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Phagothérapie : la

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Academic year: 2022

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Chers élèves,

Voici, pour votre culture générale, deux articles sur les bactériophages et leur utilisation thérapeutique.

Phagothérapie : la

revanche des virus guérisseurs

Par LIBERATION — 21 janvier 2020 à 19:06

Résistante aux antibiotiques, Dane Cuypers s’est rendue l’été dernier en Géorgie pour soigner son infection

pulmonaire à l’aide d’un «phage» mangeur de bactérie.

Une aventure thérapeutique coûteuse mais efficace, qu’elle raconte pour «Libération».

Guérie ? Peut-être pas complètement, mais Dane Cuypers va beaucoup mieux. Elle peut respirer sans s’épuiser. Ecrivaine, la petite soixantaine, elle est rentrée l’été dernier de Géorgie, où elle suivait une cure de «phagothérapie» - ou comment lutter contre une bactérie avec un virus qui la mange - pour tenter de mettre un terme à l’infection pulmonaire qui la fragilisait fortement. «J’ai eu une pneumonie très jeune, et depuis mes poumons sont fragiles et résistent mal aux bactéries», nous dit-elle. Des antibiotiques ? Elle les a tous pris pendant des mois. Voire des années. Sans amélioration majeure. Elle y est devenue résistante, comme des centaines de milliers de personnes dans le monde - un phénomène si préoccupant que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en a fait une priorité mondiale. Preuve de l’urgence, le 10 janvier, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a donné le coup d’envoi d’un «programme prioritaire de recherche doté de 40 millions d’euros dédié à la lutte contre la résistance aux antibiotiques», coordonné par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) pour le compte de l’ensemble de la communauté scientifique nationale.

Après des décennies d’échec de traitements antibiotiques, Dane Cuypers est tombée l’an dernier, dans la revue Psychologies, sur un article parlant de la phagothérapie et de ce qui se faisait en Géorgie. En juin, elle y est allée trois semaines. Pour Libération, elle témoigne de cette aventure thérapeutique qui n’a rien de loufoque, même si elle se trouve aux limites de la loi.

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Invasions de sauterelles

«Me voilà à la tête d’une armée de phages. Les petits flacons sont là, alignés dans mon frigo à côté des yaourts bio. Je les ai rapportés par avion de l’Institut Eliava. A Tbilissi, dans les salles inaccessibles de ce petit temple aux colonnes blanches, 6 000 virus attendent d’être choisis et administrés aux malades colonisés par des bactéries qui résistent aux antibiotiques. A chaque bactérie son virus, dit phage, que les spécialistes appellent plutôt des bactériophages, c’est-à- dire des mangeurs de bactéries. La mienne, de bactérie, une des plus virulentes, se nomme Pseudomonas aeruginosa. Elle a jeté son dévolu sur mes poumons, qui étaient déjà fragiles.

«A l’origine de la phagothérapie, il y a la découverte, voilà près de cent ans, du chercheur franco-canadien Félix d’Hérelle, une personnalité atypique. En 1910, il participe à des travaux menés au Yucatán, au Mexique, pour lutter contre les invasions de sauterelles. "Il a rapidement l’idée géniale d’identifier une maladie naturelle susceptible de tuer les insectes ravageurs et qu’il pourrait leur inoculer", raconte Marie-Céline Ray dans son livre Infections, le traitement de la dernière chance (Thierry Souccar, 2018). Comment ? En pulvérisant sur les herbes, leur terrain d’atterrissage, les coccobacilles (formes microscopiques de bactéries) qu’il a trouvées dans les intestins de sauterelles malades. Il les met en culture, repère des taches claires et découvre en les analysant que les bactéries sont détruites par un mystérieux agent.

