NÉMATODES DE MICROMAMMIFÈRES RÉCOLTÉS DANS LE MARAIS VENDÉEN

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NÉMATODES DE MICROMAMMIFÈRES RÉCOLTÉS

DANS LE MARAIS VENDÉEN

Jean Bernard

To cite this version:

Jean Bernard. NÉMATODES DE MICROMAMMIFÈRES RÉCOLTÉS DANS LE MARAIS

VENDÉEN. Vie et Milieu , Observatoire Océanologique - Laboratoire Arago, 1964, pp.451-456. �hal-02938687�

RÉCOLTÉS DANS LE MARAIS VENDÉEN par Jean BERNARD (1)

Au cours d'un voyage d'étude effectué en Vendée, en sa com-pagnie, M. GIBAN, Directeur du Laboratoire des Petits Vertébrés au

C.N.R.A., à Versailles, a été assez aimable pour nous remettre un lot de micromammifères aux fins d'examen parasitologique. Ce lot comprenait les espèces suivantes :

INSECTIVORA — Soricidae — Crocidura russula Herm. : cinq exemplaires,

RODENTIA — Muridae — Apodemus sylvaticus L. :

trois exemplaires, — Microtidae — Microtus arvalis Pall. :

quinze exemplaires, — Arvicola sapidus Mill. :

cinq exemplaires.

Les représentants de ces quatre espèces ont été capturés soit sur les digues de terre délimitant les polders, soit dans les terres cultivées voisines. Les campagnols aquatiques (A. sapidus) pro-viennent d'un canal situé à quelques kilomètres à l'intérieur des terres.

(1) Autrefois Station d'Entomologie de l'Etat à Gembloux (Belgique), actuel-lement Ecole Supérieure d'Agriculture à Tunis (Tunisie).

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Dans l'ensemble, le taux de parasitisme est assez élevé, mais le nombre des espèces parasites est faible. Celles qui furent trouvées sont :

TRICHUROIDEA — Trichuridae — Trichuris sp.,

— Capillariidae — Capillaria exigua Dujar-din,

— Capillaria incrassata Diesing,

OXYUROIDEA — Oxyuridae — Syphacia obvelata Rud., — Syphacia stroma v. Linst. 1°) Trichuris sp.

Certains auteurs ont assimilé les Trichuris sp. des Microtidae à Trichuris mûris Schrank. Nous avons déjà discuté du statut de ces espèces dans un travail précédent (1). Depuis la parution de celui-ci, nous avons rencontré T. mûris chez Apodemus sylvaticus en Belgique, mais seulement chez un nombre restreint d'individus vivant dans des biotopes forestiers. Si chez ce Muridae on rencontre régulièrement ces nématodes, femelles et mâles, ce qui permet de déterminer l'espèce avec précision, par contre, les Trichuris sp. trouvés chez les Microtidae ne sont jamais représentés que par des individus femelles qui sont cependant presque toujours bourrés d'œufs. D'autre part dans certains milieux à caractère champêtre on découvre Microtus arvalis et Apodemus sylvaticus en promis-cuité, vivant dans les mêmes galeries. Or si le premier porte sou-vent des Trichuris sp. femelles, le second en est toujours dépourvu dans de tels biotopes.

Il semble donc bien que les Trichuris sp. parasitant les Muridae et ceux parasitant les Microtidae appartiennent à deux espèces ou du moins à deux races biologiques distinctes.

Nous continuerons donc d'appeler les Trichuroidea découverts chez les Microtidae, Trichuris sp., en attendant qu'une étude mor-phologique plus poussée, ou la découverte d'individus mâles, per-mette de séparer définitivement les deux formes.

Sur les quinze campagnols des champs examinés, un seul était parasité par ce nématode dont une femelle bourrée d'œufs se trou-vait dans le caecum.

2°) Capillaria exigua Dujardin, 1845

Cette espèce est connue de longue date, car on doit sa descrip-tion à Dujardin. Il s'agit d'un parasite strictement inféodé aux

Crocidurinae et que l'on ne rencontre jamais chez les musaraignes

à dents rouges (Soricinae). Les individus récoltés ici ont des dimen-sions qui correspondent bien à celles fournies par JOYEUX et BAER

pour la Suisse et à celles du matériel que nous avons récolté en Belgique (voir tableau 1).

