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Contribution à l'étude du redressement progressif de la gibbosité pottique par l'exposé de quelques résultats · BabordNum

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(1)

FACULTÉ

DE

MÉDECINE

ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX

.A.ÏSriSrÉE 1901- 1902 No 94

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU REDRESSEMENT PROGRESSIF

DE

LA GIBBOSITfi POTTIOLE

par l'exposé de quelques résultats

TIIKSE POUR JE DOCTORAT M MEDECINE

présentée

et soutenue

puliiiquement le 25 Juillet 1902

Charles-François BAROTTE

Né àTroyes(Aube), le 4 octobre 1877.

Examinateurs de laThèse

Rlftl. P1ÉCHAUD, professeur... Président.

MASSE, professeur..

DENUCÉ, agrégé }Jtujes.

BÉGOUIN, agrégé

Le Candidatrépondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.

BORDEAUX

AlBRIME 11 IE Y. GADOUE 17 KUK rOQUELlN-iUOLJÈRE 17

1902

(2)

FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PIIAliMACIE DE BORDEAUX

M. de NABIAS Doyen. | M. PITRES.... Doyenhonoraire.

PROFESSEURS MM. MICE

DUPIJY j

[

Professeurshonoraires.

MoUSSOUS MM.

rv , i PICOT.

Olimque interne

j

PITRES

ni.Clinique. externe

j

(DEMONS.LANELoNGUI,:<

Pathologieetthérapeu¬

tique générales VERGELY.

Thérapeutique ARNOZAN.

MédecineOpératoire... MASSE.

Clinique d'accouchements

LEFOUR.

Anatomiepathologique GOYNE.

Anatomie CANNIEL'.

Anatomie générale et

histologie VIAULT.

Physiologie JOLYET.

Hygiène LAYET.

Médecinelégale MORAGHE.

MM,

Physique biologique et électricité médicale.. .

Chimie BLAREZ.

Histoire naturelle GUILLAUD.

Pharmacie FIGUIER.

Matière médicale deNABIAS.

Médecineexpérimentale.

Cliniqueophtalmologique

Clinique

des maladies

chirurgicales

des enfants

Cliniquegynécologique.

Clinique médicale des

maladies des enfants. A.MOUSSOUS Chimiebiologique DEN1GES.

SIGALAS.

LE DANTEC.

BERGONIE.

FERUE.

BADAL.

PIÉCHAUD.

BOURSIER.

Physique pharmaceutique.

Pathologie exotique... .

AGREGES EN EXERCICE :

section de médecine (Pathologie interneetMédecine légale).

MM.SABRAZES.

HOBBS.

MONGOUR.

MM. CABANNES.

N.

Pathologieexiei

J

section if. chirurgie et accouchements MM. VILLA H.

CHAVANNAZ.

BRAQIJEHAYI BEGOUIN.

Accouchements MM. PIEUX.

ANDERODIAS.

section des sciences anatomiques et physiologiques

I Physiologie MM. PACUON.

| Histoire naturelle BEILUE.

A , j MM. GEN'JES.

A,,«llo,,,le

( CAVAL1É.

Chimie

section des sciences physiques

M. BEN ECU. I Pharmacie M.DUPOUY, COURS COMPLEMENTAIRES :

Cliniquedes maladiescutanéesetsyphilitiques MM.

Cliniquedesmaladies des voies uririaires Maladies dularynx, des oreillesetdu nez Maladies mentales

Pathologie externe Pathologieinterne Accouchements

Physiologie Embryologie Ophtalmologie

Hydrologieetminéralogie

DUBREUILH.

POUSSON.

MOURE.

REGIS.

DENUCE.

RONDOT.

FIEUX.

PACHON.

PRINCETEAU.

LAGRANGE.

CARLES.

LeSecrétaire dela Faculté: LEMAIRE.

Pardélibérationdu 5 août 1S"9, laFacuitéaarrêté quelesopinions émisesdans les Thèsesqui

sont présentées doivent être considéréescomme propres à leursauteurs, et qu'elle n'entend leur donner ni approbation ni improbation.

(3)
(4)
(5)

A Monsieur le Docteur

GOURDON

Directeurduservice demassothérapie et degymnastique

médicale à l'Hôpital

desenfantsdeBordeaux, Professeur libre

d'orthopédie,

Officierd'académie,

Membre correspondantdela Société de

chirurgie orthopédique allemande.

(6)
(7)

A mon Président de Thèse,

Monsieur le Docteur

T. PIÉCHAUD

Professeurdecliniquechirurgicaleinfantile, à

la Faculté de Médecine

deBordeaux, Chirurgien deshôpitaux, Officier del'Instructionpublique.

(8)
(9)

AVANT-PROPOS

Au moment de

terminer

nos

études médicales,

ce

nous est un

devoir bien doux à

remplir,

que

celui de remercier les maîtres

qui ont bien voulu s'intéresser à nous.

Nous avons

commencé notre stage hospitalier à l'Hôtel-Dieu

de

Limoges, dans le service de MM. les professeurs Lemaistre

et

Raymondaud. Ils ont guidé nos premiers pas dans l'art de

soigner et de guérir cette enfance souffreteuse que d'autres, plus

tard, ont continué à

nous

apprendre à aimer.

Qu'ils

nous

permettent de leur dire que nous aurons toujours

à

l'esprit leurs doctes enseigncmenls et leurs sages conseils.

Ces

premières études, nous les avons complétées à la Faculté

de médecine de Bordeaux.

Nous

avons

suivi renseignement de

plusieurs des maîtres éminents dont elle s'honore. La dette de

reconnaissance que nous avons

contractée envers eux est de

celles

qui

ne

s'oublient

pas.

Nous remercierons

spécialement M. le professeur Piéchaud

de la bienveillance

qu'il

a eue pour

nous et de l'intérêt qu'il a

bien voulu

toujours

nous

porter.

Notre reconnaissance

ira surtout à notre cher maître, M. le

Dr Gourdon,

directeur du service orthopédique à l'hôpital des

Enfants de Bordeaux.