Peut-être un virus, invisible à l’époque au microscope optique ? Oui, c’en est un, qui se nourrit des microbes pathogènes, les détruit et provoque la guérison…

«Félix d’Hérelle développe alors cette piste avec le Géorgien Georgi Eliava, son élève à l’Institut Pasteur à Paris, devenu son ami. En 1923, l’élève invite le maître à Tbilissi et tous deux y créent l’Institut Eliava de la phagothérapie. Cette thérapie est simple, peu onéreuse - les virus sont partout présents dans la nature - et sans effet secondaire pour guérir les infections bactériennes (urinaires, ostéo-articulaires, respiratoires, liées à la mucoviscidose…).

Elle se déploie en Géorgie et en Pologne. Mais dans la majeure partie du monde, elle a été, dès les années 40, supplantée par les antibiotiques.

«Certains médecins hospitaliers ont continué à la pratiquer. Aujourd’hui, les patients français n’ont plus accès à la phagothérapie car cette pratique a perdu son autorisation réglementaire (même si les phages sont restés inscrits dans le Vidal, le répertoire officiel des médicaments, jusqu’en 1977). Et ils sont de plus en plus nombreux à prendre le chemin de la Géorgie : l’Institut Eliava accueille près de 1 000 patients par an, dont 15 % d’étrangers. C’est celui que j’ai choisi.

«L’été commence à peine. Nous sommes en juin 2019, je débarque. Tamouna, la jeune Géorgienne qui sera mon interprète pendant trois semaines, vient me chercher à l’aéroport de Tbilissi. Avec son doctorat, ses trois enfants, ses cheveux au carré et son inlassable gentillesse, elle sera ma boussole. Car la pression n’est pas nulle. Et puis il y a le prix de l’aventure : 6 000 euros qui couvrent le séjour et la prise en charge médicale.

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«Tbilissi n’est pas le tiers-monde. Si les normes de production ne sont pas celles de l’Occident, l’institut a près d’un siècle d’expérience et des résultats indéniables. L’histoire de Caroline, une autre Française, a ainsi fait le tour du petit monde de la phagothérapie. Elle attrape un staphylocoque au cours d’une césarienne, enchaîne les infections et, malgré les doses massives d’antibiotiques, apprend qu’il ne lui reste que quelques mois à vivre. Après une émission d’Arte sur la phagothérapie, elle part en Géorgie. C’était en 2017. Elle est aujourd’hui complètement guérie. Et elle n’est pas la seule. Car si l’antibiorésistance n’est pas un phénomène nouveau, elle prend aujourd’hui des proportions qui alarment l’OMS : rien qu’en Europe, on évalue à 25 000 le nombre de décès chaque année à la suite d’une résistance aux antibiotiques. Staphylocoque, colibacille, pseudomonas, klebsielles, streptocoque… le front des bactéries rebelles ne cesse de s’étendre. Mon cas y a sa place. Amoxicilline, rocéphine, amikacine, colimycine… Je les ai tous pris, en injections, gélules, aérosols.

Cas «compassionnels»

«A mon hôtel, j’avale une partie de mes phages avant d’inhaler le reste. Demain est un jour important : je dois expectorer de façon suffisante pour déterminer quel phage convient précisément à mon infection. A 10 heures, le jour suivant, je déambule dans le jardin de l’Institut Eliava, cherchant un endroit planqué pour effectuer le prélèvement. Quelques jours plus tard, c’est une médecin joyeuse qui m’accueille : "On a trouvé votre phage !" Assez surexcitée, j’engage la conversation avec Hélène, atteinte du même pseudomonas que moi.

Comment va-t-elle ? Elle tousse moins, elle est moins essoufflée, mais elle n’a pas envie d’en dire davantage. Je comprends sa prudence. Et je la comprendrai de mieux en mieux.

«Dévastée la veille au soir par des quintes qui vous laissent défaite après la tempête, vous vous réveillez légère, sans aucun signe annonciateur d’une nouvelle crise. Les phages agissent, je suis en train de guérir… Mais à ce moment-là, on s’interdit de le penser, une rechute peut toujours arriver. Bien sûr, la phagothérapie n’est pas un remède miracle, mais elle agit de façon spectaculaire dans certains cas d’antibiorésistance. Pourtant, cette thérapie est ignorée en France par la majeure partie des professionnels de la santé. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) en a enfin pris conscience. Elle a créé un comité scientifique spécialisé. Restent beaucoup de vœux pieux, à commencer par celui sur les essais cliniques.

