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Les contacts hispano-marocains et le phénomène de l'emprunt linguistique

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Academic year: 2021

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Dépôt Institutionnel de l’Université libre de Bruxelles / Université libre de Bruxelles Institutional Repository

Thèse de doctorat/ PhD Thesis Citation APA:

Chebaa, A. (1998). Les contacts hispano-marocains et le phénomène de l'emprunt linguistique: le cas de Tanger (Unpublished doctoral dissertation).

Université libre de Bruxelles, Faculté de Philosophie et Lettres, Bruxelles.

Disponible à / Available at permalink : https://dipot.ulb.ac.be/dspace/bitstream/2013/212041/1/76aada51-6895-48a6-b61c-0993051a20c4.txt

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(2)

U N I V E R S I T E LIBRE D E BRUXELLES FACULT É D E PHILOSOPHIE ET L E T T R E S

Les contacts hispano-marocains et le phénomène de l'emprunt linguistique

(Le cas de Tanger)

D i s s e r t a t i o n p r é s e n t é e e n v u e d e l'obtention d u t i t r e d e D o c t e u r e n P h i l o s o p h i e et L e t t r e s

Par

Abdelouahid CHEBAA

née Académique : Directeurs :

1998 - 1999 M. le Professeur Marc,DOMINICY

&

M. le Professeur Jacques THIRY

(3)

UNIVERSITE LIBRE D E BRUXELLES FACULTÉ D E PHILOSOPHIE ET L E T T R E S

Les contacts hispano-marocains et le phénomène de l'emprunt linguistique

(Le cas de Tanger)

D i s s e r t a t i o n p r é s e n t é e e n v u e d e l'obtention d u titre d e D o c t e u r e n P h i l o s o p h i e et L e t t r e s

Par

Abdelouahid CHEBAA

Année Académique : 1998 - 1999

Directeurs :

M. le Professeur Marc DOMINICY

&

M. le Professeur! Jacques THIRY

(4)

édicace

Ma petite et grande famille,

NORA et YAMANDA

(5)

emevciemevitô

Nos sincères remerciements à Monsieur le Professeur M.DOMINICY, à Monsieur le Professeur J.THIRY pour avoir bien voulu accepter de diriger cette

recherche^ pour leurs innombrables et précieux conseils

et leur réconfortant soutien moral.

(6)

FRQTQCQLE DE TEAlSCEIFnQM

TRAMSCRIFTIQi FMQWÉJIÛUE WTERI^ : T I 0 1 i

Espagnol

A P î i^aiurc pnoncnQue jLixenipie

t f /\iTnc|Ucc païaïaJc sourue chato l rncdiivc, DuaDiaïc sonore saber e rilCaLlVC LIUCIUclllaic sOUTUc acid cmco

transcrite comme une simple dentale [s] à cause de la perte de l'opposition, en Espagne [s] / [9]

ô rilCaLlVC Ut/IlLalC bUIlOrC

ï-" T"i o ^"1 \/ ( ^ H ^in1"01 f i c i ^ n i ^ f f i

o /H o Y

l-^npQti\/p \ / p l Q i r p c r * n n r p

A V X ll^dtlV^ V^ldllV Ov/L4iU^

r nasale palatale sonore ano

r r la vibrante dentale double rana a I imtiale ou dans le mot corro

j j ( X ) (') liquide palatale sonore ( 11 ) calle est prononcée à Tanger, dans

quelques mots comme une simple semi-consonne [j]

J semi consonne platale sonore playa

(1) En espagnol le son / X/ (l mouillé ) est de nos jours fortement menacé.

(7)

Parler tangérois

A.P.I Nature phonétique Exemples

q occulusive uvulaire qalb

r occulusive laryngale ?alam

z fricative alvéolaire zbal

S

fricative alvéolaire emphatique bsal j f fricative palatale sourde j"hal 3 fricative palatale sonore

n fricative pharyngale sourde 1 lallUllctl fricative pharyngale sonore

S o n/ 1 1

u II fricative laryngale sourde huwwa

affriquée palatale sonore a5ama \

ts affriquée dentale sourde tsaman

a Voyelle mi-ouverte antérieure labiale maskin

w fricative vélaire sonore wald

placés devant une voyelle signfient qu'elle ba:I

est longue

(8)

des aLréulationâ et des ôumiyoieô utiiiôéô

: indique ime transcription phonétique.

: indique une transcription phonologique.

: transcription d'un signifié phonique vide.

: devient.

: contexte

: se transfonne : frontière de mot.

: placé devant une voyelle signifie qu'elle est longue.

: placé sous une voyelle indiquequ'elle est plus fermée que la normale.

: placé sous une voyelle indique qu'elle est plus ouverte que la normale.

: mis sous une consonne signifie qu'elle est sonorisée.

: mis ous une consonne signifie qu'elle est assourdie.

: marque une oppsotion.

: consonne.

: voyelle.

: voyelle longue.

: glide (semi-voyelle).

: s'utilise pour indiquer l'aspiration d'une consoime (andalouse).

: parler tangérois.

: andalou . : espagnol.

: vocal.

(9)

nas ; nasal.

liq : liquide.

vib : vibrante.

son : sonore.

Emph : emphatique.

c.o : conte.xte ordinaire.

c.f : contexte fonnel.

marit : maritime.

cart : cartes (jeu).

adj : adjectif

bot : botanique.

Arch : architecture.

Abréviations utilisées dans la bibliographie

C.S.I.C. consejo superior de investigaciones cientificas.

Edit éditions.

fasc fascicule.

P.U.F presses universitaires de France.

vol volume.

