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Etude sur la végétation de la plaine de Mattmark

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Academic year: 2022

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tinées à le payer des services de son ministère pour le jour de l'inalpe.

Ce fromage est présenté à l'église, par le fruitier de Balavaux, au cours du service divin dominical.

A la désalpe, à condition qu'il ne soit arrivé aucun sinistre grave au bétail, durant la saison, on fleurit les reines à cornes, de même que la reine à lait. Les couronnes des premières sont de couleur rouge, celle de la reine à lait est obligatoirement blanche. Les bergers aussi se fleurissent, suivant leur goût personnel.

Sur ce pâturage, il y a partout des mélèzes espacés dont les branches ont pris un très grand développement; ils sont immenses et très beaux;

le bétail y cherche des abris contre la pluie et les ardeurs du soleil.

On les conserve dans ce but.

ETUDE SUR LA VEGETATION DE LA PLAINE DE MATTMARK

1

par M. Yerly

1. INTRODUCTION 2

Mattmark est une vaste région située au fond de la vallée de Saas dans les alpes Pennines valaisannes. Du nord on y accède par le village de Saas-Almagell. Le fond de la vallée est fermé par le massif du Monte Moro, avec le col du même nom, célèbre dans la contrebande.

Dès que l'on franchit le bord inférieur de la moraine de l'Allalin, on découvre soudain la plaine de Mattmark, longue de 3 km, large de 500 m environ. Elle est située entre 2105 et 2140 m d'altitude. On se rend vite compte qu'il y avait là un lac de surcreusement glaciaire,

1 Reproduction d'une étude publiée dans « Berichte des Geobotanischen Institutes der Eidg. Techn. Hochschule, Stiftung Rubel », 34. Heft, 1963, Zürich.

2 Nous avons eu l'occasion de visiter et d'étudier la région de Mattmark à plu- sieurs reprises pendant les étés 1960-1962. Les premières excursions en 1960 nous ont permis de nous familiariser avec la flore, tandis que nous avons passé plusieurs jours en 1961 et 1962 à faire des relevés de la végétation et de profils pédologiques. Nous ne manquerons pas de remercier ici tous ceux qui nous ont aidé dans ce travail par leurs conseils et nombreux encouragements et plus spécialement MM. les professeurs J. Braun-Blanquet et H. Ellenberg, de même que MM. J. Berset, I. Mariétan et F.

Ochsner qui a bien voulu déterminer quelques mousses. Que tous reçoivent ici nos plus chaleureux remerciements.

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comblé par les moraines et les alluvions. Dans sa partie supérieure, elle est barrée par la moraine du Schwarzgletscher descendant du Strahl- horn. On trouve donc au centre de la plaine des matériaux grossiers tandis qu'au sud et au nord de la moraine du Schwarzgletscher, elle est principalement recouverte de limon fin. Les blocs de rocher font totalement défaut dans cette dernière partie. La Viège de Saas se divise en un vaste réseau de méandres, qui ne se rejoignent que près des ver- rous formés par les deux moraines mentionnées.

C'est surtout le glacier de l'AUalin qui a joué un rôle important dans l'histoire de Mattmark. Il prend naissance dans les massifs allant de l'Allalinhorn au Strahlhorn, sommets qui dépassent tous deux 4000 m. Ce glacier situé presque entièrement dans la zone nivale a toujours été très variable dans ses crues et décrues. La raison probable de ce phénomène est le rapport élevé de la surface du névé et celle de la langue terminale. En période de crue le glacier de l'AUalin atteignait le fond de la vallée et allait butter contre le versant opposé. Malgré le recul général des glaciers à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, celui de l'AUalin occupait encore le fond de la vallée vers 1920. La masse de glace et de moraine formait ainsi un barrage naturel; la plaine se transformait alors en lac. L'eau s'écoulait par un tunnel qu'elle creu- sait sous le glacier. Le* tunnel s'obstruait parfois et le bouchon sautait, si bien qu'on ne mentionne pas moins de 30 inondations de ce genre entre 1589 et 1920. Nous ne citerons que les maxima enregistrés depuis le siècle passé:

innée 1834 1868 1920

Superficie du lac

1 km2

0,45 km2

Volume d'eau 18 000 000 m3

6 000 000 m3 450 000 m3

Profondeur moyenne du lac

19,4 m 9,4 m 1,15 m

En 1834 les bassins supérieurs et inférieurs de la plaine étaient totalement submergés.

