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Contribution à l'étude de la vie quotidienne de la femme Mawri

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Academic year: 2021

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(1)

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COLETTEfPIMJLT

CONTRIBUTION A L'ETUDE

DE LA VIE QUOTIDIENNE

DE LA FEMME MAWRI

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O u v r a g e p u b l i é a v e c i e concours du Centre National de la Recherche Scientifique

(2)

P L A N D E L ' O U V R A G E

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Pages AVERTISSEMENT LINGUISTIQUE 2

INTRODUCTION 5 PRESENTATION : Les Mawri et Dogonduchi 9

PREMIERE PARTIE : La femme au travail 11 Généralités 13 1.1. Les travaux domestiques 16 1.1.1. Le puisage de l'eau 16 1 . 1 . 2 . Le r a m a s s a g e du bois 20 1.1.3. L'entretien de la concession 23 1 . 1 . 4 . La cuisine 27 a) Analyse des opérations 27 b) Les aliments et les recettes 30 c) Les instruments 38 d) Les conditions (lieu et temps) 42 1 . 2 . Les travaux des champs 44 1 . 2 . 1 . Les cultures 44 1 . 2 . 2 . Activités annexes 46 1 . 2 . 3 . Les instruments aratoires 46 1 . 3 . Les activités artisanales 48 1.3.1. La poterie 48 A. Origine des potières 48 B. Technique de la poterie dans l'Arewa 51 ' • • 1 . 3 . 2 . Le filage du coton 57 1.3.3. La décoration des -calebasses • 61

(3)

Pages

1 . 3 . 4 , Raccommodage de calebasses 61

DEUXIEME PARTIE : La vie personnelle et familiale 63

2 . 1 . Les repas 65

2 . 2 . La toilette 67

2 . 3 . La parure ... ; 69

2 . 3 . 1 . Coiffures 69 2 . 3 . 2 . Vêtements 70

2 . 3 . 3 . Bijoux 73

2 . 4 . Les étapes physiologiques de la vie féminine 75

2 . 4 . 1 . La puberté et les règles 75

2 . 4 . 2 . La grossesse, l'accouchement et les

soins aux bébés 75

2 . 4 . 3 . La naissance et le baptême 79

2 . 5 . Les soins et l'éducation des enfants 81

2 . 5 . 1 . Education et instruction 81

2 . 5 . 2 . Circoncision 82

2 . 5 . 3 . Jeux 82 . - " • 2 . 5 . 4 . Rapports garçons-filles : le guhl .... 83

2 . 6 . L'argent : gestion et commerce 85

TROISIEME PARTIE : Aspects de la vie sociale 89 3.1. Le mari-âge 91 3 . 1 . 1 . Cérémonie 92 3 . 1 . 2 . Différents types de mariages 96 3 . 1 . 3 . Mariage s préfère ntiels 97

3 . 2 . Le divorce 100

3 . 3 . Polygamie et monogamie 102 3 . 4 . Prostitution 104

3 . 5 . Rôles féminins et fonctions 110

3 . 6 . La religion 114 CONCLUSION : L'éducation des j e u n e s filles et l'évolution 117 ANNEXES : 1. Les femmes du Chef de Canton Usman Gao 123 2 . Biographies de prostituées . . . 127

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2 . Portage de l'eau 17 3. Puisage de l'eau 19 4 . Ustensiles de cuisine 39 5 . Ustensiles de cuisine 41 6. Poteries 52 7. Robe mawri 71 PHOTOS 1.2. Porteuse d'eau et'calebasse de portage 21 .

3 . 4 . Nattes et tabourets 25 5 . 6 . Préparation d ' u n repas de fête et himaa 31 7 . 8 . Poterie : Cône as sage et l i s s a g e . . . . 49 9.10.11. Poterie : Modelage et cuisson 53 12. 13.14. Poteries 55 15.16.17. Calebasses décorées et raccommodage 59 18. Jeune fille mawri , 93 18. Femmes libres de Dogonduchi 107 •--^ 2 0 . Femmes du Chef Usman Gao . . . 125

(5)

Je tiens à remercier ici le gouvernement de la République du Niger qui m ' a permis de mener à bien cette enquête.

Je remercie tout particulièrement Sarauniya Mata, Magazia N a s a r a , M a g a z i a Maiïnouna, et toutes les femmes de Dogonduchi dont la coopération et la gentillesse me furent très précieuses.

Je remercie aussi Angèle SAMOU et Mouskoura GARBA qui m'ont servi d'interprètes, ainsi que toutes les jeunes filles de Dogon-duchi qui m'ont aidée dans ce travail.

Pour cette réédition, je remercie vivement Nicole ECHARD et Agnès DIARRA dont les critiques me furent très utiles.

(6)

Voici comment sont utilisés les phonèmes du hausa dans ce texte :

f se prononce comme le f français

t se prononce comme le t français ex : ta "M a s se prononce comme le s français ex : masàraa S se prononce comme le ch français ex : KooSiyàa

filet de portag; mais .

cuiller. c se prononce comme le tch français ex : m a l u m b u c i i calebasses

pour le hénê. K se prononce comme le K français ex : w à s à k i i poche pour

puiser. h se prononce comme un h aspiré ou h anglais, ex : h U R a a

(K et h peuvent être p a l a t a l i s é s : k , h ou labialisés kw , hw

ex : hwa i hwai éventail kwa 1 1 i i antimoine

y *

h a a D i i battage

? marque une glottalisation. ex : ? a k ù S i i récipient rond en bois, .b. se prononce comme en f r a n ç a i s , ex : m a l u m b u c i i calebasse

pour héné. . d . se prononce comme le d français, ex : dawôo boule de

farine. . z. se prononce comme le z français, ex : m a z a R i i f u s e a u pour

filer,

.j. se prononce comme d j . ex : j à a g i R a crayon pour les sourcils. .g. se prononce comme le g français devant o, a, u , c'est-à-dire

"guetter"

ex : k a l g o o plante sauvage utilisée pour la toilette des accouchées.

(1) En f a i t le h et le H (labialisé) sont utilisés ici pour LUI son prononcé dans d'autres dialectes hausa f

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Ejectives

S se prononce comme ts français, c'est-à-dire tsé tsé ex : SinSiyaa balai

h a S i i mil

K est un K éjectif dont il n'y a pas d'équivalent en français ex : K ù u l u u l ù u calebasse à petite ouverture ( l e K ou K éjectif peut comme le K ordinaire être labialisé, K

ou palatalisé «

ex : Kwapyaa demi calebasse.

I n j e c t i v e s

B est un b injectif dont il n'y a pas d'équivalent en français ex ; Bôoyayyeemyaa jeu de cache cache D est un d injectif dont il n ' y a pas d'équivalent en français

ex : Diyam mazàra fille du mai's, poupée. y se prononce comme le y anglais dans boy.

ex : z i i n a a n y a a o r

w se prononce comme le w a n g l a i s dans water.

ex : w à s à k i i poche pour puiser.

n se prononce comme le français.

ex : t u k u n y a a canari, marmite. 1 se prononce comme le 1 f r a n ç a i s .

ex : l a l l è e h é n é . R est un r roulé. ex : ROOQÔO manioc. r se prononce presque comme le r français.

ex : masàraa mai's.

m se prononce comme le m f r a n ç a i s .

ex : masàraa mai's

Les voyelles

a , o , 1 se prononcent comme en français e se prononce comme un é.

u se prononce ou (l'orthographe officielle utilise le o u . ) ex : Maouri que nous écrivons m a u r i . Les voyelles doublées aa, u u , etc. . . ex : K ù u l u u l ù u

r e p r é s e n t e n t des voyelles longues écrites également par certains au-teurs K û l D l u : le ton bas étant alors marqué par un tiret sous la voyel-le t a n d i s que la longueur de la voyelvoyel-le est marquée par un tiret sur la voyelle .

(8)

Le hausa est une langue à tons. Ici comme dans de nombreux tex-tes hausa, le ton bas sera noté par un accent grave et le ton tombant

sera alors marqué par un accent grave sur le deuxième phonème de la syllabe. On considérera les tons non marqués comme des tons h a u t s . Les Imprécisions.

Malgré l'aide très compétente de Monsieur Claude G o u f f é , Profes-seur à l'Ecole des Langues Orientales sans qui toute transcription cor-recte eut été impossible/ certaines formes demeurant encore incertaines

soit par suite d'une transcription imprécise au moment du travail sur le terrain, soit parce que n'étant incluses dans aucune construction gram-maticale, il est difficile de préciser leur schéme tonal ou la longueur 'de leur voyelle finale.

Ges formes dont Monsieur Claude Gouffé n'est en a u c u n cas res-ponsable sont suivies d'une £ afin que le lecteur les considère avec prudence.

D'autre part, dans le chapitre consacré à la c u i s i n e , j ' a i tenté de donner quelques recettes bilingues pensant que c'était la seule descrip-tion intéressante des pratiques culinaires.

Les infinitifs français sont traduits en h a u s a par des noms verbaux équivalent à "action de. . . "

Lorsque le nom verbal n'existe pas en h a u s a , j ' a i utilisé la forme "on" + le verbe à l'aspect acriste. Seuls les mots ou expressions fran-çaises s.oulignés correspondent à la forme h a u s a .

