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Les représentations sociales de l'hypnose : une réflexion sur son acceptation dans les soins

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Academic year: 2021

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Les représentations sociales de l’hypnose : une réflexion sur son

acceptation dans les soins

FANNY DESCLOUX

Étudiante Bachelor – Filière Physiothérapie

AÏCHA GROSJEAN

Étudiante Bachelor – Filière Physiothérapie

Directrice de travail :

LILIANA STAFFONI-DONADINI

TRAVAIL DE BACHELOR DÉPOSÉ ET SOUTENU A LAUSANNE EN 2012 EN VUE DE L’OBTENTION D’UN BACHELOR OF SCIENCE HES-SO EN PHYSIOTHERAPIE

Haute Ecole de Santé Vaud Filière Physiothérapie

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Résumé

Introduction : De récentes études scientifiques ont prouvé l’efficacité de l’hypnose

notamment pour la gestion des douleurs. Cependant elle est encore peu répandue dans les services hospitaliers en Suisse Romande. Les représentations sociales, façons personnelles de se représenter et d’interpréter le monde orientent le comportement humain. Concernant l’hypnose, elles jouent un rôle central dans les attitudes du patient et du thérapeute face à l’acceptation du phénomène.

Objectif : Identifier les représentations sociales des soignants et de la population générale à

propos de l’hypnose.

Méthode : Revue qualitative de la littérature par analyse thématique des questionnaires

utilisés pour interroger les représentations.

Résultats : L’analyse des questionnaires de 5 études a permis d’identifier 6 représentations

face au phénomène hypnotique. Elles définissent l’hypnose comme contrôlée, menaçante, fantastique, révélatrice, légitime en médecine et l’hypnotisabilité comme critérielle.

Discussion : Ces représentations influencent l’acceptation de l’hypnose dans les soins de

manière positive ou négative. Elles sont véhiculées par différents vecteurs tels que les médias, les valeurs sociales et culturelles et l’histoire même de l’hypnose. Il est important que le thérapeute explore les croyances du patient face à l’hypnose mais aussi celles qui lui sont propres.

Conclusion : Il y a dans toutes ces représentations, la notion de prise ou de perte de contrôle

engendrant un déséquilibre dans la relation thérapeutique. La connaissance de celles-ci permettrait d’adopter des stratégies afin d’améliorer l’acceptation de l’hypnose dans les soins.

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Avertissement

Les prises de position, la rédaction et les conclusions de ce travail n’engagent que la responsabilité de ses auteurs et en aucun cas celle de la Haute Ecole de Santé Vaud, du Jury ou du Directeur du Travail de Bachelor.

Nous attestons avoir réalisé seules le présent travail, sans avoir utilisé d’autres sources que celles indiquées dans la liste de références bibliographiques.

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Remerciements

Nos chaleureux remerciements à…

… Madame Liliana Staffoni-Donadini, Professeure HES-S2 et directrice de notre travail de Bachelor, pour ses précieux conseils et sa foi en notre démarche,

… Madame Magali Serex, bibliothécaire, pour son dévouement et son aide lors de notre recherche documentaire,

… Madame Maryse Davadant, infirmière hypnopraticienne au CHUV et Monsieur

Guillaume Finti, physiothérapeute formé en hypnose à l’Hôpital Orthopédique, pour leur

disponibilité et la transmission de leur savoir sur l’hypnose,

… Madame Virginie Descloux, assistante-doctorante en psychologie à l’Université de Genève, pour ses relectures attentives et ses critiques constructives,

… Madame Gabrielle Grosjean, infirmière de liaison au CHUV, pour sa relecture et ses corrections minutieuses,

… Mesdames Véronique Hasler, Enseignante HES-S2, Corinne Gaudin et Christine

Pirinoli, Professeures S2, ainsi que Monsieur Claude Pichonnaz, Professeur

HES-S2, pour leurs conseils méthodologiques avisés,

… Messieurs Nicolas Hazi et Nicolas Meylan, pour leur patience et leur compréhension lors de l’élaboration de notre travail

… Nos proches, pour leurs relectures et leur soutien à toute épreuve lors de ces deux années de travail intense,

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Table des matières

1 Introduction ... 1 2 Cadre théorique ... 2 2.1 Hypnose ... 2 2.1.1 Définition ... 2 2.1.2 Historique ... 2 2.1.3 Applications pratiques ... 4 2.1.4 Effets physiologiques ... 5

2.1.4.1 Effets physiologiques globaux ... 6

2.1.4.2 Hypnose et douleur ... 6

2.1.5 Indications ... 7

2.1.6 Contre-indications ... 8

2.1.7 Hypnose et physiothérapie ... 8

2.1.8 Situation actuelle en Suisse ... 9

2.2 Les représentations sociales ... 10

2.2.1 Définition ... 10

2.2.2 Organisation et élaboration d'une représentation ... 11

2.2.2.1 La construction d'une représentation : le noyau central ... 11

2.2.2.2 La construction d'une représentation: les systèmes périphériques ... 12

2.2.3 Fonctions de la représentation ... 12

2.2.3.1 Représentation et comportement ... 13

2.2.4 Représentations sociales dans les soins ... 15

2.3 Problématique ... 15

3 Méthodologie ... 17

3.1 La méthodologie qualitative ... 17

3.1.1 Philosophie de recherche ... 17

3.1.2 Méthodologie qualitative : le concept ... 19

3.1.2.1 L’intérêt de la méthodologie qualitative ... 19

3.1.2.2 L’analyse thématique ... 20

3.2 Etapes de la revue ... 21

3.2.1 Stratégie de recherche documentaire ... 21

3.2.2 Critères d’inclusion et d’exclusion ... 22

3.2.3 Sélection des articles ... 23

3.2.4 Qualité des articles ... 23

3.2.5 Analyse thématique des articles inclus ... 24

(7)

3.2.5.2 Mise en place des thèmes descriptifs ... 25

3.2.5.3 Mise en place des thèmes analytiques... 26

4 Résultats ... 27

4.1 Description des études ... 27

4.2 Qualité des articles ... 28

4.3 Résultats en lien avec notre question de recherche ... 29

4.3.1 L’hypnose contrôlée ... 30

4.3.1.1 La maîtrise du patient sur la situation ... 30

4.3.1.2 Le caractère normal de l’hypnose ... 30

4.3.1.3 L’hypnose comme technique sûre... 31

4.3.1.4 L’attraction pour l’hypnose ... 31

4.3.2 L’hypnose menaçante ... 31

4.3.2.1 La perte de contrôle du patient ... 31

4.3.2.2 Le thérapeute tout-puissant ... 32

4.3.2.3 La dangerosité de l’hypnose ... 32

4.3.3 L’hypnose fantastique ... 32

4.3.3.1 Le caractère ésotérique de l’hypnose ... 33

4.3.3.2 L’hypnose modificatrice des facultés mentales ... 33

4.3.3.3 L’hypnose, thérapie miracle ... 33

4.3.3.4 La perte de crédibilité de l’hypnose ... 33

4.3.4 L’hypnose est légitime en médecine ... 34

4.3.4.1 L’hypnose comme complément thérapeutique facilitateur ... 34

4.3.4.2 L’utilité de l’hypnose en médecine ... 34

4.3.5 L’hypnose révélatrice ... 34

4.3.5.1 L’impossibilité de mentir sous hypnose ... 34

4.3.5.2 La fiabilité du discours sous hypnose ... 35

4.3.5.3 L’hypnose révélatrice de la mémoire enfouie ... 35

4.3.6 L’hypnotisabilité critérielle ... 35

4.3.6.1 La faiblesse d’esprit des gens hypnotisés ... 35

4.3.6.2 La non universalité de l’hypnose ... 35

5 Discussion ... 36

5.1 Hypnose contrôlée ... 36

5.2 Hypnose menaçante ... 37

5.3 Hypnose fantastique ... 40

5.4 Hypnose légitime en médecine ... 42

5.5 Hypnose révélatrice ... 43

(8)

5.7 Synthèse générale ... 45

5.8 Implications pour la pratique ... 47

5.9 Recommandations pour la pratique ... 49

5.10 Limites de la revue ... 49

5.10.1 Limites des études ... 49

5.10.2 Limites de notre démarche ... 51

5.11 Pistes de recherches futures ... 52

6 Conclusion ... 53 Annexes : liste ... I

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1

INTRODUCTION

Grâce à l’avancée des recherches scientifiques, l’hypnose est de plus en plus définie comme un phénomène physiologique à part entière. On comprend dès lors, de mieux en mieux les mécanismes qui la sous-tendent, ce qui permet de lui apporter une certaine validité scientifique. Plus précisément l’hypnose a largement fait ses preuves dans le domaine de la gestion de douleur où nombres d’études prônent son efficacité (De Benedittis, 2003; Vanhaudenhuyse et al., 2008; Virot & Bernard, 2010; Thornberry, Schaeffer, Wright, Haley & Kirsh, 2007). Selon Miltner et Weiss (2007), elle serait la méthode non-pharmacologique la

plus efficace dans le cadre du contrôle de la douleur (traduction libre1, p.51). Ainsi elle

semble être un outil approprié en physiothérapie où la douleur est la première cause de consultation (Cheing & Cheung, 2002, p. 735).