Il a bien voulu nous

fournir le sujet de notre thèse et nous permettre de publier

ses

observations qui servent de base à

notre travail

inaugural.

Nous ne pourrons

jamais assez le remercier de tout ce qu'il

a fait pour nous.

C'est sous ses

auspices, c'est grâce à son enseignement de

chaque jour

que nous

avons pu nous initier à ces méthodes

nouvelles et

apprendre cette technique du redressement qui,

dans ces derniers temps, a

produit tant de merveilles.

(10)
(11)

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU REDRESSEMENT PROGRESSIF

DE

LA GIBBOSITÉ POTTIQDE

PAR

L'EXPOSÉ

DE

QUELQUES RÉSULTATS

INTRODUCTION

Au fur et à mesure que

l'on fouille davantage l'histoire des

peuples, l'humanité des temps les plus reculés nous apparaît, à

travers la multitude des

siècles qui

nous

séparent, semblable,

sous bien cles

rapports, à l'humanité d'aujourd'hui. Même

cortège de

maux,

mêmes souffrances physiques, mêmes infor¬

tunes morales.

La tuberculose était connue

dès la plus haute antiquité, et,

sanslui reconnaître sa

véritable étiologie, l'on s'essayait déjà à guérir l'une de

ses

plus redoutables localisations : la tuberculose

vertébrale.

L'on

s'attaquait à l'effet,

sans

en soigner la cause, et l'on

s'efforçait,

par

des

moyens

violents, de réduire la bosse, sans

essayer

de maintenir cette réduction.

Ilippocrate et Gallien nous ont conservé, chacun en ce qui le

concerne,

le récit de leurs stériles efforts.

(12)

Lessavants ne se

découragèrent pourtant

pas, etnous voyous, entre autres,

Albucasis

au

siècle, Delacliamps, Ambroise

Paré et Fabrice

d'Aquapendente,

au xive,

s'occuper, dans leurs écrits, de la gibbosité pottique.

Avec

Aurran,

en

1771,

nous voyons

apparaître

une

nouvelle

méthode de

guérison.

«

J'appliquai, écrit il dans

le Journal de médecine de la même année, un

appareil

propre

à redresser le

tronc, à gêner lesmouvements, et

j'ordonnai le

repos

continuel jusqu'à

ce que les

signes de l'ankylose des vertèbres

altérées annonçassent

leur

réunion ».

Aurran

inaugurait ainsi les deux grandes méthodes qui

se

partagent

encore

aujourd'hui le

traitement des

gibbosités pottiques.

Les successeurs

d'Aurran, David (1779), Pott (1783), Paletta (1788), Delpech (1816), Nichet

et

Dupuytren

se

contentèrent uniquement,

pour

leurs sujets, de l'immobilisation prolongée

dans le décubitus

horizontal,

avec révulsion sur la

partie

malade.

Yenel essaya

de réunir, dans

un même

traitement, le port

d'un corset avec l'immobilisation.

Le litimmobilisateur fut

apporté de Wûrtzbourg

par

Milly et

modifié par

Maisonabe. Puis

il y

eut celui de Gilbert

d'Her-

court

(1858) combattu

par

Gosselin, Boyer et Nélaton; l'appareil

de Maas

(de Fribourg); le lit de Ficher (de Londres).

Un peu

plus tard,

nous voyons encore

des hommes distingués

continuer à défendre les méthodes d'immobilisation. C'est dans cet ordre d'idées

qu'ont

paru

les appareils de Bampfield, d'Har- risson, de Pravaz, de Behrend, la gouttière de Bonnet, la caisse

de

Nebel, le lit de Phelps. Enfin,

nous

connaissons, de

nos

jours,

le lit

plâtré de Lorenz, le lit de Lannelongue, le lit portatif de

Piéchaud.

Mais à côté

d'eux, d'autres

auteursse sont

ingéniés

à

chercher

une méthode par

laquelle le gibbeux pût espérer voir,

en même

temps,

sa

lésion guérir

et sa

gibbosité diminuer.

De là toute la série des méthodesde redressementdontnous neretien-

(13)

drons que

les plus importantes : celles de Sayre, de Calot, de

Chipault, de Wolff, etc.

La méthode de redressementen un

seul temps, lancée

avec

grand éclat

par

M. Calot, dans

sa

communication à l'Académie de

médecine en

juin 1897, rencontra

une

vive opposition de la part

des adversaires du redressement de la

gibbosité pottique. La

suite leur donna

raison,

et

des

revers

douloureux forcèrent Calot

lui-même à modifier saméthode.

Cette méthode est, en

effet, trop brutale et l'on s'expose aux

accidents que

M. Ménard avait

su

prévoir.

Aussi tous les

orthopédistes qui ont persisté dans l'étude du

redressementdes

gibbosités, préconisent, tous, les méthodes de

douceur et les traitements par

étapes.

Notre maître,

M. le D1' Gourdon, s'est inspiré,

pour

traiter les

différents cas

qui

se

sont présentés à lui, de la méthode préco¬

nisée par

le professeur Julius Wolff, de Berlin, de celle de Re¬

dard et de

Ducroquet, mais

en

les modifiant et en précisant la

technique simplifiée.

Cette méthode découle d'un

principe

que

le docteur Wolff,

professeur d'orthopédie à Berlin,

a

plusieurs fois appliqué aux

déformations du

squelette, et toujours

avec

un égal succès : je

veux

parler du redressement

par

étapes. Appliquée au traite¬

ment de la

gibbosité pottique, elle

a

donné, entre les mains du

Maître

allemand, quelques bons résultats.

M. le D1' Gourdon

agit donc

par

des redressements lents et

espacés, et suivant des indications spéciales dans le choix des

malades à

opérer. Sa technique

a

été exposée tout au long, dans

une thèse

précédente,

par

notre camarade, le docteur Pelletier.

Employée depuis plusieurs années, elle a donné des résultats

que

je viens

exposer

ici. Les

uns

sont définitifs, les autres le

sont presque

et l'on est autorisé à

en

prévoir le succès final.

