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FORMULES GÉNIQUES POUR LA COULEUR DE LA TOISON DU MÉRINOS A VIANDE ALLEMAND
ET DU MOUTON AKARAMAN DE TURQUIE
J.-J. Lauvergne
To cite this version:
J.-J. Lauvergne. FORMULES GÉNIQUES POUR LA COULEUR DE LA TOISON DU MÉRINOS
A VIANDE ALLEMAND ET DU MOUTON AKARAMAN DE TURQUIE. Annales de génétique et
de sélection animale, INRA Editions, 1976, 8 (2), pp.141-151. �hal-00892719�
FORMULES GÉNIQUES POUR LA COULEUR DE LA TOISON DU MÉRINOS A VIANDE ALLEMAND
ET DU MOUTON AKARAMAN DE TURQUIE
J.-J.
LAUVERGNEDépartement
deGénétique animale,
Centre national de Recherches
zootechniques
I. l1’. R.A.,
78350Jouy
enJosas, (France)
RÉSUMÉ
L’analyse
de données de croisements entre Mérinos à viande allemand(Merino fleischsclaaf)
et Akaraman blanc de
Turquie
recueillies par DüzcüNES et al.(Z.
Tierz.Züchtungsbiol., i 9 6o, i4, 36-4!),
a étéreprise
à la lumière de connaissances récemmentacquises
en matière degénétique
de la coloration du mouton. On pense
pouvoir préciser
la formule de ces deux races vis-à-vis de 4loci de coloration :
Agouti (A),
Extension(E),
Panachure S(S),
Panachure L(L).
- Au locus
Agouti (A)
on ne trouverait dans les deux racesqu’un
allèle :!"’*, qui
donne lerouge en
présence
de l’allèle normal E+au locus d’Extension.- Au locus Extension
(E)
on trouverait chez l’Akaraman soit l’allèle normalE + déjà cité,
soit l’allèle Ed dominant
qui est,
en mêmetemps, épistatique
sur le rouge au locusAgouti
etqui
donne du noir. Le Mérinos serait
homozygote
pour E+.La
fréquence
de E+ dans la race Akaraman blanche aurait atteint une valeurd’équilibre
d’environ
o,i8g,
cequi correspond
à 3,4 p. 100de brebis taché rouge pour9 6,6
p. 100de brebis taché noir.- Au locus S de Panachure
S,
ontrouverait,
chez leMérinos,
l’allèle Sbqui,
sur fond rouge, seraitresponsable
de la couleur blanche de cette race. L’Akaramanporterait
l’allèle non muté S+.- Au nouveau locus L de Panachure L on
trouverait,
en race Akaramanblanche,
l’allèle mutéauquel
nous avonsdonné, provisoirement,
lesymbole
Ldk(ak
pourAkaraman).
Cet allèleserait
responsable
de ladépigmentation quasi
totale de la race, àl’exception
de tachescentrifuges
sur la tête et les
pattes.
Legène
Lak semble secomporter
au moinspartiellement
comme undominant et son
expressivité,
comme celle deS b ,
seraitsusceptible
d’être modifiée par sélection.Avec la
différence, toutefois,
que ladépigmentation
nepeut jamais
être totale et que le dessin coloré subsistant est lemême,
que la mélanine soit rouge ou noire.Dans ces conditions la formule du Mérinos à viande allemand
pourrait
s’écrire :Elle serait
analogue
à celle du Bervichon du Cher.La formule de l’Akaraman blanc taché de rouge serait alors :
Celle de l’Akaraman blanc taché de noir :
ou
Pour l’Akaraman rouge on
peut
proposer la formulequi
estégalement
celle duSolognot français.
Le
gène
depanachure
blanche Lak semble aussi caractériser d’autres races ovines dans le bassin méditerranéen. Ilpourrait
avoirjoué,
dans cesrégions,
un rôleanalogue
à celui de Sben
Europe
occidentale pour l’obtention de toisons blanches ouquasiment
blanches. Cedésir,
sans doute
déjà
assezancien,
d’avoir des laines blanchesrépond
à un besointechnologique,
ilsemble avoir eu pour résultat de réduire une variabilité
génétique qui
a pu, comme entémoignent
certaines
populations reliques,
êtrejadis beaucoup plus importante
chez le mouton.INTRODUCTION
Des croisements entre le Mérinos à viande allemand et le mouton Akaraman blanc ont été entrepris
enTurquie dès ig 3 q., pour améliorer la production de laine et
la vitesse de croissance des agneaux.