Q.S.J que sais-je?

Rev.Filo.Hisp Revista de filologia hispânica.

A.M. Archives Marocaines.

L.E.A. Lingmstica espanola actual.

R.F.E Revista de filologia espanola.

R.E.L Revista espanola de lingui^stica.

(10)

SOMMAIRE

Pages Protocole de transcription (A.P.I)

Liste des abréviations Sommaire 08

Introduction XIII

I- Les contacts hispano-marocains (tangérois) et la problématique de l'emprunt linguistique 17

1 - Situation géographique de Tanger 17 2- Bref aperçu historique sur Tanger 17

2-1 - Tanger de la préhistoire jusqu'à nos jours 17 2-2-Légendes 21

2-3- Les Phéniciens 22 2-4- Les Carthaginois 22 2-5- L'occupation romaine 24

2-6- La présence arabe et l'apparition de l'Islam 24 2- 7- Les relations hispano-marocaines depuis 1975 32 3- Conclusion et perspectives 34

3- 1-Une proximité géo-politique 34 3- 2- Une culture commune 34

4- La problématique de l'emprunt 36 Section I- essai de définition 38

Section II: Le caractère "étranger" de l'emprunt 39 Section III: Les types d'emprunts 40

Section IV: Qu'est-ce qu'on emprunte? 40 Section V: Pourquoi emprunte t-on? 41

4- 1- Les domaines touchés par l'emprunt et le diversité

des éléments empruntables 42

(11)

4-2- Pourquoi l'emprunt de l'espagnol par les parlers 43 marocains se limite-t-il au lesxique?

4-2-1 - Les causesjntemes 43 4-2-2- Les causes externes 45 II- La situation sociolinguistique de Tanger 48

1 - La population tangéroise 48

1 -1 - La population musulmane de Tanger 48 1 -2- La population étrangère 48

1- 3- La population européenne de Tanger 49 2- Les langues et leurs fonctions à Tanger 52

2- 1- Le parler tangérois 55

» 2-2- La langue française 56 2-3- La langue espagnole 56

* Les caractéristiques linguistiques du parler tangérois, de l'andalou et du judéo-espagnol 60

1 - Le parler tangérois 60

1-1- La structure du mot 60 1-2-La structure de la syllabe 61

1-3- Les différents types de syllabes tangéroises 63 1- 4- L'inventaire des consonnes et des voyelles et leurs

positions dans la syllabe 63 2-Le parler andalou 71

2- 1- Les caractéristiques des dialectes andalous 72

2-1-1- Les différents types de syllabes de l'andalou 72 2-1-2- L'inventaire des consonnes et des

voyelles et leurs positions dans la syllabe 72 2-2- Les caractéristiques phonétiques 75

2-3- Changements phonétiques non réguliers 80

2-3-1-Prothèse 80

(12)

2-3-2-Epenthèse 81 2-3-3-Aphérèse - 81 2-3-4- Métathèse 81 2- 3-5- La gétnination 82 2- 4- Le vocalisme andalou 83 3- Bref aperçu sur le judéo-espagnol 88

3 -1 - L'évolution du j udéo-espagnol 89

3- 2- Les caractéristiques consonantiques et vacaliques du j udéo-espagnol 90

3- 2-1- Les caractéristiques consonantiques 90 3-2-2- Les caractéristiques vocaliques 92 4- Les convergences et les divergences consonantiques et

vocaliques 92

L'analyse linguistique et sociolinguistique du lexique espagnol emprunté 95 1- L'enquête, la collecte du corpus et la méthodologie du traitement 95

1-1-Outils de travail 95 1-2- Les informateurs 95

1 -3- Vérification et identification des éléments espagnols 97 1 -4- La formulation et la constitution du corpus 97

1- 5-Corpus encodé 97 2- L'analyse linguistique 199

2- 1 - Les altérations phonétiques 199 2-1 -1 - Altérations vocaliques 199 2-1 -2- Altérations consonantiques 202 2-2- Altérations morphologiques 207

2- 3- Altérations sémantiques 207 3- L'analyse sociolinguistique 209

3- 1- Les phénomènes de l'altémance/concurrence, fi-équence

et intégration 209

(13)

3-1 -1 - Alternance / concurrence 209 3-1 -2- La fréquence 213

3-1-3-L'intégration 213

3-2- Personnes touchées par l'emprunt et analyse des éléments sociolinguistiques 214

3-3- Les domaines touchés par l'emprunt 220 3-4- Les zones touchées par l'emprunt 221

3-5- Le devenir des mots espagnols empruntés 229

3-5-1- La disparition du lexique espagnol emprunté229 3-5-2- Le maintien du lexique espagnol emprunté 233 Conclusion 238

Annexes 242

Bibliographie 257

(14)

INTRODUCTION

(15)

Depuis plus d'une dizaine d'années, nos recherches et nos investigations sont axées sur les deux rives du détroit de Gibraltar et, pour plus de précision, sur le Maroc et l'Espagne. En effet, notre doctorat du 3éme cycle traitait déjà des emprunts à l'andalou dans le parler tangérois.

Notre étude a toujours été inscrite dans un cadre sociolinguistique qui, à notre avis, reflète clairement le degré d'interpénétration culturelle entre les deux

pays. Cette interpénétration a donné naissance, à quelques détails près (conceptuels ou religieux), à une culture commune,, au carrefour des trois religions (Chréstianisme, Judaïsme et Islam).

