SESSION 2019 E3A
Epreuve de Mathématiques 2 PSI
Question de cours :
1) Théorème de Cauchy. SoitI un intervalle non vide de R. SoientA : I →Mn(C) et B : I →Mn,1(C), deux applications continues surI. Soit(S)le système différentielX′(t) =A(t)X(t) +B(t).
Pour tout(t0, X0)∈I×Mn,1(C), il existe une solution de(S)surIet une seule vérifiant de plus X(t0) =X0. 2)
2.1.j=cos 2π
3
+isin 2π
3
=e2iπ3 . Donc,|j|=1 et arg(j) = 2π 3 [2π].
2.2.j3=e2iπ=1. Par suite, pourk∈N,j3k= j3k
=1 puisj3k+1=jet j3k+2=j2. Ensuite, puisquej6=1,1+j+j2= 1−j3
1−j =0. Par suite, pourp∈N,
• s3p =1+j3p+j6p=1+1+1=3,
• s3p+1=1+j3p+1+j6p+2=1+j+j2=0,
• s3p+2=1+j3p+2+j6p+4=1+j2+j=0.
2.3.Le déterminant du système proposé est
∆=Van 1, j, j2
= (j−1) j2−1
j2−j
6
=0.
Le système proposé admet un triplet solution et un seul. Il est clair que cette solution est 1
3,1 3,1
3
. 3)det(Vγ) = Y
06i<j6n−1
(γj−γi).
Partie 1
1)S’il existe (i, j)∈J0, n−1K2 tel quei6=jet γi=γj, alors les colonnesCi+1et Cj+1 de det(Vγ)sont les mêmes. On en déduit que det(Vγ) =0.
2)Pest un polynôme de degré inférieur ou égal àn−1. L’égalité Xn
j=1
λjCjfournit les égalités :∀i∈J0, n−1K, Xn
j=1
λjγj−1i =0
ou encoreP(γi) =0. Ainsi,Pest un polynôme de degré au plusn−1admettant au moinsnracines deux à deux distinctes.
On en déduit queP=0 ou encore :∀j∈J1, nK,λj=0.
Ceci montre que la famille desnlignes deVγest une famille libre. PuisqueVγest une matrice carrée,Vγest une matrice inversible. Mais alors, det(Vγ)6=0.
3)
3.1.Pour touti∈J0, n−1K,Ψ(i)=
n−1X
k=0
mkγikψk.
3.2.Supposons de plus que
n−1X
k=0
mkψk=0. Alors, pour touti∈J0, n−1K,Ψ(i)=
n−1X
k=0
mkγikψk=0. En évaluant en0, on obtient
∀i∈J0, n−1K,
n−1X
k=0
mkγik=0 (S).
Le déterminant de ce système de n équations linéaires àn inconnues est det(Vγ). Ce déterminant est non nul d’après la question précédente. Le système(S)est un système de Cramerhomogène. Le système (S)admet une solution et une seule, à savoir(0, . . . , 0).
Ainsi,∀(mk)06k6n−1∈Kn,
n−1X
k=0
mkψk=0⇒∀k∈J0, n−1K, mk=0
!
. Donc, la famille(ψk)06k6n−1est libre.
Partie 2
1)
1.1.Soitf une fonction trois dérivable surRet solution surRde l’équation(E1). Soitg=f+f′+f′′.
gest dérivable surRetg′=f′+f′′+f(3)=f′+f′′+f=g.gest solution surRde l’équation différentielley′=y.
1.2.Les solutions de (E2)surRsont les fonctions de la formex7→αex,α∈R (E2).
1.3.Ainsi, sifest solution de(E1)surR, alorsfest solution surRd’une équation de la formey′′+y′+y=αex,α∈C. Soitα∈ C. Résolvons l’équation(E1′): y′′+y′+y= αex. L’équation caractéristique de l’équation homogène associée est :(Ec):z2+z+1=0.(Ec)admet deux solutions distinctes dansC:r1=jetr2=j2. Les solutions surRde l’équation homogène associée sont les fonctions de la formex7→βejx+γej2x, (β, γ)∈C2. Une solution particulière de l’équation (E1′)surRest x7→α
3ex. Les solutions de(E1′)surRsont les fonctions de la formex7→ α
3ex+βejx+γej2x, (β, γ)∈C2. Ainsi, toute solution complexe de(E1)surRest nécessairement de la formex7→αex+βejx+γej2x, (α, β, γ)∈C3. Réciproquement, soitf une telle fonction. Alors,fest trois fois dérivable surRet pour tout réelx,
f(3)(x) =αex+βj3ejx+γj6ej2x=αex+βejx+γej2x=f(x).