Cette présentation bilingue me paraît la seule valable en ce qui concerne une technique aussi précise et détaillée que la cuisine mais elle est très délicate et nécessite pour être parfaite de très profondes connaissances linguistiques si l'on veut non seulement comprendre, mais transcrire ces recettes en langue originale.

C'est pourquoi, malgré le soin que nous avons apporté à cette traduction, il est probable que quelques incorrections grammaticales subsistent.

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I N T R O D U C T I O N

Entreprise volontairement dans un bourg de 4 . 0 0 0 habitants et non dans un petit village de brousse, cette étude souhaiterait mettre l'accent sur ce que l'on pourrait appeler la "transition" . En effet, la situation de la femme àDogonduchi apparaît comme intermédiaire entre sa situation dans un village de brousse et sa situation dans une grande ville comme Niamey. C'est à Dogonduchi que l'on peut le mieux cons-tater l'introduction dans la cuisine Mav/ri des premiers aliments manu-facturés. C'est au dispensaire que l'on peut le mieux observer le mode traditionnel d'enfantement en contact avec les premières manifestations des soins modernes. C'est à Dogonduchi que viennent d'abord les fem-mes de la campagne qui veulent se prostituer. C'est a u s s i à Dogondu-chi qu'on peut voir la fille du Chef de Canton conduisant la DS 19 de son mari, chef de cabinet à Niamey et s'en étonner. C'est à Dogon-duchi qu'on peut voir une jeune fille - la seule - parmi les 16 autres écoliers du Collège d'Enseignement Général (Cours Complémentaire) .

C ' e s t parce que Dogonduchi est ce gros bourg où commencent les contrastes qu'il nous a paru souhaitable d'y fixer plus précisément cette étude, dont l'intérêt principal est plus la vie réelle, pratique et quotidienne sur un fond traditionnel que les traditions en elles-mêmes. Il ne faudra donc pas s'étonner de trouver ici une étude plus sociologi-que ou même psycho-sociologisociologi-que qu'ethnologisociologi-que proprement dite.

D'autre part, ma mission ayant une durée limitée, la recherche s'est volontairement limitée aux aspects spécifiquement féminins de de la société laissant à Marc H. Piault (1) le soin d'expliquer et d'é-tudier cette population plus profondément et utilisant parfois ses ré-sultats. C'est ainsi que cette étude ne fait qu'une très petite place aux règles du mariage et aux structures familiales en général : celles-ci pouvant être aussi bien étudiées par un anthropologue auprès des hommes qui sont souvent de meilleurs informateurs. De même les in-formations concernant les femmes mois fournies par les hommes ont été négligées : cette étude voulant correspondre à l'image d'elles-mêmes que des femmes donnent à une femme, aux dépens sans doute

(!) PIAULT Marc H. 1964 "Populations de l'Arewa", Etudes Nigériennes n°13. I, F. A. N . - C . N . R . S . 1970 "Histoire Mawrî ; Introduction à l'étude des processus constitutifs d'un

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lièrement l'attention : les travaux des hommes sont marqués par un rythme saisonnier, les travaux des femmes - si l'on exclut la culture des champs - semblent plus proches d ' u n rythme quotidien.

A travers les récits d'emplois du temps journaliers, j ' a i cher-ché à découvrir ce que fait la femme jour après jour et comment ses différentes activités sont liées les unes aux autres.

Par ailleurs, j ' a i tenté de la décrire à travers ses vêtements, ses bijoux, ses coiffures, sa manière de faire face aux nécessités physiologiques de la menstruation, de la grossesse, de l'accouche-ment, ainsi q u ' à travers ses relations avec son mari, ses co-épouses et ses enfants.

Enfin quelques chapitres traiteront plus particulièrement des facteurs tels que la prostitution et l'instruction qui mettent en question la situation traditionnelle de la femme dans sa société.

Les objectifs visés - ne s'informer qu'auprès des femmes de Dogonduchi et centrer l'étude sur la vie quotidienne - sont peut être les raisons de la limitation et de la simplicité de ce travail qui pour-ra faire dire au lecteur habitué à l'Afrique : "Cette femme Mawri n'a rien de particulier : elle ressemble à n'importe quelle femme d'Afrique Occidentale". Il est peut être vrai que les activités quotidiennes de la femme Mawri ne diffèrent que peu de celles d'autres femmes apparte-nant à d'autres groupes ethniques. Ceci peut s'expliquer par le fait que Dogonduchi n'est pas la capitale traditionnelle du Dallol Mawri mais seulement un gros bourg développé par l'administration européen-ne au bord de la route de Niamey où très vite la tradition a laissé pla-ce aux techniques et modes de vie nouveaux, en même temps que se développait essentiellement ce qu'il y avait de plus commun à des groupes et des gens d'origines différentes.

On peut s'étonner aussi de trouver peu de conclusions dans cette étude : il nous a semblé qu'une première mission relativement courte devait viser plus à découvrir les problèmes et à orienter des recherches ultérieures qu'à tirer des conclusions à partir de toutes premières données.

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N V - . C E R C L E D E I C E R C L E D E F I L 1 N G E F I L I N G E C E R C L E D E D O G O N C U C H I I I I •" I . I . B ! * N I ' N K 0 N N I Daman* C E R C L t P E D O S S O Planche 1 Fro.n titre in Limite, du Ctrclt de Dogonduchi Routt nationale. PiïtE ChiMitu dt Ctrolt ( P O S 5 0 ; Chtf-li'tu de Canton

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PRESENTATION : LES MAWRï ET DOGONDUCHI

1

Les "Mawri" sont assez bien circonscrits à l'intérieur d ' u n e vallée dont l'originalité tient à l'existence d'une nappe phréatique qui donne à la région sa vocation agricole et l'aspect relativement ver-doyant de son paysage.

Traditionnellement vouée à la culture du mil et dans une moin-dre mesure à celle du pois de terre (voansou), cette région a pu pas-ser a s s e z rapidement de la culture d ' a u t o - s u b s i s t a n c e à la commer-cialisation d ' u n e surproduction vivrière. Plus récemment, l'introduc-tion dans le Sud Dallol d'une culture essentiellement commercialisée, l'arachide, s'est trouvée facilitée par l'accoutumance qu'avaient déjà les "Mawri" des systèmes d ' é c h a n g e s commerciaux.

Les "Mawri" se trouvent à l'extrémité occidentale de la zone d ' i n f l u e n c e culturelle et politique Hausa et forment la frontière avec l'aire de d i f f u s i o n Songhal'- Zerma. Dogonduchi, centre administratif du cercle se trouve à égale distance de Dosso, où réside le Zermakoy, et de Birni'n Konni, ancien centre politique traditionnel d ' u n groupe h a u s a .

La dénomination "Mawri" n'est en fait que le terme utilisé par les Zerma pour désigner un ensemble qui représente en réalité la superposition de deux groupes distincts : les Gubawa, premiers occu-pents du terroir et à ce titre gardiens des traditions religieuses aussi bien que "maîtres de la terre", et les Arewa, groupe d'origine bornuane qui paraît avoir apporté les premiers rudiments d'une organisation po-litique à tendance étatique.

Cette division ethnique s'exprime à plusieurs niveaux et l'or-ganisation religieuse notamment rend compte de ce phénomène de stra-tification historique. Les Mawri sont en effet,au Niger, le groupe où l'Islam a pénétré le plus tardivement, puisqu'il ne s'y développe réel-lement que depuis une dizaine d ' a n n é e s . L'animisme y est encore très puissant et se présente sous deux formes discrètes et certainement relatives aux deux groupes ethniques distingués : d ' u n e part, un ensem-ble de croyances et de pratiques liées aux divinités de la nature dont les grands prêtres appartiennent au groupe des Gubawa, d'autre part, un système comparable à celui étudié par Jean Rouch chez les

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Songhai" (1), qui se caractérise par l'existence de familles de divini-tés dont la relation avec les hommes se traduit par les danses de pos-session.

La base de l'organisation sociale est le "gida", groupe local réunissant un segment du patri-lignage sous l'autorité d ' u n patriache, le "maigida". A l'intérieur du "gida", le père de famille vit entouré de ses femmes, de ses fils et filles non mariés, de ses fils mariés et de leurs enfants, ainsi que de ses frères et de leur famille. Il est de plus en plus fréquent qu'au moment de leur mariage les fils sortent de la concession familiale et que les frères bâtissent leur propre "gida" lors de la mort de leur père.

Dogonduchi, petit village fondé par les Konawa, sous-groupe apparenté a u x A r e w a , a pris de l'importance après qu'y eut été trans-féré en 1906 le poste de l'administration coloniale initialement instal-lé à Matankari en 1904. Depuis cette époque, la chefferie s'y est éta-blie, un gros marché attire tous les Vendredis hommes et femmes des villages voisins qui parcourent j u s q u ' à 40 km pour y participer, des écoles, un hôpital s'y sont créés, l'administration du cercle s'y est développée.