Notre travail apour

but d'exposer simplement des faits obser¬

vés montrant que,

dans des

cas

délimités, on peut espérer plus

que

la guérison du foyer tuberculeux lui-même, le redressement,

tout au moins

partiel, de certaines gibbosités. Après chacune

des observations nous avons cherché à

expliquer le mécanisme

du redressement obtenu.

(14)

CHAPITRE PREMIER

Pourquoi devons-nous tendre à redresser les gibbosités pottiques?

Ail sein de la

grande famille des bossus, le pottique figure

pour une

bonne part. 11

y a un

tiers de bossus pottiques

sur l'ensemble des déformations du rachis.

L'histoire de ces effondrements vertébraux est

toujours la

même :

Voiciun

jeune enfant de 5, 6, 9,

10 ans.

Jusqu'ici il s'était bien porté, il était gai,

ouvert,

jouait

avec ses

camarades

avec toute l'ardeur et toute l'insouciance de son

âge. Mais, depuis quel¬

que

temps, le voilà devenu triste, maussade, il

se

retire

dans les

coins, il fuit

ses

jeunes amis, il

soulfre du

dos, il

a

des

sortes de

coliques sèches. Lui, autrefois

si

souple, il tourne

sa

colonne

vertébrale tout d'une

pièce, et,

pour se

baisser, il est obligé de

fléchir lesgenoux, et

d'arc-bouter

ses bras sur les cuisses pour s'éviter le moindre mouvement du rachis.

C'est que

la tuberculose

acommencé lentement son œuvre.

Qu'elle ait

rongé d'abord le

corps

vertébral

ou

fait

son

premier point d'apparition dans

une autre

partie de la vertèbre, qu'elle

soit

enkystée

ou

infiltrée, humide

ou

sèche, elle s'étend

peu

à

peu

et

gagne

toute

une

série

de vertèbres voisines.

« La destruction de la substance

spongieuse

au

niveau du foyer tuberculeux,

a

dit M. Denucé, dans

sonlivre surlemal de

Pott, l'ostéite raréfiante

dont elle

peut être le siège à l'entour,

diminuent la résistance des corps

vertébraux

à

la surcharge

que leur transmet le

poids des parties sus-jacentes. Un affaisse¬

ment de la

partie antérieure malade

des

vertèbres,

en est la

conséquence, et produit la gibbosité

».

(15)

17

Cet affaissement

peut

se

produire lentement,

par

surcharge

fonctionnelle,

ou se

faire brusquement

par

suite d'un trauma¬

tisme

quelconque, d'une chute

par

exemple.

Quoi qu'il

en

soit, la formation de la gibbosité entraîne la

modification descourburesdu rachiset

l'apparition des lordoses

de

compensation.

D'autres

parties du squelette sont modifiées, le bassin devient cvphotique; la tête paraît s'allonger, et prend cet aspect que

Witzel et Lorenz ont si bien décrit et

qui

marque

cette face de pottique d'une empreinte indélébile qui Je désigne, par avance,

aux remarques

de la foule.

A mesure que sa

colonne vertébrale

se

plie, s'effondre,

le thorax de l'infortuné

pottique

se

déforme de plus

en

plus :

lescôtes

s'allongent, leurs courbures tendent à s'effacer, le ster¬

num se

projette

en

avant, et voilà le

pauvre

hère doté, en dehors

de sabosse

postérieure, d'une saillie antérieure.

Les organes

vont

se

trouver bien à l'étroit dans cette cage thoracique resserrée transversalement, et, par malheur, ceux qui sont là, sont des

organes

essentiels.

Les poumons,

le

cœur,

l'aorte vont être comprimés, changés

de

place. L'hémostase

se

fera moins facilement, le sang sera

moins riche en

oxygène, la combustion

sera

moins active, les

différents territoires de

l'organisme seront moins bien irrigués

et,

étant moins bien nourris, seront exposés à tous les acci¬

dents.

Le

pottique

aura

beau prendre des précautions, se nourrir

convenablement,

éviter les trop grandes fatigues,

se

bien vêtir,

la moindre chose

agira

sur ses poumons

délicats, il sera sujet

aux rhumes, aux

bronchites,

aux

pneumonies, à la phtisie. Et

s'il ala chance de 11e pas

voir

ses poumons

pris, ni d'autres

localisations tuberculeuses dans son corps,

il est

presque

sûr

(pie soncœur

présentera des symptômes d'insuffisance, lot habi¬

tuel de ces déformés : une

dilatation, puis

une

hypertrophie du

cœur droit et,

parfois,

une

insuffisance des orifices pulmonaire

et

tricuspidien, qui seront suivis, pour le cœur fatigué, de la

dégénérescence graisseuse.

Barotte 2

(16)

Cette inflexion du rachis entraîne

également

une courbure en avant de l'artère

aorte, dont le

calibre se trouve diminué. Les membres inférieurs en sontmoins bien

irrigués

et sont

atteints

d'une

parésie

vague.

Ces

phénomènes

sont

bien

souvent

aggravés

par une

véritable paralysie due

à

la compression de la moelle. Il

est vrai que par¬

fois cette

compression n'est point due exclusivement

à

l'écroule¬

ment maisàune

pachyméningite

par

propagation tuberculeuse.

Gibbosité

postérieure, poitrine

en carène en avant,

compli¬

cations graves

du

côté du

système respiratoire et circulatoire, aggravées parfois de désordres du

côté du

système

nerveux,

abcès par

congestion

:

voilà donc,

au

point de

vue

physique, le

triste apanage

du gibbeux pottique. Voilà

ce

qui fait de lui,

comme nous le disions au commencement de ce

chapitre,

un être souffreteux

qui traînera

une

vie lamentable, exposée à tous

les heurtset à toutes les

catastrophes.

A côtéde cette souffrance

physique, il

y a pour

le malheu¬

reux

pottique de véritables

tortures

morales

à endurer. Il se sent surtout dominé par

cette idée

que sa

taille diminue sensi¬

blement,

qu'il s'écroule,

que

déjà les regards sont tournés

vers lui et

qu'il est

en

butte

aux risées.

