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View of How to faire de quelqu’un de réel et de sensible un personnage de fiction à l’ancienne

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Academic year: 2021

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HOW TO FAIRE DE QUELQU’UN

DE RÉEL ET DE SENSIBLE UN

PERSONNAGE DE FICTION À

L’ANCIENNE

Vincent T

HOLOMÉ

envie d’écrire ? de faire de quelqu’un de réel et de sensible un personnage de fiction à l’ancienne ? pas compliqué, pas compliqué, suffit de prendre quelqu’un, un ami, quelqu’un dont on se sentirait proche pour dix mille et une raisons par exemple, oui, pourquoi pas ?

jan baetens

oui, bonne idée ça, jan baetens

alors, on prendrait jan baetens et on placerait jan baetens quelque part, mentalement quelque part

et pourquoi pas dans un snack tiens ? oui, bonne idée ça, jan baetens dans un snack, une espèce de sushi bar

et pas besoin de faire un début un milieu et une fin à la scène, non pas besoin de se casser la tête à structurer l’af-faire, faire comme si la scène avait déjà commencé suffirait, et on pourrait dire quelque chose comme :

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jan baetens, ici comme ailleurs, au sushi bar comme ail-leurs, fabriquant comme une peau

(...)

jan baetens passant toute sa vie à « fabriquer comme des peaux » dirait-il

(…)

voilà, oui, et puis on poursuivrait, développant un peu l’af-faire :

(…)

des membranes sensibles constituées « de mots et de por-tions de monde », « de propos, quelquefois sensés, quel-quefois insensés, picorés ci et là » dirait jan baetens « et de monde », de portions conséquentes de monde, le tout fai-sant peaux, « faifai-sant mondes »

(...)

et puis on dirait encore, développant toujours l’affaire :

(…)

non que tout dans le monde, n’importe quel objet du monde ou n’importe quel propos tenu avec ferveur par n’importe qui, n’importe quelle image, faite par n’importe qui, tombant sous les yeux de jan baetens, tombant dans l’oreille de jan baetens, ferait l’affaire, serait susceptible « d’épater », d’appâter jan baetens, jan baetens n’ayant « rien d’une éponge », d’une simple, et déjà si complexe, éponge pompant l’air, tout ce qui traînerait dans l’air, comme si

(3)

l’œil et l’oreille de jan baetens ne faisaient pas le tri, ne conservaient pas, comme n’importe quel œil, n’importe quelle oreille, n’importe quel vivant, « plante ou animal » dirait jan baetens, ce qui, d’abord, ferait « intensément vi-brer » dirait jan baetens

(...)

houla, vers où ça va, là ?

(…)

l’important étant, tout de même, de « fabriquer une peau », « non ? » dirait jan baetens

(…)

totalement d’accord

(…)

se levant de table, son mug en main, passant devant le comptoir frigidaire illuminé de néons et de codes barres striant les emballages des gâteaux aux noix ou au beurre débités en portions, individuelles, de 125 grammes exac-tement

(...)

puis reprenant place à table, son mug fumant à nouveau en raison d’un café noir, de self-service, ultra léger mais « suffisamment intense » dirait jan baetens « pour le matin »,

reprenant ensuite, à sa façon, la vieille question de l’« à quoi bon écrire », « à quoi bon penser, etc. »

(4)

question non pas absurde mais vaine (...)

en effet

(...)

« parce qu’il y aura toujours quelqu’un énonçant des paroles qui brûlent qu’on le veuille ou non ou fabriquant quelque chose, une image qui brûle intensément », et parce qu’il y aura toujours « quelqu’un d’autre », grand brûlé, « brûlant lui-même intensément, au moins autant que le livre ou les images ou les propos qu’il a lui-même brûlés et qui le brûlent intensément en retour » dirait jan baetens

(...)

« si tu vois ce que je veux dire » dirait jan baetens (...)

mm, j’essaie

(…)

faisant alors, lui, « le travail », fabriquant une peau, ne pou-vant faire autrement, tant il serait « humain », typiquement humain, de fabriquer des peaux, remettant alors sur le métier, cent fois, « le travail », la membrane, ultra sensible, qu’il fabriquerait, se plongeant, corps et âme, « dans l’aven-ture », assemblant, cent fois, comme il pourrait, des élans du cœur, des bribes de mondes ou « des décors indiens » dirait-il

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posant ici, sur la table, dans le bar à sushis, son stetson et rajustant sa chevelure

(...)

son stetson ?, son stetson ?, pas du tout jan baetens, ça, un stetson, et pourquoi pas une chemise à carreaux rouges et blancs, typiquement western ?, pourquoi pas des bottes pointues en cuir ouvragé typiquement western ?

