• Aucun résultat trouvé

HONG, Yu Networking China: The Digital Transformation of the Chinese Economy. Urbana, Chicago et Springfield : University of Illinois Press.

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "HONG, Yu Networking China: The Digital Transformation of the Chinese Economy. Urbana, Chicago et Springfield : University of Illinois Press."

Copied!
5
0
0

Texte intégral

(1)

2019-2 | 2019

Au nom de l'État-parti, au service du peuple :

organisations de masse et de base dans la Chine du XXI

e siècle

HONG, Yu. 2017. Networking China: The Digital Transformation of the Chinese Economy. Urbana,

Chicago et Springfield : University of Illinois Press.

Compte rendu Séverine Arsène

Édition électronique

URL : http://journals.openedition.org/perspectiveschinoises/9791 ISSN : 1996-4609

Éditeur

Centre d'étude français sur la Chine contemporaine Édition imprimée

Date de publication : 1 juillet 2019 Pagination : 97-98

ISBN : 979-10-91019-31-6 ISSN : 1021-9013 Référence électronique

Séverine Arsène, « HONG, Yu. 2017. Networking China: The Digital Transformation of the Chinese Economy. Urbana, Chicago et Springfield : University of Illinois Press. », Perspectives chinoises [En ligne], 2019-2 | 2019, mis en ligne le 01 juillet 2019, consulté le 20 décembre 2020. URL : http://

journals.openedition.org/perspectiveschinoises/9791

Ce document a été généré automatiquement le 20 décembre 2020.

© Tous droits réservés

(2)

HONG, Yu. 2017. Networking China:

The Digital Transformation of the

Chinese Economy. Urbana, Chicago et Springfield : University of Illinois Press.

Compte rendu

Séverine Arsène

1 L’ouvrage de Yu Yong, Networking China, se situe d’emblée du côté de la critique du capitalisme, en détaillant les contradictions engendrées par l’immersion de la Chine dans les rapports de production mondialisés. Or les nouvelles technologies de l’information ont été « l’épicente » des transformations économiques et politiques des trente dernières années. C’est donc à travers le développement des infrastructures et des services numériques en Chine, depuis les années 1980, que l’auteure rend compte de ces contradictions.

2 Chaque chapitre aborde une couche technologique spécifique, couvrant la même période selon un éclairage différent : installation des réseaux de télécommunication, puis du réseau large bande, téléphonie mobile, audiovisuel et

(3)

convergence des médias, et enfin le numérique. L’ensemble repose sur des sources chinoises puisées dans la presse spécialisée, dans des rapports officiels et des bilans statistiques, ce qui compose une lecture très dense et documentée, au risque de perdre le lecteur dans les détails et la chronologie. Les conclusions en fin de chaque chapitre sont bienvenues pour mieux saisir l’argument global de l’auteure. Pris dans son ensemble, l’ouvrage relate une sorte de fuite en avant de l’investissement dans les télécommunications, mue par l’idée de « l’inévitabilité technologique » (p. 149). Les technologies de la communication sont vues à la fois comme l’horizon inéluctable du développement de l’économie mondiale, et comme le moyen par lequel l’économie peut trouver un nouveau souffle pour sortir des contradictions du capitalisme.

3 Ainsi, le choix de développer les télécommunications sur le territoire est-il apparu comme nécessaire pour permettre le développement économique du pays pendant les années 1980 et 1990, de même que le passage au haut débit puis à la fibre optique après 2008. Les tuyaux sont progressivement reconceptualisés, d’abord comme un levier de développement économique pour les entreprises chinoises et étrangères installées en Chine, puis comme un espace de diffusion et d’échange de contenus culturels. Pour que les réseaux n’entravent pas le développement des autres secteurs de l’économie, la priorité a été mise sur le transport de données (utile aux entreprises), sur le haut débit et sur le passage au numérique.

4 Cela s’est fait, à chaque fois, au détriment des objectifs d’accès universel dans les zones rurales, et des offres bon marché sur l’ensemble du territoire. Ainsi, l’auteure décrit la coexistence d’une surcapacité des infrastructures nouvelles, avec l’existence de régions entières mal connectées, et de besoins en information et en produits culturels non satisfaits ou trop chers.

5 Aujourd’hui, l’arrivée des géants du numérique dans un contexte de convergence des médias est présentée comme une promesse de résoudre les contradictions de ce modèle de développement en apportant de nouveaux services, des contenus, des débouchés et des modèles d’affaires plus solides. Lucratifs, ils semblent répondre à de réels besoins culturels ou en biens de consommation. Aussi le gouvernement chinois mise-t-il beaucoup sur la ville intelligente, et sur la transformation numérique de l’économie entière, notamment à travers le plan « Internet + », qui était une priorité au moment de l’écriture de l’ouvrage (2015). Plus récemment, on pourrait mentionner l’importance du plan « Made in China 2025 » qui prolonge et étend cette stratégie, notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle et de la robotisation.

