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Digitaliseret af | Digitised by

Forfatter(e) | Author(s): Rémusat, Martine R.

Titel | Title: A propos de "Struensée".

Udgivet år og sted | Publication time and place: [Paris], [1898]

Fysiske størrelse | Physical extent: S. 213-28.

DK

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UK

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Il y a dans l’histoire du D anem ark un p etit nom bre de figures qui ont acquis une" eefébnte nfii'vW^elle. Struensée en est une. La fantaisie d’un souverain fou tira de l ’obscurité ce m éd ecin etfit de lui le heros d’une tragique aventure.

Etrange et pitoyable destinée que celle de ce C hristian VII, qui durant quarante années ne fut roi que de n o m ! Sa nais- sance avait été accueillie par la nation avec des transports de joie.

Les poetes avaient salué en lui Fespoir des siécles fu ta rs. Il eut pour pére un d éb au ch é1, pour mere une exquise créature, la reine Louise, fille de Georges Ier d ’Angleterre. Cette princesse, a la fois belle, intelligente et bonne, m ourut a vingt-sept ans, quittant sans regret, dit son historien Suhm , une vie assom—

brie par l’inconduite de son m ari. Le futur Christian VII fut, a l’åge de six ans, confié a un gouverneur, le comte de Re- Tentlow. Les historiens sont unanim es a representer ce gou­

verneur comme un bomme sans principes et d une révoltante brutalité. Il terrorisa son éléve au moyen de cliåtiments cor—

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poreis, lui laissa tout ignorer du m etier de roi, e t l ’abandonna le plus souvent a la sociétéd’un page et d ’un valetde chambre qui le dépravérent en le tenant au courant de la chronique scan- daleuse de la Gour. A dix-sept ans, C hristian, devenu mo—

narque absolu, se m ontre uniquem ent préoccupé d ’im iter la legere gråce francaise. Crébillon fds était son auteur favori, et il n ’avait pas de plus vif désir que de ressem bler au Régent de France h Ses maniéres étaient celles d ’un petit-m altre fran- gais; il s’exprim ait constam m ent sur un ton de persiflage, raillait la religion, traitait ses m inistres de perruques.

Quelques mois aprés son avénement, fut conclue son union avec Caroline-M athilde, fille puinée de Frédéric, prince de Galles. Les négociations relatives a ce mariage avaient été conduites par le comte BernstorfF, m inistredes alfaires étran—

géres de D anem ark. Dans une lettre a l ’ambassadeur danois a Londres, le comte s’exprim ait ainsi : cc Avec un cæ ur bon, une hum eur douce, tranquille et joyeuse, et une envie cons- tante de plaire au roi, son époux, la princesse peut s’attendre a une situation tres heureuse. » L ’ambassadeur de France a Copenhague en jugeait, sans doute, autrem ent : il écrivait a son gouvernem ent que « la princesse, quelle que fut son ama- bilité, ne saurait s’attacherle roi, car il lui serait impossible de plaire a un prince qui déclarait que 1’am our d’un mari pour sa femme était chose inconvenante ». En effet, Chris­

tian YII ne cachait ni son mépris pour le mariage qu'il traitait de « corvée », ni son intention d’étre un m ari å la mode.

Peu de jours aprés la célébration des noces royales, il dit a ses confidents q u ’il ne leur conseillaitpas de se m arier, cc l etal libre étant préférable å celui dans lequel il venait d’entrer ».

Elle était charm ante pourtant, cette reine de quinze ans, a laquelle un mariage par procuration l ’avait uni un mois avant q u ’une escorte nombreuse la conduisit en D anem ark.

Elle possédait un teint splendide, d’opulents cheveux blonds, unevoix mélodieuse, beaucoup de vivacité et de naturel. Nalve- m ent fiére de porter une couronne, elle n ’allait cependant pas sans crainte au-devant de son existence nouvelle. Le peintre Reynolds, chargé de faire son portrait avant son départ d ’An-

i . C. Blangstrup, Christian VII et Caroline-Mathilde. — Copenhague, 1890.

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A P R O P O S D E (C S T R U E N S E E )) 2 1 5 gleterre, raconta que la princesse pleurait abondam m ent pendant les séances.

Sa fraicheur, son charm e juvenile piurent d ’abord au roi.

A leur prem iere et solennelle entrevue il quitta sa voiture pour prendre place dans celle de Caroline-M athilde, au grand ébahissement des courtisans ehrayés de cette grave infraction a l ’étiquette. Tres probablem ent Caroline-MatliiJde fut désap- pointée a la vue de son époux, c a r « rien dans la personne de Christian VII ne donnait l ’idée d un m onarque scandinave».