Les solutions complexes de(E1)surRsont les fonctions de la formex7→αex+βejx+γej2x,(α, β, γ)∈C3. 2)
2.1.Le polynôme caractéristique de Aest
χA=
X −1 0
0 X −1
−1 0 X
=X
X −1
0 X
−
−1 0 X −1
=X3−1= (X−1)(X−j) X−j2 .
χAn’est pas scindé surRet doncAn’est pas diagonalisable dansM3(R). Par contre,χAest scindé surCà racines simples et doncAest diagonalisable dansM3(C).
2.2.SoitU1=
1 1 1
.U16=0et AU1=U1. Donc, U1est un vecteur propre deAassocié à la valeur propre1.
SoitU2 =
1 j j2
. AU2=
0 1 0 0 0 1 1 0 0
1 j j2
=
j j2
1
=j
1 j j2
=jU2. Donc,U2 est un vecteur propre de A associé à la valeur proprej.
SoitU3=
1 j2
j
. En conjuguant l’égalitéAU2 =jU2, on obtient AU3= j2U3. Donc,U3 est un vecteur propre de A associé à la valeur proprej2.
SoitP=
1 1 1
1 j j2 1 j2 j
. D’après ce qui précède,Pest une matrice inversible telle queP−1AP=diag 1, j, j2 .
Soient X : : R→M3,1(C)une fonction dérivable sur R à valeurs dansM3,1(C puisY = P−1 de sorte queX =PY. En posantY=
y1
y2
y3
,
X′=AX⇔(PY)′=APY ⇔PY′=APY⇔Y′=P−1APY
⇔
y1′ y2′ y3′
=diag 1, j, j2
y1 y2 y3
⇔
y1′ =y1 y2′ =jy2 y3′ =j2y3
⇔∃(α, β, γ)∈C3/∀t∈R, Y(t) =
αet βejt γej2t
⇔∃(α, β, γ)∈C3/∀t∈R, X(t) =
1 1 1
1 j j2 1 j2 j
αet βejt γej2t
⇔∃(α, β, γ)∈C3/∀t∈R, X(t) =
αet+βejt+γej2t αet+βjejt+γj2ej2t αet+βj2ejt+γjej2t
.
Les solutions surRdu systèmeX′=AXsont les fonctions de la formet7→
αet+βejt+γej2t αet+βjejt+γj2ej2t αet+βj2ejt+γjej2t
,(α, β, γ)∈C3.
2.3.Soient fune solution de(E1)surRpuisX=
f f′ f′′
.Xest une fonction dérivable surRet
X′=
f′ f′′
f(3)
=
f′ f′′
f
=
0 1 0 0 0 1 1 0 0
f f′ f′′
=AX.
En particulier, il existe (α, β, γ)∈ C3 tel que pour tout t réel,X(t) =
αet+βejt+γej2t αet+βjejt+γj2ej2t αet+βj2ejt+γjej2t
et en particulier, il existe(α, β, γ)∈C3tel que pour touttréel,f(t) =αet+βejt+γej2t. Réciproquement, comme à la question 1.3 de cette partie, de telles fonctions conviennent.
3)
3.1.Pour tout réelx, lim
n→+∞
x3n
(3n)! =0d’après un théorème de croissances comparées. En particulier, pour tout réelx, la suite
x3n (3n)!
n∈N
est bornée. On sait alors que le rayon de convergence de la série entière proposée estR= +∞. 3.2.La somme d’une série entière est de classeC∞ sur son intervalle ouvert de convergence. Donc ici, la fonctionϕ est de classeC∞ surR.
3.3.De plus, les dérivées successives s’obtiennent par dérivation terme à terme. Donc, pour tout réelx, ϕ′(x) =
+∞
X
n=1
3n x3n−1 (3n)! =
+∞
X
n=1
x3n−1 (3n−1)! =
+∞
X
n=0
x3n+2 (3n+2)!.
Ensuite, pour tout réelx,ϕ′′(x) =
+∞
X
n=0
x3n+1
(3n+1)! puisϕ(3)(x) =
+∞
X
n=0
x3n
(3n)! =ϕ(x).
On en déduit encore que pour tout p∈Net pour tout réelx, ϕ(3p)(x) =ϕ(x), ϕ(3p+1)(x) =ϕ′(x) =
+∞
X
n=0
x3n+2 (3n+2)! et ϕ(3p+2)(x) =ϕ′′(x) =
+∞
X
n=0
x3n+1 (3n+1)!. 3.4. 1ère solution.Pourx∈R,
ex+ejx+ej
2x=
+∞
X
k=0
1
k! 1+jk+j2k xk
=3
+∞
X
n=0
x3n
(3n)! (d’après la question de cours 2.1).
Donc, pour tout réelx, ϕ(x) = 1
3
ex+ejx+ej2x
= 1 3
ex+e−12x ei
√3 2 x+e−i
√3 2x
= 1
3 ex+2e−12xcos
√3 2 x
!!
