FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1902-1903 N» 117
CONTRIBUTION A L'ETUDE ÉTIOLOGIQUE
DES
I
DANS LA GROSSESSE
THESE POUR LE DOCTORAT EN
MÉDECINE
Présentée et soutenue publiquement le 22 Mai 1903
par
Henri-Marie-Joseph HOUPERT
ancien externe des hopitaux
Né àLusignan (Vienne) le 13 janvier 1876.
MM. MASSE, professeur Président.
\ LAYET, professeur Examinateurs de la Thèse\ { sabrazes.agrégé.
{Juçcs.
GENTÈS,agrégé '
te Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses parties
de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
g gounouilhou, imprimeur de la faculté de médecine
II, RUE GUIUAUDE, II
19°3
FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE DIIAItMACIE DE IIDIIDliMDi
M. nie NABI AS Doyen. | M. PITRES Doyenhonoraire,
I* ROFESSE Ulltt: MM.
Clinique interne . . . Cliniqueexterne. . .
Pathologie etthérapeu¬
tiquegénérales. . .
Thérapeutique. . . .
Médecineopératoire . Clinique d'accouchements.
Anatomiepathologique. .
Anatomie
Anatomie générale et histologie
Physiologie ...
Hygiène
Médecinelégale . . .
MICE . . .
DUPUY.. .
MOUSSOUS
Professeurs honoraires.
MM.
PICOT.
PITRES.
DEMONS.
LANELONGUE VERGELY.
ARNOZAN.
MASSE.
LEFOUR.
COYNE.
GANNIEU.
VIAULT.
JOLYET.
LAYET.
MORAGI1E.
Physiquebiologiqueet
électricité médicale.
Chimie
Histoire naturelle . .
Pharmacie
Matière médicale. . . Médecineexpérimentale .
Cliniqueophtalmologique.
Clinique desmaladies chi¬
rurgicalesdes enfants .
Cliniquegynécologique Clinique médicale des
maladiesdesenfants Chimie biologique . .
Physiquepharmaceutique Pathologieexotique .
MM.
BERGONIÉ.
BLAREZ.
GUILLAUD.
FIGUIEB.
DENABIAS.
FERRÉ.
BADAL.
PIÉCHAUD, BOURSIER.
A. MOUSSOUS DENIGÈS.
SIGALAS.
LE DANTEC.
AGREGES EN EXERCICE:
section de médecine(Pathologie interneetMédecinelégale.)
MM. CASSAÉT.
SABRAZÈS.
IIOBBS.
MM MONGOUR.
CABANNES.
Pathologieexterne.<
Anatomie
section de chirurgie et accouchements
MM.DENUGÉ.
| BRAQUEHAYE
I CHAVANNAZ.
( BÉGOUIN.
section des sciencesanatomiques et physioi.oûiques
1MM.GENTES. I Physiologie .. . . MM.PAG110N.
"( GAYALIÉ. | Histoire naturelle. BEILLE.
section des sciences physiques
Chimie M. BENECH. — Pharmacie.... M.
DUPOUY
. , , 1MM. FIEUX.
Accouchements,j aNDÉRODIAS.
COURS COMPLEMENTAIRES:
Cliniquedesmaladiescutanéesetsyphilitiques. ..*....
MM. DUBREUILH.
f.linirrnn ripe innlndies Hp.k voies nrinaires IOUooUrl.
moure.
RÉGIS.
RONDOT.
denuge.
anderodias.
pachon. t.
PRINCETEAU.
Clinique des maladies des voies urinaires
Maladies dularynx, desoreilles et dunez Maladiesmentales
Pathologie interne Pathologie externe Accouchements
Physiologie Embryologie
Embryologie . .7,na\tcP
Ophtalmologie. CARLES.
Hvdrologieetminéralogie
LeSecrétairede laFaculté: LEMA1RE.
Pardélibération du 5 août 1879, la Faculté a arrêté que les opinions émises
dat
Thèses qui luisont présentéesdoivent être considérées commepropresà leurs
auteu .
qu'ellen'entendleur donnerniapprobationniimprobation.
A MON PRÉSIDENT DE THÈSE
M. LE D' MASSE
PROFESSEUR DE MÉDECINE OPÉRATOIRE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE
DE RORDEAUX
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
Noire première
pensée,
enécrivant cette thèse, est de témoi¬
gner notre
reconnaissance à tous ceux qui nous ont dirigé
dans le cours de nos études médicales.
Nous conserverons toujours un
très hon souvenir de M. le
professeur
Piéchaud
pourla bienveillance qu'il nous a témoi¬
gnéeet les
excellentes leçons qu'il
nous adonnées pendant
le stage que nous avons
fait dans
sonservice. Qu'il daigne
agréer l'assurance de notre
vive gratitude.