Horace W alpole, qui le vit deux ans plus tard, a tracé de lui ce portrait : « Il est si petit q u ’on le dirait échappé de la coquille de noix des contes de fées. Il sautille comme un moineau, il est toujours agité. » Son ton de sarcasme dut particuliérem ent déplaire a la jeune reine. Séparée des siens, transportée dans un pays oii tout lui était étranger, elle eut quelques accés de nervosité. Elle A'ersa des larm es en p ré - sence du roi qui manifesta son m écontentem ent par une ironique froideur. Il eut craint de se rendre ridicule en té—

m oignant a sa femme un tendre intérét.

A la Cour, elle produisit des son arrivée une bonne im pres- sion. « Ceux qui l ’environnent, écrivait l am bassadeur de Saxe, me paraissent enchantés de son caractére douxet gai. On s’apergoit pourtant qu elle n a pas été élevée dans le grand monde, son m aintien étant fort gene et quelquefois méme singulier.» Caroline-M athilde avait tres rarem ent paru a la Cour d ’Angleterre. Sa mere, veuve de ce prince de Galles que Georges II appelait « la plus grande canaille, le plus grand imbecile, le plus grand m enteur que la terre eut porté », vivait dans une retraite profonde. Elle éleva ses enfants sévé—

rem ent, ayant a cæ ur de les soustraire a la depravation de l époque. Il n ’est pas étonnant q u ’a ses débuts comme souve- raine Caroline-M athilde ait m ontre une gaucherie a laquelle son extréme jeunesse donnait du charm e. La grande-m aitresse del a Cour, madame de Piessen, se chargea de parachever son éducation. C ’était une femme de principes rigides, tres péné- trée des égards dus a la Majesté Royale. Elle sut prendre rapidem ent une grande inlluence sur Caroline-M athilde et, avec de bonnes intentions, ne fit que désunir les jeunes époux. « Madame de Piessen était une prude, elle s’efforga

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d ’inculquer ses idées a la re in e 1 ». Quelques avances du roi furent, sur le conseil de la grande—maitresse, repoussées avec froideur.

P a r son chaperon Caroline-M athilde était tenue au cou- ran t de la scandaleuse conduite du roi. Elle su tsa liaison avec Catherine Beuthaken, connue sous le sobriquet de la guétriére.

Catlierine était m édiocrem ent jolie, mais elle savait étre ce que les Fran^ais appellent « am usante ». Ce fut peut-étre la seule personne que le roi aimåt sincérem ent. Habillée en hom m e, elle faisait avec C hristian VII et ses compagnons de plaisirs des prom enades nocturnes dans les rues de Copen—

hague. La bande cassait les vitres des maisons particuliéres, et se prenait de querelle avec les veilleurs de nuit. Souvent le roi regagnait son palais en titubant, suivi d ’une populace qui silllait et criait. Cette liaison dura plusieurs mois. Il fallut pour y m ettrefm la menace d’un soulévement populaire.

Deux cercles se form érent autour du couple royal. Dans l u n , présidé par madame de Piessen, on s’entretenait de l ’inconduite du roi. Dans l’autre, on raillait la pruderie de la * reine et de ses intim es.

A la C our de Copenhague, ce n ’était alors que bals, mas­

carades, concerts,, comédies, parties de chasse. Un ton tres libre y régnait, le roi donnait souvent l ’exemple d un regret—

table oubli de l ’étiquette. Caroline-M athilde aimait les fétes.

P o u rtan t elle se contentait d y paraitre un court mom ent : le soin de sa dignité exigeait q u ’elle se retiråt de bonne heure dans ses appartem ents, ou elle jouait aux écliecs avec quelques dames d ’un rang élevé. Bientot sa grossesse la contraignit au repos. L ’indiflérence du roi l ’attristait profondém ent. Son naturel était violent : il y eut entre les époux des explications orageuses, ou Fem portem ent de la reine en imposa a C hris­

tian \ I I . Toutefois leurs rapports ne s’am éliorérent pas. La naissance d ’un fils 2 ne cliangea rien a ce fåcheux état de choses. Dans le cercle deses familiers, Christian A ll ne dési- gna plus la reine que sous le nom de « la nourrice ». Il

1. Notes de l’avocat Uldall, défenseur de la reine.

2. Frédéric, né en jarnier 1768. R oide Danemark de 1808 å 1889.

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acheva de l ’indisposer en congédiant brusquem ent madame de Piessen, qui regut Fordre de quitter le pays.

Mais le roi tout a coup p arut las de son existence frivole.

Des reves de grandeur le travaillaient, prem ier indice de la maladie mentale qui, deux ans plus tard, devait se déclarer.

Il se croyait en possession d une extraordinaire vigueur phy—

sique, de facultés intellectuelles peu comm unes, de talents qui ne trouvaient pas leur emploi a la petite Gour danoise. Il souhaitait de briller sur une scene plus vaste et projetait un voyage au cours duquel il visiterait les principaux pays d ’Eu- rope. Versailles surtout l attirait. Il professait la plus vive adm iration pour Fesprit fran^ais. En 1766, il avait fait venir de France une troupe d acteurs qui jouérent sur le petit théåtre de la C our Zaire, de Voltaire. C hristian YII tenait le personnage d ’Orosmane et s’en tira fort bien, d ’ou il garda la conviction q u ’il y avait en lui l ’étolle d ’un grand comédien.