En 1868 seul le bassin inférieur était sous l'eau.

En 1920 la moitié du bassin inférieur était submergée.

Après la dernière inondation de 1920, le lac de Mattmark resta pra- tiquement vide. Aujourd'hui il va revivre, car on construit une immense digue do terre qui s'appuyera sur la moraine sud du glacier de l'AUa- lin. L'eau retenue aura un volume de 100 millions de m3 et alimentera deux usines électriques qui fourniront annuellement 700 millions de kWh.

La flore de la région de Mattmark est fort riche. En 1803 déjà, MURITH et LOUIS THOMAS fils d'ABRAHAM y récoltaient Primula

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longiflora, Sedum roseum, Valeriana celtica, Senecio uniflorus, Astraga- lus leontinus, Campanula excisa, espèces encore plus ou moins répan- dues dans toute la contrée de Mattmark à l'heure actuelle. En 1919, CHRIST publie un travail sur la flore de Saas et de Mattmark. Nous ne reviendrons pas sur la flore déjà connue, mais nous parlerons sur- tout de la végétation de la plaine alluvionnaire, qui va prochainement être submergée. CHRIST décrit la végétation de la manière suivante:

« La Plaine de Mattmark est envahie de Juncus arcticus et tfEriopho- rum Scheuchzeri qui forment un groupement d'atterrissement. (Nous n'avons trouvé dans la plaine que Eriophorum latifolium.) Toute la région est dépourvue d'arbres sauf la rive du lac recouverte de quelques buissons de Salix helvetica, Alnus viridis, Rhododendron ferrugineum, etc. » Aujourd'hui les saules ont envahi la plaine alluvionnaire, tandis que les mélèzes vigoureux ont pris pied sur la moraine du Schwarzberg.

La végétation existant aujourd'hui sur cette plaine alluvionnaire est à peine âgée d'un demi-siècle. Elle est constituée principalement par un groupement appartenant à l'alliance du Caricion bicolori-atrofuscae Nordh. 36. Cette alliance de répartition essentiellement nordique est entrée en contact avec les Alpes lors des dernières glaciations, si bien qu'on peut la considérer chez nous comme un groupement relique. Il est assez intéressant de noter que Mattmark, située dans les alpes Pen- nines, généralement sèches et plus chaudes que les autres chaînes, ait été favorable à une végétation comportant un nombre élevé d'espèces d'origine arctique, qui préfèrent les Alpes orientales. Il s'agit surtout de Juncus arcticus qui est très abondant, de Carex bicolor et de Tricho- phorum pumilum.

Nous essayerons donc par quelques données climatiques et écolo- giques d'expliquer la particularité de cette végétation si intéressante, qu'il serait bon de faire connaître avant sa disparition imminente.

La région de Mattmark jouit d'un climat qui dépend de son relief particulier. Les chaînes bordant le fond de la vallée de Saas à l'est et au sud sont en moyenne environ 1000 m plus basses que la chaîne du Strahlhorn-Allalinhorn à l'ouest, ou que celles de la région de Zermatt.

Les premières sont rattachées directement à la zone insubrienne très humide, tandis que celles de Zermatt donnent sur la vallée d'Aoste aussi sèche que la vallée du Rhône. Le massif du mont Rose forme donc la limite entre ces deux régions au climat si différent. Il suffit d'une légère baisse de pression sur la vallée du Rhône pour que les masses nuageuses s'engouffrent par les cols du Monte Moro et de l'Ofental et déferlent ensuite sur la vallée de Saas, tandis qu'à Zermatt les nuages

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dentelés sont r e t e n u s p a r la puissante b a r r i è r e a l l a n t du m o n t Rose au Cervin. Aussi n'est-il p a s é t o n n a n t que la vallée de Saas soit u n p e u p l u s h u m i d e q u e celle de St-Nicolas, d'où la d i m i n u t i o n sensible du n o m b r e d'espèces x e r o p h i l e s dans la vallée de Saas. Les moyennes an- n u e l l e s de p r é c i p i t a t i o n s et de t e m p é r a t u r e s illustrent bien cette diffé- rence :

Vallée de St-Nicolas Vallée de Saas a) Précipitations (moyennes annuelles de 20 ans):

Grächen 1630 m 568 mm Saas-Grund 1562 m 811 mm Zermatt 1613 m 780 mm Saas-Fee 1800 m 940 mm b) Températures (moyennes annuelles):

Grächen 4 °C Zermatt 3,6 °C

Saas-Fee

Mattmark 2110 m

2,4 »C 0,55 «C Voici les p r i n c i p a l e s données climatiques du bassin de M a t t m a r k ; valeurs a i m a b l e m e n t fournies p a r l ' I n s t i t u t d ' H y d r o l o g i e et Glaciologie de l ' E P F et p a r B . Schmid, E l e k t r o - W a t t , à Saas-Almagell.

