A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
E. G ENTY
Sur la déformation infinitésimale des surfaces
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 1resérie, tome 9, no3 (1895), p. E1-E11
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E.I
SUR LA
DÉFORMATION INFINITÉSIMALE DES SURFACES,
PAR M. E. GENTY,
Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées à Oran.
1. Soient ~x~, y et,:; lcs coordonnées d’un
point
A d’lune surface(~);
lesexpressions
où e est une constante infiniment
petite,
seront les coordonnées d’unpoint
A’ d’une surface(A’)
infiniment voisine de la surface(A)
etappli-
cable sur
elle,
sous la conditionce
qui
montreque ,
ret (
sont les coordonnées d’unpoint
P d’une sur-face
(1)) correspondant
à(A)
parorthogonalité
des éléments.2. La condition
( 2)
étantvérifiée,
on pourra poser~x~" y, et ~, t étant des fonctions dcs
paramètres
u cl c~auxquels
on rapporte la surfacc(A).
Aussi, à
toutsystème
de fonctions x" l~, 1 et ,~" telles que les seconds membres dcséquations (3)
soient des différentielles exactes,correspond
une déformation infinitésimale de la surfacc
(A).
Si nousdésignons
par
(A, )
la surface lieu dupoint A,
1qui
i a pour coordonnées i etnous dirons que
(A, )
est lasurface caractéristique
de cette déformation.3. Les conditions
d’intégrabilité
deséquations (3)
sontElles sont évidemment satisfaites si l’on suppose que a~" y, et â, soient des constantes. La surface
(A, )
est alors unpoint
fixeAi,
et l’on aa, b
et c étant des constantes.On voit que, dans ce cas, la déformation de la surface
(A)
consiste dansune
simple
rotation autour deOA,
suivie d’une translation. En d’autres termes, la surface estsimplement déplacée,
mais non déformée.La
proposition réciproque
estévidente ;
il en résultequ’a
toute surface(A~) correspond
une déformation effective de(A).
4.
Soient~, ~
étales cosinus directeurs de la normale aupoint
A de(A).
Si nous
ajoutons
leséquations (4) après
les avoirmultipliées rcspcctivc-
ment par 2014 et y-? puis par et ,? > puis enfin par 03BB, et 03BD, il vient
Des
équations (5)
et(6),
il résulte que les surfaces(A)
et ont auxpoints correspondants
leursplans parallèles.
Si enfin nous
ajoutons
leséquations (3), après
les avoirmultipliées
res-pectivement
y, il vientce
qui
montre que la droiteOA,
estparallèle
à la normale aupoint
P de lasurface
(P) qui correspond
à(A)
parorthogonalité
des éléments.5. Posons
c, étant les coefficients de l’élément linéaire de la
représentation sphérique
de la surface(A).
A l’aide de ces
notations,
on obtient sanspeine
les relations suivanteset cclles
analogues
obtenues enpermutant x,
y et z,X,
, et v.En tenant compte de ces
relations, l’équation ( ~ )
peut se mettre sous la formeSoient u et v les
paramètres
deslignes asymptotiques
de la surface(A).
(1 j D, D’ et D" sont identiques, à un facteur près, aux fonctions que Gauss a désignées
par les mêmes lettres.
On aura
L’équation (8)
donnera alorsd’où
et l’on aura enfin
M. Bianchi dit que deux surfaces sont associées
lorsqu’elles
sc corres-pondent point
parpoint
avecparallélisme
desplans
tangents, de tellesorte
qu’aux asymptotiques
de lapremière correspond
sur la seconde unréseau
conjugué.
On reconnaît alors trèssimplement :
.1 °
Qu’aux asymptotiques
de la secondecorrespond
sur lapremière
unréseau
conjugué;
.
>~’
Que
lesasyrnptotiqucs
d’une des surfaces et les courbesqui
leurcorrespondent
sur la surface associée ont auxpoints correspondants
destangentes
parallèles.
Les résultats cjue nous venons d’obtenir montrent quc
surfaces (A
)~~t
(A f )
sont associées.Si la surface
(A)
est unesphère,
la surface associée(A1)
est une surfaceminima.
5. Les
équations (5), (E)~
et(8)
conduisent trèssimplement
all’équa-
tion linéaire aux dérivées
partielles
du second ordre dontdépend
le pro- de la déformation infinitésimale des surfaces.l-)osons,
eneffct,
on aura, en tenant
compte
deséquations ( ~)
et(6 ),
Si, d’ailleurs,
on poseavec lcs
équations analogues
obtenues cnremplaçant
A soit par u, soit(1) x, xi. 3, 03B21, 03B3 et Yi sont les symboles de M. Cristoffel, dérivés de l’élément linéaire (te la représentation sphérique de (A). le § 3 du Mémoire de M. Cosserat les con-
gruences cle droites et sur la théorie des surfaces). On a d’ailleurs
avec des expressions analogues pour N et et yi.
pardon aura
où l’on a
pose
Inéquation (8)
devient alorsc’est
l’équation cherchée;
elle a pourcaractéristiques
lesasymptotiques
~Lc
(A).
A toute solution p de cette
équation correspond
une surface caractéris-tique,
dont on obtient les coordonnées en résolvant leséquations (g)
ut
(TO),
cequi
donne :avec des
expressions analogues
pour y, 1 et z 1.Cette
surface, qui
est évidemmentl’enveloppe
d’unplan parallèle
auplan tangent
à(A)
enA,
mené à une distance p del’origine,
définit unedéformation infinitésimale de
( A) ;
nous dirons avec M. Blanchique p est
la
fonction caractéristique
de cette déformation.On
peut
remarquer quel’équation (II)
admet comme solutionparti-
culière les cosinus de
l’angle
que fait la normale à la surface(A)
avec unedirection fixe
quelconque.
