LE
ROLE
NUTRITIONNEL CHEZ LA VACHE EN LACTATION DESACIDES ACÉTIQUE ET BUTYRIQUE
FORMÉS
AUCOURS DE
L’ENSILAGE(suite) ( 1 )
Z. ZELTER
Laboratoire de Recherches de la chaire de Zootechnie Institut National
Agronomique,
ParisDEUXIFM!
PARTIEMODALITÉS TECHNIQUES ADOPTÉES
POUR NOS RECHERCHES
CHAPITRE 1
MÉTHODES
EXPÉRIMENTALES
APPLICABLES A LA VACHE EN LACTATIONLa réalisation correcte d’une étude de nutrition avec vaches laitières
se heurte à un bon nombre d’obstacles matériels.
La
période
destabulation, pendant laquelle
il estpossible
de mesureravec
précision
lesingesta individuels,
s’échelonne sous nos climats de novembre à avril. La nécessité d’unelongue préparation
dessujets
pourl’expérience,
réduit la durée effective des observations à une centaine dejours
seulement.L’interférence d’un
grand
nombre de facteursexogènes et endogènes
est
susceptible
de masquer les effets de la nutrition étudiée sur les activités mammaires. Pour écarter ces influences, uncheptel
bovinimportant, permettant d’opérer
un choixapproprié
desujets d’expérience,
est indis-pensable.
Actuellement, seules desexploitations privées possèdent
cheznous de tels
effectifs,
que les éleveurs hésitent à exposer aux aléas d’uneexpérience risquant
decompromettre
momentanément laproductivité
des animaux.
( 1
) Voir Annales de Zootechnie, "953, n° i.
A. - Difficultés du choix des
sujets d’expérience
I,’élimination des influences
qu’exercent
l’évolutionphysiologique
de la lactation et la
gestation,
limite le choix des animauxd’expérience
à ceux dont l’activité mammaire aura
dépassé
le maximum au moment où débute l’essai et n’excédera pas son7 e
mois à la fin de celui-ci.L’élimination des interventions dues aux facteurs de race, d’indivi- dualité et d’état de
nutrition,
n’estpossible,
et encore dans une certainemesure
seulement,
que dans destroupeaux
sélectionnés et bien tenus, dont les antécédents dusujet peuvent
être suffisamment connus du cher- cheur pourpermettre
la constitution de groupes d’animauxcomparables.
L’effectif de ces
troupeaux comprend
couramment unequarantaine
de
vaches,
dont unevingtaine
vêlent au moment de l’entrée en stabula- tion. Il n’estguère possible,
dans cesconditions,
dedisposer
pour l’ex-périence
deplus
de 10 à z5sujets
à la fois.B. -
Techniques expérimentales
Le chercheur
qui entreprend
uneexpérience
sur des vaches en lac- tation n’a à sadisposition
que deuxtechniques,
dont aucune n’estexempte
de
critiques.
Celles-ci seprêtent cependant
bien à une étude de nutrition et conduisent à des résultats satisfaisants( 34 , 4 8).
io Technique de « périodes successives »
Un nombre restreint d’animaux ne
permet
pas la constitution de groupescomparables.
Latechnique
de «périodes
successives » mise aupoint
par K!!,!,rr!R et KuxN, est la seulepossible
dans ce cas.La méthode est basée sur le fait que la décroissance de l’activité mam- maire chez la vache ne s’effectue pas par bonds
successifs,
mais revêt nor-malement une allure
régulière
dans unlaps
detemps
relativement court.On
admet,
enconséquence,
que, dans uneexpérience
de brèvedurée,
la chute de lactation est la même, ou tout au moinsparallèle,
au début et à lafin de
celle-ci,
si les conditions d’entretien et de nutrition restent inchan-gées.
La
technique
consiste à soumettre un groupe desujets
à unrégime
alimentaire de
référence, pendant
despériodes
depré
et depost-expé-
rience. Dans l’intervalle de ces deux
périodes,
on intercale une ouplu-
sieurs
périodes expérimentales,
durantlesquelles
lerégime
étudié estsubstitué à celui de référence.
Les mesures des sécrétions mammaires effectuées au cours des
pré
et
post-expériences
servent àcalculer,
au moyen d’unerégression linéaire,
la chute moyenne
journalière
de lactation due à son évolutionphysio-
logique
naturelle. On admet que la décroissance aurait été la même pen- dant lespériodes intercalaires,
si lerégime
alimentaire n’avait pas été modifié entretemps,
et on calcule parintrapolation
lesproductions théoriques
que, dans ce cas, il aurait étépossible
d’observer.L’écart constaté entre les données
théoriques
ainsi calculées et celles réellement observées au cours despériodes expérimentales,
estsupposé
traduire l’effet
produit
parl’emploi
durégime
soumis àl’épreuve.