Précipitations en mm (40 ans: 1920-1960):

Station Kessjen

Mattmark plaine Schwarzberggletscher Schwarzbergkopf Ofentalpass Mendellipass Seewjlnenberg

altitude m 2840 2117 2968 2565 2800 2800 3025

précipitations extrêmes

mm 860-1710 660-1000 1100-2680 1090-3100 1340-4040 1750-3230 . 1460-3840

annuelles moyennes

mm 1220

781 1436 1829 2025 2310 2929

D'après communication orale, la moyenne annuelle pour la plaine de Mattmark est trop basse, le pluviomètre ayant été mal placé. Elle devrait être voisine de 1000 mm. La différence entre les stations de Mattmark et Seewjinenberg, distantes d'en- viron 4 km à vol d'oiseau est de 2000 mm, ce qui est énorme pour une si courte dis- tance. La moyenne annuelle pour tout le bassin de Mattmark est de 1685 mm.

Les p r é c i p i t a t i o n s les p l u s i m p o r t a n t e s t o m b e n t donc sur la zone nivale du fond de la vallée q u i a l i m e n t e la Viège de Saas. I l p e u t y t o m b e r en q u e l q u e s h e u r e s des q u a n t i t é s é n o r m e s de p r é c i p i t a t i o n . On a enregistré lors de la c a t a s t r o p h e de 1920 du 20 au 23 s e p t e m b r e plus de 400 m m d'eau sur la p a r t i e s u p é r i e u r e de M a t t m a r k .

Les t e m p é r a t u r e s extrêmes ont u n e g r a n d e influence sur la végéta- t i o n s u r t o u t p a r la fréquence des gelées tardives, c o m m e c'est le cas p o u r la p l a i n e de M a t t m a r k , m ê m e l o r s q u e les étés sont p a r t i c u l i è r e - m e n t c h a u d s c o m m e c'était le cas en 1962.

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Voici quelques extrêmes de température mesurés en 1962 à Mattmark:

Mois: mai juin juillet août septembre octobre Extr. min.: —15° + 4 —6 + 8 —3 +10 0 + 9 —6 + 8 —10 + 5

max.: + S +20 + 5 +27 + 9 +26 +13 +27 + 9 +24 + 3 +22 U n fait intéressant est la différence d e composition de l'eau de la Viège avant et a p r è s l'arrivée du t o r r e n t du Schwarzgletscher:

Bassin supérieur avant la jonction: Eau presque toujours transparente contenant 4 mg de calcaire par litre

Schwarzgletscher: Eau toujours laiteuse en été, contenant jus- qu'à 50 mg de calcaire par litre

L a Viège a le plus g r a n d débit de m a i à s e p t e m b r e , c'est-à-dire pen- d a n t l a p é r i o d e de végétation. La q u a n t i t é d'eau p r o v e n a n t des précipi- t a t i o n s et de la fonte des neiges c o n d i t i o n n e d i r e c t e m e n t le v o l u m e d'eau q u i i r r i g u e la p l a i n e . Son sol j o u i t donc d'une h u m i d i t é cons- t a n t e et le n i v e a u p e u v a r i a b l e de la n a p p e p h r é a t i q u e est u n des prin- c i p a u x facteurs de la f o r m a t i o n des profils du sol. Le niveau de cette n a p p e est o r d i n a i r e m e n t très p r o c h e de la surface en été. M ê m e à l a fin j u i l l e t 1962, il n e se t r o u v a i t q u ' à 50 cm de p r o f o n d e u r , m a l g r é la l o n g u e p é r i o d e de sécheresse et l ' e n d i g u e m e n t de la Viège p a r l'entre- prise de M a t t m a r k . Le sol a u n e t e m p é r a t u r e assez basse, car il est c o n s t a m m e n t h u m e c t é p a r c e t t e n a p p e s o u t e r r a i n e en contact avec l'eau de la Viège d o n t la t e m p é r a t u r e varie e n t r e 4 et 6° p e n d a n t le mois d'août. D ' a p r è s les r e c h e r c h e s entreprises p a r le Prof. L U G E O N en 1911 (voir O. L Ü T S C H G ) , il ressort que le sol d'alluvion du lac et le sol m o r a i n i q u e q u i forme le b a r r a g e n a t u r e l sont i m p e r m é a b l e s . U n e analyse d u l i m o n à la sortie d u lac (voir m ê m e ouvrage) d o n n a les résultats s u i v a n t s :