Si nous avons choisi Tanger au début de notre recherche doctorale, c'est pour donner quelques éléments de réponse à une question préoccupante:

comment Tanger, malgré son statut international, malgré son ouverture sur le monde, et malgré l'importance et l'enseignement de la langue française

(enseignée dés le primaire), a-t-elle été plus influencée par l'espagnol que par le français?.

Dans cette perspective, nous nous sommes intéressé à la langue orale et

non pas écrite. Le fait que nous ne puissions nous appuyer sur des documents

(supports) écrits crée plusieurs problèmes: il faut identifier correctement les mots

empruntés (problème des interférences), étudier l'évolution de leurs altérations, et

enfin évaluer leur intégration effective dans les parlers récepteurs.

(16)

Nous tenons à signaler que nous avons écarté, pendant la collecte du corpus, le groupe socio-culturel bilingue et même trilingue (arabe - français- espagnol), afin d'éviter les alternances entre les trois codes manipulés. L'approche de cette problématique dite du "code switching" requiert des méthodes

sociolinguistiques très développées et des situations linguistiques simples.

Notre travail est divisé en trois parties. La première est consacrée à un bref aperçu sur les relations hispano-marocaines, et sur la situation géographique et historique de Tanger. Ceci peut contribuer à mieux comprendre les contacts des deux peuples, et par conséquent à mieux appréhender le phénomène de l'emprunt linguistique. Dés lors, la fin de cette première partie sera logiquement consacrée à la problématique de l'emprunt linguistique: nous envisagerons alors les causes, les conséquences, ainsi que les motivations sociales et psychologiques, de l'emprunt lexical. Nous donnerons, par la même occasion, quelques éléments de réponse à la question suivante: pourquoi, à Tanger, l'emprunt se limite-t-il au lexique?.

La deuxième partie traitera du profil sociolinguistique de Tanger, c'est à dire des composants de la population tangéroisej ainsi que des langues en

présence et de leurs fonctions. Pour mieux comprendre le pourquoi de quelques altérations phonétiques du lexique espagnols emprunté, nous avons consacré la fm de cette deuxième partie à une brève étude des caractéristiques linguistiques du parler tangérois, du parler andalou, et du judéo-espagnol.

La troisème partie offre une analyse linguistique et socilinguistique des

mots empruntés. Le premier chapitre sera consacré à la présentation de notre

enquête, à la constitution est à l'organisation du corpus, et enfin à la méthodologie

du traitement qui y a été appliquée. Dans le deuxième chapitre, nous analyserons

les altérations phonétiques, morphologiques et sémantiques du lexique espagnol.

(17)

Dans le troisième chapitre, consacré aux aspects sociohnguistiques, nous analyserons de plus près les phénomènes d'alternance, de concurrence, de

fréquence et d'intégration. Nous tenterons aussi de cibler les personnes, ainsi que les zones, les plus touchées par l'emprunt. Tous ces éléments nous permettront, à la fin de cette partie, de mieux évaluer le devenir du lexique emprunté, c'est à dire de détenniner empiriquement s'il va disparaître, s'enrichir ou se maintenir.

Le caractère pluridisciplinaire de notre recherche nous a été imposé par la

nature de notre problématique, qui touche une zone aussi sensible-historiquement,

économiquement, culturellement, etc,- que celle du détroit de Gibraltar.

(18)

P R E M I E R E P A R T I E :

les contacts hispano-

marocains (tangérois) et la problématique de l'emprunt

linguistique

(19)

I- Les conctacts hispano-marocains (tangérois) et la problématique de l'emprunt linguistique

1- Situation géographique de Tanger

Tanger est située sur le méridien 0 de l'observatoire de Greenwich, entre les parallèles 39,5 et 40 latitude Nord, et à l'extrême pointe du Maroc qui termme, au Nord, le continent africain. Le côté Nord est bordé par le détroit de Gibraltar, et le côté Ouest par l'océan Atlantique, Tanger se trouve seulement à une

quinzaine de Kilomètres des côtes espagnoles .

Cette situation géographique de Tanger a eu et aura toujours une très grande influence sur l'histoire, l'économie, la société et la culture de cette ville.

2- Bref aperçu historique sur Tanger

Tanger, comme la souligné Attilio Gaudio^^), est la ville la plus

anciennement connue du Maroc. Cette ville est légendaire. Elle fut fréquentée par plusieurs peuples et civilisations.

2-1- Tanger de la préhistoire jusqu'à nos jours

Les recherches paléthnologiques effectuées dans la région de Tanger depuis un demi siècle environ, ont fait découvrir un certain nombre de témoins des civilisations primitives, dont l'inventaire semble encore loin d'être terminé .

(^) Victor Verruer "La singulière zone de Tanger" ED, Eurafncaines, Pans 1955, P: 37 (2) Attilio Gaudio "Maroc du Nord", cités Andalouses et Montagnes Berbère Nouvelles

Editions Latines, Pans, 1981, P: 17.

(3) Michaux Bellaire "Tanger et sa zone" Editions Ernest Leroux, Pans 1921, P: 25.

(20)

C A P M A L A B A T A

Emplacement des Nécropoles de la région de Tanger

ATTELIO, Gaudio "Maroc du Nord", cités Andalouses et montagnes berbères, nouvelles éditions

Latines Pans 1981.

(21)

\ /Gib7iH«f iEi\—..-,:,,^yéf

-Tttquwwn

-Lafichij [Ousuant

Fès

El Hocaima ''ouT 'da-

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A L G E R I E

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Saguiet elHamra

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^ l u Crâa

If VUJWUUI

^Bir Moghrein (Fon Tnnqutt).:

^ >1 H A

M A L l j

R

jDikhIa

r (Villa Cnaarstl

Oued adOahab

>Zouérata; MAURITANIEN

pr Fdérik (Fort Couiaud)::

Atari:

M A R O C

—Principales routes

0 100 200 300km|

» • 1 I

(*) MOHA, Edouard "les relations hispano-marocaines" Editions EDDIF Casablanca 1994, P. 12.