11 a connu tous les charmes de la

vie,

ce pauvre

infirme, il

en a

goûté les jouissances. Jeune homme, il était

destinéau

plus

brillant

avenir; jeune fille,

sa grâce et sa

beauté

la

faisaient

radieuse

partout où elle passait, et voilà

que,

petit à petit, cette

riante

perspective

va

s'assombrir.

Les

parents, éperdus,

se

désespèrent devant leurs enfants

devenus difformes et cette tristesse des

parents vient

encore aggraver

l'état

moral

des

malades.

Aussi, de

quelle émotion n'avons-nous

pas vu ces pauvres parents

saisis

en

voyant leurs enfants reprendre des formes plus normales; quelles lueurs

rayonnantes

d'espoir n'avons-

nous pas vues

éclairer

ces

visages tristes de bossus,

en consta¬

tant ce que

des redressements

successifs leur avaient

gagné et

ce

qu'ils leur permettaient d'espérer

encore

!

Ce serait

déjà

un

fardeau d'amertume

bien assez lourd si la

(17)

difformitén'étaitpour

le pottique qu'une

cause

de misères physi¬

ques

et morales, mais il faut

encore

qu'elle soit

une cause

d'in¬

fériorité sociale. La société ne lui

pardonne point la difformité

dont il est atteint et il passe

à travers les âges, raillé, bafoué, moqué, jouet des grands, amusement des foules.

Dès les

temps les plus reculés,

on

le voit, Pendj

sous

les Per¬

ses,

Maccus

sous les Romains,

servir de

personnage

grotesque

aux divertissements du théâtre.

Au

moyen-âge, il devient,

avec

les rachitiques rabougris,

l'hôte des maisons

seigneuriales,mais quel hôte! Un

peu

moins

considéré que

les hauts lévriers qui jouent

aux

pieds de la

noble

châtelaine, c'est

un être

qui sert à l'amusement de la

cour,

c'est le fou.

Les siècles ont

passé, le tiers

a

remplacé les autres ordres,

les

places sont ouvertes à tous

;

le bossu croit avoir le droit de

vivreau

grand air, il croit pouvoir

passer

inaperçu, et, impitoya¬

ble, 1'

âme

populaire le cloue

au

pilori

sous

les traits caricaturés

de Jean

Mayeux, c'est à dire du garde national libertin,

mau¬

vais et sectaire.

Et de nos

jours,

ne voyons-nous pas

le bossu rester

presque

étranger

au

sein de cette société qui le rejette malgré tout de

son sein? A

peine toléré dans les milieux riches, dans

ces

salons

il

peut à peine

se

risquer,

parce

qu'il est accueilli

par

des

sourires

équivoques de raillerie

ou

dé pitié, il reste, dans la

classe pauvre, ce

qu'il

y

était jadis,

un

être d'infortune,

en

proie

à toutes

les humiliations et à toutes les injures.

Et

cependant, les bossus ont fourni à l'histoire nombre de

noms illustres!

Depuis Esope, le plus célèbre d'entre

eux,

jusqu'à

ce

célèbre

maréchal de

Luxembourg,

que «

l'on n'avait jamais cependant

pu

voir de dos

», en

passant

par

Amelunghi, Richard III, le premier Gondé, Liehtenberg, Guillaume d'Orange et tant d'au¬

tres,

combien de

ces

gens-là ont illustré la grande famille des

bossus !

Mais,

que

voulez-vous, la difformité reste, le peuple ne voit

qu'elle, le romancier s'en souvient, et si

nous ouvrons

l'un

(18)

20

des

premiers livres qu'ait écrits le génie de l'homme, Y Iliade,

nous voyons

déjà apparaître

un

bossu, Thersite, et

sous

quels

traits le

peint-on?Sous les traits

«

du plus lâche et du plus laid

de tous les Grecs

qui vinrent

au

siège de Troie

».

Dans notrelittérature

contemporaine, le bossu reste

encore

et toujours le type ridicule; si l'homme de lettres

veut

produire

une forte

antithèse,

il

prend le type de

ce

bossu, de

ce

Quasi- modo,

et

lui

metau cœur un amour comme en auraient pu

avoir

d'autres

hommes, Ruy-Blas, Don Carlos,

ou

Saint-Prix.

Aussi, quelle amertume déborde dans

cette pauvre

âme ulcé¬

rée ! Comme cet infortuné souffre de son état

physique, de

son avilissement social!

Entendez-le se

plaindre dans

«

le Roi s'amuse

».

Quels

accents

douloureux, quelles paroles tristes! Comme il lui vient

au cœurde la rancune contre cettesociété maudite dans

laquelle

il ne vit que pour

souffrir !

0 rage,être bouffon !ô rage, êtredifforme !

Moi,cefou, cebouffon,moi cette moitiéd'homme, Cetanimal douteuxà qui ludisais:chien!

Le

grand poète avait bien compris toute l'amertume contenue

dans cette âme endolorie du déformé!

En résumé le

gihbeux souffre de

son état

physique et moral,

et trouve rarement chez ses semblables le

regard, la parole qui

réconfortent. L'idée du

redressement,

touten

s'adressant d'abord

à la santé du malade et à sa difformité

physique, trouve donc

son

application morale et sociale puisqu'elle console et rend

une

place

au

milieu de la société

à

des malheureux qui s'en croyaient

à tout

jamais bannis.

(19)

CHAPITRE II

De la méthode qui semble la

plus favorable

pour

le

redressement.

Vous voici en face

d'un pot tique. Quelle conduite allez-vous

tenir?Essaierez-yous

de le redresser? Comment le redresserez-

vous? Comment

maintiendrez-vous le redressement ?

Questions complexes, qui demandent à être bien mûries, bien

pesées, et desquelles dépendent la réussite ou l'insuccès du

redressement.

11 est des cas où la

plus élémentaire prudence interdit de

tenter le redressement.

