SÉLECTION DIFFÉRENTE DANS LES DEUX SEXES.
DISCUSSION GÉNÉRALE DES POSSIBILITÉS
D’ÉQUILIBRE POUR UN LOCUS AUTOSOMAL A DEUX ALLÈLES
P. MÉRAT
Station centrale de
Génétique
animale,Centre national de Recherches zootechniques, 78 - Jouy-en-Josas
Institut national de la Recherche agronomique
SOMMAIRE
Nous avons passé en revue, dans le cas général, les possibilités d’équilibre des fréquences géniques, pour un locus autosomal à deux allèles en panmixie, lorsque la sélection diffère dans les deux sexes. Ces possibilités sont les suivantes :
- Absence d’overdominance : aucun équilibre autre que la fixation de A ou de a si le classe- ment des génotypes est identique dans les deux sexes; 0, 1 ou 2 équilibres si le classement des
homozygotes s’inverse d’un sexe à l’autre. Lorsqu’il est unique, l’équilibre peut être stable ou
instable suivant le cas, à en juger par la stabilité au voisinage de la fixation de A ou de a.
- Overdominance positive dans un sexe, absente dans l’autre : 0 ou 1 équilibre.
- Overdominance positive dans les deux sexes : 1 équilibre (stable) à en-juger par l’insta- bilité au voisinage de la fixation de A ou de a.
- Overdominance positive dans un sexe, négative dans l’autre : 0, 1, 2 ou 3 équilibres.
- Overdominance absente dans un sexe, négative dans l’autre : 0, 1 ou 2 équilibres.
- Overdominance négative dans les deux sexes : 1 équilibre (instable) à en juger par la
stabilité au voisinage de la fixation de A ou de a.
Ces résultats confirment donc en particulier la possibilité, dans certains cas, de deux équi- libres, dont un pouvant être stable, et montrent que l’existence de trois équilibres, dont deux pou- vant être stables, n’est possible que lorsque l’hétérozygote est favorisé dans un sexe et défavorisé dans l’autre par rapport aux deux homozygotes.
INTRODUCTION
Il n’est pas rare que la valeur sélective des divers
génotypes
à unlocus,
vis-à- vis de la sélection naturelle ouartificielle,
diffère suivant le sexe. Un casparticulier
courant est celui des
gènes
àexpression
limitée à un sexe ou modifiée par le sexe,si cette
expression englobe
un ouplusieurs
caractères soumis à une sélection( 1 ).
De
même,
les coefficients de sélection sont différents chez les mâles et les femelles pour ungène responsable
à la fois d’un effet maternel et d’un effet( 1
) .Dans le cas de l’intersexualité liée au gène « sans cornes » chez la chèvre, les différences des valeurs sélectives entre sexes sont extrêmes (LAUVERGNE, à paraître).
direct sur le
phénotype
de son possesseur(MÉ RA T, r 9 66),
ou pour ungène
influantsur la variance
phénotypique,
en sélectionartificielle,
du fait des différences d’inten- sité de sélection exercées dans les deux sexes(MÉ RAT , i 9 6 7 ).
Parmi les études
théoriques
sur lapossibilité d’équilibre
desfréquences géniques
dans ce cas, lespremières
en date semblent celles de HALDANE( 1924 , 192
6), qui
passe en revue certains casparticuliers
et donne une solutionapproxi-
mative
lorsque
les coefficients de sélection sontpetits.
OWEN( 1953 )
amorce l’étudedu cas
général.
Il conclut à lapossibilité, parfois,
de troisfréquences d’équilibre,
dont deux
correspondent
à deséquilibres
stables. BODMER( 19 6 5 ) reprend
cetteétude et examine la situation
spéciale
où lerapport
des différences de viabilité(homozygote-hétérozygote)
est le même dans les deux sexes. D’autres modèlessimplifiés
ont étéanalysés
par PARSONS(ig6i, gène
de faiblefréquence initiale),
HA!,DAN!
( 19 6 2 ),
I,i( 19 63, génotype homozygote
létal dans les deuxsexes).
