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TAMANRASSET EN AVION

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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1E DÉSERT EN ÉTÉ

TAMANRASSET EN AVION

Y 'AVION est minuscule et charmant, tout argent, gainé de JLJ rouge vif. Des ailes luisantes, une hélice spirituelle et un museau pointu, troué de petites narines écarlates pour lui permettre de souffler son haleine chargée d'huile de ricin.

Le pilote, un ancien blédard, vétéran de l'aviation saha- rienne, donne une impression de force et de maîtrise. Dès qu'il est à son poste, ses yeux verts deviennent profonds et pénétrants, son visage se couvre de mille rides, ses paupières se ferment à demi, ses lèvres disparaissent : il est à l'affût.

Affût de la moindre variante au rythme monotone du moteur ; affût du terrain, du plus petit point de repère ; affût de la piste surtout, de cet interminable fil d'Ariane qui, en plein désert, serpente, oscille, louvoie entre chaque obstacle. Si on la perd ou qu'un vent de sable menace de vous la cacher, il faut aussitôt atterrir et attendre que les éléments vous permettent de la retrouver et de ne plus la quitter des yeux. Cela peut durer cinq, six, sept heures, parfois davan- tage ; mais qu'est-ce que cela en regard de la mort par la soif ?...

— Pas de parachute ? demandai-je au pilote.

Il sourit et, me regardant en face :

— Sans eau, hors de la piste, vingt-quatre heures suffi- raient, madame... Quelques secondes ne sont-elles pas préfé- rables ?

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C

ONTACT! Un dernier regard alentour, et déjà l'avion roule sur le terrain. Plein gaz. L'herbe n'est plus qu'un fin brouillard jaunâtre. Brusquement, la géométrie du ter- rain apparaît... tout se détache, s'aplanit : nous volons.

Au revoir, Alger la blanche ! Rendez-vous dans huit jours.

Ici, le pays est encore vert. Partout des bouquets d'arbres.

Les montagnes sont entourées de brume, longs voiles gris qui s'enroulent autour d'elles, comme pour faire valoir le décolleté de leurs têtes expressives.

Nous survolons un long plateau rocheux, des prairies coupées de ravins profonds, pour atteindra progressivement la limite des terres cultivables. Les maisons, très disséminées, semblent de larges rectangles dont les patios grisâtres sont dénués de verdure. Il faut écarquiller les yeux pour décou- vrir les troupeaux de moutons.

La région montagneuse se nivelle de plus en plus. On pressent le désert. Au loin, — pauvre goutte d'eau, posée là comme une larme de sang sur cette terre desséchée, -*- un chott s'allume aux derniers rayons du soleil couchant. Déjà, les premières tentes de nomades apparaissent, taupinières isolées. Les cultures se raréfient. Voici le premier banc d»

sable dont la ligne jaune se profile derrière l'Ougar-Cherguû Le sol est imprégné de sel qui saupoudre le paysage ou bien encore se cristallise par endroits en larges cernes grisâtres.

Derrière nous, la dune court comme un fleuve irrité par le vent. Le soleil se couche sous les nuages et les derniers rayons, qui filtrent en faisceaux entre les épaisseurs ouatées^

évoquent une « mise en croix » de primitif flamand.

Djelfa apparaît sur la gauche dans une lumière d'or.

Nous franchissons le Dj Selnaba, sorte de frontière natu- relle du désert, barrière abrupte entre la végétation et l'ari- dité. A vol d'oiseau, on dirait une énorme vague que la nature, par fantaisie, aurait pétrifiée au moment où elle allait s'abattre sur la vallée.

Le jour tombe. La terre rosit de minute en minute-, Chaque parcelle de pierre, de sable, d'herbe ou de roc se pare de dégradés mauves, de reflets bleus, de tons irisés. L'at- mosphère prend une teinte irréelle qu'on voudrait retenir,"

dont on aimerait à s'imprégner. Et puis, brusquement, l'en- chantement disparaît : la vallée est redevenue grise ; la terre,

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«ombre, les montagnes sans relief, le ciel plombé avec juste une petite ligne claire à l'horizon. Le soleil a disparu. Le pilote signale une jolie ferme noyée dans la verdure : c'est ici que Voronof a passé deux ans à perfectionner ses fameuses greffes.

Les singes sont invisibles...

Dans l'obscurité, nous atterrissons à Laghouat, petite cité arabe sans grand relief, mais bien découpée et dominée par une très belle mosquée. Une Ford aux yeux phosphorescents, affligés d'un strabisme excessif, nous recueille à la descente de l'avion. Le bel oiseau d'argent est roulé avec amour dans sa cage sans barreaux, d'où il pourra à loisir contempler la palmeraie, détendre ses ailes et apaiser les battements de son cœur.