Selon notre expérience personnelle, nous avons pu constater que cet outil, pourtant prouvé efficace, est encore peu répandu dans les services hospitaliers. De plus, la littérature actuelle ne permet pas d’expliquer cette lacune. En cherchant à comprendre la disparité entre l’évidence scientifique de l’intérêt thérapeutique de l’hypnose et la pratique clinique, nous nous sommes intéressées aux représentations sociales de l’hypnose.

Barthassart, Lagger et Golay (2008), les définissent comme ceci:

Ces représentations peuvent être définies comme une association d’informations, d’images, de sentiments qui nous servent à penser, communiquer avec autrui, mais surtout orientent nos comportements. Il s’agit de notre façon de percevoir le monde, d’y donner sens, de nous représenter notre relation aux autres et à l’action. (p. 848)

Elles sont un moteur du comportement humain et peuvent donc jouer un rôle dans l’acceptation d’une thérapie. De plus, selon Michaux (2005), « la représentation de l’hypnose

joue ainsi un rôle central dans la détermination des attitudes du sujet2 et de l’hypnothérapeute

par rapport à l’hypnose » (p.344).

Les représentations semblent être un facteur clé dans l’acceptation de l’hypnose dans les soins. C’est la raison pour laquelle, à travers ce travail, nous nous somme intéressées aux représentations sociales vis-à-vis de l’hypnose.

1

Pour des raisons de simplification de rédaction et de clarté de lecture, nous n’ajouterons pas, par la suite, la terminologie « traduction libre » aux articles traduit de l’anglais ou de l’espagnol au français.

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2

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CADRE THEORIQUE

2.1

H

YPNOSE

Dans ce chapitre, nous allons tenter d’expliquer le vaste et complexe phénomène de l’hypnose. Nous commencerons par un tour de la littérature pour la définir. Nous aborderons ensuite son historique, ses effets et enfin son utilisation en médecine et en physiothérapie.

2.1.1 Définition

Il n’existe pas une définition consensuelle de l’hypnose. Depuis 1889 elle est reconnue comme un processus physiologique naturel (Bellet, 2002, p. 80). Benhaïem (1994) définit l’hypnose comme un état naturel où le corps et l’esprit sont soumis à diverses influences sensitives ou affectives qui peuvent engendrer une modification du comportement (p. 11). Cet état peut être spontané ou déclenché volontairement par soi-même (autohypnose) ou par un thérapeute (Benhaïem, 1994, p. 11). Durant l’hypnose, le sujet est dans un état de conscience modifiée (Benhaïem, 1994, p. 10). L’électroencéphalogramme montre un tracé qui n’est ni sommeil, ni coma mais plutôt un état de veille (Salem & Bonvin, 2007, p. 20). Le sujet semble endormi mais se trouve, en fait, dans un état mental d’éveil.

Virot et al. (2010), expliquent qu’il existe deux modalités d’éveil physiologique. La

conscience critique est l’état dans lequel une personne est ouverte et réceptive au monde

extérieur afin de prendre les meilleures décisions. La transe est la focalisation et la fixation de l’attention sur une partie de la réalité pendant une durée supérieure à la conscience critique. Le thérapeute cherche à encourager l’apparition d’une transe positive à l’aide de suggestions basées sur l’objectif du traitement. Il induit la transe, accompagne le patient puis l’oriente vers un retour à la conscience critique (p. 20).

Pour Erickson (1958), l’hypnose est « un état de concentration mentale, durant lequel les facultés d’esprit du patient sont tellement accaparées par une seule idée que, pour le moment il devient mort ou indifférent à toute autre considération ou influence » (Salem & Bonvin, 1999, p. 17).

Plus concrètement, l’hypnose est un phénomène naturel qui apparaît couramment chez tout un chacun, que nous pouvons expérimenter par exemple lorsque nous sommes plongés dans nos pensées, les yeux dans le vague sans porter attention à ce qui nous entoure. Elle n’est pas une thérapie en elle-même mais plutôt un outil, efficace lorsqu’il est associé à un traitement.

2.1.2 Historique

L’hypnose est connue depuis des millénaires. On en retrouve des traces en Egypte antique, dans la mythologie grecque et dans d’autres civilisations antiques (Salem et al., 2007, p.7).

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Durant son histoire, l’hypnose a connu alternativement des périodes de succès et des périodes d’indifférence en fonction de la place que la société lui accordait (Salem et al., 2007).

L’histoire contemporaine de l’hypnose commence au XVIIIème siècle avec Franz-Anton Mesmer (1734-1815), médecin allemand, qui invente le terme « magnétisme animal ». Selon lui, l’individu possède des propriétés analogues à celles des aimants, s’attirant, se repoussant et favorisant ainsi la circulation du « fluide », énergie vitale de l’Homme. Le magnétisme est un moyen de combattre toutes les maladies. Ces dernières sont d’ailleurs expliquées comme une entrave à la circulation du fluide. S’inspirant des travaux de Mesmer, le marquis de Puységur (1751-1825), découvre le pouvoir de la parole sur le sujet magnétisé. Il qualifie cet état de « somnambulisme magnétique » car les sujets tombent dans un état proche du sommeil sans convulsion tout en restant éveillés, avec des capacités augmentées (Michaux, Halfon & Wood, 2007, pp. 4-7).

En Angleterre, le chirurgien James Braid (1759-1860) affirme que la parole, le regard et les gestes sont les seuls à pourvoir transmettre la volonté du magnétiseur à son sujet. Il est le premier à proposer le terme « hypnotism » et donne à cette méthode des bases scientifiques. Pour lui, un individu peut même s’hypnotiser seul (Michaux et al., 2007 ; Salem et al., 2007 ; Virot et al., 2010).

En France, le débat se situe au XIXème siècle entre l’école de la Salpêtrière à Paris et l’école de Nancy. Selon la première, « l’hystérie est la cause directe du phénomène hypnotique » (Michaux et al., 2007, p. 10). Le médecin Jean Marie Charcot (1825-1893) définit que le sommeil hypnotique est une névrose qui se développe chez les patients hystériques (Michaux et al., 2007, p. 10). A Nancy, Ambroise Auguste Liébault (1825-1904), médecin généraliste, décrit que la thérapie utilisant la suggestion verbale entraine un état d’hypnose chez tous les sujets. « [L’école de Nancy] a pour philosophie que l’hypnose est due à la concentration de l’attention du sujet sur l’idée de s’endormir que lui suggère l’hypnotiseur » (Michaux et al., 2007, pp. 10-11).

