Les MOOC : l'école est finie

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V O C A B U L A I R E

Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XX - n° 3 - mars 2016 76

Par Jean-Joseph Julaud (Paris), professeur de français, auteur de romans, nouvelles, livres pratiques et essais

>> L E S M O O C : L’É CO L E E S T F I N I E !

D onne-moi ta main et prends la mienne / La cloche a sonné, ça signifie / La rue est à nous, que la joie vienne / Mais oui, mais oui l’école est finie…” Pour ceux qui viennent d’en- chaîner, en sifflotant, le deuxième quatrain de cette poésie en minijupe écossaise avec des couettes : “Nous irons danser, ce soir peut-être…”, les années 1960 viennent de dresser dans leur mémoire un gigantesque monolithe en forme de totem où l’on trouve, entre autres, la petite télévision obèse dans sa caisse d’ébène, le frigidaire bedonnant – signes prophétiques des pléthores de la surconsommation – le tout couronné de la 4L, écrin de skaï rouge qui roulait son prolo vers une plage insoupçonnée, sous les pavés…

“L’école est finie !” La France répéta à l’envi, pendant une décennie, cette antienne d’Annie Chancel, dite Sheila. Curieux refrain à contre-courant de la réalité, car il eût fallu qu’on chantât et entendît partout, en ces temps d’école pour tous : “L’école commence !”

Cinquante années ont passé, et presque autant de réformes de l’enseignement n’ont pas réussi à sortir de leur cloître le duo maître-élève, figé dans la transmission à sens unique d’un savoir dont l’intérêt parfois devient la métaphore de celui du livret A.

Pourtant, depuis plus de 20 ans, aux fenêtres

des cloîtres de la connaissance, on peut substituer des “Windows®” où se déploient tous les savoirs du monde. L’informatique est au pouvoir, et Internet est son prophète.

Oui mais quelle cohue, quelle bousculade, quel tintamarre, quel embrouillamini lorsque l’on saute d’un site à l’autre, et que l’étude se dissout dans l’incertitude.

Existerait-il une formule magique pour que tout s’ordonne, se partage et se clarifie, un sésame, un am stram gram ? Oui ! Et quel est-il ? Le voici : FLOT, CLOM, MOOC ! Quoi ? Qu’est-ce ? Que peuvent signifier ces onomatopées qui troublent la pensée avec un bruit d’averse ?

Onomatopées ? Point ! Ce sont des acronymes, ces petits mots prononçables formés par la première lettre de ceux qu’ils résument. Ainsi, FLOT signifie : “formation en ligne ouverte à tous” ; CLOM rassemble les initiales de “cours en ligne ouverts et massifs” ; et MOOC ? Prudence… Il en existe 2, qui se prononcent de la même façon : “mouque”. Commençons par le MOOK, avec son K final ; compression réussie d’un César du langage, ce mot-valise désigne un “Mensuel-Book”, une sorte de riche magazine vendu en librairie.

Et venons-en à notre MOOC, notre “Massive Open Online Course” qui signifie, eh bien, la même chose que FLOT et CLOM, mais en shakespearien !

0076_MET 76 15/03/2016 15:38:57

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FLOT, CLOM, MOOC ! Une simple trinité pour un seul but : mettre en commun tous les savoirs du monde, dans tous les domaines, de la cuisine à l’ingénierie, de l’économie au bricolage, du coaching à la médecine, et que ces savoirs soient pilotés par des professeurs vers lesquels étudiants et curieux de tout affl uent.

Étudiants et curieux connectés à l’heure donnée sur toute la surface du globe – non seulement pour adopter l’enseigne- ment disponible, mais aussi pour poser des questions auxquelles un membre du collège virtuel aura pu répondre avant le professeur.

On rêve ? Non ! Et ce n’est pas tout : gratuit, tout cela est gratuit ! Pour l’instant du moins… Avec une exception – c’est la règle… –, les validations sont payantes.

On rêve ? Oui, un peu quand même : les MOOC, nés aux États-Unis, et qui ont essaimé partout dans le monde, n’ont pas entamé la fréquentation des écoles, lycées ou universités. Ils ne sont pas devenus le sujet du savoir, ils n’en sont que le complé- ment, mais un complément organisé, vérifi é, disponible à toute heure sur la planète entière. Et grâce à FLOT, CLOM, MOOC, la Terre désormais, c’est la grande classe ! Et si la pluie des connaissances en tout genre, dans quelques décennies, ne produisait plus que ce bruit : FLOT, CLOM, MOOC ! Disons, vers 2060… ! Quelque commentateur alors, un peu vieilli peut- être, mais fidèle à la chansonnette, se fendrait d’un titre que les moins de 20 ans ne pourraient pas connaître : “Voilà 100 ans, Sheila l’avait bien dit : ‘L’école est fi nie’ !”

Attention, ceci est un compte-rendu de congrès et/ou un recueil de résumés de communications de congrès dont l’objectif est de fournir des informations sur l’état actuel de la recherche ; ainsi, les données présentées sont susceptibles de ne pas être validées par les autorités de santé françaises et ne doivent donc pas être mises en pratique. Ces informations sont sous la seule responsabilité des auteurs. Le contenu est sous la seule responsabilité du coordonnateur, des auteurs et du directeur de la publication qui sont garants de son objectivité.

Avec le soutien institutionnel de NOVARTIS S I T E R É S E R V É A U X P R O F E S S I O N N E L S D E S A N T É

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du 1

^er

au 4 avril,

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Coordonnateur : Guillaume Assié (Paris)

Rédacteurs : Sophie Christin-Maître (Paris) Christine Cortet-Rudelli (Lille) / Thomas Cuny (Nancy) Brigitte Delemer (Reims) / Blandine Gatta-Cherifi (Bordeaux) Solange Grunenwald (Toulouse) / Patrice Rodien (Angers)