Nous prions M. le
professeur Démons, dans le service
duquel nous avons été en
qualité d'externe, de bien vouloir
accepterl'expression de nos
sentiments respectueux et recon¬
naissants.
M. le Dr Chaleix-Vivie, dont nous avons
été l'assistant à
la Clinique Saint-Vincent-de-Paul, a
été
pour nous unguide-
précieux àqui nous sommes
redevable des quelques connais¬
sances que nous avons acquises en
gynécologie. Ce nous est
un devoir bien doux à remplir de le
remercier de
son ama¬bilité.
Nos remerciements au D1' Paul Houpert pour
les conseils
qu'il nous a donnés au sujet de
l'élaboration de
cetravail.
M. leprofesseur Masse, en acceptant
la présidence de notre
thèse, nous fait un honneur dont nous ne saunons
lui être
trop reconnaissant.
INTRODUCTION
Dans ce travail, nous passons en revue
l'odontalgie
etla
gingivite si fréquentes dans la grossesse. Nousrelatons
uncertain nombre d'observations qui montrent combienla gros¬
sesse coïncide souvent avec la production de nouvelles caries
dentaires ou l'accélération decelles déjà existantes. Nousexpo-
serons'et critiquerons la théorie de ladécalcificationde la dent, qui prétend expliquer par la diminution des sels de
chaux
de la dent la fréquence de la carie pendant la grossesse.
Nous esquissons à grands traits le rôle de l'acidité du
milieu
buccalet des microbes dans laproduction de la carie dentaire, puis nous montrons que le facteur capable d'expliquer la susceptibilité à la carie que l'on remarque dans la grossesse
etcertaines maladies estl'état diathésique du sujet qui amène
la sécrétion d'une salive dont la composition chimique est éminemment propre à la pullulation de bactéries capables de produire la carie dentaire.
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CïlAPrmiï PREMIHU
ODONTALGIE DES F EMMES ENCEINTES
l/}i névralgie dentaire ont certainement la
plus fréquente
(lHl'tni celles qui siirvietlMenl pendant If gfOBSOSSO, "
Lllo
peutêtreindépendante dë lu curie
denlture
et ruproduire
unmême
titresinon put'lu même pnthogéule «pie les
névralgie# lomhn
ulidominalfjK on HCi(ttlqiion. » (Vitiny )
Voici comment Antoine l'util, traitait, dans hoii langage on
glnul, en l'un VII, lu question du l'odced,algie don
f'wnmoH
enceintes,
«L'odontalgie est une trÙH vive douleur du dont# que
lu plupart
des femmesressentent vers le troisième ouquatrième
mois de leurgrossesse. On verra aisément que c'est
l'impres¬
sion de la dent sur les nerfs qui cause lu douleur; ou
bien
elle peutn'enpas dépendre, la dent étant très
saine. Dans
ce cas, l'irritation est causée par des sucs dépravés, quirésultent
des mauvaises digestions; ces sucscirculent
dans la
massedu
sang, produisent unehumeur acre quise porte sur la dentet
donne lieu à la douleur. Mais comment cette humeur reflue-t-elleversla dent? Le voici. Le reflux se fait en vertu dufaitde la compression que fait la matrice sur
les artères iliaques,
pression qui oblige une plus grandequantité de
sangà remonter versles partiessupérieures;d'oùsuitune
pléthore
particulièreà la tête qui donne lieu à des accidents,
ainsi
quenousle verrons
par la suite.
— 12 —
» Les symptômes sont évidents: si la femme souffre beau¬
coup, il y a insomnies, inappétence, mal de tête, etc. Lediag¬
nostic est fort clairet s'établit facilement, il s'agit de savoir si
la dent est cariée ou non.
» Pronostic. — Le mal est fâcheux nonen lui-même, mais
parrapport auxaccidents qu'il cause. Si la douleur est légère
et qu'ellene soit suivie d'aucun mauvais accident, le mal est
de peu de conséquence; mais si la douleur est aiguë, elle ôte
le sommeil, produit la fièvre, causedes nausées, l'inappétence, dérange les digestions chez les femmes délicates. Et cet acci¬
dent est de très grande conséquence et estle prélude de l'avor-
tement. Alors il mérite une attention scrupuleuse de la part
du médecin.