31 % d'eau

69 % de substance sèche contenant: Si02 64,81 % AI2O3 14,96 % FeO 3,48 % FeoOs 0,14 % CaO 3,68 % MgO 5,24 %

La p r e s q u e t o t a l i t é du fer se trouve donc sous forme r é d u i t e , indi- q u a n t q u ' i l s'agit d'un sol gleyifié.

L a présence d ' u n e très forte p r o p o r t i o n en l i m o n fin a u g m e n t e la m o n t é e c a p i l l a i r e de l'eau. Les racines des cypéracées et joncacées pénè- t r e n t p r o f o n d é m e n t dans ce sol t e n d r e . E n j u i l l e t 1962 elles descen- d a i e n t plus bas q u e le n i v e a u de l'eau p h r é a t i q u e .

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2. LE CARICETUM INCURVAE DE MATTMARK

La végétation de la plaine alluvionnaire de Mattmark, comme nous l'avons dit, appartient à l'alliance du Caricion bicolori-atrojuscae. Il s'agit à Mattmark d'après BRAUN-BLANQUET d'une race géogra- phique du Caricetum invurvae Br-Bl 18, sans Carex incurva ( = C.

juncifolia AIL). Cette association bien développée dans les Alpes orien- tales, s'appauvrit en caractéristiques en progressant vers l'ouest. Sa limite occidentale et méridionale se trouve dans la vallée de l'Ubaye dans les Alpes occidentales françaises. Nous avons cherché en vain le Carex incurva dans la plaine, mais nous l'avons découvert en quelques points en bordure de celle-ci sur sol morainique. A Mattmark, le Carex incurva préfère les stations inclinées, où l'eau ruisselle et ne forme pas comme dans la plaine un niveau d'eau permanent. On le trouve dans des groupements dont le recouvrement est faible, donc où la concur- rence avec d'autres espèces est relativement minime. Les mousses man- quent généralement. Ces observations correspondent assez bien avec celles que nous avons eu l'occasion de faire dans la région de Zermatt.

Depuis les hauteurs de la moraine de l'Allalin, la couverture végé- tale paraît très uniforme sur la plaine, mais lorsqu'on la parcourt, on se rend vite compte que des différences existent. On a l'impression que certaines parties n'ont jamais été bouleversées depuis la disparition du lac, tandis que d'autres ont été influencées et remaniées par de nou- veaux dépôts d'alluvions, si bien que de petites différences de niveau existent fréquemment. Il n'est pas rare de rencontrer des dépressions qui ne sont plus alimentées par l'eau de la rivière, mais qui sont sub- mergées lors de la montée de l'eau phréatique pendant les hautes eaux.

Ces dépressions sont en général rapidement envahies par un faciès riche en Juncus arcticus ou en différentes espèces d'Equisetum.

Nous avons déterminé l'aire minima de l'association d'après la mé- thode de BRAUN-BLANQUET. Elle se réalise sur moins de 1 m2. Une surface homogène de 10 m2 ne présente pas plus de 13 espèces en moyenne et en élargissant le cadre d'investigation, peu d'espèces acci- dentelles ne viennent s'y ajouter.

Il faut encore remarquer que les saules sont présents pratiquement partout. Les plus vieux sont âgés de 40 à 50 ans et peuvent former des buissons d'une hauteur maximum de 50 à 60 cm; on les trouve sur les parties qui n'ont jamais été remaniées depuis 1920. Un fait intéressant à noter est l'abondance en 1962 de jeunes semis de saules dans toute la plaine de Mattmark, alors qu'ils étaient fort rares en 1960 et 1961.

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L e s c o n d i t i o n s s p é c i a l e s n é c e s s a i r e s à l ' e n s e m e n c e m e n t d e s s a u l e s , n o n r é a l i s a b l e c h a q u e a n n é e , e n s o n t v r a i s e m b l a b l e m e n t l a r a i s o n .