(22)

T/Espa^ne

Carthagène

* BARTOLOME BENNASSER, "L'homme espagnol", Libraine Hachette, 1975, P l.

(23)

2-2- Légendes

Depuis la plus haute antiquité jusqu'à nos jours, la ville de Tanger est désignée chez les auteurs sous les noms de Tingis, Tingi, Tingé, Titga et Tandja, ces ternies semblent être, d'après Michaux Béllaire, d'origine berbère ou

libyenne'')

Tanger, selon une légende arabe, s'appelait au début "et - tin - 3a "

{(.) L?. jiLJi, mot composé avec le substantif "et - tin" ( ù ^ i " voulant dire (boue ou argile) et avec le verbe "3a" voulant dire (venir), ce qui signifie: "la boue

est venue". Les Arabes expliquent l'origine de ce nom en disant que Noé laissa s'envoler un pigeon de l'arche alors qu'il naviguait sur l'immensité des mers, peut- être pour que le petit ammal lui indique quelques terres d'asile. Peu après, le pigeon revient en ramenant dans son bec un peu de boue ou d'argile dit-on-

prélevée à l'endroit même où quelques temps après devait s'édifier la belle ville de Tanger. En apercevant le petit animal, Noé cria de joie: "et-tin-3a", ce qui veut dire: "la terre est arrivée!".

Il ne semble pas invraisemblable que les noms de l'antiquité Tinja, Tinji, Tenja, soient dérivés de l'expression "tin -3a" que les arabes ont transformée ensuite en "Tan3a" ^ TANGER.

Mot arabe Transcription phonétique

Equivalent en français

Equivalent en espagnol

ti:n terre tierra

3a: venir venir

ti : n 3a: la terre est venue ha Uegada la tierra La situation de Tanger, à la limite du monde connu des anciens, a donné naissance à des légendes fameuses. De Ceuta, jusqu'à Larache, on peut, en suivant la côte, évoquer les exploits d'Hercule et d'Antée et les aventures

(1) Op.Cit, Michaux Bellaire P. 27.

(24)

suivant la côte, évoquer les exploits d'Hercule et d'Antée et les aventures d'Ulysse; près du cap Spartel, on remarque encore des grottes qui auraient été habitées par Hercule, et qui portent son nom

C'est dans les parages de Tanger, que passe pour avoir vécu le roi du Nord- Ouest africain Atlas ou Antée. Une variante dit que Tingé était la femme d'Antée;

Hercule l'épousa et eut d'elle un fils, sophax, qui fonda une ville à laquelle il donna le nom de Tmgé, en l'honneur de sa mère(^) .

2-3- Les Phéniciens

Vers 1100 avant J.-C, les Phéniciens sont présents de part et d'autre du Détroit.(3) Attirés par les minerais de la région de Cadix, les navigateurs

phéniciens débarquèrent à Tanger (vers 1450 av. J.c) et y fondèrent un comptoir.

Tanger n'était alors qu'un hameau berbère de "Tings" c'est à dire de marais.

2-4- Les Carthaginois

Aux Phéniciens, vinrent se superposer les Carthaginois vers l'an 530 av.

J.c. On ne sait rien de cette nouvelle période de l'histoire^^). Après la chute de Carthage, Phéniciens et Carthaginois restèrent dans le pays, où ils furent absorbés lentement par le milieu indigène; aucune légende ni tradition ne fait mention de leur départ .

(1) Op, Cit. P. 28 (2) Idem P. 28

(3) MOHA, Edouard "Les relations hispano-marocaines", Editions EDDIF Casablanca 1994, P. 22 (4) Op.Cit, Michaux Bellaire P. 34.

(5) Op.Cit Michaux Bellaire P. 34.

(25)

1

La zone de Tanger •)

1 r o n v m i K m a r o e n j n » ilrA s m n / l r a rncaàtn n o r d - o f r l c a l n r * t 1. A m é - u a « è e a i 2 . D v j j t l * a t r a v n u x s o n t e a r a a r f t l A» P r ^ r o c a .

M O N T R A N T Q . U E T A N G E R . S E T R . O U V E A L ' E C A I ^ T D E S

A X E S E T B A S E S S T I I A T E G I Q U E 5

Pendant 5 siècles, la

l'ENF.TRATJON ROMAINE

s'est toujours effectuée à partir de Tingi.t.

(1) VICTOR VERNIER ' la singulière zone de Tanger", Editions Euraficaines, Paris 1955, P. 38 et P.

50.

(26)

2-5- L'occupation romaine

Le port principal de la Maurétanie Tingitane (Maroc) était Tanger. C'est par là que s'écoulait la plus grande partie des produits exportés du Maroc à

destination de Rome en passant par l'Espagne. Les Romains rattachèrent la région de Tanger à leur province espagnol de la Bétique. L'Espagne et le Maroc qui ont déjà de nombreu.x contacts se retrouvent donc unifiés sous l'autorité de Rome (').

L'occupation romaine dura près de 500 ans; elle n'alla pas sans résistance de la part des autochtones, qui firent même une descente en Espagne en 170(2).

Trois siècles après J.C, le christianisme apparaît à Tanger et se répand vers - l'intérieur du pays, assez timidement du reste, car les temples se multiplient avec le culte des divinités gréco-latines^^).