Si l'enfant jouit d'une mauvaise santé,

s'il a. une autre

localisation tuberculeuse, et surtout s'il est

porteur d'un abcès par congestion, le traitement tout indiqué

est l'immobilisation avec

extension dont

nous

parlerons dans

un

chapitre suivant. L'on pourra cependant, une fois l'abcès

résorbé,

le bon état général

revenu,

tenter le redressement.

Si la

gibbosité est consolidée, la règle à suivre sera l'absten¬

tion

complète et définitive.

L'interrogatoire du malade et de son entourage nous appren¬

dra, de

suite, si la gibbosité augmente encore; dans ce dernier

cas, on

peut affirmer qu'il n'y a pas consolidation.

Onseraconfirmé,

du reste, dans

ce

pronostic par l'examen de

l'enfant étiré

légèrement et prudemment à la suspension de

Sayre, si l'on constate qu'il se fait non seulement dans les

courbures de

compensation, mais dans la gibbosité elle-même,

une modification

apparente. Quand cette modification n'est pas

visible, le rachis est fixé.

En dehors de ces cas

bien définis

011

pourra tenter toujours

de redresser la

gibbosité.

(20)

Ce sera même un devoir de le faire si l'on se trouve en

présence de parésie

ou

de paraplégie des

membres inférieurs.

Les observations

publiées

montrent, en

effet,

que

les malades

en retirent le

plus grand bien.

Voilà donc résumées les indications et contre-indications du redressementtel que nous

le

comprenons et que nous

allons le

décrire.

Admettons que

le sujet soit dans

les conditions que nous

venons

d'énumérer,

comment allons-nous le redresser?

On a

préconisé

pour ces

redressements

divers moyens :

la

traction horizontalemanuelle avec

pression

au

niveau

de la

gib-

bosité et réduction en un seul

temps, de Calot;.la

traction hori¬

zontale avec

poulies,

sur

table spéciale de Ducroquet et H. de Rotschild; la suspension verticale,

la tête en

bas, de Chipault;

la traction avec vis de

Lorenz,

de

Vulpius; la table de Bilhaut- Mathieu; la

machine

spéciale de Schœde,

etc.

Notre maître, M. le Dr

Gourdon,

a

adopté

un

procédé fort simple et largement suffisant

: l'extensionse fait par

la

suspen¬

sion de

Sayre,

avec

légère

contre-extension d'un aide sur le

bassin,

et

pression manuelle

autour de la

gibbosité

et non sur la

gibbosité elle-même.

La

technique

à

laquelle il s'est

rattaché

a été décrite tout au

long dans

une thèse

précédente de

notre camarade le docteur Pelletier. Nous en

rappellerons tout

à l'heure les

points principaux

avant

de

décrireles résultats obte¬

nus.

11 est une

question qui

se pose

tout d'abord, c'est de

savoir si le redressement doit se faire en une seule fois ou en

plusieurs séances, s'il

doit être

brusque

ou

progressif.

La

question

est

jugée aujourd'hui. Malgré la série heureuse qu'il put présenter

en

juin

1898 à l'Académie de

médecine, Calot

a vu sa méthode par

trop brutale échouer

entre les mains des

chirurgiens qui ont voulu

la

prendre trop à la lettre. Les

cas

publiés

par

Vincent, Malherbe, Bilhaut, Jonnesco, Brun, Cavel, Vulpius, Lorenz, Phocas,

Piéchaud, Villemin en font foi.

D'ailleurs, Calot, lui-même,

a eu de gros

insuccès,

nous pour¬

rions dire des

désastres,

et au

congrès de Moscou

il dut recoin-

(21)

23

mander la lenteur et

la prudence, c'est-à-dire les deux qualités

fondamentales du

redressement progressif.

Ce redressement

progressif

a

été employé, comme nous l'avons

dit

précédemment, par le professeur Julius Wolff (de Berlin),

d'après

son

principe général du redressement par étapes qu'il

avait

appliqué

avec

succès à d'autres déformations osseuses.

« Il

appliquait d'abord un corset plâtré en extension, puis il fai¬

saitau corsetune

ouverture

au

niveau de la gibbosité, la pressait

etbourrait avec de la

charpie plâtrée

»

(Conférences sur le trai¬

tement

orthopédique du mal de Pott, du l)r Gourdon).

Il y

eut quelques beaux résultats, mais l'inconvénient de cette

méthode est

d'agir trop directement

sur

le sommet de la gibbo¬

sité, et

de

ne pas

maintenir le sujet en extension suffisante,

puisqu'on emploie le simple corset de Sayre.

Redard a

repris cette idée du redressement progressif qu'il

pratique

en

graduant la traction avec une machine spéciale per¬

mettant l'extension

horizontale. Il complète le redressement

par une

pression mécanique au niveau de la gibbosité, pendant

que

l'appareil plâtré sèche.

Le Dr

Ducroquet préconise

pour ce

redressement progressif

la

suspension verticale. C'est aussi en suspension verticale que

le Dr Gourdon

pratique, à l'hôpital des enfants de Bordeaux, le

plus grand nombre des redressements des difformités rachi-

diennes, et

il

a pour

les

maux

de Pott une technique particu¬

lière, suivant le siège de la gibbosité, que nous allons résumer.

Les mauxde Pott

sous-occipitaux sont les plus délicats à trai¬

ter.Unefois lacontracture

diminuée

par

l'application d'un appa¬

reil

placé

sans

traction et porté deux mois environ, l'enfant sera

soumis à

l'extension

par

l'appareil de Sayre. Cette extension

devra

toujours être très modérée : on cherchera à obtenir une légère tension du

cou

et

ce

sera tout.

L'opérateur guidera seulement la tête du malade dans une

bonne

direction, mais

ne

devra

pas

faire d'effort pour le re¬

dresser. Le

degré de réduction obtenu dans ce premier temps

sera fixé par un

appareil complet de contention (corset et

(22)

minerve). Au bout

de trois

mois, deuxième

séance semblable à la

première,

et

dans laquelle

on

aidera

seulement le

petit

ma¬

lade à

s'améliorer, lui-même, davantage.