Son projet de voyage se heurta a Fopposition des m inistres danois, inquiets du mauvais etat des finances du pays. Mais le roi tint bon. Le 6 mai 1768 il se m ettait en route, avec une suite nom breuse.

Malgré son désir d ’étre du voyage, C aroline-M athilde fut laissée en D anem ark. Nul doute que la jeune reine n ’en congut un violent dépit. C hristian YII, voyageant sous le nom de comte de Travendal, traversa le Slesvig, le Holstein, l ’Allemagne, la Hollande, la Belgique. P arto u t des fétes brillantes furent données en son honneur. A Londres, oii il séjourna deux mois, il fut traité avec magnificence. Il visita plusieurs grandes villes d ’Angleterre, m ontrant une håte fiévreuse qui fit dire a Horace W alpole : « II parcourt FAngleterre sans exam iner attentivem ent aucune chose. » Ses prodigalités le rendirent populaire. P a r les fenétres de son palais, il faisait jeter des poignées de piéces d ’or aux badauds attroupés. Il donna un splendide bal masqué. ccLa population raffole de lui, dit W alpole, les journaux l ’appellent a great personage. »

Il arriva en France vers le milieu d’octobre et alla saluer a Fontainebleau Louis XV auquel il exprima « sa joie de voir le plus puissant potentat d ’Europe ». Louis XY répondit

« quTl considérait comme un des plus beaux jours de son

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regne celui ou il lui était donné cl’embrasser un souverain du Nord ». La Gour de France portait encore le deuil de la reine Marie, il n ’y eut done pas de receptions officielles en l’honneur du roi de D anem ark et de Norvége. Mais le m arquis de Duras lui fut attaché en qualité de « m altre de plaisirs ». Ge gentil- hom me s’aequitta de sa tåclie avec tant de zéle q u ’il ne laissa pas C hristian VII disposer de l ’emploi d une seule journée. Sans égards pour sa faible constitution, il le conduisit de fétes en fétes et lui lit adm irer tout ce que Paris offrait de curieuxe t

d ’intéressant. cc Il estim possible, écrivait a W alpole la marquise du Deffand, qu il supporte cette existence; nous ferons crever le petit Danois. » On s’émerveilla de la docilité du royal visiteur,

toujours aimable et gai; on rem arqua pourtant q u ’au théåtre il båillait fréquem m ent. A Paris comme a Londres, sa m uni- ficence lui valut une grande popularité. Une indisposition l ’ayant empéché pendant quelques jours de se m ontrer a la foule, on se pressa aux portes de son palais pour avoir de ses nouvelles. Il fut a la m ode; on porta des cravates de soie ornées de son portrait, on vendit des bonbons et des gåteaux å la dano ise.

De spirituelles reparties lui étaient attrib u ées; elles circu- laient dans le public et ajoutaient a rengouem ent des Parisiens pour le chétif m onarque. cc Cela m anque a mon bonheur! x>

au rait-il répondu å la mélancolique exelamation du roi de France : cc Je pourrais étre votre grand-pére. » Une autre fois, s’étonnant que la m arquise de Flavecourt, sæ ur du duc de Ghoiseul, fut ågée de cinquante ans, il aurait dit a Louis NY :

cc C’est une preuve qu'on ne vieilht pas a votre Cour. » On citait encore la présence d ’esprit dont il ht preuve un jo u r que, en revenant de Fontainebleau, il fut acclamé par la foule. Feignant de croire que les cris de cc \ ive le Roil » s’adressaient a Louis XY, il dit : cc Mes enfants, Sa Majesté se porte fort bien, je viens de lui rendre v isite 1. »

Le monde savant et littéraire le gloriha comme un autre Pierre le Grand. Il re^ut en auclience d ’Alembert, Condillac, Diderot, Duelos, Helvétius et le baron d’IIolbach. A son grand

1. On trouvera des details sur le séjour de Christian YII å Paris dans les Mémoires de Bachaumont et dans les Lettves de madame du Deffand å Horace Walpole,

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219 regret il ne vit pas Voltaire. D ’Alembert lui adressa a l ’A ca-

démie des Sciences un discours ou il paria des services que les souverains peuvent rendre å la philosophie. A l ’Académie frangaise, l abbe Yoisenon récita une piece de vers dont voici la fin :

Charmer un peuple est plus cpie de l’avoir soumis.

Tous vos triomphes sont des fétes.

Vous emportez nos cæurs, vous les avez conquis, Nous ne vous prions pas de rendre vos conquétes.