» Curation. — Ou la dent est gâtée ou elle est saine. Si
elle
est cariée, il faut la faire arracher pourvu cependant que
la
femme soit forte et vigoureuse; mais sila femme est délicate, faible, peureuse, qu'elle ait le genre nerveux d'une extrême délicatesse, il vaut mieux qu'elle garde sa dent et lui
faire
dégorger la gencive, en cas qu'elle soit gonflée; sanscela la
malade tomberait en syncope, ou bien il lui surviendrait
des
convulsions qui conduiraient à l'avortement. On a
nombre
d'hommes quisont entrés en convulsion en leur arrachantune
dent : qu'une femme de cette complexion patiente
jusqu'à
ce qu'elle soit accouchée; en attendant on donne desremèdes
pour apaiser la douleur et engourdir le nerf:
» Pour cet effet, on introduit dans le creux de la dent un demi-grain d'opium et, afin que la malade ne l'avale pas, on
\ le recouvre avec un peu de coton; on plombe la dent
si
on peut. On se sert encore de l'encens, des clous degirolle, de
muscade et de l'eau-de-vie camphrée, etc. On fait des
embro-
cations sur les joues avec quelques huiles, on fait une
petite
saignée. Ces moyens sont de peu de valeur; mais on
conserve
la dent et c'est beaucoup pour une femme. Les
narcotiques,
surtout pris intérieurement, doivent être interdits; on
peut
— 13 —
cependant s'en servir comme topiques
dans
ce cas;mais il
fautfaire ensorte qu'il n'en passe pas dans le sang; pour cet effet,on prendrala précaution que j'ai
indiquée plus haut.
»Si la dent n'est pas gâtée, et qu'on soitau
troisième
ou quatrième mois, il faut saigner du bras, c'estle
moyenle plus
sûr; il faut prescrire une diète tempérante et
donner des
délayants ponr adoucir l'acrimonie. Onconseille l'application
de quelques vésicatoires à la nuque ; les femmes
le feront si
ellesveulent; on procure par cemoyen une légère
révulsion
etonentretient la suppuration avec le basilicum.
» Ilnefaut pas appliquer un vésicatoire trop
large. Il
y eutunefemme à qui la tête devint monstrueuse par
l'application
d'un vésicatoire un peu trop large; il fallut la saigner
du pied.
Ainsi il faut prévenir ces accidents et les médecins doivent
bien réfléchiravant de les faire appliquer; si c'est une femme pléthorique, il faut avoir soin de faire précéder une saignée;
onfait mâcher de la racine de pyrèthre, de réglisseoumême
de
tabac, pour exciter une évacuation copieuse de salive; enfin,onpurge pourévacuerpar le bas l'acrimonie que cause cette
douleur.»
Nous relatons parmi les ouvrages plus récents qui men¬
tionnent l'odontalgie des femmes enceintes : ceux de Pinard
frères sur la gingivite des femmes enceintes, à la thèse inaugu¬
rale de Didsbury:De la gingivite des femmesenceintes (1877);
le travail de Kirk: De lacarie dentaire des femmes enceintes
{in
Philadelphia
medic. Times, 1880, t. X, p. 320); le traitédes dentsetde la cavité buccale des femmesenceintes, parJohn Marshall {in Journal of Assoc. medic. Amer., Chicago, 22 fév.
1890);Terrier Julien(thèse de Paris, 1897-1898) :De
l'influence
de la grossesse sur les dents.
CHAPITRE II
GINGIVITE DES FEMMES
ENCEINTES
Tout praticien un peu
expérimenté
a eul'occasion de
remarquer en examinant les gencives
de femmes enceintes,
qu'elles présentent souvent des changements
très notables.
Elles ont perdu leur couleur blanc
rosé; leur bord libre,
échancréet festonné, ne présente plus un contact
intime
avecle collet de la dent;leur coloration est
plus
rouge;elles sont
plus ou moins gorgées de sang,
congestionnées; la moindre
pression au niveau de la tuméfaction détermine un
écoule¬
mentde sang parfois assez prononcé;
elles n'adhèrent plus à la
dent,dont elles sont souvent sé'paréespar un
certain intervalle
dans lequel s'accumulent la salive et les
débris alimentaires.
C'est au niveau de la partie convexe
des deux maxillaires
que cessymptômes de lagingivite sont le
plus accusés, tandis
qu'ils s'atténuent ou même n'existent plus parfois au
niveau
des molaires.
11 arrive quelquefois que les désordres
des gencives
ne se bornent pas au décollement du bord libre età la congestion;
Mais les dentspeuvent être ébranlées dans
la cavité alvéolaire
etmêmeparfois être expulséesspontanément.
Cettegingivite, que l'on trouve surtout
accusée
au commen¬cementde la grossesse (au deuxième mois
d'après Didsbury,
auquatrièmepourPinard),n'existe paschez
toutes les femmes
10
enceintes; niais cependant on la trouve assez souvent pour constater qu'elle présente avec cet état physiologique des rapports assez étroits.
