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REVUE ENVIRONNEMENT MARIN ET AVENIR DES TRAVAILLEURS DE LA PÊCHE

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Texte intégral

(1)

ENVIRONNEMENT MARIN ET AVENIR

DES TRAVAILLEURS DE LA PÊCHE

SAMUDRA-Revue n

o

2 — Octobre 1989

R E V U E

(2)

…

Editorial . . . .p. 3

…

Après le Symposium de Lisbonne : neuf recommandations

à mettre en æuvre . . . .p. 4

…

Lomé IV: l'appel des travailleurs de la pêche

sera-t-il pris en compte? . . . .p. 7

…

Canada: autopsie d'une grève . . . .p. 12

…

Conférence de Bangkok : l'avenir des travailleurs de la pêche

et l'évolution du secteur à l'échelle mondiale . . . .p. 14

…

Nouvelles du monde : du Chili au Pacifique Sud en passant par l'Afrique,

l'Inde, la Thailande . . . .p. 17

…

Correspondances . . . .p. 22

ADRESSE

Pour l'envoi de correspondance : Publications SAMUDRA

ICSF - Liaison Office 65, rue Grétry

B-1000 BRUXELLES - Belgique

Veuillez nous péciser si vous êtes intéressés par nos différentes publications :

SAMUDRA - Revue SAMUDRA-Dossier SAMUDRA - Monographie

En cas de changement d'adresse, veuillez nous le signaler.

REDACTION

Comité de Rédaction

John KURIEN - Trivandrum (Inde) Luis MORALES - Santiago (Chili)

Jean-Philippe PLATTEAU - Namur (Belgique) Rédacteur en chef

François BELLEC

Secrétariat

Publications SAMUDRA ICSF - Liaison Office 65, rue Grétry

B-1000 BRUXELLES - Belgique

SOMMAIRE

(3)

PROTEGER LES EAUX C’EST PROTEGER LA VIE

Réchauffement du globe, diminution critique de la couche d’ozone, extension continue des déserts, pollution des rivières et des océans... La planète terre est en danger. Et, avec elle, la vie.

Des modèles de développement basés sur le seui profit aétruisent chaque jour l’environnement, sapent l’équilibre fragile des écosystèmes, épuisent les ressources naturelles.

En ce qui concerne la mer, la sur-exploitation des richesses halieutiques par une pêche industrielle utilisant des techniques ultra-performantes met en péril non seulement l’avenir des pêcheurs mais aussi l’équilibre marin et par voie de conséquence l’équilibre terrestre. On oublie en effet trop souvent que la mer, qui recouvre 70 % de la surface de la terre, joue un rôle essentiel à l’égard de celle-ci en entretenant ce qui est nécessaire à sa vie.A cette sur-exploitation, qui malheureusement se poursuit en dépit de la juridiction sur les zones économiques exclusives (ZEE), il faut ajouter le problème de la pollution par le rejet en mer des déchets industriels et domestiques (matériaux toxiques de diverses origines: chimiques, radio-actifs, ...). Les pays industrialisés ne savent comment se débarrasser de leurs déchets polluants et potentiellement dangereux qui représentent quelque 300 millions de tonnes par an ! La tentation est grande de considérer la mer comme une poubelle et de négocier l’immersion de ces déchets avec des pays maritimes du Tiers-monde à la recherche de devises pour rembourser leurs lourdes dettes.

On pourrait y ajouter le million et demi de tonnes de mazout répandus chaque année par les pétroliers à la surface des océans, la radio-activité due aux expérimentations d’armes nucléaires et bien d’autres choses encore.

Le développement d’une agriculture productiviste, basée sur une utilisation excessive d’engrais et de pesticides a entraîné également au cours de ces dernières années une détérioration des rivières et des eaux situées le long des côtes et, consécutivement, porté atteinte à la flore et à la faune des plateaux continentaux.

Dans certaines régions tropicales, le développement de l’aquaculture à grande échelle - l’élevage extensif de crevettes pour l’exportation par exemple - a entraîné la destruction de mangroves qui constituaient une garantie pour l’équilibre du littoral et l’alimentation des populations locales.

Toutes ces pratiques ont des conséquences graves sur l’environnement marin et la vie des hommes. En effet les effets polluants dus à la croissance des villes, des industries et de l’agriculture ne se confinent pas dans la zone économique exclusive d’aucune nation. Il traversent les mers et vont d’un pays à l’autre... et par la voie des chaînes alimentaires aboutissent un jour ou l’autre dans notre assiette !

Nous vivons de plus en plus dans un monde interdépendant. Il est urgent de lutter pour la défense et la qualité de l’environnement marin comme de tous les autres. Les travailleurs de la pêche l’ont bien compris qui de plus en plus luttent pour la défense de leur patrimoine commun et l’avenir de leur profession. On l’a vu récemment en Inde où - en dépit d’une répression policière - une marche des travailleurs de la pêche a rassemble des dizaines de milliers de personnes sur les côtes orientales et occidentales avec cet appel pressant adressé aux pouvoirs publics : “Protégez les eaux, protégez la vie !”

François BELLEC

Rédacteur en Chef

Editorial

SAMUDRA 2/89 - Page 3

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L’évènement

Cette rencontre s’est déroulée dans un contexte de crise mondiale des pêches côtières et un état de l’environnement marin relativement inquiétant, mettant en cause l’avenir des travailleurs de la pêche et de leurs familles. L’échange particulièrement riche entre pêcheurs et responsables d’organisations de pêcheurs du Nord et du Sud, mais aussi entre pêcheurs et scientifiques a permis de franchir des pas importants dans la compréhension des divers contextes et situations et d’avancer sur le terrain d’une plus grande solidarité internationale. Ce fut, sans nul doute, l’un des aspects les plus positifs de ce symposium.

Le droit à l'organisation

Les interdépendances Nord-Sud, Sud-Sud et Nord- Nord sont ainsi apparues de manière encore plus évidentes.

Cependant, dans nombre de pays des Tiers-mondes, “ la dégradation de l’environnement est due au transfert de modèles de développement venus de pays dits développés ou aussi de pêche intensive comme par exemple celle de la crevette qui est destinée essentiellement à l’alimentation de luxe des Japonais et des Nord- américains et nullement aux populations indiennes“, comme l’a souligné John Ku-rien (Inde).

Pour faire face aux problèmes énormes de la sur- exploitation des eaux des pays du Sud par les flottes hauturières des pêches industrielles du Nord et du Sud, l’organisation des travailleurs de la pêche s’avère être d’une importance capitale. Cette priorité a été mise en relief et fortement soulignée lors du Symposium comme le laissent apparaître les recommandations ci-dessous.

Autre aspect important : la question de la gestion des ressources halieutiques. L’épuisemement des stocks de poisson dans les eaux du Nord autour des années 60 a provoqué une irruption des flottes industrielles des pays du Tiers-monde. Très rapidement cette arrivée massive de

chalutiers à haute capacité de pêche devait entraîner à son tour un épuisement de certains stocks dans les pays du Sud.

Ce fut le cas par exemple pour l’anchois du Pérou même si d’autres facteurs - en particulier les variations du courant El Nino - sont à prendre en considération, ainsi que l’a montré Gunnar Saetersdal (Norvège) dans son intervention.

S’est posée alors de manière aiguë la question de l’urgence de maîtriser la gestion des stocks afin de préserver l’avenir. Si le Symposium a fortement insisté sur l’urgence de disposer de données scientifiques fiables il a aussi nettement affirmé qu’il n’y avait pas de gestion sérieuse sans volonté politique de la part des Etats de mettre en application les mesures résultant de ces données. Le nouveau Droit de la mer renvoie les pays maritimes devant leurs responsabilités, encore faut-il que les accords de pèche soient contractés pour servir les intérêts des populations et non, uniquement, comme source de devises pour les Gouvernements.