H
ENKEet Goo
( 2 8)
ontappliqué
cette mtéthode lors de leurs études de l’influence des niveaux variés deprotéines
sur la sécrétion lactée.M
ORRIS
(4 9 )
l’aemployée
dans l’étudecomparée
de la valeurbiologique
des
protéines
alimentaires pour laproduction
laitière.Nous avons eu recours
fréquemment
à cettetechnique,
que nousavons
légèrement
modifiée en effectuant le calcul de la décroissancejour-
nalière de la lactation
d’après
unerégression exponentielle,
et non paslinéaire,
lapremière représentant
d’unefaçon plus précise
la loi de la per-sistance des
sécrétions mammaires chez la vache(q.z).
L ’absence de groupe de contrôle constitue évidemment un des
plus
sérieux
reproches
que l’onpuisse
faire à cettetechnique.
Celle-ciprésente cependant l’avantage
depermettre
l’observation ducomportement
d’unmême animal dans des conditions de nutrition variées.
2
° Techniques de groupes « comparables »
La méthode mise au
point
parFJORD
a été utiliséeen premier
par les stations danoises de recherches.Le
principe
consiste dans la formation d’au moins deux groupes desujets comparables
par la race, le nombre departuritions,
l’état de lac-tation et de
gestation
et par le niveau des sécrétions mammaires. Les observations faites lors d’unepériode
depréexpérience pendant laquelle
tous les
sujets
sont soumis à unrégime
de référencedonné, permettent
la constitution de lotsidentiques
de vaches. Cecifait,
on institue unepériode expérimentale
durantlaquelle
l’un des groupes sert de témoin en restantau
régime
deréférence,
tandis que l’autre subit lerégime expérimental.
Il est
préférable, lorsque
les conditions lepermettent,
d’achever l’essai par unepost-expérience, pendant laquelle
le dernier groupe est remis aurégime
témoin.La
comparaison
des écarts deproduction
observés entre les deuxgroupes de vaches durant la
période d’expérience
avec ceux existant dansla
pré
et lapost-expérience,
sert de critère dejugement
de l’influence exercée par lechangement
derégime.
Cette méthode est
plus précise
que celle depériodes
successives.Son
application implique cependant
la nécessité depouvoir disposer
denombreux animaux pour former des groupes
parfaitement comparables,
ce
qui
n’a pastoujours
été notre cas.Les circonstances - fort variables avec les
troupeaux
surlesquels
il nous a été donné
d’entreprendre
nos recherches - nous ontempêché
de nous tenir à une seule
technique expérimentale
et nous ont amené àadopter
tantôtl’une,
tantôt l’autre des deux méthodes que nous venonsd’exposer.
CHAPITRE II
NORMES ALIMENTAIRES DE LA VACHE
LAITIÈRE
Nous avons vu dans la
première partie
de ce travail quel’épanouis-
sement
complet
des fonctions mammaires se trouve enpartie
seulementsous la
dépendance
de l’hérédité et del’individualité ;
lemilieu,
etplus particulièrement
le niveau denutrition,
exercent sur cetépanouissement
une action
prépondérante.
La
glande
mammaire de la vache se montre, eneffet, singulièrement
sensible aux
apports
deprincipes calorigènes
et deprotides.
I,es carencesminérales et
vitaminiques paraissent
moins affecter l’intensité des sécré- tions mammaires.La mise au
point
d’un niveau de nutrition individuelapte
à favoriserau maximum la
capacité productive
de laglande,
nécessite chez la vacheune
longue période
de tâtonnements,qu’un
recours à des normes alimen-taires
appropriées permet d’abréger.
Pour lenutritionniste,
celles-cireprésentent
un outil de travail conventionnel il estvrai,
mais fort com-mode.
L’établissement
d’un rationnementoptimum
doit néanmoins tenircompte
d’un fait bienprouvé :
chez unsujet
àcycle génital normal,
une alimentation excessive nepeut empêcher
l’involution naturelle et pro-gressive
de l’activité fonctionnelle de la mamelle.Nous nous devons, bien
entendu,
dejustifier
les normes alimentaires que nous avonsappliquées
à nos animauxd’expérience. Etant
donnéleurs fondements
classiques,
nous nous contenterons derappeler
seule-ment les notions les
plus caractéristiques
dont ilsprocèdent.
A. - Normes
énergétiques
Il n’est pas
possible
de discuter ici les théoriesénergétiques
enpré-
sence.
Signalons cependant
que, dans le domaine de la nutrition des ani-maux
domestiques,
lesdivergences portent
essentiellement sur les modes d’évaluation etd’expression
del’énergie
desbesoins,
et desprincipes
nutritifs. Les normes elles-mêmes,
quelle
que soit la théorie surlaquelle
ellessont
basées,
neprésentent
entre elles que des écarts absolusinsignifiants.