.
2ème solution.ϕ(3)=ϕ. Donc, il existe trois complexesa,betctels que, pour tout réelx,ϕ(x) =aex+bejx+cej2x d’après la question 1.3 de cette partie.
Ensuite, les premiers coefficients du développement en série entière deϕ fournissentϕ(0) =1,ϕ′(0) =ϕ′′(0) =0. Donc, a, bet c sont solutions du système de la question de cours 2.3. Dans cette question, on a obtenu a=b= c= 1
3 et on retrouve
∀x∈R, ϕ(x) = 1 3
ex+ejx+ej
2x
= 1
3 ex+2e−12xcos
√3 2 x
!!
.
3.5.Pour tout réelx,
+∞
X
n=0
x3n+2
(3n+2)! =ϕ′(x) = 1
3 ex−e−12xcos
√3 2 x
!
−√
3e−12xsin
√3 2 x
!!
.
3.6.Pour tout réel x,ϕ(x) =1+ x3 3! + x6
6! + x9
9! +. . . et ϕ(−x) =1− x3 3! + x6
6! − x9
9! +. . . En additionnant membre à membre, on obtient pour tout réelx,
θ(x) = 1
2(ϕ(x) +ϕ(−x)) = 1
6 ex+2e−12xcos
√3 2 x
!
+e−x+2e12xcos
√3 2 x
!!
= 1
3 ch(x) +2chx 2
cos
√3 2 x
!!
.
Partie 3
1)
1.1.y(n)=
n−1X
k=0
aky(k)⇔
y′ y′′
... y(n−1)
y(n)
=
0 1 0 . . . 0 0 0 1 . .. ... ... . .. ... 0 0 . . . 0 1 a0 a1 . . . an−1
y y′ ... y(n−2) y(n−1)
⇔Y′ =AαY.
1.2.Soityun élément deSα. Montrons par récurrence que pour toutp>n, yest pfois dérivable surR.
• yest nfois dérivable surR.
• Soitp>n. Supposonsy pfois dérivable surR. Alors, pour toutk∈J0, n−1K, y(k)est dérivablep− (n−1)fois surR(au moins) puisy(n) est dérivablep−n+1fois surRou encoreyest dérivablep+1fois surR.
On a montré par récurrence que pour toutp∈N, yestpfois dérivable surR. Donc,yest de classeC∞ surR. 1.3.Sα ⊂C∞(R,K)d’après la question précédente.0∈Sα et si(f, g)∈S2
α et (λ, µ)∈K2, alors (λf+µg)(n)=λf(n)+µg(n)=λ
n−1X
k=0
akf(k)+µ
n−1X
k=0
akg(k)=0,
puisλf+µg∈Sα. On a montré queSα est un sous-espace vectoriel deC∞(R,K).
1.4.Soit Φ : Sα → Kn
y 7→ y(0), y′(0), . . . , y(n−1)(0)
.Φ est une application linéaire et Φest bijective d’après le théo- rème deCauchyrappelé à la question de cours 1. Donc, Φ est un isomorphisme d’espaces vectoriels. On en déduit que dim(Sα) =dim(Kn) =n.
2)Si α= (1, 0, . . . , 0),(Eα)s’écrity(n)=y.
3)Pourr∈C, notonsϕr : x7→erx. Soitr∈C.(ϕr)(n)=ϕr⇔rnϕr=ϕr⇔rn =1 (carϕr6=0).
L’équationzn =1 admet nsolutions deux à deux distinctes dans C, à savoir les nombresγk =e2ikπn , k∈J0, n−1K et ϕr∈Sα⇔r∈{γk, k∈J0, n−1K}.
4) Chacune desn fonctionsψk : x7→eγkx,k ∈J0, n−1K, est un élément de Sα. D’autre part, puis les nombresγk, k ∈ J0, n−1K, sont deux à deux distincts, la famille (ψ0, ψ1, . . . , ψn−1) est une famille libre de l’espace vectoriel Sα d’après la question 3.2 de la partie 1.
Puisque card(ψ0, ψ1, . . . , ψn−1) =n=dim(Sα)<+∞,(ψ0, ψ1, . . . , ψn−1)est une base deSα. 5)
5.1.La dérivation est linéaire. D’autre part, siy∈Sα, (y′)(n)=
y(n)′
=y′ et doncd(y) =y′ ∈Sα. Donc,d∈L (Sα).
5.2. Soit y ∈ Sα. y ∈ Ker(d) ⇒ y′ = 0 ⇒ y(n) = 0 ⇒ y = 0 (car y(n) = y). Donc, Ker(d) = {0}. Puisque dim(Sα)<+∞, on en déduit qued∈GL(Sα).