Ce qui est applicable aux Etats l’est aussi au plan international. Gunnar Saetersdal a fait remarquer que, déjà dès les années 50, “ de grandes avancées ont été faites dans la création de cette science particulière qui traite de l’exploitation des ressources halieutiques. Mais l’instrument politique international qui aurait permis de faire usage des conseils des scientifiques n’a pas suivi. “

Le symposium a fortement insisté sur la nécessité impérieuse d’associer les organisations de travailleurs de la pêche à la mise en œuvre de politiques de gestion des stocks.

“ Protégez les eaux, protégez la vie “

Problèmes de gestion des ressources mais aussi protection et respect de l’environnement. Cet aspect a fait

Symposium de Lisbonne

NEUF RECOMMANDATIONS A METTRE EN ŒUVRE

Une centaine de personnes - pêcheurs, responsables d’organisations de pêcheurs, scientifiques, techniciens et supporters - originaires de 25 pays différents, du Nord et du Sud, ont confronté durant huit jours à Lisbonne (19-24 juin) leurs expériences et leurs réflexions sur les questions de l’environnement marin et de l’avenir des travailleurs de la pêche.

Cette rencontre internationale a pu se dérouler avec succès grâce à l’action conjointe d’ICSF,

d’OIKOS (Portugal), du Programme mer du CCFD (France). De nombreux pêcheurs portugais ont participé

à ce Symposium. Le Portugal avait été retenu pour ce meeting à cause de sa grande représentativité en

Europe en matière de pêche artisanale : 80 % des pêcheurs portugais sont, en effet, des pêcheurs artisans.

(5)

l’objet d’interventions marquées qui ont insisté sur l’importance de défendre l’environnement marin contre les pollutions industrielles (déchets chimiques, nucléaires, etc.) ou les détériorations du littoral consécutives à une agriculture productiviste (utilisation abusive d’engrais polluant les nappes phréatiques et par voie de conséquence les plateaux continentaux. Cette pollution fut fortement dénoncée au cours du symposium par un pêcheur philippin, Sofronio Balagtas, qui demanda avec insistance aux scientifiques de faire connaître encore davantage ces situations qui mettent en péril l’avenir de la vie.

Certaines interventions régionales ont aussi souligné les rôles variés des femmes dans le domaine de la pêche et demandé qu’on prenne en compte les conditions de vie des enfants des pêcheurs. En plus du rôle économique qu’elles peuvent avoir, les femmes sont indubitablement un élément important de continuité dans la mesure ou la majorité d’entre elles restent à terre. Elles jouent un rôle social essentiel mais aussi un rôle politique. Ce sont souvent elles qui sont amenées à faire pression auprès des pouvoirs publics pour faire aboutir les revendications des travailleurs de la pêche. Elles jouent en outre, un rôle important dans la sauvegarde de l’environnement.

Les problèmes de commercialisation n’ont pas été absents des débats. Comme pour le remboursement de la dette du Tiers-monde (flux inversés du Sud vers le Nord) ce sont les pays pauvres qui nourrissent en poisson les pays riches. “ La divergence au niveau de l’approvisionnement est dû en partie au fait que les pays développés ont importé plus de poisson qu’ils n’ont exporté, tandis que les pays en développement ont exporté plus de poisson qu’ils n’en importaient (44 % d’exportation et 12,2 % d’importation) “, devait déclarer George Kent (Hawaï). Ceci se fait bien évidemment au détriment de l’alimentation des pays du Tiers-monde.

Il a été précisé d’autre part qu’il serait souhaitable que les négociations dans le cadre des accords de Lomé se déroulent, non plus de façon individuelle, (chaque pays ACP avec la Communauté Européenne) mais par régions. Cela implique, en contre-partie, un renforcement des organisations de pêcheurs afin de pouvoir faire pression auprès des décideurs.

Plus largement, ne faut-il pas réfléchir le problème de la commercialisation sous l’angle des échanges Sud-Sud et pas seulement Nord-Sud ? Cela implique la mise en place d’infrastructures pour la conservation, la commercialisation, et une politique des prix.

Enfin le Symposium a abordé la question de l’Europe Bleue, ou politique commune des pêches en Europe.

L’essor et la défense de la pêche artisanale en Europe a été fondée sur la maîtrise des marchés à travers la mise en place d’organisations de producteurs. Ces organisations ont permis de maitriser les cours. A présent se pose, avec acuité, la question de la réduction des captures. “ Ce problème n’est pas simple, a fait remarquer Joseph Le Gall (France). Comment gérer un marché, une flotille dans un

contexte de réduction de captures ? Actuellement le dialogue est dans chaque pays. Devra-t-il s’étendre à l’Europe?”

Deux conceptions s’affrontent dans le cadre de l’Europe Bleue: une Europe des marchands basée sur l’exploitation des ressources du Sud, une Europe des pêcheurs qui tient à assurer la survie des travailleurs de la pêche artisanale. Il y a convergence d’intérêts - et les participants au Symposium l’ont expérimenté - entre ces derniers et les organisations de pêcheurs artisans du Sud. Une coopération entre les deux parties est donc à développer au plus vite.

Des guides pour l’action

Afin de concrétiser tout cet échange, le Symposium a adopté, après amendements, une série de neuf recommandations qui peuvent guider l’action des diverses organisations de pêcheurs et la recherche des scientifiques pour les mois à venir (voir page 6). Il va de soi qu’elles n’auront de valeurs que si elles sont mises en œuvre à tous les niveaux.

Ces neufs recommandations affirment avec force la volonté des pêcheurs de participer à la définition et à la mise en œuvre de politiques de pêche au plan national et international. Cela ne pourra se faire sans reconnaissance du droit des travailleurs de la pêche à s’organiser en associations, en syndicats, en coopératives... Cet aspect est fondamental et conditionne l’avenir de la profession.

Comment en effet, faire entendre autrement la voix des travailleurs de la pêche auprès des Gouvernements et des Institutions internationales ? Comment défendre et appuyer les revendications pour qu’elles aboutissent ? Les défis qui se posent aujourd’hui aux travailleurs et à leurs familles sont tels que seul un développement des organisations peut espérer les relever.

Les recommandations soulignent également les problèmes ayant trait à la protection des eaux et du littoral.

La qualité de l’environnement marin est devenue aujourd’hui une priorité et la condition majeure pour garantir l’emploi, l’avenir et la nourriture des travailleurs de la pêche. Cet aspect écologique est aussi étroitement lié à la question de la gestion des ressources.

Les recommandations visent également la valorisation du rôle des femmes dans la profession, la prise en compte par la recherche scientifique des savoir-faire des pêcheurs.

Y figurent également le délicat problème de l’accès des flotilles étrangères dans la zone économique exclusive de chaque pays, la réorganisation du système international de commercialisation des produits de la pêche en faveur des populations des Tiers-mondes, et enfin la question de l’Europe Bleue et des accords avec les pays ACP.

SAMUDRA 2/89 - Page 5

L’evenement

F Une synthèse des travaux du Symposium a été réalisée par Michaèl Belliveau (20 pages). Quelques exemplaires sont encore disponibles au Secrétariat d’ICSF.

F Un choix de téxtes de divers intervenants au Symposium sera publié dans le numéro 2 de SAMUDRA-Dossier. Les textes paraîtront dans leur langue d’origine. Un numéro en français paraitra par la suite.

(6)

1 Le droit pour les travailleurs de la pêche de s’organiser eux-mêmes est la pierre angulaire du développement de la pêche artisanale.