Au bout d un séjour de deux mois a P aris, C hristian VII donna des signes de lassitude : il avait besoin de repos aprés tant d ’agitation. Le départ eut lieu au milieu de décembre.

Renongant a visiter d ’autres capitale's, le roi rentra directe- m ent en D anem ark.

P endant son absence, Caroline—Mathilde avait mené une existence triste. Avec les deux reines douairiéres Sofie-Magde- leine et Juliane-M arie, elle entretenait des rapports froids

et cérémonieux. La prem iere, née princesse de Kulm back—

Beyreuth, unissait a beaucoup d ’orgueil un étroit esprit de dévotion. Elle avait introduit a la Cour de C hristian VI la m inutieuse étiquette en honneur dans les petites principautés germ aniques, l ’usage exclusif de la langue allemande et le pietisme. Juliane-M arie de Brunsw ick—YVolfenbuttel, veuve de Frédéric V, aimait, elle aussi, a s entourer d une étiquette sévére. Il ne semble pas q u ’elle ait témoigné de 1’animosité a Caroline-M athilde. Nature timide et réservée, elle se tenait éloignée de la C our; elle n ’eut jam ais d ’influence politique, et c est bien a tort q u ’on l ’a représentée comme aim ant l ’in — trigue. De quelque coté q u ’elle se tournåt, Caroline-M athilde ne rencontrait pas de reelle sympathie. Elle aimait passionné- m ent son enfant. Cependant son åme ardente réclam ait d ’autres affections.

Le roi, a son retour, ne parut pas rem arquer la beauté de la reine, alors considérée comme la plus belle femme de la Cour. Elle avait, malgré son jeune age, une taille imposante.

La bouclie aux lévres fortes annongait un tem peram ent impé- tueux. Les yeux, a fleur de tete, grands, tres bleus, étaient

singuliérement expressifs; son genre de beauté était fait pour

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plaire aux hommes plus q u ’aux fem m es1. Il n ’y eut rien de changé dans la m aniére d ’étre de Christian YII avec elle ; il reprit son ton d ’ironique froideur. D urant son sej our en France, la correction, la dignité de son m aintien avaient fait naitre l ’espoir q u ’une transform ation durable de son caractére s’était opérée et q u ’il se proposait de faire sérieusement son m étier de souverain. Cet espoir fut de courte durée. La peine qu’il s ’était donnée pour jo u er convenablement son role a l ’étranger avait épuisé ses forces. Il renonga a sa vie de dissipation, mais en méme temps il se laissait aller a une m orne indifference.

Peu aprés le retour du roi, la santé de la reine s’altéra gravem ent sous linfluence de l ’ennui et de la tristesse.

Christian YII 1 engagea a consulter son médecin Jean—

Frédéric Struensée.

* **

Il était fils d ’un pasteur saxon qui, en 1757, fut appelé dans le Holstein en qualité de surintendant général du clergé de ce duclié. Jean -F réd éric occupait, a l ’époque ou C hris­

tian YII le connut, le poste de directeur de l ’liygiéne publique a Altona. Le roi, qui avait grande confiance en lui, le retint en D anem ark a son retour de l ’étranger et insista p o u rq u e la reine consent.lt a le recevoir. Elle hésitait, ayant l ’esprit pré- venu contre Struensée, en qui elle voyait un nouveau compa- gnon de débauche de son m ari.

cc Le roi lui fit de Struensée un portrait élogieux, dit l ’avocat Uldall. Elle le regut d ’abord a regret, mais il s’insi—

nua rapidem ent dans sa confiance et dans son estime. »

La prem iere entrevue de Caroline-Mathilde et de Struensée dissipa les préventions de la reine. Son pliysique plaida pour lui : il était de haute taille, il avait une physionomie intelli­

gente et s’habillait avec gout. Ses maniéres étaient habituelle—

m ent autoritaires, mais envers la reine il eut une attitude m arquée du plus profond respect. Il causait fort agréablement et savait m ontrer dans la conversation l ’étendue et la variété de ses connaissances. Caroline-M athilde voulut bien l ’aujo-

i . C. Blangstrup : Christian Vil et Caroline-Mathilde.

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riser a lui faire d’autres yisites. Struensée était ambitieux.

Sans nul doute il vit tout de suite en elle l ’instrum ent fu tu r de sa fortune. Et pour la conquérir, il eut l ’adresse de la

réconcilier avec le roi. Il usa de son ascendant sur Chris­

tian VII en l’invitant a se départir v is-a-v is de Caroline—

Mathilde de sa froideur blessante. Puis il représenta a la reine que son etat m aladif provenait de son isolement m oral. A cette femme énervée, lasse, il sut parler avec l accent d ’une com—

passion discréte.