En

général,

même

dans

les maux de Pott

occipitaux

avec flexion et rotation très

marquées, trois

séances sont suffisantes pour

obtenir le redressement

à peu

près complet.

Ceredressement définitivement

obtenu,

sera maintenu par un

grand appareil plâtré durant six

mois. Au bout de ce

temps,

011le

remplacera

par un

second appareil semblable, puis

par

un troisième

qu'on laissera le

même

laps de temps.

Après l'enlèvement de

ce dernier

appareil, il

ne faudra pas abandonner le malade libre de tout soutien. Jour et nuit il devra

porter, pendant quelque temps

encore, un mois

environ,

un collier de carton

qui empêchera

tout traumatisme ou mouve¬

ment

brusque qui pourrait faire perdre

au malade le bénéfice d'une fixation si lentement

acquise.

Le collier sera ensuite enlevé la nuit

seulement, puis

on en débarrassera définitivement le malade

pendant le jour.

Maux de Polt cervicaux. Sans se

départir d'une

très

grande prudence, le chirurgien peut agir ici

avec un peu

plus,

nous ne dirons pas

d'énergie, mais d'insistance. Après l'appareil prélimi¬

naire, appareil décontracturant, l'enfant

sera

suspendu

à

l'appa¬

reil de

Sayre jusqu'à

ce que

la traction

au niveau du cou soit suffisante pouramener une amélioration

appréciable bien qu'in¬

complète. Le malade

ne souffrant

plus,

par

suite

ne contractant

plus

ses

muscles cervicaux, n'offre

aucune résistance à cette manœuvre. Dans cette

position, le malade

sera fixé par un

appareil (corset

et

minerve), qu'il gardera quatre mois.

Au bout de ce

temps, et dans les

mêmes

conditions,

nouveau

redressement, complet cette fois,

et nouvel

appareil. Celui-ci

restera encore

quatre mois

en

place

et sera

remplacé

par un autre

qu'on laissera le

même

temps et ainsi de

suite.

En

général, après vingt

à

vingt-deux

mois d'immobilisation sévère,

l'enfant peut être maintenu

dans un

simple collier de

carton,

comme

précédemment.

(23)

Maux de Pott

dorsaux supérieurs au-dessus de la 7e vertèbre

dorsale. Ces

gibbosités sont très difficiles à fixer en raison de la

mobilité de la

région, du

peu

de largeur des assises posté¬

rieures

(apophyses articulaires, pédicules, lames, etc.) et de la

pression exercée sur ce point par le poids de la tête et de la

ceinture

scapulo-humérale.

Au sortirdu

premier appareil de fixation, le sujet sera soumis

à l'extension

verticale, et suspendu de façon que les extré¬

mités des orteils

touchent seules le sol. Un aide fixe le bassin

et exerce une

contre-extension

par

traction en bas ; un autre

attire en arrière

les épaules qu'il tient par leur partie externe

(cette position des épaules joue un rôle très important). On doit

faire en sorte que

la position donnée au malade détermine dans

les

parties saines du racbis des courbures opposées à celles

existant :

cyphose

en

place de lordose et vice verset.

Pendant ce

temps, le chirurgien, appuyant les pouces sur les

parties latérales de la gibbosité (pas au niveau des apophyses

épineuses, mais

au

niveau de la cyphose para-spinale) repousse

celles-cienavant,

effaçant,

sans

employer une force trop grande,

la

cyphose costale exagérée par l'écroulement vertébral. A cha¬

que

changement d'appareil, une pression plus énergique sera

faite à ce niveau.

La contention

doit durer longtemps. Un appareil complet,

renouvelé tous

les quatre mois,

sera

gardé trente mois. Ensuite,

un corset de

Sayre, d'abord inamovible, puis amovible, consti¬

tuera le soutien

nécessaire.

On netentera

plus d'augmenter le degré du redressement dès

que

l'on

aura

remarqué que la position du tronc s'est améliorée

et que

la gibbosité a perdu son caractère d'angle aigu; à ce mo¬

ment elle est assez

diminuée. On

ne

doit jamais chercher, dans

les cas où la

gibbosité dorsale supérieure est très apparente, à

arriver à la

rectitude parfaite.

Maux de Pott dorsaux

inférieurs et lombaires.

Ce sont ceux

sur

lesquels

on

peut agir avec le plus de force et le plus d'effi¬

cacité. Aceniveau, en

effet, les

arcs

postérieurs vertébraux sont

(24)

26

très résistants et

plus larges,

on

trouve

en eux un

point d'appui

très solide.

Ici on

peut faire la réduction soit

par

la suspension verticale,

soit par

la traction horizontale.

L'extension à

l'appareil de Sayre

sera

augmentée dès le

deuxième redressement par une

contre-extension

en fixant le

malade, soit

par

le bassin à l'aide d'une ceinture, soit

par

les pieds à l'aide de guêtres auxquelles sont fixées des

courroies per¬

mettant d'obtenir une traction assez forte. Le

chirurgien agira

sur la

région de la gibbosité, de manière

à

obtenir progressive¬

ment une lordose très

marquée et constante.

Les

appareils de traction horizontale,

surtout

celui

de Bilhaut-

Mathieu, rendront dans

ces cas de

grands services,

car il est

facile,

avec eux,

d'obtenir

une « lordosisation » très

grande. Ce

dernier

appareil possède

en

effet,

une

vis de pression qui

sera très utile pour

accentuer cette position.

Les moyens

de contention

seront

les suivants

:

Appareil

avec

minerve préliminaire;

/ Grand

appareil

avec

minerve pendant quatre mois;

Un autre

grand appareil pendant le

même

temps;

Un corset de

Sayre pendant quatre mois;

Un

appareil amovible, pendant dix mois.

Le dernier

point de technique à préciser

a

trait

à

la

confec¬

tion de

l'appareil de soutien. Entre chaque séance de redresse¬

ment, comment

maintenir

l'immobilisation et l'extension suffi¬

santes?