Les Gouvernements et les institutions inter- nationales doivent reconnaître les organisations de pêcheurs et respecter leur autonomie.

2 La qualitié de l’environnement est une condition majeure pour garantir que l’emploi, la nourriture et le revenu seront disponibles pour les populations côtières.

La protection de la mer et du littoral est une priorité.

Les organisations des travailleurs de la pêche et les Gouvernements devraient participer conjointement à l’élaboration des politiques d’aménagement du littoral et de protection des resources aquatiques.

3 La gestion de la ressource doit être mise en œuvre conjointement par les organisations des travailleurs de la pêche et les Gouvernements.

La ressource doit demeurer propriété collective.

Les méthodes de gestion de la ressource devraient être intégrées dans une politique globale des pêches qui tient compte des objectifs sociaux, économiques et écologiques.

4 Le rôle des femmes dans le secteur des pêches est reconnu et doit être soutenu.

Leur capacité à àssurér la défense et la promotion de leurs intérêts économiques, sociaux et culturels doi être renforcée.

Les conditions de vie des enfants des travailleurs de la pêche devraient faire l’objet d’une attention particulière.

5 La recherche scientifique doit prendre en considération le savoir-faire des travailleurs de la pêche et respecter leur culture.

Les scientifiques qui “reconnaissent l’impor- tance de l’environnement devraient s’enga-

ger eux-mêmes à soutenir les organisations de travailleurs de la pêche afin de les aider à défender leurs droits d’accès aux ressources aquatiques.

6 L’accès des bateaux de pêche étrangers à la zone économique exclusive (ZEE) doit être soumis, dans tous les cas, à l’approbation des organisations locales de travailleurs de la pêche.

Une zone côtière doit être réservée à la pêche artisanale.

Les bateaux de pêche étrangers pêchant dans les ZEE doivent être équipés de balises repérables par satellite afin que leurs activités puissent être contrôlées.

L’extension de cette méthode de contrôle à l’échelle nationale et internationale devrait être discutée dans le cadre des Nations Unies.

7 Le système international de commercialisation de la pêche devrait être réorienté afin de privilégier les intérêts des travailleurs de la pêche et des populations du Tiers-monde.

Une part de l’argent provenant des accords de pêche devrait être utilisée pour l’organisation des marchés locaux et régionaux.

8 L’Europe Bleue doit être en priorité une Europe des travailleurs de la pêche.

Des évaluations conjointes des effets de la politique de l’Europe Bleue et des accords de pêche avec les Etats ACP (Afrique, CaraÏbes, Pacifique) doivent être réalisées par la Commissions européenne, les Etats ACP et les organisations de travailleurs de la pêche des Etats ACP.

Les mêmes recommandations s’appliquent à la région Atlantique Nord.

9 Une politique de coopération doit être mise en œuvre d’une manière concertèe par les organisations des travailleurs de la pêche du Nord et du Sud.

Elle répond aux besoins d’un monde interdépendant.

RECOMMANDATIONS DE LISBONNE

L’évènement

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SAMUDRA 2/89 - Page 7

L’APPEL

DES TRAVAILLEURS DE LA PÊCHE SERA-T-IL PRIS EN COMPTE ?

Les négociations des nouveaux accords de Lomé* concernant, au plan des pêches, une vingtaine de pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) se poursuivent depuis près d’un an. Tout va se jouer en novembre / décembre prochains. Les textes des accords ne seront connus qu’en janvier 1990.

ICSF - à travers son antenne européenne - a cherché dès le début des négociations à être le porte- parole des revendications des travailleurs de la pêche auprès des représentants de la Communauté Economique Européenne (CEE) et des pays ACP. Objectif : faire en sorte que - contrairement aux accords de Lomé III qui n’ont pas eu d’effets particulièrement positifs pour les communautés de pêcheurs du Sud - un certain nombre de recommandations soit prises en compte et intégrées.

Pour mener à bien cet objectif, ICSF a lancé une Campagne à trois niveaux :

F

information des ONG d’Europe de l’importance des enjeux liés au développement de la pêche artisanale dans les pays du Sud. Suite à un séminaire organisé par le Bureau Européen de l’Environnement (BEE) des propositions de modifications des textes officiels des accords de Lomé ont été élaborés. De son côté, le Comité de liaison des ONG européennes s’est montré attentif aux revendications des travailleurs de ce secteur et a publié le texte ci-dessous dans sa revue mensuelle d’avril 89 (Lomé Briefing n° 8). Ce texte a été porté à la connaissance des représentants de la CEE et des pays ACP.

F

ouverture d’une enquête auprès des ONG africaines afin de rassembler des témoignages concernant la situation des travailleurs de la pêche consécutive à l’application des accords de Lomé III : investissements étrangers, rivalités entre secteur industriel et artisanal, mise en valeur des ressources halieutiques, problèmes d’environnement, d’emploi, de législation, etc...

Plusieurs témoignages sont parvenus au Secrétariat de liaison qui en publiera une synthèse prochainement.

F

tenue d’une rencontre avec des représentants d’organisations de travailleurs de la pêche et des scientifiques des pays du Nord et du Sud à Lisbonne (Portugal) en juin 1989 afin de mobiliser les travailleurs de la pêche des pays du Nord sur les questions de l’environnement marin, de la gestion des resssources et des conséquences de la Politique commune dès pêches appelée aussi Europe Bleue.

Des recommandations se sont dégagées de ce Symposium (c.f. article pages 4 à 6) qui viennent enrichir celles figurant à la fin du texte ci-dessous.

Document

La pêche industrielle et la pêche à petite échelle :

concurrence pour les ressources et autres contradictions.

Pour certains Etats ACP, la pêche côtière est une source importante de devises, car c’est dans les eaux territoriales - c’est-à-dire dans la limite de leur zone économique exclusive (ZEE) - souvent dans les eaux relativement peu pro- fondes du plateau continental que l’on trouve les espèces chères comme les crevettes, les homards et les

crabes. De plus, la pêche côtière dans les Etats ACP fournit nourriture et emploi à une partie importante de la population, et offre de grandes possibilités pour le développement technique et économique national.

La capacité contributive de la pêche au revenu national et à la sécurité alimentaire varie beaucoup suivant les pays et les régions. Dans la région de l’Océan Indien, par exemple, le Mozambique et Madagascar tirent une grande part de leurs devises de l’exportation des produits de la pêche, mais celle-ci contribue peu à la sécurité alimentaire au niveau national. Ceci est largement dû au fait que ces pays, en proie à la nécessité d’obtenir des devises,

* Les accords de Lomé (du nom de la capitale du Togo) sont des conventions concernant le commerce entre la Communauté Economique Européenne (CEE) et 66 pays d’Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP). Les premiers accords remontent à 1975 (Lomé I). Actuellement se négocient les accords de Lomé IV.

Lomé IV

(8)

se sont fortement axées sur la création d’entreprises communes (“joint ventures”) avec des sociétés de pêche á des pays industrialisés, ou ont accordé des licences de pêche à des flottes étrangères. En conséquence, l’effort d’investissement nécessaire a été orienté vers la pêche industrielle même si ces économies, accablées par le poids de la dette mais aussi par une malnutrition quasi généralisée, envisagent dans leurs plans nationaux le développement de la pêche à petite échelle.