Entre Tozon b a j i n i , "le taureau à bosse" et la "longue pierre" qui donne son nom à Dogonduchi, l'ancien village est devenu le creu-set où se façonne au delà des diversités humaine-s et à travers les contacts entre le monde traditionnel et les multiples influences du monde moderne, le nouveau visage du Dallol Mawri.

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GENERALITES (1)

Une étude limitée à quatre vingt femmes environ et concernant leur emploi du temps, nous a permis de constater q u ' i l était difficile de distinguer entre ce qui serait, le travail proprement dit et les autres activités quotidiennes, de même que leurs activités étaient toujours à peu près semblables bien que ne se déroulant pas selon le même or-dre. Parmi les différences observées on peut distinguer celles qui sont proprement individuelles de celles qui sont liées à la situation écono-mique de la famille ou au statut familial de la femme : les foyers plus aisés peuvent rétribuer une porteuse d'eau ou une pileuse, les épou-ses sans enfants consacrent moins de temps à la distribution des re-pas ce qui leur laisse plus de temps disponible pour filer, broder, ou même se reposer. D'autre part, il .ne semble pas que la journée de la femme mawri soit comme la nôtre nettement divisée en trois parties : matinée, après-midi, soirée . On peut cependant noter un ralentisse-ment ou même un arrêt total des activités pendant les heures chaudes suivi d'une reprise du travail pour la préparation du repas du soir.

La femme se lève entre 5 heures et demie et 7 heures selon les saisons et selon le nombre de ses occupations. Une brève toilette commence la journée. Elle se lave le visage avec de l'eau puis l'en-duit d ' u n e pommade de type européen. Elle met également de l'antimoi-ne, kwa l " l i i sur ses yeux.

Ensuite elle balaie sa maison et boit du h u n a a (2) de la veille puis croque un peu de kola. Elle va ensuite chercher de l'eau et com-mence les différentes opérations nécessaires à la cuisine : s ' i l ne lui reste pas de mil de la veille, son mari lui remet des épis pris dans le grenier de la concession (3) avec lesquels elle préparera le h u n a a

(1) Les détails concernant les différentes activités quotidiennes seront développées par la suite.

(2) h U R a a ,Tnil pilé, ébouillanté, pétri à nouveau puis assaisonné avec piments, lait (ou eau) et sucre (cf. p. 33).

(3) cf. définition note (1) p. 16

En principe, la nourriture devrait être fournie par le mil emmagasiné dans les greniers de la concession, les greniers des champs étant destinés à assurer les semences, la vente et les pé-riodes de soudure difficiles. Ils constituent en quelque sorte une réserve.

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La femme qui cultive se fait aider pour piler et faire la cuisine par d'autres femmes ou jeunes filles de la famille et va aux champs à l'heure où les autres pilent. Le hupaa une fois prêt, vers midi, pen-dant la saison des cultures, la femme le porte au mari aux champs et le distribue aux enfants. Sur le chemin du retour, elle ramasse du bois pour son f e u . De retour à la concession, elle se repose un peu ou fait sa toilette, c'est-à-dire prend une douche en s'aspergeant d ' e a u à l'aide d'une calebasse ou bien encore file le coton. Les heu-res chaudes passées, elle retourne chercher de l'eau au puits, lave les marmites puis commence à préparer le repas du soir qui sera

fré-quemment à base de "couscous". Après la distribution du repas aux membres de la famille, la femme s'assied près du feu qui l'éclairé ou près d ' u n e lampe, pour filer le coton.

Ceci n'est qu'un schéma d'emploi du temps qui laisse place à de nombreuses variantes. Cependant, on peut noter certaines cons-tantes :

1) La toilette du matin semble être une toilette utilisant peu d'eau qui consiste surtout à se mettre de la pommade sur la figure et de l'an-timoine kwal l i i aux yeux, après s'être rafraîchie le visage et les mains ,

tandis que la toilette-douche a lieu de préférence aux heures chaudes, à moins que la femme ne se lave et lave ses enfants à l'eau chaude : dans ce cas la toilette peut avoir lieu dès le réveil et faire chauffer l'eau est alors une des premières activités matinales.

2) La balayage de la maison lorsqu'il est quotidien est également une activité matinale.

3} Le repas du matin n ' e s t pas préparé spécialement : la femme comme chacun des membres de la famille se sert une ou plusieurs cuillerées de hupaa de la veille et grignote la kola : la femme ne dis-tribue donc pas ce repas et chacun vient se servir au récipient commun,

4) Les femmes qui ont atteint 45 ou 50 ans ont souvent des enfants adultes et dans ce cas il n'est pas rare de voir fille ou belle-fille ap-porter du couscous ou du himaa à sa mère ou belle-mère. En échange la mère peut donner du fil qu'elle a filé à la jeune femme qui pourra se faire tisser une couverture ou bien un pagne cérémoniel ( 1 ) .

5) Si la femme doit piler et cultiver en même temps, il arrive qu' elle se lève de très bonne heure, pile avant le chant du coq pour pou-voir emporter le hupaa aux champs pour son mari lorsqu'elle ira culti-ver le pois de terre. Les enfants cultivent avec elle et il arrive qu'elle les laisse aux champs jusqu'au soir tandis qu'elle retourne chez elle pour vaquer aux travaux ménagers .

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A cet emploi du t e m p s quotidien s ' a j o u t e n t des activités hebdomadaires (bi ou trihebhebdomadaires) telles que la lessive, le r a m a s -sage du bois ou les emplettes au marché du Vendredi (1)

II ne semble pas qu'il y ait de très grandes différences entre les emplois du temps et les variations observées qui sont d u e s essen-t i e l l e m e n essen-t à deux facessen-teurs : le sessen-taessen-tuessen-t familial eessen-t la siessen-tuaessen-tion économi-que de la famille. En e f f e t , selon économi-que la femme est j e u n e ou moins jeune, mariée ou non, selon son rang en tant qu'épouse, selon le nom-bre et l ' â g e de ses enfants qui peuvent ou non l ' a i d e r , sa, j o u r n é e s'or-ganise d i f f é r e m m e n t . De m ê m e , ses activités quotidiennes varient lors-q u ' e l l e s peut compter sur l ' a i d e d ' u n e femme rétribuée pour piler ou pour porter l'eau, lorsqu'elle achète le bois au marché ou bien lorsqu1

elle le ramasse elle-même ou avec ses enfants au retour des champs. En A f r i q u e , la femme travaille presque continuellement alter-n a alter-n t t r a v a u x des c h a m p s et t r a v a u x m é alter-n a g e r s , artisaalter-nat et soialter-ns aux e n f a n t s . Sa vie est complètement incluse dans son travail ; c'est en pilant ou en p u i s a n t l ' e a u q u ' e l l e é c h a n g e quelques commérages avec les a u t r e s f e m m e s de la concession. La d i f f é r e n c e est grande avec les h o m m e s qui travaillent aux c h a m p s puis s ' a s s e y e n t à l'ombre pour parler et se reposer. Cette différence entre le rythme des activités m a s -culines et féminines explique en grande partie qu'il soit difficile de trouver des femmes prêtes à bavarder pendant de longues heures : elles sont t o u j o u r s actives et en dehors du filage du coton qui les laisse re-l a t i v e m e n t d i s p o n i b re-l e s , re-leurs autres activités ne permettent guère re-la flânerie ou la détente physique.

Les f e m m e s partagent leur temps entre deux types de t r a v a u x : les t r a v a u x domestiques (approvisionnement, c u i s i n e , entretien) que l'on r e c o m m e n c e chaque j o u r et les travaux de production parmi les-quels on peut distinguer les cultures et l'artisanat.

(1) II faudrait au cours d'une étude ultérieure rechercher le mode d'intégration des différentes activités les unes aux autres. Il est probable que nos unités de temps (heures, minutes etc. , ) malgré l'apparition de plus en plus fréquente de montres/et même les macro-unités qu'utilisent

les ménagères occidentales (début de la matinée, midi, fin d'après midi etc. . , ) ne correspon-dent guère nu découpage du temps te] qu'il est vécu par les Mawri. Le problème des emplois du temps est lié au problème plus général de la représentation du temps dans une société donnée. On s'est souvent contenté de déclarer que la représentation du temps était étroitement liée à Va course du soleil, aux conditions climatiques : il ne semble pas absurde de penser q u ' à

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Par travaux domestiques, on entend les tâches qui ont généra-lement lieu dans le concession (1) ou bien qui lui sont liées.

1.1.1. Puisage de l'eau

Chercher l'eau est une activité quotidienne et même bi-quotidienne pour les femmes qui attachent une certaine importance à leur toilette et à celle de leur famille. Elles vont souvent chercher d ' u n e part de l'eau pour boire et faire la cuisine et à un autre moment de la journée de l'eau pour laver les marmites, le linge, les enfants ou elles-mêmes ( 2 ) .