A cette solutioncorrespond
le casparticulier déjà
considéré où la surface(A)
estsimplement déplacée,
mais non dé-formée.
Si, enfin,
onrapporte (A)
à seslignes asymptotiques, l’équation ( 1)
seréduit à
6. On a, pour les coordonnées de la surface déformée
(A’)
les expres- sions suivantes :De ces
équations,
on déduitimmédiatement,
ennégligeant
lespuis-
sances de a
supérieures
à lapremière,
Si nous
ajoutons
ceséquations après
les avoirmultipliées respectivement
par
À,
~, et v, il vient :Si donc on
désigne
par~’, p’
et v’ les cosinus directeurs de la normale à la surface(A’),
on auraet, par
suite,
avec des
expressions analogues
pour les dérivéespartielles de
et de ’).On a d’ailleurs
Si l’on
désigne
alors par (0, uV et (" les valeurs des fonctionsD,
D’et D" pour la surface
donnée,
on trouve sans difficultéOn a de
même,
pour la surface(A, B
Soient u ct v lcs
paramètres
du réseauconjugué
a(A)
et(A ).
On auraet, par
suite,
donc u et V sont les
paramètres
deslignes asymptotiques
des(A, ).
Donc aux
lignes asymptotiques
de la(A, ) correspond
srcn(A)
un réseauconjugué qui
resteconjugué
dan,s ladéformation.
On peut énoncer aussi la
proposition
suivante :Si rc ct v sont
les paramètres
d’unréseauconjugué
àune surface (A)
et à une
surface infiniment
voisine(A’) provenant
dc ladéformation
de
(A),
, lcséquations
linéaires aux dérivéespartielles
drc secondlesquelles
n’entrent que les éléments linéaires de lareprésentation sphérique
de(A),
ont mac solution con2munc.Il résulte
enfin,
de cequi précède
que leproblème
de la déformationinfinitésimale d’une surface
(A)
revient à la détermination des réseauxconjugués,
tracés sur cettesurface, qui
ont unereprésentation sphérique identique
à celle desasymptotiques
d’unesurface,
ou, cequi
revient aumême, qui
ont leurs invariantségaux.
7. Comme
application,
nous allons cherchersi, parmi
les déformations infinitésimales de(A),
il y en a unequi
conserve leslignes
de courbure.Soient alors u et p les
paramètres
deslignes
de courbure de la surface(A) ;
lareprésentation sphérique
deslignes
de courbure devant être iden-tique
à celle desasymptotiques
d’unesurface,
on aura,d’après
un théorèmede M.
Dini,
Donc,
la condition nécessaire et suffisante pourqu’il
existe une défor-mation infinitésimale conservant les
lignes
de courbure d’une surface(A)
est que
l’image sphérique
deslignes
de courbure de cette surface forme un réseau isotherme.On
peut
alors poserLes conditions
d’intégrabilité
de ceséquations
sontNous supposerons d’ailleurs que les
paramètres u
et v aient étéparticu-
larisés de telle sorte
qu’on
aitSi
alors,
onajoute
leséquations qui précèdent après
les avoirmultipliées respectivement,
et a tour derôle ,
parÀ,
et03BD; ~03BB ~u, 2014)
,et £ ; ~03BB ~n,
>~ ~v,
>il vient .
Si l’on tient
compte
de lapremière équation,
les deux dernières donnentOn a donc
où C est une constante
qu’on peut
supposerégale
à un.Il vient alors
avec des formules
analogues
pour les dérivéespartielles de y,
et de z, , etl’on a
Il est facile de vérifier d’ailleurs
que l’expression
est une solution commune des deux
équations
Donc,
si l’on connaît leslignes
de courbure d’unesurface (A)
ayant pourimage sphérique
de seslignes
de courbure un réseauisotherme,
on
peut
trouver, par desimples
unedéformation infinité-
simale de
( A) qui
conserve seslignes
de courbure.Mais il est facile de voir que les
lignes
de courbure de cette famille de surfacess’obtiennent, elles-mêmes,
par desimples quadratures.
Rapportons,
eneffet,
la surface auxlignes
delongueur
nulle de sarepré-
sentation
sphérique. L’équation
de seslignes
de courbure. seraE.II
Supposons qu’on
aitU et V étant des fonctions de 1L et de v;
respectivement l’équation
deslignes
de courbure deviendraSi donc on pose
u, seront les
paramètres
deslignes
de courbure de lasurface,
et l’onaura, pour l’élément linéaire de la
représentation sphérique,
donc u, et v, sont les
paramètres
d’unsystème
isotherme de lareprésen-
tation
sphérique.
La
réciproque
est évidente : si leslignes
de courbure d’une surface(A)
ont pour
image sphérique
un réseauisotherme, l’équation (r2)
sera véri-fiée et les
lignes
de courbure de la surface s’obtiendront par desimples quadratures.
Donc
enfin,
onpeut
énoncer laproposition suivante, plus générale
quecelle
qui précède :
:Si une
surface (A) admet,
pourreprésentation sphérique
de seslignes
decourbure,
un réseau on pourraobtenir,
par desimples quadratures,
unedéformation infinitésimale
de(A)
conservantles