Nous ne nous arrêterons pas àdiscuter la théorie émise par
Didsbury pourexpliquer la pathogénie de la gingivite pendant
la grossesse, nous nous contenterons de la citer. Voici,
en effet, ce que dit cet auteur dans sa thèse inaugurale
de 1877 :
« L'organisme de la mère, ayant à pourvoir à la nutrition de
l'enfant et des organes utéro-placentaires développés, devra
naturellement perdre son équilibre normal. L'activité circu¬
latoire qui existe en plus du côté de l'utérus existe en moins
dans le reste de l'économie, et cette diminution de nutritionse fait sentir du côté des endroits les plus faibles. Or, les gen¬
cives, si facilement lésées sous une influence pathologique et particulièrement sous l'influence d'une affection nutritive, se trouventnaturellement atteintes. »
Nous pensons qu'il ne faut pas chercher la cause de lagin¬
givite des femmes enceintes ailleurs que dans le milieu
buccal. Nous croyons qu'elle relève de causes purement locales, et qu'elle ne mérite pas qu'on en'constitue une
entité
définie. Elle est produite soit par la présence du tartre,
soit
par les troubles digestifs et les vomissements qui en sont
le résultat, oubien par une alimentation lactée qui ne néces¬
site pas unemastication amenant mécaniquement le nettoyage
des dents. Alors les bactéries pullulent à leur aise,
produisent
des fermentations quiprovoquentl'irritation des gencives.
Ce qui semble bien prouverque les choses doiventse passer ainsi, c'est qu'un traitement approprié (ablation soigneuse
du
tartre, brossages et lavages antiseptiques de la bouche)
amène
rapidement la disparition de la gingivite. C'est aussil'opinion
de praticiens tels que Cruet, Amœdo, etc. «Dans notre
clien¬
tèle privée, dit Amœdo, nous n'avons pas observé
d'altéra¬
tions de la gencive chez les femmes qui n'avaient pas
de
tartre sur le collet des dents et qui se lavaient la
bouche
régulièrement. ,
17 —
Letraitement rationnel de la gingivite de la femme enceinte
consistera donc dans l'ablation du tartre et des nettoyages et lavages fréquents
de la bouche
avecdes liquides antisep¬
tiques.
2
CJI/VI'ITIIK III
FRÉQUENCE
DE LA CARIE DENTAIREchez les femmes enceintes.
Si la gingivite est commune chez les femmes enceintes, la
carie dentaire est encore plus fréquente pendant la grossesse, ainsi qu'on peutle constater tous les jours. Chaque grossesse, a-t-on dit, équivaut à la perte d'une dent. Nous n'allons pas aussi loin; mais nous avons constaté que souvent la grossesse accélère la marche des caries préexistantes et amène la pro¬
duction de caries nouvelles.
Les observations suivantes, puisées en partie dansune thèse
de Paris
(1897-1898)
: De Vinfluence de la grossesse sur les dents, parTerrier, nous montrent la coïncidence fréquentede la grossesse et de la carie dentaire. Nous relevons dans la thèse de Terrierla façon dont il a pris ses observations et les conclusions qui en découlent :
« Nous avons pris à la clinique Baudelocque l'observa¬
tion d'un certain nombre de femmes enceintes.Nous avons vu
toutes les femmes de plusieurs salles, examinant indistincte¬
mentcelles qui étaient favorables à nos conclusions et celles
quine l'étaient pas. Dans ce nombre de femmes, plusieurs en effetn'avaient éprouvé aucun accident ducôté des dents pen¬
dantleur état de
grossesse, et cependant nous avons tenu à enregistrer scrupuleusement leur cas. De telle sorte que nous
- 20 —
présentons une
statistique limitée, mais d'une impartialité
absolue.
» Nous avons suivi la méthode suivante : Après avoir pris l'âge, la profession et
la région d'origine de la
personne,nous
avons examiné l'état de ses dents. Nous avons ainsi
constaté
le nombre de dents qui avaient été extraites ou
qui avaient
été expulsées fragment par
fragment; puis
nousavons
comptéles couronnesabsentes; enfin
nous avons vules caries.
Enun mot, nous avons fait le total des
méfaits de la pathologie
dentaire dans chaque bouche. Puis, étant
donné
cerésultat
pathologique, nous en avons
refait l'histoire
eninterrogeant
avec précision la personne.
