Du DSM-IV- au DSM-V- : analyse de quelques changements Dr. BENTEBOULA Mohamed
Médecin spécialiste en psychiatrie, EPSP Guelma ; benteboulamohamed72@gmail.com
Résumé : La publication de la cinquième édition du DSM a intensifié un débat commencé À compter de l'annonce des changements dans les critères de diagnostic proposés par l'APA. Cet article analyse certaines de ces modifications. Quelques points intéressants où il est correct, comme l'inclusion de la dimensionnalité dans les classes diagnostiques et dans certains troubles, l'inclusion d'un spectre obsessionnel-compulsif et la disparition de sous-types de schizophrénie. Il analyse également d'autres points plus controversés, tels que la prise en compte de la psychose atténuée.
Le syndrome, la description d'un trouble dépressif persistant, la réorganisation des troubles somatoformes classiques en tant que troubles des symptômes somatiques ou le maintien de trois grands groupes de troubles de la personnalité, toujours insatisfaisants, ainsi qu'une suggestion annoncée, mais marginale, de la perspective dimensionnelle des déficiences de la personnalité . La nouvelle classification DSM-5 ouvre de nombreuses questions sur la validité diagnostique qu'elle tente d'améliorer, cette fois en prenant une Approche plus proche de la neurologie et de la génétique qu'à la psychologie clinique.
Plusieurs changements ont été faits dans le DSM-5. Parmi les changements importants, il y a la décision d’inclure des listes de mécanismes et d’origines des troubles, avec des données de biologie, de neuroimagerie, de génétique.
Des changements sans grande importance portent sur le vocabulaire ; les termes de démence et trouble de l’humeur ont disparu, sans justification des concepteurs du DSM-5.
NOUVEAU VOCABULAIRE
DSM – IV – TR DSM - 5
Troubles de l’humeur Troubles bipolaires ou troubles dépressifs
Dépression majeure Trouble dépressif, épisode dépressif caractérisé
Troubles du sommeil Troubles de l’alternance veille-sommeil Trouble du sommeil Apnée/hypopnée obstructive du sommeil liéà la respiration Troubles somatoformes Troubles à symptomatologie somatique
Hypochondrie Trouble à symptomatologie somatique ou
crainte excessive d’avoir une maladie
Démence Trouble neurocognitif, léger ou majeur
Abus ou dépendance Trouble de l’usage d’une substance Addiction comportementale Trouble non lié à une substance
Trouble du désir sexuel Trouble de l’intérêt pour l’activité sexuelleou De l’excitation sexuelle chez la femme
Troubles de l’identité sexuelle Dysphorie de genre
Vaginisme ou dyspareunie Trouble lié à des douleurs génito- pelviennes ou à la pénétration
Retard mental Handicap intellectuel
Bégaiement (stuttering) Trouble de la fluidité verbale apparaissantdans l’enfance Troubles survenant durant l’enfance Troubles neurodéveloppementaux
Syndrome d’Asperger et autres syndromes autistiques
Trouble du spectre de l’autisme
CHANGEMENTS IMPORTANTS DU DSM – IV –TR AU DSM - V
Troubles neurodéveloppementaux: Les troubles survenant dans l’enfance ne sont plus regroupés entre eux, mais distribués dans les autres catégories. Le trouble du spectre de l’autisme a été proposé comme une seule entité, incluant le syndrome d’Asperger et d’autres troubles : en choisissant un niveau plus général de classement, on court moins de risques d’erreur, mais on perd de la précision.
Schizophrénie: La distinction entre sous-types du trouble schizophrénique est abandonnée, au profit de spécifications.
Trouble bipolaire de type I: L’étiquette d’épisode mixte exigeait la présence de tous les critères d’un épisode maniaque et de ceux d’un épisode dépressif; ceci a été remplacé par le descriptif d’épisode à caractéristique mixte (with mixed features), valable également pour la dépression majeure. Une spécification d’anxiété (anxious distress) a été ajoutée pour rendre compte de décompensation bipolaire avec anxiété.
Troubles dépressifs: Il y a adjonction du trouble disruptif avec dysrégulation émotionnelle et du trouble dysphorique pré- menstruel. À la suite de controverses, le deuil n’a pas été inclus, mais il n’est plus un critère d’exclusion pour le diagnostic de dépression majeure.