1
° Modes d’évaluation de l’énergie disponible préconisés en nutrition animale
On sait
qu’en
nutrition humaine et d’animaux delaboratoire,
la détermination del’énergie physiologiquement
utile desprincipes
calori-gènes digérés,
s’effectue à l’aide des coefficients de conversioncalorifique
de ATwATT!R : 4, 9, 4. Ces coefficients sont
cependant inapplicables
auruminant,
car ils ne tiennent pascompte
despertes
dues à ladigestion
microbienne
qui
est trèsimportante
chez cetteespèce
animale.En
effet,
les processus fermentairesauxquels
sontexposés
dans lerumen les
principes calorigènes ingérés
par lepolygastrique,
donnent lieu à la formation d’une énorme masse gazeusequi
se traduit par uneperte d’énergie
évaluée à 60 calories environ par 100 g deglucides digestibles ingérés ( 3 6, 2 ).
Dans le cas de la vache enlactation,
laperte quotidienne globale d’énergie peut
atteindre 400o calories(ii).
La
plupart
des auteursreconnaissent,
parconséquent,
la nécessitéde déduire de
l’énergie
contenue dans la fractiondigestible
desprincipes nutritifs,
celleperdue
par lejeu
des activitésbactériennes,
afin d’aboutir àl’énergie physiologiquement disponible, appelée
encoreézae y gie
méta-bolisa
ble,
chez le ruminant. Celle-cireprésente,
selon ARMSBy( 2 ),
la sommede
l’énergie
nette et de la chaleur excrétée au cours du processus nutritif(A.
D.S.).
Or, BRODY
(8)
considère que, si chez lecarnivore,
l’actiondynamique spécifique
est dueprincipalement
à la chaleur libérée dans le foie par l’excès d’acidesaminés,
chez lepolygastrique
ladigestion
bactérienne al’inconvénient d’occasionner en outre un « heat increment
» qui
résulte del’ingestion
du repas. I,’animal nepossédant qu’un
très faiblepouvoir
decontrôle sur cette
énergie libérée,
celle-ci constitue uneperte supplémen-
taire
ajoutable
à l’A. D. S.Ceci
fait,
que lesprincipes
nutritifsingérés
par le ruminantperdent beaucoup
de leur efficacitéénergétique,
et rendcompréhensible l’existence,
en matière de nutrition d’animaux
domestiques,
de deux doctrines diffé- rentes pour l’évaluation del’énergie,
doctrines surlesquelles reposent
lesnormes modernes d’alimentation rationnelle de ces animaux.
a)
DOCTRINE DE L’ÉNERGIE MÉTABOI,ISABI,ECe sont surtout les nutritionnistes américains
qui
se recommandent de cettedoctrine,
basée sur leprincipe
suivant : dans des conditionsoptima
denutrition,
les coefficients de mutationsdynamiques
dans l’or-ganisme
sontinvariables, quels
que soient les élémentscalorigènes.
Ilsadmettent,
parconséquent,
quel’énergie
métabolisable fournit une base d’évaluation satisfaisante del’énergie disponible.
Dans le cas du
ruminant,
cetteénergie
métabolisable se détermineen
appliquant
à la somme desprincipes digestibles
totaux, calculésd’après
la formule
(glucides digestibles
!--protides digestibles
!--lipides diges-
tibles X
2 , 25 ),
le coefficient de conversioncalorifique 3 ,6 ( 17 ).
Dans cette
méthode,
l’unité nutritiveadoptée
est la T. D. N.(Total Digestible Nutrients), qui équivaut
à une livreanglaise
deprincipes diges-
tibles totaux
( 453 g),
etqui exprime
d’unefaçon
indirectel’énergie
méta-bolisable. Un
kg
de T. D. N.correspond
parconséquent
à 3 6oo calories métabolisables chez le ruminant.b)
DOCTRINE DE L’ÉNERGIE NETTEK
ELLNER
( 3 6) arguant
que le coefficient de mutation del’énergie
métabolisable en
énergie
nette diffère avec la nature desprincipes
calo-rigènes,
affirme que lepremier
mode d’évaluationénergétique
donne uneidée très
imparfaite
del’énergie
réellement convertie parl’organisme
pourson entretien ou ses
productions.
D’où la notion« d’énergie
nette » formuléepar cet auteur et
qui constituerait,
selonlui,
le seul critère d’estimation éner-gétique acceptable
chez l’animaldomestique.
Cepoint
de vue estpartagé
par HANSEN,
A PMSBY ,
MOLLGAARD,C p AS E MAN ,
I,!ROy et d’autres encore.La
conception d’énergie
nette estreprésentée
par un certain nombre d’étalons de mesure actuellement utilisés dans l’alimentationanimale,
dont nousrappelons
leséquivalences énergétiques.