Dans le village même de Dogonduchi, le puisage de l'eau n'en a que le nom car l'eau tout à fait potable et provenant de la nappe souterraine, est distribuée en plusieurs points du village par des fon-taines : il ne reste q u ' u n puits à Dogondu c h i . Les femmes se conten-tent donc d'aller y emplir les calebasses(S) de portage K ù u l u u l ù u ( c f . photo p. 2 1 ) . Ces calebasses (4) sont sphériques, conservant leur for-me originale mais comportant une très petite ouverture au somfor-met p o u r ' éviter que l'eau ne se renverse pendant le transport. Les porteuses d ' e a u les installent au sol sur un t à l l a bâton comportant à chaque extrémité un filet où s'insère une c a l e b a s s e , puis posent le bâton en balancier sur une épaule ( c f . photo p. 21 et planche 2) . Les femmes qui habitent à proximité d'une source d'eau se contentent de poser leur K ù u l u u l ù u sur la tête : le port du t à l l a demandant un certain entraînement pour être efficace.

(1) Espace habité par une famille plus ou moins étendue et constitué d'une ou plusieurs maisons abritant les différents membres de cette famille. L'espace entre ces maisons délimite une sorte de cour. L'ensemble est entouré soit d'un mur en banco (boue séchée), soit d'une palissade en tiges de mil, d'une hauteur minima d'environ Im60. Cette palissade est constituée d'éléments préfabriqués accolés les uns aux autres et appelés quelquefois "seccos".

(2) Information Nicole Echard : "Souvent quand il y a plusieurs puits, on garde celui qui a l'eau la plus pure pour y puiser l'eau à boire et parfois l'eau pour cuisiner. Quand le seul puits du village contient de l'eau saumâtre, certaines familles s'aménagent un puisard qui leur est per-sonnel. Souvent plus éloigné il modifie l'organisation du puisage de l'eau .- par exemple un fils jeune accomplit au moins l'une des corvées d'eau (Adec).

(3) Calebasse : fruit d'une sorte de cucurbitacé qui, une fois évidé, et selon sa forme et sa taille, constitue le récipient principal traditionnel pouvant recevoir aussi bien les liquides que tout autre produit (mil, pois de terre, bouillie de mil) ou matériau (boue séchée). Ces calebasses peuvent être partagées en leur moitié (cf. photo p. 31 ) ou conservées dans leur forme initiale avec une ouverture pratiquée au sommet (cf. photo p. 21). Les cuillères " ] idda 1 (cf. planche

n°4p. 39 ) sont également fabriquées à partir de petites calebasses

(19)
(20)

au puits n'étant pas aussi facile que l'utilisation d'une fontaine, on ne va chercher l'eau qu'une seule fois par jour.

Les femmes se rendent au puits; R i i j i y a a et déposent en cercle à environ 6 mètres du puits leur t à l l a et leurs K ù u l u u l ù u

Elles puisent l'eau (au fond) avec des peaux de chèvres ou des poches de caoutchouc noir tenues par des cordes, w à s à k i i . Après avoir re-monté l'eau, elles la versent dans des demi-calebasses K anyaa qui serviront au transport et au transvasement dans les calebasses à petite ouverture K ù u l u u l ù u . L'eau est versée lentement dans les K ù u l u u l ù u les mains servant d'entonnoir. Il ne serait pas possible d'éviter l'uti-lisation des K aRyaa car on ne peut remplir assez précisément une calebasse de portage à partir d ' u n w à s à k i i qui est très souple. De plus, les w à s à k i i sont souvent d ' u n usage collectif, c'est-à-dire q u ' u n puits en comporte plusieurs utilisées à tour de rôle par les fem-mes qui s'entrafnent pour tirer la corde. Bien qu'il y ait plusieurs

wàsàkii et que plusieurs femmes puisent à la fois, il y a une très grande affluence autour du puits surtout le matin avant les heures chaudes et le soir : les femmes prennent leur tour sans cependant que soient toujours évitées les querelles qui ajoutent encore à l'animation des points d ' e a u .

Les animaux viennent y boire en même t e m p s , on leur verse dans des calebasses ou dans des seaux le contenu des w à s à k i i Certains puits plus modernes sont équipés d'abreuvoirs en ciment

dis-posés à proximité du puits. Les troupeaux, conduits par des bergers Peul , viennent souvent y boire et la co-utilisation du puits est quel-quefois prétexte à discussions. Le puits est en effet creusé par les sédentaires tandis que les Peul n'en sont que les utilisateurs. De plus, les Peul utilisent le puits de façon différente car ils doivent faire boire successivement toutes les bêtes puis faire une importante

provision d ' e a u pour la route ce qui les oblige à puiser de l'eau pen- * dant un temps plus long que les femmes du pays. Pour compenser la

gêne que leur passage occasionne pour ces dernières, ils les aident souvent à tirer la corde ou puisent alternativement pour eux et pour elles. Les relations sont différentes lorsque le puisage a lieu dans des puisards k Ù R Ù R R Û b a i , étroit boyau creusé dans la terre où l'on peut descendre (1) afin de prendre directement l'eau qui paraft à une très faible profondeur. Lorsqu'il s'agit de puisards chaque famille

élargie, exploite le sien propre et les sources de conflit avec les Peul sont moindres dans la mesure où ces derniers utilisent alors leurs propres KÙRÙRRÙbai

Quelle que soit la source d'eau (fontaine, puits ou pui-sard) de nombreux récipients et de nombreuses opérations séparent

(21)

19

le puisage rentes

l'utilisation. Le schéma cidessous indique les d i f f é -opérations nécessaires a u puisage et au portage de l ' e a u en précisant les récipients utilises :

:W avya a uu lu u I uu

wa s alcii

v i i | i y a a

t à l l o

i i t u k u n y a a Planche 3

(22)

de la famille se sert un peu d ' e a u à boire, cette eau est d é j à passée par 4 récipients. Ceci donne une idée du temps nécessaire à l'appro-visionnement en eau d'une famille. Lorsque l'on va chercher l'eau à la fontaine, (comme c'est le cas à Dogonduchi) les petites filles rem-placent quelquefois leur mère mais s'il s'agit de puiser à proprement parler, seules les femmes et quelquefois les jeunes garçons y vont. De nombreuses femmes âgées sont porteuses d ' e a u professionnelles. Certaines femmes plus aisées se font apporter l'eau ainsi jusque dans

leurs jarres de stockage. Par exemple, Saraunya M a t a , chef des fem- ~j mes à Dogonduchi, avait sa porteuse d ' e a u . Se faire apporter 12

k n u l u u l u u par jour revient environ à 60 francs.

Le puisage de l ' e a u est une activité féminine essentielle: toutes les autres activités en dépendent. La femme ne pourra entre-prendre de faire la cuisine avant de s'assurer qu'elle dispose d'une provision d ' e a u suffisante.

1 . 1 . 2 . Ramassage du bois

Les femmes font la cuisine sur un feu de bois ou de charbon

de bois. Le ramassage du bois peut avoir lieu en revenant des champs ••• ou bien au cours de sorties en brousse spécialement e f f e c t u é e s à cet

effet une ou deux fois par semaine. Chercher le bois est une corvée difficile car les environs de Dogonduchi ne sont guère forestiers aus-si est-il parfois nécessaire d ' e n acheter au marché où, pour 25 francs, on peut obtenir assez de bois pour faire la cuisine pendant 3 ou 4 j o u r s .

Tous les bois ne peuvent être brQlés. Certains font l'objet d'interdits différents selon les familles ou les villages. Par exemple, danyaa (1) utilisé généralement pour la charpente des tombeaux ne sert pas de combustible, KwdRyaa (2) également dont on affirme que sa

combustion risque de provoquer des incendies par suite des étincelles A

•¥

qui s ' e n échappent (Village de Birni'n F'alla). a g a j i n i (3) bois dont l'odeur n ' e s t pas appréciée des génies, provoque la fièvre chez celui qui s'obstine à vouloir le brûler (village de Kolef'o).

A défaut de bois, ou pour certains usages particuliers, on trouve également au marché du charbon de bois dont le pouvoir calori-fique est plus grand mais aussi le prix plus élevé.

Les femmes transportent également le bois en fagots sur leur tête. Si elles sont aidées par de j e u n e s garçons, il arrive que

_ _ *

(1) Sclerocarpa Birrea

(2) Prosopis africana dit "l'arbre des forgerons". Sert à la fabrication du charbon de bois (informa-tion Nicole Echard, Ader),

( 3 ) E o s c i a angustifolia.

Identification des espèces végétales d1 après J, G. Adam et R. P. Behraut, Laboratoire de

(23)

21

Photo 1 : Porteuse d ' e a u mawri utilisant un t à l l a

Photo 2 : K ù u l u u l ù u calebasse à petite ouverture servant au transport de l ' e a u .

(24)

les enfants utilisent un âne pour porter la charge de bois. Mais si elles sont seules ou accompagnées de petites filles, seule leur tête est utilisée pour le transport.

L'approvisionnement en eau et en bois est préliminaire à toute cuisine, d'où son importance.