Une discussion
complète
du casgénéral
n’a pas étéfaite,
à notreconnaissance,
sans doute à cause de la forme
algébriquement
peusimple
deséquations
obtenues.Notre propos est
précisément
d’examiner endétail,
dans les différentes situa- tionsgénétiques concevables,
lapossibilité
et éventuellement le nombred’équi-
libres des
fréquences géniques
que l’onpeut obtenir,
àpartir
del’équation
donnéepar
O WEN ,
cet auteurayant
essentiellement limité sa discussion à lapossibilité
de réalisation de trois
équilibres.
Nous
n’envisagerons
pas le cas desgènes
liés au sexe,déjà
traité(H ALDAN E, i
9
26; S PR OTT, x957; BENNTTT, t958; MANDEL,
1959; HALDANE etJAYAKAR, 1964).
FORMULATION DU CAS
GÉNÉRAL
Nous
rappellerons
brièvement les résultats obtenus par OWEN( 1953 ),
en yajoutant quelques précisions qui
nous seront utiles pour notre discussion ultérieure.Supposons
unepopulation
d’effectif illimité ou trèsgrand,
enpanmixie,
avec les allèles A et a au locus autosomal
A,
et lesfréquences
dedépart
indi-quées
au tableau i, lesgénérations
étantdiscontinues,
sans recouvrement.L’on peut
considérer cesfréquences
comme celles existant chez lesreproducteurs
desdeux sexes
qui
contribuent effectivement à lagénération
suivante. Elles sontsynonymes, dans ce modèle
déterministe,
desprobabilités d’apparition
des allèles.Le tableau 2
indique
les « coefficients de sélection »s’appliquant
aux différentsgénotypes
dans les deux sexes. Ces coefficients sont liés à laprobabilité,
pour ungénotype
dans un sexe, de contribuer à la formation de lagénération
suivante.Les
paramètres
tels queSI peuvent
êtrepositifs (ils
sont alors inférieurs àI )
ou
négatifs.
I,e tableau 3 donne les
proportions
desgénotypes après opération
de lasélection sur les
zygotes
issus de lagénération
dedépart. Les fréquences
ou pro-babilités sont
égales
aux facteursfigurant
dans letableau,
divisés par la somme de ces facteurs pourchaque
sexe.Si
P’ I > q’ l , P’ 2 , q’ 2
sontrespectivement
lesfréquences
des allèles A et a dans les deux sexesparmi
leszygotes
du tableau 3, enposant u’,
=p l i , u’ 2 = L2
on a :qi
iqa
2Un état
d’équilibre
suppose queu’ ¡
= ul etU ’ 2
= U2- Enposant
t =!!,
onu l trouve que les conditions
d’équilibre correspondent
à :avec
En
portant
lesexpressions
trouvées pour Mi et U2, parexemple,
danst =
U2 ,
on voit que t satisfait àl’équation
du troisièmedegré :
U l
avec
La discussion de cette
équation
doit tenircompte
du fait quef (o)
_ - i,et que
f (t)
estéquivalent
à t3quand
t -)- ± oo. Il y a au moins une racine. Iln’y
en a
qu’une,
et elle estpositive,
en l’absence d’un maximum et d’un minimum pourf (t).
L’existence de trois racines
positives
suppose la réalité de ce maximum et de ceminimum,
c’est-à-dire que1’(t) puisse s’annuler,
donc que «2-f3 >
o.Il faut aussi « > o
et
f3 > o pour que le maximum degauche corresponde
àt > o.
D’autre
part,
il est nécessaire que les valeurs def (t) correspondant
au maxi-mum et au minimum soient de
signes contraires,
conditionexprimée
par OWEN de lafaçon
suivante :On
peut ajouter
que ceci n’est réalisable que pour « ettous
deuxsupérieurs
à
-f-i.
La condition( 2 )
est donc en fin decompte
la seule àprendre
en considé-ration, puisqu’elle englobe
lesprécédentes.