Aux Etats-Unis, dans les années 1930, le psychiatre Milton Erickson (1901-1980) développe une nouvelle technique d’hypnose. Selon Michaux et al. (2007), « Erickson perçoit l’hypnose comme un moyen donné à la personne de potentialiser ses ressources pour changer » (p. 15). « Il n’y a pas de suggestion autoritaire visant le symptôme…. Le thérapeute sait que la personne possède les ressources nécessaires au changement : c’est au thérapeute de savoir utiliser le langage du patient pour lui permettre d’y accéder » (Michaux et al., 2007, pp. 15-16). Selon la thèse d’Yvay (2005), Erickson décrit la théorie de la communication qui « devient un outil thérapeutique » (p.24), permettant au patient d’utiliser les ressources

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personnelles inconscientes dont il a perdu l’usage (Bellet, 2002, p.63). En effet, « l’hypnose mobilise le fonctionnement inconscient » (Michaux et al., 2007, p.123), qui par opposition au conscient, fait intervenir des ressources qui permettent une reprogrammation mentale et un réaménagement comportemental au-delà de la pensée logique et rationnelle (Michaux et al., 2007, p. 123).

Grâce à l’avancée des recherches sur l’hypnose, elle est réhabilitée officiellement aux Etats-Unis, en Angleterre et enfin en France par le psychiatre Léon Chertok (1911-1991), dans les années 1950 (Michaux et al., 2007, p. 16).

Depuis, l’hypnose n’a de cesse de se développer notamment grâce l’apparition de l’imagerie par résonnance magnétique fonctionnelle (IRMf). Elle est maintenant utilisée dans de nombreux domaines de la médecine (anesthésie, pédiatrie, soins aux grands brûlés, etc.) et fait l’objet d’importantes recherches scientifiques.

2.1.3 Applications pratiques

Il existe de nombreuses techniques et théories sur le déroulement d’une séance d’hypnose. Par souci de clarté, seules les références principales seront citées ici.

Pour commencer, Salem et al. (2007) expliquent :

La méthodologie de l’hypnose clinique peut être définie pas ses différentes techniques d’induction, de suggestion ou d’injonction, ainsi que par les différentes qualités de transe hypnotique. La transe peut être de profondeur variable. Elle est fonction de la dissociation psychique provoquée par l’induction et elle permet d’amorcer, chez le patient, une modification hypnotique susceptible, par appropriation, de restaurer son intégrité. (p. 201) Au sujet de l’induction, Fischer et Tarquinio (2006) expliquent:

L’induction hypnotique est en quelque sorte la porte d’entrée, la voie d’accès à la transe et aux contenus inconscients …. Une induction consiste à déconnecter de façon progressive le sujet de ses relations avec le monde extérieur. Cela a pour effet de diminuer (en apparence) son état de vigilance et de provoquer un état qui ressemble au sommeil (la transe), mais qui conserve un circuit sensorimoteur ouvert sur l’extérieur uniquement par la voie de stimulations maniées par l’hypnotiseur. On obtient ainsi un « état modifié de conscience ». (pp. 222-223)

En pratique, l’induction est obtenue à l’aide d’un stimulus monotone qui va permettre un rétrécissement provisoire de l’activité sensitive et motrice provoquant une baisse de l’attention du monde environnant et ouvrant ainsi en quelque sorte le « paysage intérieur » du sujet (Salem et al., 2007, p. 49). Les méthodes d’induction utilisent les différents canaux sensoriels (Fischer et al, 2006, p. 222). Par exemple, pour une induction utilisant le support

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visuel, on demandera au patient de focaliser son attention sur le mouvement régulier d’un pendule. Cette technique est d’autant plus facile qu’elle est désirée, ce qui explique la force du contexte thérapeutique puisque le patient désire être soigné (Salem et al., 2007, pp. 201-201). A propos de la technique de suggestion, Fischer et al. (2006) expliquent :

La suggestion hypnotique est un phénomène banal de la communication quotidienne. Elle consiste en un message destiné à influencer l’interlocuteur, dans sa pensée, ses émotions, ses motivations, ses comportements …. [Elle] a pour effet de faire apparaitre des comportements visibles ou des réponses invisibles chez une personne, ces comportements ou réponses étant involontaires et souvent inconscientes. (pp. 222-223)

En pratique, la suggestion utilise tous les canaux de la communication (verbale, paraverbale et non verbale) (Salem et al., 2007, p. 52).

Le déroulement exact d’une séance d’hypnose n’est pas standardisé et doit être adapté au patient. A l’aide des techniques hypnotiques présentées ci-dessus, le thérapeute accompagne le patient à travers les cinq temps de l’hypnose que Salem et al. (2007) décrivent: l’induction, la confusion, la dissociation-catalepsie, l’appropriation et le retour (p. 201).

L’induction entraîne la confusion des sens qui permet un relâchement des associations cognitives, faisant appel à la cohérence et à la logique explicite, et laissant la place aux associations de perceptions, de sensations, de représentations, de souvenirs et de pensées. Le troisième temps décrit par Salem et al. (2007) débouche sur la transe, un état de dissociation psychique et de catalepsie du corps. C’est la phase où des modifications peuvent être effectuées grâce aux techniques de suggestions, mobilisant les ressources de la personne (p. 202).

Le quatrième temps, l’appropriation, correspond à l’intégration des modifications apportées par les suggestions (Salem et al., 2007, p. 202).

Le dernier temps de l’hypnose, permet le retour à l’état de conscience ordinaire. Cette phase, effectuée de manière progressive, représente le moment crucial où l’expérience vécue en transe va s’intégrer dans le quotidien ordinaire du sujet (Salem et al., 2007, p. 203).

Pour terminer, selon Michaux et al. (2007), pour que l’hypnose soit réalisée dans de bonnes conditions, il faut respecter trois aspects: la motivation du patient, la coopération et la confiance. Si ces trois éléments sont présents, le thérapeute et le patient établissent un contrat moral dans le but de fixer le cadre du soin.

2.1.4 Effets physiologiques

Nous allons aborder différents aspects dans ce chapitre. Nous commencerons par expliquer les effets physiologiques globaux que l’hypnose peut engendrer. Ensuite, nous nous

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focaliserons sur les effets de l’hypnose sur la douleur, point d’intérêt tout particulier en physiothérapie.

2.1.4.1 Effets physiologiques globaux

Comme expliqué en amont, l’hypnose est un état physiologique naturel (Bellet, 2002, p. 80). Grâce à l’avancée des moyens technologiques, il est possible de l’objectiver en observant l’activité cérébrale durant l’hypnose, notamment à l’aide de l’IRMf. Pourtant, il est difficile de faire des généralités de cet état puisqu’ « il est vraisemblable que les principaux paramètres physiologiques sont variables en fonction des suggestions hypnotiques délivrées et du contenu de l’hypnose » (Virot et al., 2010, p. 11). En effet, « l’hypnose n’est pas un état unique, mais reflète plutôt ce que les participants « font » durant l’hypnose, ce qui varie en fonction de la suggestion qu’ils reçoivent » (Lynn, Kirsh, Knox, Fassler & Lilienfeld, 2007, p.147).

Selon Bellet (2002), les manifestations physiologiques observables de l’hypnose sont les suivantes : ralentissement du rythme respiratoire et de la fréquence cardiaque, modification du tonus musculaire (p. 80). Salem et al. (2007), ajoutent :

La transe est observable de l’extérieur …. Le corps est plongé … dans un état de léthargie, de détente …, la musculature étant relaxée comme dans le sommeil, la respiration et le pouls habituellement ralenti, la tension artérielle diminuée. Les réflexes ostéo-tendineux sont présents, contrairement à ce qui se passe durant le sommeil. Les mouvements involontaires sont inhibés (catalepsie). Les muscles du visage relâchés et davantage irrigués (vasodilatation périphérique), le réflexe de déglutition est espacé ou suspendu. Le corps peut adopter des postures bizarres, les bras, les mains ou les membres inférieurs se pétrifier de façon expressive. (p. 20)

2.1.4.2 Hypnose et douleur

Le champ où l’efficacité de l’hypnose a été le plus étudié est le contrôle de la douleur (Boly, Faymonville, Vogt, Maquet & Laureys, 2007).

La douleur est un processus complexe, subjectif, englobant différents facteurs physiologiques mais aussi psychologiques. Les différentes composantes de la douleur sont détaillées en annexe I. Aussi, au niveau cérébral elle est gérée par de multiples structures formant la matrice de la douleur, dont un schéma précis se trouve en annexe II.

