B OT!
UTILISATION DIGESTIVE PAR LE VEAU PRÉRUMINANT
DES MATIÈRES GRASSES INCORPORÉES
DANS LES ALIMENTS D’ALLAITEMENT PAR VOIE SÈCHE AVEC OU SANS ÉMULSIFIANT
R. TOULLEC C.-M. MATHIEU Station de Rechevches suv
l’Élevage
desRuminants,
Centre de Recherches de
Clevmont-Fer y and, 63 - Saint- Genès-Champanelle
Institut national de la Recherche
agronomique
Les matières grasses
peuvent
êtreincorporées
dans les aliments d’allaitement par voie sècheou par voie humide. Dans le
premier
cas, les matières grasses fondues sontmélangées
à du laitécrémé en
poudre
parbrassage énergique.
Dans le second cas, les matières grasses fondues sont introduites dans du lait écréméliquide
et lemélange
esthomogénéisé
avantséchage
par le pro- cédéSpray.
Laplupart
des travaux ontmontré,
d’unepart,
que ce sont les matières grassesincorporées
par voie humidequi
ont l’utilisationdigestive
laplus
élevée et, d’autrepart, quel’addi-
tion d’émulsifiant a un effet
favorable,
surtoutlorsque
l’introduction des matières grasses est réalisée par voie sèche(cf.
RAVE/’; etR OBINSON , 19 6 4 ). Cependant,
latechnologie
de ce dernierprocédé
abeaucoup
évolué au cours des dernières années. Nous avons donc mesuré l’utilisationdigestive,
par le veaupréruminant,
de deux matières grassesincorporées
par voie sèche avec ousans émulsifiant. Nous avons choisi deux matières grasses très différentes
(suif
et huile decoprah)
dont nous avions
déjà
mesuré l’utilisationdigestive lorsqu’elles
sont introduites par voie humide(T OULL
EC
etM A THIEU, I96 g ).
Nous avons
comparé 4 aliments
d’allaitement contenant environ8 5
p. 100depoudre
de laitécrémé séchée par le
procédé Spray
et 15 p. 100 de matières grasses. L’émulsifiant(MST 8o-2o) comprenait
8o p. 100desaccharogl 5 ·cérides
et 20p. ioo delécithines ;
il était introduit à raison de 3 p. 100des matières grasses.L’incorporation
des matières grasses a été réalisée en faisant che- miner lapoudre
de lait écrémé maintenue ensuspension
par un lit d’air fluidifié au-dessus d’unequarantaine d’injecteurs (de
3mm dediamètre)
servant àpulvériser
les matières grasses fondues(procédé Spécilait).
Chacun des aliments a été distribué à 3 veaux mâles de race Frisonne sur les-quels
on a mesuré ladigestibilité
de la matièresèche,
mais seules les fèces des 2qui
ont eu le meil-leur
appétit
ont étéanalysées.
Les animaux ont été maintenus en cage à bilan entre lesâges d’environ et 9 6 jours ;
les mesures dedigestibilité
ont commencé une semaineaprès
la mise encage : elles ont été effectuées en 6
périodes
successives de 12jours, séparées
par desinterpériodes
de
2 jours.
Les aliments d’allaitement ont été dilués dans de l’eau à40 0 C
à raison de 130 g depoudre
pour8 70
g d’eau et les laits ainsi obtenus ont été distribués au seau deux fois parjour.
Lesquantités
distribuées étaientimportantes
etaugmentaient
avecl’âge,
de 8kg/j
audébut, jusqu’à
1
6
kg/j
àpartir
del’âge
de 70jours.
* Adresse actuelle : Laboratoire de
Zootechnie, 1?cole
nationalesupérieure agronomique,
65, ruede St
Brieux,
35-Rennes.L’appétit,
la croissance et l’état sanitaire ont été dans l’ensemble satisfaisants(tabl. t) ; toutefois,
les veauxqui
consommaient l’aliment contenant l’huile decoprah
sans émulsifiant ont eu unappétit
et une croissanceplus
faibles au cours du derniermois,
cequi
était associé àune
augmentation
de l’incidence des diarrhées. L’addition de l’émulsifiant a amélioré la vitesse de croissance et l’efficacité alimentaire. Les veauxqui
recevaient les aliments contenant le suif ontingéré davantage
de lait et ont eu une croissanceplus rapide
que ceuxqui
consom-maient les aliments contenant l’huile de
coprah ; cependant,
lerégime
n’a pas, eu d’influencesystématique
sur l’efficacité alimentaire. L’étatd’engraissement
a étéinsuffisant,
sauf celui des veauxqui
consommaient l’aliment contenant le suif avecémulsifiant;
celas’explique
par la teneur relativement faible des aliments en matières grasses. L’addition de l’émulsifiant a amélioré l’état
d’engraissement :
la somme desdépôts adipeux périrénaux, péritonéaux
et intesti-naux est ainsi
passée
de1 ,6 3
à 2,21 p. ioo dupoids
vif vide. Enrevanche,
la nature des matières grasses n’a pas eu d’influencesystématique
sur l’étatd’engraissement.
