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SSR : les vrais enjeux du XXIe siècle !
BADILLO, Patrick-Yves
BADILLO, Patrick-Yves. SSR : les vrais enjeux du XXIe siècle ! La Tribune de Genève, 2018
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SSR: les vrais enjeux du XXIe siècle!
Patrick-Yves Badillo professeur UNIGE Medi@LAB 06.03.2018
L’initiative «No Billag» a été rejetée avec force. Ce résultat est déjà considéré comme normal et allant de soi. Ne minimisons pas ce résultat: d’aucuns voyaient déjà se profiler le démantèlement de tous les services publics européens. Ce résultat est une double victoire et ouvre la voie à l’analyse des vrais enjeux du XXIe siècle pour les médias.
La première victoire est celle de la Suisse et de son système de votation. Le débat a duré plusieurs mois. Les électeurs l’ont tranché avec une grande maturité. En effet, dans un grand nombre de pays, les citoyens auraient facilement été entraînés par les sirènes de la suppression de la redevance. L’argument est populaire, par principe. La maturité du peuple suisse a été de bien comprendre les tenants et les aboutissants d’une telle évolution.
La deuxième victoire est celle de la télévision publique. Son rôle est «re-légitimé». Les Suisses se sont montrés attachés à cette
télévision publique qui a aussi un rôle d’unificateur, de ciment «informationnel» et «culturel»
de la Suisse. Une troisième victoire sera beaucoup plus difficile à conquérir: répondre aux vrais enjeux du XXIe siècle.
Le débat suscité par «No Billag» était en fait un débat du XXe siècle, imprégné d’un certain libéralisme thatchérien voyant principalement l’audiovisuel public comme coûteux et inapproprié. Alors qu’un émiettement des médias est en place à travers l’essor de Netflix, YouTube et les réseaux sociaux… trois enjeux liés émergent. Le premier enjeu est générationnel. Une enquête, réalisée par France Télévisions, sur la génération des 18-34 ans en France a montré que cette génération se sentait «perdue» ou «sacrifiée». En Suisse, plus de 11 000 jeunes romands ont répondu à une enquête réalisée fin 2016 par la RTS. Cette génération se qualifie elle-même de «Y», d’«Internet». Mais seuls 15% des jeunes romands font confiance aux institutions religieuses, 24,4% aux médias, 32,7% au «politique»… tandis qu’à l’autre bout de la chaîne la police (63.3%), l’école (62.9%) inspirent confiance (source: enquête dépouillée par Medi@LAB). Le premier enjeu est donc d’informer, de divertir… de capter la confiance, l’attention et l’intérêt de la jeune génération. Le second enjeu est technologique.
Il est crucial que les médias suisses scellent une véritable alliance pour faire face à la concurrence mondialisée. Une nouvelle plate-forme, innovante et suisse, devrait devenir le vecteur de l’information produite par les médias suisses. Restera encore à résoudre le troisième enjeu, économique: comment les acteurs pourraient-ils disposer des flux financiers? Comment les financements publics devraient-ils être répartis? Là est le triple enjeu: inclure la nouvelle génération, disposer d’une plate-forme susceptible aussi de favoriser le drainage de flux financiers pour tous les acteurs du système médiatique suisse du XXIe siècle, c’est-à-dire la télévision publique et les éditeurs privés, mais aussi les TV et radio régionales, voire les nouveaux acteurs issus des réseaux sociaux et autres chaînes vidéo. Une sorte de quadrature du cercle numérique…
Patrick-Yves Badillo Professeur UNIGE Medi@LAB
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* unige.ch/sciences-societe/medialab À travers l’essor de Netflix, YouTube et les réseaux sociaux… trois enjeux liés émergents (TDG)