L’attention est accordée à ce microsecteur pour des raisons politiques et humanitaires, car dans ces pays, le sous-emploi, les structures de la propriété foncière, la sécheresse, la désertification ou la guerre ont conduit un nombre considérable de personnes a quitter l’intérieur du pays pour les zones côtières

Perspectives générales : créer un espace

pour la pêche artisanale

Le secteur de la pêche maritime s’appuie sur une base de ressources fragiles ; une mauvaise gestion et une surexploitation peuvent facilement mener à un non renouvellement de ces ressources. Jusqu’à quel point peut-on poursuivre la pêche au chalut dans les pays en développement est une question controversée, étant donné qu’il est généralement admis que la plupart des zones de pêche et des espèces connues ont presque ou déjà atteint leur limite d’exploitation. Les chalutiers et les gros bateaux traditionnels - dont la propriété est parfois internationale - concurrencent dangereusement le secteur artisanal local. Les chalutiers bien équipés peuvent très rapidement vider une zone très poissonneuse en mer profonde et se diriger alors vers les eaux peu profondes pour rechercher les espèces chères. A titre d’exemple, au large de l’Afrique de l’Ouest, il est clair que certaines flottes sont moins intéressées aujourd’hui par la pêche au thon en haute mer, et sont capables de s’adapter à de nouvelles technologies et se déplacer vers d’autres mers. La pêche sauvage au chalut dans les bancs de crevettes le long de la côte de la Guinée Bissau en est un parfait exemple.

Dans la pêche côtière, comme elle est pratiquée en Afrique de l’Ouest, tant les petites entreprises que les grandes ont un rôle à jouer. Toutefois, les plus grandes (et les plus puissantes) ne devraient pas être autorisées à empiéter sur les activités des plus modestes et mettre en danger le viabilité de la pêche artisanale ainsi que le potentiel des ressources côtières naturelles, pour réaliser leurs objectifs financiers à court terme, que les accords de pêche ont tendance à favoriser. Les chalutiers et autres bateaux industriels rejettent à la mer d’énormes quantités de poissons bon marchés nécessaires à la vie de la population et détruisent souvent aussi le matériel traditionnel de pêche, comme les filets fixes, qui se trouvent sur leur passage. Le succès d’un programme de développement de la pêche côtière à petite échelle se mesurera à sa capacité de rechercher une véritable complémentarité et coordination avec les entreprises de pêche industrielle, même si cela signifie que les intérêts des gros tonnages devront être réduits.

De plus, les pêcheurs artisanaux sont contraints de rivaliser avec des navires plus importants et équipés d’une technologie plus “efficace”, non seulement pour s’approvisi- onner en ressources naturelles mais aussi pour obtenir

des fonds pour leur développement et avoir accès au système de commercialisation à des conditions acceptables.

Et ce, malgré le fait que la pêche artisanale est la clé d’un développement de la pêche à long terme et que les investissements sont plus rentables dans ce secteur. Elle requiert des intrants moins chers et offre une meilleure possibilité d’utilisation de qualifications diversifiées. Les pêcheurs artisanaux ont aussi tendance à utiliser plus rationnellement leurs prises et les ressources mises à leur disposition, offrant ainsi des aliments de qualité à un meilleur prix et sur une base plus régulière.

Comme les programmes ayant pour objectifs la sécurité alimentaire et la stabilité financière se concurrencent pour les même ressources - le poisson, l’argent et la main- d’œuvre - il faut, si l’on veut concilier les deux objectifs, les inscrire dans une même stratégie à long terme. En pratique, cela signifie que la volonté d’un gouvernement de développer la pêche à petite échelle doit être suffisamment forte pour offrir à ce secteur les conditions nécessaires -en termes de formation, de licences, de contingents, d’investissement, de recherche, de contrôle, etc - afin de lui permettre de pêcher pour l’exportation comme pour le marché local.

Il est certain qu’il faut subventionner les investisse- Nettoyage de poissons sur une plage en Casamance (Senegal)

Document

(9)

ments dans les domaines de la pêche artisanale qui peuvent difficilement être viable du point de vue financier (comme le stockage et les infrastructures commerciales) étant donné le faible pouvoir d’achat des collectivités locales. Cependant, les subventions ne peuvent pas constituer une base économique et organisationnelle solide : il est aussi nécessaire pour le secteur de la pêche à petite échelle d’être en mesure de réinvestir une partie de ses recettes. La pêche artisanale traditionnelle offre de grandes possibilités de développement parce qu’elle s’appuie sur un milieu porofessionnel compétent et expérimenté et sur une structure sociale stable. Parallèlement, des gens sans expérience en la matière s’orientent de plus en plus vers la pêche pour assurer leur subsistance alimentaire et leurs revenus. C’est surtout le cas pour les personnes déplacées pour des raisons économiques, politiques ou écologiques.

Les nouvelles communautés de pêcheurs, qui n’ont pas une longue tradition de la pêche, ont également besoin de soutien approprié. Mais il ne faut pas oublier que développement ne rime pas avec assistance, ni avec marginalisation.

La pêche et la sécurité alimentaire dans un système commercial totalement libéralisé

L’importance des ressources halieutiques dans l’approvisionnement alimentaire des pays en développement a été soulignée dans la dernière étude de la FAO sur l’alimentation mondiale (1987). Dans les pays ACP, le niveau de consommation des poissons de certains Etats insulaires diffère beaucoup de celui des pays enclavés, où le poisson est une denrée marginale, voire inexistante, dans un régime national déjà pauvre en protéine.

Des facteurs indépendants du prix et de la disponibilité peuvent empêcher l’approvisionnement en poisson là où il serait le plus utile. Le manque de moyens adéquats pour le transporter, le stocker et le traiter oblige les pêcheurs à le vendre aux commerçants exportateurs de la côte plutôt qu’à ceux de l’intérieur. Cette situation non seulement prive les populations locales de denrées indispensables mais les produits exportés achetés à un prix très bas sont ensuite vendus moins cher·à la population du pays importateur (dans la CE par exemple) que ceux des pêcheurs du même pays.

Dans le cadre d’une stratégie globale pour la sécurité alimentaire dans les pays en développement, aucun effort ne devrait être épargné pour encourager tous les acteurs de la

“chaîne du développement” à accroître la contribution du poisson aux régimes faibles en protéine et à le rendre plus disponible aux pauvres vivant dans des régions qui n’ont pas un accès direct à cette denrée. A cette fin, nous devons d’abord examiner le commerce international des produits de la pêche. Il ressort clairement des statistiques publiées par la FAO que des pays riches achètent (parfois pour fabriquer des aliments pour le bétail) du poisson nécessaire à l’alimentation des pays pauvres et que ces derniers, pour combler la différence, achètent du poisson de plus faible qualité aux pays plus riches. Il faut bien analyser ces anomalies, recueillir des informations et les diffuser pour créer la volonté politique et les moyens du changement.

Lomé III : les accords de pêche concurrencent le développement de la pêche dans les Etats ACP

Lomé III a fait un grand pas en avant en créant la base de développement général de la pêche qui non seulement répond aux besoins des Etats ACP côtiers et enclavés mais rend compte également du rôle (et de la légitimité) des accords de pêche conclus avec les flottes de la Communauté.

Les accords de pêche sont les instruments qui permettent aux flottes de la CEE d’avoir accès, sous licence, aux eaux ACP.

En contrepartie, les Etats ACP reçoivent de la Communauté et des armateurs une compensation financière ainsi que des concessions portant sur l’emploi et la formation de ressortissants ACP, le transfert de technologie, la recherche, la présence d’observateurs à bord et l’utilisation de prises accessoires.

La CEE est contrainte de négocier des accords de pêche avec les Etats ACP en raison de la reconnaissance quasi unanime des 200 milles de zone économique exclusive (ZEE), du récent élargissement de la flotte de la Communauté (qui a presque doublé avec l’entrée de l’Espagne et du Portugal en 1986) et de l’épuisement progressif de ses propres lieux de pêche dans les mers africaines. Si la CEE reconnait la nécessité de préserver l’emploi dans la flotte espagnole, elle pourrait aussi adopter des mesures pour garantir que les communautés des Etats ACP, qui sont économiquement encore plus vulnérables, ne paient pas le prix du maintien d’une flotte européenne.