2-6- La présence arabe et l'apparition de Tlslam Au moment où l'islamisme essaie de pénétrer au Maroc avec Oqba ben Nâfi, en 682, Tanger semble encore dépendre de Ceuta^'»).

L'Islam se heurta immédiatement à la population berbère, qui professait le pagamsme, le judaïsme ou le christianisme. Tanger, après vingt-cinq ans de résistance, se soumit en 707 à Moussa Ibn Noussaïr^^).

En 707, une des grandes aventures de l'humanité commençait avec la prise du rocher le plus avancé vers l'Afrique qui s'appellera Jabal Tariq (Gibraltar) du nom du héros qui l'a conquis, Tariq Ibn Ziad. Plus tard, Tanger, en raison de sa position stratégique, sera l'enjeu d'une lutte entre musulmans d'Espagne et d'Afrique du Nord. Elle tombera aux mains des Idrissides, des Omeyyades de

(1) Ibid, MOHA Edouard P. 22.

(2) Op.Cit, Michaux Bellaire P. 39.

(3) Victor Vemier "La singulière zone de Tanger", Editions Eurafncaines, Pans, 1955 P.53 (") Op. Cit Michaux Bellaire P. 46

(5) Op. Cit Vemier, Victor P. 54

(27)

Op,Cit, MOHA Edouard, P. 42.

(28)

Cordoue, des Fatimides, des Almoravides. Les Almohades y marquèrent un temps d'arrêt avant de poursuivre leur route vers rEspagne<" .

En 1437, les Portugais profitant des luttes intestines entre les différentes dynasties du Maghreb, s'emparent de Tanger. En 1578 l'alliance des familles Royales d'Espagne et de Portugal attribue Tanger à Philippe 11 d'Espagne. Puis par le mariage de Catherine de Bragance avec Charles H d'Angleterre, la cite, qui fait partie de la dot de la princesse, voit, en 1661, le drapeau Anglais flotter dans sa kasbah. Mais en 1684, les Anglais trouvant que l'occupation de Tanger était trop onéreuse et inutile, décident de l'abandonner à My Ismaïl qui rassiège(2). A partir de cette date, Tanger fait partie intégrante de l'empire marocain.

Bombardée en 1790 par la flotte espagnole, elle le sera de nouveau en 1844 par les unités de la marine française comme représailles à l'aide apportée au chef algérien Abdelkader par le sultan régnant, My AbderrahmanC-'').

A la fin du XlXème siècle, les luttes d'influence déchaînées par les nations européennes marquent l'intervention de ces puissances au Maroc. Pendant un siècle, Tanger sera capitale diplomatique du pays et centre d'une zone

internationalisée avec un régime spécial administré par huit puissances. Tanger est entrée dans le XXème siècle par un coup d'éclat de Guillaume II, empereur d'Allemagne, qui vint y faire, en 1905, une déclaration défendant l'Islam et dénonçant les visées françaises et espagnoles sur le Maroc. Les convoitises que suscitait Tanger n'ont pas cessé. Au début du xxéme siècle, l'Allemagne au summum de sa puissance, était irritée de voir cette zone névralgique devenue chasse gardée des Français, des Anglais et des Espagnols. Ce qui n'a pas empêché, à partir de 1912, la colonisation de tout le Maroc .

(1) ATTILIO, Gaudio, "Maroc du Nord", cités Andalouses.et Montagnes Berbères, Nouvelles Editions Latines, Pans, 1981, P. 19.

(2) Idem P. 19 C) Idem P. 19

Op.Cit ATTILIO, Gaudio P.20

(29)

* Op.Cit, MOHA, Edouard, P. 49

(30)

A partir de 1923, Tanger vécut sous un statut international à la suite d'une conférence tenue à Pans La cité étant soumise à l'autorité d'une commission internationale de vingt-sept administrateurs. En 1926, et devant le danger que représentaient pour la zone espagnole (le Nord du Maroc), les activités se déroulant à partir de Tanger, l'Espagne demanda à ce qu'on lui cédât le territoire international de (Tanger). De fait, un accord fut signé le 25 Juillet 1928: cet accord concédait à l'Espagne le contrôle de la police.

Le 3 Novembre 1940, le colonel espagnol YUSTE fit afficher un "mando"

portant suppression du comité de contrôle et de l'assemblée législative de Tanger.

Le 23 Novembre, une loi parue au bulletin officiel de l'Etat espagnol proclame

"l'incorporation de la zone de Tanger dans la zone du protectorat Espagnol" le 16 et le 17 Mai, le commissaire espagnol fit son entrée officielle à Tanger.

La conférence d'Août 1945, qui incluait les représentant*; de la France, de l'Angleterre, de l'Amérique et de l'URSS, a décidé de replacer Tanger sous le régime du statut de 1923. Effectivement, le 11 Octobre 1945, l'Espagne a retiré ses troupes de Tanger.

Les négociations franco-marocaines concernant l'indépendance, s'ouvrirent le 15 Février 1956. Le Maroc fut déclaré état indépendant et récupère les zones occupées par l'Espagne. Désormais, le "pouvoir législatif est exercé par S.M le

Sultan"(2)

L'empire chérifien dont le souverain prit le titre de roi (15 Août 1957), s'affirma à la face du monde, par le Dahir du 02 Juin 1961 portant loi

fondamentale, comme un "royaume arabe et m u s u l m a n " ( 3 ) .

(1) CAMBON, Henn "histoire du Maroc" Hachette, Paris 1952, P.P. 355.356.

