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LE PAYS D'APT MALADE DE LA PESTE

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Academic year: 2022

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LE PAYS D'APT MALADE DE LA PESTE

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Couverture : Costume de protection contre la peste (1656).

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René Bruni

Le pays d'Apt malade de la peste

Préface de Georges Duby professeur au Collège de France

ÉDISUD

La Calade, 13090 Aix-en-Provence

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Cet ouvrage est publié sous les auspices de l'association « Le pays d'Apt ».

ISBN 2-85744-065-0

© Charly-Yves CHAUDOREILLE - ÉDISUD, Aix-en-Provence 1980 Tous droits de traduction, reproduction et adaptation réservés pour tous pays.

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Les épidémies de peste en pays d'Apt (Vaucluse) d'après les archives, documents originaux et chroniqueurs du temps.

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CAR IL SAVAIT CE QUE CETTE FOULE DE JOIE IGNORAIT, ET QU'ON NE PEUT LIRE DANS LES LIVRES, QUE LE BACILLE DE LA PESTE NE MEURT NI DE DISPARAIT JAMAIS, QU'IL PEUT RESTER PENDANT DES DIZAINES D'ANNÉES ENDORMI DANS LES

MEUBLES ET LE LINGE, QU'IL ATTEND PATIEMMENT DANS LES CHAMBRES, LES CAVES, LES MALLES, LES MOUCHOIRS ET LES PAPERASSES, ET QUE, PEUT-ÊTRE, LE JOUR VIENDRAIT OU, POUR LE MALHEUR ET L'ENSEIGNEMENT DES HOMMES, LA PESTE RÉVEILLERAIT SES RATS ET LES ENVERRAIT MOURIR DANS UNE CITÉ HEUREUSE.

Albert CAMUS, La Peste.

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PRÉFACE

Un homme se laisse peu à peu captiver par le pays où il s 'est fixé. Il s y enracine. Le passé de cette terre devient son propre passé. Il advient que des notes laissées par un érudit disparu tombent entre ses mains.

Elles le retiennent. Des noms de villages, des noms de familles le provo- quent. Lisant de plus près ses papiers, il voit les collines, les chemins qui lui sont familiers se peupler de souvenirs. L 'idée lui vient d'exploiter ce dossier, de se faire historien lui-même. Un thème s'impose : un évé- nement spectaculaire, une catastrophe : l'effrayante épidémie de peste de 1720-1721. Plus proche de nous, cette mortalité est mieux connue que celles qui l'ont précédée, ravageant la région périodiquement depuis le XIV siècle. La grande histoire garde mémoire de son épisode marseil- lais, tragique. Le côté paysan ne l'est pas moins. C'est celui-ci que l'attention de René Bruni explore et nous révèle dans ce livre fervent.

L'œuvre est patiente, discrète. Elle montre l'exemple.

Je suis persuadé que des amateurs de même qualité le suivront. Avec autant d'amour, ils tireront à leur tour de l'ombre, face après face, le passé de ces superbes campagnes.

Georges DUBY professeur au Collège de France.

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AVANT-PROPOS

Nombreuses sont les études consacrées à la peste. Celle-ci n'a d'autre but que de lever un coin du voile qui couvre encore parfois l'histoire de notre région.

Nous tenons à rendre hommage à nos prédécesseurs et à remer- cier tous ceux grâce à qui cette publication a été rendue possible, notamment le service des archives départementales, les bibliothè- ques, avec une note particulière pour Mme Mireille Bellan, biblio- thécaire à Apt, Mme Gisèle Bonnet, Serge Bec et l'association «Le pays d'Apt», le docteur Vachet-Collomb de Saint-Martin-de- Castillon, les maires des communes, le curé de Saint-Saturnin, les souscripteurs qui ont répondu à notre appel.

Parmi ceux qui ont consacré tout ou partie d'un ouvrage à notre région, Fernand Sauve, l'abbé Sautel et Sylvain Gagnière ont été nos conducteurs; mais nous devons surtout à l'acquisition en 1976 d'une partie des archives de l'érudit aptésien André-Marius Garcin d'avoir pu apporter bon nombre d'éléments nouveaux, d'éclairer différemment certains faits ou de mieux dessiner le portrait de quel- ques personnages.

Les épidémies du Moyen-Age, celles du XVI siècle appartiennent à l'Histoire telle que peuvent seuls nous la transmettre les quelques textes administratifs que nous avons recherchés. Plus proche de nous, la peste de 1720 semble davantage appartenir à notre temps, ne serait-ce que par l'abondance des documents et témoignages qui nous sont parvenus. C'est pourquoi nous avons traité de façon quelque peu différente ces diverses périodes, espérant ainsi devan- cer le désir du lecteur.

Puissent ces lignes ouvrir de nouvelles perspectives aux cher- cheurs locaux qui en d'autres domaines contribueront à transcrire les grandes heures du très riche passé aptésien.

R. B.

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Entre Luberon et Ventoux, le pays d'Apt.

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Si l'histoire de France abonde en récits relatifs aux épidémies de peste ou autres maladies qui lui furent assimilées, la chronologie occitane semble plus discrète, peut-être parce que Marseille, porte ouverte sur l'Orient, fut à maintes reprises le «boulevard» par lequel le mal s'introduisait à l'intérieur du pays. Marseille, port méditerranéen, fut, des siècles durant, réputé pour son insalubrité.

