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Liber EEistularuna Guidonis de Basochis, edidit et adnotationibus instruxit Herbert ADOLFSSON, Stockholm, ig6g, pp . VIII + 31 7 (Acta Universitatis Stockholmiensis, Studia Latina Stockholmien -sia, XVIII) .
C ' est avec satisfaction qu' on salue la publication de cette thès e pour le doctorat, contribuant aux recherches linguistiques jusqu 'ici trop clairsemées de la littérature latine du XII e siècle .
Appartenant à une famille noble, Gui de Basoches comptait parm i ses relations des princes Mérovingiens et de hauts dignitaires de l ' Église . Pourtant, sa vie fut des plus modestes . Il aimait le monde des livres . Après des études à Paris et à Montpellier, il se contentait, destin é depuis l'enfance à l'ordre religieux, de la position de cantor (quintus
ordo) à l'église Saint-Étienne de Châlons-sur-Marne . En revanche,
il avoue être souvent attiré par les plaisirs temporels, auxquels le s riches et nobles du clergé français pouvaient sacrifier leurs loisirs . Il participa aussi à la troisième croisade, celle de 1190-1191 .
Vers la fin du XIX e siècle, W . Wattenbach publia en premier quelques extraits assez amples des lettres de Guido ainsi que d e son Apologie, dans laquelle l'auteur se défend contre certains membre s de sa famille qui l'accusaient de penser trop peu à obtenir une situa-tion appropriée à sa haute naissance 1 . Cette oeuvre curieuse atten d encore son éditeur . Quant aux lettres de Gui, qui ne sont représentées ni chez Migne, ni dans lesMonuntenta Germanise Historica,M . Adolfs -son vient donc de nous en donner une édition complète . Un seul manuscrit 2 nous a conservé ce texte, écrit dans le style scolaire du
1. W . WATTENBACH, Die Briefe des Ganonicus Guido von Basoches, dans Neues Archiv f. ältere deutsche Geschichtskunde, XVI, 1891, pp . 68-113 . — Même auteur, Die Apologie des Guido von Basoches, dans Sitz- .Ber . der kgl . Preuss . Akad . d . Wiss ., 1893 .
2. Luxemburgensis 27(anc. num . 108),décrit par van Werveke dans le Supplé-ment du Catalogue de la Bibl . de Luxembourg, IIl e partie, Luxembourg 1894 .
247 haut moyen âge, ici surchargé de rhétorique S et d ' allégories, mai s témoignant non seulement de l'érudition profonde, mais aussi du tem-pérament sensible de l ' auteur .
Les 37 lettres traitent de sujets très variés . A la page 292 de so n index rerum (voir plus loin) de M . Adolfsson, il y a un bon exposé de ce que les lettres nous apprennent sur la vie et les activités de Gui . Mais ce qu' on regrette vivement, c'est que l'éditeur, bien que s'intéres-sant partout au contenu, n'ait pas aidé à notre vue sur l'ensemble d u texte en donnant un aperçu (détaillé et disposé d'après les sujet s traités) de la substance de toutes les lettres . Pour donner aux futur s lecteurs une idée de la variation des matières, j'en présenterai ici , d'une manière superficielle, quelques exemples . Dans la lettr e numéro 4, Gui nous donne une description de Paris tel qu'il le voyait . Élie Berger l ' a imprimée avant Wattenbach 4 . La lettre 8 raconte d'une façon inspirée, comment les habitants de toute la contré e travaillent à la construction d'une église à Châlons . Dans le num . 2 5 on peut goûter le récit complet d'une scène scandaleuse provoquée par une dispute concernant quelque charge ecclésiastique . Pour le s allégories, on pourra consulter la lettre 32 . Gui, étant malade, y décri t ses peines sous l'image d'une armée ennemie, dont voici les premier s combattants : Horri/iilatio, Pallor, Calot', Vapor, Sitis, Fastidium , Capitis dolor . Chaque lettre, à l'exception de celles qui sont restée s inachevées dans le manuscrit, se terminent par une partie versifiée . Nous ne mentionnons que le num . 23, aboutissant à un long poème en distiques, dans lequel l'auteur nous révèle en expert les secret s de la chasse et de la pêche . Pour ce texte, M . Adolfsson nous renvoie à un ouvrage récent, à savoir H . Kuscx,Einführungindaslat . Mittelal-ter, I, Berlin, 1 957, p. 358. Il y a aussi des poèmes sous forme de
séquence qui se retrouvent chez Dreves 8 et Mone s .
Dans le livre de M . Adolfsson, le texte de Gui (pp . 1-168) est suivi d'un chapitre intitulé Apparatus criticus et adnotationes (pp . 169-282 ) et des index très abondants (pp . 283-317), notamment un index reru m et un index vocabulorum . L'apparat critique, suivi du commentaire de chaque lettre, a été judicieusement élaboré et, d'après des contrôle s faits sur une photocopie, il est extrêmement digne de confiance . La langue de Gui n'étant pas des plus faciles, on doit savoir gré à
3. Volumen salis rhetoricum : Albrici Trium fontium Chron . (M.G .H ., SS., 23 , 882, p . 26) .
4. Bull . de la Soc . de l'Hist . de Paris et de l'He de France, IV, 1877, pp . 38-40 . 5. Analecta hymnica medii aevi, L, 1907 .
6. Lateinische Hymnen des Mittelalters, herausgeg . von F . J . MouE, I-III , Freiburg i . B ., 1853-55 .
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M . Adolfsson de nous y avoir facilité l'approche par son commentair e (adnotationes) et par l'index des mots . Nous tenons pourtant à souli-gner un fait banal : l'éditeur ayant travaillé pendant beaucoup d' an-nées sur ce texte, il a fini par perdre le sens de ce qui doit être bie n difficile à un lecteur moins versé dans cette langue souvent épineuse . Malgré l ' étendue du commentaire, on reste donc de temps en temp s tout embarrassé devant telle construction ou telle pensée, et pou r l'explication des mots isolés, l'index susdit ne comprend point tou s les cas problématiques ou se borne à énumérer sans interprétation les lieux où tel mot se trouve dans le texte .
Ayant l'intention de publier le plus tôt possible, dans l'Eranos , Acta Philologica Suecana, les essais que j'ai faits moi-même en vue d e résoudre un certain nombre de problèmes textuels ainsi qu'une cri-tique détaillée de quelques passages que M . Adolfsson, à mon avis , a traités d'une façon insuffisante, j'y renvoie le lecteur .
Stockholm