Par ailleurs, la politique commune de la CEE en matière de pêche ne reconnaît pas suffisamment dans la pratique le rôle traditionnel joué par les communautés de pêche artisanale dans les sociétés côtières européennes, alors que la CEE a de plus en plus le pouvoir d’empêcher que ses côtes ne soient livrées à un développement industriel ou touristique excessif entraînant un degré élevé de pollution. Une meilleure gestion de l’environnement marin et des ressources naturelles des eaux européennes diminuerait le besoin pour les pêcheurs européens de pêcher dans les eaux du Tiers-monde.

Bien qu’il y ait peu d’évaluations systématiques, des rapports indiquent qu’en dehors de la simple satisfaction des besoins strictement commerciaux de l’armateur, les accords de pêche ACP-CEE n’ont pas été particulièrement fructueux La formation a été peu assurée et peu de poisson a été débarqué pour la consommation locale parce que l’armateur n’a aucun intérêt commercial à le faire. En outre, les signataires ACP des accords de pêche n’ont pas les moyens d’assurer que les flottes industrielles n’empiètent pas sur les zones côtières qui sont parfois théoriquement réservées aux pêcheurs traditionnels.

Dans certains cas, - par exemple certains gros navires congélateurs espagnols et portugais péchant au large du Mozambique - lorsque les captures ne sont pas débarquées sur les côtes locales, elles ne sont pas. prises en compte. Comme l’Etat ACP n’a aucun contrôle sur la commercialisation des captures effectuées dans ses eaux, il subit une perte de revenu ainsi qu’une diminution non enregistrée de ses stocks de poissons. Les Etats ACP auraient par conséquent raison d’insister pour qu’un de leurs agents officiels soit présent à bord des gros navires qui pèchent dans le cadre des accords de pêche avec la CEE (comme

Document

SAMUDRA 2/89 - Page 9

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le Canada l’a fait dans le récent accord passé avec la France) et que le poisson capturé dans la ZEE d’un Etat ACP soit considéré comme originaire de ce pays (ce que la CEE refuse dans les négociations actuelles).

Pour ce qui est de la recherche, les programmes résultant d’accords semblent avoir essentiellement porté sur les espèces migratoires chères comme le thon, desti nées à l’exportation, plutôt que sur les espèces locales qui peuvent être mieux exploitées par les petits pêcheurs pour le marché local. Ceci est inacceptable quand on pense à la détérioration dans beaucoup d’Etats ACP de l’approvision nement alimentaire national et régional.

Un rapport du Parlement européen concernant un accord conclu avec Madagascar précise que les accords de pèche ACP- CEE devraient s’inscrire dans une stratégie alimentaire soutenue par la CEE. Dans le cadre d’une telle stratégie, il est possible de montrer que de puissantes organisations locales de pêcheurs peuvent se mobiliser pour que les intermédiaires dans les circuits commerciaux soient limités afin de maintenir des prix bas et pour veiller à ce que l’exportation ne soit pas trop défavorisée au nom de l’intérêt commercial.

En prenant en compte les programmes actuels de développement de la Communauté, les accords de pêche pourraient être directement liés à un programme de soutien à l’amélioration adéquate de l’organisation et des techniques de traitement, de stockage et de commercialisation, en se fondant sur les réseaux locaux existants. Dans les communautés de pêche artisanale, ces réseaux sont en général solidement implantés dans les structures sociales traditionnelles où les femmes jouent un rôle économique central. Une déstabilisation inconsidérée de ces réseaux peut avoir un effet négatif sur les revenus du ménage et partant, sur le bien-être des autres membres de la famille. Pour les femmes, le “développement” a souvent signifié un accroissement du travail et une diminution des revenus. Les projets de pêche artisanale en particulier ont visé à améliorer l’efficacité des pécheurs plutôt, qu’a tenir compte des besoins de toutes les personnes participant à l’industrie locale. Les nouveaux programmes devraient veiller à ce que les changements technologiques ne diminuent par les niveaux de revenu et de compétence des femmes.

Recommandations

L’ICFS souhaiterait faire les recommandations suivantes aux fonctionnaires et représentants de la CEE et des ACP engagés dans les négociations de Lomé :

1

Les fonds payés par la CEE en échange des prises de thon et autres espèces pêchées par les flottes euro péennes devraient être destinés partiellement à soutenir les programmes de développement des communautés de pêcheurs artisanaux. Ceci augmenterait fortement leurs moyens, non seulement pour la pêche, mais aussi dans toutes les activités locales liées à la pêche dont tant de gens dépendent pour l’alimentation et le revenu. La Convention de Lomé devrait donner une impulsion à la démarginalisation du secteur de la pêche à petite échelle dans les Etats ACP, en aidant à le rendre viable. La CEE devrait examiner les moyens susceptibles d’encourager les investissements dans ce secteur sans réduire les recettes en devises que les Etats ACP recueillent des activités du secteur de la pêche en général.

2

En reconnaissant le rôle des organisations de pêcheurs et des communautés de pêche, la CEE devrait accorder son soutien à la conception de projets de développe ment de la pêche par les organisations de pêcheurs, parti culièrement dans les actions d’aide aux programmes d’éducation de base et de formation locale et aux systèmes de crédit destinés à promouvoir l’autonomie des organisa tions de pêcheurs. Les communautés de base devraient participer aussi bien eux microréalisations, qui entrent dans le cadre de la Convention de Lomé III, qu’aux programmes entrepris par le gouvernement ACP et administrés par la DG VIII.

3

Les accords de pêche pourraient prévoir des zones côtières exclusivement réservées à la pêche locale à petite échelle en même temps qu’un programme de protection des ressources de cet environnement marin fragile et de plus en plus menacé, et un programme de recherche sur les ressources halieutiques du littoral et sur les besoins socio-économiques des communautés de pêche.

4

La Commission elle-même pourrait charger la DG VIII (Coopération et Développement) et la DG XIV (Pêche) de procéder à des évaluations conjointes sur les conséquences des accords de pêche sur la pêche artisanale dans les Etats ACP. Ces évaluations devraient aider la CEE et les Etats ACP à réduire la concurrence pour les ressources et à identifier les autres contradictions éventuelles de leur politique de coopération en matière de pêche.

5

La Commission pourrait également examiner les moyens d’utiliser les ressources halieutiques dans l’aide triangulaire pour stimuler les marchés locaux et le commerce Sud-Sud (par des investissements appropriés dans les moyens de transport et de communication pour développe, des réseaux de commercialisation dans les régions intériures).

6

Les échanges entre les Etats ACP devraient prendre place à d’autres niveaux, par exemple dans le secteur de l’information sur les marchés et de la recherche technique et scientifique, afin de promouvoir la coopération régionale en matière de pêche. Mais il faudrait également encourager les organisations de pêcheurs et les instituts de recherche dans les Etats membres de la CEE à partager leur expérience dans les domaines de l’assurance sociale, de la gestion, de la commercialisation des produits de la pêche et de la gestion des ressources halieutiques avec les organisations de pêcheurs des pays ACP. Des entreprises communes (joint ventures) pourraient être un moyen de concrétiser ce type de coopération professionnelle.

Pour une coordination des politiques

La nouvelle Convention de Lomé doit fournir les moyens (tant politiques que financiers) permettant aux Etats ACP et de la CEE de rechercher une complémentarité afin de garantir que les accords de pêche signés dans le· cadre de la Convention servent effectivement le double objectif suivant : offrir un accès équitable dans de nouvelles zones aux flottes de pêche européennes et soutenir un développement rural autonome favorisant la sécurité alimentaire dans les Etats ACP.