(…)

agençant intuitivement ses cheveux à mesure que, derrière lui, sur l’écran muet d’une babiole luminescente, d’une té-lévision high-tech, ultra plate et géante, boulonnée au pla-fond, au-dessus du comptoir, du self service, à droite des menus, luminescents, standards et pour enfant, quelqu’un, un sportif hors-pair, un basketteur en état de grâce, venant d’inscrire son quinzième ou trentième panier du soir, serait pris de folie, hurlant comme un dingue, frémissant des na-rines, saisissant ensuite, étonnamment, des mains de son coach, un type sans âge, en costard cravate, une ardoise, un carton blanc, ultra épais, de 29 sur 21, « fabriqué pour », et un feutre

(...)

y notant alors, en express, pour le monde, potentiellement tout le monde, l’entièreté du monde, en anglais, en cursive, quelque chose comme « good, isn’t it, jan ? » puis y notant alors, en express, au verso, pour tout le monde, l’entièreté du monde, l’entièreté des fans, des fanas des bulls, en fla-mand, en cursive, quelque chose comme « zeer goed, nee ?, jan ? », quelque chose, en tout cas, me laissant bouche bée,

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(...)

n’en revenant pas, quant à moi, que quelqu’un, un sportif hors-pair, une vedette mondiale, un héros de basket-ball, en vareuse des bulls, en short des bulls, venant d’inscrire son quinzième ou trentième panier du jour, débordant de joie, inscrive, sur un coup de tête, dirait-on, au feutre bleu, sur un carton épais, « fabriqué pour », recouvert d’une subs-tance brillante, facilement lavable, quelque chose comme un message perso, à destination de jan, d’un homme ap-pelé jan, susceptible de « goûter l’exploit », d’apprécier la prestation, ou disons « l’exploit du jour », à sa juste va-leur, inscrivant, dès lors, pour jan, un certain jan, la chose, d’abord en anglais, au recto du carton, puis inscrivant la chose, vollegaz, en flamand, au verso, comme si la chose, le message, ne pouvait qu’être compris par jan, un certain jan, et « pourquoi pas jan baetens ? », des écrans de télévi-sion, parfois muets, parfois diffusant, dans le monde entier, l’affaire à tue-tête, n’arrêtant pas de repasser la scène, en boucle, sept ou huit fois de suite, des journalistes, com-mentateurs sportifs, se perdant alors en spéculations, émet-tant des hypothèses quant à l’identité de jan, quant à la langue inscrite au verso

(...)

jan baetens, quant à lui, tournant le dos à l’affaire (...)

ne remarquant rien (...)

expliquant que tout cela, toute cette affaire de peau, ne serait possible qu’à condition de « se fondre dans le

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pay-sage » dirait jan baetens, ayant décidé, quant à lui, dès son arrivée, dès le premier jour, de se fondre dans le paysage, de porter, comme n’importe qui, des habits de n’importe qui, jan baetens se ruant, alors, dès son arrivée, n’importe où, achetant, alors, à peine sorti du car greyhound, dans la première boutique, des habits de n’importe qui, un stet-son de n’importe qui et une chemise à carreaux, des bottes du coin et un ceinturon, se fondant ainsi dans la masse, discrètement, se fondant ainsi dans le monde, discrète-ment, la discrétion étant, pour jan baetens, la « condition sine qua non pour faire peau », jan baetens, alors, faisant tout ce qu’il « conviendrait de faire » pour « faire peau », se ruant, dès lors, dès son arrivée, dans la « première boutique de fringues » dirait-il, et achetant tout ce qu’il « faudrait pour faire peau », passer discrètement en rue, « ou prendre le déjeuner, en compagnie d’un ami, dans un sushi bar » dirait-il, jan baetens ne revêtant, « rassure-toi » dirait-il, ni le stetson ni la chemise blanche à carreaux rouges par plai-sir mais en vue de « faire peau », ne s’imaginant pas parve-nir, ici, à « faire peau » en tenue « de n’importe qui venant d’ailleurs », jan baetens devant d’abord se « fondre », porter naturellement des habits de n’importe qui, mais de n’im-porte qui d’ici, en vue de « faire peau », d’arriver à « faire peau », rien ne garantissant qu’on « fasse peau », parvienne à coup sûr à le faire, « tu comprends ? » dirait jan baetens, « tu comprends ? »

(...)

« oui, bien sûr » (...)

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(...) dirais-je (...)

n’arrivant pas, pour ma part, à revenir à jan baetens, uni-quement jan baetens, un ami de longue date, séjournant dans un bled, je ne sais pas pourquoi, en Iowa ou ailleurs, au cœur des USA, en vue de « mener l’enquête », de pousser plus avant ce qui le tiendrait, ce qui le lierait aux USA, tant la bouche du type, du joueur des bulls, n’arrêterait pas de vociférer en boucle quelque chose, mais quoi ?, tandis qu’il brandirait encore et encore son ardoise, son petit carton blanc orné, énigmatiquement, de mots divers, totalement incompréhensibles mais à destination de jan baetens, « in-dubitablement » penserais-je, n’en revenant pas, par ma part, de l’incongruité de l’affaire

(…)

voilà, voilà, ça finirait comme ça, ou par quelque chose du genre, oui, la transformation de jan baetens en personnage de fiction, la transformation du monde en fiction, en peau sensible, supposément sensible, espérons-la sensible, croi-sons les doigts

oui

croisons les doigts, n’est-ce pas ? n’est-ce pas ?

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