«L’unité
amidon » deK
ELLNER
correspond
à 23 6 0
caloriesd’énergie
nette. Le « Therm »pré-
conisé par ARwsBy
équivaut
à i ooo calories nettes. «l’équivalent
four-rager » de HANSEN,
adopté
en France par I,!ROy, a une valeurénergétique
nette de i
8 50
calories chez le ruminant. Convertie enénergie
métaboli-sable,
cette unité contient 2717 calories.Reconnaissons
cependant
le caractèrepurement
conventionnel et le manque derigueur scientifique
de tous ceséquivalents nutritifs,
dontl’efficacité
énergétique
réelle est sous ladépendance
del’espèce animale,
de la nature et du niveau deproduction
dusujet.
Les faits observésprouvent
toutefois que, dans leurensemble,
les normesénergétiques
moder-nes
prouvent
toutefois que, dans leurensemble,
les normesénergétiques
modernes
permettent
de calculer avec uneapproximation
suffisante les besoins de l’animal et lacouverture
de ces besoins.2
0 Besoins énergétiques de la vache en lactation
Les travaux fondamentaux de KrI,I,N!R
( 3 6),
deJO RD A N ( 32 ),
deA
RMSBY
( 2 ),
de FORBES( 19 ),
de FORBES et KRISS( 1 8), signalent
unegrande
variabilité individuelle dans le taux d’utilisation del’énergie
alimentaire chez la vache en lactation. SMITH et RIC!
(5 7 )
croient d’ail- leurs à l’existence d’une corrélation entre l’intensité de laproduction
et lecoefficient d’utilisation
énergétique, qui
serait héréditaire et se retrouve- rait chez le mêmesujet pendant
ses lactations successives.Ceci montre, par
conséquent,
que les normes alimentairesqui
sont desordres de
grandeurs
valables surtout pour des groupesd’animaux,
néces- sitent desajustements appropriés
pourpermettre
la satisfaction des besoins individuels d’entretien et deproduction
de la vache en lactation.Gl)
BESOINS D’ENTRETIENLa couverture
théorique
des besoins du métabolisme basal est cal-culée,
selon la o loi de surfaces » de RUBNER,qui
se trouve liée aupoids corporel
dusujet
par la relation S = K Px,qui
est uneexpression
deM
EEH
( 1 6)
midifiée.En
fait,
la vie d’unsujet
en stabulation entraîne unedépense
éner-gétique
accrue( 2 ).
Les travauxclassiques
de B!aCII, de KELLNER, de FING!RraING et de ARMSBY ontmontré,
en outre, que la nature durégime
alimentaire et le travail de consommation et d’assimilation de ce
régime augmentent également les dépenses métaboliques
de l’entretien.Les normes que nous
rapportons
ci-contre etqui
nous ont servi pour le calcul des besoins d’entretien de nossujets d’expérience prévoient
desmajorations,
destinées à couvrir lesdépenses énergétiques supplémen-
taires occasionnées par ces divers facteurs.
La
comparaison
de deux séries de données citées fait constaterqu’entre
lesprévisions énergétiques
de LEROY,exprimées
enénergie
nette, et celles de BRODy
exprimées
en T. D. N. c’est-à-dire enénergie
métabolisable,
l’écartdépasse
rarement 10%.
IJ)
BESOINS DE PRODUCTIONLa
synthèse
propre des constituants du laitn’exigerait
pas de dé- pense notabled’énergie ( 5 , 54 ),
tandis que l’activité musculaire de laglande
mammaire durant la traite en occasionnerait une, maislégère ( 49 ) .
Les besoins de
production
de la vache se trouvent parconséquent principalement
liés àl’énergie
contenue dans le lait sécrété. Cetteénergie
est fonction de la richesse
lipidique
de la sécrétion( 25 ,
22,2 8).
GAINES( 22 )
la calcule sur la base d’un lait standard à 4
%
delipides,
dont la valeurénergétique
parkg
est estimée à 750 calories.L’équation
utilisée à cet effet par l’auteur est la suivante :Q = 0,4
M+ 15
F(Q
=quantité
de laità 4
% ;
M =quantité
de laitsécrété ;
F = richesselipidique
dulait).