Il s'agissait
pour nousde savoir
quelle partles états
de
grossesseavaient prise dans cette pa¬
thologie dentaire. Il
fallait savoir dans quelle proportion ces
caries dentaires s'étaient produites pendant
les
grossesses.»Nousavons distingué dansnotre
interrogatoire et dans l'his¬
toire de ces caries deux groupes de
périodes
:1° Quelles ont
été celles qui se sont
produites avant les grossesses ou
dans les intervalles entre les grossesses? 2°
Quelles ont été
celles qui sont survenues
pendant les grossesses? Et comme
on pourra le voir par
l'examen de
cesobservations, c'est
surtout au début de la grossesse, vers
la fin du premier
mois, que l'odontalgie se
produit. Souvent elle réapparaît vers
le neuvième mois. Quelques-unesdespersonnes
observées pré¬
sentent ce fait remarquable qu'elles
n'ont jamais souffert a
d'autres époques que
pendant les
grossesses. »Observation I (ZrcThèseTerrier.)
S. E..., vingt-cinq ans, fait de la
passementerie chez elle. Née a
Birainville (Pas-de-Calais).
Étatactuel des dents.— Trois dentsontété extraites.
Avantlesgrossesses.—A eude fréquentes douleurs
de dents dans sa
jeunesse. Deux extractions ont étéfaites.
Pendant les états de grossesse.— Premièregrossesse:
Douleurs dès le
I
— 21 —
deuxième moispendant quinze jours;carie d'une prémolaire supérieure
droite. Une extraction.
Deuxième grossesse : Néant.
Dans les intervalles des grossesses.—Néant.
Observation II.
{In ThèseTerrier.)
D. G...,vingt-quatre ans, cuisinière. Née à Selle-Saint-Cyr (Yonne).
État actuel des dents.— Quatre dents extraites. Trois couronnes manquent.
Avant les grossesses. — Deux extractions.
Pendant les états de grossesse. — Première grossesse : Douleurs dès
le troisièmemois,fluxions dentairespendantdeuxmois. Deuxextractions (en cachant son état au dentiste); du reste, pas d'hémorragies, pas de complications, soulagement complet.
Deuxièmegrossesse: Néant.
Dans lesintervalles des grossesses.— Néant.
Observation III.
{In Thèse Terrier.)
B.E...,vingt-huitans, cuisinière. NéeàFessy (Haute-Saône).
' État actuel des dents. — Deux dents absentes, quatorze couronnes ont été détruites.
Auantlesgrossesses. — Pasd'extraction. N'a pas souffert.
Pendantles états de grossesse.— Premièregrossesse: Dès le deuxième mois, soutirependant unmois.
Deuxième grossesse : Au neuvième mois, abcès au-dessous de l'in¬
cisivecentralesupérieure.
Dansles intervalles desgrossesses. —N'apassouffert.
Remarque.— Lescouronnes se sontcariées sensiblement.
Observation IV.
{In Thèse Terrier.)
B-M..., quarante ans, ménagère. NéeàPlougoulven (Iinistère).
Étatactuel des dents.— Dix dents absentes.
22
Avant les grossesses.— Avingt-deux ans, deux extractions.
Pendant les états de grossesse.— Première grossesse : Dès la troi¬
sième semaineet pendant trois mois, douleurs généralisées à toutes les dents; redoute les extractions dans sonétat.
Deuxième grossesse: Dès le quinzième jour, pendant trois semaines,
douleursde la molaireduhaut; neuvièmemois, pendantdeux semaines.
Dans les intervalles. — Pendantl'allaitement, au sixième mois, deux
extractions.
Observation V.
(InThèse Terrier.)
M. A..., vingt et un ans, bonne à toutfaire. Née à Paris.
État actuel des dents. —Sept dents manquent. Une couronne est
cariée.
Avant les grossesses. —Sept dentsmanquent.
Pendant les états de grossesse.—Premièregrossesse : Au cinquième
mois, a souffert pendant huit jours; une carie au neuvième mois, a
souffert pendanthuitjours.
Dvns les intervalles des grossesses. — Néant.
Observation VI.
(In ThèseTerrier.)
M. L..., vingt-huitans, lingère. NéeàPontivy (Morbihan).
État actuel desdents.—Trois extractions. Unecouronnecariée.
Avant les grossesses.—Deuxextractions.
Pendant les états de grossesse. — Première grossesse: Dès lepre¬
miermois, rages de dentsjusqu'au neuvième mois inclus.
Deuxième grossesse : Dès la fin dupremier mois, douleurs; unecarie.
Dans les intervalles des grossesses. — Allaite sonenfant; autroisième
mois uneextraction.
Observation VII.
(In ThèseTerrier.)
D. Pi..., trente-troisans, cuisinière. Néeà Sausan (Mayenne).
État actuel des dents. —Treizemanquent. Deuxcouronnes
atteintes
de caries.
— 23 —
Avantles grossesses.— Treize dents manquent.
Pendant les étatsdegrossesse. —Premièregrossesse : Itien.
Deuxième grossesse: Rien.
Troisième grossesse:Vers leneuvièmemois,odantalgies.
