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Quelques remarques historiques sur les fonctions analytiques uniformes d'une variable

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(1)

A NNALES SCIENTIFIQUES DE L ’É.N.S.

É MILE P ICARD

Quelques remarques historiques sur les fonctions analytiques uniformes d’une variable

Annales scientifiques de l’É.N.S. 3e série, tome 43 (1926), p. 363-368

<http://www.numdam.org/item?id=ASENS_1926_3_43__363_0>

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(2)

QUELQUES REMARQUES HISTORIQUES

SUR

LES

• . ITUiNE VARIABLE PAR M. EMILE PICARD

Je présente ici quelques remarques d'un caractère purement histo- r i q u e sur mes travaux déjà anciens, concernant la théorie des fonctions uniformes d'une variable, qui se rattachent à un même ordre de consi- dérations.

1. Dans mon Mémoire des Annales de //École Normale de 1880, j'ai démontré un théorème sur les valeurs d ' u n e fonction uniforme dans le voisinage d ' u n p o i n t singulier essentiel isolé O . O n sait que j'ai utilisé dans ces questions certaines transcendantes de la théorie des fonctions elliptiques. J'ai à plusieurs reprises insisté sur l'utilité de rintrodoction de telles transcendantes dans des études de ce genre.

J'écrivais notamment dans ma Notice sur mes travaux scientifiques (2) :

« Les démonstrations auxquelles on est ainsi conduit peuvent d'abord paraître détournées; je les crois au contraire aussi naturelles que possible. Ainsi, pour ce qui concerne le premier théorème sur les fonctions entières, l'inversion du rapport des périodes de l'intégrale e l l i p t i q u e , considéré comme dépendant du module, donne naissance à une fonction uniforme, définie seulement dans une moitié d u plan, et ne pouvant prendre ni la valeur ^éro ni la valeur un; il est donc

(1) Dans mon Traité d'Analyse on trouve deux démonstrations de ce théorème.

Ma dérûonstrat-ion primitive est reproduite dans le Tome III ("2e édition, p. 365). Dans le Tome II (3e édition, p. '269), on trouve une autre démonstration due à M. Montel.

(2) Notice sur tes travaux scientifiques de M. EMILE PICARD, 1889 (p. 47 }•

(3)

,364 , E M I L E P I C A R D .

naturel de recourir à cette fonction qui, ott're un exemple de la circonstance d o n t on se propose précisément de d é m o n t r e r l'impossi- bilité p o u r les fonctions entières. »

Le développement des théories a u x q u e l l e s a donné naissance mon Mémoire -dé 1880 a montré combien cette idée était juste. Chaque fois que dans ces' questions on a voulu avoir u n e l i m i t e prétise pour cer- taines déterminations, il a. fallu recourir à des transcendantes de la nature de celles que j ' a v a i s utilisées. Je pense ici aux travaux de liurwitz, de M. Landau et de M. Carathéodorv dans cet ordre d'idées.

2. Passons m a i n t e n a n t à u n e autre p r o p o s i t i o n g é n é r a l e , relative aux f o n c t i o n s u n i f o r m e s d ' u n e variable liées par u n e relation algé- b r i q u e . J'ai é t a b l i (1) que, .v/ eniiv deux f onctions ( i n ( i l y i i ( n i e s , iinl-

fonncs ( K i i o m ' d ' i l fi p o i n t y/// es/ pour elles un point s i n ^ ' i i l f e r ( ' s s c n U c I isolé, ca'isie f i / f r f'ddiion nl^cbrupic, le f^'r/i/'r de c r / l r rclalioîï ne pcul dépasse f rnnifé.

Il suit de là que les p o i n t s s i n g u l i e r s essentiels isolés d'une fonction uniforme doivent former n n e n s e m b l e p a r f a i t (einc perfectc mcn^c) ou former des lignes singulières. Le théorème qui vient d'être énoncé a précisément servi à Poincaré pour montrer qu'il existait des fonctions u n i f o r m e s n'ayant pas de lignes s i n g u l i è r e s et ne possédant pas de points singuliers essentiels isolés; un tel exemple est f o u r n i par les fonctions fuchsiennes de genre supérieur à l'unité et exis- tant dans tout le plan (> J).

Le théorème qui nous occupe permet aussi de répondre à u n e question qui se posait d'elle-même après les célèbres recherches de Poincaré sur les fondions fuchsiennes : Peut-on espérer d'exprimer d'une manière plus simple que Poincaré les coordonnées d ' u n point d'une courbe algébrique par des fonctions uniformes d'un paramètre?