Dans le
plan
de coordonnées « etp,
lafigure
i schématise la zoneunique
dans
laquelle
trois racinespositives
existent. On vérifie que cette zoneenglobe
la droite « -
9 (pour
« etp supérieurs
à-)-i)
etprésente
unesymétrie
parrapport
à cette droite(du
fait que la condition( 2 )
estsymétrique
parrapport
à « et!).
Mais cette condition ne suffit pas pour
qu’il
existe troiséquilibres géniques.
Il
faut,
enoutre,
que lesrapports
u,, et u,correspondant
à un étatd’équilibre
soient
positifs :
C! —— 1 ....
(
*
) Et non ysa =
C.t-ta comme
indiqué par erreur dans l’article d’OWEN.Si
C,
> o, la condition( 3 ) implique
que t soitcompris
dans l’intervalle!
(*)
CI,
-1 ) (*); si CI < o, t doit être supérieur
à la fois à I (déjà
contenu par ailleurs
B CI
idans la condition t >
o)
et à cl( ** ).
La condition
( 4 )
est nécessairement réalisée si( 2 )
et( 3 )
lesont,
mais nous l’utiliserons dans la discussionqui
suit. Si c, > o, elleimplique
que t soit inclus dans l’intervallet C!, — ) ; si
C2 < o, elle revient à tsupérieur a - (contenu
dans laB
C 2
C2condition t >
o)
et àC,.
LES
POSSIBILITÉS D’ÉQUILIBRE
SUIVANT LA SITUATION
GÉNÉTIQUE
En
partant,
comme l’ont fait OWEN( 1953 )
et BODMER(t 9 65),
de la discussion directe del’équation
du3 e degré
ent,
les conditions pour obtenir o, 1, 2 ou 3équi-
libres sont difficiles à
interpréter
dans le casgénéral.
Par contre, nous allons voir
qu’en
classant les valeurs desparamètres S,, S 2’
si et s2 suivant la situation
génétique
danschaque
sexe, la discussion conduit à uneinterprétation plus
claire.1
(
* ) c l
pouvant être supérieur ou inférieur
à C . i
(
**
) Cette seconde possibilité a été omise par OWEN.
I. - CLASSIFICATION DES SITUATIONS DU POINT DE VUE DE LA
SÉLECTION
Nous
distinguerons,
danschaque
sexe, troispossibilités
suivant le classementrespectif
des troisgénotypes
au locus Aquant
à leur « coefficient de sélection » défini au tableau 2 :- Aa intermédiaire entre AA et aa
(pas d’overdominance);
- Aa
supérieur
aux deuxhomozygotes (overdominance positive);
- Aa inférieur aux deux
homozygotes (overdominance négative).
Ceci conduit aux situations distinctes suivantes :
a)
Absenced’overdominance,
avec classement desgénotypes identique
dansles deux sexes.
b)
Absence d’overdominance avec classement différent dans les deux sexes :c)
Overdominancepositive
dans un sexe, pas d’overdominance dans l’autre :d)
Overdominancepositive
dans les deux sexes.e)
Overdominancepositive
dans un sexe,négative
dans l’autre :f )
Pas d’overdominance dans un sexe, overdominancenégative
dans l’autre :g)
Overdominancenégative
dans les deux sexes.2. - PRINCIPES DE LA DISCUSSION POUR CHAQUE CAS PARTICULIER
Les trois
possibilités envisagées (pas d’overdominance,
overdominancepositive
ounégative)
se traduisent par des limitesimposées
auxparamètres
« S »,donc aussi aux
paramètres
« C ».Ainsi,
l’absence d’overdominance chez lesfemelles, correspondant
au classe-ment
AA > Aa >
aa, suppose8 J
< o et si > o, d’oùC I > -f-
I et CI <+
I. La connaissance duclassement,
les unes parrapport
auxautres,
des valeurs CI’, C2, -, permettra
d’abord de déterminer s’ilpeut
exister unéquilibre,
ou,Ci
C2plus précisément,
si les conditions( 3 )
et( 4 ) peuvent
être satisfaitessimultanément,
ce
qui requiert :
- si
CI
et C2 sont tous deuxpositifs, qu’il
existe unepartie
commune auxdeux intervalles
(CI’ B !J !’/ et (c2, !);B C2)
- si
C i >
o et c, < o,qu’une partie
au moins de l’intervalle( c l , B C /i
Ci)soit
supérieure
à laplus grande
des deux valeurs)C!, —L
B C/2Le raisonnement sera
analogue
pour les casC l
< o, C2> o etC l <
oC 2 C O.