Christian VII s’empressa de tém oigner des égards a la re in e ; son attitude devint respectueuse, presque hum hle. Malgré son profond mépris pour eet étre faible qui obéissait a une volonté forte, elle fut flattée de ce changem ent et elle con^ut a l ’égard de Struensée une vive gratitude. Sa reconnaissance s’accrut aprés q u ’il eut guéri le petit prince royal, atteint de la fiévre.

Plus tard, s’excusant avec une m aladroite insistance de son empressement a bien accueillir les hommages du favori, elle paria souvent a son entourage intim e de la sollicitude que, des le prem ier jour, il lui avait m ontrée, du soin q u ’il avait pris de son bonheur. « Il a, disait-elle, un si bon cæ ur et une si haute raison! »

Un charm e, un intérét puissant étaient entrés dans sa vie depuis que Struensée y était mélé. Elle le recevait, non plus en médecin, mais en ami. Leurs entretiens la m ettaient en com- m union d ’esprit avec un hom m e d ’une intelligence vraim ent supérieure. Sa santé s’améliora. Sur le conseil de Struensée il y eut a la Cour une série de fétes dont elle fut l ame. Sa riche nature s’épanouissait; elle était heureuse, elle aimait.

Encore pure, encore digne de son titre de reine, elle gouta un bonheur tres doux ju sq u ’a ce bal de Cour, au printem ps

de 1770, ou Struensée obtint d’elle l ’aveu de son am our.

Elle cédait a une passion toute—puissante. Elle oublia son rang et ses devoirs de souveraine. Ses sentiments éclatérent au grand jo u r trop violents pour étre contenus. En aueune fa^on, ni elle ni son am ant ne cherchérent a dissim uler leu r liaison. Tout en eux disait leur am our. Ils échangeaient des regards pleins de tendresse, ils laissaientparaitre ouvertem ent leur joie d ’étre réunis. Ils étaient inséparables. A la prom e­

nade, au bal, au théåtre, partout on voyait la reine en com—

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pagnie du favori qui, pendant deuxannées, allait gouverner le pays, nom nier et congédier les ministres et les laquais du roi et peupler la Cour de ses créatures. Le regne de Struensée commengait, et ce fut le signal de l ’abolitiori de toute étiquette.

Aprés la cliute du comte B ernstorlf ( i 3 septembre 1770), la Cour de D anem ark devint le théåtre de scandales sans nareils.

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Un affolement s’était emparé de la reine. Elle n ’eut plus q u ’une pensée : se conformer aux moindres désirs de son am ant. Parvenu a la haute situation q u ’il convoitait, l ’aven- turier ne tarda pas a jeter le masque. Il cessa de jouer le role de l’am oureux délicat, il fut 1 égoiste brutal qui veut bien se laisser aim er. L ’am our incline le cæ ur des femmes a l obéis- sauce. Caroline-M athilde abandonna a Struensée la direction du prince royal, que pourtant elle adorait, et q u ’il soumit a un régim e rigoureux. Elle le consultait en toute cliose, jusque dans le choix de ses parures. Nommé secrétaire de cabinet de la reine, il vint habiter le palais royal ou il occupa une cliambre voisine de celle de Caroline-M athilde. Il comman- dait å la domesticité des souverains; ses ordres étaient exé- cutés comme s’il eut été le vrai m aitre. On lui connut plusieurs liaisons. La reine s’en alfligea fort et lui lit quelques scene de jalousie. Il osa la traiter publiquem ent avec dédain. cc Au bal, elle se suspendait a son bras et le contem plaitam oureu- sement : il la regardait d un air froid et in so len t1. » — cc II est tard, allez vous coucher », disait-il au roi, le soir, aprés diner.

Le m onarque tolérait ce m anque de respect. Il n ’est pas douteux q u ’il. ait connu la liaison de la reine, mais il n ’en parut jam ais affecté. La fidélité conjugale était a ses yeux une verlu bonne pour les petites gens. Dans son étatm aladif, il se m ontrait d ’ailleurs de plus en plus indifferent a ce q u isep as- sait pres de lui. Maigre, les traits accentués, les yeux éteints, un sourire sarcastique errant sur ses lévres minces, il demeu- rait des heures entiéres affaissé dans un fauteuil. A ces longs abattements succédaient des accés de folie pendant lesquels il s’enferfnait avec un négrillon qui lui adm inistrait des coups

I. Suhm : Mémoires secrets sur le regnede Christian VII.

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de fduet1. Ou bien il tenait des discours incohérents, il se disait l un des plus grands comédiens de l ’époque, ou préten- dait étre du nom bre de sept individus, lesquels étaient plus que des hum ains et avaient pour mission de gouverner le monde. L ’acces passé, il fondait en larm es, se plaignait de n étre q u ’un pauvre hom me tres faible, parlait de se tuer et déclarait « q u ’il n y pouvait plus te n ir ».