I,a moyenne de normes de
production qui
résulte des travaux de divers auteurs américains tels queGAINES,
BRODY et PROCTER, FORBESet KRISS, est de 0,305
kg
TDN parkg
de lait à 4%
degraisse,
cequi correspond
àI og8
caloriesd’énergie
métabolisable. UnFrance,
I,!ROy estime que, chez la vache enlactation,
les besoinsénergétiques
de pro- duction diffèrent avec le niveau decelle-ci,
et recommande une normemoyenne de
0 , 3 8
unitésfourragères, également
parkg
de lait à 4%
dematière grasse, soit donc environ i o3o calories
d’énergie
métabolisable.Pratiquement,
les besoins deproduction
de nos animauxd’expé-
rience ont été couverts à raison de i
00 8 calories,
afin de procurer à ceux- ci unléger
excèsd’énergie,
destinée à servir de volant de sécurité.B. - Normes
protidiques
La
glande
mammaire semble manifester une sensibilitéplus
pronon- cée pour les carences azotéesqu’énergétiques.
Eneffet,
unrégime
éner-gétiquement équilibré,
mais déficient enprotides,
entraîne chez la vacheune chute très
rapide
des sécrétions de lait et de matière grasse.L’apport protidique
pose à la fois unproblème quantitatif
etquali-
tatif.
1° Aspect qualitatif du besoin protidique
La recherche d’un niveau minimum de
protéines, compatible
avecune
productivité
maxima de laglande mammaire, procède
essentielle- ment de considérations d’ordreéconomique.
Des nombreux travaux de recherche
( 10 , 29 )
confirment lagrande
variabilité du taux de l’utilisation azotée chez la vache en lactation
signa-
lée antérieurement par
J ORDAN ,
KELLNER et MoI,I,GAaRD. Selon HAI,-NAN
( 24 ),
les meilleurs coefficients d’utilisation observés dans lapratique
sont de l’ordre de 70
%.
Selon BUSCHMANN
( 10 ),
le besoinprotidique
de la vache en lactationse trouve satisfait par un
rapport :
H
ENKE et Goo
( 2 8)
observent que desrégimes
alimentaires renfer- mant10 ,8 %
et 20,2%
deprotéines digestibles procurent
desproduc-
tions lactées sensiblement
analogues.
Nous
aihrmerons,
en accord avec MORRIS( 49 ), qu’un
accroissement du taux deprotides ingérés
contribue à éleverjusqu’à
un certain niveauseulement les sécrétions
mammaires, qui
tendent par contre à diminuer sil’optimum
del’apport
enquestion
se trouvedépassé.
2° Aspect qualitatif du besoin protidique
On admet que la
majeure partie
du besoinprotidique global
de l’or-ganisme
doit être satisfaite par de l’azotedifférencié,
constitué par des acides aminésindispensables.
Unelégère part
de ce besoinpeut cependant
être couverte par de l’azote de forme
banale,
nonprotéique (asparagine, urée, etc...) (58).
I,’efficacité de
l’apport
azoté est donc fonction aupremier
chef del’équilibre
des aminoacidesqu’il
renferme. Or, on sait que le ruminant estincapable
d’effectuer lasynthèse
dutryptophane
et de lalysine qui
sont
indispensables
à son entretien et à sa croissance( 51 , 47 ).
Il estéga-
lement
prouvé
que l’absence de ces deux acidesaminés,
etplus particu-
lièrement de
lysine,
dans lesprotides
durégime
alimentaire de la vacheen
lactation,
constitue un facteur limitant de la sécrétion mammaire( 49 ).
Les aliments usuels de la vache sont rarement déficients en
cystine
ou en
hystidine.
Certains d’entre ces aliments serapprochent davantage
du lait par leur contenu en
aminoacides,
et conviennent parconséquent
mieux pour l’activité
physiologique
de la mamelle( 42 ). Ainsi,
les four-rages seraient
plus
riches entryptophane
que les farinesanimales ;
lespois,
lesharicots,
les tourteaux degraines oléagineuses, l’orge
et l’avoinesont
plus aptes
à assurer une bonne sécrétion lactée que le maïs et le blé( 2 6).
On considère
généralement qu’une
ration alimentairecomportant
un
mélange
deplusieurs
aliments bienchoisis, apporte
à la vache desquantités
suffisantes d’acides aminés nécessaires pour l’entretien et la lactation.Jusqu’ici,
un certain désaccordparaît
exister ausujet
de l’utilisation de l’azote aminé pour la satisfaction desexigences protidiques
de lavache. Des
expériences
relativement récentesprouveraient
que l’azotenon différencié est
susceptible
d’assurer la couverturepartielle
des besoins du ruminant soumis à unrégime protéique
déficient( 90 , 3 8).
Certains auteurs
(6 2 )
affirment que lepolygastrique synthétise
desprotéines corporelles
àpartir
d’urée. F’RENS( 20 ),
BARTi<ETT et B!AX-TER
( 4 )
considèrent que l’azote nonprotéique
neprésente qu’un
trèsfaible intérêt pour la
production laitière,
tandis que Ow!rr, SMITT et WRI G H
T
(5 3 ),
ainsi que HASTINGS( 27 ), pensent
au contraire que la vacheen lactation en tire un réel
profit,
tout au moins pour ses besoins d’entre- tien. D!r,AGE etF R arr Ç ors ( 12 ) partagent
cette dernièreopinion.