{ r) Bulletin des Sciences mafhérncUfques, y/' S(';ri(;, l. Vil. i^3, el Acta mathe- m,ati.ca, t. 11, 1887, p. i

(2) Poincaré écrit dans sa Noiice sur ses Lravau.x scientifiques (i<S86, p. 36) :

« J'ai donné p o u r la première fois u n e x e m p l e de fonctions, a y a n t u n nombre i n f i n i de points singuliers, n'ayant pas de lignes s i n g u l i è r e s et n ' a y a n t cependant pas de points singuliers isolés; ce sont les fonctions fuchsiennes q u i existent dans t o u t le plan. En a p p l i q u a n t un théorème de M. Picard, on p e u t voir en efÏet que ces fonctions ne peuvent, avoir de points singuliers isolés. )>

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SUR LES F O N C T I O N S A N A L Y T I Q U E S U N I F O R M E S D\'NE V A R I A B L E . 365

La réponse est négative, je veux dire q u e ces fonctions devront avoir des lignes singulières ou. des ensembles parfaits de points singuliers (le. genre bien, entendu étant supérieur à un).

J'ai donné du t h é o r è m e énoncé p l u s haut deux d é m o n s t r a t i o n s essentiellement différentes : la première s'appuie sur la théorie des fonctions fuchsiennes. La seconde, consiste a d é m o n t r e r d'abord le théorème pour une courbe h v p e r e l l i p t i q u e ; on y parvient en s'appuyant seulement sur la p r o p o s i t i o n , rappelée plus. h a u t , rela- tive à la valeur d'une fonction dans le voisinage d'un point s i n g u l i e r essentiel. On passe du c a s ' h y p e r e l l i p t i q u e au cas général en faisant correspondre à la courbé algébrique envisagée une courbe hyperel- l i p t i q u e pour l a q u e l l e les coordonnées d ' u n point sont fonctions

r a t i o n n e l l e s des coordonnées d'un p o i n t de la courbe d o n n é e .

Des deux démonstrations précédentes, la. seconde ne faisant pas i n t e r v e n i r la théorie des f o n c t i o n s fuchsiennes a é v i d e m m e n t un caractère plus élémentaire. Elle est cependant beaucoup plus artifi- cielle; comme je l'ai d i t ci-dessus dans un cas analogue, il parait plus n a t u r e l , pour démontrer l'impossibilité en. question, de s'adresser précisément aux fonctions uniformes réalisant cette expression des co.ordonne.es d'un point d'une courbe algébrique à l'aide d ' u n paramètre.

3. La seconde démonstration que nous v e n o n s de rappeler accuse une certaine dépendance entre les deux théorèmes des paragraphes précédents. Dans u n e Note très intéressante ( ^ ), M. Deirmendjian a rattaché plus i n t i m e m e n t les deux p r o p o s i t i o n s l ' u n e à l'autre. Me plaçant à son point de vue, je reproduis la démonstration d'un théorème sur les fonctions entières, telle que je l'ai donnée dans mon cours en 1924. Nous allons établir que, si pour une fonction entière G ( ^ ) il existe deux fonctions rationnelles distinctes P(^) et Q(<?), telles que les' deux équations

G ( ^ ) = = P ( ^ , G ( ^ = 0 ( r . )

n aient qu'un nombre limité de racines, G ( ^ ) es/ un polynôme.

( l) DERMENDJiAiN, Comptes rendus^ t. 173, 1 9 ^ 1 . p. 897.

(5)

366. . EMILE PICARD.

On aura nécessairement, en effet, dans le domaine du point oo, c'est-à-dire à l'extérieur d'un cercle T de rayon suffisamment grand,

G(z)— P ( ^ ) =,^pe^^

G(z)-q(z)=z^eî^

p et q étant des entiers positifs ou négatifs, et S(^), ainsi que2(^), étant des séries de Laurent de la forme

//=:-{-Oî,

v 4,-.

Jsd l^ ' n. := — x

Des deux relations précédentes on déduit, en retranchant,

z^eKz} ^p^z)

pliy^o^ """ P^T)—^^'

On peut supposer q u e P(^) — Q(.^) n'a pas de racine en dehors de F. Si nous posons alors

-=u'- ^ ^ ——^!f^^ ^^ u^e^

!

. ••p^u^—Q^^y

J

'""" p(u^-~Q[i^y

^ et y sont des fonctions uniformes de // dans le domaine de // == oo, et elles satisfont à la relation

Cette courbe est du'genre trou; donc, d'après le théorème du para- graphe 2, //- == GO ne peul être un point singulier essentiel p o u r ^ e t j . Par suite dans S(^) et 2;(^), il n'y a pas de puissances positives de s.

On en conclut que j = oc n'est pas un p o i n t singulier essentiel pour G ( ^ ) , qui estpf'ir suite un polynôme, comme on voulait l'établir.