Qui va les financer ? L’industrie pharmaceutique n’est pas du tout concernée par ces produits naturels, vivants, périssables, spécifiques et donc non brevetables, non monnayables. Avec une exception : la start-up Pherecydes, qui mène des recherches poussées et produit quelques phages servant dans les cas dits "compassionnels", c’est-à-dire quand la situation clinique est désespérée. Ce n’est pas cette jeune société mais Grégory Resch, chercheur français installé à Lausanne, qui a fourni les phages en mars au Pr Tristan Ferry. Celui-ci dirige le service infectiologie de l’hôpital lyonnais de la Croix-Rousse. Il a soigné un malade atteint d’une infection résistant à tous les antibiotiques et aux phages industriels, qui lui rongeait la colonne vertébrale. Avec son équipe, le professeur a pu faire produire et purifier les phages adéquats (3 sur 80 testés) à l’hôpital militaire Reine Astrid à Bruxelles. Après une chirurgie complexe,

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des phages et un nouvel antibiotique venu du Japon, la douleur a disparu et le patient remarche.

«Tout cela reste compliqué, aléatoire, fermé aux malades lambda qui ont épuisé le recours aux antibiotiques. Selon le Pr Jean-Damien Ricard, médecin et chercheur à l’université Paris- Diderot, le biais possible pour débloquer le verrou administratif serait de modifier le statut des phages et de les classer comme préparations magistrales produites en pharmacie, et non plus comme biomédicaments. C’est ce qui s’est passé en Belgique, où la thérapie par phages est autorisée via la préparation magistrale (1), depuis janvier 2018. Des projets d’essais cliniques sont actuellement à l’étude.

«Pour la suite de mon traitement, pour continuer à me protéger du redoutable pseudomonas qui s’endort mais ne meurt jamais, c’est à Bruxelles que j’irai, si besoin. En espérant qu’un jour, un institut médical dédié puisse s’ouvrir en France.»

(1) Les préparations magistrales sont des préparations médicamenteuses réalisées par le pharmacien. Elles ont un statut et une réglementation légèrement différents de ceux des médicaments.

In : https://www.liberation.fr/france/2020/01/21/phagotherapie-la-revanche-des-virus- guerisseurs_1774404

Superbactéries: comment une

entreprise wallonne développe une alternative aux antibiotiques

Le producteur de probiotiques Vesale Pharma a décroché une bourse de 4,3 millions de la Région wallonne pour développer une alternative aux antibiotiques. (Le Soir 18/04/19)

Les superbactéries vont-elles nous exterminer ? La question se pose.

Face à l’usage débridé des antibiotiques, certaines bactéries ont muté et résistent désormais à tous les traitements existants. La situation est à ce point alarmante que l’Organisation mondiale de la santé (l’OMS) a fait de la lutte contre la biorésistance l’une de ses priorités. Elle estime qu’en 2050, ce sera la première cause de mortalité devant le cancer, les accidents de la route ou encore les maladies

cardiovasculaires. Déjà aujourd’hui, ces superbactéries seraient

responsables de 700.000 morts par an dans le monde.

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Flairant l’opportunité, une entreprise wallonne – le spécialiste des probiotiques Vesale Pharma – a décidé de se lancer dans le combat en ressuscitant une technique vieille de plus d’un siècle : la phagothérapie. Elle vient de décrocher, avec différents partenaires privés et académiques (l’hôpital royal militaire de Neder-Over-Heembeek, l’ULB et l’ULiège), une bourse de recherche de 4,3 millions d’euros de la Région wallonne dans le cadre du pôle de compétitivité Biowin. Avec la quote-part de chacun des acteurs, le financement du projet s’élève à 5,4 millions d’euros. De quoi donner un fameux coup de pouce aux recherches que Vesale pharma mène depuis un an et demi sur le sujet et qui l’ont amené à créer une société dédiée à ce nouveau domaine : Vesale Biosciences.