Tout d'abord il faut donner une bonne

position à l'ensemble

du

rachis,

et

ceci,

au

double point de

vue

statique et esthétique.

Le centre de

gravité déplacé

par

suite de la projection de la gibbosité

en

arrière

se

rapproche de la normale

par

le redres¬

sement.

Il faut

tendre,

en

fixant le tronc,

à

maintenir l'équilibre de la

moitié

supérieure du

corps, en

donnant

une

bonne

direction aux

courbures saines de la colonne

vertébrale, il

faut leur donner

une direction telle que

le centre de gravité

passe, en

partant du

(25)

lobe de

l'oreille,

en

avant, de la colonne vertébrale, dans sa région dorsale,

pour

venir tomber ensuite au niveau du grand

trochanter.

Aussi,

nous avons

toujours remarqué

avec

quelle

grande attention M. le D1' Gourdon place ses aides de façon qu'ils

maintiennent les malades en

position telle

que

les courbures

des

parties saines de leur rachis compensent parfaitement la

cyphose pottique.

La

position des courbures du rachis complète donc le redres¬

sement obtenu eten fait ressortir

les bons résultats esthétiques.

Voilà l'enfant redressé et mis en

bonne position. Comment le

fixer?

Le corset de

Sayre est insuffisant comme soutien, car il ne

soutient

qu'une partie delà colonne vertébrale,la moins mobile,

la

partie inférieure; de plus il

ne

sert pas à maintenir l'extension.

On ne

peut l'utiliser,

comme

traitement, que pour desgibbo-

sités situées à la

partie dorsale inférieure, ou plutôt lombaire

et sacrée du rachis. Dans tous

les autres

cas,

il

nous

faut un appareil maintenant la colonne vertébrale dans son entier, et

qui, prenant

un

point d'appui fixe sur le bassin, aille prendre

comme second

point d'appui le sommet du rachis, la tête elle-

même. Calot a eu le

grand mérite de trouver cet appareil.

Fait de bandes

plâtrées, il

se

compose d'un corset de Sayre,

surmonté d'une minerve et

il

est

trop

connu

aujourd'hui pour

que nous ayons

besoin de le décrire.

Avantde

l'appliquer,

on

place au niveau des épines iliaques ;

de la

gibbosité; de la tête et du cou, un feutrage épais de lainage

des

Pyrénées (quatre épaisseurs).

L'appareil

que

M. le Dr Gourdon applique de trois en trois

mois à ses

pottiques est donc le grand appareil de Calot. Quand

il

juge le rachis

assez

consolidé, il remplace le grand appareil

de Calot par un

corset de Sayre, puis par un corset amovible.

Que

l'on

ne

croie

pas que

cet appareil de Calot soit un sup¬

plice

pour

l'enfant. Au contraire, peu de jours après la pose de

l'appareil, l'enfant voit sa douleur rachidienne diminuer et

s'éteindre;

à

partir de

ce

moment, il va et vient, comme tout le

inonde,

et

reprend appélit et santé.

(26)

28

Mis enbonne

position, bien maintenu, le rachis

se

consolide

par

le tassement des parties postérieures et latérales des

arcs

vertébraux,

et

la production des cals très solides, arcs-boutants

osseux,

issus des lambeaux périostiques environnant le foyer

tuberculeux.

Telle est, en

résumé, la technique employée dans les

cas

de

redressement

pottique

par

M. le Dr Gourdon et dont

nous

allons

présenter quelques résultats.

(27)

CHAPITRE III

Observations

( I ).

'Observation I

Mal de Pottsous-occipital.

IrmaC..., 8 ans.

Son père

jouit d'une bonne santé. Sa mère appartient à une de

ces familles de gitanes,

chez lesquelles de fréquents mariages consan¬

guinsont

appauvri le

sang.

Elle

a

une sœur, plus jeune qu'elle, qui

se portebien.

Elle est née à terme; sa mère

l'a nourrie et elle

a

marché vers

l'âge de onze

mois. Elle

a eu

plusieurs bronchites à deux, trois et

cinqans;

la deuxième

a

été particulièrement sérieuse.

Depuis cette

époque, elle est restée souffreteuse et chétive. Il y a

un an, en

septembre,

ses

grands parents maternels l'emmènent avec

eux pour

travailler

aux

vendanges. Dès son arrivée à la campagne,

l'enfant se plaint

de douleurs dans le

cou

et incline sa tête de côté.

On la fait travailler

quand même.

Pendant un repos, un

homme de l'équipe la prend par la cein¬

ture et la soulève brusquement,

mais

sans

la laisser retomber. Le

lendemain et le surlendemain,

elle

se

plaint davantage du cou et

porte sa têteencore

plus de côté. On va chercher une rebouteuse qui

lui fait certaines passes

mystérieuses, mais sans obtenir, naturelle¬

ment, aucun

résultat.

En octobre,la têtes'était

penchée

presque

jusqu'à toucher l'épaule.

(1) Les observations contenuesclans

celte thèse

nous

ont été communiquées par

M. le D1'Gourdon.

(28)

30

On la conduit à

l'hôpital;

elle entre dans

le

service de

M. le

pro¬

fesseur Piéchaud, le 5 novembre 1901, et celui-ci l'adresse à M. le

Dr Gourdon.

L'enfant marche avec difficulté. Son thorax et sa tête sont violem¬

ment contractés, car elle cherche à éviter tout choc douloureux que

produirait la marche Sa tète est fortement

inclinée

à

gauche,

avec,

en plus, un mouvement de rotation très accentué, si

bien

que, pour

regarder son

épaule

droite,

l'enfant

est

obligée de

tourner fout à

fait ses yeux.

Les muscles de la région

latérale

du cou ne

paraissent

pas

très

tendus. En arrière de larégion

cervicale f

on remarque un gros

bour¬

relet dévié à gauche, avec saillie sur ce côté; ce

bourrelet

est cons¬

titué par l'écroulement de la colonne vertébrale, qui

s'est déviée de

ce côté, et est accentué par les

muscles

de

la

nuque,

qui

sont

très

contractés.