N o u s a v o n s d i s t i n g u é à M a t t m a r k 2 s o u s - a s s o c i a t i o n s t e r r i t o r i a l e s : caricetosum fuscae e t caricelosum bicoloris ( v o i r t a b l e a u ) . L e s r e l e v é s o n t é t é p r i s a u x p o i n t s s u i v a n t s :

Relevés No:

1 P t 640,3/98,2 Bande de 20 m/50 cm, au bord d'un bras de la Viège, très souvent inondée par de l'eau pauvre en calcaire. Inclination 20 %.

2 Pt 640,4/97,9.

3 20 m au nord de 2. Périodiquement recouvert d'eau et de nouvelles couches de limon.

4 P t 640,3/98,5 Limon recouvert de 5 cm d'eau.

5 Pt 640,4/99,5 Dépression périodiquement inondée par la montée de l'eau phré- atique.

6 50 m à l'ouest de 7.

7 Pt 640,4/98,4.

8 Zermeiggern Pt 640,2/103,5 ait. 1728 m. Groupement caractérisé par la présence de Lomatogonium carinthiacum. Station déjà détruite en 1962.

9 Pt 640,3/99,7.

10, 11 Pt 640,4/99,3.

12 Pt 640,5/99,6.

13, 14, 15 Sous le Kästenbach Pt 640,1/99,2.

En plus des espèces énumérées dans notre tableau, nos relevés contenaient encore, N o : 3 Agrostis rupestris, Nardus stricta

6 Anthyllis vulneraria v. alpestris 9 Anthyllis vulneraria

10 Gentiana tenella

12 Poa alpina, Festuca violacea, Trifolium badium 13 Poa alpina, Trifolium badium

14 Anthyllis vulneraria, Pinguicula s p e c , Trifolium thalii 15 Trifolium thalii.

Les hybrides suivants de saules ont été rencontrés dans nos relevés : Salix arbus- cula, X S. hastata; S. arbuscula X breviserrata; S. hastata X nigricans; S. glauca X helvetica.

Il est intéressant de remarquer que Salix breviserrata ne se trouve pas dans la plaine mais en bordure, tandis que l'hybride s'y trouve.

a) Sous-association à Carex jusca

C e g r o u p e m e n t o c c u p e u n e s u r f a c e r e l a t i v e m e n t r e s t r e i n t e , s i t u é e d a n s l e b a s s i n s u p é r i e u r e n a m o n t d u t o r r e n t d u S c h w a r z g l e t s c h e r , q u i f o r m e l a l i m i t e e n t r e l e s s o l s r i c h e s e t p a u v r e s e n c a r b o n a t e s d e c h a u x . 11 s ' a g i t e n g é n é r a l d ' u n s t a d e i n i t i a l s u r l i m o n , c a r a c t é r i s é p a r u n f a i b l e r e c o u v r e m e n t , u n n o m b r e d ' e s p è c e s m o i n s é l e v é e t u n p H a c i d e d u s o l . L e s g r o u p e m e n t s p l u s é v o l u é s s o n t r a r e s e t e n p a r t i e d é g r a d é s p a r l e p a r c o u r s d u b é t a i l . E n e f f e t d è s q u e l a V i è g e d é b o u c h e s u r l a p l a i n e

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Caricet

Sous-associations Variantes

Relevés No

Recouvrement str. herbacée % Recouvrement str. muscinale Hauteur moyenne de la

végétation cm Hauteur des saules Surface des relevés m2

Caractéristiques territoriales Juncus arcticus Willd.

Trichophorum pumilum Sch.

et T h .

Lomatogonium carinthiacum Rchb.

Différentielles des sous-ass. territoriales Carex fusca Ail. incl. var.

melaeana

Juncus filiformis L.

J. filiformis X J. arcticus Salix helvetica Vil'l.

Equisetum variegatum Schleich.

Carex bicolor Ail.

Différentielles des variantes Bryum ventricosum Dicks.

Bartsia alpina L.

Equisetum palustre L.

Salix hastata

—- arbuscula L. Ssp. foetida

— nigricans Sm.

— glauca L.

— hybrid, diff.

Compagnes

Agrostis alba L. var. patula Eriophorum latifolium Hoppe Parnassia palustris L.

Juncus articulatus L.

Phleum alpinum L.

Tofieldia calyculata (L.) Wahl.

Primula farinosa L.

Euphrasia spec.