...«Cette ville passait pour être un laboratoire de fièvres, un réceptacle d'épidémies; et, de fait, si l'on en juge encore par quel- ques ruelles qui existent encore dans les vieux quartiers, la mala- die, quand elle s'abattait sur les infortunés qui grouillaient dans ces bas-fonds ténébreux, devait y trouver un terrain de culture tout préparé... »

Au cours des siècles, les épidémies se succèdent. Venues de Mar- seille, c'est souvent toute la province qui en est affectée; Apt n'échappera que rarement au sort des autres cités provençales, malgré «cette barrière de Durance» qui la protégea quelquefois.

La chronique a parfois du mal à se retrouver dans la datation des épidémies, dont le nombre semble se multiplier au fur et à mesure que se développent les échanges avec l'Orient. N'a-t-on pas compté une quinzaine d'épidémies pour le seul XVI siècle ? Reste encore à démontrer que le mal n'était pas à l'état endémique, ressurgissant parfois, à cause du manque total de propreté, d'hygiène et au main- tien de quelques regrettables usages.

1. En 1911.

2. Gaffarel et de Duranty, La Peste de 1920 à Marseille et en France (cf. bibliographie).

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Vue allégorique de la ville d'Apt au XVII siècle par Saret. Musée Calvet.

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LES RUES D'APT AUTREFOIS

Conditions de vie populaire et d'hygiène L'hygiène des rues n'était ici pas meilleure que dans les autres cités provençales.

Les rues sont étroites ; des parties de la ville ne communiquent pas entre elles, les cheminements d'un quartier à l'autre sont diffi- ciles à tel point que les Aptésiens interdisent l'entrée des charrettes à l'intérieur des murailles Imaginons un instant la vie intense d'alors dans un espace qui est à peu de choses près la vieille ville actuelle. Les voies y sont très étroites; une population qui peut être estimée à six mille habitants y vit, y travaille, y circule :

- Y vit une grande partie de la journée dans la rue, le seul lieu où l'on peut trouver un peu d'air qu'épurent parfois les retombées (pourtant ici minimes) du mistral, s'approvisionne aux multiples boutiques, aux marchands ambulants et colporteurs, aux rares puits et fontaines.

- Y travaille, à l'extérieur aussi, les boutiques étant sombres et peu commodes. Les professions se regroupent par quartiers ou

«breùs», avec leurs étals (de pierre souvent) occupant la majeure partie de la chaussée. Dans des rues qui n'atteignent parfois que 2 ou 3 mètres de largeur, on se côtoie plus qu'étroitement ; les auvents des boutiques (et parfois le sommet des façades à colomba- ges sur encorbellements) se touchent. Partout, ce ne sont que tables de marchands de volailles, d'artisans du cuir ou du bois, de bou- chers et poissonniers d'éventaires occasionnels, de petits métiers de la rue...

Ajoutons à tout cela les cris populaires propres à telle corpora-

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Plan d e la ville d ' A p t a u XVIII siècle D'après un relevé cadastral effectué par Camille Moirenc en 1860 sur un croquis du Chapitre d'époque.

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tion, tel colporteur, ou même parfois spécifiques à la cité.

- Y circule, ou tente d'y parvenir. Nous lisons dans une chroni- que aptésienne : « Aller de la porte de la Bouquerie à celle de Sai- gnon (c'est-à-dire la traversée ouest-est de la ville) constituait une entreprise des plus difficiles, impossible certains jours... »

On accède souvent aux maisons par une escalier extérieur qui vient s'ajouter aux autres encombrements de la rue; à tel point qu'un arrêt du Conseil de ville devra exiger en 1386 «qu'on laissât

au moins e n t r ' e u x le passage p o u r u n e b r o u e t t e de f o i n »

Il faudra attendre le XVI siècle pour que ces «embarras» de voi- rie commencent à être quelque peu allégés.

Si l'on ajoute à ce spectacle que 15 églises et ordres religieux, quelques propriétés privées se partageaient le meilleur de la ville, on a du mal à imaginer ce que pouvait être la vie de la cité aux jours de marchés et de foires !

Pittoresque de la vie au Moyen-Age? Foyer de vie certes, mais aussi quel foyer d'épidémie et de contagion!

Une telle promiscuité, de tels rapports humains ne pouvaient que constituer une source d'infection et de transmission microbienne rapide.

Si, au XVII siècle, la ville modifiant peu à peu ses structures, . s'aère par l'intérieur il n'en reste pas moins que l'on continue à y conserver de déplorables habitudes, notamment celle, qui se main- tiendra jusqu'au XIX siècle (!), de «faire du fumier» dans les rues de la cité

Rares sont les habitants qui ne participent pas à ce droit de «faire femorasses», même si celui-ci est parfois limité par les arrêts des consuls qui l'interdisent de Pâques à Saint-Michel interdiction souvent transgressée... Un simple exemple : en 1417, par une déli- bération du Conseil de ville du 27 septembre, il est décidé « qu'il sera procédé au curage des rues afin que soit permis le passage de la procession de la Fête-Dieu »

Sur les tas de fumiers s'amoncellent les immondices; il s'en dégage des écoulements, et la formation de cloaques «dont l'odeur est parfois insoutenable». Un examen des textes nous apprend que pratiquement rien de cet état de choses ne sera changé, même après la Révolution.

En 1795, on nous signale encore qu'aux jours de pluie «il est impossible, même en plein jour, d'y passer [dans les rues] sans se mettre de l'eau et de la boue jusqu'à mi-jambe, à cause des nom-

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Photocomposition : « Le vent se lève... » Achevé d'imprimer le 30 mai 1980 sur les presses des Imprimeries Maury - 12102 Millau Dépôt légal : 2e trimestre 1980 - N° d'imprimeur : 5692

Imprimé en France

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