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Submitted on 1 Jan 1993
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Revenus et systèmes de production. L’élevage bovin
dans le Charolais
M. Bortzmeyer, J. Cavailhes, G. Lienard
To cite this version:
Cet article
fait partie
du dossier"Réforme
de la PAC : simulations etanalyses
" publié
par INRA Sciences socialesM. BORTZMEYER*
J. CAVAILHES* G. LIENARD * INRADijon-OFTVAL,
** INRADijon,
* 1 * INR A TheixRevenus
et
systèmes
de
production.
L’élevage
bovin
dans le
Charolais
La
production
de viande bovine
est
l’un des
grands
secteurs
concernés par
les décisions de réforme du
21 mai
1992 ;
celle-ci
prévoit
unebaisse de
15 %
du
prix
de la
viande
d’ici
1996, compensée
par
uneforte
revalorisation des
primes
à
la vache allaitante
et
auxjeunes
bovins
mâles,
dans la limite d’un
niveau
de
chargement
à
l’hectare. L’effet de
ces mesuresvariera
selon les
systèmes
de
production
et
les
régions :
les
résultats de simulations
micro-économiques
d’exploitations-types
par
programmation
linéaire
présentés
ici
concernent
la
région
charolaise.
Des
systèmes
de
production
à
cycle plus
long
L’aire charolaise
centrale,
qui
s’étend surles
départements
del’Allier,
de laCreuse,
de la Nièvre et de laSaône-et-Loire,
regroupeprès
de 800 000 vaches nourrices (23 % du totalnational). Les
systèmes
deproduction,
assezhomogènes,
sontextensifs,
à base deprairies
naturelles avec peu de consommationsinter-médiaires,
sur desexploitations
moyennes àgrandes, produisant
surtout des animaux"maigres"
(àengraisser
avant la vente enbou-cherie) et en
particulier
des broutards(âgés
de8 à 12 mois). La
productivité
du travail et les résultatséconomiques
ontlongtemps
étécom-parables,
voiresupérieurs
à ceux des autresrégions
productrices
de viande bovine.Lors de la simulation de "court
terme",
onobserve une substitution du blé par
l’orge
et ledéveloppement
des surfaces en maïs,accompa-gné
d’unallongement
ducycle d’élevage :
laproduction
de broutards lourds d’hiver (ven-dus à 12 moisenviron),
dominante dans la si-tuation deréférence,
recule auprofit
del’engraissement
(taurillons de 18 ou 24 mois).Les
exploitations
qui
nepeuvent
produire
demaïs
augmentent
leur sole céréalière.La simulation est très sensible au
rapport
prix
dumaigre/prix
du gras,largement
indé-terminépuisque
l’accord du 21 mai fixeseule-ment un
prix
des animaux finis.Ainsi,
parexemple,
si leprix
dumaigre
chute de 25%,
l’exploitation dirigée
par uncouple
de niveautechnique
supérieur
passe àl’engraissement
de taurillons à
l’auge,
avecplus
de céréales(sans
prise
encompte
des investissementsque cela
peut
impliquer),
alorsqu’on
conserve unsystème
à dominante de broutards si labaisse du
prix
n’est que de 15 % pour lemaigre
et pour le gras(tableau
1).Avec l’achat de terres, de
cheptel
et uneaugmentation
decapital,
ces tendancess’accentuent surtout chez les
exploitants
moinsperformants
puisque
lesprimes
repré-sentent une
part
plus
importante
de leurpro-duit. Ce mouvement d’intensification simulé
par le modèle va à l’encontre des évolutions
des deux dernières décennies.
Ces résultats varient fortement suivant la
présence
ou l’absence deprimes
rattachées aux surfacessupplémentaires.
Mais lespro-ductions
sont,
dansl’ensemble,
peu sensiblesau montant des
primes,
àl’exception
des broutards d’automne de 8-9mois,
aujourd’hui
trèsrépandus
etqui pourraient
fortementrégresser puisque
lapremière prime
auxmâles ne sera versée
qu’à
l’âge
de dix mois.Vers
unredressement
du revenu
Une simulation à échéance
1992,
réaliséeen
intégrant
les baisses deprix
réelles(natu-rellement sans
compensation),
montre unebaisse du résultat courant de 40
%,
voireplus,
par
rapport
à1989,
qui frappe
très sévèrementMéthodologie
L’impact
de la réformeest apprécié
auniveau
micro-économique,
par
programma-tion
linéaire,
cequi
permet
de raisonnersous
unehypothèse
d’optimisation,
dans le cadredes
mesures
connues(l’adaptation
desmarchés,
enparticulier
la demande etle
prix
desanimaux
maigres,
qui
nepourraient
être
simulés
qu’au
niveaumacro-écono-mique,
sontlargement
inconnus).