Deux caries.
Danslesintervallesdesgrossesses. — Rien.
Observation VIII.
(InThèseTerrier.)
B. L..., vingt-huitans, ménagère. Née à
Épernay
(Marne).Étatactuel des dents. —Quatre dents sont tombées. Une couronne a
étédétruite par la carie.
Avant les grossesses. —Deonze à treizeans, asouffert
horriblement.
Aucune dent n'a été détruite.
Pendantles états degrossesse. — Première grossesse (fausse
couche
de troismois): Rien.
Deuxième grossesse : Quatredents se soutdétruites tombant morceau
parmorceau, dit-elle, dudeuxième au sixième mois.
Troisième grossesse: Rien.
Dans lesintervalles des grossesses. — Rien.
Observation IX.
(In ThèseTerrier.)
B. B..., trente-huit ans, mécanicienne en lingerie. Néeà Paris.
Etat actuel des dents. — Dix-sept dents manquent (tombées par fragments).
Avant les grossesses. — Quatorze dents manquent déjà.
Pendantlesétatsde grossesse. — Première grossesse;Rien.
Deuxièmegrossesse:Rien.
Troisièmegrossesse: Dès la findu premier mois, odontalgie.
Quatrièmegrossesse: Dèsla fin du premier mois jusqu'au neuvième inclusivement, troisdents sonttombées. Caries.
Dansles intervallesdes grossesses. —Rien.
Observation X.
(In ThèseTerrier.)
M- A..., vingt-six ans, domestique. Née à La Garenne-Beza(Seine el- Oise).
— 24 —
Étatactuel des dents.—Trois dentsextraites.
Avant la grossesse.—- Troisdents extraites.
Pendant les états degrossesse. — Premièregrossesse : Rien.
Dans les intervallesdesgrossesses.— Rien.
Observation XI.
(In ThèseTerrier.)
M. F..., vingt-trois ans, blanchisseuse. NéeàParis.
Étatactuel des dents. —Cinq dents extraites.
Avant les grossesses.—Cinq dents extraites.
Pendantl'état de grossesse.— Premièregrossesse: Rien.
Dans les intervalles des grossesses.— Rien.
... )
Observation XII.
[InThèse Terrier.)
S..., négresse, quatorze ans et demi, jardinière chez un maraîcher,
Vincennes. Née à Saint-Louis (Sénégal).
État actuel des dents. — A toutes sesdents.
Avant les grossesses.—À souffert desdents.
Pendant les états de grossesse. —Premièregrossesse : Rien.
Dans lesintervalles desgrossesses'.— Rien.
Observation XIII.
[In Thèse Terrier.)
A. H..., vingt-cinq ans, couturière (pique à la machine), veille
habi¬
tuellement. NéeàSaint-Gestenotte, prèsBruxelles.
Étatactueldes dents. —Unedenta été extraite. Une couronneaété
détruite par la carie.
Avant les grossesses.—Une extraction à dix-septans.
Pendant les états de grossesse.— Première grossesse: Rien.
Deuxième grossesse : Dès le deuxième mois etpendant cinq mois,
dou¬
leurs d'une molaire (l'extraction est désirée, mais l'avis d'une voisine
surles dangers qu'il yaurait la dissuade.
Dans les intervalles des grossesses.— Pendant l'allaitement:
Douleur
àune molaire bas gauche.
— 25 —
Observation XIV.
(In ThèseTerrier.)
H. M..., domestique. Née àPlouguenval (Côtes-du-Nord).
Étatactuel des dents.— Cinq dentsont étéextraites. Deuxcouronnes manquent.
Avant grossesse. — Cinq extractions de molaires de
vingt-cinq à
vingt-neufans.
Pendant les étatsde grossesse. — Premièregrossesse : Rien.
Bans les intervalles desgrossesses. — Rien.
Observation XV.
(InThèseTerrier.)
B.L..., vingt ans,employée de commerce (travaille debout).
Née à
Paris.
Etat actuel des dents. — Une dent extraite: deuxième molaire bas gauche.
Avant les grossesses.— Rien.
Pendant les états de grossesse. —Première grossesse: dès
le troi¬
sième mois soutire de la deuxième molaire bas gauche pendant trois mois,l'extraction y metseule fin.
Bans les intervalles desgrossesses. — Rien.
Observation XVI.
(In Thèse Terrier.)
G.M..., trente-deux ans, journalière. Née àTheuron(Creuse).
État actuel des dents.— Quatorze couronnes de dents se sont
détruites.
Avant les grossesses.—Rien.
Pendantles états de grossesse. —- Première grossesse : Rien.
Beuxièmegrossesse:Rien.
Troisièmegrossesse : Odontalgie dès ledébut, a souffertpendant toute
lagrossesseetaupoint de se lever la nuit.