En
outre,
dans tous les cas les C sont situés sansambiguïté
parrapport
à la valeur
+
i. Cecipermet
de déterminerparfois
lesigne
de ulou U2suivant que t estsupérieur
ou inférieur à i, et parailleurs,
de connaître sansambiguïté
dans une
grande partie
des cas, lesigne
def (t)
pour t = cl,C l ,
LjC 2 e t C2.E n
c!effet,
l’on
peut
vérifier quef(t)
s’écrit :L’on
pourra souvent aussi connaître lesigne
def(t)
pourt = + I ,
car, pourcette
valeur,
on a :De la sorte, on vérifiera la
position
de certaines racines def (t)
parrapport
aux valeurs c,,
C l
, C!, —.
Cette discussion trèssimple permet
de délimiter lesCi c!
possibilités d’équilibre
defaçon complète
dansbeaucoup
de cas, et au moinspartielle
dans les autres. Nous n’aurons à lacompléter
par des considérationsplus
élaborées que dansquelques
situations.Quant
à la stabilité deséquilibres,
onpeut,
àpartir
desvaleurs ïi,
etû 2
carac-térisant un
équilibre,
considérer depetites variations x, et x 2
telles que 141
= M i
-! Xl et u2=û 2
-!-- x2 et voir si les valeurs propres de la matrice faisant passer de(x l , x 2 )
à(x;, x2) correspondant
à lagénération
suivante sont inférieuresou non à l’unité
(B ODMER , 19 65).
Dans le casgénéral,
les conditions obtenuesne sont pas
algébriquement simples
et leurinterprétation
neparaît
pas aisée.On
peut
obtenir une indicationpartielle
en étudiant la stabilité deséquilibres correspondant
à la fixation de A ou de a.Considérons,
auvoisinage
de ceséqui- libres,
lafréquence de fi
de A sur l’ensemble des deux sexesparmi
lesreproduc-
teurs, ou
parmi
leszygotes
issus de cesreproducteurs,
à laconception :
Les
fréquences
des troisgénotypes AA, Aa
et aaparmi
leszygotes
à laconception
sont!l!z, P l q 2 + P 2Q¡ ,
q,q2’ Onpeut
montrer que cesfréquences
sontcelles
qui correspondraient
à lapanmixie
avec unefréquence fi parmi
les repro- ducteurs des deux sexes, diminuéesde Zz = (Pl - P2 ) 2 pour chacun des génotypes
2 4
homozygotes,
etaugmentées
de d2 pourl’hétérozygote.
Pour !
très voisin de o ou de i,P l
etP 2
serontégalement
trèspetits
ou trèsproches
de i, et la variation0! de fi
d’unegénération
à la suivante nedépendra
en
première approximation
que defi. Ainsi,
auvoisinage de fi
= o, ennégligeant
les infiniment
petits
du seconddegré,
on a :Il en serait de
même,
parsymétrie, pour !
voisin de i. Autrementdit,
on a alors unOp unique, indépendant
de!1 - !2
enpremière approximation,
et ilest facile de déterminer la stabilité de
l’équilibre correspondant
àpartir
de ceAP unique.
Si ce ou ceséquilibres
sontinstables,
cela montre lapossibilité
denon-fixation des allèles en cause, et
suggère
la stabilité d’au moins unéquilibre
intermédiaire.
3. - DISCUSSION DE CHAQUE SITUATION
a)
Absence d’overdominance dans les deux sexes avec même classement desgénotypes.