Autres Bryophytes

Meesea trichodes (L.) Spruce Brachytecium rutabulum f.

paludosa

Campylium chrysophyllum î.

paludosa

an incurvae d e M a t t m a r k

caricetosum fuscae

1 30

10 10 2 1

1

+ +

2 2 60

20 15 5 2

2

+ + 1

1

1 1

+

+

+

3 60

20 20 5 1

3

+ +

+ +

+

+

+ + +

Race des Alpes occidentales caricetosum bicoloris typique

4 5 6 7 8 40 100 90 80 90

20 20 15 30 15 20 25 10 20 10 10 5

2 5 + + 2 1 2 1 +

2

+ + + +» +

+ 1 4 3 2 1 + 1 2

2 2

+ + + + + +

+ + 3 1 • + +

+ 1 1

+ + + + 1

à Sauces 9 10 11 12 13 14 15 100 90 100 100

70 10 60 80 25 20 25 25 30 30 35 45 20 10 10 20 2 3 2 2

1

+ ° + 1 +

3 2 3 1 + 1 + + »

90 100 80 20 20 5 2

2 2

80 20 20 10 2

3 1

95 +

30 20 10 3

1

1 1 2 3 2

+ + +

1 1 + 2 1 3 3 + 1 1 +

+ + + + + + + +

1 + + 1

+

1 1 +

+

1 +

+ + +

3 3

4

+ 1 2 +

1

+

2 + + 1

4

+ + +

1 1 2

+ + +

+

2

+

2

1

+ +

u c V } ' 4 2 U

15 6 1

14 2 1 2 12 10 9 6 5 11 10 4 4 6 13 9 7 6 6 3 3 3 1 1 1

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de Mattmark, elle se ramifie rapidement et dépose de grandes quan- tités de matériaux dont la grosseur dépend uniquement de la vitesse du courant. Les particules les plus fines se déposent dans la partie infé- rieure de la plaine, où les changements de cours sont moins fréquents.

Nous avons étudié un profil pédologique situé près du relevé No 2.

En voici la description sommaire. La surface est recouverte de limon fin et de quelques débris organiques; il s'agit d'un humus en voie de formation appelé Syrosem au sens de KUBIENA. A 10 cm de profon- deur, on remarque un horizon humique enterré de 1 cm d'épaisseur, fortement décomposé et fihrilleux. Le contraste entre la couleur noire de l'humus et la couleur gris clair du limon est frappant. Puis viennent différentes couches de limon et de gravier grossier. A 40 cm de pro- fondeur se trouve un nouvel horizon humique enterré de 8 cm d'épais- seur, suivi par de nouvelles couches de limon et de gravier. Le niveau de l'eau phréatique se trouvait à 60 cm de profondeur le 28 juillet 1962. Les racines sont présentes dans tout le profil qui est parcouru à partir de 10 cm, de nombreuses taches rouges d'hydroxyde de fer tri- valent. Il s'agit d'un gley de contraste: gleyification localisée le long des racines et des fissures du sol seulement. Le pH varie entre 6,5 en surface et 4,5 dans les horizons humiques. Nous n'avons trouvé aucune trace de carbonates dans tout le profil, pas même dans les couches de gravier, ce qui prouve que la région située en amont du Schwarz- gletscher est pauvre en calcaire. Le sol de ce groupement peut sécher temporairement, la remontée capillaire étant interrompue par des couches de matériaux grossiers.

Les relevés sont caractérisés par l'abondance de Carex jusca, qui montre une vitalité étonnante et fructifie abondamment, ce qui n'est pas le cas dans l'autre sous-association, où sa vitalité est réduite par la présence d'espèces dont la force de concurrence est plus grande. Ce sont spécialement Carex bicolor, Equisetum variegatum et différents saules plutôt calciphiles et manquant complètement dans ce groupe- ment. Les saules possèdent une forme plus tapissante ici que dans l'autre sous-association.

Comme ce groupement est assez rapproché de l'alpage de Distel et que le sol es trendu plus ferme par les couches de gravier, on peut re- marquer une certaine dégradation des parties plus évoluées, due au parcours du bétail. On trouve alors une pelouse à Nardus stricta accom- pagné de Agrostis rupestris, Luzula multiflora, Juncus jacquini et Potentilla aurea, qui sont toutes des espèces acidophiles.