L'hôtel semble un relais de diligence dans une province vieille de deux siècles, familière, bruyante, mais hospitalière fit bon enfant. Dans la courette rose, en haut de laquelle un balcon court en festons réguliers, on est tenté de chercher la patache et les postillons. On découvre seulement le patron de l'endroit, gros homme avachi et débraillé, qui se précipite au-devant de nous en roulant des yeux ronds dont l'un, anormalement développé, est recouvert d'une taie. Nous demandons des chambres.

— Attendez le fils, messieurs, dames, il va vous donner cela, c'est sa partie.

Le « fils » pourrait être celui de Marius sans risquer de se voir renier par son père ; petit, gringalet, frétillant, l'œil vif et le pied traînant, il nous distribue des appartements du dernier confort : lit de fer, cuvette d'émail, table de bois.

— Quel est le menu ? demandai-je, en descendant, au patron qui, toute loque qu'il soit, me semble pouvoir, le cas échéant, tenir l'oreille d'une cocotte.

— Adressez-vous au fils, mademoiselle, c'est sa partie

à lui, ça.

J e serais curieuse de savoir oe qui revient à ce mollusque en fait d'occupation ! A tout le moins, une part de bénéfice suffisante pour remplir sa bedaine et l'arroser de Pernod.

Le jeune Marius apparaît, ruisselant :

— Vous avez du lièvre rôti, mademoiselle, un lièvre que j ' a i tué ce matin à trente kilomètres d'ici.

Là, nous sommes en terrain de connaissance, et, tout en

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caressant deux magnifiques pointers couchés dans la cour,

^'apprends que la gazelle abonde dans le pays et que les outardes sont même faciles à tirer. Si seulement les journées pouvaient se dédoubler !

Le dîner sitôt terminé, on m'entraîne dans la cité de plai- sir de l'endroit pour voir danser les chirats. Ces filles sont

pour la plupart vieilles et bien peu séduisantes, et le spectacle est décevant.

L

E ciel est couvert et le vent souffle avec violence. L'horizon est barré par une brume légère et saumâtrequi s'épaissit au fur et à mesure que nous avançons. Le pilote est visi- blement préoccupé. Un vent de sable est proche. Il n'est pourtant que six heures du matin. Soudain, nous sommes pris dans des remous qui font vaciller l'avion. Une bande de-vents malicieux semble nous tirailler de tous côtés. Ding ! un coup par ci. Plof ! un coup par là. Une nappe d'air se dérobe et c'est une descente de trois étages. Nous avons bouclé les ceintures de nos fauteuils, et je dois avouer que je serre fort les accoudoirs et les dents ! Brusquement, l'atmosphère est redevenue transparente, le ciel clair: finie la tourmente, le ciel a changé d'humeur...

Maintenant, plus rien devant soi que les dunes de sable et de pierres, uniformes de couleur et curieusement ondulées : sorte de paysage lunaire.

Ghardaïa est à l'horizon, mais nous continuons cepen- dant à suivre la piste avec soin. Des vautours planent çà et là. L'idée d'être dépecée à moitié crue par ces fossoyeurs réputés ne m'enchante guère...

Les cinq villes de Ghardaïa, disséminées à travers la pal- meraie, sont à peu près semblables au point de vue archi- tectural, mais de dessin différent. L'une d'elles, Beni-Isguen, est interdite aux étrangers qui ne peuvent fumer en la visi- tant et doivent s'abstenir d'y passer la nuit.

Nous survolons une caravane de chameaux dont l'ombre se profile sur le sable comme celle de mouches le long d'un mur. Et voici El Goléa, perdue à travers les palmeraies1 et les jardins. Tout à côté, un vieux ksar en ruines domine l'alen- tour avec la majesté d'un burg du Rhin. Des dunes, des palmiers, des dunes, encore des dunes... Enfin le désert

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typique, le désert des chromos et de l'affiche avec son sable, frisé au petit fer, et ses dattiers dégingandés dont la tête semble surprise de se trouver si haut perchée.

Nous descendons lentement : 40 degrés nous accueillent.

Pour visiter l'oasis, vous pouvez profiter d'une vieille Citroën de rebut dont on utilise ici les dernières forces pour lutte$ contre le sable mou. Ainsi, cahin-caha, arrivons-nous au pied du ksar où se trouve un village de terre cuite assez inattendu. Une nuée d'enfants jouent devant les murs ; mais, sitôt qu'ils m'aperçoivent, armée de ma caméra, ils 6'enfuient en courant. Tête basse, je reviens vers l'auto. Un jeune indigène, qui m'accompagne en qualité de cicérone bénévole, sourit :

—. Ici, Français être pas aimés di tout, m'explique-t-il.