Quatrième grossesse: Odontalgie dans les mêmes conditions (lui a permisau début de reconnaître sagrossesse).
Cinquièmegrossesse:Rien.
Bans les intervalles des grossesses. — Rien.
OuHE R V ATION XVII.
(InTIH'MC Iicnniiii.)
I). M.,., vingt-deux mis, ouvrière (travaille)deboutdans (in riKi^auin,
faitdes pelotes pourdevantures). Néeà Paris,
Etat,actuel des dente, -Trois dentsont été extraites, Une couronne estcariée.
Avant la: (jroSIÔBNO. Trois dents extraites vers quinze ans, Chlore talgie» fréquentes.
Pendantl'état île grossesse. Première grossesse: Vers le cinquième mois, douleurs è lapremièregrosse molaire 1ms droit. Neuvième mois:
renouvellement de ces douleurs fa craint de la faire arrachercroyantnu dangerà causede sonélut).
Observation XVIII.
(In Thèse Terrier.)
II... M.,vingt-cinq ansfaitson ménage.Néeà Gavan(Cotes-du-Nord).
Étatactuel des dents. — Six dents ont été extraites. Trois dents sont cariées.
Avant les grossesses.— Rien.
Pendant les états de grossesse.— Première grossesse: Dès la findu
premier mois Todontalgiea révélé la grossesse, deux extractions.
Deuxième grossesse: Dès le premiermois, odontalgie, deux extrac¬
tions.
Troisième grossesse:Vers le quatrième mois, odontalgie, deux extrac¬
tions.
Observation XIX.
«
(In Thèse Terrier.)
N. M..., trente et un ans, blanchisseuse. Née à Grenelle. Paris.
État actuel des dents. — Dix dents manquent, une couronne est
cariée.
Avant les grossesses.— Une dent extraite.
Pendant les états de grossesse. — Première grossesse : Dès la fin
du
premier mois, odontalgie jusqu'au cinquième mois (la couronne
des
dents s'effrite).
— 27
Deuxième grossesse: l)/t«la lin «lu premier
mois, odonlalgie
;«du dure
«ncorcjuiqu'wucinquième
nioi«, le»
«IcuI.mn'offriLtuiL cl tombent.
Troisièmegrossesse: l«l.
Quatrièmegrossesse:
Id.
Cinquièmegrossesse: Id.
Sixième grossesse : M.
Danslesintervalle*de*grossesses Rien.
OllglUlVATION XX.
(InTIiAhcTkiiiiikh.)
C. Y,.., trente-cinq uns, fait son ménuge. Née
àGuingatnp (Côtes-dn-
Nord).
Étatactuel des dents. —Quinze dentsmanquent.
Avant les grossesses.— Deux dents manquent.'
Pendant les états de grossesse. — Première grossesse:
Dans les deux
premiersmois, rages de dents nuitetjour, deux extractions,
plusieurs
couronness'effritent.
Deuxièmegrossesse:Dansles trois premiers mois, idem.
Troisièmegrossesse: Vers le troisièmemois, pendant un
mois.
Quatrièmegrossesse : Pendantle premiermois, peude
douleurs.
Cinquièmegrossesse:Rien.
Sixièmegrossesse : Dèsledeuxième mois, pendant
trois mois.
Septième grossesse: Dèsle deuxième mois, douleurs atroces
pendant
six semaines.
Huitième grossesse:Pendant les deuxième et troisième
mois, les
couronnestombent par fragmentssans souffrance.
Dansles intervalles des grossesses. — Rien.
Observation XXI(personnelle).
M. G...,trente-quatre ans, sans profession. Née à
Bordeaux
Étatactuel des dents. —Quatredents manquent,trois caries.
Avant les grossesses. —Deux extractions.
Pendantles états degrossesse.—Premièregrossesse: Rage
de dents du
deuxièmeau quatrième mois.
Deuxièmegrossesse:Rien.
Troisièmegrossesse :Vers lehuitième mois, odontalgie.
Dans les intervalles des grossesses. — Rien.
— '28 —
ObservationXXII (personnelle).
M. P..., vingt-deux ans. Née à Périgueux.
Etat actuel des dents. — Six dents manquent, quatre couronnes atteintes de carie.
Avant les grossesses. —Douleursdentaires, deux dentsextraites.
Pendant les états de grossesse.—Premièregrossesse: Rien.
Deuxièmegrossesse: Douleurs dentaires pendant les deux premiers
mois.
Dans les intervallesdesgrossesses. — Rien.
Observation XXIII(personnelle).
L. L...,vingt-sept ans.
État actuel des dents. — Deux dents manquent, quatre couronnes atteintes de carie.