Document

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II existe toutefois dans la Convention une disjonction administrative entre ces deux objectifs, étant donné qu’ils sont poursuivis par deux Directions Générales distinctes (DG VIII et XIV). Il faudrait aborder ce problème dans les

négociations de “Lomé IV” et chercher les moyens de coor donner et d’harmoniser les politiques qui régissent les ac cords de pêche et la mise en valeur des ressources halieu tiques en général.

Document

SAMUDRA 2/89 - Page 11 Retour de pêche au GhanaAnalyse

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A la fin des années soixante, on a vécu l’effondrement de la pêche pélagique du hareng au large des côtes de la British Colombia et la plupart des bollincheurs de 60 à 120 pieds ont migré vers la côte est ou sud du golfe du Saint- Laurent. Les 160.000 tonnes annuelles qu’ils prenaient, étaient transformées en “farine”. Au milieu des années 70, une pêche orientée vers l’exportation de poisson de consommation se développait en direction de l’Europe lorsque les ressources disparurent à la suite de la surpêche.

Déjà en 1980

Les pêcheurs côtiers protestèrent et organisèrent des manifestations contre les senneurs responsables de la destruction des ressources et de l’encombrement des marchés.

Le fer de lance de l’agitation contre les bollinches fut indiscutablement le syndicat “Maritime Fishermen’s Union”

nouvellement formé en 1977 et qui se présentait comme une organisation de “petits” pêcheurs côtiers. Au début des années 80 les côtiers ne prenaient que quelques tonnes par an.

Ils réussirent à faire expulser tous les bollincheurs sauf six qui, dès 1983, ne pouvaient plus capturer que 20 % du quota mais ils devaient aussi accepter trois années de fermeture partielle et une injuste répartition du quota avant de souscrire à un plan de gestion des stocks qui soit acceptable.

Dans la même période de 83 à 86 les pêcheurs observèrent le retour du hareng et s’employèrent à convaincre les scientifiques et à faire relever le quotas de capture, défiant parfois les interdictions gouvernementales.

En 1987, le hareng était bien présent, les scientifiques ajustèrent leurs estimations et un marché du caviar de hareng se développa au Japon. Quelques 55.000 tonnes de harengs d’automne furent débarquées en août-septembre et payées à 12 cents la livre et parfois plus encore !

Les pêcheurs étaient convaincus d’avoir gagné et de s’être bien battus. Ils portèrent leur effort sur l’amélioration de la qualité (glace en paillette, etc..) et le perfectionnement des techniques pour augmenter la productivité de 4 à 9 % dans certains cas !

La grève la plus massive

de l’histozire du Saint-Laurent

Au cours de l’été 88, les pêcheurs s’attendaient à renouveler leur exploit de 87 et bien que des rumeurs circulaient à propos de chute des prix japonais, ils s’attendaient à avoir au moins des prix identiques d’autant plus qu’ils savaient qu’acheteurs et transformateurs avaient réalisé l’année précédente des gains considérables.

Le 17 août, la flotte de l’Ile du Prince Edouard recommença la campagne sans avoir fixé les prix de vente. Les acheteurs canadiens n’avaient pas encore négocié avec les Japonais. Le 21 août, la flotte de New Brunswick forte de 400 unité s’apprêtait à partir Iorsqu’on réalisa que les prix offerts par les usines de transformation ne dépassaient pas les 8 cents à la livre

! D’un mouvement unanime les pêcheurs refusèrent et la grève commença. Bien qu’officiellement ce n’était pas la “Maritime Fishermen’s Union” qui avait lancé cette grève, les meneurs étaint en fait des membres actifs de ce syndicat. Ils avaient mené les longues luttes contre les senneurs et le gouvernement.

Mais dans le même temps, sur l’île, on pêchait et le poisson commençait à arriver par camion aux usines du New Brunswick immobilisées par la grève.

La flotte de Nova Scotia forte de 150 bateaux devait se mettre en campagne le 25 août mais les pêcheurs votèrent en faveur de la grève déclenchée au New Brunswick en suivant l’avis de ceux qui parmi eux étaient membres du syndicat. Puis le 29 les pêcheurs de l’île les imitèrent.

C’était l’arrêt de travail le plus massif de toute l’histoire récente du Golfe du Saint-Laurent.

La grève avait en certains endroits été encouragée par des marchands locaux qui se plaignaient d’être exploités par les Japonais. A l’ambassade du Japon, on confirmait qu’il n’y avait pas de stocks résiduels des années précédentes, que les approvisionnements de caviar d’autres pays avait baissé ou connaissaient des “petits problèmes”. Les achats sur la côte Est devaient donc en principe prendre de l’ampleur. Mais les acheteurs japonais ne l’enten

Analyse

Canada

AUTOPSIE D’UNE GREVE

De Gaspé au Québec, le long du New Brunswick francophone jusqu’au Cap Breton de Nova Scotia, s’étend un littoral de plusieurs milliers de kilomètres. Si l’on y ajoute la province de l’Ile du Prince Edouard, on y trouve au total plus d’un millier d’unités de pêche au filet de dérive : des bateaux de 30 à 40 pieds occupant chacun 2 ou 3 pêcheurs. Au cours de l’automne ces pêcheures entament la campagne du caviar (rœfishery) et mettent à terre quelques 50.000 tonnes de harengs. Nombre de villages de pêcheurs participent à l’opération.

Michael Belliveau, Scretaire general de l’Union des Pecheurs des Provineces Martitimes nos livre

icises reflexions sr la greve de l’ete 88.

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daient pas ainsi, refusant d’être mêlés à cette “dispute”. En fait, on devait apprendre en fin de saison que certaines variétés de caviar canadien en provenance de la côte ouest et qui servaient le marché de luxe au japon en février ou mars avaient été dégradées et entraient alors en compétition avec le caviar de la côte est !

Au fil des jours, les pêcheurs furent pris au piège : le poisson commençait à frayer. Si l’on ne trouvait pas vite une solution, la campagne allait être totalement manquée.

Une formule de compromis fut avancée au New Brunswick : augmentation du prix de base de un demi cent et autant par pourcentage supplémentaire de production du caviar produit. Le 4 septembre, la flotte du New Brunswick reprenait le travail et les autres allaient suivre très vite mais sans avoir conclu d’accords préalables ni dans l’île du Prince ›Edouard ni dans la Province de Nova Scotia.

Résultat : à cause de l’arrêt de travail et du mauvais temps, les pêcheurs n’ont pas pêché leurs quotas et concluaient sur un goût d’échec, certains blâmant le syndicat bien qu’aucune procédure syndicale normale n’ait été suivie un seul instant.

Des enseignements pour l’avenir

Les dirigeants syndicaux ont été surpris par le mouvement de grève, surtout à Nova Scotia et sur l’île du Prince Edouard. Au cours des quatre années précédentes, les différentes flottes se querellaient à propos des quotas !

L’enjeu n’était pas le même pour tous : les pêcheurs francophones du Nouveau Brunswick dépendent largement du hareng pour leurs revenus annuels alors que les autres concentrent leurs efforts sur le homard. De plus, les flottes de l’île ne font pas partie de l’Union des Pêcheurs des Provinces Maritimes (MFU) mais elles ont gardé le contact avec le syndicat pendant toute la grève. Au nouveau Brunswick, les pêcheurs jouissent des droits de négociation et ont une certaine expérience. Ceci explique pourquoi ils ont obtenu un résultat un peu meilleur que les autres.