Français pas gentils avec les Touareg.

J'essaye de lui démontrer qu'au contraire nous travaillons sans cesse à leur bien-être : systèmes d'irrigation et de cul- ture, prophylaxie des maladies, allégement de la misère morale, soulagement de la souffrance physique...

Il lève vers le ciel ses bras squelettiques :

— Moi pas savoir pourquoi eux pas aimer li Français, Moi, aimer beaucoup eux, être toujours très bien avec eux..,

Déjà retors...

Néanmoins, sans me décourager, je m'installe devant la porte du village. Alors, un par un, comme des moineaux auxquels on jette du pain, les enfants s'apprivoisent et m'en- tourent. Ils sont beaux, en dépit de leurs yeux couverts de mouches. Les femmes apparaissent à leur tour. Leur visage découvert, surmonté d'un foulard noué en turban, permet d'apprécier l'admirable regard de velours que deux paupières trop lourdes approfondissent encore.

Le guide m'emmène ensuite dans un jardin.prestigieux.

Miracle des puits artésiens ; de chaque côté des allées se pressent des buissons de roses. Partout des amandiers, des grenadiers, des citronniers ! Les oranges sont si brillantes, si gonflées qu'on les prendrait pour des ballons accrochés dans les arbres.

— Ces missieurs-dames sont servis ! annonce Chocolat^

un grand diable dont la tête semble ciselée dans du poirier verni.

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TAMANRASSET EN AVION. 199 Aussi lent qu'il est noir, il passe les plats avec une admi- rable dignité.

T

ROIS heures. Cap sur Fort-Miribel. Le veut souffle du feu et l'avion tangue comme canot sur grosse mer.. Déci- dément, je ne ressens pas encore « l'appel du désert ». Le fameux silence, lui-même, ne m'impressionne pas. Dois-je en rendre responsable la fougue du moteur ?

Deux heures passent, assez dures. Le pilote mate douce- ment notre capricieux engin. Nous quittons maintenant les sombres contreforts du plateau du Tademaït, véritable enfer, pour pénétrer dans le Tidikelt, capitale In-Salah. A droite, nous admirons de curieuses roches sablonneuses qui se désa- grègent en formant de petites plates-formes sur le sommet de chaque crête. Le Hoggar n'est pas loin... Le terrain subit maintenant une forte déclivité qui s'accentuera jusqu'au puits d'Hadjaz où des courants ascendants nous soulèveront comme des fétus.

Voici In-Salah, longue tache verte ourlée de hautes dunes dorées. A l'est, les palmeraies étalent leur éventail de plumes sombres ; puis, les maisons apparaissent, véritables brode- ries de terre rouge dont les motifs réguliers évoquent éton- namment les alvéoles d'une ruche.

Le soleil plonge à l'horizon : heure miraculeuse entre toutes. La terre entière est embrasée ; les minarets dressent vers le ciel leurs pyramides de craie irisée d'or ; les murs à créneaux détachent leur profil dur sur une terre de feu. Les moindres plaques d'ombre prennent des valeurs inouïes. Le spectacle est irréel à force d'être beau !

Lentement, nous tournons sur la ville, saisissant au pas- sage le mouvement qui l'anime : tennis au cercle militaire, corvée d'eau pour les femmes indigènes, complète oisiveté pour les hommes, assis sur les toits, comme des mouches agglutinées... Partout des teintes agressives et fondues, des tons d'or rouge et jaune, des notes orange rehaussées de vert.

Un camion d'essence fait office de taxi. Au volant, un type de grande allure, solide gars magnifiquement balancé, aux muscles longs, aux épaules carrées, avec des yeux d'acier dans une figure couleur de brique.

— De quelle nationalité êtes-vous ? lui demandai-je.

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>— Russe, madame, de la garde impériale ! J'ai fait toute la guerre, puis la révolution, là-bas. C'était le bon temps, on pouvait cogner, au m o i n s ! E t encore j'étais jeune, je n'avais pas les bras que j ' a i maintenant. Le premier homme que j ' a i fendu avec mon sabre, je ne suis arrivé qu'un peu au-dessous du sein ; maintenant, je le couperais jusqu'au nombril !

— ...Vous vous plaisez à In-Salah ?

— Oui, le métier n'est pas mauvais. Je suis ici depuis huit ans comme camionneur d'essence. Toute la journée sur les pistes, et le soir, des bocks frais au café. Ma femme est à AJger et je vais la voir une fois par an, mais je m'en passe.