En se basant sur plusieurs recherches, Miltner et al. (2007) affirment que l’analgésie hypnotique représente la méthode non-pharmacologique la plus efficace dans le cadre du contrôle de la douleur aiguë (p. 51). Concernant les douleurs chroniques et post-opératoires, différentes études démontrent l’efficacité de l’hypnose dans leur prise en charge (Tan, Fukui,

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Jensen, Thornby & Waldman, 2010 ; Virot et al., 2010; Montgomery, David, Winkler, Silverstein & Bovbjerg, 2002).

Au niveau physiologique, de nombreuses études prouvent que l’hypnose permet une modulation de la perception de la douleur (Vanhaudenhuyse et al., 2008; De Benedittis , 2003; Liossi, Santarcangelo & Jensen, 2009; Rainville, Carrier, Hofbauer, Bushnell & Duncan, 1999). Les auteurs ont constaté une modification de la vascularisation au niveau cérébral, dans le cortex cingulaire antérieur (CCA) et dans les cortex somato-sensoriels lors de l’hypnose. Le CCA a une place primordiale dans la modulation de la douleur et la modification de son activité a un impact direct sur la perception douloureuse. « Ces variations de connectivité entre le CCA et les régions cérébrales préfrontales induites par l’hypnose peuvent traduire une modification des processus associatifs du jugement, de l’attention ou de la mémoire des stimuli nociceptifs perçus » (Vanhaudenhuyse et al., 2008, pp. 425-426). Ils ont donc montré une corrélation entre l’activité du CCA sous hypnose et la réduction de la perception de la douleur. Aussi, lors de changements dans les cortex somato-sensoriels, les modalités de localisation et d’intensité de la douleur seront aussi modifiées.

Pour terminer, plusieurs études accordent à la dimension psychologique de l’hypnose un poids non négligeable dans la modulation de la douleur (De Benedittis, 2003 ; Tan et al., 2010). Marchand (2009) résume différentes études et affirme que l’hypnose permet de renforcer les attitudes positives face à la vie et de faciliter la participation active du patient à son traitement. Elle diminue les pensées obsessionnelles et destructives et ainsi, améliore l’estime et la confiance en soi. Tout ceci permet d’amener une augmentation du sentiment de contrôler la situation (pp. 234-235).

Nous avons pu à travers ce chapitre, expliquer que l’hypnose a un impact non négligeable sur la gestion de la douleur. Non seulement l’hypnose agit sur les ressources psychologiques de la personne mais a aussi des effets purement physiologiques scientifiquement démontrés.

2.1.5 Indications

L’American Psychiatric Association (1961) résume ainsi l’utilisation thérapeutique de l’hypnose :

L’hypnose n’est utilisée judicieusement et correctement dans le cours de la thérapie que si son emploi sert des buts thérapeutiques, sans faire courir des risques inutiles au malade. Avec des malades sélectionnés, elle peut être utilisée à des fins sédatives, analgésiques et anesthésiques, pour le soulagement de l’appréhension et de l’angoisse et pour la suppression des symptômes. (Chertok, 1989, p. 117)

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L’hypnose est avant tout une technique clinique académique et se trouve à l’origine de nombreuses méthodes médicales et psychothérapeutiques. Elle est susceptible d’intervenir dans toutes les spécialités traitant de la souffrance psychique, de la douleur d’ordre pathologique ou provoquée par des actes de soins invasifs (Salem et al., 2007, p. 201). Cela comprend plusieurs domaines de la médecine dont la psychiatrie, la chirurgie et la rhumatologie. Un tableau récapitulatif des différents domaines d’utilisation de l’hypnose, selon les indications de Salem et al. (1999), se trouve en annexe III.

2.1.6 Contre-indications

Nous l’avons vu, l’hypnose est une technique sûre basée sur un contrat de confiance entre le thérapeute et le patient. L’hypnose ne doit pas être utilisée dans toutes les conditions et fait l’objet de certaines contre-indications à respecter. Les enfants de moins de 3 ans et les personnes atteintes de pathologies associant un retard mental, des troubles psychotiques aigus ou paranoïaques, ne doivent pas être traités sous hypnose. La collaboration du patient ainsi que sa participation active est indispensable pour permettre l’utilisation de l’hypnose. Le refus de compliance du patient de quelque ordre qu’il soit, constitue aussi une contre-indication à l’hypnose (Salem et al., 2007).

Finalement, selon Salem et al. (2007), l’incompétence du thérapeute péjore l’utilisation de l’hypnose. En effet, la formation à l’hypnose est indispensable afin d’utiliser cet outil de manière adéquate et efficace.

2.1.7 Hypnose et physiothérapie

A travers ce chapitre, nous allons aborder l’intérêt de l’hypnose en physiothérapie. Nous nous focaliserons sur son utilisation pour la gestion de la douleur. Pour terminer, nous effectuerons un rapide état des lieux des formations disponibles en Suisse.

Selon Cheing et al. (2002), la douleur serait la première cause de consultation physiothérapeutique (p.735). Il existe différentes méthodes de gestion de la douleur, dont l’hypnose.

Selon Vervaeke (2009) :

Les indications de l’hypnose en kinésithérapie sont la communication thérapeutique, les douleurs aiguës et chroniques …. En cas de douleur aiguë, l’hypnothérapeute induit une transe hypnotique au patient pendant la séance de rééducation. Le patient va être dissocié, le corps sur la table de rééducation et l’esprit ailleurs, ainsi, il ne « s’occupe » plus de son corps. Le kinésithérapeute peut alors mobiliser le patient de façon confortable. De plus, le patient aura une mémoire agréable de sa séance et viendra aux séances suivantes dans de

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bonnes conditions, la mémoire de la douleur étant absente. En cas de douleur chronique, l’hypnothérapeute apprend au patient la gestion de ses douleurs par l’autohypnose. (p. 37) Le traitement de la douleur par l’hypnose devient alors intéressant. Néanmoins, l’hypnose doit être utilisée par des professionnels formés connaissant les indications et précautions nécessaires au bon déroulement de la prise en charge afin de ne pas perturber les mécanismes de défenses naturels du corps.

2.1.8 Situation actuelle en Suisse

En Suisse il n’y a pas un système unique de formation en hypnose et aucune loi ne régule l’utilisation de cette technique. Il existe plusieurs écoles proposant des formations en hypnose aux professions médicales, paramédicales et au public. Elles sont, pour la plupart membres de l’European Society of Hypnosis (ESH) et de l’International Society of Hypnosis (ISH). Ces sociétés ont édité des règles quant à la pratique de l’hypnose indiquant qu’elle ne doit être employée que pour le bien-être des patients, qu’elle ne doit être enseignée qu’aux professionnels et ne doit jamais être pratiquée dans un cadre de spectacles ou de divertissements (ESH, 2012 ; ISH, 2011).

L’institut romand d’hypnose suisse (IRHyS) propose par exemple, une attestation de

formation complémentaire aux médecins, médecins-dentistes,

psychologues-psychothérapeutes et aux professions paramédicales (IRHys, 2012). Deux physiothérapeutes se forment à l’hypnose en moyenne chaque année (statistiques de l’IRHyS 2011).

Selon Salem (2002), la formation en hypnose doit s’ajouter à une formation préalable. Des connaissances médicales en physiopathologie ou en neurologie sont indispensables pour exercer l’hypnose dans les meilleures conditions (p. 371). Salem (2002) décrit que, dans l’avenir proche :

On peut aisément imaginer un emploi beaucoup plus fréquent de l’hypnose en milieu hospitalier, consultation interdisciplinaire de la douleur, consultation du stress, diminution du nombre d’anesthésies générales. Les bénéfices d’une telle évolution, outre l’amélioration du confort du patient, se vérifieraient aussi par une probable atténuation des coûts de la santé. (pp. 371-372)

En Suisse Romande l’hypnose apparaît peu sur la scène physiothérapeutique. Elle est utilisée au Centre Hospitalier Universitaire Vaudois, dans les prises en charges des grands brûlés mais aussi dans le cadre de prises en charges musculo-squelettiques par un physiothérapeute formé. Malgré le niveau d’évidence scientifique cette discipline a de la peine à percer et à faire sa place dans les hôpitaux. Nous reviendrons sur l’impact de ces aspects dans la problématique.