A partir de données recueillies dans des fermes expérimentales de la province
de Konya,
enAnatolie centrale, DÜZGÜNES et al. (ig6o) ont présenté, il y
a unequinzaine d’années,
unepremière étude du déterminisme héréditaire de la couleur de la toison. Ce sujet
aété repris depuis par T OGAY (ig6 5 ).
A l’aide des connaissances récemment acquises
surla coloration du mouton
(A D AI,STE IN SSO N
, ig 7 o ; 1 / AuvERGNE, ig 75 ) il semble possible de pousser
unpeu plus
loin
cetteanalyse génétique. C’est le but du présent article.
MATERIEL ET METHODES
A. - Les races en
présence
Les données que nous nous proposons d’examiner sont celles que DÜZGÜNEs et al.
( 19 6 0 )
ont rassemblées. Il
s’agit
essentiellement de croisements depremière génération
:Mérinos x Aka-rnman blanc et de back cross sur le Mérinos.
Le Mérinos à viande allemand
(all. :
Merinofleischschaf, angl. :
Geymaw MuttonMerino,
GermanMevino,
GermanPrecoce,
MeyinoMutton)
tire sonorigine
du Mérinos Précoceimporté
de France en
Allemagne
àpartir
de rgo4(M ASON , ig6 9 ).
Il est de couleur blanc uniforme.La race Akaraman est la
principale
race ovine utilisée enTurquie (6 0
p. 100 del’effectif) (BILG
EMRE
,
1950;M A S ON , r 9 6 7 ).
C’est une race autochtone à queue grasse utilisée pour laviande,
le lait et la laine. Ondistingue
deux variétés : la variété blanche et la variété rouge.Les brebis Akaraman blanches ne sont pas en réalité entièrement blanches. Elles conservent, sur les
pattes
et sur latête,
des taches depigment mélanique qui permettent
de les classer en deuxcatégories :
taché noir ou taché rouge(cf. M ASON , 19 6 7 ) (fig.
1a).
B. - Les
hypothèses
dedépart
i. La
formule
colorée du Mérinos.On va supposer
qu’elle
estidentique
à celle du Berrichon duCher,
que nous avons récemment donnée(L AUV ERGNE, i9!g) :
&dquo;A whA whE+E+S6Sb
C’est-à-dire que le blanc de cette race résulterait de l’interaction du facteur de
panachure
blanche Sb à l’état
homozygote.
Cefacteur,
enprésence
de la combinaisongénique
pour le rouge(A w
x
au locusAgouti
et E+E+au locusd’Extension)
donne du blanc total. Cela ne serait pas le cas si le fondpigmentaire
était noir.La raison
qui
nous incite àadopter
pour le Mérinos allemand la même formule que pour le Berrichon est que ce derniercompte parmi
ses ancêtres selonQ UITTET ( 19 6 5 )
les mêmes Mérinosespagnols importés
en France au xvme sièclequi
ont donné les souches de Mérinosprécoce,
bases du Mérinos à viande allemand comme nous venons de le voir
plus
haut.2
. La
formule
colorée de l’Akaraman blanc.La variété Akaraman blanche taché rouge
porte probablement
tout d’abord comme leMérinos, .f 4 ’&dquo;’’,
au locusAgouti
et E+au locus d’Extension. C’est la seule combinaison factorielleconnue pour le rouge chez le mouton
(A DALSTEINS S ON ,
19!0 ;L AUVERGNE , 1975 ).
Comme nousl’avons vu
plus
haut lapanachure
blanche n’est toutefoisjamais
totale cequi
nous incite àécarter de la formule raciale la
présence
du mutant Sbqui, lui,
aurait forcément donné au moinsquelques
individus tout blanc.L’hypothèse
laplus simple
est alors dupostuler
chez l’Akaraman laprésence
d’un mutant depanachure
à un autre locus que S. Nous proposons lesymbole
Laxpour ce mutant. La formule de l’Akaraman taché rougepourrait
alors s’écrire :L’Akaraman blanc taché noir
peut tirer, quant
àlui,
sa couleur noire soit de la formule Ed(quels
que soient les allèlesprésents
au locusAgouti),
onparle
alors de noirdominant,
soit de la formule E+E+aa(noir
ditrécessif),
cf. LAUVERGNE( 1975 ).