La seule chose qui me manque, ici, c'est la guerre, même avec les gaz, même avec les avions. H n'y a encore que cela qui compte ! Évidemment, je préférerais une bonne épéeT

mais un fusil et des cartouches, c'est encore mieux que rien ! D'ailleurs, ça ne tardera pas à recommencer ! C'est moi qui vous le dis.

Tout en devisant, notre homme nous mène un train d'enfer sur une piste effarante ; il faut presque s'agripper pour n'être point lancé hors du véhicule.

Nous traversons une palmeraie splendidement irriguée.

Partout des bassins d'eau limpide où les dernières lueurs du jour se reflètent à traversées arbres. Les couleurs sont tel- lement douces, l'atmosphère dégage une si merveilleuse impression de calme et de sécurité, qu'on se croirait transporté dans une forêt de conte de fées. Bienfaisant repos après ces heures de solitude dans un panorama désertique !

L'hôtel a prolongé d'un jour sa « saison » pour nous recevoir. Le patron vient à notre rencontre. Une carrure d'athlète et un crâne presque dénudé ne parviennent pas à lui enlever un air de grande jeunesse. Sa femme, toute menue, trotte à ses côtés, vêtue de pantalons à la persane, serrés aux chevilles. Ils dirigent l'hôtel depuis un an à peine, et sont tout réjouis de partir pour Vichy dans deux jours.

Nos lits sont préparés dans de larges pièces dont les plafonds consistent en une juxtaposition d'arbres non équar- ris. Il doit bien y avoir 50 degrés à l'intérieur des chambres ! En vain laisse-t-on toutes les fenêtres grandes ouvertes, l'air semble figé sur place. Dans un coin, près du lit, une

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'haute lampe à pétrole fait de son mieux pour donner de la lumière qu'à vrai dire elle distribue moins généreusement que des fumerons.

La lune s'est levée, donnant aux murailles crénelées qui nous entourent un relief étonnant; le ciel est d'un bleu lumineux, la température s'est détendue, un vent très léger vient nous caresser le visage : c'est l'heure qu'il faut savourer entre toutes, l'heure inoubliable où la nature s'apaise, reprend son souffle, s'allège des calories qui, le jour, semblent l'oppres- ser, lui interdire toute vie, tout mouvement. Derrière l'hôtel, le sable s'est entassé, formant un petit monticule qui domine la salle à manger. Cette poussière de grains impalpables a quelque chose de souple et de frais dont le contact est délassant. Je suis maintenant à demi enterrée, la joue à même le sable. B..., qui sirote à mes côtés une anisette atroce, me dit en riant :

— Vous me faites penser à Tanit Zerga creusant le sable pour chercher un peu d'humidité avant de rendre le dernier soupir. C'est le besoin instinctif d'un corps déshydraté.

Et il me conte comment, avec un de ses camarades, il faillit mourir de soif aux côtés de Laperrine, lors du dernier

voyage du célèbre colonisateur à travers le Hoggar.

Il décrit l'angoisse, l'anxiété affreuse qui, dès les premières heures, s'empara d'eux, s'accentuant au fur et à mesure que les jours s'écoulaient. Graduellement, la provision d'eau s'épuise et, graduellement aussi, la ration personnelle de chaque homme s'amoindrit... Un litre et demi, un litre, un demi-litre... le moindre mouyement devient une souffrance.

Les hommes, tapis sous l'avion, économisent leurs dernières forces. Ils perdent la notion du temps. Chaque fois que le jour tombe, ils pensent ne plus voir le suivant. Mais le soleil les fait renaître à la vie, au souffle de vie qui leur permet d'avoir conscience de leur épuisement. Ils ont des halluci- nations ; ils murmurent des paroles incohérentes...

Le dix-septième jour, le général Laperrine rend le dernier soupir. Son corps se durcit aussitôt, se parcheminé : effrayante momie qui semble épier l'agonie des survivants.

Le vingt et unième jour, B... décide d'en finir coûte que coûte. Il s'ouvre les artères du poignet. Son couteau taille la chair jusqu'à l'os, mais la plaie reste sèche : le sang n'ar-

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rive même plus... « Le plus curieux, ajoute-t-il, c'est qu'à l'instant même où les indigènes qui nous sauvèrent me firent avaler quelques gouttes d'eau, je me sentis rassasié. » Du coup, l'anisette prend figure de breuvage divin...

La tête du patron se profile dans l'embrasure de la fenêtre :

— Le dîner est servi.