Dans le cæ ur de Caroline—Mathilde, il n y avait méme pas de place pour la pitié a l ’égard de ce m alheureux. L ’am our absorbait entiérem ent ses facultés sensitives. Dans son aveugle passion, elle perdait toute notion de sa dignité. Son caraclére avait changé; il était devenu fantasque et brusque.

Tandis que le roi donnait a ses sujets le triste spectacle de sa folie, la reine se jetait, tete perdue, dans les plaisirs. On la vit, liabillée en hom me, parcourir la nuit les rues de la capitale en compagnie du prem ier m inistre. En costume de clieval, des éperons aux pieds, une cravache a la m ain, elle entra, au bras de Struensée, dans la cham bre ou la veuve de Christian VI reposait sur un lit de p a rad e2. Elle s encanail- lait pour mieux plaire a haventurier qu elle aimait. Elle admit dans son intim ité des fem mes qui n avaient pas qua- lité pour paraitre a la Cour. « La Co ur devint une maison bourgeoise ou se réunissait la société du comte S truensée3. » Au chåteau de H irschholm , la reine donna de petits diners intimes ou la licence du ton et des maniéres était extréme.

« Nous avions l ’air, dit Reverdil parlant de ces réunions, de domestiques de bonne maison qui se seraient amusés en l’absence des m aitres4. »

Dans ses pires écarts de conduite, Caroline-M athilde con—

1. Il brisait les fenétres de son palais, et s’amusait å jeter dans la rue des objets d’art, des livres, des papiers, des bibelots, des pincettes, de la porcelaine.

Ces actes de folie sont relatés dans les rapports des ambassadeurs.

2. Sofie-Magdeleine mourut au mois de mai 1770.

3. Reverdil, Struensée et la Cour de Copenhague. Struensée fut créé comte aprés la cliute de BernstorfT, son adversaire. — « Il se passe ici des scenes ridi—

cules et qui inspirent le plus profond mépris. Cette Cour n’a pas sa pareille sous le soleil. » (Lettre de l’Ambassadeur d’Angleterre å son gouvernement.)

4. Le Suisse Reverdil, ancien précepteur de Christian VII, remplissait å la Cour les fonetions de seerétaire de cabinet du roi.

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serve une noblesse, une indéniable grandeur, gråce a la sin—

cérité de son am our. Devant ses femmes de cham bre, elle laisse échapper des mots d ’une naiveté touchante, q u im o n tren t bien l ’intensité de sa passion. Tantot, elle leur demande si elles ont un cc sentim ent » pour quelqu’un, ajoutant que cc lorsqu’on aime quelqu’un, on doit étre préte a le suivre au supplice, ju sq u ’en enfer ». Tantot, elle baise en leur présence des objets qui lui ont été donnés par son am ant, une paire de jarretiéres parfumées, le portrait de Struensée : cc Un sen­

tim ent s y attache, dit-elle, ils me viennent d’un tres bon ami. » Une autre fois, félicitant ses femmes de pouvoir épou- ser fh o m m e de leur choix, elle déclare que cc si elle devenait veuve, elle épouserait quelqu’un q u ’elle aime, dut-elle pour cela renoncer aux grancleurs et quitter le pays ». Elle m érite de prendre rang parm i les grandes passionnées. Elle resta fidele å son am our aux heures tragiques, lorsque l ’objet de son culte l’eut indignem ent trahie.

Le personnage de Struensée, considéré dans ses rapports avec la reine, est ce q u ’on appelle au théåtre un « role ingrat )), antipathique au dernier . degré. Comme hom m e d ’Etat, il a droit å une m ention moins sévére. Son passage au pouvoir est m arqué par une serie de reformes pour les—

quelles m alheureusem ent la nation clanoise n ’était pas m ure.

Ces reformes étaient puisées dans l ’adm inistration prussienne ou elles étaient le fruit de trois regnes consécutifsl. Il ne concevait pas l ’empire de l ’habitude et des préjugés sur les peuples : il voulut agir trop brusquem ent. Mais il avait réel- lem ent en vue le bien des Danois. C aroline-M athilde qui, pendant quelque temps, prit part avec lui au gouvernem ent, répétait des paroles de Struensée, en disant au comte Ranzau, dans la n u it de son arrestation : cc Quel m al ai-je fait a ce peuple? Je n ’ignore pas que de grands changements se sont elfectués, mais j ’ai agi uniquem ent dans l ’intérét du roi et du pays. »

P arm i les actes les plus rem arquables de son ministére, il faut citer l ’abolition de la censure et l ’établissement de la liberté de la presse, mesures qui furent accueillies en Europe

i. Reverdil, Struensée et la Cour de Copenhague.

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avec des applaudissements enthousiastes. Yoltaire adressa, a ce sujet, a Christian YII un poéme dans lequel il le félicitait d’avoir m ontré que la liberté de la presse n ’était pas incom - patible avec les institutions d une m onarchie absolue. En D anem ark, ces innovations causérent un m écontentem ent presque général. Plusieurs d ’entre elles furent jugées contraires aux m æurs et a la relig io n , notam m ent le décret en vertu duquel il ne devait plus étre fait de difference, au point de vue civil et religieux, entre les enfants legitimes ou naturels.