Supposons,
parexemple, S ]
etS Z positifs, s ]
et s,négatifs,
c’est-à-dire :On voit alors que, pour t < i, ul, < o, et que, pour t > i, U2 < o. Aucun
équilibre
n’estpossible
pour unefréquence
de A différente de o ou de i.b)
A bsence d’oveydominance dans les deux sexes avec inversion du classement deshomozygotes
d’un sexe à l’autre.On aura, par
exemple :
On
peut supposer - i l i sans perte de généralité (1).
On
peut
supposer -<—
sansperte
degénéralité (!).
!2
Ci
( 1
) Car dans le cas contraire, si l’on intervertit il la fois Iet 2et les grandes et petites lettres, on se
retrouve dans la situation postulée ici.
Pour
qu’une
racine def (t)
= o soitcomprise
dans lapartie
commune auxintervalles ( —, (ci Ci
/et tC!, —), B
C2 C2il
ne faut pasque ’- et C 2
soient tous deux infé-rieurs
à C
et Ci, cas où cettepartie
commune n’existe pas et où aucunéquilibre
n’est,
parsuite, possible (cf exemples
A et C deB ODMER , 19 65).
Cette condition
peut s’interpréter
de lafaçon
suivante : les coefficientsS,
et S2 de sélection ne doivent pa-,
être,
en valeurabsolue,
tous deuxsupérieurs
ou tous deux inférieurs à
Si
et si, c’est-à-dire que la sélection dans un sexe nedoit pas être
plus intense,
sur les deuxhomozygotes
à lafois,
que dans l’autre sexe.Ceci étant
supposé réalisé,
pourqu’une
racinecorresponde
à unéquilibre génique,
il fautqu’elle
soitcomprise
entre les deux valeurs intermédiaires du groupe desquatre
valeurs(ci,
BC l ,
!iC2, !).
c!/Le
tableau 4 indique les différents
ordrespossibles
de classement de cesquatre
valeurs(uniquement
dans le cas où les intervalles c, -I et C 2 - I
ontCi
C2une
partie commune)
et lesigne correspondant
de f(t)
pour chacune. On en déduitimmédiatement
lespossibilités d’équilibre.
En fin de
compte,
on aura doncgénéralement
o ou léquilibre (un exemple
de
BO DM E R , 19 65,
tabl. 4, p. 4Ig, illustre notre cash)
et, dans unesituation, jusqu’à
deuxéquilibres.
Onpeut
vérifierqu’il
en est ainsi pour les valeurs suivantes desparamètres
C : ci = o,C! = 2,
c2= 3,C 2
= I.De ces deux
équilibres,
BODMER a montré dans un casparticulier qu’un
seulétait
stable,
l’autre étant instable.c)
Oveydominancepositive
dans un sexe;pas
d’overdominance dans l’a1Ûre.Le cas
typique correspondra
auxinégalités suivantes, respectivement,
pour les S et pour les C :Comme
C l >
o, une racine def(t) =
pourcorrespondre
à unéquilibre,
doitêtre
comprise
dans l’intervalle(c }
> ¿) qui est tout entier inférieur à i.
B C1
Il ne
peut
donc pas y avoir trois racines conduisant à unéquilibre, puisqu’elles
seraient toutes trois inférieures à i et que leur
produit
doit êtreégal
à i.De
plus,
on vérifie que, dans tous les cas,/(+i) = p -
estpositif.
On nepeut
donc avoir nonplus
deux racinesrépondant
à laquestion,
cequi
nécessiterait/(+i)
< o. Il y adonc,
soitzéro,
soit unéquilibre
desfréquences géniques.