Il faut s'arracher à la douceur du farniente pour péné- trer dans une salle à manger étouffante, où les mouches semblent néanmoins pleines d'activité. L'omelette marga- rine-fines herbes nous paraît délectable. Le poulet, — « un sujet engraissé de ma main », annonce le patron avec orgueil,

— est une pauvre bête étique et filandreuse que nous déchi- rons à belles dents. Quant aux haricots, leur trame résiste fortement à toute tentative de dépeçage.

Il est près de dix heures quand nous sortons de table, et nous tombons de fatigue ; mais notre hôtelier tient absolu- ment à nous offrir le spectacle d'une fête locale qui a lieu à quelques centaines de mètres de là.

— Chaque fois que l'on « reblanchit » un « marabout », explique-t-il en marchant de ce pas légèrement traînant que les Européens adoptent dans les pays chauds, le caïd convie tous les indigènes de la ville à un couscous monstre.

A première vue, cela semble une grande libéralité de sa part ; mais l'astuce n'en est que plus subtile. La coutume veut que chaque convive oublie discrètement deux pièces de monnaie à la place qu'il a occupée pendant le repas...

Nouvelle formule de surprise-partie ! Tous les indigènes sont rassemblés auprès du marabout. Les uns, assis, digèrent .bruyamment en échangeant des propos badins avec leurs

voisins; d'autres, debout, lancent leurs fusils en l'air et tirent des cartouches à blanc. Les femmes jacassent entre elles, évidemment... Toutes ces formes se meuvent dans une obscurité presque complète. Une forte odeur de beurre rance, de sueur forte et de poudre noire vous prend à la gorge, et je ne tarde pas à donner le signal du départ. Les souhaits de bonne nuit sont échangés et chacun rentre chez soi.

Pas pour longtemps ! L'atmosphère des chambres est tel- lement irrespirable que deux minutes plus tard nous nous retrouvons dans le couloir, traînant et poussant nos lits vers la cour. Et un dortoir de s'organiser à la belle étoile...

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L

ES premiers contreforts du Hoggar apparaissent* Arak, tout d'abord, avec ses gorges d'une âpre beauté. Puis le sol se transforme et nous survolons un paysage lunaire, creusé de canons impressionnants. Çà et là, de9 roohes ferrugineuses jaillissent, effritées à la base et surmontées dé petits bouchons plats, posés en protège-pointes. Partout, des rochers volcaniques, des colonnades titanesquës, d'immenses remparts que lèchent des vagues de sable jaune d'une finesse impalpable. Là-bas, plus à l'ouest, naît le domaine d'Antinéa.

Au sud, le « Doigt de Dieu » menace le ciel, tout à coté de l'ermitage d'été du Père de Foucault.

Tamanrasset. Sitôt à terre, nous sommes entourés d'un essaim d'enfants noirs qui se pressent contre nous." Leurs petits corps frêles sont harmonieux et dépourvus de ces ventres en baudruche qu'on a coutume de rencontrer dans l'Afrique du Nord. Des parents touaregs arrivent à leur tour ; la taille élevée, le port altier, la démarche digne, ils reprè^

sentent à merveille les « seigneurs du Hoggar », drapés dans leurs burnous flottants d'un bleu noir admirable. Et voici quelques autorités : le commandant xC..., deux méharistes et un médecin militaire. Présentations. Hôtel Transat.

Dix heures : il n'est que temps d'aller s'incliner devant la tombe du Père de Foucault.

Sur une toute petite place se dresse une sorte de minus1

cule aiguille pyramidale, d'un beau rouge brique, cernée d'une murette carrée pétrie dans la même terre de sang.

Deux noms : sur une face, Laperrine ; sur l'autre, Foucault, Ces deux grandes figures animées d'un même idéal, d?une même énergie, sont maintenant unies dans la mort comme dans la vie... Vie de sacrifice, vouée à la même œuvre de civilisation. Devant cette pierre, trop semblable aux monu- ments de guerre d'un pauvre village de province, on se sent fier et humble tout à la fois.

Le ksar construit pour le Père de Foucault est bien l'image la plus émouvante de Tamanrasset: Gëtte bâtisse carrée qui appartient maintenant à 4'histoire a pour unique Ouverture une porte minuscule dont le seuil forme une sorte de perron abrité derrière un petit mur : c'est ici que coula le sang d'un apôtre sacrifié stupidement par la main d'un indigène affolé.

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Pour déjeuner, nous sommes conviés à la popote des offi- ciers. La conversation s'engage sur le film : VAppel du silence, tourné ici même. Le commandant X... a connu le Père de Foucault et admire profondément l'évocation réalisée par Léon Poirier. Seulement, en bon blédard, il regrette que la plus grande partie des scènes de désert ait été supprimée.