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bl Sous-association à Carex bicolor, variante typique Cette végétation est périodiquement inondée et fréquemment recou- verte par de nouvelles couches de limon riche en carbonates. Les mousses manquent généralement et les saules sont peu nombreux et peu élevés, bien qu'ils germent avec facilité. Cette sous-association est spé- cialement bien développée et couvre une surface assez importante près du torrent du Schwarzgletscher. On la trouve à l'état fragmentaire sur une bande étroite bordant les différents cours d'eau qui serpentent sur le reste de la plaine.

Le relevé No 5 représente un faciès riche en Juncus arcticus, qui s'est développé en monoculture dans une ancienne dépression. Grâce à ses puissants stolons hypogés, ce jonc peut rapidement coloniser le limon où l'eau vient de se retirer.

Le Trichophorum pumilun ne se maintient que lorsque la végéta- tion n'est pas trop dense. Il en est de même du Carex bicolor qui étale ses tiges fertiles à la surface du sol. Les facteurs lumière et concurrence jouent vraisemblablement le rôle déterminant pour la présence de ces deux espèces, caractéristiques pour ce stade typique du Caricetum incurvae de Mattmark 3.

b2 Variante à Salices

Ce groupement couvre la plus grande partie du bassin inférieur de la plaine de Mattmark. Les inondations temporaires sont rares, et le sol est recouvert d'une fine couche d'humus. Certaines parties n'ont plus été transformées depuis la disparition du lac, car les profils pédo- logiques ne montrent que rarement des horizons humiques enterrés.

C'est surtout la présence d'une strate muscinale ordinairement bien développée qui caractérise cette variante. Dès que les nouveaux dépôts de limon se font plus fréquents, les mousses de croissance lente ne sont plus capables de coloniser la surface du sol. Nous avons cependant observé que dans certains individus d'association très évolués, les mousses ont un faible recouvrement. Dès que la végétation devient trop dense, elles sont abondamment recouvertes de litière et dispa- raissent alors par manque de lumière.

Les saules ont un aspect touffu et érigé ou tapissant; les formes intermédiaires entre ces deux extrêmes sont fréquentes, phénomène dû entre autres à l'hybridation. Le développement des saules à cette

3 Le relevé No 8 provient de Zermeiggern situé en dehors de la plaine propre- ment dite. Il s'agit d'un groupement formant transition avec la variante suivante et caractérisé par la présence de Lomatogonium carinthiacum.

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a l t i t u d e n'est p l u s o p t i m u m en raison des gelées tardives très fréquentée et les arbustes souffrent f r é q u e m m e n t de la v e r m i n e . E n été 1962 cer- tains étaient m ê m e c o m p l è t e m e n t d é p o u r v u s de feuilles, t a n t ils étaient envahis de chenilles. D ' a p r è s B R A U N - B L A N Q U E T le Salicetum caesio- arbusculae q u i serait l'association t e r m i n a l e , a sa l i m i t e s u p é r i e u r e à 2100 m d ' a l t i t u d e . Cette association n e semble donc p a s p o u v o i r se d é v e l o p p e r c o n v e n a b l e m e n t à M a t t m a r k , si bien qu'il s'agit d'un stade t e r m i n a l du Caricetum incurvae ayant c e p e n d a n t dépassé l ' o p t i m u m . Nous avons toutefois classé ce g r o u p e m e n t dans le Caricetum incurvae, à cause de Juncus arcticus q u i m o n t r e la m ê m e vitalité que dans l ' a u t r e v a r i a n t e .

D o n n o n s encore q u e l q u e s renseignements sur u n profil é t u d i é , cor- r e s p o n d a n t au relevé No 13. Le sol est recouvert de mousse et de litière dont la d é c o m p o s i t i o n est r a p i d e . La couche d ' h u m u s sous-jacente a u n e épaisseur de 4 cm. Cet h o r i z o n h u m i q u e Ai a u n p H voisin de la n e u t r a l i t é et il est r i c h e en carbonates. Sa s t r u c t u r e est u n p e u c o m p r i - m é e . U n h o r i z o n G très h o m o g è n e vient ensuite et descend j u s q u ' a u n i v e a u de la n a p p e p h r é a t i q u e située à 50 cm de p r o f o n d e u r le 26 juil- let 1962. Cet h o r i z o n se compose u n i q u e m e n t de l i m o n très fin, par- c o u r u dans t o u t e sa l o n g u e u r excepté les 10 cm s u p é r i e u r s du profil, p a r de n o m b r e u s e s t a c h e s de r o u i l l e localisées le long des r a c i n e s : gley de contrastes. Dans t o u t cet h o r i z o n très r i c h e en carbonates, le p H est voisin de 8 ( d é t e r m i n a t i o n c o l o r i m é t r i q u e ) . Les racines et r h i z o m e s descendent m ê m e p l u s b a s q u e le niveau de la n a p p e s o u t e r r a i n e . Au p o i n t de vue de la classification de ce sol d ' a p r è s K U B I E N A , il s'agit d'une forme gleyifiée d'un A u a n m o o r avec f o r m a t i o n d ' h u m u s ressem- b l a n t faiblement à l a gyttja.