On pourrait d o n n e r beaucoup d'autres généralisations. /

4. Les considérations employées dans la démonstration du théorème du paragraphe 2 peuvent être u t i l i s é e s dans diverses questions con- cernant les courbes de genre supérieur à un, de façon à o b t e n i r des propositions présentant une grande analogie et aussi des différences très sensibles avec des résultats aujourd'hui classiques pour une seule fonction uniforme.

(6)

SUR LES FONCTIONS ANALYTIQUES UNIFORMES D^UNE VARIABLE. 867

il s'agit tout d'abord d'une généralisation d'un théorème de M. Landau sur une fonction donnée par l.e développement

^o4- ^i^ -i-. . .

convergent dans un cercle de rayon R, la fonction ne d e v e n a n t jamais égale ni à ^-ero ni à / i n dans ce cercle. Il arrive alors que le

rayon R est au plus égal à une certaine fonction

R(OÛ, ai)

dépendant uniquement, de ^o et ^ , .

Pour une courbe de genre supérieur n Un

/0,r) === o,

j'ai généralisée) le théorème de Landau, en me servant d'une fonction se présentant d a n s la théorie des fonctions fuchsiennes, dans le cas où l'on a deux développements tayloriens pour a" e t j autour de-? ==o,

soit pour x

.r -=: a -+- a^z -h. . ..

Le résultat est que x et y ne pourront être simultanément niéro- morphes dans u n cercle de rayon R supérieur à une certaine expression

R ( ^ a , )

d é p e n d a n t seulement de a et ^r L'analogie, on le voit, est grande, mais la différence aussi est profonde. Rien ne remplace ici la condition relatù'e aux valeurs exceptionnelles zéro et un.

5. U n e autre conséquence du même genre d'analyse dans une ques- tion différente est encore la suivante, que j'ai étudiée dans le Mémoire cité ci-dessus.

On connaît de nombreux théorèmes sur les suites de fonctions /i(^), M^). . . . , .A(^), . • •

holomorphes dans u n cercle C. Ainsi, si l'on a, quel que soit /?,

\fn(^)\<^ (^xe)

(1) É. PICARD, Sur les couples de fonctions uniformes d^ une variable corres- pondant aux points d'une rourbe algébrique de genre supérieur à l'unité (Rendiconti del Circolo Matematico di Palermo, t. XXXIII, 1 9 1 2 , 1e r semestre, p. 254;.

(7)

368 PICARD. —— LES FONCTIONS ANALYTIQUES UNIFORMES D'UNE VARIABLE.

et si fn(^) ^ ^ê1^ l i m i t e , //. grandissant indéfiniment., pour u n e infinité de points de C ayant au moins un point de condensation à l'intérieur de G / o n peut affirmer (Vitali) q u e fn{^} a u n e l i m i t e pour tous les p o i n t s de l ' i n t é r i e u r du cercle, et cette l i m i t e est u n e fonction holo- morphe dans C.

MM. Carathéodory et Landau ont ensuite é t a b l i que la condition

l///('') <y

peut être remplacée d a n s l'énoncé précédent par la c o n d i t i o n qu'au- c u n e des fonctions y^(J) ne prend dans le cercle C les valeurs a et h (</ et h étant d e u x c o n s t a n t e s d i s t i n c t e s ) .

Nous devons nous a t t e n d r e a avoir, dans le domaine des courbes de

^•enre supérieur à un, u n t h é o r è m e analogue à ceux de M. Vitali et de iVÎM. Carathéodorv el L a n d a u , mais ou l ' é n o n c é n'aura pas à enlisa ^er des limiîaUons de modules on des valeurs e.rcepti(mnelîes.

Soient donc la courhe

/(^,r)=o

de genre supérieur à un^ et

( ^i. y\)^ {^^ y^ ), • • •. ( ^/A, fu ) ' ...

des couples de fonctions de l a * variable ^ méromorphes dans un cercle C et satisfaisant aux é q u a t i o n s

/(^ fn) ==0.

On peut démontrer le théorème suivant : Si le couple (.y//,y,/) (i une limite po/ir (ine inf/ni/e (le poinfs d'un cercle ^.possédant au /noins un point de c()ndensaUon à son intérieur, le couple {x^, Yn) (lura une limite pour tous les poinis de l'intérieur de C, et les coordonnées de ce couple lunUe sont des / onctions ittéronforphes de z'.

Les exemples de ces analogies et de/.'/es différences pourraient être m u l t i p l i é s . Certains problèmes f o n c t i o n n e l s se présentent plus sim- p l e m e n t pour les courbes de genre supérieur à un^ que pour les courbes de genre ^ é / ' o ou ///y, el ceci est i n t i m e m e n t lié à la théorie des fonctions fuchsiennes.

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