1.1.3. Entretien de la concession

C'est bien entendu à la femme qu'incombé l'entretien de la concession. Le matin, après le réveil, la femme roule les nattes sur lesquelles ont dormi tous les membres de la famille car les nattes que l'on utilise dans la journée pour s'asseoir ne sont pas les mêmes. Toutes les nattes sont cependant appelées tàabarmaa (cf. photo p. 25 ). A Dogonduchi, le lit gadoo est fréquemment utilisé. Ces lits peuvent

être en bois, formés de claies posées sur quatre montants fourchus ou de type européen, en fer, souvent pliants avec ou sans matelas. S'il n'y a pas de matelas, les ressorts du sommier métallique sont cou-verts d ' u n e natte. Les jeunes gens objectent de plus en plus que ces lits sont durs et ils souhaitent pour la plupart des matelas à l'euro-péenne. De petits tabourets (cf. photo p. 25) complètent ce mobilier,

A l'aide d ' u n balai SinSiyaa (1), la femme pousse hors de la concession toutes les saletés qui jonchent le sol de terre battue. On peut observer de très grandes différences entre les concessions en ce qui concerne leur propreté : certaines sont méticuleusement ba-layées et on n'y trouve pas la moindre épluchure, le moindre détritus

( 2 ) , d'autres par contre conservent longtemps les traces des repas pré-cédents ou les épluchures arrachées aux cannes à sucre que l'on man-ge toute la journée.

Entretenir consiste aussi à laver les calebasses : cette opération peut avoir lieu aussi bien après usage des calebasses q u ' a un moment précis de la journée où les calebasses sont récurées tou-tes en même temps. Les calebasses qui sont de plus en plus fréquem-ment remplacées par des cuvettes importées de Hong Kong, sont lavées à l'eau et frottées avec une sorte d'épongé de chanvre au préalable en-duite de savon. Une fois lavées, elles sont accrochées sur la palissa-de en secco (3) afin palissa-de sécher au soleil (4).

(1) Cette balayette toujours dépourvue de manche est constituée par des tiges ou des brindilles at-tachées par UD brin de chiffon.

(2) On répand même quelquefois du sable fin et clair sur le sol. (3) Cf. définition de la concession note (1) p. 15 .

(4) Pour l'usage rituel des récipients, on en frotte le bord avec une sorte de calcaire blanc kolkoli. Le creux du manche de la cuiller en calebasse est soumis à ce même traitement (Information Nicole Echard (Ader) et Marc H. Piault (Dallol Mawri) ).

(25)

25 -**•-<•--,,^

Photo 3 : Types de nattes les plus couramment utilisées.

• •

:• ...

(26)

Entretenir la concession consiste également à ranger les divers instruments ménagers ou de cuisine et ce qui en compose le mobilier, c'est-à-dire, outre les nattes et les lits éventuels déjà mentionnés, outre les divers instruments de cuisine, calebasses, canaris, et paniers, le tabouret bas kujèeaaa souvent décoré à la pyrogravure, et quelquefois des chaises en bois fabriquées à partir de modèles européens.

1 . 1 . 4 . La cuisine

a) Analyse des opérations . Faire la cuisine,si l'on y inclut (1) des opérations préliminaires telles que le pilage ou le vannage peut être considérée comme l'activité principale de la femme. Le mar-tèlement des pilons précède le chant des coqs et les feux des cuisi-nes brûlent encore longtemps après le coucher du soleil. Les femmes font la cuisine pour leur propre famille, mais a u s s i quelquefois pour des étrangers, hommes seuls qui sont heureux contre quelque argent de voir arriver deux ou trois fois par jour une cuvette (2) de himaa . Il arrive également que les femmes préparent des plats que le soir les fillettes vont vendre sur la place du marché ou d a n s les rues de Dogon-duchi. Certaines femmes aisées, épouses de fonctionnaires notamment, ne pilent pas mais ont une p i l e u s e , c'est-à-dire une femme qui pile pour elles.

On peut très grossièrement dire que la cuisine mawri com-porte en trois opérations principales de transformation : le pilage, le mélange avec l'eau et la cuisson. Ces trois opérations peuvent être alternées (on peut ajouter l ' e a u après avoir pilé ou piler après la cuis-son), simultanées (on peut ajouter l ' e a u pendant que l'on pile) et répé-tées (on peut piler une première fois avant la cuisson puis une seconde fois après la cuisson) (3)

(1) Les femmes elles-mêmes ne considèrent généralement pas le p i l a g e d a k à a e t le vannage com-me faisant partie de la préparation d'un com-met. Faire la cuisine, ce serait plutôt surveiller la cuisson, remuer le contenu de la marmite avec une cuiller, préparer une sauce, ajouter des aliments. Cette distinction apparaît assez clairement dans le cas d'un ménage polygame : une épouse est chaque jour préposée 3. la cuisine, responsable de la qualité des mets servis, ce qui n'empêche pas ses co-épouses de participer au pilage préalable du Tnil.

(2) Cette cuvette peut être une calebasse ou un récipient à couvercle de fabrication industrielle, type Hong-Kong.

(3) L'opération de pilage avant la cuisson se d i t d a k à a e t l'opération de pilage après la cuisson

k l R o l i . H s'agit donc de deux opérations distinctes. La différenciation peut évidemment

s'expliquer par le changement de nature de l'aliment sur lequel elle est effectuée, grain et p3te, d a k à n h a S i l piler le grain et k l f i B i n daWÔO piler la pâte (pétrir). Ces deux opérations se différencient également par le mode d'activité physique nécessaire à leur exé-cution : piler u a k a â se fait avec une seule main, tantôt la droite et tantôt la gauche, la

fem-me changeant son pilon de main en fonction de la fatigue, tendis que piler k Ï R B l 1 se ^^ avec

les deux mains, ce qui peut s'expliquer par le fait que la p5te cuite est plus dure. On peut re-marquer que d a k à d fit k l R B l 1 correspondent à peu près à la distinction que fait la langue

(27)

OPERATIONS Cl)

Grain haSii

Mil = daawàa

Mais =masàraa

Pois de terre = gujjiyaa

Farine = ou pâte = tuwoo O i— t H pu W eu Préliminaires Egrener = sùssukàa L y n \

Battre = h aaDn

Vanner - Si

Actives

Vanner = bàakàcee

Laver = w a n k i i

Tamiser = tànkàDee

Passives

Laisser tremper dans l'eau = taa saà yaamii

(elle a laissé. . . ) Laisser sécher au soleil

= taa Sanya suphèe (elle a laissé. . .)

TRANSFORMATION

Piler (écraser, moudre)-= dakàa

Mélanger avec eau-*— = saà Ruwaa

•Piler (pétrir)

Mélanger avec eau = saà Ruwaa

Cuire - taa dahwa (2)

(elle a fait cuire)

ADDITION

Ajouter (piments, lait, eau)

= saà (tohkaa, noonôo,

Ruwaa)

(1) Cette analyse des opérations culinaires concerne plus particulière-ment le mil que l'on peut à juste titre considérer comme l'éléparticulière-ment de base de l'alimentation Mawri.

(2) On peut piler indifféremment du grain ou de la farine, on peut ajou-ter l ' e a u aussi bien au grain q u ' à la farine, mais seule la farine est soumise à la cuisson.

(28)

Outre ces opérations de transformation, la cuisine mawri comporte des opérations de préparation de deux types : celles qui ont toujours lieu avant la confection d ' u n mets et celles que nous appel-lerons préliminaires et qui peuvent avoir lieu aussi bien dans que hors de la concession, le jour même où l'on fait la cuisine ou bien plusieurs jours avant.

Parmi les opérations préliminaires, on trouve l'égrenage sùssukàa (1) qui est accompli par les femmes, le battage h aaDii ac-compli par les hommes et le premier vannage S i i K à a qui consiste à séparer le son du grain en f a i s a n t passer celui-ci d ' u n e calebasse dans une autre (2).

Les opérations de préparation peuvent se différencier en actives et passives. Parmi les opérations actives, on trouve le v a n -nage de son bàakàcee qui a lieu en cours de pilage (3), le lavage du grain dans l'eau w a n k i i ( 4 ) , le tamisage de la farine tànkàDee ( 5 ) .

Parmi les opérations p a s s i v e s , on trouve le trempage dans l ' e a u taa sàa y a a m i l (6)

Aux opérations de préparation et de. t r a n s f o r m a t i o n s'adjoint l'opération d'addition telle que l'addition de piments taa Saa tonkaa L'addition telle que nous l'envisageons ici ne suppose pas une trans-formation de la nature de l'élément sur lequel elle s'exerce. Par exem-ple une pâte avant ou après l'addition de piments est toujours une pâte: l'addition de piments n'a pas changé le grain en farine ou la farine en pâte mais seulement la pâte non pimentée en pâte pimentée. C'est pour-quoi il nous a paru légitime de considérer l'addition d'eau à la fois com-me une transformation et comcom-me une addition ( 7 ) .

(1) le mil en effet peut aussi bien être conservé en épis qu'en grain.

(2) Le grain plus lourd tombe verticalement de la calebasse supérieure dans la calebasse inférieure, tandis que le son, plus léger en cours de chute, s'envole soufflé par le vent. Cette opération a le plus souvent lieu aux champs ou bien aux limites du village.

(3) La femme, à genoux sur une natte, secoue devant elle une calebasse de mil afin d'éliminer son et mauvais grains.

(4) cf. recette du

(5) cf. recette du t U W O n (6) cf. recette du t U W O H

(7) Ainsi, si l'on mélange de la farine et de l'eau, on obtient un élément différent, mais si, comme on le fait tout à fait s. la fin de la confection du h u p a a on ajoute de l'eau ou du lait à un aliment dont la cuisson et la préparation sont terminées, cette addition d ' e a u joue le même rôle qu'une addition de piments.