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10

2.2

L

ES REPRESENTATIONS SOCIALES

2.2.1 Définition

Les représentations sociales sont un vaste domaine de la socio-psychologie. Elles ont été étudiées par maints acteurs de la psychologie depuis le XIXe siècle. Nous allons ici tenter de ressortir les points essentiels à la compréhension de ce mécanisme extrêmement complexe. La théorie des représentations sociales a pris ses débuts en 1898 à travers les travaux d’Emile Durkheim, sociologue français. Il faudra, ensuite, attendre les années 1960 pour que Serge Moscovici, psychosociologue, fasse évoluer les hypothèses de Durkheim. Il émet alors la théorie des représentations telle que nous la connaissons actuellement dans le milieu scientifique. Il reprend les notions de Durkheim avec une focalisation sur l’individualité dans la création de la représentation. Il argumente ce choix en disant que les représentations ne peuvent plus être partagées par l’ensemble de la société car l’individu est sans cesse confronté à de nouvelles informations, à une modification des opinions. Il doit donc sans cesse adapter ses représentations, les faire évoluer en fonction des valeurs sociétales. En 1969, Moscovoci émet l’idée « qu’il n’y a pas de coupure entre l’univers extérieur et l’univers intérieur de l’individu » (Abric, 1994, p. 12).

Il n’existe pas, à l’heure actuelle, une définition consensuelle des représentations sociales. Lorsqu’un individu se trouve en face d’un objet inconnu, une grande quantité d’informations vont lui parvenir. Le sujet ne pourra pas gérer toutes ces informations et devra faire un tri lui permettant de se faire une opinion de cet objet et de l’intégrer dans sa vie (Vidal, Rateau & Moliner, 2006). C’est ainsi que va naitre une représentation, donnant à l’objet analysé une signification spécifique et personnalisée. Nous verrons plus loin que ce tri n’est pas aléatoire mais nait d’un mécanisme complexe et structuré influencé par différents facteurs.

Abric (1994) définit une représentation « comme une vision fonctionnelle du monde, qui permet à l’individu ou au groupe de donner sens à ses conduites, et de comprendre la réalité, à travers son propre système de références, donc de s’y adapter, de s’y définir une place » (p. 13). Ceci engendre que « la représentation n’est pas un simple reflet de la réalité » (Abric, 1994, p. 13) mais un mécanisme structuré et organisé permettant à un individu d’être en adéquation avec son monde. Il introduit la notion de réalité subjective. « Un objet n’existe pas en lui-même, il existe pour un individu ou un groupe et par rapport à eux. C’est donc la relation sujet-objet qui détermine l’objet lui-même. Une représentation est toujours représentation de quelque chose pour quelqu’un » (Abric, 1994, pp. 12-13). Abric (1994) note qu’il n’y a pas une façon unique de percevoir la réalité :

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11

Nous poserons qu’il n’existe pas a priori de réalité objective, mais que toute réalité est représentée, c’est-à-dire appropriée par l’individu ou le groupe, reconstruite dans son système cognitif, intégrée dans son système de valeurs dépendant de son histoire et du contexte social et idéologique qui l’environne. Et c’est cette réalité appropriée et restructurée qui constitue pour l’individu ou le groupe la réalité même. (pp. 12-13)

Ainsi l’individu interprètera le même objet, la même situation de manière différente. Ceci en fonction de son système de référence personnel influencé par son milieu social, son histoire propre et son environnement.

Barthassart et al. (2008), dans leur étude sur les représentations et l’obésité, proposent une définition simplifiée :

Ces représentations peuvent être définies comme une association d’informations, d’images, de sentiments qui nous servent à penser, communiquer avec autrui, mais surtout orientent nos comportements. Il s’agit de notre façon de percevoir le monde, d’y donner sens, de nous représenter notre relation aux autres et à l’action. (p. 848)

2.2.2 Organisation et élaboration d'une représentation

Il est important, pour comprendre la notion de représentation sociale, de connaître la manière dont elle se forme. Nous l’avons déjà mentionné, les opinions qui se construisent autour d’un objet ne sont pas aléatoires. Elles dépendent de nombreux facteurs qui se hiérarchisent pour entrer dans un mécanisme organisé et structuré permettant d’amener une représentation. Flament (1994) note ici les deux composantes principales à la création d’une représentation : la composante cognitive et la composante sociale. Le mécanisme de formation d’une représentation sous-entend être en présence d’une personne cérébralement active, ayant donc un processus cognitif permettant l’élaboration de la représentation. La dimension sociale induit que les processus cognitifs seront directement influencés par l’environnement social de la personne élaborant la représentation. Elle dépend « du contexte social, c’est-à-dire … le contexte idéologique et … la place occupée dans le système social par l’individu ou le groupe concerné » (Abric, 1994, p. 15).

2.2.2.1 La construction d'une représentation : le noyau central

Selon Abric (1994), cette approche sociocognitive permettrait d’expliquer pourquoi une représentation pourrait contenir à la fois du rationnel et de l’irrationnel. Malgré cela, elle se forme bel et bien dans un ensemble parfaitement cohérent et structuré.

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12

Il avance une hypothèse intéressante concernant l’organisation d’une représentation : « toute représentation est organisée autour d’un noyau central, constitué d’un ou de quelques éléments qui donnent à la représentation sa signification » (Abric, 1994, p. 19).

Le noyau central va permettre à l’individu de donner un sens aux faits immédiats. Abric (1994) le définit ainsi :

Il correspond également au système de valeurs auquel se réfère l’individu, c’est-à-dire qu’il porte la marque de la culture et des normes sociales ambiantes. Il prend pour le sujet statut d’évidence, il est pour lui la réalité même, il constitue le fondement stable autour duquel va se construire l’ensemble de la représentation .... [Il] assure la pérennité [de la représentation] dans les contextes mouvants et évolutifs …. Toute modification du noyau central entraine une transformation complète de la représentation. (pp. 21-22)

Il démontre ici que deux représentations similaires en contenu peuvent être foncièrement différentes car organisées autour de deux noyaux centraux différents.

2.2.2.2 La construction d'une représentation: les systèmes périphériques

Autour du noyau central se situent des éléments périphériques. Abric (1994) les décrit ainsi : Ils constituent l’essentiel du contenu de la représentation, sa partie la plus accessible, mais aussi la plus vivante et la plus concrète. Ils comprennent des informations retenues, sélectionnées, interprétées, des jugements formulés à propos de l’objet et de son environnement, des stéréotypes et des croyances .… Ils constituent … l’interface entre le noyau central et la situation concrète dans laquelle s’élabore ou fonctionne la représentation. (p. 25)

Ce sont donc ces systèmes périphériques qui permettraient l’individualisation des représentations car ils sont construits sur le vécu et les expériences personnelles propres à chaque personne. Ils permettent d’adapter la représentation en fonction du contexte. Ils sont la partie muable de ce mécanisme, qui a pour fonction de protéger le noyau central dont la modification amènerait un bouleversement complet de la personne.

La représentation sociale est donc un mécanisme très complexe intégrant des données stables basées sur des composantes sociales telles que l’histoire, les valeurs communes et l’idéologie. Ce mécanisme intègre aussi des données mouvantes nourries par les expériences personnelles de l’individu.

2.2.3 Fonctions de la représentation

Différents auteurs s’accordent pour donner aux représentations quatre fonctions essentielles : de savoir, d’identité, de justification et d’orientation.

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13

La fonction de savoir de la représentation permettrait à l’individu de comprendre et d’expliquer le monde en adéquation avec son noyau central et ses systèmes périphériques (Abric, 1994). Elle définit « le cadre de référence commun qui permet l’échange social, la transmission et la diffusion de ce savoir naïf » (Abric, 1994, pp. 15-16)

A propos de la fonction identitaire de la représentation, Mugny et Carugati (1985) expliquent : « [Elle situe] les individus et les groupes dans le champ social… [Les représentations permettent] l’élaboration d’une identité sociale et personnelle gratifiante c’est-à-dire compatible avec des systèmes de normes et de valeurs socialement et historiquement déterminés » (Abric, 1994, p. 16). L’individu peut donc trouver sa place dans le groupe, créer son identité et affirmer ses liens sociaux.