Le tableau 5
indique laquelle
de ces deux éventualités estréalisée,
suivant ladisposition
relative desparamètres C l , B 2 _, C l C2, !). C2I.
d)
Overdomina.ncepositive
dans les deux sexes.Tous les
paramètres
C sont alors inférieurs à i.- Dans le cas où ils sont tous
négatifs,
il y a nécessairement au moins unéquilibre,
caralors,
la racinepositive
tqui
existetoujours
ne pourra pas être inférieure auplus grand
des deuxnombres Cj, — et ( C2, !). Cette situation cor-
B !i/
B
!2/respond
auchoix,
dans les deux sexes,de plus de 5 Bo
p.I oo
desreproducteurs
parmi
leshétérozygotes
Aa.- Si tous les C sont
positifs,
t doit se trouver à la fois dans les deux inter- vallesCi B — ) e l ) et C 2
B- I C 2 J. Ces
deux intervalles ontobligatoirement
unepartie
commune, car ils
comprennent
tous deux la valeur-)-i.
On vérifie que
i(t)
estnégatif
pour 1 = cl et t =C,,
etpositif
pour t= — Ci et
t
== —.
Il y a donc au moins une racine def (t)
= ocomprise
entre laplus
Cs
_
grande
. des deux valeurs(cl , C2)
et leplus petit
des deuxnombres (el C2 ) BCi
C2- Si certains des
paramètres
C sontnégatifs,
on vérifie defaçon analogue
que la racine
positive
existantecorrespond
à unéquilibre réel,
car, dans tousles cas,
f (t)
< o pour t c, ouC 2
etf (t)
est dusigne, respectivement,
deCi ou
de c, pour t
= Cet
t= —,
de sorte que la racine enquestion
se trouvesupérieu re C,
c2à
C, et i
siC ]
< o,supérieure
àC 2 et I
si c2 < o, oucomprise
dans les inter-ci C2
valles
correspondants si, respectivement, C l ou
C2 estpositif.
- Dans tous les cas, il existe donc au moins une
fréquence d’équilibre.
Iln’y en
aqu’une,
car on vérifie que oc etp sont
tous deux inférieurs à i, cequi empêche
la condition( 2 )
d’êtreremplie.
On
peut
montrer, dans des casparticuliers,
que cetéquilibre unique
est stableet cela est de toute
façon suggéré
par le fait que leséquilibres correspondant
à la fixation de l’un ou l’autre
homozygote
sont instables.e)
Overdominancepositive
dans un sexe,négative
dans l’autre.Comme c, > 0, une racine de
f (t)
= o, pourcorrespondre
à unéquilibre réel,
doit êtrecomprise
dans l’intervalle( C2, !).
B C,2Sans
perte
degénéralité,
nous pourrons supposerC. >
C2-I,e tableau 6 considère les
dispositions
relativespossibles
de c,,I , C!, —, Cl
C2 lesigne
def (t)
pour chacune de cesvaleurs,
d’où lespossibilités d’équilibres,
en
distinguant
le casC l
> o(une
racine « valable » devant êtrecomprise
dansl’intervalle cl
- ! ) et C l < o (racine
devant être supérieure
au plus grand
des
Ci
deux nombres
C i,—
) . ,
Nous avons vérifié
numériquement
lapossibilité
de troiséquilibres,
enparti- culier,
dans le cas 2a: les deuxexemples
donnés par OWEN(ig 53 )
ycorrespondent (du
moins à lalimite),
lepremier
avec les valeursC l
= cl ! o,C 2
= c! = 3,3,le deuxième avec les valeurs
C,
= Cl = o,C 2 =
7,2, c, =6, 0 .
L’exemple
C du tableau 3 de BODMER( I g65,
p.41 8)
estanalogue.
Notrecas i a est illustré
par l’exemple
de LI( 19 67,
p.47 1 )
avec ci =C l
=3,67,
C2 =C
2
= -0 , 0 67.
Par contre,l’exemple
D du tableau 3 de BODMERcorrespond
àun seul
équilibre (stable)
pour notre cas 2a.Un
exemple numérique
à deuxéquilibres peut
être donné pour le casi b,
avecCi
= - 0.5: C, =+
1,5;C2 ! +
4,0; ! =wiw 0,75.
La zoneacceptable
pourune racine
correspondant
à unéquilibre
estcomprise
entre + 0,75 et ;- 4, et il y a trois racinespositives,
l’une inférieureà 3,
3 la secondeégale
à i, latroisième
comprise
entre 2 et 3. Les deux dernièresrépondent
donc à laquestion.