Mais la grève a bien mis en lumière la situation délicate des syndicats de pêcheurs sans ressources propres et ne jouissant probablement pas d’un capital de solidarité interne suffisant pour faire face à une action d’une telle ampleur La grève a aussi été fragilisée par la rapidité de la campagne (4 semaines seulement) et par le fait que les groupes d’acheteurs sont distincts dans chaque province mais fournissent tous un marché japonais qui semble capable de dicter les prix parce qu’il s’approvisionne à de multiples sources (y compris une flotte de senneurs dans une zone toute différente de l’Atlantique !).

Il serait plus correct de parler de mouvement spontané de protestation plutôt que de grève. Il y a eu bien peu de préparation et aucune procédure syndicale “normale”.

Membres syndicalisés et non membres ont suivi le mouve- ment et les responsables syndicaux eurent bien du mal à essayer de mettre un peu d’ordre ! Tous étaient insécurisés par le fait que les pontes commençaient et que personne ne pouvait prévoir quand les pêcheurs reprendraient le tra-vail.

Impossible d’imaginer une quelconque discipline !

En fait, les pêcheurs opérant sur les bancs au nordest du Nouveau Brunswick n’avaient que de vagues informations sur ceux de Nova Scotia et de l’île du Prince

Edouard. Aucune négociation inter-provinciale n’eut lieu parce que les acheteurs refusèrent.

Quand les pêcheurs du Nouveau Brunswick démar- rèrent tour mouvement, ils touchèrent une corde sensible dans les autres provinces à des milliers de kilomètres de là.

Il est évident que les dix années de lutte contre les senneurs industriels ont fait naître au coeur de tous les cô- tiers du sud du golfe une certaine sensibilité car ils ont tant investi socialement, politiquement et économiquement qu’ils ne sont pas prêts à accepter des prix de misère.

Mais le facteur “temps” jouait contre eux et menait presque sûrement à une défaite : même si les pêcheurs avaient décidé de sacrifier toute leur saison, et peut-être 20 % étaient-ils prêts à le faire, on ne pouvait pas dire très clairement quels allaient être leurs gains à long terme. Les importateurs japonais apparaissaient imprenables.

Pourtant, repartir en campagne avec un gain marginal a donné l’occasion de réfléchir et de faire des plans pour l’avenir.

Mais certains leaders se sont sentis “roulés” par des pêcheurs qui ne sont pas des sympathisants réguliers du syndicat et ont parfois été manipulés par des mareyeurs lo- caux : quand les choses ont mal tourné, c’est bien sûr le syndicat qui a été blâmé !

Evidemment, à partir du moment où un nombre im- portant de ses membres s’engagent dans une action spon- tanée, le syndicat doit réagir et il est important de noter que les actes de violence entre pêcheurs furent beaucoup plus nombreux dans les ports de l’île du Prince Edouard où le syndicat n’est pas présent que dans le Nouveau Brunswick où il y a une solide tradition de luttes syndicales. Il n’empêche, on ne peut pas espérer que du jour au lende- main un syndicat puisse maintenir une discipline instanta- née parmi des centaines de travailleurs qui en d’autres cir- constances se désintéressent du syndicalisme.

Dans aucune des trois provinces n’existe de loi obligeant les pêcheurs à payer leurs cotisations syndicales et nulle part on ne trouve d’unité syndicale telle qu’on puisse faire pression sur ceux qui font “cavalier seul”. Dans ce contexte, les organisations de pêcheurs doivent délimiter très adroitement les circonstances et les limites de leurs interventions si elles ne veulent pas se brûler les doigts lorsque des actions spontanées risquent de n’être que feux de paille !

Michaël BELLIVEAU

Maritime Fischemen’s Union CANADA

Analyse

SAMUDRA 2/89 - Page 13

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Le scénario mondial des pêches a subi de rapides changements au cours des années 80. La plupart des pays maritimes avait étendu leur zone économique exclusive (ZEE) à la fin des années 70 et la situation fut légalisée par la Convention sur le Droit de la Mer signé en 1982. A présent, le plateau continental se présente comme une mosaïque de territoires nationaux. Les pays maritimes ont acquis do nouveaux droits et responsabilités dans la gestion et le développement de leurs ressources halieutiques.

Une évaluation des évolutions est nécessaire

La pêche des flottes hauturières des pays industrialisés et des pays en développement fut affectée dans quelques régions par la promulgation des ZEE. Une situation potentiellement négative qui fut rapidement corrigée grâce à une série de remèdes. De nombreux types d’accords de pêche furent signées entre pays possédant des flottes hauturières et ceux disposant de ressources halieutiques mais démunis de capitaux pour l’investissement. Le commerce des produits de la pêche augmentait dans le même temps entre les pays développés et les pays en développement. L’aquaculture dans les zones côtières de nombreux pays maritimes en développement (et quelques pays développés) enregistrèrent une croissance extraordinaire se concentrant principalement sur des espèces comme la crevette, le saumon et la truite.

L’aide externe à des projets de pêche s’est accrue de manière substancielle grâce aux banques internationales et à des agences d’aide nationales des pays développés qui ont joué là un rôle important. Bien que la Conférence mondiale de la FAO en 1984 ait fait surgir quelque espoir de voir plus de ressources financières aller aux pêcheries à petite échelle, cela n’a pas été suivi d’effet.

En fait, la plus grande partie de l’aide va encore à la pêche à grande échelle et à capital intensif qui emploie seulement un dixième des pêcheurs du inonde. Une som-

me considérable afflue également pour le financement des projets d’aquaculture.

Les travailleurs de la pêche artisanale et leurs familles, évalués à un nombre minimum de 60 millions de personnes, ont reçu une aide externe d’environ 1 dollar US par tête. Bien que ce soit une part infime et disproportionnée, c’est une voie très rentable pour les fournisseurs de produits fabriqués tels que les moteurs hors-bord, les équipements de pêche synthétiques, en fait toutes les fournitures provenant des pays industrialisés.

Il est important d’entreprendre une évaluation de ces tendances dans les pêches mondiales et d’étudier leur impact sur l’avenir des travailleurs de la pêche.

C’est à la lumière de tout cela que le Collectif international d’appui aux travailleurs de la pêche (ICSF) a prévu d’organiser une Conférence internationale sur le thème : L’Avenir des travailleurs de la pêche et l’évolution du secteur à l’échelle mondiale.

La Conférence se tiendra à Bangkok (Thaïlande) du 22 au 27 janvier 1990. Elle sera organisée conjointement par ICSF et l’Université Kasetsart de Bangkok. La Conférence réunira à la fois des travailleurs de la pêche, des scientifiques, des animateurs sociaux et des décideurs en matière de politique des pêches venant du monde entier pour débattre de ces problématiques.

Le commerce du poisson et l’aquaculture

Le programme de la Conférence est structuré de façon à fournir une vue équilibrée des évolutions dans le secteur des pêches en partant du point de vue des scientifiques, des décideurs et des travailleurs de la pêche.

Deux interventions portant sur le thème de la Conférence donneront l’axe de la recherche. L’une sera prés- entée par un scientifique du premier monde et l’autre par un

Programmes ICSF

Conférence de Bangkok

EVOLUTION DE LA PÊCHE ET AVENIR DES TRAVAILLEURS

Après les travaux du Symposium de Lisbonne (voir article page 4), ICSF poursuit ses échanges internationaux sur un autre thème qui interfère lui aussi sur l’avenir des travailleurs de la pêche : l’évolution des pêcheries à l’échelle mondiale.

John Kurien nous présente ici les axes prioritaires de cette rencontre qui rassemblera à Bangkok en

Thailande, en janvier prochain, des scientifiques, des travailleurs de la pêche, des animateurs sociaux

et des décideurs, tous originaires des divers continents.