Dans le cas
qui
nous intéresse il semble que l’on ait affaire au noir detype
dominant. Les croi- sements Akararnan taché noir par Mérinos donnent en effet unemajorité
denoirs,
cequi ne
seraitpas le cas s’ils
portaient
le noir récessif.La formule
proposée
de la variété taché noirpourrait
donc s’écrire :AwhAwhEdEd (ou EdE+)
LakLakC. -- Les
ségrégations
attendues avec leshypothè.ses proposées
r. En
F I .
a) F,
Mérinos x Akaraman taclaé rouge.Elle aurait pour formule !4&dquo;’’’!4&dquo;&dquo;E+JE+!’’S+!.’’!Z.+. C’est-à-dire que la couleur
pigmentaire
serait le rouge et que l’on observerait des dessins blancs
produits
par l’actionconjuguée
des deuxmutants de
panachure
à l’étathétérozygote
en S : SbS+ et en L : LakL+.b) F I
Mérinos X Akaraman taché noir.La formule serait sait AwhAwhE+E+SbS+LaxL+
(les
animaux seraient alorspie
rouge, commenous venons de le
voir)
soitA w’ nAwhEdE+Sb S +LaxL+,
cequi
donnerait des animauxpie
noiravec un dessin blanc sans doute différent de celui que l’on observe sur les
F, pie
rouge car l’on sait que S6 n’a pas le mêmecomportement
sur fond noir(donnant
le dessinpoint
blanc : liste entête,
extrémité despattes
et de la queueblanches)
que sur fond rouge(panachure irrégulière
et, le caséchéant,
blanctotal).
La
proportion
desF, pie
rouge et desF, pie
noir dans ce croisementdépendrait
de la fré-quence
q du gène
E+ dans lapopulation
Akaraman blanche.2
. E!a croisements de retour.
a)
Les back cross Mérinos XF I
taché rouge.On remarque
qu’il n’y
aurait que deux loci enségrégation :
les deux loci depanachure
S et L.L’existence de 50 p. 100de SbSbdevrait
correspondre
à au moins une moitié d’animaux tout blancs le reste étant taché rouge.Mais,
comme on l’a vu dans les back cross Berrichon X(Berrichon
X So-lognot)
LAUVERGNE( 19 6 9 ),
il estpossible
que certainshétérozygotes
SbS+ soientdéjà
toutblancs,
surtout que l’action de Lax à l’étathétérozygote peut augmenter
la surfacedépigmentée.
Dansun
premier temps
toutefois se contentera de tester larépartition
i : i entre les blancs et lespie
rouge.
b)
Les back cross MérinosX F I
taché noir.Il y aurait cette fois trois loci en
ségrégation : E,
S et L. Lesproportions
attendues dans le back cross sont données dans le tableau 1.Dans ce tableau on a
également
mentionné les colorations quepourraient prendre
les diffé-rents
génotypes
attendus en se basant sur les connaissancesdéjà acquises :
la formule SbSb donne du tout blanc sur fond rouge et le dessinpoints
blancs sur fondnoir ;
la formule SbS+ donne unepanachure irrégulière
sur fond rouge et le dessinpoint
blanc sur fondnoir,
avec unepénétrance qui peut
être de l’ordre de 50 p. 100, LAUVERGNE(i9!5).
Il y aurait aussi unpossible comporte-
ment
dominant,
au moinspartiel, déjà
ci-avantévoqué,
dugène L a x , qui pourrait,
en outre,interréagir
avec Sb pour donner un dessin blanc différent de lasimple juxtaposition
des deuxdessins. En.
simplifiant quelque
peu, car les animauxpie
ne sont pas décrits avec unegrande précision
dans l’article des auteursturcs,
onpeut
tester lesproportions
i ; 1 ; 2pour,respective-
ment : les
blancs,
lespie
rouge et les noirsregroupés
avec lespie
noir.D. - L’estimation de la
fréquence q de
E+ chez l’AkaramanAu cas où les
hypothèses
mendéliennes ci-avantproposées
seraientacceptables
onpeut
estimerq la
fréquence
de E+ de deuxfaçons :
- à
partir
desproportions
des femelles taché rouge et taché noir dans lapopulation
Aka-raman.