Troubles liés à des traumatismes et à des facteurs de stress: Le trouble de stress post-traumatique a été extrait des troubles anxieux pour devenir une des 22 catégories du DSM-5. Cette catégorie inclut également le trouble de stress aigu, les troubles de l’adaptation, le trouble réactionnel de l’attachement (reactive-adjustment disorder), la désinhibition du contact social (disinhibited social engagement disorder).
Troubles dissociatifs: Quelques regroupements (dépersonnalisation avec déréalisation) et modifications de dénomination ont été faits.
Troubles à symptomatologie somatique et apparentés: Cette étiquette remplace celle de troubles somatoformes. L’hypochondrie s’appelle dorénavant crainte excessive d’avoir une maladie (illness anxiety disorder). La peur d’une dysmorphie corporelle est devenue obsession d’une dysmorphie corporelle, déplacée avec les troubles obsessionnels-compulsifs. Troubles des conduites alimentaires et de l’ingestion d’aliments: L’aménorrhée n’est plus exigée lors d’anorexie mentale (à cause de l’anorexie chez les hommes) et le nombre de crises pour un diagnostic de boulimie a été diminué à une par semaine. Les troubles de l’alimentation survenant dans l’enfance figurent maintenant dans cette catégorie.
Troubles de l’alternance veille-sommeil: Une classification plus détaillée est proposée, qui identifie comme entités le trouble de comportement du sommeil paradoxal, le syndrome des jambes sans repos, l’apnée obstructive, l’apnée centrale, l’hypoventilation liée au sommeil. Troubles sexuels: Le vaginisme et la dyspareunie ont été réunis sous le terme de trouble lié à des douleurs génito-pelviennes ou à la pénétration. Pour les troubles sexuels, les concepteurs du DSM-5 ont omis la catégorie de dysfonction sexuelle due à une affection médicale générale.
Dysphorie de genre: Il s’agit des troubles de l’identité sexuelle sous une nouvelle dénomination.
Troubles disruptifs, du contrôle des impulsions et des conduites : Plusieurs troubles survenant durant l’enfance sont déplacés dans cette nouvelle catégorie.
Troubles liés à une substance et troubles addictifs: L’abus et la dépendance sont regroupés dans une catégorie unique, avec introduction d’une graduation de la sévérité du trouble de l’usage en léger, moyen et grave. Le sevrage de cannabis et celui de caféine sont ajoutés, mais
les concepteurs du DSM-5 n’ont pas jugé justifié de mentionner un sevrage des hallucinogènes ou des substances inhalées. Le jeu d’argent pathologique a été inclus sous une nouvelle étiquette de troubles non liés à une substance (c’est-à-dire les addictions comportementales), sans mention d’addictions comportementales.
Troubles neurocognitifs: Il y a 3 syndromes, le delirium, le trouble neurocognitif léger et le trouble neurocognitif majeur. Une classification détaillée des troubles neurocognitifs est proposée à partir de l’origine de ces troubles, à savoir les maladies menant à une démence. Troubles de la personnalité: Les critères sont inchangés, mais des propositions de critères pour un nouveau système de classification dimensionnel (modèle alternatif) figurent en annexe. Le mot de trouble ne figure pas devant chaque entité de trouble de la personnalité (c’était déjà le cas dans le DSM-IV-TR), ce qui ne souligne pas la différence entre une typologie de personnalité et un trouble.
Troubles paraphiliques: La distinction est faite entre la présence d’une paraphilie (définie comme non pathologique) et un trouble paraphilique menant à une souffrance de la personne ou d’autrui : le mot de trouble est dorénavant ajouté avant chaque paraphilie.
Troubles anxieux: Les troubles anxiété de séparation et mutisme sélectif ont été déplacés des troubles survenant dans l’enfance et placés parmi les troubles anxieux. L’agoraphobie et l’attaque de panique peuvent dorénavant être diagnostiquées en l’absence d’un trouble panique, c’est-à-dire lors d’autres troubles.
Troubles obsessionnels-compulsifs: Ces troubles ont été extraits des troubles anxieux pour devenir une des 22 catégories du DSM-5, incluant l’obsession d’une dysmorphie physique (body dysmorphic disorder), la thésaurisation pathologique (syndrome de Diogène, syllogomanie ou hoarding disorder), la trichotillomanie et l’excoriation ou dermatillomanie (skin-picking disorder). Des troubles de cette nature induits par les substances ou les maladies sont inclus dans cette nouvelle catégorie.