Les
activités
et lesparamètres
sontfixés
à
dire
d’experts,
àpartir
de suivis delongue
date
de réseauxd’exploitations.
On neprend
que
lesspéculations
actuelles
et,
enrespec-tant la
cohérence
dessystèmes
deprodue-tion,
onchoisit
unmodèle
simplifié
compte-tenu de
l’imprécision
du contextedes
mar-chés.
L’étalonnage
surl’année
deréférence
(1989)
permet
devérifier
l’adéquation
du
modèle
à la réalité.Les
simulations sont effectuées à &dquo;courtterme&dquo;,
c’est-à-dire
sans ajustement
des fac-teurs fixes niprogrès
technique,
puis
à&dquo;moyen
terme&dquo;,
avecachat
possible
defac-teurs
quasi
fixes etaugmentation
de lapro-ductivité du
travail.
L’horizon est le mêmedans les
deux
cas : 1996. Ladémarche
stric-tementmicro-économique oblige
à fixer
desquotas
de
primes
individuelspour
les
céréales et les
jeunes
bovins.
Les cas simulés sont
définis en
fonction
desdotations en facteurs
fixes, des
caractéris-tiques
familiales et du niveautechnique
demanière ’à
représenter
au mieux la popula-tion(les
quotas
deprimes donnent
uneplace
décisive au
système
deproduction
antérieur
à la
réforme).
On
rendcompte
ici des cassuivants :
uncouple
d’âge
moyen,
&dquo;enphase
decroisière&dquo;,
sur 70ha
différencié
par leniveau
technique,
bon ou moyen ; un chefjeune disposant
de 60 ha ettechniquement
performant ;
unexploitant
pluri-actif
sur unepetite
exploitation
(30
ha),
suréquipé
etde niveau
technique
moyen.
’A l’horizon
1996,
la simulation sans achat deterres
permet
un redressement du résultat parrapport
à 1992 : + 35 % pour lesexploitations
de bon niveau
technique
et + 65 à + 85 % pour lesexploitations
moinsperformantes
qui
bénéfi-cient du caractère forfaitaire des aides. La
bais-se par
rapport
à 1989 est donc ramenée à 20 %environ. Les aides
représentent
alors laquasi
totalité durésultat,
même pour lesexploita-tions les
plus performantes
et 175 % pour le casd’un
exploitant
pluri-actif.
Le revenu est donc fortement déterminé par leur niveau.Mais d’ici
1996,
desadaptations
peuvent
intervenir :agrandissement,
hausse de la pro-ductivité du travail ou de latechnicité,
qui
améliorent les résultats par
rapport
au &dquo;courtterme&dquo;. L’évolution
dépendra
del’adaptabilité
desexploitations :
lesexploitants performants,
qui disposent
d’unpotentiel
de croissance àpartir
decapacités
d’autofinancementimpor-tantes,
maintiennent leurs résultats parrap-port
à 1989 s’ils obtiennent des droitssup-plémentaires
pour que les animaux nouveauxsoient
&dquo;primés&dquo;.
Dans les cas de niveautech-nique
moyen, le revenu 1989 nepeut
êtreretrouvé même avec des
augmentations
desur-face de 20
%,
sauf si lesgains
de technicitépermettent
de serapprocher
du niveautech-nique supérieur. Enfin,
lesexploitants
seretrouvant en situation financière difficile et à
qui
tout investissement estinterdit,
nepour-ront que difficilement
s’adapter
aux nouvellesrègles
dujeu (figure
1). Notonscependant
queles mesures propres à la France n’ont pas été retenues dans ces simulations :
parmi elles,
laprime
à l’herbe (300 F/ha de STH enrégime
plein
pour lesexploitations
extensives) estfavorable à la zone charolaise où de
nom-breuses
exploitations
peuvent
avoir uncharge-ment inférieur à 1 UGB/ha.
Les simulations montrent donc que, loin de
procéder
à unnivellement,
le nouveau cadreinstitutionnel
pourrait
conduire à unediversi-fication des évolutions. Le mécanisme de
Pour en
savoir plus :
Bortzmeyer M., Impact de la réforme de la politique
agricole commune sur les exploitations bovines de la
zone charolaise, Dijon, Université de Bourgogne,
Faculté de sciences économiques et de gestion, 1992, 95 p. + annexes (mémoire de DEA).
Cavailhès J., &dquo;L’économie charolaise.
Évolution
d’unsystème productif
régional&dquo;,
Cahiers d’Economie etsociologie
rurales, n° 12, 1989, p. 8-54.Lherm M., D. Bébin, G. Liénard, Systèmes de
production charolais en Creuse. Références 1989,
évolutions sur dix années : 1981-1990, Theix,