- à
partir
desproportions
des agneaux taché rouge et taché noir dans le croisement Méri-nos X Akaraman taché noir.
r. Estimation de q à
partir
de lapopulation
des brebis.En fait on ne connaît pas les effectifs des brebis elles-mêmes mais ceux des agneaux
qu’elles
ont
donnés,
cequi peut
ysuppléer,
ensupposant
que la fécondité est la même chez les femelles taché rouge et chez les femelles taché noir. Soit mi le nombre des agneaux nés de mères taché rouge et n2le nombre des agneaux des mères taché noir. Ensupposant
lapanmixie
etl’équilibre
de lafréquence génique réalisés,
lafréquence
des brebis rouges estq 2 ,
dont l’estimation par le maximum de vraisemblance estni n i +
n2
On en tire pour q l’estimationq’
-./—!——
dont lanI
+ Y+2
! ’< !’ Y+1 + Y+2 variance,
obtenue par des formulesasymptotiques
estC; 2 4( nI 1 + n . ) .
.2
. Estimation de q à
partir de la fréquence
des agneaux dans le croisement Mérinos X rlkaraman taché noiv.Dans les
hypothèses
depanmixie
etd’équilibre
de lafréquence génique
réalisée lafréquence
du
gène
E+ dans la fraction de lapopulation
femelle taché noir estI t q q.
i + q
Cette valeur est
également
lafréquence
des agneaux rouges que l’on doit observer dans le croisement Mérinos X Akavaman tachénoir,
les Mérinos étant E+E+.Si n3 est le nombre
d’agneaux
rougesobservés,
n4 étant celui des agneauxnoirs,
l’estimation deq
par le maximum de vraisemblance estns
d’où l’ontire,
pour q, l’estimation
q&dquo; = !
dont1
-I-
q n4 n,xla
variance,
obtenue en utilisant des formulesasymptotiques, est a2 ’n,(’Z3
3
n4
â n4) .
RÉSULTATS
A.
-La mise à 1’éPreuve de
noshypothèses à partir des données turques
Dans le tableau
2sont présentées les données rassemblées par DÜ ZG Ü NES et al.
( 19 6 0
)
enmême temps que les valeurs calculées dans
noshypothèses. L’ajustement
y est testé par le xs.
B.
-L’estinaation de la fréquence q de E +
Les tests statistiques du tableau
2 necontredisent pas les hypothèses présentées
en ce
qui
concernele locus E. On peut donc estimer q avec les deux manières propo- sées ci-avant.
Les valeurs de
n1 na n3et
n4tirées du tableau
2sont respectivement 8, 207 , 31 et 17 6 (en regroupant les blancs
avecles taché rouge)
on aalors les deux estimées deq:
- q’
=o,i 93 , à partir de la fréquence des brebis taché rouge dans la population,
avec aq· =
0,034.
-
q&dquo;
=0 , 17 6, à partir de la fréquence des agneaux taché rouge dans le F i
1Mérinos
XAkaraman taché noir
avec aQ·· =0 , 037 .
DISCUSSION
A.
-Les mutants
auxloci A, E et S
I,es hypothèses de départ concernant les trois loci A, E et S sont à peu près véri-
fiées (tabl. a). On remarque que l’expressivité de S b à l’état hétérozygote est limitée à
la panachure (pas de blanc total) mais
nousavions envisagé la possibilité de
ce com-portement qui s’expliquerait par l’absence, chez l’Akaraman, des modificateurs pour
développer l’extension de la dépigmentation causée par S b . B.
-L’existence du gène Lax
En fait, à l’extrême limite,
onpourrait considérer que
cegène n’existe pas et que la dépigmentation chez l’Akaraman serait due à l’action de plusieurs gènes modifi-
cateurs capables de faire varier l’expressivité de S 6 , qui serait à l’état homozygote
dans les
2 races.Les auteurs turcs n’ont-ils pas,
eneffet, trouvé
unecorrélation significative parent/enfant pour l’extension du blanc (DÛ ZG Ü NES et al., 19 6 0 , tabl. 5).
Par ailleurs,
unauteur
commeADAI,ST!INSSON ( 197 o)
apu
montrerqu’en
raceIslandaise,
surdes animaux S b S b la sélection pouvait permettre d’obtenir le type de panachure blanche que l’on voulait. Donc,
ap y iori, il
neserait pas impossible d’ob-
tenir de
cettemanière le dessin centrifuge typique de l’Aka y aman (fig.
i,a).