I l semble q u e le p a r c o u r s du gros b é t a i l soit insignifiant dans ce g r o u p e m e n t , car on n e t r o u v e a u c u n e t r a c e sur le sol t e n d r e et les saules n ' o n t pas la forme c a r a c t é r i s t i q u e des arbustes b r o u t é s .

3. D E S T R U C T I O N T O T A L E D E LA V E G E T A T I O N D E C R I T E M a l h e u r e u s e m e n t le recul du t e m p s n e p e r m e t t r a pas de r e m a r q u e r u n e évolution du Caricetum incurvae à M a t t m a r k , voire la d i m i n u t i o n progressive de Juncus arcticus, ou la f o r m a t i o n t y p i q u e d ' u n Salicetum caesio-arbusculae, à la suite de la destruction t o t a l e d e cette végéta- t i o n si intéressante et si p e u c o m m u n e .

E n plus de la d i s p a r i t i o n de cette végétation sur alluvion, n o u s devons m a l h e u r e u s e m e n t d é p l o r e r encore la destruction des espèces rares suivantes:

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Primula longiflora: Kästenbach.

Lomatogonium carinthiaciim : Zermeiggern, dernière localité en Valais.

Artemisia borealis: très abondant sur la moraine de l'AUalin.

Eritrichium nanum: derniers rochers près de la moraine de l'AUalin à 2180 m.

Station récemment découverte et la plus basse en Valais.

De même qu'un hybride probable entre Juncus arcticus et filiformis qui n'a pu être identifié avec certitude, cet hybride n'étant pas connu dans la littérature.

R E S U M E

M a t t m a r k , vaste p l a i n e située à 2100 m d ' a l t i t u d e au fond de l a / a l l é e de Saas dans les alpes P e n n i n e s j o u i t d'un climat p a r t i c u l i e r : p r é c i p i t a t i o n s très a b o n d a n t e s sur la zone nivale s u p é r i e u r e , t e m p é r a - tures extrêmes très m a r q u é e s . Les alluvions fines recouvrent cette p l a i n e de s u r c r e u s e m e n t glaciaire, p a r c o u r u e p a r les m é a n d r e s de la Viège q u i i m p r è g n e et recouvre le sol de son eau a b o n d a n t e .

La végétation qui s'est fixée sur les limons a b a n d o n n é s p a r l'ancien lac est très j e u n e et se compose d'un n o m b r e élevé d'espèces d'origine n o r d i q u e . E l l e a p p a r t i e n t à l'Alliance du Caricion bicolori-atrofuscae N o r d h . 36. A M a t t m a r k , il s'agit d ' u n e race occidentale du Caricetum incurvae Br.-Bl. 18. Nous avons distingué deux sous-associations terri- toriales b i e n d é l i m i t é e s : caricetosum fuscae et caricetosum bicoloris.

La p r e m i è r e caractérise les sols acides p a u v r e s en carbonates, les espèces acidophiles et indifférentes d o m i n e n t . Le seconde p l u s r i c h e en espèces se trouve sur sol n e u t r e ou b a s i q u e , r i c h e en carbonates. Nous avons distingué u n e v a r i a n t e t y p i q u e , f r é q u e m m e n t i n o n d é e et recouverte p a r de n o u v e a u x dépôts de l i m o n et u n e v a r i a n t e p l u s évoluée où les saules et les mousses sont a b o n d a n t e s . Le d é v e l o p p e m e n t des arbustes est toutefois assez p r é c a i r e à cette a l t i t u d e , si bien qu'il p a r a î t peu p r o b a b l e q u e cette végétation évolue vers le Salicetum caesio-arbusculae, é t a n t d o n n é le climat actuel.

BIBLIOGRAPHIE

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anst., Zürich 14, 8-12, 45-53, 58-72, 102-108, 130, 148-149, 180-182, 251-254, 272-274, 289-298.

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