La fonction justificatrice argumente l’action et les prises de position a posteriori. Elle permet à l’individu ou au groupe de « renforcer sa position sociale ».

La fonction d’orientation permet d’expliquer comment les prises de décision et actions du sujet vont dépendre de ses représentations. Nous allons aborder ce point de manière précise dans le chapitre suivant ce qui nous permettra de comprendre en quoi les représentations sur l’hypnose peuvent avoir un impact sur l’adhérence aux thérapies.

2.2.3.1 Représentation et comportement

Le lien entre les représentations et le comportement est extrêmement développé dans la littérature. Nous avons noté ici deux définitions intéressantes de la fonction d’orientation : Vidal et al. (2006) la décrivent ainsi :

En fonction de leurs représentations, les individus vont, d’une part, avoir une attitude, prendre position vis-à-vis d’un objet et d’autre part, adopter des comportements en cohérence avec ces représentations. Les représentations sont donc à la base de la plupart de nos comportements parce qu’elles sont à la base de l’interprétation que nous faisons de l’environnement dans lequel ces comportements doivent avoir lieu. (p. 17)

De son côté, Abric (1994) la définit comme ceci :

La représentation fonctionne comme un système d’interprétation de la réalité qui régit les relations des individus à leur environnement physique et social, elle va déterminer leurs comportements ou leurs pratiques. La représentation est un guide pour l’action, elle oriente les actions et les relations sociales. Elle est un système de pré-codage de la réalité car elle détermine un ensemble d’anticipations et d’attentes. (p. 13)

Selon Abric (1994), cette fonction dépend de 3 facteurs. Le premier est la définition de la finalité de la situation qui permet au sujet d’anticiper ce qu’il va se passer et ainsi d’adopter « le type de relations pertinentes mais aussi éventuellement, le type de démarche cognitive qui

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14

va être adopté » (Abric, 1994, p. 17). Ainsi, même en analysant la situation le sujet va adopter le comportement qui lui semblera le plus en adéquation avec sa manière de fonctionner. Le deuxième facteur se concentre en un système d’anticipation et d’attentes engendrant un « filtrage des informations, interprétations visant à rendre cette réalité conforme à la représentation » (Abric, 1994, p. 17). Ainsi, avant même d’avoir agi, le sujet aura interprété la situation et saura d’avance comment il va réagir, « les conclusions sont posées avant même que l’action ne débute » (Abric, 1994, p. 17). Enfin, se formant essentiellement grâce à une dimension sociale, les représentations sont « prescriptives de comportements ou de pratiques obligés » (Abric, 1994, p. 17). La représentation aura défini ce qui est socialement admis et influencera l’action du sujet en fonction de son contexte social. C’est ce que Fischer et al. (2006) appellent la norme subjective, la définissant ainsi, dans le cadre des comportements de santé :

[Elle] s’inscrit dans un processus psychosocial où les parents, les amis ou toute personne relevant du groupe de référence de l’individu sont susceptibles d’inciter les sujets malades à adopter un certain type de comportements …. Cette norme subjective est donc pour une large part déterminée par un processus de conformisation où l’individu va manifester des conduites socialement désirables. (Fischer et al., 2006, p. 31)

Selon le modèle de l’action raisonnée, construit par Ajzen en 1985 (voir schéma récapitulatif en annexe IV), l’individu va traverser plusieurs étapes psychologiques qui vont déterminer au final si le comportement est réalisable ou pas (Fischer et al., 2006, p. 31). L’attitude du sujet sera « déterminée par les croyances relatives aux conséquences que pourra avoir le comportement (effets secondaires, incapacités…), ainsi que par l’évaluation du sujet (s’il pense que cela vaut la peine, s’il pense que le préjudice causé sera trop important…)» (Fischer et al., 2006, p. 31). Ainsi, les représentations vont modifier l’attitude du sujet, puis son comportement.

Nous pouvons comprendre, à travers ces explications, la place primordiale que prennent les représentations dans le processus de décision et d’action des individus. Elles ont une place fondamentale dans les relations sociales ; elles permettent aux individus de guider leurs comportements, leurs actions dans une société avec un cadre établi. « C’est une forme de connaissance, socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique et concourant à la construction d’une réalité commune à un ensemble social » (Jodelet, 1989, p. 53). Ainsi, le même mécanisme se déroule lorsqu’une personne doit choisir ou adhérer à une thérapie. Sa décision sera prise en partie en fonction des représentations qu’elle se fait de la thérapie. Nous

(23)

15

comprenons donc bien que lorsque l’hypnose est proposée comme thérapie à un patient, le processus amenant à la mise en pratique sera ponctué d’obstacles.

2.2.4 Représentations sociales dans les soins

Selon Curchod (2009) :

La relation constitue la pierre angulaire du soin. Elle permet de partager des informations, de se comprendre et d’élaborer un sens commun …. Lorsque la communication et la relation sont de bonne qualité un dialogue s’instaure. Il permet à chacun d’exprimer ses préoccupations, ses besoins, ses préférences, de préciser sa pensée, de réfléchir avec l’autre. (p. 4)

Dès lors il est clair que la place de la communication dans la relation entre le patient et le thérapeute est centrale. La communication s’alimente et se construit à partir des représentations, indispensables à la vie sociale (Py, 2008, p. 8). Cederaschi, Allaz et Piguet (1998) expliquent que « la rencontre entre patient et thérapeute dans la relation de soins met en présence non seulement deux individus, mais aussi deux systèmes de pensée » (p. 91). On comprend bien que, comme l’explique Abric (1994), les représentations offrent une vision fonctionnelle du monde qui découle sur une réalité subjective et non pas objective, « la réalité des soignants n’est pas la réalité des soignés » (Curchod, 2009, p. 43). Au sujet du rôle des représentations de la douleur dans la relation patient-thérapeute Cederaschi et al. (1998) expliquent :

Ces représentations présentent un intérêt tout particulier au niveau de la relation thérapeutique .... Les modèles de référence explicites et implicites du patient et du thérapeute déterminent un cadre explicatif dans lequel sont insérés les comportements. Ces modèles doivent être clarifiés de manière à éviter des conflits qui seraient liés non seulement à des niveaux de savoirs différents mais aussi à des valeurs et des intérêts divergents ; de manière également à éviter que le savoir scientifique n’impose sa propre définition du problème, au risque « d’exproprier » l’individu de sa compréhension personnelle de ce qui lui arrive. La communication entre patient et thérapeute requiert ainsi un processus de négociation entre deux individus, mais aussi entre deux systèmes de pensée. (p. 92)

2.3

P

ROBLEMATIQUE

L’hypnose a été prouvée efficace dans divers domaines de la médecine, notamment dans les prises en charge de la douleur (De Benedittis et al., 2003 ; Faymonville, 2008 ; Virot et al.,

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16

2010 ; Thornberry et al., 2007). Elle a, dès lors, démontré tout l’intérêt de son utilisation en physiothérapie.

Malgré les avantages évidents, nous avons pu, à travers notre expérience personnelle, constater que cet outil est encore peu répandu dans les services hospitaliers de Suisse Romande. De plus, selon l’IRHyS, seulement deux physiothérapeutes se forment en moyenne chaque année à l’hypnose dans la région.

Nous nous sommes questionnées sur les raisons de ce manque d’intérêt et avons effectué une recherche littéraire sur les obstacles à l’utilisation de l’hypnose dans les soins. Rapidement, nous avons constaté que les représentations sociales du thérapeute et du patient constituent un frein à l’utilisation de l’hypnose. Selon Michaux (2005), « la représentation de l’hypnose joue ainsi un rôle central dans la détermination des attitudes du sujet et de l’hypnothérapeute par rapport à l’hypnose » (p. 344). Nous nous sommes alors focalisées sur ce concept et son influence dans le processus décisionnel et la compliance du patient face à la thérapie. « L’expérience montre même que pour la plupart des patients, cette représentation est surtout un obstacle et que dans la plupart des cas, il est plus intéressant de reconnaître ces croyances et de savoir en situer l’origine » (Michaux, 2005, p. 344).