Un certain nombre de raisons plaident cependant
enfaveur de l’hypothèse qui
fait intervenir La k :
-
Tout d’abord
onvoit mal comment, dans les conditions ancestrales de la sélection
enTurquie,
onait voulu et pu sélectionner si précisément
untel dessin
centrifuge alors que, manifestement,
ons’efforçait d’obtenir des animaux le plus
blanc possible. Si le gène S b avait existé
enprésence du gène pour le rouge qui, lui, existe, il est probable qu’on aurait abouti à
unanimal
toutblanc.
-
On voit mal
en outrepourquoi le gène S b dont le comportement est si différent selon le fond pigmenté
enEurope occidentale aurait,
enTurquie, acquis
uncompor- tement identique
enprésence du noir
etdu rouge.
-
Enfin, toujours
enrestant dans l’hypothèse où le dessin de l’Akaraman
estdû à la présence de S 6 conjuguée
avecl’action de modificateurs
commentexpliquer
que, dans
toutle bassin méditerranéen, il existe
unesérie de
racesprésentant,
surfond rouge
ounoir, le même dessin que l’Akaraman. En
sebornant à
recenserles illustrations données par Mnsorr ( 19 6 7 ) et
en ne retenantque les
racesdont le dessin est bien
net(excluant
enparticulier les dessins pointillés)
onnote
eneffet : la
raceCaussena y
de du Lot
enFrance, la
raceSavoyarde
enItalie, la
raceChurro
auPortugal
et en
Espagne, les
racesSjenica
etSvrljig, Privor, Dub et Lika
enYougoslavie, Sko- pelos, Kimi, Chios, Kivircik, Ka y ayaka
enGrèce, Daglic
enTurquie ainsi que la
race
Cy!yiote.
Il faudrait donc admettre dans cette hypothèse de sélection quantitative qu’en
divers lieux
etdiverses époques des éleveurs
sansguère de
contactentre
eux, avecdes
possibilités de sélection limitées,
sesoient néanmoins attachés à obtenir
uneexpressi-
vité identique
enpartant d’un gène qui, entre les mains d’autres éleveurs donnait
avecla même constance
undessin différent ; soit du
toutblanc (sur fond rouge) soit du noir
à points blancs. Une telle accumulation de faits
a uneprobabilité très faible de
s’être réalisée et incite à repousser l’hypothèse de gènes modificateurs agissant
surl’expressivité de S b pour retenir
commeplus probable,
aumoins provisoirement,
celle de L Q k.
C.
-Le comportement du gène La k
Les figures
i et 2de DüzGü NEs et al. (ig6o) permettent de distinguer trois types de dessins blancs
surfond noir :
Type
i.Le phénotype Akaraman (cf. fig.
2des
auteurs turcs etnotre figure
ia).
Type
2.Un phénotype combiné rappelant l’Aka y aman par les dessins
surla tête et les pattes mais
avecdes taches
surle corps (cf. fig.
ides auteurs turcs et notre
figure
ib.)
Type 3 . Un phénotype qui rappelle le noir à point blanc du Bixet (cf. semble-t-il
quelques individus de la figure
2des auteurs
turcset notre figure
ic).
En admettant que La k
estdominant
avec uneexpressivité plus variable et moins
de blanc chez l’hétérozygote que chez l’homozygote les types
i et3 correspondraient
aux
génotypes La k L + sur fond noir que
nousrencontrons
enF i et back-cross sur le noir (cf. tabl. i) alors que le type 3 correspondrait
auxgénotypes S b S 6 L + L +
ouSbS b L + L
+ toujours
surfond noir.
D.
-Les interprétations des auteurs
turcsDüzGÜrrES et al. (ig6o) postulaient que l’Akaraman blanc taché noir possédait à
la fois
unfacteur pour le rouge (B)
et unautre, (A ) qui était épistatique
surB. C’est-
à-dire qu’ils avaient pressenti le rôle de
2loci pour le contrôle de la pigmentation.
Toutefois, leur interprétation s’écarte de la nôtre quand ils considèrent que les ani-
maux
blancs (Mérinos
oucroisés)
neportent ni le facteur A, ni le facteur B, mais des allèles récessifs
aet b. C’est-à-dire qu’ils rangent dans les mêmes séries alléliques
des gènes contrôlant la pigmentation proprement dite
etd’autres contrôlant la
panachure blanche.