Mangeurs de bactéries

« Les phages sont des virus mangeurs de bactéries », explique son patron Jehan Liénart. « Ils sont présents partout dans notre corps et sont dix fois plus nombreux que les bactéries ».

Leurs avantages sont nombreux. Alors que l’antibiotique détruit tout sur son passage – les mauvaises comme les bonnes bactéries –, le phage a une action ciblée. Il ne s’attaque qu’à la bactérie qu’il est programmé pour détruire. Par ailleurs, le phage étant un organisme

évolutif, il est capable de muter en même temps que la bactérie de sorte que celle-ci ne puisse pas organiser sa résistance.

La phagothérapie est un développement naturel pour Vesale Pharma qui produit des probiotiques et s’est spécialisé dans la recherche sur le microbiote (la flore bactérienne).

« Les phages jouent un rôle de chef d’orchestre de ce microbiote en permettant un équilibre idéal entre bactéries », explique Jehan Liénart. Ces derniers mois, la société basée à Noville- sur-Mehaigne (Eghezee) a acquis des collections de phages provenant d’un peu partout dans le monde (USA, Géorgie, Albanie, Lausanne, Belgique), ce qui lui a permis de constituer la plus large collection d’Europe, selon les dires de son CEO. Le financement de la Région wallonne va lui permettre de développer des techniques d’administration du virus sous forme sèche (aérosols, crèmes) et par voie orale via le recours à une microcapsule (pour préserver le phage de l’acidité de l’estomac…). Objectif ? Assurer un meilleur transport et une plus grande durée de conservation du phage (administré aujourd’hui sous forme d’injectable liquide).

Maladies nosocomiales

Conscient qu’il va lui falloir affronter le scepticisme et les habitudes très enracinées des médecins à prescrire des antibiotiques, Vesale pharma veut s’attaquer dans un premier temps aux cas les plus graves, c’est-à-dire aux maladies nosocomiales, histoire de marquer les esprits en montrant que ces phages peuvent sauver des vies. Dès l’année prochaine, il va produire et donner aux hôpitaux des phages qui cibleront spécifiquement le redoutable

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staphylocoque doré. Suivront ensuite des phages contre les bactéries Pseudomonas, puis E.Coli (parmi les plus résistantes).

Une autre difficulté se dresse face à Vesale : le cadre réglementaire. Notre système d’autorisation de mise sur le marché des médicaments n’a pas été pensé pour un produit évolutif comme le phage. Ce mangeur de bactéries n’existe d’ailleurs pas officiellement dans la pharmacopée belge et est donc hors-la-loi. Le cadre légal belge commence néanmoins à s’assouplir, comme c’est le cas ailleurs en Europe. Depuis l’année dernière, l’usage du phage est autorisé en tant « qu’ingrédient actif constitutif d’un médicament » (API) dans le cadre d’une préparation magistrale.

Vesale pharma veut s’inscrire pleinement dans cette approche de médecine personnalisée.

L’entreprise a breveté le principe d’une machine – un phagogramme – qui sera capable, sur base d’une goutte de sang, de déterminer automatiquement quel est le bon cocktail de phages à administrer à tel ou tel patient pour lutter efficacement contre l’infection dont il souffre. Sur base de ces informations, ce sera ensuite au pharmacien à assembler les différents phages dans le cadre d’une préparation magistrale. « Les maladies nosocomiales représentent des coûts phénoménaux pour la sécurité sociale », explique Jehan Lienart.

« Les phages ont prouvé leur efficacité et permettront de réaliser des économies substantielles. Mais surtout ils permettront de sauver des vies ».

In : https://plus.lesoir.be/219228/article/2019-04-18/superbacteries-comment-une-entreprise- wallonne-developpe-une-alternative-aux

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