(2) JuUen, Charles André "Le Maroc face aux impénalismes" Editions J.A. Paris, 1978, P.484.

(3) Op.CitP. 487

(31)

Z o n a de ProtecLorôdo Espanol.. 2 1 . 0 0 0 Km*

Z o n a de. Pnotcctorado Francis 4 5 0 0 0 0 • Z o n a Internacional de. Tanger 3 8 1 •

^n^^

^

* ARQUES, E., "El momento de Espana en Marruecos", Ediciones popular Madrid MC MXL in.

(32)
(33)

Les é t a p e s de l'occupation e u r o p é e n n e (1907 - 1934)

:o c É

A n:

ESPAGNE

. Tangirj Stbti (Ctuti)

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OUI».

- U t i d n

Pwl-EUtniM -V (NsuluOftM)

MAURITANIE

—• —— frontières actuelles non contestées

| H | occupation avant 1907 (Espagne)

[JJJ

de 1907 à 1910 191 • à 1914 1915 à 1923

B i

1924 à 1930

I I

1931 à 1934

* Op. Cit, MOHA Edouard P 63

(34)

Le 17 Octobre 1959, le gouvernement marocain abrogeait, avec six mois de préavis, les privilèges accordés à Tanger. L'abrogation a été effective à partir d'Avril 1960 Depuis lors, Tanger à vu son destin lié plus étroitement au

Maghreb, au monde arabe, à l'Afrique.

Tanger est la partie active du Maroc. Grâce à sa situation stratégique, elle se transforma en vitrine, en bazar du monde en général, et de l'Espagne en

particulier. En réalité, malgré le curieux aspect international de Tanger, la prépondérance économique, sociale et culturelle était ûspagnole: "Tanger était une ville espagnole, caractéristiquement espagnole, parce que nous lui avons donné pendant des siècles, l'essence de notre vie et de notre travail"

2-7- Les relations hispano-marocaines depuis 1975

Le 17 Novembre 1975, le roi Hassan II annonce au peuple marocain que le Sahara Occidental a été rendu au Maroc. Le Maroc n'a jamais renoncé à ses droits légitimes sur Ceuta et Melilla. Mais, il ne veut pas faire de cette question un sujet de crise ouverte. "Le Maroc compte sur la sagesse de l'Espagne pour que ce problème trouve avec le temps une solution conforme à l'intérêt des deux pays et toutes les options restent ouvertes"^^) .

Malgré ce problème, le Maroc entretient de bonnes relations avec l'Espagne qui est l'un des partenaires naturels sur lesquels compte beaucoup le Maroc.

(1) Op. Cit. ATTILIO GAUDIO, P. 20

(2) ARQUES; Enrique "El momento de Espana en Marruecos" Edition popular, Madrid, 1943, P. 108.

Op.Cit, MOHA, Edouard P. 105

(35)

* Op, Cit MOHA, Edouard, P. 67.

(36)

3- Conclusion et perspectives

3-1- Une proximité géo-politique

Nombreux sont les auteurs qui ont souligné les points de convergences entre l'Espagne et le Maroc. Parmi ces points communs on peut noter:

- La situation géo-stratégique des deux pays qui s'ouvrent à la fois sur la Méditerranée et sur l'Atlantique.

- Sur le plan humain, les deux peuples ont acquis un certain nombre de réflexes communs puisqu'ils ont vécu un long moment ensemble.

- Linguistiquement, le contact entre les deux peuples a eu une influence sur leurs langues et leurs parlers régionaux.

Actuellement, la langue espagnole reste assez largement pratiquée au Nord et au Sud du Maroc (Sahara Occidental).

- Sur le plan institutionnel, l'Espagne comme le Maroc vivent sous monarchie constitutionnelle.

- Grâce aux relations personnelles entre le roi Juan Carlos I et le Roi Hassan II les liens se sont renforcés entre les deux pays o .

- Du point de vue économique, l'Espagne est le deuxième partenaire commercial du Maroc, et également son deuxième client occidental en ce qui concerne le tourisme .

Mentionnons, enfin, le grand projet d'une liaison fixe entre l'Espagne et le Maroc (l'Afrique et l'Europe ) par pont. Ce projet renforcera les liens et les relations entre les deux pays.

3-2- Une culture commune

Durant la présence espagnole au Maroc, cinq régimes se sont succédé en Espagne: la monarchie de la Restauration, la dictature de Primo de Rivera, la II république, le régime de Franco et la minuscule démocratie.

(^) N.B signature du traité d'amitié hispano-marocain le 4 Mars 1991.

(37)

C a r t e

Les divers uitinéralrcs»» rntenus - le pont finalement - s'il est réa- lisé - sera en 4 •

(1) Op Cit, MOHA, Edouard, P. 128.

(38)

L'étroite interaction et les liens historiques éntre l'Espagne et le Maroc ont engendré un patrimoine culturel commun qui a commencé à se forger il y a

presque treize siècles et qui a laissé des traces dans les deux pays, ainsi que dans la culture universelle.

Du point de vue linguistique, la langue castillane actuelle comprend 20.000 mots dont les racines sont arabes. "En Espagne, l'islamisation fut le support direct de l'arabisation et vice-versa. Le pouvoir de fascination de cette culture, à demi- orientale, résida d'abord dans sa littérature, puis dans ses acquis scientifiques", o

Le lexique emprunté à l'arabe touche les domaines technique et scientifique (la zoologie la botanique, l'anatomie, la médecine, etc.). En voici un échantillon;

Alcohol : "Alcool"

Quimicà; ; "Chimie"

Alazan ; "Cheval"

Algoritmo ; Algorithme

Un nombre considérable de mots arabes sont passés dans d'autres langues européennes par l'intermédiaire de la langue espagnole.