Or, d’après
ceque l’on sait des gènes de couleur des Mammifères (S EARLE , 19 68)
les loci qui contrôlent l’élaboration du pigment
commeAgouti
oumême Extension
ne
contrôlent pas
enmême temps
undessin blanc donné. Ces plages blanches typiques
dans le pelage résultent
eneffet de l’absence de tout pigment mélanique (Fox et
V EVERS
, ig6o). Elles sont déterminées par des allèles qui ont
uneaction purement négative et bien localisée
surla genèse du pigment et
sadistribution
enaltérant la
migration du mélanocyte
et soncomportement,
enperturbant le fonctionnement d’un enzyme etc...
L’interprétation donnée plus récemment par T OGAY ( 19 6 5 ) fait intervenir des mutants à 4 loci différents. Elle
ne noussemble pas marquer de progrès notables par rapport à celle de DÜ ZG Ü NES et al. ( 19 6 0 ). Toutefois
enl’absence d’une traduction in extenso du texte turc,
nousn’avions à notre disposition pour comprendre cet
auteur qu’un résumé
assezcourt
enanglais.
Le regroupement allélique abusif si souvent fait à propos de la coloration du
mouton estdû,
comme nouspensons l’avoir montré,
aucomportement très particulier
du
mutantde panachure S b (cf. I,auv!xGrr!E, ig 75 ).
E.
-La fréquence de E + à l’équilibre
Les deux estimées, q’
=0 , 193 :1: 0 , 0 68 et q&dquo;
=o,y6 ! 0 , 074 , de g ne
sontpas
significativement différentes. On peut penser que les hypothèses de panmixie
etd’équi-
libre génique réalisé
sontacceptables. Comme les variances de
cesdeux estimateurs
sontquasi égales
onpeut prendre
commemeilleur estimateur de la fréquence de E +
en
race Akaraman leur moyenne arithmétique qui
estici q = o,18 45 .
Il
resteà préciser les forces sélectives qui causent cet équilibre. On
a vuré-
cemment que E + E d n’avait pas d’avantage sélectif
surE + E + ,
aumoins
en cequi
concerne
la fertilité des femelles (L AUVERGNE , ig 7 6). Toutefois,
enmatière de colo- ration le jeu de la préférence de certains éleveurs pour le taché noir
oule taché rouge peut très bien suffire pour
assurerl’équilibre (cf., par exemple, l’influence de l’homme
sur
la fréquence des gènes de coloration du pelage du chat domestique, Cr,ARx, zg 75 ).
F.
-La variabilité des mutants colorés
enTurquie
On
serappelle que la
raceAka y aman
avec sesdeux variétés : blanches (taché
noir
ourouge)
etrouge
ouviolette (qui est simplement probablement de génotype
!q w &dquo;!q w h E + E + S + S + L + L +,
comme enFrance le Solognot) constitue 6o p.
ioodu cheptel
ovin turc. Les
autres racesautochtones par ailleurs
nesemblent pas présenter de phénotypes colorés fort différents de
ceuxobservables chez l’Akaramara (B ILGEMRE ,
1950
, M ASON , 19 6 7 ). On
estalors frappé du petit nombre de gènes de coloration décelables dans
unpays d’élevage à dominante ovine (6 0 millions de têtes), dont le
territoire empiète largement
surla
zoneconsidérée
commele berceau de la ’ domes- tication du
mouton(I SAAC , 1970 )
etoù, par conséquent, les
mutantsauraient dû s’accumuler depuis des millénaires.
On trouverait ainsi dans la population autochtone de Turquie seuls deux loci ségrégant
avecdeux allèles chacun (E d /E +
etL + /La x ).
Toutefois, à la réflexion, il n’y
apas lieu d’être tellement étonné
car cettesituation
se
retrouve dans d’autres pays où l’élevage ovin joue,
ou ajoué
unrôle important.
Ainsi,
enFrance continentale,
on ne trouveque des
moutonsblancs (en proportion écrasante), des moutons blancs à tête tachetée de rouge
etde noir
etquelques
racesnoires
ourouges (Q UI TTET, zg65).
L’existence de certaines populations bien plus variées quant à leur coloration et que l’on s’accorde d’ailleurs à considérer,
aumoins
souscet aspect,
commedes reliques (les
racesIslandaise, Corse, certaines
racesde Scandinavie
etd’!cosse, (I,nuv!xc!r! et A DALST E INS S ON , 197 6) laisse à penser que cette situation peut être
en
Europe occidentale, secondaire. Elle résulterait d’une sélection pour obtenir des toisons le moins pigmenté possible, à
causedes exigences de la teinture.