En fonction des conditions dans lesquelles elle s'exerce et de la nature de l'aliment auquel on l'ajoute, le mélange avec l ' e a u peut donc être considéré, soit co-mme une transformation, soit cc.mme une addition.

(29)

Très grossièrement on peut dire que ces opérations sont effectuées sur trois aliments.de base : principalement, le mil haSii , le gros mil daawàa , le pois de terre gujjiyaa et dans une moindre

me-sure le mai's masàraa (1).

Le tableau ci-contre figure les différents éléments de cette analyse très schématique ( 2 ) .

b) Les aliments, et les recettes. L'aliment de base est le mil haSii que cultivent pratiquement tous les Mawri. C'est pourquoi le

type d'alimentation journalier le plus fréquemment rencontré comporte le hiiRaa le matin et le tuwon haSii , le soir, tous deux à base de mil.

Cependant il existe de nombreux autres aliments. Par exemple, le gros mil daawàa qui est le plus souvent trempé un ou deux jours puis séché au soleil avant d'être préparé ; le mai's que l'on cul-tive aux alentours de la concession est plus rare mais très apprécié : il est utilisé en pâte tuwoo masàraa et quelquefois grillé encore frais,

Le pois de terre gujjiyaa culture féminine par excellence est utilisé en beignets ou sous forme de purée et le fonîo, dont les grains sont si petits qu'on peut le confondre avec de la semoule est utilisé sous forme de "couscous".

L'arachide kwa?anSee grignoté toute la journée par les

en-fants surtout mais aussi les adultes, est également utilisé pour la confection des sauces.

On consomme aussi le yaakùwaa , sorte d'oseille rouge. Le manioc Roogôo dont on peut faire de la farine est éga-lement utilisé mais plus rarement.

Le gombo kuBèewaa intervient dans les sauces comme les piments tonkaa , les tomates séchées, les oignons, et les autres con-diments (cf. infra).

Les manières d'accommoder ces divers aliments sont nom-breuses et varient d'une région à une autre et même d'une femme à une

"S*

(1) On trouvera une liste plus complète des aliments intervenant dans la cuisine mawrï, soit dans la partie consacrée aux aliments et aux recettes, soit dans l'inventaire des cultures.

(2) Nous n'insisterons jamais assez sur le caractère schématique de notre analyse, qui a seulement pour but de dégager le plus clairement possible les principes généraux de la cuisine mawri. Nous avons très peu tenu compte ici de l'ordre chronologique des opérations, nous bornaat à dire qu'elles étaient alternées, répétées et simultanées, de marne que nous n'avons volontaire-ment considéré que les alivolontaire-ments de grande consommation, afin de ne pas compliquer la démar-che. Le détail des recettes elles-mêmes, permettra de restituer la suite des opérations.

(30)

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Photo 5 : A l'occasion de la visite du Président de la République Diori Hamani, les femmes de Dogonduchi préparent un repas collectivement.

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iiï-t-î;-Photo 6 : hunaa , bouillie de mil préparée avec du mil cuit dans l'eau bouillante. A droite, l i d d a i petite demi calebasse en forme de louche servant à boire le himaa une fois

(31)

33

autre. Nous n'avons choisi que les recettes les plus classiques con-cernant les mets confectionnés et consommés quotidiennement par tous les Mawri.

A - Le himaa (cf. photo p. 31}

- Egrenage du mil par les femmes sùssukàh h a S i i

y \ Battage du mil par les hommes h aaDin haSii

- Vannage du son en faisant passer les s i i K à a grains d'une calebasse dans une autre

- On pile le mil humide dans le mortier ?à saà RUwaa

- On met de l'eau ?à suphè h a S ï i

dakèa

- Vanner le son bàakàcee

- Laver le mil w a n k i n

- Piler le mil pour obtenir la farine de mil dakàn ~ Pétrir la pâte (avec la main) d u n K Ù I in dawôo - On fait bouillir de l'eau ?à dahwà puwaa

(dans une marmite en terre ou en fonte) _ i~On fait les boules de pète ( 1 jl

- On met les boules de pète dans l'eau 7à dahwà dawôo

- Qn fait cuire les boules de pâte 7à j e e hwà dawôo

(1 heure environ)

?à Dèebi dawôo

dà c i k i n t u k u n y à a

haSii

- On sort les boules de pâte de l'eau

- On met les boules de pâte dans le mortier ?à saà dawoo - On met de la farine autour ?à saà

Elles peuvent alors être conservées dans une calebasse ( c f . photo p. 3l)

La préparation est pratiquement terminée. Au moment de les m a n g e r :

\ - Piler (pétrir) les boules de pâte k i R B i i

- On met de l'eau (pour délayer les boules) ?à saà R U w a a - [~Qn met des piments (facultatif!? à saà tonkaa

- On met du lait

ou

?à saà noonôo

- On met de l ' e a u ?è saà R U w a a

(1) Ces boules rouîdes s'appellent Kan Dawo littéralement "tÊtes de boules" (information Agnès Diarra).

(32)

- On met du sucre ?à saà s u k à r i i - On boit le ?à Saà huaaa

Le hunaa se présente au moment de sa consommation sous la forme d ' u n e bouillie liquide au fond de laquelle restent des morceaux non mélangés des boules de pâte. Lorsqu'on le consomme, on tourne ce mélange avec la cuiller de façon à avoir en même temps le liquide et quelques morceaux.

Plusieurs observations s'imposent : le mil non débarassé de son s'appelle h a S i i , une fois vanné et pilé avec de l'eau on l'appelle SUphèe (Produit obtenu par l'action de suphwa piler humide) , tandis que

la farine obtenue en pilant siiRhèe s'appelle g à a R Î n h a S i i . Une fois cette farine pétrie en forme de boule, elle s'appelle dawôo nom qu'elle garde j u s q u ' à sa consommation où elle devient

B - Le tuwon h a S i i (sorte de gâteau de mil.

- On met le mil dans le mortier ?à saà haSii cikin

- On met de l'eau ?à saà RUwaa - Piler le mil dakàn h a S i i

- Vanner le son bàakàcee

- Piler le mil pour obtenir dakàn haSii la farine de mil g à a R Î n h a S i i

- On tamise ?à tankàDee

- On prend ce qui est dans le tamis ?à S a k i i (ce qui n'a pu passer à travers le tamis)

- On met dans l'eau bouillante 7à t a l g i i

- Après la cuisson on a j o u t e ia farine ?à saà g à a R i bien tamisée

- Mélanger sur le feu t u u K i n tuwoo - On ferme ,a marmite ?à Ruhè tukunyaa

C - tuwoo dit pâte tuwoo masàraa = pâte de mai's,(l)

Mettre la marmite sur le feu avec de l ' e a u . Quand l ' e a u bout on met la farine de mais déjà mélangée à un peu d ' e a u . On laisse cui-re une heucui-re environ puis on fait des boules en mélangeant le tuwoo

(cuit dans l ' e a u bouillante) et de la farine sèche. On ajoute de la fa-rine j u s q u ' à ce que l'on ait obtenu la consistance voulue. On remue avec une grosse cuiller en bois. Le tuwoo se mange avec ia sauce miyàa N . B . Les mots soulignes en français sont c e u x traduits en h a u s a .

(.*) tUWOll m&Saraa et tUWOn n a S l l sont très proches. Leur principale différence porte

(33)

35

fife

D - miyàa , la sauce.

On met la marmite sur le feu j u s q u ' à ce que l'huile bout. On coupe les oignons ?a"lbasàa et on les ajoute. Quand les oignons sont bruns on met la viande dedans après l'avoir lavée. Lorsqu'il y a ébul-lition on écrase du Soumbala yaakuwaa que l'on ajoute ainsi que des tomates séchées tùmaati bùusaî^ee , des piments t o n k a a , tous les con-diments dyan miyàa (littéralement "enfants de la sauce"), du poivre

y a a j i i , des champignons, de l'ail tàh a r n u w a a . Actuellement on ajoute a u s s i , sous l'influence européenne, du concentré de tomates en conserve.

On laisse cuire une heure et demis (environ) en remuant avec une cuiller en bois pointue KôoSiyaD Diibàtn miyàa (cf. planche 3). Les variantes de cette sauce sont très nombreuses en fonction des in-grédients disponibles. La recette donnée ici est cependant la recette de base.

Utilisation du gros mil daawàa .

Tout plat fait avec le gros mil s'appelle tuwon daawàa . On peut faire indifféremment avec le gros mil le hupaa ou le tuwon yaamii . La bouillie préparée comme le hupaa mais faite avec le gros mil s'appelle dakk are et le "gâteau" préparé avec le gros mil s'appel-le tuwon yaamii si l'on a fait tremper s'appel-le gros mil quelques jours aupa-ravant, et tuwon tàrCee si on ne l'a pas laissé tremper au préalable. E - tuwon yaamii, fait avec du gros mil, préalablement trempé.