Avec
Ci = 2 ...,
cl = o,C 2
= 3, C2 = 5, on réalise deuxéquilibres
dans2,9
notre cas 2
b; l’exemple
B du tableau 3 de BODMER conduit à la même conclusion et rentre dans le cas 2 C.!nfin, l’exemple
A du tableau 3 de BODMER illustre le cas 2 d avec un seuléquilibre
instable.En fin de
compte,
s’il y a overdominancepositive
dans un sexe etnégative
dans
l’autre,
onpeut
avoirzéro,
un, deux ou troiséquilibres.
f)
Pas d’overdominance dans un sexe, overdominancenégative
dans l’autre.On a
alors,
parexemple : C i >
ic l >
iC 2
< Ic 2 >
I.Une racine de
1(t)
= ocorrespondant
à unéquilibre
doit êtrecomprise
dansl’intervalle commun
à c l - I B !]/ et
à (! - C2)’ B!
/ C!
et C2 étantpositifs.
Pourque cet intervalle
existe,
il faut queC2, !
ou lesdeux,
soientsupérieurs à I
c
L i
Dans tous les cas, une seule racine est
possible,
oudeux,
mais nontrois,
dans l’intervalle
requis,
tout entier inférieur à I,puisque
leproduit
des racines est I.Le tableau 7
indique,
commeprécédemment,
les divers caspossibles (on peut
noter, enplus,
quef (-!-i)
esttoujours négatif).
On a
donc,
dans cettesituation,
o, I ou 2équilibres possibles. L’existence
de deuxéquilibres
se vérifienumériquement,
parexemple,
avecCI
= 5; ci = 1,2;C
2
= o; C2 = 1,25. Il y a alors deux racinesacceptables,
l’unesupérieure
à 0,2,l’autre inférieure à
o,8.
g)
Overdominancenégative
dans les deux sexes.Tous les
paramètres
C sont alorssupérieurs
à -!- i. Les deux intervalles(CI’ ¿)
et(C2’!) ont nécessairement une partie
commune englobant
1.
B
C1
B !/De la même manière que
précédemment,
on montre quef (t)
> opour t = C ’-i
ou t
= !
etf (t)
< o pour t = ci ou t= C z .
Il y a donc nécessairement une racine C2
comprise
dans l’intervalle cherché.Comme
1(o)
_ - i etf( + ( 0 ) = +
oo, on voitqu’il
y atoujours,
dans cecas, trois racines
positives,
l’unecomprise
entre o et laplus petite
des valeursCi et C2,la
seconde entre laplus grande
de ces deux valeurs et laplus petite Ci
C2de cl ou de
C 2 ,
la troisièmesupérieure
à laplus grande
des deux valeurs cl ouC z . Seule,
la deuxième racinecorrespond
à unéquilibre
réel. Il y adonc,
dans cecas,
toujours
unéquilibre
et un seul. Il est facile demontrer,
sur desexemples numériques,
que cetéquilibre
est instable : cela est aussisuggéré
par le fait que leséquilibres correspondant
à la fixation des deuxhomozygotes
sont stables.CONCLUSION
Les
possibilités d’équilibres (stables
ouinstables)
desfréquences géniques
dans les diverses situations
passées
en revue pour un locus autosomal avec sélec- tion différente dans les deux sexes sont donc les suivantes :- Absence d’overdominance : aucun
équilibre
si le classement desgéno- types
estidentique
dans les deux sexes; o, i ouparfois
2équilibres (avec possibilité
d’un stable et d’un
instable)
si le classement deshomozygotes
s’inverse d’unsexe à l’autre. Nous
suggérons
dans letableau 4
quel’équilibre, quand
il estunique, peut
être stable ouinstable,
suivant le cas, àpartir
de laprise
en considé-ration de la stabilité des
équilibres correspondant
à la fixation de A ou de a.- Overdominance
positive
dans un sexe, absente dans l’autre : o ou iéquilibre.
