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DIEU SAVAIT-IL? EPISODE 21

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Academic year: 2022

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DIEU SAVAIT-IL ?

EPISODE 21

-Je suis convaincu, dit Jehan comme pour lui-même, qu’un temps viendra où toutes les églises seront désertes. Dieu ne peut permettre que l’on déchire ainsi des innocents en Son nom. Quand les justes crient, l’Eternel les exauce et les délivre de toutes les détresses. Les psaumes nous le disent. S’adressant à sa mère : L’outrecuidance des despotes causera leur perte. Les lustres n’auront plus de chandelles et les statues crouleront sous la poussière. Mère, cela doit arriver !

-Il faudrait avoir l’esprit pour ne pas partager votre espoir, mon fils, seule le gloire de Dieu est éternelle. Comme Dieu lui-même. Elle hésita, caressa son front d’une main apaisante avant de se livrer. Je dois vous avouer que je crois toujours en Lui, mais chaque jour les religions m’effrayent davantage.

Catholiques, protestants, musulmans, n’avons-nous le même idéal ? Le but des religions n’est-il d’ouvrir le cœur des hommes à l’amour ? Dieu est pour tous, qu’importe le nom qu’on lui donne…

- Mère, oubliez-vous Jésus ?

-Seigneur non ! Un peu de réticence faisait trembler sa voix. Mais Jésus se prétendait le fils de Dieu, Son fils unique ! Alors qui sommes-nous ?

-Mère quelles étranges paroles !

-Je vous le demande. Qui sommes-nous ?

Jehan la regardait stupéfait. Elle reprenait : -Une immense puissance, un pur Esprit est au-dessus de nous. J’en suis assurée. Notre vie n’aurait aucun sens s’il en était autrement.

-Tous les peuples, toutes les civilisations ont eu leurs dieux, vrais ou faux.

-Assurément, le réconfort et la confiance qu’apporte la foi, sont incontestables.

Mais mon fils, comment pouvez-vous parler de vrais ou de faux dieux ? Sommes-nous capables d’affirmer que nous sommes dans le vrai ? En avons- nous le droit ? Au nom de quoi prétendons-nous détenir la vérité ? Est-il juste de nous retrancher derrière des écrits, que nous jugeons sacrés, pour faire le mal ?

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-Vous doutez fort ma mère !

-Hélas, je l’avoue, le doute me tenaille…Je doute des hommes. Je doute des religions que les hommes utilisent, des dogmes qu’ils prônent…

-Doutez-vous aussi de la Bible ? Des saintes Ecritures ?

-Les hommes ont une grande part dans la rédaction de ces ouvrages. Sa main balançait de droite à gauche en signe de confusion. Je déteste que l’on utilise les Saintes Ecritures pour justifier la cruauté, l’intolérance et la guerre…

Un silence suivit les paroles de Dame Sirmonde, les regards surpris de ses interlocuteurs attendaient davantage.

-Mère, dit Jehan, vous me semblez contester aussi Jésus ?

-Non dit-elle. Jésus devait être un homme bon et charitable, d’une intelligence peu commune, bien en avance sur son temps.

-Madame, ne voyez-vous pas en lui l’Esprit divin ?

Elle secouait la tête en signe d’ignorance. Il était sans nul doute un fils de Dieu… Comme vous et moi peut-être… Comme nous tous.

-Je frémis, dit Brisson. C’est par Jésus-Christ que nous avons acquis notre salut, par son obéissance et sa mort. Dame, c’est l’Esprit du Christ qui ouvre nos cœurs afin que sa parole y soit reçue !

-Nous devons l’entendre comme le sauveur du monde, ajouta Jehan. Cet esprit divin habite en nous, il nous anime, nous vivifie comme ses membres mystiques.

-Il est loin de mon intention de vous faire entrer dans mes vues, mes amis, dit Dame Sirmonde, et encore moins de troubler votre esprit. Simplement j’ose vous dire que l’horreur de notre temps me porte à penser que nous ne sommes pas dans la voie de Dieu. Un dieu de miséricorde, de bonté ne peut approuver la barbarie des hommes qui tuent en Son nom.

XI

Malgré la Révocation de l’Edit de Nantes, le Protestantisme refusait de mourir.

Et de sa douloureuse agonie naissaient les Camisards. Brutes ou martyrs

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qu’importe, c’étaient les fils de la révolte. Fous de misère et d’injustice, des hommes et des femmes, poussés au fanatisme par les persécutions, osaient encore rêver de liberté.