En Turquie,
onnote également la forte prédominance des phénotypes quasiment
blancs : l’Aka y aman rouge, seule
racepigmentée notable,
neregroupe que
10p.
100du cheptel (M A soN, Z g6 7 ). Il est probable que les mêmes raisons technologiques qu’en Europe occidentale ont joué pour aboutir à la réduction de la variabilité génique
cons-tatée
enTurquie.
CONCLUSION
I,a couleur du Mérinos à viande allemand semble résulter de la même combi- naison génique que celle du Be yy ichon du Cher cependant que l’étude de l’Akaraman blanc révèle l’existence probable d’un autre mutant de panachure blanche, provisoi-
rement nommé La k . Ce mutant, qui paraît avoir
unecertaine extension dans le
bassin méditerranéen oriental, pourrait avoir, dans cette zone-là, joué le même rôle que le gène S b
enEurope occidentale pour l’obtention de toisons blanches
ouquasi-
ment
blanches.
Reçu pour publication
en mai 1976.REMERCIEMENTS
Une mention
spéciale
aux auteurs turcs DÜZGÜNEs et al. dont nousempruntons
les donnéesdoit être tout d’abord faite.
Nous voudrions remercier aussi tout
particulièrement
le Dr S. ADALSTEINSSON(Institut
deRecherches
Agronomiques, Rejkjavik, Islande) qui
a relu avec soin le manuscrit etsuggéré
de fortutiles remaniements et le
professeur
G. LEFORT(chaire
deMathématique
I.N.A.Paris-Grignon)
dont les remarques ont été
précieuses
pour la discussionstatistique.
SUMMARY
.
GENIC FORMULAS FOR FLEECE COLOR OF GERMAN MUTTON MERINO AND TURKISH KARAMAN SHEEP
Analysis
of data on crosses between German mutton merino(Merino fleisehsehaf)
andTurkish White Kayaman
gathered by
DÜZGÜNESet al.(Z.
Tierz.Zuchtungsbiol., 19 60, 74, 3 6- 47 )
isreviewed in the
light
of recentknowledge
in the field ofgenetics
oncoloring
ofsheep.
The formulaof these two breeds as related
to 4 coloring
loci :Agouti (A),
Extension(E),
Piebaldness S(S),
Piebaldness L
(L)
seems to be determined as :-
Only
one allele(A wn )
is found atAgouti
locus in bothbreeds ;
itgives
red in the presence of normal allele E+ at the Extension locus.- Either the normal allele E+
already
mentioned or the dominant allele Ed is found at locus Extension(E)
in the Karaman. The latter allele isepistatic
on the red atAgouti
locus andgives
black. The Merino would behomozygous
for E+.E
+
frequency
in the White Akaraman breed would reach anequilibrium
value of abouto.i8 5
;
thiscorresponds
to 3.4 p. ioo of redspotted sheep
for9 6.6
p. 100of blackspotted sheep.
- Allele Sb is found at locus S of Piebaldness S in the Merino. On red
ground
this allele could cause the white color of the breed. The Akayamanwould
carry the non-mutated allele S+.- At the new locus L of Piebaldness L of the White Akaraman breed is found a mutated allele which we
provisionally represent by
thesymbol
Lak(ak
forAkaraman,
the turkish name of thebreed).
This allele would cause almostcomplete depigmentation, except
forcentrifugal spots
on the head andlegs.
The Lakgene
seems to bepartially
dominant on L+ and itsexpression,
as that of
S b ,
could bechanged by
selection.However, contrary
toSti,
thedepigmentation
itgives
can never be total and the colorpattern,
isalways
the same, whether red or black melanin.In these conditions the formula of the German mutton Merino can be written :
It is
analogous
to that of the Berrichon du Cher.The formula of the red
spotted
White Karaman would be : That of the blackspotted
White Kavaman :or
The formula :
may be
proposed
for the Red Karaman ; it is also that of the FrenchSologxot.
The white
piebaldness
gene Lak also seems to characterize othersheep
breeds in the Mediter-ranean basin. In these
regions,
it may haveplayed
a roleanalogous
to that of the S6 in westernEurope
in the obtainment of white ornearly
white fleeces. Thispreference
for whitewool, probably
of
long date,
answers atechnological
need. It seems to have reducedgenic variability
which oncewas, as some old
populations
attest, muchgreater
insheep.
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