Réaliser une revue systématique de la littérature sur ce sujet nous permettra de faire émerger et d’explorer les différentes représentations face à l’hypnose. Nous pourrons peut-être ainsi proposer des pistes d’amélioration afin de faciliter l’acceptation de l’hypnose dans les soins. Par conséquent cette réflexion nous a amenées à formuler la question de recherche suivante :

Quelles sont les représentations sociales des soignants et de la population face à l’hypnose ?

Objectifs du travail :

- Faire émerger les représentations sociales des soignants et de la population face à

l’hypnose.

- Explorer ces différentes représentations, émettre des hypothèses quant à leurs contenus

et réfléchir à leur impact sur la relation de soin.

- Proposer des pistes d’amélioration pour faciliter l’acceptation de l’hypnose en

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17

3

METHODOLOGIE

Nous avons choisi de suivre une méthodologie qualitative pour mener notre revue de la littérature. Dans ce chapitre, nous commencerons par expliquer quelques aspects théoriques en lien avec ce type de méthodologie. Nous aborderons la philosophie de recherche ainsi que le concept en soi. Nous nous focaliserons ensuite sur la manière dont nous avons appliqué cette méthodologie à notre travail. Nous expliquerons les différentes étapes de recherche, de sélection, d’analyse et les choix méthodologiques effectués.

3.1

L

A METHODOLOGIE QUALITATIVE

3.1.1 Philosophie de recherche

Notre travail s’inscrit dans une philosophie de recherche bien particulière, le réalisme critique. Afin de comprendre l’intérêt de notre revue, il nous semble important de faire une courte introduction sur ce courant et ce qu’il représente dans le milieu de la recherche.

Le réalisme critique permet d’expliquer des évènements dans leur contexte, d’améliorer les interventions et de comprendre les modèles bio-psycho-sociaux (Clark, Lissel & Davis, 2008, p. E73). Il permet de comprendre et d’expliquer les « mécanismes causaux », quels effets ils ont, comment et dans quelles circonstances ils ont été déclenchés (Bergin, Wells & Owen, 2008, p. 173).

Cette manière de concevoir la réalité a été développée par Roy Bhaskar en 1978 (Bergin et al., 2008). Jusqu’alors, deux écoles de pensée se font face, les positivistes et les constructivistes. Le positivisme se base sur une théorie expliquant la réalité de manière objective (Bergin et al., 2008, p. 171). Il met l’accent sur l’existence d’une loi universelle permettant d’expliquer les phénomènes naturels (Clark et al., 2008, p. E67). Ce courant essaie de distinguer le savoir objectif, empirique et vérifiable du savoir qui ne l’est pas. Il tente de trouver une récurrence dans les événements afin d’élaborer des prédictions et une vision uniforme du monde. On peut ainsi parler de logique hypothético-déductive (Bergin et al., 2008, p. 174). Le positivisme a cependant des limites car il ne prend pas en compte toutes les caractéristiques de l’être humain et ne permet pas de comprendre la complexité inhérente à un monde socialement construit (Bergin et al., 2008, p. 172).

Le constructivisme se base sur la théorie d’une réalité socialement établie. Ce qui existe dépend de l’interprétation et de la compréhension de chaque personne (Bergin et al., 2008, p. 171). Il met les expériences humaines, la culture, les constructions sociales et les valeurs au centre de la vision du monde. La réalité serait donc un pur produit humain. Néanmoins, une

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telle vision amènerait à réduire le monde aux seules interprétations des gens sans prendre en compte par exemple, l’aspect biologique.

Les travaux de Bhaskar développent une troisième théorie, le réalisme critique, qui allie les avantages des deux courants (Bergin et al., 2008). Selon Bergin et al. (2008), le terme « réalisme » définit une réalité externe et indépendante, existant indépendamment des perceptions et compréhensions de l’homme (p. 170). On se rapproche ici d’une vision positiviste. Le terme « critique » se base sur ce qui est expérimenté par l’homme ou immédiatement évident. Il puise son contenu dans le constructivisme.

Pour résumer, après avoir défini ce qui existe, le réalisme critique change de point de vue pour se demander comment ces connaissances ont été créés (Bergin et al., 2008, p. 170). En prenant le juste milieu, il ne réduit pas le monde à un ordre universel ou au point de vue seul de l’être humain (Clark et al., 2008, p. E68). Cette approche de la réalité permet de prendre en compte des données objectives et d’établir des règles strictes tout tenant compte de l’influence humaine et sociale. Elle parait tout à fait adaptée à une recherche en sciences sociales et médicales.

Comme nous l’expliquions dans notre cadre théorique, l’hypnose est de plus en plus étudiée dans les milieux scientifiques. A travers nos différentes recherches nous avons remarqué que les études sur ce phénomène s’inscrivent souvent dans une philosophie positiviste qui cherche à expliquer les aspects physiologiques de l’hypnose et à y trouver une récurrence. Concernant un phénomène controversé tel que l’hypnose, il nous semble impossible de ne pas prendre en compte l’influence humaine. Une philosophie de réalisme critique permet de tenir compte à la fois de la réalité objective et aussi des constructions sociales. Dans la mesure où l’hypnose a une existence objective et des représentations sociales importantes, le réalisme critique nous permet de prendre en compte ses dimensions objectives et ses dimensions socialement construites.

Souvent les recherches positivistes utilisent des méthodologies quantitatives alors que les recherches constructivistes des méthodes qualitatives. A titre méthodologique, les auteurs s’accordent pour dire que le réalisme critique ne restreint pas les chercheurs à une méthodologie quantitative ou qualitative mais que ce choix doit être aiguillé par la nature de la question de recherche (Bergin et al., 2008, p. 176 ; Clark et al., 2008, p. E72). Notre travail s’inscrit parfaitement dans une telle philosophie et celle-ci parait toute appropriée à notre question de recherche.

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3.1.2 Méthodologie qualitative : le concept

Il nous semble important d’expliciter les raisons qui nous ont motivées à entrer dans une méthodologie qualitative. Nous expliquerons ici quels choix ont été faits et leur adéquation avec notre revue.

3.1.2.1 L’intérêt de la méthodologie qualitative

Comme nous l’expliquerons plus tard, les articles sélectionnés présentent des résultats analysés de manière quantitative. Une analyse qualitative nous semble cependant plus appropriée pour mener cette revue. Clark et al. (2008) et Dixon-Woods, Agarwal, Jones, Young et Sutton (2005), défendent que le choix méthodologique d’une recherche devrait dépendre de la nature de la question de recherche et du phénomène étudié. Le thème des représentations sociales est de plus en plus utilisé comme base théorique dans les recherches qui traitent des constructions sociales de certains phénomènes comme la santé et la maladie, la folie ou les changements technologiques dans la vie de tous les jours (Flick, 2009, p. 64). Ainsi notre question de recherche s’adapte aux critères PICo (Population, Intervention, Contexte) correspondant à une méthodologie qualitative. Les principaux objectifs qui en découlent sont formulés en termes d’ « émergence » et d’ « exploration ». Or, selon Alami, Desjeux et Garabuau-Moussaoui, (2009), « la démarche inductive [qualitative], cherche à explorer le réel, sans hypothèse de départ forte, avec seulement un thème d’enquête, mais sans présupposés sur les résultats » (p. 25).

De telles affirmations nous amènent à penser qu’une analyse de type qualitative est en adéquation avec notre question de recherche et semble plus judicieuse pour répondre aux objectifs de notre travail. Elle nous permettra de faire ressortir les représentations face à l’hypnose sans poser d’hypothèse préalable et dans une simple optique de découverte.