Mais, plus encore que les reformes, les procédés violents du prem ier m inistre et son mépris pour tout ce qui était danois lui créérent des ennemis. La langue danoise surtout lui était odieuse. Il rendait ses ordonnances en allem and; les pétitions de tout genre lui devaient étre adressées en cette lan g u e1.

En outre, les extravagances de la reine, l ’adultére publique- m ent affiché, soulevérent dans le pays un lent m ouvem ent d’indignation. Une conséquence de la liberté accordée a la presse fut F apparition de quantité de pamphlets injurieux pour Caroline-M athilde. Lorsque celle-ci mit au monde, en juillet 1771, une fille, personne n e ’ douta que Struensée ne fut le pére de cette enfant. Des priéres d aetions de gråce ayant été récitées dans les églises de Copenhague a l ’occasion de l ’heureuse délivrance de Sa Majesté, tous les fideles quitté- rent le sanetuaire2.

Avec une insouciance extréme, les deux emballés couraient a leur perte. La reine ne s’émouvait pas de Limpopularité qui l’atteignait. Un jour, elle tint a ses femmes ce propos : « Je sais ce qui se dit sur moi, mais cela ne me touche pas, car il n ’y a pas de crime a étre infidéle a son m ari, lorsqu’on a été contråinte de Fépouser. » Elle ne voyait pas venir l ’orage. La sympatbie de la nation allait m aintenant au roi. Le b ru it se répandait que la démence de C hristian YII n ’était pas réelle, que c’était un mensonge inventé par Struensée. Certaines choses qui se passaient au palais royal transpiraient dans le public.

On savait de quel ton irrévérencieux parlaient au souverain le

1. (( On Yoyait å Copenhague des gens qui couraient de coté et d’autre pour faire traduire leurs suppliques en allemand ». — Allen, Histoire de Danemprk,

2. Suhm, Mémoires secrets sar le regne de Christian VIL

i er Novembre 1898. i 5

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tout-puissant m inistre et son ami Enevold Brandt. Chargé de tenir compagnie a Christian VII, B randt se perm it plus d ’une fois de le traiter en écolier q u ’on reprim ande. Un jour, il alla trop loin : fatigué de ses fonetions d ’amuseur. du roi, il s’enferma avec lui et le battit ju sq u ’a ce que sa victime criåt gråce. C ’était plus que n ’enpouvaient supporter les flegmatiques Danois. Ils se sentaient blessés dans la personne du souve- rain. L ’im agination populaire surexcitée attribuait a Struensée les plus noirs desseins : il faisait absorber au roi de fortes doses d ’opium pour håter sa m ort; il projetait également de faire m ourir le prince royal, aprés quoi il épouserait la reine et accaparerait le pouvoir.

A la Cour o n s ’était, en apparence du moins, accoutumé a

1’autorite de Struensée. Mais un gouvernem ent qui se m o n - trait fort avare d insignes et de titres honorifiques et donnait aux bourgeois la préférence sur les nobles dans la nom ination aux emplois, ne pouvait m anquer de s’attirer la haine de la classe autrefois privilégiée. Le comte Ranzau—Ascheberg, naguére un des protecteurs de Struensée, devenu son ennemi, s’entendit avec le général Eicbstaedt, le colonel Koiler, ]e commissaire pour la guerre Beringskjold et le seerétaire de cabinet du prince héréditaire S dans le but de renverser le prem ier m inistre et de s’emparer de sa personne. Les craintes populaires, habilem ent exploitées, donnerent naissance a la fable d ’un complot con tre la vie du roi, complot tram é par Struensée et la reine. P a r ce moyen, Juliane-M arie et son fils furent gagnés a la cause des mécontents. Une liste des auteurs de la prétendue m achination fut présentée a Christian VII et déterm ina fo rd re d ’arrestation.

Struensée, pressentant le danger, faisait en secret des p ré - paratifs pour sa fuite a l ’étranger. En méme temps, il cher- chait a se m aintenir par la force en entourant le palais royal de postes nom breux et en augm entant le nom bre des canons sur les rem parts de Copenhague. Vaines précautions : dans la nuit du 17 janvier 1772, aprés un bal masqué, le palais futinvesti par les gardes du corps. Deux des conjurés arrétérent Struensée et B randt dans leur chambre. Le comte Ranzau i.

i . Le prince héréditaire était fils de Frédéric Y et de Juliane-Marie.