De l’avis de FERRANDO
( 15 ),
l’observance de laqualité
del’apport protéique importe
moins chez lepolygastrique
que chez le monogas-trique.
On sait que la valeur
biologique
desprotides végétaux
est moindreque celle de
protides
animaux. Les aliments consommés par la vacherenferment,
en outre, sensiblement moins delysine
que le lait. Ceci a conduit laplupart
des auteurs àrecommander,
par mesure desécurité,
une forte
majoration
du taux desprotéines
alimentairesingéré
par cet animal.L’application
du coefficient 2proposé
par SAVAGE(56)
et admiségalement
par I,!ROy( 42 ),
estjugé trop
élevé par MoRRrsorr(50).
Nous nous résumerons donc en
précisant
que les normes azotées d’entretien recommandées pour la vache sont de o,5 g de matières pro-téiques digestibles
parkg
depoids
vif enFrance,
contreo,6
gfigurant
couramment dans les tables d’alimentation
anglo-saxonnes.
Les besoins azotés de
production préconisés
actuellement diffèrentavec les auteurs.
Ainsi,
FR!D!xrxsErr recommande 60 g deprotéines digestibles
parkg
de lait à 4%
degraisse ;
K!!,!,rr!R et FirrG!R!,ING évaluent ces mêmes besoins à 62 g, Mo!,!,GnaRD à 55 g, ARMSBY à q.g g, CRAS!Marr à 5o g et I,!ROy à 60g. C’est ce dernier chiffre que nous avonsadopté,
car nous avonsadmis,
lors du calcul du contenu azoté durégime
alimentaire de nos
vaches,
l’utilisation de la fraction nonprotéique pré-
sente en
quantités appréciables
dans lesfourrages
et les racines.L’équi-
valent
protéique
de ces aliments a été évaluéd’après
la formuleindiquée
par KAy
(33) :
C. - Normes minérales
Les besoins de la vache en éléments minéraux sont
incomplètement
connus pour le moment.
La
plupart
des auteurs insistent sur le fait que la balance du calcium restetoujours négative
chez les forteslaitières, pendant
lapremière partie
de la
lactation,
endépit
de laprésence
dans lerégime
alimentaire d’untaux
calcique
très élevé. Ceci montre, parconséquent,
que lespossibilités d’absorption
de cet élément chez la vache sont limitées. Il est toutefois admis que les effets d’une insuffisancecalcique
se manifestent au niveau de laglande mammaire,
seulementlorsque
l’animal aperdu
au moins20
%
de ses réserves.Une carence
phosphorée provoquerait
par contre une chuteplus
ra-pide
des sécrétions mammaires.Selon BREIREM
( 7 ), qui rapporte
les observations faites récemment parS!AGSVOt,D,
desapports
très élevés[de phosphore
et de calcium n’auraient aucun effet favorable surLla
richesse du lait en matièregrasse.
Pour MopRis
(q.g),
les besoins enphosphore
et en calcium sontliés,
dans une certaine mesure, au
rapport
de ces deux éléments dans lerégime
alimentaire
ingéré, rapport qui
conditionne leur solubilité et leurabsorp-
tion au niveau intestinal.
D’une
façon générale,
lesfourrages
de bonnequalité,
enparticulier
le foin de
luzerne,
constituent une excellente source de Ca pour la vache.Seules les vaches recevant une
trop
faiblequantité
de ces aliments auraient besoin d’unapport supplémentaire
d’éléments minéraux(z6).
Des besoins en chlorures de
sodium, quoique
insuffisammentprécisés,
sont
également
admis pour deux raisons : les alimentsvégétaux ingérés
par la vache renferment des concentrations élevées en
potassium ;
desquantités importantes
de ClNa sontexportées
par les sécrétions mam- maires etimpliquent
nécessairement unecompensation.
Le maintien d’un
équilibre physiologique
deK/Na
convenable rend parconséquent indispensable
unapport supplémentaire
de ClNa.On
reconnaît,
en outre, l’utilité d’uneincorporation supplémentaire
de l’élément
magnésium
dans le menuquotidien
de lavache,
vul’impor-
tance
qui
est attachée aurapport Ca/Mg.
Soulignons
aussi lagrande
méconnaissance actuelle du rôle desoligo-éléments
dans la nutrition de la vache laitière.Quoiqu’il
soit certainpour l’instant que les aliments courants
ingérés
par la vache en con-tiennent,
onignore
toutefois si lesquantités apportées correspondent
aux besoins
physiologiques.