Ajoutons que ce qui a contribué aussi à nous orienter vers une méthodologie qualitative a été notre vif intérêt pour le sujet traité. En effet, et nous l’expliquerons plus loin, la méthodologie qualitative permet une certaine liberté et implique énormément le chercheur dans sa revue. Comme l’illustrent si bien Paillé et Mucchielli (2010), « l’analyse qualitative est une activité humaine qui sollicite d’abord l’esprit curieux, le cœur sensible et la conscience attentive, et cet investissement de l’être transcende le domaine technique et pratique » (p. 48). Etant donné la complexité de notre sujet, nous souhaitions pouvoir garder une liberté d’analyse et d’interprétation propre et personnelle. Ceci est possible en utilisant une méthodologie qualitative.

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3.1.2.2 L’analyse thématique

La méthodologie qualitative propose plusieurs types d’analyse des données. Après différentes lectures, nous avons opté pour une analyse dite thématique.

Selon Pallié et al. (2010), « avec l’analyse thématique, nous abordons le travail d’analyse qualitative faisant intervenir des procédés de réduction des données. L’analyste va faire appel, pour résumer et traiter son corpus, à des dénominations que l’on appelle les « thèmes » » (p. 161). Elle permet d’identifier et de rassembler les principales questions ou thèmes découlant d’une partie de la littérature. Les thèmes identifiés seront adaptés à la question de la revue (Mays, Pope & Popay, 2005, p. 12).

Pallié et al. (2010) donnent à l’analyse thématique deux fonctions :

Une fonction de repérage et une fonction de documentation. La première fonction concerne le travail de saisie de l’ensemble des thèmes d’un corpus. La tâche est de relever tous les thèmes pertinents, en lien avec les objectifs de la recherche, à l’intérieur du matériau à l’étude. La deuxième fonction va plus loin et concerne la capacité de documenter l’importance de certains thèmes au sein de l’ensemble thématique, donc de relever des récurrences, des regroupements, etc. (p. 162)

L’analyse thématique nous a permis d’abord de faire émerger les représentations principales à partir des études choisies, puis de les classer en fonction de l’importance qu’elles prennent dans chaque étude. Ainsi nous avons pu mettre en lumière les représentations prenant le plus de place dans la vision de l’hypnose et tenter de comprendre l’influence qu’elles peuvent avoir en médecine.

Alors que l’analyse thématique est typiquement associée avec du matériel qualitatif ou basée sur du texte, il est potentiellement possible d’inclure des données quantitatives. Cela peut être réalisé en « qualitativant » les données référence à la manière dont Dixon-Woods et al. (2006) ont extrait les thèmes et résultats à partir d’évidences quantitatives pour une synthèse interprétative (Pope, Mays & Popay, 2007, p. 96). Selon Dixon-Woods et al. (2005), l’analyse thématique est flexible. Elle permet une liberté considérable aux examinateurs et est un moyen d’intégrer des preuves qualitatives et quantitatives (Dixon-Wood et al., 2005, p.47). Dans ce travail, notre choix a été de respecter un courant de pensée, le réalisme critique. Une méthodologie qualitative à travers du matériel quantitatif n’est pas inadéquat dans une telle philosophie. Ceci nous a permis de rester en adéquation avec la nature de notre question de recherche, qui est le fondement de notre revue. Nous utiliserons cependant les résultats chiffrés de chaque étude pour alimenter la discussion des thèmes ressortis.

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21

Les différents aspects abordés dans ce chapitre argumentent notre choix d’une méthodologie qualitative. Une littérature en accord avec notre avis nous a permis d’appuyer notre démarche, amenant ainsi une touche personnelle et de la créativité à notre revue.

3.2

E

TAPES DE LA REVUE

Après un apport théorique important, il est temps d’expliquer comment nous avons mis en pratique les aspects traités. Nous développerons ici, la marche à suivre nous ayant permis de guider notre revue. Nous expliquerons concrètement ce qui a été réalisé et les diverses décisions prises lors de ces étapes.

3.2.1 Stratégie de recherche documentaire

Abordons d’abord les différentes étapes qui nous ont permis de mener notre recherche documentaire.

Notre question de recherche répond à un canevas PICo, spécifique à la méthodologie qualitative. Dans notre revue, la population est caractérisée par les soignants et la population générale. L’intervention, par l’interrogation des représentations sociales, le contexte étant défini par l’hypnose. Dans le milieu des soins, les méthodes de recherches qualitatives sont utilisées pour aborder les questions importantes à propos des phénomènes sociaux, tels que les comportements humains complexes (ex : compliance du patient à un traitement, prise de décision des professionnels de la santé, l’organisation d’un hôpital ou du système de santé) (Pope & Mays, 2006, p.4). Ces comportements ont souvent une origine multifactorielle. Ceci nous empêche de réduire leur étude à des mesures quantitatives seulement. Cela nous permet d’expliquer en partie pourquoi nous avons choisi cette méthodologie.

Après avoir identifié les thèmes inhérents à notre question de recherche (représentations sociales et hypnose), nous avons effectué une recherche documentaire. Elle a été faite indépendamment par les deux auteures, dans les bases de données suivantes : Pubmed, Cinahl, Francis, et PsycInfo. Ce choix s’est fait sur la spécificité des bases de données aux domaines des sciences sociales et de la santé.

Nous avons défini les mots-clefs de notre équation en fonction du thésaurus de chaque base de données. Par souci de clarté, les différents mots-clés sont traduits dans le texte. Les équations utilisées étaient en anglais. Le terme « représentation » étant difficile à obtenir dans les thésaurus, nous l’avons décliné en plusieurs mots-clés, tels que « croyance », « opinion » et « attitude ». Nous avons ensuite associés les mots-clés traitant de l’hypnose et ceux des représentations afin de trouver les articles englobant les deux concepts. Il est important de noter que les caractéristiques de la population ne sont pas un critère de recherche à

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proprement parlé. En raison du peu de littérature publiée sur le sujet, il nous a fallu rester le plus large possible pour accéder au maximum de ressources. C’est un critère cependant, que nous avons pris en compte lors de la sélection des articles. Nous avons ainsi pu respecter le modèle PICo, spécifique à notre choix méthodologique.

Ensuite nous avons testé et combiné les mots-clés dans le but de créer des équations de recherche complètes et adaptées à chaque base de données. Vous les trouverez en annexe V. Magali Serex, bibliothécaire à HESAV, nous a aidées dans cette étape.

Une fois notre équation finalisée, nous avons créé des alertes pour chaque base de données, puis nous avons effectué une recherche manuelle à partir des bibliographies, des articles sélectionnés. La recherche documentaire s’est déroulée d’octobre 2011 à janvier 2012.

3.2.2 Critères d’inclusion et d’exclusion

Le but de notre revue est d’explorer les représentations face à l’hypnose. Délibérément nous avons choisi des critères très larges pour rester dans un travail exploratoire, ne risquant pas d’orienter les résultats de la recherche. Un tableau détaillant les critères d’inclusion et d’exclusion choisis se trouve en annexe VI.

Pour être inclus dans nos résultats, les titres des articles devaient contenir en priorité l’intervention et le contexte, soit l’interrogation des représentations de l’hypnose. Ainsi nous avons pu sélectionner les études répondants à notre question de recherche de manière précise. Nous avons décidé de conserver uniquement les articles se présentant sous forme d’enquêtes par questionnaire. Notre question de recherche pose une problématique entrant dans le domaine de la psychologie sociale. Selon Flick (2009), les recherches par enquêtes sont une des méthodes clés à utiliser dans le domaine de la recherche sociologique (p. 15). Notre intérêt se porte sur les représentations des gens, souvent étudiées grâce à des enquêtes par questionnaire. Il nous a paru important d’intégrer des études utilisant des outils spécifiques aux questions posées. Cette décision nous a permis d’obtenir une certaine homogénéité dans la sélection de nos articles et ainsi gagner en précision, augmentant la validité de notre analyse.

Afin d’avoir une vision actuelle des représentations face à l’hypnose, nous avons choisi de limiter nos recherches aux articles parus entre 2000 et 2011.

Précisons que nous avons choisi la langue comme critère de sélection. Seuls les articles en français, anglais ou espagnol ont été retenus.

Figure

Tableau 1. Récapitulatif des études sélectionnées
Tableau 2. Carte heuristique résumant les représentations face à l’hypnose.

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