- Overdominance
positive
dans les deux sexes : iéquilibre (dont
la stabi-lité est
suggérée
par l’instabilité auvoisinage de !
= oou fi
=i).
- Overdominance
positive
dans un sexe,négative
dans l’autre : o, i, 2 ou3
équilibres. L’équilibre unique
doitpouvoir
être stable ou instable à enjuger
par une discussion de la stabilité des
équilibres correspondant
à la fixation de A ou de a. Dans le cas de troiséquilibres,
deuxpeuvent
être stables.- Overdominance absente dans un sexe,
négative
dansl’autre,
o, i ou 2équilibres.
- Overdominance
négative
dans les deux sexes : iéquilibre (dont
l’insta-bilité est
suggérée
par la stabilité auvoisinage de !
= oou fi
=i).
Ce tableau d’ensemble
vérifie,
dans le casgénéral:
lespossibilités
trouvéespar BODM!R
( 19 65)
dans une situationparticulière.
Il montre que l’existence de trois
équilibres
n’estpossible
quelorsque
l’hété-rozygote
est favorisé dans un sexe et défavorisé dans l’autre parrapport
aux deuxhomozygotes.
Il confirme la
possibilité
de deuxéquilibres
montrée par BODaz!R.Ainsi,
un
équilibre
stablepeut exister, qui
ne serait pas atteint àpartir
d’une popu- lation fixéehomozygote
aa par mutation versA,
aa étant aussi unéquilibre
stable.Ces
équilibres,
obtenuslorsque
la sélection diffère entre sexes,peuvent posséder
despropriétés
assezparticulières : ainsi,
dans la situationd’équilibre,
il y a
persistance possible
d’une variabilité « additive» importante
liée au locusen cause.
D’autre
part,
dans le cas depopulations
d’effectiflimité,
il serait intéressant de rechercher l’éventualité de variations ou oscillationsd’apparence brusque, associées
à laprésence
d’unéquilibre instable,
ou de deux ou troiséquilibres.
De tels
phénomènes
seraientsusceptibles d’apporter,
àl’occasion,
despertur-
bationsimprévues
dans le résultat de la sélection artificielle pour un caractèremétrique dépendant
degènes
à effet influencé par le sexe.Reçu pour publication en janvier 1968.
REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier vivement le PrLETORT, de l’Institut national agronomique, Paris,
des critiques et suggestions très utiles qu’il nous a apportées en lisant ce manuscrit
SUMMARY
SELECTION DIFFERING IN MALES AND FEMALES.
GENERAL DISCUSSION OF THE POSSIBILITIES OF EQUILIBRIUM FOR AN AUTOSOMAI, LOCUS WITH TWO ALLELES
A survey is presented, for the general case, of the possible equilibria of gene frequencies,
for an autosomal locus with two alleles in a panmictic population, when selective values differ in the two sexes. The possibilities are the following :
- No overdominance : no non-trivial equilibrium if the ranking of the genotypes is iden-
tical in both sexes; 0, 1 or 2 equilibria if the ranking of the homozygotes is reversed from one sex to the other. When it is unique, the equilibrium may be stable or unstable as suggested by a discussion of the stability near the fixation of A or a.
- Positive overdominance in one sex, no overdominance in the other : 0 or 1 equilibrium.
- Positive overdominance in both sexes : 1 equilibrium (stable as suggested by the instabi-
lity near the fixation of A or a).
- Positive overdominance in one sex, negative overdominance in the other; 0, 1, 2, or 3 equilibria.
- No overdominance in one sex, negative overdominance in the other : 0, 1 or 2 equilibria.
- Negative overdominance in both sexes : 1 equilibrium (unstable as suggested by the stabi-
lity near the fixation of A or a).
The results confirm, in particular, the possibility of two equilibria of which one may be stable. They show that the realization of three equilibria, of which two may be stable, is possible only when the heterozygote is favoured in one sex and at a disadvantage in the other with respect
to the two homozygotes.
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