Précisons enfin que la
présence,
dans la rationquotidienne,
de2 ,
2 g de Ca et de 2,2g de P par 100
kg
depoids vif, suffit, d’après
certainsauteurs américains
(i)
à couvrir les besoins de la vache laitière en ceséléments. Les normes
françaises prévoient
desapports beaucoup plus
élevés :
D, - Besoins en vitamines.
Le ravitaillement en substances
vitaminiques
ne pose pas de véri- tableproblème
chez la vache.Les
synthèses
microbiennes des facteurs ducomplexe
B et de Kqui
s’effectuent dans les réservoirs
digestifs
du ruminantadulte,
satisfontlargement
les besoins de cet animal en ces substances. Notons toutefois que ces vitamines sontapportées
enpartie
par lerégime
habituel( 45 , 65).
Les racines
apportent
en outre de fortes doses de vitamineC, qui
contribuent surtout à élever le taux de ce facteur dans le lait.
Des additions de vitamines A ou de caroténoïdes
(6 3 )
et de D( 3 i, 37 )
exercent un effet
négligeable
sur l’intensité des sécrétions mammaires.Ces
adjonctions
accroissentuniquement
J’activitévitaminique
du laitsécrété.
La vitamine E semblerait
cependant
nécessaire pour le maintien de la lactation et surtout, de laprolificité (z 4 ).
Apparemment donc,
lesquantités
de vitaminesprésentes
dans lesaliments tels que les
fourrages,
les racines et lescéréales,
ainsi que la vieen
plein air,
assurentgénéralement
à la vache les dosesindispensables
au maintien en bon état de fonctionnement de son
organisme
et au rem-plissement
de ses fonctionsphysiologiques.
Iln’y
a parconséquent
pas àse
préoccuper
toutparticulièrement
del’apport exogène
alimentaire de substancesvitaminiques.
CHAPITRE III
MÉTHODES
ANALYTIQUESA. - Méthodes de détermination de
l’énergie
contenue dans lesingesta
Dans une
expérience précise
denutrition,
il estindispensable
deconnaître la
composition chimique
desingesta,
afin de s’assurer que les rations distribuées couvrent les besoinsd’énergie
et de matières pro-téiques
dessujets d’expérience,
calculées selon les normes que nousvenons
d’exposer.
Des
techniques analytiques classiques
nous ontpermis
de déterminer lacomposition chimique
et la valeur nutritive des aliments utilisés au cours de nos diversesexpériences (voir Rapports généraux
du VeCongrès
International de
Zootechnie, Paris,
1949, p. 7etsuiv.).
Nous les résumerons très brièvement.I
D Détermination des principes nutritifs calorigènes
a)
Humidité :séchage
à l’étuve à 1050et à lapression atmosphérique,
d’une
quantité
déterminée desubstance, jusqu’à poids
constant.b)
Matières minérales : La déterminationcomporte
une calcinationau four
électrique
à 55oo.c)
Matières azotées totales :Dosage
du N total par latechnique
deKJ!!,Dnx!&dquo; comportant
une minéralisation enprésence
decatalyseur.
Le taux de N trouvé est ensuite converti en matières azotées
totales,
à l’aide des coefficients conventionnelsci-après, qui varient,
selon la nature de l’aliment :d)
Matièrescellulosiques :
Détermination par la méthode de WEENDE,comportant
successivement deshydrolyses
acide et alcaline. Le résidu obtenu constitue unmélange
de cellulose vraie et delignine
insoluble dans l’alcali.e) Lifiides :
ledosage comporte
une double extraction continue àchaud,
à l’alcoold’abord,
à l’éther ensuite. Ce doubleépuisement
facilitela libération des
cénapses lipo-protéiques.
f) Ext y acti f
non azotés : Détermination par différence selon la mé- thodeclassique qui
admet(faute
detechnique
satisfaisante dedosage direct)
le calculd’après
la formule : extractifs non azotés = matière sèche -(matières
azotées totales + matières grasses -f- matières cellu-losiques
-+- matièresminérales).
2
° Détermination de la valeur énergétique utile des principes calorigènes On sait que seule la fraction
digestible
desprincipes
bruts dosés chi-miquement
dans les aliments est convertible enénergie
utilepourl’ani-
mal. On détermine cette fraction par
analogie
avec celle de constituants des aliments deréférence, possédant
les mêmescaractéristiques d’origine
et de
composition chimique
etfigurant
dans les tables dedigestibilité
deKELLNER. I,e choix de l’aliment de
comparaison
destables,
de même ori-gine,
estégalement
conditionné par les teneurs en matièrescellulosiques
et
azotées, qui
doivent êtrecomparables.
La fraction
digestible
ainsi déterminée est d’abord convertie en élé- mentsdigestibles
totaux(T.
D.N.) d’après
la formule citée auchapitre précédent.
