaît
ainsi essentiellement comme une variabilité dans la forme du tronc. Au niveau <lutronc,
lalongueur
du bréchetconduit à des coefficients de
régression
peu élevés. Il semblepréférable
de lui substi- tuer la hauteur depoitrine
pour décrire la variabilitéphénotypique
de la « forme »corporelle.
Un résultatanalogue
avait été obtenu parJaa 1 ( 1941 ).
Cet auteur com-parait
despoulets d’origine génétique
différente en utilisant lerapport
mensura-tion/racine cubique
dupoids.
Il concluait que la meilleure conformation était obtenueavec une hauteur de
poitrine
faible et despattes
courtes(relativement
aupoids)
tandis que la
longueur
du bréchet n’intervenait pas. C’est letype
de conformationqui
est décrit par la deuxièmecomposante principale.
CONCLUSION
Le présent
travail concernant <les mensurations de carcasse dupoulet complète
celui réalisé sur des animaux vivants
appartenant
au même groupegénétique.
Dansl’ensemble,
les résultats observés sur le vivant sont confirmés : le lot d’éclosion influe fortement sur les moyennes mais très peu surl’homogénéité
desvariances ; l’hypo-
thèse de la normalité des distributions
peut
être admise(mais
il ne semble paspossible
de
généraliser
cerésultat).
Par contre, les mensurations sur carcasses ont leplus
souvent une meilleure
précision
et conduisent à des corrélationsplus
fortes.I,’analyse
encomposantes principales
des corrélationsphénotypiques permet
dans les 2 cas de définir un facteur de « taille
générale
», bienreprésenté
par la lon- gueur du tronc et un facteur de «compacité
», bienreprésenté
parl’angle
et la hau-teur de
poitrine. Le
travail sur carcasses apermis
en outre de supposer l’existence de facteursspécifiques
nombreux(en particulier
pour lacrête),
mais ilsreprésentent
une faible
partie
de la varianceanalysée
et mériteraient confirmation.I,es
2premières composantes
doivent suffire pourexprimer
enpratique
les varia-tions
morphologiques
dupoulet.
Nous avons discuté leur estimation àpartir
d’unpetit
nombre de mensurations. Unprochain
travail concernera l’étudegénétique
dela variabilité