Les méharistes qui entourent cette table ont tous, plus ou moins, participé aux prises de vues et font chorus.

— Songez, madame ! gémit l'un d'eux, ils ont coupé ma scène ! Me faire ça à moi, qui ai cinq ans de bled !

On devine, chez ces hommes isolés des mois et parfois des années durant dans les postes, une susceptibilité mala- dive pour tout et pour rien. Si l'autorité paternelle de leur chef ne les dominait pas, ils se battraient pour un journal vieux de trois mois!

Après le repas, excellent d'ailleurs, chacun propose le classique « tour de chameau ». Le décollage est un peu rude, mais on s'y fait vite, à condition que la bête ne soit pas trop fringante.,. L'une d'elles, prise de fantaisie, caracole et fait basculer son cavalier, un méhariste de dix ans d'expérience !

— C'est toi qui payeras l'apéritif ce soir, lui lance le com- mandant en manière de consolation.

Sous un soleil de feu, nous partons en camion vers la guelta, curiosité de l'endroit.

—- Ce. sont des points d'eau disséminés à travers le désert, m'explique le médecin militaire auquel j'ai résolument avoué mon ignorance. Ils sont en général dissimulés par des rochers qui les abritent du soleil et empêche leur évaporation.

Tout en parlant, il a chaussé d'invraisemblables souliers, faits d'une large semelle de cuir avec une simple boucle pour passer le gros orteil. Il marche avec cela comme un oiseau palmé piqué de la tarentule, car il est tout fringant, ce petit « toubib ».

Nous arrivons devant la guelta. D'abord, on ne voit rien qu'une muraille de granit, haute de cinquante mètres. En approchant, on distingue une crevasse dans le rocher ; nous la suivons et arrivons devant un véritable petit lac, miracle dans cette nature aride. Peut-être cette eau sauvera-t-elle un jour des vies humaines... Elle n'est pourtant guère appé*

tissante, mais, pour s'y baigner les pieds, quel délice !

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TAMANRASSET EN AVION. 205 Et là-haut, tout là-haut, se trouve un autre lac où fleurit le laurier-rose... Imaginez un instant l'émotion d'une caravane assoiffée contemplant un tel spectacle !

Les indigènes alertés se sont rassemblés pour une « danse du bâton » que l'on a bien voulu organiser en mon honneur.

A la lumière d'un crépuscule admirable, les silhouettes se détachent sur un ciel bleu vert. Les hommes touareg ont formé une sorte de ronde qui s'élargit au fur et à mesure que leur nombre augmente. On retrouve le piétinement rythmé, caractéristique de la plupart des danses africaines ; mais, ici, le roulement soandé des tam-tam est accentué par le bruit des bâtons que les hommes frappent en cadence en se tournant tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre. Les, femmes aussi sont là, assises en demi-cercle, contemplant les mâles du village dans leurs évolutions. Elles ne se parlent pas, se contentant de sourire parfois ou de rire sur un ton- surélevé. Leurs visages, fins et allongés, sont d'un noir mat.

Elles portent peu de bijoux, et tous d'argent pur; leurs corps sont drapés d'étoffe et de voiles bleus, d'un bleu sombre aux reflets lumineux, inconnu en Europe. Leurs gestes sont gracieux, leurs dents très blanches. Elles bredouillent quelques mots de français.

T

ROIS HEURES ! Des coups à ma porte, il fait encore nuit, mais il faut « décoller » aux premières lueurs du jour.

L'étape est dure et les vents de sable redoutables.

Ciel mauve. A l'horizon, les pics du Hoggar se détachent sur un fond transparent « fleur de pêcher ». Nous suivons jusqu'à Arak la même route que la veille ; puis nous fonçons dans un désert de terre, plat, morne, sans un chêne, sans une pierre pour accrocher le regard. Parfois, le sillage d'un oued desséché apparaît, bordé de quelques touffes de verdure, rabou- gries et poussiéreuses. Nous devons déjeuner à Fort-Flatters.

Hélas ! une vague odeur d'essence envahit la carlingue.

— C'est probablement le réservoir qui fait de la fantaisie, lance le mécanicien, de sa petite voix pointue.

Il faut atterrir à Amguid. Pour un bled, c'est un vrai bled ! Et au moins deux heures d'attente en perspective !...

Pendant qu'on répare le moteur, allons toujours voir la guelta de l'endroit. Le point d'eau est bordé de lauriers-roses,

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pittoresque à souhait ! Un petit âne boit paisiblement aux côtés d'un chameau dont les yeux sont remplis de langueur.