- Piler le gros mil (humide) sÙRhee daawàa

- Vanner le son bàakàcee

~ Faire surir dans l'eau (1 ou 2 jours) saà yaamii

- Laver le mil wankin suRhèe

- Laisser sécher au soleil Sanya suRhèe

- Piler R Ï B d i i - Tamiser tànkàDee

- Piler ce qui reste dans le tamis dakàn Sàkii (jusqu'à ce que l'on obtienne de la farine) - Mettre la marmite sur le feu ? a j i n tukunyaa - Mettre de l ' e a u saà Ruwaa

(34)

jeter dans l'eau bouillante t a l g i i - Cuire au moins une heure

- Ajouter de la farine saà gàaRii - On mélange ?à t u u K à

On ajoute plusieurs fois de la farine j u s q u ' à ce que qu'on obtienne la consistance voulue.

F - tuwon tàrCee , sorte de gâteau de gros mil préparé sans faire trem-per le gros mil au préalable.

Ce plat est préparé exactement comme le tuwon haSii . G - d a k k are , bouillie faite avec le gros mil.

- Mettre le gros mil dans le mortier saà daawàa c i k i n tumnii - Mettre de l'eau saà

dakàa

- Vanner bàakàcee

- Laver wankin suRhèe

- On laisse reposer ?à bar sÙRhee - Piler R i B d i i

- Tamiser tànkaDee

- Piler ce gui reste dans le tamis dakàn Sàkii ~ Tamiser tànkaDee

- On pile la farine dans le mortier ?à zurDa gà

- On f a i t tes boules en pétrissant avec d u n K ù l i n dawoo les mains

- Mettre la marmite sur le foyer avec de l'eau ? a j i n tukunyaa bisà mimhùu

- On met les boules dans l'eau ?à jeehwà dawoo gà RUwaa

bouillante

" On laisse cuire (1 heure environ) ?à dahwa

- On ôte les boules de la marmite ?à Deebi dawoo dà c i k i n tukunyaa

- On les met dans le mortier ?à saà dawoo c i k i n - On pile la farine cuite ?à zurDa

(35)

37

- On mélange ?à kiRBà dawoo

- On fait la boule avec les mains ?à malmàlee dawoo en ajoutant de la farine autour

- On distribue la boule ?à Rabà dawoo

Le Sakii c'est-à-dire la semoule qui n'a pu passer à travers le tamis, qu'elle soit issue du gros mil daawaa ou du mil haSii , per-met de faire une sorte de "gâteau" (type pudding) appelé dambuu ( 1 ) . H - dambuu gâteau de mil préparé avec de la semoule.

On fait cuire au bain marie soit ce qui reste au fond de la ca-lebasse où a séjourné la boule, soit ce qui reste dans le tamis après le tamisage tànkaDee . On laisse cuire environ une heure ou deux. Puis on ajoute de l'huile crue, du sel, du piment et des feuilles d'oi-gnons sèches gabu .

I - maasàh h a S i l ou galette de m i l . - Prendre du mil saà h a S i i - Mettre de l'eau saà Ruwaa - On pile ?à suRhè h a S i i

" Laver le mil puis le laisser dans w a n k i n sURhèe l ' e a u un jour et le laver à nouveau

- On-le sèche au soleil ?à £anya suRhee - Piler dakàn g à a R i i ( R i b D i i )

- Tamiser, tànkàDee

\ On fait de la bouillie en ajoutant t a l g i i

de l'eau chaude

- On laisse reposer j u s q u ' a u lendemain matin ?à ?ajèe sai gôobe - On met dans le mortier pour piler ?à zurDà g à a R i i

L ' u s a g e des condiments

Les condiments qui interviennent dans la préparation des sau-ces sont généralement vendus au marché ou à de petits étals le long des m u r s , par de vieilles femmes qui font en même temps commerce d'autres produits tels que la poudre à filer a l l i i et "l'antimoine"kwal 1 i i

Les principaux de ces condiments sont : - la pâte d'arachide K u l i i K u l i i

pour la préparer, on cuit les graines d'arachide sans eau. La peau rougeStre se détache, on enlève puis on pile (on peut éventuellement

(1) Dans l'Ader c'est la poterie qui est (Information Nicole Echard)

(36)

plus grande partie de l'huile, puis on cuit le produit obtenu dans un peu d'huile : la pâte d'arachide est prête à être vendue.

- les piments tonkaa sont de petits piments rouges sèches que l'on pile pour les incorporer à la sauce,

- les graines de néré k a l w a a et les feuilles d'oignons séchées "Gabu" obtenues en pilant des feuilles d'oignons avec lesquelles on fait des boules que l'on sèche,

- les oignons frais ?àlbasàa entrent également dans la catégo-rie des condiments destinés à préparer la sauce.

Il existe d'autres condiments à base de plantes fraîches ou séchées.

c - Les instruments

Divers ustensiles servent aux préparations culinaires, à la conservation ou au transport des produits naturels ou préparés. On peut distinguer des instruments de manipulation .tels que les cuillères o u ï e s fouets et des récipients ainsi que d'autres instruments divers tels que des couvercles ou des supports.

Les cuillères, spatules et autres instruments de manipulation. 1. La grande spatule muciyaa sert à tourner le tuwoo dans la marmite. Cette spatule est en bois et a plus l'apparence d ' u n e palette épaisse que d ' u n e cuillère dans la mesure où elle permet de tourner mais non de ramasser. Elle est très solide et c'est le plus grand ins-trument qui serve à tourner (cf. planche 4 ) .

2. KôoSiyàa désigne la cuillère en bois pointue dont la par-tie creuse f a i t un angle avec le plan du manche. Cette cuillère est également pyrogravée. Elle existe dans différentes tailles selon son u s a g e . On peut ainsi distinguer KôoSiyaD D i ï b à d dawôo a s s e z grande qui sert à enlever le dawôo cuit de la marmite, et plus petite, KôoSiyaD D i i b à m miyàa qui est utilisée pour recueillir la sauce (cf. planche 4 ) .

3. Une petite calebasse dont une partie est renflée et l'autre allongée, lorsqu'elle est fendue en deux et évidée, forme également une cuillère très répandue, l i d d a i , qui est utilisée pour boire le hupaa ( c f . planche 4 et photo p. 31) cette demi-calebasse en forme de cuil-lère est quelquefois pyrogravée.

4. Pour battre soit ie lait, soit le gombo pour en faire de la s a u c e , on utilise un fouet qui se présente comme un bâton à l'extré-mité d u q u e l se trouve un croisillon de bois attaché par une ficelle de coton. Ce fouet s'appelle m a b u r k a a k i i (cf, planche 4 ) .

(37)

D A un>| 0 4

D D A. i s o o

S • /s N j

D D / I D O L U

(38)

1 . Kwanyaa est le plus important outil de la femme mawri. C'est

une grande demi-calebasse hémisphérique servant à recevoir les grains de mil, de pois de terre, l'arachide, la bouillie de mil ou les liquides tels que l'eau ou le lait. Il est de plus en plus fréquemment remplacé par les cuvettes en provenance de Hong Kong pour les liquides mais il est encore très employé pour les grains et les farines, surtout en brousse, (cf. planches 3, 4 et 5 ) .

2. K ù u l u u l ù u calebasse entière qui ne comporte qu'une petite ouverture et que l'on utilise avec un "talla" ou sur la tête pour le trans-port de l'eau (cf. planches 2 et 3 , photo p.21;.

3. tukunyaa , récipient en terre cuite noire ou rouge, servant à cuire les aliments ou à conserver l'eau fraîche dans la concession. Dans les régions Nord et Sud de l'Arewa les femmes les utilisent éga-lement pour le transport de l'eau sur la tête (cf. planche 4 ) , les for-mes et les dimensions peuvent quelque peu varier à partir d ' u n modèle principal (1).

4. gyànDamaa : petite calebasse en forme de gourde pour le lait

ou l'eau.

-5. kwaanôo : cuvette ou tasse émaillée souvent décorée avec

des fleurs de toutes les couleurs en provenance de Hong-Kong ou de Tchécoslovaquie. Ces cuvettes remplacent de plus en plus fréquem-ment les demi-calebasses KwaRyaa (2) dans les bourgs tels que

Dogon-duchi où le marché hebdomadaire et les boutiques permanentes tenues par des étrangers offrent de nombreux produits manufacturés ,

6 . ? a k ù S i i : écuelle en bois noirci de même forme que la demi-calebasse KwaRyaa et utilisée pour le gâteau de mil. Cet objet est

con-sidéré comme antérieur aux a u t r e s , lourd et très rustique. ?akù$ii est dans certaines régions en terme dépréciatif adressé à une personne considérée comme un peu fruste par assimilation de la personne qui utilise ? a k ù £ i i à la nature grossière de l'instrument lui-même.

Divers

1. maRaatayii désigne un suspensoir en raphia tressé que l'on pend au plafond et qui permet de poser les calebasses que l'on sou-haite isoler du sol et de la proximité des animaux, (cf. planche 5 ) , Ce suspensoir peut être considéré comme faisant partie du mobilier.

(ï) cf. paragraphe sur la poterie,p. 48.

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41

m a v a a ta

a a

h

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a i h

w

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(40)

pleines, (cf. planche 5).