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travailleur de la pêche du Tiers-monde. Les thèmes principaux mis en lumière par les intervenants seront discutés dans les ateliers. Deux tendances importantes dans le secteur des pêches seront examinées de manière plus précise :

Fla mutation et l’organisation actuelle du commerce mondial du poisson

Fl’impact de la croissance extraordinaire de l’aquaculture à travers le monde.

Deux présentations auront une connotation régionale spécifique :

Fl’impact de la motorisation des engins de pêche sur les communautés de pêcheurs artisans (Afrique de l’Ouest)

Fl’impact des législations de pêche et des conflits dans les eaux côtières (Asie du Sud-Est).

En plus de ces apports, se succéderont une série de présentations faites par les travailleurs de la pêche du Tiers- monde traitant exclusivement de la croissance et du

dynamisme de leurs organisations. Elles exposeront les stratégies élaborées par elles pour répondre aux diverses évolutions dans le secteur des pêches de leurs pays respectifs.

Les contraintes auxquelles elles font face dans leurs tâches organisationnelles feront aussi l’objet d’analyses.

Un jour entier sera consacré à un programme d’immersion en Thaïlande. Il sera ciblé sur les différents types et tailles de projets d’aquaculture. La Thaïlande est l’un des pays les plus avancés au plan technologique dans ce secteur. Une première évaluation des potentialités et des risques de l’aquaculture aussi bien que ses conséquences écologiques pourront être faites à partir de cette immersion.

La dernière demi-journée de la Conférence sera consacrée à la formulation de recommandations et de conclusions se dégageant des divers échanges qui se seront déroulés les jours précédents.

John KURIEN

Programmes ICSF

SAMUDRA 2/89 - Page 15 Pirogue dans le port de Catbalogan aux Philippines

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L’AFRIQUE REFUSE D’ÊTRE LA POUBELLE

DES PAYS INDUSTRIALISÉS

L’utilisation des pays pauvres comme décharge publique ne date pas d’hier. En 1988, cependant, les pays d’Afrique ont dit “non”. Un exemple parmi tant d’autres, révélé par Greenpeace et l’Entente Européenne pour l’Environnement : dès le début de 88, trois à six millions de tonnes de déchets dangereux faisaient l’objet d’une demande d’exportation vers la Guinée Bissau. Cette demande introduite par une firme américaine (LINDACO) auprès de l’agence américaine pour l’environnement devait conduire au transfert de cette poubelle empoisonnée dans une zone potière où le sol est une véritable éponge. La Guinée Bis-Su a des côtes très découpées. Au rythme des marées pis d’un tiers du pays est recouvert par les eaux. Les risques de contamination des eaux y sont considérables.

Mais les pays industrialisés ne savent plus où stocker leurs déchets toxiques en provenance des industries chimiques, pharmaceutiques ou nucléaires Ils offrent des sommes considérables pour s’en débarasser. C’est donc 120 millions de dollars que la Guinée Bissau s’est vue offrir ! C’est à dire plus que son produit national brut annuel ou l’équivalent de la moitié de sa dette !

Pourtant le gouvernement de Guinée Bissau a dit

“non” et a suivi la recommandation musclée de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) qui assimilait le déversement des déchets nucléaires et industriels en Afrique à un crime contre ce continent et ses populations.

Les pêcheurs côtiers africains ne peuvent que s’en réjouir.

Verra-t-on les multinationales du déchet nettoyer les zones polluées ? Les états pollueurs vont-ils avoir le courage de reprendre et de retraiter leurs déchets dangereux qui représentent maintenant 300 millions de tonnes par an ! La mer va-t-elle encore une fois être empoisonnée ?

TAÏWAN : 8000 PÊCHEURS EN PRISON À L’ÉTRANGER

Les pêcheurs de Taïwan ont attiré l’attention de l’opinion mondiale sur le sort des matelots travaillant sur leurs chalutiers de grande pêche. Selon le “Fishworker Service Center” de Kaoshung (Taïwan), ces matelots sont en grande majorité originaires des tribus aborigènes des zones montagneuses.

Dans l’impossibilité de survivre dans ces zones où la pénétration de l’économie marchande les a privés de moyens de subsistance, ces travailleurs sont bernés par des publicités trompeuses du genre : “On recherche des matelots - Agés de 15 à 50 ans - Aucune expérience n’est requise - Niveau d’instruction : sans importance -Possibilité d’obtenir des avances sur salaire”.

Ils signent des contrats “bidons” sans aucune garantie concernant les conditions de travail, les salaires ou la durée de l’embauche et l’employeur confisque leurs cartes d’identité. Leur sort en mer est misérable et inhumain et mérite d’être dénoncé. En 10 ans, de 1975 à 1984, 2939 marins pêcheurs sont morts en mer ou ont disparu accid- entellement. De 1980 à 1987, on en a dénombré 848 jetés

en prison à l’étranger sans qu’ils ne connaissent ni la langue, ni les raisons de leur arrestation. Le total des détenus devrait être supérieur à 8200 !

Ceci est le résultat direct de l’extension rapide des flottes de Taïwan ; mal équipées et ne respectant pas les normes maritimes et les régies de sécurité, ces bateaux pêchent en eaux étrangères la plupart du temps illégalement. Après la création des zones économiques exclusives (ZEE) la situation a empiré. On ne compte plus les arraisonnements : en Micronesie, ou aux Iles Salomon, mais aussi au Pakistan, Russie, Nouvelle Zélande, Etats Unis, Birmanie, Malaysie, Fidji, etc…Ces pays ont saisi des bateaux et incarcéré les équipages alors que les officiers pouvaient regagner leur pays.

Il est donc indispensable que les groupes d’appui de Taïwan mobilisent les travailleurs de la pêche autour de revendications de base : des contrats d’embauche clairs, des conditions de travail justes, une formation adéquate, etc...

Mais les oubliés languissant dans les prisons des pays cités plus haut ont droit à notre solidarité active. Partout où c’est possible que l’on établisse les faits et informe le secrétariat ICSF (Bruxelles) et/ou

Mr CHAN LOING HOM Asian Légal Resource Centre

57, Péking Road 5/F - Kowloon Hong-Kong II faudrait aussi alerter les diverses organisations défendant les droits de l’homme dans chaque pays et réclamer la libération de ces travailleurs illettrés, sans défense.

PHILIPPINES :

PROJET DE LOI SUR LA PÊCHE ARTISANALE

Les travailleurs de la pêche aux Philippines ont mis au point un projet de loi global qui devrait “revoir, consolider et codifier toutes lois qui concernent la pêche, les pêcheries et les rassources nationales marines et halieutiques”. Fruit d’une large consultation à la base, cette loi doit être présentée au Parlement. Son originalité réside dans le fait qu’elle prévoit une priorité de droit pour les pêcheur artisans et leurs communautés locales qui pourront avoir un accès préférentiel aux zones de pêches communales et aux ressources de la mer qui seraient réservées exclusivement aux “nationaux”.

Les zones de mangroves, les frayères, les fonds herbeux et de larges bandes coraliennes devraient être déclarés “sanctuaires”.

F Les pêches “communales” devraient inclure toutes les zones dont la profondeur est inférieure à 25 fathoms (brasses). Elles seraient réservées aux engins de pêche passifs, aux systèmes d’agrégation de poissons (fish attracting device) et aux cultures d’algues et de mollusques.

F Les zones de pêches côtières s’étendraient au-delà, jusqu’à 30 milles et seraient accessibles aux engins “actifs” et aux bateaux jusqu’à 5 tonnes de jauge brute d’après des normes à fixer par le conseil de gestion des ressources côtières.

F Plus loin se trouverait la zone “off-shore” qui serait gérée par un conseil national des ressources marines.Tous les opérateurs de bateaux de pêche devraient être

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Nouvelles du monde

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