Dès leur plus jeune âge, accompagnés de leurs parents, les frères Vinhes avaient occupé les bancs de l’église catholique, sous peine de cinq cents livres d’amende. Baptisés, ils avaient fait leurs Pâques, suivi les processions, fréquenté l’école. Françon récitait ses « ave », portait autour du cou une petite médaille à l’effigie de la Vierge Marie, possédait même un missel romain.

Cependant, malgré l’obstination royale, la tyrannie du clergé, les fils d’Isaïe étaient devenus de grands coureurs d’assemblées clandestines organisées par de courageux prédicants de passage, risquant les galères, la roue ou le gibet. Et c’était là, belle revanche pour les huguenots, contraints d’abjurer leur foi, que de la retrouver si vivace dans le cœur de leur progéniture. Rien d’étonnant non plus puisque, à l’abri des volets clos et le chien aux aguets, la Bible avait toujours été lue par Halix, à la lueur de la chandelle et les psaumes chantés à mi-voix par Monette et Marguerite. Cultivée avec soin, la fleur de la Réforme, devenue si précieuse parce que défendue, ne pouvait disparaître. Elle était leur Religion, leur espoir, leur liberté.

Cependant l’attitude de ses fils, n’était pas sans contrarier Isaïe. Les voir redresser la tête comme de jeunesz coqs leur crête, l’inquiétait beaucoup.

C’étaient de beaux garçons, solidement bâtis. Jehan-Hercule avait la taille haute, le visage mince et le regard sévère. Il parlait haut, non sans arrogance.

La silhouette de Pierre était moins élancée que celle de son aîné, une grand douceur émanait de son sourire et son regard noisette, frangé de longs cils noirs, rappelait celui de son père. Avec sa modération habituelle, Isaïe sermonnait.

-J’approuve la lecture des psaumes, le soir à la veillée, mais trouve fâcheux que vous risquiez votre vie à courir ainsi les assemblées nocturnes. A chacun de vos départs, votre mère tremble qu’inquiétude.

-Père, nous sommes de plus en plus nombreux à le faire, répondait l’aîné, l’œil soudainement aigu. -Ne pourriez-vous vous joindre à nous ? Ne serait-ce qu’une fois ? proposait Pierre. Vous verriez par vous-même l’importance de ces assemblées.

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-J’avoue avoir peu de goût pour de telles manifestations.

-Nous y rencontrons Anthoine, insistait le cadet. Il a rejoint Brisson et de Peyris.

Il fait partie de leur troupe !

Remplis d’admiration, les deux adolescents ne cachaient pas leur enthousiasme face à l’attitude rebelle de leur oncle qu’ils ne cessaient de vanter. A l’opposé, celle de leur père leur paraissait désolante de soumission. Pour leur jeune impatience, nul doute, l’heure de la révolte avait sonné.

-Ah ! Ce piaffard d’Anthoine, s’emportait Monette aux récits des garçons. Il est de toutes les sauces ! Dieu fasse que sa conduite ne nous nuise !-Tous ces mots ne sont que des chevaux sans cavalier, déplorait Isaïe. Monette, cesse de brailler, je te prie ! Anthoine fait ce que bon lui semble ! Et, se tournant vers ses fils : Et vous, au nom du ciel, ne bravez pas la loi ! Nous avons choisi une route, suivez-la !

-Elle vous a été imposée, corrigeait Jean-Hercule.

-Hélas, soupirait la servante emplie de regrets, que pouvions-nous faire face à d’atroces coquins ?

Cependant, trop de répression échauffait les esprits. Nombreux avaient été ceux qui, fin juillet, gravissant le Mont du Bougès, s’étaient fait une joie d’écouter les prophètes. Les fils Vinhes y avaient rencontré leur ami d’enfance, Nicolas Jouany. Le tuilier de Génolhac, venu lui aussi écouter les inspirations des célèbres prédicants.

-Il y avait Séguier, Brisson ! Il y avait Mazel ! énumérait Pierre les yeux brillants.

De plus en plus de prédicants et une foule d’assistants !

-Savez-vous Père, que Nicolas a refusé ouvertement de fréquenter l’église ? Il déteste la religion catholique et ne s’en cache pas, renchérissait Jean-Hercule.

-Je le croyais pourtant enrôlé aux dragons d’Orléans ? s’étonnait Isaïe.

- Il est vrai, Père. Enrôlé contre son gré par le curé de Génolhac. Mais il en est revenu et promu maréchal des logis !

-J’en suis bien aise, rétorquait Halix. Et sitôt libéré, il court les assemblées ?

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A suivre

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