Nous constatons donc, que le contact direct ou indirect des deux peuples espagnol et marocain peut se lire dans l'histoire de leurs langues. Pour mieux mesurer ce phénomène, nous allons essayer, dans cette thèse, de cerner l'impact que l'influence espagnole a eu sur le parler tangérois. Une telle enquête exige, en bonne méthodologie, que soit d'abord défini le mécanisme de l'emprunt

linguistique.

4- La problématique de l'emprunt

Les contacts établis entre le Maroc et l'Espagne ont eu un grand impact sur les deux communautés. Les échanges de tous ordres et surtout ceux qui touchent au domaine culturel et linguistique étaient très riches entre les deux pays, car

(^) VERNET, Jean, "ce que la culture doit aux Arab es" Pans, Editions Sindbad 1974, P. 37.

(39)

chaque fois que l'un des deux a atteint un plus haut degré de civilisation, il a donné plus qu'il n'a reçu.c) .

Ces contacts ont favorisé le phénomène de l'emprunt linguistique. Ce terme est assez ambigu: tout d'abord, il désigne à la fois un processus (celui

d'emprunter) et un objet (la réalité empruntée); ensuite, selon que l'on considère le code récepteur ou le code donateur, on peut l'interpréter soit comme un prêt soit comme un emprunt effectif. Pour faire la distinction, il est nécessaire de voir si l'élément étranger fait partie du lexique du code récepteur ou se rencontre seulement de façon irrégulière chez quelques usagers et à certains moments.

GUIRAUD propose que l'on n'accorde pas le même statut à:

1/ L'emprunt du nom et de la chose.

2/ L'emprunt du nom sans la chose.

3/ L'emprunt de la chose sans nom.

Cette classification rejoint en quelque sorte celle de L. GUILBERT (2) qui traite à part les "emprunts dénotatifs", opposés aux "emprunts connotatifs".

Le phénomène de l'emprunt a suscité l'intérêt de tous les linguistes. Ils ont tenté de définir "cette curieuse forme d'échange qui n'a d'emprunt que le nom puisqu'il ne saurait jamais, en la matière, être question de restitution" (3) .

Peut-on trouver une définition adéquate et cohérente à ce phénomène universel? Quels sont ses aspects? Est-il facilement identifiable? Et quelle est sa place en linguistique? Peut-on délimiter les cas où s'actualise le passage du statut d'emprunt occasionnel à celui d'emprunt stable? Peut-on préciser ses conditions d'apparition, sa typologie, ses causes, ses raisons, son intégration, les altérations auxquelles il est exposé, ses conséquences? En envisageant certains aspects de ce phénomène qui remonte à l'antiquité, peut-on trouver des réponses aux questions pré-citées?.

(1) CAL VET, L.J, " la tradition orale", Q - S - J, Paris, P U F , 1984, P.P.6-7.

(2) GUILBERT, L, "la créativité lexicale", Paris, Larousse, 1975. P. 91.

(3) CALVET,L.J, "Linguistique et colonialisme"Paris, Editions petite bibliothèque Payo 1974, P.87-88.

(40)

Section I: Essai de définition

Bloomfield avance que "l'adoption des traits (linguistiques) qui diffèrent de la tradition habituelle est un emprunt linguistique" o .

La définition de Bloomfield ne demeure-t-elle pas insuffisante dans la mesure où elle parle de traits? Peut-on exclusivement qualifier d'emprunt

linguistique la simple assimilation de traits linguistiques? Qu'en est-il des autres unités transmises d'une communauté à une autre?.

Dans le dictionnaire de linguistique, Dubois souligne que: "il y a emprunt linguistique quand un parler A utilise et finit par intégrer une unité ou un trait linguistique qui existait précédemment dans un parler B et que A ne possédait pas; l'unité ou le trait empruntés sont eux-mêmes appelés emprunts" .

Dans le domaine diachronique CAL VET fait la distinction entre l'emprunt et l'héritage: "il y a emprunt si B a été consciemment formé sur le modèle de A, qu'on est allé exhumer d'un état de langue passé... Il y a héritage, en revanche, lorsque le passage de A à B est inconscient"(3).

Un autre problème concernant l'intégration linguistique se pose. Est-ce que la présence, par exemple, dans le discours marocain, d'éléments appartenant à la langue espagnole, constitue une raison suffisante pour décider de l'intégration effective de ceux-ci dans le lexique commun marocain?.

LACROIX propose quatre critères pour trancher ce problème.

1/ L'absence d'une unité préexistante de signifié identique.

2/ L'emploi aux divers niveaux de langue.

3/ La connaissance passive ou active par l'ensemble des locuteurs.

4/ La fréquence d'emploi.

(1) Bloomfield "le langage". Pans, PAYOT, 1970 P,. 420.

(2) DUBOIS et autres, "dictionnaire de linguistique". Pans, Larousse, 1973, P. 188.

Ibid, CAL VET, P.P. 87-88.

LACROEXC P.F), "Cultures et langues afncaines" (les emprunts linguistiques), langages n°18, 1970,

P.P. 48-54.