TABLEAU 1

Dimensions des femelles de Capillaria exigua Dujardin comparées à celles du matériel provenant de Suisse et de Belgique

Vendée Suisse (JOYEUX & BAER) Belgique Longueur du rostre 2,02 à 2,57 mm 2,0 à 2,1 mm 2,5 à 3,5 mm Longueur du corps 4,4 à 5,5 mm 3,25 à 5,6 mm Longueur totale 6,42 à 8,07 mm 5,5 à 6,0 mm 5,7 à 8,4 mm Largeur au niveau de la vulve 41,2 à 45,3 u. 70 à 80 u. 45 à 68 u Largeur au niveau de l'anus 20,6 u 23 à 45 u.

Plus grande largeur ... 72 à 82 u. 61 à 89 u.

Longueur du vagin 82 à 123(i 115 à 130n 79 à 190(i

Distance du bas de

l'œ-sophage à la vulve .. 41 à 144ti 35 u. 37 à 76(i

Longueur des œufs .... 59 à 61 n 58 à 63ji 45 à 57 u.

Largeur des œufs 26,8 u. 25 à 27 u. 22 à 34(i

Au sein du groupe de ces nématodes se trouvait un individu aberrant quant à ses dimensions. II s'agissait d'une femelle dont le rostre était de taille normale, 2,20 mm, mais dont le corps était anor-malement court, 2,02 mm. Or il s'agit d'un individu adulte, car le corps contenait des œufs bien développés engagés dans le vagin. Le rapport de la longueur de l'œsophage à la longueur totale du

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corps mis à part, cette femelle présentait toutes les caractéristiques de l'espèce. Par exemple, la longueur du vagin était de 82 JA et la

distance du bas de l'œsophage à la vulve de 68 JA. De même les œufs

étaient de taille normale : 59,7 X 26,81 a. Il s'agit vraisemblable-ment d'un individu malformé.

Sur les cinq Crocidura russula examinées, deux étaient para-sitées par ce nématode. Il s'agissait de deux musaraignes de sexe mâle dont les estomacs contenaient respectivement six et quatre C. exigua. Tous les nématodes étaient de sexe femelle.

3°) Capillaria incrassata Diesing, 1851

On trouve dans la vessie urinaire des Soricidae et des Talpidae européens des nématodes appartenant au genre Capillaria. Jusqu'à l'heure actuelle on n'est parvenu à y distinguer qu'une seule espèce, C. incrassata. Nous avons déjà trouvé celle-ci dans le Bassin pari-sien et dans les Vosges, chez la musaraigne, Sorex araneus L., et en Belgique chez les Soricinae et les Crocidurinae.

Une des Crocidura russula examinée ici portait dans la vessie sept de ces nématodes. Si tous les individus femelles présentaient des dimensions normales, par contre, le seul mâle existant paraissait d'une taille nettement inférieure à celle des C. incrassata provenant des musaraignes à dents rouges. Ainsi, sa longueur totalè était de 6,42 mm, son plus grand diamètre valait 46,4 [j, et la longueur de son spicule se chiffrait à 618 \x. Chez les nématodes provenant de Sorex araneus ces dimensions sont au minimum respectivement de 9,45 mm, 91 [i et 836 IJ..

4°) Syphacia obvelata Rudolphi, 1802

Nous avons trouvé ce nématode banal à la fois chez Microtus arvalis et chez Arvicola sapidus. Il s'agit d'une espèce décrite de la souris domestique, mais qui paraît surtout inféodée aux Microtidae. En effet on la trouve chez de nombreux représentants de cette famille, alors que chez les Muridae européens on ne la connaît que chez Mus musculus L.

Cet Oxyuridae semble toutefois présenter de légères variations morphologiques selon l'hôte parasité. Ainsi, par exemple, chez Microtus arvalis, les femelles gravides sont plus larges, ont l'avant du corps plus trapu et la queue plus longue que chez celles para-sitant la souris domestique.