La
digestibilité apparente
des 4 aliments d’allaitement a été élevée( 9 6, 2
p. 100pour la ma- tièresèche)
etcomparable
à celle que nous avions observée pour les alimentsfabriqués
par voie humide àpartir
des mêmes matières grasses(T O ULLEC
etiVIwTaiEU, ig6g). Ellen’apratiquement
pas varié avec
l’âge,
sauf entre lapremière
et la secondepériode
de mesures où s’estproduite
unelégère augmentation,
surtout pour les aliments contenant le suif(en
moyenne dez,8
p. ioo pour les matièresgrasses).
Les différences entrerégimes
ontporté
essentiellement sur les matières grasses(tabl. I )
dont ladigestibilité
a varié dans l’ordre croissant suivant : suif seul8 7 , 2
p.IOO- suif -f- MST
g 2 ,6
- huile decoprah
seule94 ,6
et huile decoprah
-!- MST95 ,8.
Les différences entre le suif seul et chacun des trois autres traitements ont étésignificatives (P ! o,oi).
L’huilede
coprah
a eu unedigestibilitésupérieure
à celle du suif(P ! o,oi)
et l’addition de l’émulsifianta
augmenté
ladigestibilité
des matières grasses(P ! 0 , 05 ).
Ces différences confirment cellesgénéralement
admises(R AVE N
etRO B INS O N, 19 6 4 .).
En
revanche,
unedigestibilité
aussi élevée pour des matières grassesincorporées
par voie sèche sans émulsifiant estplutôt surprenante puisqu’elle
est àpeine
inférieure à celle que nous avions obtenue pour les mêmes matières grasses introduites par voie humide(T OULLEC
etM ATHIEU , ig6g) ;
elle lui devient mêmelégèrement supérieure
enprésence
d’émulsifiant. Celapeut
être dûaux
différences,
d’unepart,
dans la teneur en matières grasses des aliments( 15
p. ioo dans le casde la voie
sèche,
20p. 100dans le cas de la voiehumide)
et, d’autrepart,
dans lacomposition
en acides gras, du moins en ce
qui
concerne le suif(dans
cetessai,
le suif contenait 20 p. 100 d’acidestéarique
et dans l’essaiprécédent
27 p.ioo).
Il estcependant probable
que cettediges-
tibilité élevée des matières grasses introduites par voie sèche
peut
êtreplutôt
attribuée à leur divi- sion engouttelettes
suffisamment fines. Eneffet,
dans nos4 aliments,
86 p. 100desparticules
de matières grasses visibles sous un
grossissement
de 800 avaient un diamètre inférieurà
q ce que nepermettaient
pasauparavant
lesprocédés d’incorporation
par voiesèche ; ainsi,
RoY etal, (ig6i)
observaient dans un aliment d’allaitement nonhomogénéisé,
une taille moyenne des par- ticules de 10à 20!t.Or,
la finesse de l’émulsion a une influenceimportante
sur ladigestibilité
desmatières grasses chez le veau
(T HOMKE , 19 6 3 ).
L’utilisation de l’azote a été satisfaisante mais les variations individuelles n’ont paspermis
de mettre en évidence l’influence durégime.
En
conclusion,
les matières grasses introduites par voie sèche mais suffisamment divisées ont une utilisationdigestive
élevée etcomparable
à celle obtenuelorsqu’elles
sontincorporées
par voie
humide ;
l’addition d’émulsifiantaugmente
leurdigestibilité,
surtout celle du suif. Il seraitcependant
intéressant dereprendre
cette étude avec des tauxplus
élevés de matières grasses.Reçu pour publication
en avril l9îO.SUMMARY
DIGESTIBILITY OF FATS INCORPORATED IN MILK SUBSTITUTES BY DRY MIXING WITH OR WITHOUT EMULSIFIER IN PR!-RUMI1VANT CALVES
Four milk
substitutes, containing 8 5
p. ioo skim milkpowder
and is p. 100fatincorporated by
means ofdry mixing,
were eachgiven
to threepre-ruminant
calveskept
in metabolism crates at ages between 8 and 96days.
The fats used were tallow and coconutoil,
with or without emul-sifier ;
the latter wascomposed
of 8o p. ioosaccharoglycerides
and 20 p. ioolecithin,
and wasincorporated
in theproportion
of 3 p. ioo of the fats.The
apparent digestibility
of the fats(table i)
washigh (tallow
alone8 7
p. 100- tallow -I- emulsifier 93 p. ioo - coconut oil alone 95 p. ioo - coconut oil T emulsifier9 6
p.ioo)
and couldbe
compared
with that obtainedduring
aprevious
trialstudying
the same fatsfollowing liquid incorporation
andhomogeneisation.
Thedigestibility
of coconut oil washigher
than that of tallow(P ! o,oi) ;
whenadding
theemulsifier,
thedigestibility
of the fats was increased(P ! 0 , 05 ).
The utilization of the fats introduced into the milk substitutes in thedry
wav, whensufficiently powdered (86
p. 100of theparticles
had a mean diameter inferiorto
.![ 1.)
was satisfac-tory, especially
whenthey
wereincorporated
with an emulsifier.RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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