3. Cette liste serait incomplète sans les deux principaux ins-truments de la femme : le pilon taBaRyaa qui est du genre féminin et le mortier t U R m i i qui est du genre masculin (cf. planche 4 ) .

Ces deux instruments qui en fait sont toujours utilisés en-semble pour n'en former qu'un, apparaissent dans la famille au moment même du mariage. Traditionnellement, la femme apporte le pilon et l'homme le mortier, mais l'évolution veut que de plus en plus l'un des deux époux se charge des deux instruments qui peuvent être achetés au marché.

Les femmes ont généralement deux pilons : l'un de gros dia-mètre sert à piler les grains de mai's ou de mil pour obtenir la farine, l'autre de plus petit diamètre est utilisé pour piler les piments sèches ou autres condiments destinés a la sauce. On peut fréquemment voir les petites filles piler les piments à l'aide du plus petit pilon qui cor-respond mieux à leur capacité physique.

d) Les conditions

La femme fait la cuisine soit en plein air dans l'enceinte de la concession sous un abri en secco pour échapper au soleil soit à l'in-térieur de la case dans un coin consacré au f e u . Cette deuxième solu-tion semble être de plus en plus fréquemment adoptée dans les cases nouvellement construites. En effet, on essaie de plus en plus lorsqu1

on construit de nouvelles cases d'aménager un coin cuisine et un coin douche. Dans ce cas, le coin cuisine comporte un trou latéral dans la partie supérieure d ' u n mur pour l'évacuation de la fumée et le coin dou-che comportent un trou latéral au sol pour l'évacuation des eaux usées . Les femmes posent leur marmite sur trois pierres Cl) plates posées à même le sol. Le combustible généralement utilisé est le bois ramassé au retour des champs ou à d é f a u t le charbon de bois acheté au marché. Les marmites utilisées sont en terre cuite noire (cf. t u k u n y a a , planche 4 ) .

Comme les recettes de cuisine notées plus haut l'attestent', c'est devant son mortier et le pilon dans la main que la femme passe la plus grande partie de son t e m p s . C ' e s t une activité pénible qui met en mouvement tout le corps et particulièrement la partie inférieure de la colonne vertébrale. Les femmes transpirent beaucoup lorsqu'elles pilent et il n'est pas rare de les voir revêtir des robes spécialement usagées pour piler. Piler est souvent une activité collective : une fem-me pile avec ses co-épouses ou avec ses filles, simultanéfem-ment ou suc-cessivement : chaque épouse préparant à son tour la bouillie de mil

(1) appelées dans l'Ader "seins du foyer11 (Information. Nicole Echard).

(41)

43

pour toute la famille y compris les autres épouses. Ainsi il arrive q u ' u n e épouse ne pile que tous les deux ou trois jours. Les femmes cherchent à piler avant les heures chaudes il n'est pas rare d'enten-dre le bruit des pilons avant le lever du jour.

Les femmes font la cuisine, c'est-à-dire allument le feu pour cuire ou c h a u f f e r un aliment une ou deux fois par jour, le matin pour le hiinaa et le soir pour le tuwoo la sauce et la viande. Le feu allumé le soir leur sert aussi à s'éclairer pour filer (1)

Les co-épouses et les fillettes de la famille s'entraident pour piler mais généralement une seule femme est quotidiennement respon-sable de la cuisine elle-même. Les femmes ne se plaignent générale-ment pas de faire la cuisine : cette activité ne semble pas faire partie de ce qu'elles nomment "les durs travaux". Par contre, dès que la si-tuation économique du ménage le leur permet, elles engagent une fem-me qui pilera pour elles, se font porter l'eau par une porteuse d'eau et achètent le bois au marché au lieu d'aller le chercher en brousse.

(42)

1 . 2 . 1 . Les cultures

Les femmes consacrent une importante partie de leur temps aux cultures. Elles cultivent quelquefois dans la concession même principalement des calebassiers et du coton. On dit aussi que les fem-mes filent le coton et cultivent moins dans la concession qu'aupara-vant,

Si l'on interroge les femmes à propos des cultures, leur première réponse concernera le pois de terre g u j j i y a a , qui est la cul-ture féminine par excellence. Il est semé, cultivé et récolté par les femmes, vendu le plus souvent par elles bien qu'il puisse aussi être vendu par les hommes, probablement seulement depuis une période récente. Voici comment me fut racontée la culture du pois de terre :

"on laboure, on nettoie, on balaie puis on met le pois en terre. On le récolte. Puis l'année suivante on plantera le gros mil daawàa qui sera meilleur parce qu'il aura été planté après le pois de terre. Et dans ces terres où les femmes ont planté le pois de terre, on a un meilleur mil. Mais le pois de terre, lui/ n'est pas meilleur pour avoir été planté après le m i l " .

Le pois de terre est donc assez souvent planté en alter-nance avec le gros mil, mais pas toujours.

Traditionnellement, les femmes cultivaient a u s s i le fonio et l'arachide, mais ces deux dernières cultures sont maintenant aussi souvent à la charge des hommes que des femmes : l'arachide en parti-culier qui est devenue une importante culture commerciale, principa-lement dans le Sud du Dallol.

Les femmes plus âgées disent souvent que maintenant les jeunes ne cultivent plus, qu'elles s'approvisionnent au marché, qu'elles sont devenues paresseuses, en bref, que "les temps ont c h a n g é " . Il semble en effet que d'une façon générale à Dogonduchi du moins, on cultive moins qu'auparavant.

(43)

4 5

TABLEAU INDIQUANT LA REPARTITION

ENTRE HOMMES ET FEMMES DES DIFFERENTES OPERATIONS CONCERNANT LES PRINCIPALES CULTURES

Cultures Mafs Mil Gombo Soumbalc Pois de terre (gros mil Calebas-se Haricots Manioc Arachide "Cacao" Coton Fonio Piments Oignons Tabac Nom hausa masàraa haSii kuBèewaa yaakùwaa gujjiyaa daawàa dumaa waakee Roogôo kwalan£ee ?ayaa kàaDaa tonkaa twa n k a e ?à")basàa taabàa Semer H & F H & F F H F H & F H H H H F H H H H H Cultiver H & F H F H F H H H H H F H H H H H Récolter H & F H & enf . F H F H H H & F & e n f . H & F H F H H H H H Rapporter H & F H {& F) F H F H H H H & F H F H H H H H Vendre F H (1) F F F H(l) H & F H H & F H F H & F H & F H & F H H

(1) Les hommes se chargent de la vente des gerbes et des grains s'il s'agit de grandes quantités ; les femmes, elles, peuvent se charger de la vente de petites quantités de grains qu'elles vendent soit pour le compte de leur mari soit pour leur propre compte si leur mari leur a donné le mil. Elles peuvent également avoir la disposition de la récolte provenant d'un champ hérité {ou donné) de leur propre famille. La culture de ce champ peut alors être assurée conjointement par son mari et elle-même ou par l'un de ses enfants.

(44)

aux cultures masculines et notamment à la principale, le mil. Elles participent au sarclage au moment de la récolte, ce sont elles qui assurent le transport des gerbes vers les greniers. Ce sont également les jeunes filles, quelquefois aussi l'épouse du cultuvateur, qui, au moment des semailles, accompagnent les hommes, et derrière eux, enfouissent les graines dans le sol.

De p l u s , la mère possède un champ guzàayee (pluriel de gujjiyaa , pois de terre) ou gayamma . Lorsque les petites filles sont assez fortes pour commencer à cultiver, la mère leur donne un petit morceau du champ h âgée . Sur leur parcelle, les petites filles âgées de 10-11 ans, cultivent le pois de terre. Chaque année en même temps que leur mère, les petites filles changent de champ pour laisser la pla-ce à la culture du mil. Quand la jeune fille se marie elle laisse sa par-celles à ses petites soeurs et son mari lui donnera à nouveau un champ proche du sien. Les jeunes filles peuvent aussi bien se partager le champ ou le cultiver ensemble, de mé"me qu'elles aident leur mère sur son champ.

1 . 2 . 2 . Activités annexes

L'activité de cueillette est assumée presqu'entièrement par les femmes qui apportent de brousse les différentes plantes néces-saires à la confection des sauces. Les plantes médicinales sont cueil-lies aussi bien par les femmes que par les hommes. La gomme est ra-massée par les femmes et les enfants de tous âges (1)

Bien que secondaire, l'activité de cueillette en pays Mawri, particulièrement dans le Nord, conserve une certaine importance et per-met souvent d'éviter les famines et d'assurer l'alimentation pendant la période de soudure.

Les femmes et les enfants ramassent les criquets, les éphémères sont ramassés par les enfants et les j e u n e s g e n s . Ces ra-massages occasionnels (tels que la recherche d'insectes) sont des activités réservées aux femmes et aux enfants qui en gardent le béné-fice .

,

1 . 2 . 3 . Instruments aratoires

Les femmes sont en quelque sorte les gardiennes de la tradition en matière de technologie de la production. .Elles employent des instruments plus anciens.

Certains instruments sont exclusivement féminins tels que la houe courte appelée Kursa - Kursa par les femmes, mais aussi

Figure

TABLEAU INDIQUANT LA REPARTITION

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