Une tribu de Touareg est campée là. Des amours de petites chèvres noires folâtrent entre les pierres, sautant, broutant, bêlant, donnant une note de vie intense à ce paysage rude.

Dix heures. Enfin, le moteur tourne rond ! Nous pouvons repartir vers Fort-Flatters. Le trajet est rendu angoissant par le manque de visibilité : un épais brouillard jaune voile la piste et dissimule presque complètement l'horizon. Dans la zone montagneuse de Batten, se dressent d'extraordinaires falaises, d'une quarantaine de mètres, dominées par des plateaux dont les rebords s'effondrent en pente douce.

Un camion nous attend, aussi poussif et délabré que tous ceux qui nous ont transportés jusqu'ici. On aperçoit, à quelques mètres du champ d'aviation, les murs du Fort, blanchis à la chaux et cernés d'un rideau de fil de fer bar- belé. Non loin de là, quelques huttes indigènes éparses dans la plaine : taupinières dans un champ... L'horizon est fait de hautes dunes. A l'est, l'inévitable palmeraie. Le chef de poste vient nous souhaiter la bienvenue. C'est un Corse aux cheveux ondulés et dont le visage maigre et basané s'éclaire d'immenses yeux bleu-pervenche, nimbés de cils en éventail.

Il parle vite et d'abondance, avec un fort accent méridional;

le pauvre a tellement l'habitude d'employer l'arabe, que les mots français lui manquent parfois. Il y a vingt-huit mois qu'il n'a pas bougé d'ici ! On perdrait son vocabulaire à moins.

Il nous invite à sa popote et nous offre, en signe de bien- venue, un apéritif qui représente pour lui toutes les fines Napoléon de la terre. C'est qu'ici, l'alcool fait prime ! Il faut des, semaines, de camion pour qu'une malheureuse bouteille arrive à destination, quand elle y parvient! Nous buvons donc respectueusement le précieux liquide, et le repas commence.

Le serviteur^ fortement coloré, nous apporte T *x entrée » : canélonis farcis de poitrine de gazelle.

'-— Ma chasse d'hier, nous dit le chef, un beau coup de carahine à plus de cent mètres !

Elle est d'ailleurs exquise cette gazelle, et nous continuons avec joie notre repas par ses côtelettes en ragoût et son

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TAMANRASSET EN AVION. 207 cuissot rôti. Le soir, l'épaule de la bête apparaîtra encore dans le couscous.

On fera ensuite un bout de sieste. Les chambres semblent délicieusement fraîches en sortant des 40° du dehors. On y trouve, outre une table, une cuvette d'émail, un broc et une bougie, un lit garni de draps grossiers mais d'une blan- cheur impeccable. Je me jette dessus. En deux minutes, je dors ; en un quart d'heure, j ' a i sur les jambes dix-sept piqûres. Autour de moi, gisent six corps de punaises ensan- glantées... L'expérience est concluante. Jeressors et m'installe dans le sable, à l'ombre de la maison. La chaleur est telle- ment sèche que je dois me graisser la figure et les membres pour ne pas sentir ma peau se craqueler. J'essaye de lire, et les aventures d'Anne Lindberg autour du monde m'égayent un bon moment. Hélas ! le vent s'est levé et, soudain, j ' a i les yeux, la bouche, le nez pleins d'un sable brûlant, tandis que ma figure et mes membres huilés prennent l'aspect d'une côtelette panée.

La vie renaît avec la chute du jour. Dans la cour blanche, quelques sous-ordres s'agitent, buvant à même la peau de bouc suspendue à l'intérieur du puits qui forme le centre du poste. Vers cinq heures, le chef me propose un petit tour à l'ourroir touareg.

— Ne vous attendez pas, me dit-il, à des bâtiments remplis d'indigènes à la tâche. Ici, tout se passe en famille.

Nous sortons pour apercevoir un minuscule enclos où six tombes blanches évoquent le souvenir des conquêtes marocaines et des héros ignorés qui tombèrent sans gloire sous les coups de quelques « salopards » embusqués.

Devant nous, à cinquante mètres du poste, une vieille femme est assise devant sa case, protégée des rayons du soleil par un abri de roseaux. A ses pieds, une caisse remplie d'instruments rudimentaires (couteau émoussé, ciseaux à tailler des buissons, etc.) lui sert d'établi ; c'est là qu'elle

« reçoit » les dames d'alentour. On travaille à des coussins de cuir en racontant les petits potins : enfant ou chameau malade, chèvre perdue, et histoires d'amour évidemment ! Un vrai rond-de-dames touareg, quoi !