6 L’une des vertus de l’ouvrage est de rentrer dans la complexité du capitalisme d’État chinois, et de sa place dans le capitalisme mondial. Dans les années 1980 et 1990, le choix d’ouvrir le marché à des investisseurs étrangers a permis l’avènement d’un modèle industriel tourné vers l’assemblage et l’exportation, créant ainsi de nouvelles chaînes d’approvisionnement qui ont remodelé l’économie mondiale. Ce choix a aussi fait entrer le secteur dans une logique d’entreprise, avec l’arrivée d’actionnaires privés et/ou étrangers au capital de certaines sociétés, et l’adoption de pratiques de gestion nouvelles en termes de ressources humaines par exemple. Même les sociétés considérées comme stratégiques, qui sont restées à capitaux publics, se sont converties à ces méthodes de gestion du fait des impératifs de rentabilité qui leur sont désormais imposés.

7 Ce modèle de développement a créé des inégalités sociales et territoriales, car les opérateurs, fournisseurs de services et de contenus sont désormais structurellement

(4)

encouragés à privilégier les segments de marché les plus rentables. Les programmes de subventions et les injonctions de l’État central (accès universel, programme de développement de la Chine de l’Ouest) n’ont pas suffi à contrebalancer cette dynamique. D’autre part, le travail temporaire et les bas salaires se sont développés au sein de ces entreprises, contribuant aujourd’hui au problème très aigu des conflits liés au travail en Chine.

8 Les difficultés du gouvernement central à peser sur la mise en place des objectifs de développement territorial montrent, par ailleurs, la complexité de ce modèle de développement « dirigé par l’État » et la contingence de la réussite ou de l’échec des politiques décidées par le centre. Les différentes administrations défendent parfois des visions contradictoires, tandis que les acteurs publics locaux peuvent entrer en collusion avec des sociétés transnationales, déplaçant les priorités pour assurer un meilleur retour sur investissement.

9 Enfin, l’ouvrage défend l’idée que les efforts pour rendre la Chine indépendante et faire remonter sa place dans l’échelle de valeur sont longtemps restés plutôt vains. Dans les années 1980 et 1990, le besoin de technologies étrangères a motivé l’ouverture progressive du secteur aux capitaux étrangers. Mais la Chine s’est trouvée, du même coup, dépendante des technologies étrangères. Du fait de sa place dans la chaîne de valeur mondiale, elle est aussi dépendante des marchés internationaux et de sa capacité à fournir de la main d’oeuvre bon marché. Pour l’auteure, la nécessité de maintenir des bas salaires, y compris en délocalisant vers les provinces de l’Ouest, empêche par là- même le développement d’un marché intérieur qui permettrait de réduire la dépendance de la Chine, et elle réduit les capacités d’investissement dans des technologies de pointe. Là encore, les géants du web apparaissent porteurs de promesses pour franchir le saut technologique nécessaire, et développer le marché domestique.

10 Si l’ouvrage, publié en 2017, porte sur des données datant de 2015, il fournit des clés de compréhension essentielles pour saisir les soubresauts qui agitent le domaine des télécommunications aujourd’hui. La tourmente dans laquelle est plongée Huawei, interdite d’accès aux marchés publics dans plusieurs pays par crainte de risques sur la cybersécurité, et les frayeurs de ZTE, temporairement privée de ses fournisseurs américains de puces électroniques à cause de sanctions américaines dans un contexte de guerre commerciale, ont montré combien les enjeux sont stratégiques pour la Chine.

Le gouvernement chinois place désormais le développement de technologies indigènes au premier rang de ses priorités, particulièrement en ce qui concerne les semi- conducteurs et l’intelligence artificielle. Le rôle central joué par les plateformes Baidu, Tencent, et Alibaba comme financeurs des infrastructures, innovateurs, explorateurs des nouveaux marchés, et promoteurs de nouvelles normes mondiales, apparaît aussi plus clairement.

11 Peut-être faudra-t-il, néanmoins, terminer la lecture de l’ouvrage en s’interrogeant sur les transformations récentes qui ont modifié l’équilibre des forces entre les parties prenantes, et les priorités politiques : l’ouverture aux marchés internationaux continuera-t-elle à primer, alors que le marché chinois a atteint une taille critique, et que les considérations stratégiques sont désormais placées plus haut dans l’échelle des priorités ?

(5)

AUTEUR

SÉVERINE ARSÈNE

Séverine Arsène est chercheuse associée au Médialab, Sciences Po, France.

severine.arsene@sciencespo.fr

Références

Documents relatifs

When C 0 ⊂ X has minuscule multiplicity C k at p with the corresponding minus- cule representation V, we define (When X is a del Pezzo surface, we use lines in X to construct

Combining Theorem 1.2 and the Peterson–Woodward comparison formula (Proposition 2.1), we can obtain many nice applications, including alternative proofs of both the quantum Pieri

2 Le titre du livre peut porter à confusion: Buddhism and Science ne cherche pas à démêler le vrai du faux dans le discours associant, souvent avec ferveur, bouddhisme et

Toutefois, dans le comté de Hancock, il arrive qu’en certaines de ces occasions, Noirs et Blancs transgressent les interdits, à condition que cela ne s’inscrive ni

On était là dans la commu- nauté chrétienne indigène la plus considérable de l'Inde (20.000 fi- dèles), mais aussi en face de rivaux redoutables^ les anglicans, qui y avaient

Col d'un vase de cette forme; couleur rouge; bandes blanches... AutrC;, de

Inter segetes insulae Majoris prope Esporlas.. in

For evolutionary constraints, our interest is, rather, in the principal components of G with the smallest amounts of genetic variation, since in these directions, selection could