Avant les grossesses.— Douleurs dentaires, une extraction vers dix-
huit ans.
Pendant les états de grossesse. —tPremière grossesse : Odontalgie
violente du deuxième au sixième mois.
Deuxième grossesse:Rien.
Troisième grossesse:Odontalgieviolente durant trois semaines.
Dans les intervallesdes grossesses. — Rien.
Observation XXIV(personnelle).
N. M..., vingt-deux ans, .marchande. Née dans le département des Rasses-Pyrénées.
État actuel des dents.— Deux dents manquent, quatre couronnes
cariées.
Avant la grossesse. — Carie de deux molaires.
Pendant Cétat de grossesse. — Plusieurs dents secarient. Douleurs
dentaires.
ObservationXXV (personnelle).
B. A..., quaranteans, ménagère. Néeà Lacérède(Landes).
Étatactuel des dents. — Trois dentsmanquent,dix dentscariées.
Avant les grossesses. — Douleurs dentaires à vingt ans. Les dents
commencentà tomber par morceaux, puiscet étatdisparaît.
29 —
Mutant les états <tc grossesse. Première grossesse: Los dents
recommencent à tomberpar morceaux.
Deuxième, troisième, quatrième, cinquième grossesse : Les dents
recommencent à lomber par morceaux comme durant la première
grossesse.
Dans les intervalles des grossesses. — Les dents tombent par mor¬
ceaux commependant lesgrossesses.
Observation XXVI (personnelle).
E. F...,ouvrière chez un tailleur. Néeà Bordeaux.
Étatactuel des dents. —Trois dents manquent,pas de carieactuelle.
Avant les grossesses.— Deux extractions à quinze ans, une autre à
dix-huitans.
Pendantles états de grossesse. — Premièregrossesse: Rien.
Deuxièmegî^ossesse': Rien.
Dansles intervallesdes grossesses. —Rien.
Observation XXVII(personnelle).
T. H..., trente ans.
État actuel des dents.— Huit dents manquent. Quatre cariées.
Avantles grossesses.— Rien.
Pendantles états de grossesse. — Première grossesse: Dans les trois
premiersmois, ragesde dentstrès intenses.
Deuxièmegrossesse:Vers le quatrième mois, odontalgie très violente.
Troisièmegrossesse :Rien. %
Quatrièmegrossesse: Rages de dents pendant trois mois.
Danslesintervallesdes grossesses. — Rien.
Observation XXVIII(personnelle).
S.G..., trente-six ans, domestique, néeà Saint-Girons (Ariège).
Étatactuel des dents.—Mâchoire inférieure: Les molaires et pré¬
molairesdechaque côté sontabsentes.
Mâchoire supérieure: Restent une prémolaire droite, une molaire,
unecanineetuneincisivegauches.
Avant les grossesses. —Possédait toutes sesdents et n'avaitjamaiseu de douleurs dentaires.
Pendant les états de grossesse. — Première grossesse : Odontalgie
violente etcaries dentaires multiples.
Deuxième grossesse: Odontalgie et caries multiples.
Dans l'intervalle des grossesses. —Les caries évoluent et nécessitent plusieurs extradions.
Observation XXIX(personnelle).
B. H..., vingt-deux ans, sansprofession, née àBordeaux.
État actuel des dents.— Deux dents manquent. Quatre couronnes cariées.
Avant les grossesses : Possédait toutes ses dents, n'avait jamais
souffert.
Pendant les états degrossesse.— Premièregrossesse: Rien.
Deuxième grossesse; Avortement de trois mois et demi. Odontalgie
modérée mais continue.
Troisième grossesse:Odontalgie pendant plusieursmois.
Dans lesintervalles des grossesses. — Rien.
Observation XXX (personnelle).
G. G....vingt-six ans, sans profession, née àBordeaux.
Étatactuel des dents. —Six dents absentes. Trois dentscariées.
Avant la grossesse.— Plusieurs dents cariées etobturées.
Pendant l'état de grossesse. — Douleurs dentaires très violentes pen¬
dant lesquatre premiers mois. Les incisives centrale et latérale
droites
supérieures secarient. Chezcettemaladenous avonsconstatéune
hyper¬
sensibilité des dents cariées qui empêche le traitement
ordinaire et
oblige à obturer provisoirement à la gutta-percha. Après
l'accouche
ment, les dents purent être soignées, car elles neprésentaient
plus la
sensibilitéqu'elles avaient pendant lagrossesse.
Ilse dégage de ces observationscefaitque
certaines femmes
n'avaientjamais souffert avantleur grossesse et que
beaucoup
ont vu se produire de nouvelles caries et de
nouvelles rages
dentaires au momentde leurgestation. Il est donc