Nous sommes entourés de huttes rondes, tout en paille, qui semblent flamber sous l'or du couchant ; de petites

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2 0 8 REVUE DES DEUX MONDES.

formes noires n'arrêtent pas d'en sortir et d'y rentrer, telles des fourmis inquiétées par l'orage. Nous nous asseyons sur les tapis que le caïd a fait étendre devant sa maison, et l'on nous sert du thé vert, délicieusement aromatisé de menthe, que nous dégustons lentement, imprégnés par la douceur de l'atmosphère, alanguis par la nuit tombante qui nous enve- loppe insensiblement dé ses voiles impalpables.

Peu à peu, les couleurs rutilantes des tapis sur lesquels nous sommes étendus se sont éteintes ; nous ne discernons plus que la géométrie de leurs dessins primitifs. Une petite chèvre, dont l'œil jaune reflète un dernier rayon de soleil, vient, curieuse et le poil hérissé, nous regarder sous le nez.

Au loin, un enfant pleure avec de gros sanglots de jeunesse révoltée. Le jour agonise.

Le silence est impressionnant. C'est à ce moment qu'on sent véritablement passer 1' « âme » du désert, cette impression de paix, de grandeur, d'infini... qui vous transporte et que jamais plus on ne pourra oublier.

T

OUGGOURT. Quelques virages au-dessus de la ville et nous atterrissons. J'ai la fièvre et la tête bourdonnante ; néanmoins, il faut profiter des derniers rayons du soleil couchant pour aller faire un pèlerinage aux tombeaux des rois et au cimetière musulman.

Je traverse la ville, précédée d'un guide claudiquant et bavard qui me distribue les curiosités du bout de sa canne torse. Nous tombons^ justement sur une grande fête arabe, et les fameux souks couverts sont pavoises de tapis et de tentures somptueuses. Nous longeons les quartiers pauvres dont les murs sont parés de longues branches de bambous et de quelques girandoles lumineuses. Déjà, les hommes commencent à se rassembler : ils parlent haut avec force gestes. Nous sortons des remparts, le désert s'ouvre devant nous dans toute sa grandeur. Au loin, quelques petits pal- miers semblent poser pour des ombres chinoises dans les lueurs dorées d'un soleil à demi disparu.

Le dôme des tombeaux royaux s'irise un moment, puis tout le paysage, s'enveloppant dans la lumière diaphane du crépuscule, s'éteint brusquement dans une agonie de cou- leurs impressionnantes. Maintenant, les murs, le sable, les

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arbres ont repris leurs teintes réelles, abandonnant l'éclat forcé que leur prête un soleil trop dur. Xes rois et les petites reines de Touggourt qui dorment ici doivent, eux aussi, goûter cette paix admirable ! Il fait nuit à l'intérieur des trois mausolées. On aperçoit des piliers minces blanchis à la chaux, et des pierres tombales surmontées de deux cônes, ou de trois, selon le sexe du corps inhumé.

Lentement, nous reprenons le chemin de la ville. A notre droite, le cimetière indigène offre le désordre de ses tombes : les pierres jonchent la terre, jetées là, semble-t-il, sans aucun souci de symétrie, ni de respect pour la mort. Pas la moindre végétation ne vient rompre l'aridité du sol, ni donner au passant l'illusion d'un souvenir ou d'une pensée vers ceux qui ne sont plus ! Il y a quelque chose de désolant et d'un peu révoltant dans ce fatalisme voisin de l'oubli.

C

INQ heures. Presque une grasse matinée ! Les souks ont retrouvé leur aspect paisible. Les trois coupoles dés mausolées se détachent, tout irisées de soleil. Et, pour compléter ce tableau, un cavalier arabe, somptueusement drapé dans un burnous blanc, passe devant nous en faisant caracoler son pur sang. Il est suivi d'une paire de sloughis admirables dont la souple détente leur permet de suivre comme au ralenti le galop du cheval.

A sept heures, l'avion décolle. Il fait chaud, on est très secoué. Nous suivons maintenant la voie ferrée qui nous conduira infailliblement à Biskra.

Les monts de Mementcha sont en vue et Biskra se dessine, tout proche semble-t-il. Le massif de l'Aurès est devant nous, théâtre des prises de vues de l'Atlantide.

Maintenant, peu à peu, le paysage s'humanise, le désert s'éloigne, la verdure reparaît ! Le moteur tourne rond, l'avion brille au soleil, l'air est d'une transparence admirable.

Une foule d'images envahissent mon cerveau. Arak, Tamanrasset, Flatters dansent en tourbillon dans ma tête et, doucement, insensiblement, jevme laisse aller au sommeil réparateur.

G. D'ASSAILLY.

»oiâ* u n . — 1930. H

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