TABLEAU 2

Dimensions de femelles gravides de Syphacia obvelata Rud. provenant de Microtus arvalis Pall. et de Arvicola sapidus Mill. comparées avec celles données par ROMAN concernant du matériel

. de Mus musculus L.

Microtus Arvicola Mus arvalis sapidus musculus

3,29 à 4,94 mm 3,3 à 4,41 mm 3,45 à 5,80 mm Longueur de l'œsophage 195 à 245n 257 à 261 (i 180 à 300 (i Longueur du bulbe .... 78 à 93,6 u. 78 à 93(i 75 à 175(i Distance de la tête au 226 à 296n 343 à 429|i 325 à 590 (i Distance de la tête à la vulve 288 à 437 n 507 à 624n 550 à 925 (i Longueur de la queue . . 624 à 780n 624 à 702n 530 à 675{i Largeur au niveau de la vulve 249 à 343(i 292 à 296(i

Plus grande largeur .... 312 à 522n 312 à 362 n 240 à 400 n

Longueur des œufs .... 92 à 103 u. 111 à 116n 118 à 153 u. Largeur des œufs 41 à 51 u, 35 à 41(i 33 à 54,5n

Le tableau 2 fournit les dimensions du matériel récolté chez

M. arvalis et chez A. sapidus en Vendée, comparées à celles données

par ROMAN (2) et relatives à des nématodes provenant de souris

domestiques de la région lyonnaise. Il est intéressant de noter que les Syphacia obvelata parasitant le campagnol aquatique se rappro-chent beaucoup plus de ceux décrits de la souris domestique que de ceux trouvés chez le campagnol des champs.

Dans le premier cas il y a une concordance parfaite en ce qui concerne les dimensions des représentants des deux populations, alors que dans le second, des divergences importantes apparaissent : distance du pore excréteur et de la vulve à l'extrémité antérieure, longueur de la queue, plus grande largeur et longueur des œufs. Ces éléments ne paraissent toutefois pas suffisants pour justifier une séparation taxonomique tant qu'il n'aura pas été démontré qu'il y a une ségrégation écologique des diverses formes.

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Cette espèce paraît très euryxène et possède une aire de répar-tition extrêmement vaste, en rapport avec la variété de ses hôtes,

Microtidae, Muridae, Gerbillidae, et l'ubiquité de certains d'entre

eux, comme la souris domestique, Mus musculus.

Dans notre matériel, l'espèce parasitait quatre des cinq

Arvi-cola sapidus examinés et dix des quinze Microtus arvalis. Chez cette

dernière espèce le nombre de nématodes par hôte était relativement peu élevé, au minimum quatre et au maximum vingt-neuf, alors que chez les campagnols aquatiques le nombre de parasites était de trente-sept, cent soixante-deux, deux cents et plusieurs centaines.

5°) Syphacia stroma von Linstow, 1884

A rencontre de la plupart des espèces du genre qui se trouvent dans le caecum de leur hôte, Syphacia stroma est un parasite de l'intestin grêle. Il s'agit d'une espèce aussi banale que la précédente, mais beaucoup plus sténoxène, puisqu'on ne la trouve que chez les espèces du genre Apodemus.

Sur les trois mulots, Apodemus sylvaticus, autopsiés ici, deux recélaient ce nématode dans leur intestin grêle, l'un cinquante représentants et l'autre quatre-vingt-deux.

En résumé, chez les quatre espèces de micromammifères exa-minées, nous avons trouvé cinq espèces de nématodes réparties comme suit :

— chez Crocidura russula : Capillaria exigua et C. incrassata, — chez Microtus arvalis : Trichuris sp. et Syphacia obvelata, — chez Arvicola sapidus : Syphacia obvelata,

— chez Apodemus sylvaticus : Syphacia stroma.

Le nombre d'individus dépourvus de nématodes parasites était respectivement de trois sur cinq chez C. russula, de quatre sur quinze chez M. arvalis, de un sur cinq chez A. sapidus et de un sur trois chez A. sylvaticus.

BIBLIOGRAPHIE

(1) BERNARD, J., 1959. Bull. Inst. agron. Stat. Rech. Gembloux, XXVII (4) :

371-407.