Elle est ensuiteexprimée,
soit en caloriesd’énergie
métaboli-sable, soit en unités
d’énergie
nette.3
o Détermination des matières protéiques digestibles
On les calcule à
partir
des matières azotées totalesdigestibles,
àl’aide de coefficients de conversion
qui figurent
dans les tables dediges-
tibilité de KELLNER pour les aliments de référence choisis.
B. - Méthodes de
dosage
des acides gras volatils dans lesingesta
Une étude consacrée à l’influence des acides gras volatils
ingérés
surla
lipogénèse,
nepeut
être réalisée sans une méthode convenable de leur estimation dans lesingesta.
Certaines
techniques
dedosage
d’acides volatilspréconisées
pour lesensilages
ne sont pasexemptes
decritiques ( 43 ).
Nous nous sommesefforcés
d’employer
une méthode aussi sûre et fidèle quepossible.
W Méthode de Wiegner
Rappelons
que WIEGNERet MAGASANIK(6 4 )
se servent des courbes de distillation établies par DucLAux pour les acidesvolatils,
afin de cal- culer les constantes de distillation des acidesacétique
etbutyrique, qui
sont
respectivement
de3 6,6 %
et de 72,77%
dans le cas d’une semi- distillation. Les auteursproposent,
sur cettebase,
une méthode dedosage
de ces acides dans les
ensilages
au moyen de trois semi-distillations suc-cessives, opérées
àpartir
d’un volume constant d’extrait aqueux brutd’ensilage.
Une série
d’équations
établies sur la base de ces constantes de dis-tillation, permet
de calculer le taux de l’acideacétique
et de l’acidebuty- rique présents
dans unensilage.
Grr W
sT
( 23 )
fait remarquer, à la suite d’unevérification,
que la méthode de WWGN!R est valableuniquement
pour ledosage
des acidesvolatils
libres,
mais que pour celui des acidescombinés,
d’autreséqua-
tions sont nécessaires.
L
EPPER
( 40 ) allègue
de son côté que laprésence
d’acidelactique
dans un extrait aqueux brut
d’ensilage
influe sur les valeurs trouvées lors desdosages séparés
de l’acidité volatile libre et combinée et que, de cefait,
leséquations
de WWGN!R deviennentinapplicables.
D’autres auteurs
(6 1 , 6)
considèrent que certaines substances non volatilesprésentes
dans les extraits aqueux brutsd’ensilage,
etplus particulièrement
dans ceux defourrages
riches englucides
solubles ou enprotéines, perturbent
la marche de la distillation enexerçant,
soit un effetphysique
sur la tension de vapeur dans lessolutions,
soit une action chi-mique
àchaud,
donnant naissance à desproduits acides, volatils, qui
faussent les valeurs trouvées.
L’un de ces auteurs, VIRTANEN notamment
(6 1 ),
essaye d’améliorer la méthode de WI!GN!R tout enrespectant
sonprincipe
de la semi-dis- tillation.2
° Méthode de Virtanen
Les acides volatils contenus dans l’extrait aqueux brut sont entraînés par un vif courant de vapeur d’eau. Le distillat ainsi obtenu est
neutralisé,
concentré et soumis à un second entraînement à la vapeur. Neutralisé à
nouveau par de la
baryte caustique,
le 2e distillat est alors concentré et acidifié par unequantité
d’acidesulfurique
suffisante pourprécipiter
totalement la
baryte.
Une fractionaliquote
du filtrat est alors soumise à la semi-distillation àlaquelle
onapplique
les constantes établies par WIEGNER.Nous avons
comparé
les méthodes de WIEGNER et de VIRTANEN eneffectuant des
dosages
en double sur deuxensilages
depulpes
de bette-raves sucrières. Les résultats de ces
analyses
sontrapportés
ci-contre :Les différences sont faibles en ce
qui
concerne l’acideacétique.
Ellesdeviennent très
importantes
pour l’acidebutyrique, qui paraît
être moinsbien entraîné dans le
dosage
par latechnique
de WiEGNER.I,a méthode de VrRTArr!N
présente cependant
de nombreux incon- vénients. Elle est extrêmementlongue
et nécessite desbarbotages
delongue
durée et de très fortesquantités
de distillat(jusqu’à
2 ooocc).
Une
journée
entière est nécessaire pourchaque concentration,
une autredemi-jaurnée
pourchaque
entraînement à la vapeur et une autre demi-journée
encore pour l’exécution de trois semi-distillations finales.La méthode se
prête
parconséquent
très difficilement à desdosages
en
série,
comme ceux que nous avions à effectuer.3
0 Méthode de Lepper-Flieg
Cette méthode
( 39 )
dériveégalement
de celle deWIEGNER, qu’elle
améliore. Elle convient