5.3.Une base deSα est(ψ0, ψ1, . . . , ψn−1). Pour tout k∈J0, n−1K,d(ψk) =γkψk. (ψ0, ψ1, . . . , ψn−1)est donc une base deSα constituée de vecteurs propres ded. On en déduit quedest diagonalisable.
Partie 4
1) Soit (f, g) ∈ (Sα)2. Puisque les éléments de Sα ⊂ C∞(R,R), la fonction t 7→ e−3|t| f(t)g(t) +f(p)(t)g(p)(t) est continue sur R. De plus, f et g sont dans Sα et donc f(p) et g(p) sont dans Sα d’après la question 5 de la partie précédente. D’après le résultat admis par l’énoncé,
e−3|t|
f(t)g(t) +f(p)(t)g(p)(t)
t→=+∞
e−3t O et O et
+O et
O et
t→=+∞
e−3tO e2t
t→=+∞O e−t
t→=+∞o 1
t2
.
De même, e−3|t| f(t)g(t) +f(p)(t)g(p)(t)
t→=−∞
o 1
t2
. La fonction t 7→ e−3|t| f(t)g(t) +f(p)(t)g(p)(t)
est donc intégrable surR. On en déduit l’existence de(f|g).
2)•D’après la question précédente, (|)est une application deS2
α dansR.
•Soit(f, g)∈(Sα)2.(f|g) = Z+∞
−∞
e−3|t|
f(t)g(t) +f(p)(t)g(p)(t) dt=
Z+∞
−∞
e−3|t|
g(t)f(t) +g(p)(t)f(p)(t)
dt= (g|f).
Donc,(|)est symétrique.
•Soient (f1, f2, g)∈(Sα)3et (λ, µ)∈R2.
((λf1+µf2)|g) =
Z+∞
−∞
e−3|t|
(λf1(t) +µf2(t))g(t) +
λf(p)1 (t) +µf(p)2 (t)
g(p)(t) dt
=λ Z+∞
−∞
e−3|t|
f1(t)g(t) +f(p)1 (t)g(p)(t) dt+µ
Z+∞
−∞
e−3|t|
f2(t)g(t) +f(p)2 (t)g(p)(t) dt (combinaison linéaire d’intégrales convergentes)
=λ(f1|g) +µ(f2|g).
Donc,(|)est linéaire par rapport à sa première variable puis bilinéaire par symétrie.
•Soitf∈Sα.(f|f) = Z+∞
−∞
e−3|t|
f2(t) + f(p)2
(t)
dt>0et de plus
(f|f) =0⇒ Z+∞
−∞
e−3|t|
f2(t) + f(p)2
(t)
dt=0
⇒∀t∈R, e−3|t|
f2(t) + f(p)2
(t)
=0(fonction, continue, positive, d’intégrale nulle)
⇒f2+ f(p)2
=0⇒f2=0(somme nulle de deux réels positifs)
⇒f=0.
Donc,(|)est définie, positive.
En résumé, ( | ) est une application forme bilinéaire, symétrique, définie, positive sur Sα et donc ( | ) est un produit scalaire surSα.
3)Soit(f, g)∈S1×S2. (f|g) =
Z+∞
−∞
e−3|t|
f(t)g(t) +f(p)(t)g(p)(t) dt=
Z+∞
−∞
e−3|t|(f(t)g(t) +f(t)(−g(t)))dt=0.
Donc,S2⊂S⊥1. De plus, d’après la question 1.4 de la partie 3, dim(S2) =p=2p−p=dim(Sα) −dim(S1) =dim S⊥1
<
+∞. On en déduit queS2=S⊥1. 4)
4.1.Pour x∈R,f(4)(x) =
+∞
X
k=1
(4k)(4k−1)(4k−2)(4k−3)
(4k)! x4k−4=
+∞
X
k=1
1
(4(k−1))!x4(k−1)=
+∞
X
k=0
1
(4k)!x4k=f(x). Donc, f(4)=f.p=2et α= (1, 0, 0, 0)conviennent.
4.2.Soitf1 : x7→ 1 2
+∞
X
n=0
x2n (2n)! = 1
2ch(x)etf2 : x7→ 1 2
+∞
X
n=0
(−1)n x2n (2n)! = 1
2cos(x).
Pour tout réelx, f1(x) +f2(x) =
+∞
X
n=0
1+ (−1)n 2
x2n (2n)! =
+∞
X
n=0
x4n
(4n)! =f(x). De plus, f1∈S1 et f2∈S2=S⊥1. Par unicité de la décomposition, le projeté orthogonal de f sur S1 est f1 : x 7→ 1
2ch(x) et le projeté orthogonal de f sur S2 est f2 : x7→ 1
2cos(x).
4.3.Pour tout réelx, f(x) = 1
2(ch(x) +cos(x)).