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pénétra dans la cham bre de la reine et, malgré ses protesta- tions, la fit m onter en voiture avec la jeune princesse q u ’elle nourrissait. Elle fut conduite å Elseneur; une escorte de dra­

gons accompagnait sa voiture. Dans la soirée, Copenhague était illum iné. Une servante dit a la reine prisonniére que le peuple exprimait ainsi la joie q u ’il éprouvait de sa chute l .

Aux touristes qui visitent le chåteau d ’Elseneur, on m ontre l’étroite chambre ou Caroline-M atbilde attendit pendant pres de trois mois le resultat du proces et d ’ou elle pouvait co n - templer le rivage de la Suéde et les eaux grises du Sund, tristes sous le ciel d ’biver, Dans cette solitude, dans ce m orne abandon, elle n ’eut qu’une pensée : le sort de Struensée. Ce nom lui venait sans cesse aux lévres dans ses entretiens avec ses femmes de cham bre. cc Elle a parlé de lui avec une insis- tance qui m ontre que sa mémoire est encore chargée d ’un tendre souvenir de ce comte. » Ainsi s’exprima dans sa p la i- doirie l ’avocat du roi. Son défenseur raconte q u ’elle ne pou­

vait prononcer sans pieurer le nom de son am ant. Et lorsque Struensée eut låchem ent avoué leur liaison, en accompagnant ses aveux de révélations cyniques, elle ne laissa échapper aucune plainte, et elle dit a Uldall cette parole touchante :

« Dites-lui que je ne lui en veux pas de ses torts envers moi. ». La perte de sa couronne n ’arrache pas a cette pos- sédée d ’am our un m ot de regret. (( Je m ’endoutais, dit—elle ; mais q u ’advient-il de Struensée P .» Et quand on lui annonga la peine terrible prononcée contre le favori déchu, elle éclata en sanglots1 2.

Combien pitoyable parait, au contraire, lh o m m e qui voulut s’abriter derriére elle aprés lui avoir si longtemps dicté ses volontés et s’étre servi d elle pour contenter son a m b itio n !

1. Reverdil, Struensée et la Cour de Copenhague.

2. L’acte d’accusation reproche å Struensée : l’adultere avec la reine, la com- plicité dans les mauvais traitements que Brandt avait infligés au roi, sa dureté envers le prince royal, une autorite sans bornes, la suppression des gardes, le péculat avec faux,la vente d’un bouquet de diamants appartenant å la reine, un ordre d’apporter directement chez lui, Struensée, les lettres adressées au roi, des mesures milibaires prises å Copenhague. En tout neuf points. La sentence portait que Struensée et Brandt seraient décapités aprés avoir eu la main tranchée de leur vivant, que leurs cadavres seraient écartelés et leur tete plantée au bout d’une pique. Le jugement fut exécuté le 28 avril 1772.

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+

Elle, qui avait pardonné royalem ent, qui avait fait le sacrifice de son rang, de sa dignité, elle alla ju sq u ’a im m oler sa fierté de femme. Se souvenant-qu’elle avait été reine, elle te n ti de couvrir le misérable d ’une protection désormais impuissante, en s’accusant de l ’avoir séduit et en signant un aveu de sa faute.

« Je reconnus cliez elle Lamour tendre et dévoué, chez lui la sensualité satisfaite », dit lav o c at Uldall. P o u rtan t le triste Struensée sut m ourir avec courage. Daris sa prison, il édifia l évéque Munster par son repentir et sa docilité1.

« Une m ort prochaine est un grand apotre », a-t-on dit au sujet de la conversion de Struensée. Caroline-M athilde n ’attendit pas l ’approche de la m o rt pour rechercher les consolations religieuses. A Celle, dans le Hanovre, ou elle fut eonduite aprés le jugem ent qui annulait son mariage, elle vécut dans une retraite austére.

Lorsque C hristian VII, aprés la catastrophe du 17 janvier, se m ontra dans les rues de Copenhague, la population salua avec enthousiasm e la påle, vieillotte et trem blante figure de souverain, enfouie tout au fond du carrosse. On était heu- rcux d ’étre débarrassé des cc tral tres », et personne ne songeait a plaindre l ’exilée. Des années plus tard, quand la démence du ro i eut lassé la nation, un revirem ent se fit dans les esprits.

Des doutes furent émis sur la culpabilité de Caroline-M athilde.

O11 paria de piéces fausses produites au cours du p ro ce s; on représenla l ’infortunée reine comme la victime innocente d ’in- trigues ourdies par ses ennemis. Sa m ort, survenue quatre ans aprés son bannissem ent, entoura sa mémoire de la sym - patbie émue facilement accordée a ceux qui m eurent enpleine jeunesse. La legende de son innocence n ’a pu tenir long—

temps, mais la haine s est tue sur sa tombe. A ujourd’hui la pitié seule subsiste.

M A R T I N E R. R E M U S A T

i. La relation de Munster a été traduite en frangais par madame de la Fite:

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UAdministrateur-Gérant : L o u i s S C H O U E

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