La douleursiège au niveau des apophyses mastoïdes, surtout

de

l'apophyse mastoïde droite; elle est particulièrement

irradiée dans

tontela région occipitale; elle va en s'atténuant, à mesure que

l'on

descend dans la région cervicale et, à partir de la deuxième et

de la

troisième cervicale, on ne la décèle pluspar le palper.

Tout mouvement de la tête, soit provoqué, soit spontané, est impossible. L'enfant souffre constamment et n'est pas

soulagée

par la position étendue.

L'examen

du pharynxpar le

doigt décèle la

pré¬

sence d'une saillie un peu latérale, placée assez haut. L'enfant n'a

ni dysphagie, ni dyspnée; l'on ne trouve rien du côté des viscères, mais son état général est mauvais.

L'on commence par appliquer, comme soutien, pendant quelques jours, un simple collier de carton rembourré de lainage, puis, pour faire disparaître

la

contracture musculaire, l'on met à l'enfant, le

5 décembre, et sans essayer de faire le redressement, un

grand

appareil de Calot. Quinze jours après, l'enfant ne souffre plus,

recommence à manger, etl'on est frappé de la rapidité avec

laquelle

elle aété soulagée.

Le 30 janvier, l'on enlève l'appareil. La zone postérieure des

muscles n'est plus contracturée. On laisse la malade redresser d'elle-

même sa tète, puis on la fixe, au moyen d'un grand appareil, dans

(29)

31

la

position la meilleure obtenue ainsi. A la suite de cette interven¬

tion, l'on ne constate aucune

douleur. Après un repos au lit de

vingt-quatre

heures, l'enfant reprend sa vie habituelle et s'amuse

avec sespetites compagnes.

Deux moisaprès,

l'on enlève de

nouveau

l'appareil; en aidant la

malade, l'on complète

le redressement et l'on arrive à mettre facile¬

ment la tète en excellente

position.

Depuis

lors,

on

s'est contenté de maintenir le résultat acquis, ce

qui aété

fait

très

facilement. L'enfant n'a plus souffert, et ce n'est

que par

prudence,

pour

arriver à une consolidation parfaite, que

l'on maintiendra

l'appareil de soutien jusqu'à la fin de l'année.

Il est à considérer avec

quelle facilité l'on est arrivé à redresser

cette tête qui

était très déviée, après avoir lutté contre la contrac¬

ture musculaire, ce qui.prouve

le grand rôle que joue cetle contrac¬

ture pour

la fixation des déviations dans les maux de Pott sous-occi¬

pitaux et

cervicaux.

Observation 11

Mal de Pottcervical,torticolisgauchetrès

accentué.

S. M..., 10 ans, est

présentée

au

docteur Gourdon au commence¬

ment de novembre 1898 par un

de

ses

confrères du Médoc, parce

que, depuis

trois mois, elle avait

un

très fort torticolis gauche dou¬

loureux. Le père a une

bronchite chronique; la mère jouit d'une

bonne santé. Elle a deux sœursse portant

très bien.

Cetle enfant, très grande pour son

âge,

a

toujours eu une santé

précaire.

Dans sonjeune âge,

entérite

grave.

Depuis,

l'enfant

a

toujours été souffreteuse, elle mange peu. Depuis

l'âge de o ans

elle s'enrhume facilement, et, tous les hivers, elle

doit s'aliter pour

des bronchites.

Il y a

trois mois environ, cette enfant a commencé à se plaindre

du cou, un matin, en se

réveillant. Depuis, les mouvements du cou

ont été limités et douloureux.

Depuis

un

mois, la flexion sur le côté gauche s'est accentuée ;

(30)

32

l'enfant ne s'amuse

plus,

est

triste. Ces jours derniers,

en

descen¬

dantles escaliers, elle aressenti une

douleur plus vive, et la dévia¬

tion est devenue

plus complète. L'enfant

a

dû s'aliter. Le docteur L...,

qui la soigne,

lui

a

fait des applications de Uniment opiacé, avec des

enveloppements

d'ouaté de la région douloureuse

:

amélioration

nulle.

Le docteurGourdon voit l'enfant le 10 novembre 1898. Son aspect

estmauvais, son faciès pâle,

amaigri. Elle

ne peut se

tenir debout

sansqu'on

la soutienne,

et est

obligée de maintenir

sa

tête

avec ses

deux mains. La flexion sur le côté gauche est, en

effet, très

pro¬

noncée, ets'accompagne

de rotation.

Larégion

postérieure du

couest

tuméfiée du côté gauche du racliis,

etl'on sent un épaississement

musculaire dû certainement à la

contracture des muscles de la région

postérieure du

cou.

La

palpation de la colonne vertébrale est successivement doulou¬

reuse de la troisième à la septième

cervicale, mais c'est surtout

au niveau des troisième et

quatrième vertèbres qu'elle est plus doulou¬

reuse.

En avant, rien de

particulier

à

signaler. Le palper du pharynx

par ledoigt démontre

la présence d'un éperon très marqué. Il est impos¬

sible de voir quels sont

les

mouvementsque

la malade peut exécuter,

tellementelle sedébat.

Application, le 11 novembre 1898, d'une minerve

avec

appareil

complet

maintenant seulement la tète,

sans essayer

de faire

un

redressement.

L'amélioration se fait sentir presque

immédiatement,

car

deux

jours aprèsl'enfant

revient,

et

elle

ne

souffre plus.

On la revoitdeux moisaprès,

elle

ne

souffre plus du tout,

mange

très bien, dort de même, et a

repris

ses

couleurs.

L'appareil

est

enlevé. On

constate que

la contraction des muscles

n'existeplus, et

la malade,

en

étant aidée, redresse

son cou

presque

complètement.

Elle

est

fixée dans cette position là, et elle revient

encore trois mois après.

L'améliorations'est maintenue, la fillette a

repris

du

poids, enfin

elle est aussi bien que

possible

au

point c4e

vue

général.

On fait un redressement

complet,

et,

de

nouveau,

l'on applique

un

appareil de maintien.

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