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Innover : le super-devoir ?
MAULINI, Olivier
MAULINI, Olivier. Innover : le super-devoir ? Résonances , 2017, no. 3, p. 8-9
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:107329
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In nover: [e super-devoi r?
0livier Mautini
', ,
Uenseignante archarque: assignation lJenseignant innovant: entraînement
Anilie Hall,
WoodyAtlen,
1977 L'institutrice dltvy
Si nger devant
sa ctasse
captive
vlors-clÉs:
FTGURE oAUToRIÉ
MAGISTRALEDans la mythologie de l'enseignement, deux figures de l'autorité magistrale peuvent dominer alternativement
la première est celle del'assignation et
ducloisonnement;
la seconde, del'ouverture et
del'entraînement.
Du côtéfermé siègént
les reliques de<<l'école-caseJpgn,
à l'image de l'institutrice myope et rhumatisante de Woody Allen (dans Annie
Hall),du
professeur sadique de Pink Floyd (dans The Wall),ou des maîtresses revêches et psychorigides du Petit
Nicolas,de'Calvin et de Titeuf
(dans les bandes dessinées du même nom):toutes
incarnent l'archai'smeet lfhermétisme d'une institution scolaire
dépasséepar
lavigueur et la créativité d'une enfance d'abord
occupée àlui
échapper.Sur l'autre bord se démènent les vifs et brillants
outsiderc de la pédagogie dépoussiérée, telsI'aimable juge pour
enfantsViktor
Novak (dansL'lnsfit),
labelle
US Marine Lou Anne Johnson (dans DangerousMindsl ou f'anticonformiste John Keating (dans
Dead PoetsSocietyl: le savant présumé renonce ici au face-à-
Dead Poei,ts Peter
Weir,
1989 Leprofesseur Keating au mitieu
de
sesétèves captivés
face;
il séduit
les élèves revêchespour
les mener sans résistance vers des apprentissages activement désirés.En
somme: faites
l'écolè.à l'anciehne, et'voùs
seiez moquéspar
la jeunesse; Krmpez eninnovant,
et vous reprendrez sur etle unpouvoir
que vos collègues aigris secondamnent
àre9rett1.
,
Bien sûr,
tout cela'n'est'que fiction et caricature:.afin de nous faire rire ou rêver.
Maisjustement: quelle
moraletirer
de fables dttssi insistantes et stéréotypées?lJalternative
hollywoodienne
paraîtsimple:soit
leprof
est un zéro (sans
effet,
parce que désuet et borné),soit
c'est un héros(tout-puissant
car av'ànt-gardiste etfuté).
Son super-pouvoir serait celui de I'innovation, voire de la transgression: en
mettant
en cause les règles existantes au nomd'une intelligence
modernisée des missions de l'école, le déviant intrépide et charismatique dépasseraitparadoxalement en cornpétence les conformistes
sclérosés(Maulini,
2011). Faut-il en déduirequ'innover serait
devenu- à l'ère de l'accélération
sociale (Rosa,2010) - le super-devorr du parfait enseignant,
cewonder(wo)man à la fois
sérieuxet inventif, loyal et réflexit agent
irréprochable de I'Etat mais bien décidé- par
là même-
à lefaire
bouger?Résonances . Novembre 201 7 Mensuel de I'Ecole valaisanne
I
DOSSIERI
Nos
léférentiels
deformation
disentqu'un
professeur fiable devrait à la fois <maîtriser et exercer la profession>(telle qu'elle est) et <réfléchir sur sa pratique,
innovet
seformer>
(pour lafaire
évoluer). Le code dedéontologie:
des enseignants romands invite ses membres à <<soutenir
l'élaboration et l'adoption de projets
susceptiblesd'amener
uneamélioration
dans l'éducation>.<< Ua
lternative hottywoodienne
paraît
simple: soit [e prof est unzêro, soit c'est un héros.n
Le récent livre blanc Pour un humanisme scolaire affirme carrément que <l'évolution de l'école'et
les incontournables déf is à relevervoudraient
(..:) quetous
les enseignants fassent preuve d'initiatives quotidiennes,
d'inventivité permanente et
de systéinatiQues remisesen question:
lespionniers devraient être
l'ordina,ire>.Mêmerles cahiers.des charges (l'exernple est genevois) peuvent décréter que l'enseignant <contribue
fortement
' à l'évolution de sa profeSsion (,.;)' et,promeut
les rénovationset
les réformes>. Des nuances s'imposent,5!uisque patronner un changement collectif (une
Résonances . Novembre 2017 Mensuel de l'Ecole valaisanne
réforme) ou sa propre entreprise pionnière (une innovation) sont deux priorités
perpendiculaires,qui peuvent réciproquement contester
leurslégitimités.
Dans ce cas, innover serait moins nécessaire que débattre (sans
tabou
ni invective) des évolutions respectivement àsoutenir et à
éviter. Une sorted'ultime utopie:
sans zéros, ni héros, mais oùtout
le mondedirait
son mot?Référcnces
-r
Maulini, O. (201 1). Janus pédagogue, ou les deux images de l'enseignant. Résonances (Mensuel de l'école valaisanne), 9, 4-6.r
Rosa, H. (2010). Accélération. Une critique sociale du tèmps.Paris: La Découverte.
I
Un r<bon profr eit-il un prof ainnovantr?
<De mon voyage scolairg, je ne retjrp aucune certitude sur lq définition du'f bon prof". Je pg,gx juste constater, qu'à I'heure où l'école n'a plus le mongpole des conriatssances et où les enfqnt5 et les qdolescçn{ ont accès à un flux continu d'informationt ces enseignants ont un point commun: ils sont tous soudeux du fait que I'acte d'apprendre l'emporte sur les savoirs prédigérés. "Je n'ai pas l'impression d'innover, juste d'inventer des manières de faire pour aider les élèves à découvrir des savoirs", note par exemple Cécile Tamisier, professeure de physique- chimie au collège Jean Monnet à,Bénévent-l'Abbaye, Pour inviter ses élèves à dépassey leurs croyances et
à
:déconstruire leurs représentations,.elle s'emploie d'abord à "faire des sciences en les questionnant pas seulement à apprendre les sçiences". Face aux injonctions à. innoJer, tous ces profs me semblent alon plutôt se retrouver dans la belle formule de François Taddei, selon laquelle il importe avant tout d"'enseigner I'art de la question".
Autrement
dit
apprendre à apprendre.>rEmmanuelVaillant in Bonnes nouvelles de l'école
-
Cesprofs transforment l'Education nationale et vous ne le savez pas! (lC Lattèg 2017)
LE DOSSIER EN CITATIONS
Un professeur qui a marqué Léonard Gianadda
<<ll peut et doit faire de sa vie quelque chose de grandr,
écrivait à ses parents le professeur de Léonard Gianadda au Collège de Saint Maurice, le chanoine Allimann, eh 1947. Cette phrase résonne aujourd'hui comme une prophétie tant l'æuvre accomplie par l'ancien étudiant depuis des décennies a pris de l'ampleur.
çFaire de sa vie quelque chose de grand4 documentaire réalisé par Antoine.Cretton à I'occasion des 80 ans de Léonard Gianadda
https://youtu.be/FZR4Wbh3mkU
Le Nobel suisse Jacques Dubochet:
ul'étais très mauvais à I'écolen
Le nouveau prix Nobel de chimie suisse Jacques Dubochet raconte son parcours d'ancien dyslexique dans une interview à la RTS. <rTrès mauvais à lfécoler, il était
en
'train de nfoirer son collèger quand l'école vaudoise lui <a permis de continuer>.
http://goo.gl/aS43Fw