(41)

W.Mackey a souligné la différence qui existe entre l'intégration et

l'interférence: "l'une des opérations les plus délicates dans l'étude du contact des langues est celle qui consiste à distinguer l'intégration dans le code d'éléments étrangers de l'interférence de tels éléments dans le discours...Par interférence, on entend l'utilisation que fait un sujet parlant ou écrivant une langue, de termes appartenant à une autre langue ou à un autre dialecte; ce phénomène relève du discours. Par intégration, on entend l'incorporation dans une langue ou un dialecte d'éléments appartenant à une autre langue; ce phénomène relève de la langue".d)

En réalité, il est très difficile, pour les linguistes, de séparer les cas d'intégration au code, des cas d'interférence dans le message.

Section II: Le caractère "étranger" de l'emprunt

Les linguistes lorsqu'ils abordent l'emprunt, se placent à différents points de vue: les uns s'intéressent au processus même de l'emprunt, les autres à son

résultat.

L'élément empruntable est considéré comme une notion relative, dans la mesure où elle implique le concept d'étranger. En effet, il s'agit d'un élément

"étranger" introduit dans un système et défini par opposition à l'ensemble des éléments existant antérieurement au sein d'une communauté linguistique délimitée géographiquement et socialement. L'emprunt doit violer la loi de cette notion de territoire linguistique, conventionnel ou réellement fixé. Ceci laisse à dire que l'emprunt est une affaire de convention, un fait de langue dont on reconnaît le caractère étranger.

(^) MACKEY, William, F, . "bilinguisme et contact des langues", Paris, Editions klmcksiek, 1976, PP.

308-309.

(42)

Section III; Les types d'embrunts

Si l'emprunt répond à un besoin linguistique, il est important de faire la distinction entre les différents aspects de ce phénomène.

Les "emprunts nécessaires" permettent de référer d'un objet inconnu auparavant ou à une notion ignorée; par conséquent, le locuteur de la langue emprunteuse se trouve dans la nécessité d'user aussi bien de l'unité lexicale que de son réfèrent, du fait qu'il ne possède pas d'équivalent dans la culture de la langue emprunteuse.

Les objets ont voyagé et voyagent toujours, de même que les façons de les fabriquer et de s'en servir; d'où une "réelle fusion entre l'emprunt et l'innovation".

Ces considérations obligent à préciser les conditions d'identification, d'acceptabilité et de fonctionnement de l'emprunt en général.

Les linguistes ont essayé de distinguer les emprunts "naturalisés" de ceux qui restent cantonnés au stade de "pérégrénisme" ou "xénisme".

Section IV: Qu'est ce qu'on emprunte?

Quand on parle d'emprunt ou pense automatiquement aux mots. Louis Deroy('), avance que "tout emprunt est lexémique", c'est à dire un transfert de lexèmes par imitation d'une langue dans une autre. Mais est-ce qu'on emprunte seulement des mots? Qu'en est-il de l'emprunt des phonèmes, des accents, des affixes des taxèmes et des sens?.

En théorie, toutes les unités linguistiques sont empruntables. Mais

cependant, toutes les études faites jusqu'à nos jours sur l'emprunt, ont révélé que l'élément lexical s'emprunte plus facilement qu'un élément grammatical, et qu'à l'intérieur des unités lexicales, les substantifs et les verbes sont privilégiés par l'emprunt. Shana POPLACK souligne aussi ce phénomène: "comme règle générale, les mots lexicaux sont facilement transférés, tandis que les mots

grammaticaux sont résistants. La grande majorité d'emprunts consiste surtout en

(1) DEROY, Louis, "l'emprunt linguistique" Paris, Ed Labor, Nathan 1971, P. 135.

(43)

des noms, avec en moindres proportions des adjectifs et des verbes. Les pronoms personnels et démonstratifs, de même que les articles, les quantificateurs et les prépositions ne sont que rarement empruntés"") . Notre corpus recensé illustre clairement ce constat.

Section V; Pourquoi emprunte -t-on?

Le phénomène de l'emprunt a toujours balancé et balancera toujours entre ces deux caractères: emprunter par besoin, nécessité ou ce que L. Deroy appelle

"raison de coeur".

Généralement, le phénomène de l'emprunt trouve sa justification dans la nécessité: on emprunte ce dont on a besoin.

Pour corroborer ce qui vient d'être avancé, recourons au témoignage de Deroy: "entre deux groupes sociaux dont l'un possède sur l'autre une supériorité marquée dans un domaine intellectuel ou matériel, il se crée souvent un véritable courant d'emprunts, qui tend à rétablir l'équilibre'''^).

Quasi toutes les langues se sont retrouvées face à la nécessité d'assimiler des éléments d'une civilisation venue d'ailleurs, d'où l'universalité de ce

phénomène.

Après tout ce qu'on vient de voir, ne peut-on pas considérer le néologisme comme une échappatoire pour se dispenser de l'emprunt? Mais par souci de simplicité, et afin d'éviter les périphrases, il est parfois préférable d'importer la chose avec son appellation. Ce comportement est aussi motivé par la volonté d'être clair et par une certaine paresse. C'est par l'utilité pratique que l'on peut justifier le grand nombre d'emprunts dans le domaine scientifique, technique

...etc., surtout concernant la découverte: un savant emploie une appellation pour désigner une notion nouvelle. Ce mot tend à passer d'un usage individuel à un usage conventionnel motivé beaucoup plus par le souci de clarté que par celui de

(1) POPLACK, Shana; "conséquenœs linguistiques du contact de langues; un modèle d'analyse variationniste" projet de recherche P l i .

(2) 0p.Cit, DEROY, P 137.

(44)

purisme. Surtout quand il s'agit de locuteurs dont la langue ne réserve pas une grande place aux néologismes.

L'emprunt revêt l'aspect d'une nécessité quand il s'agit de rendre compte de choses ou de notions étrangères ou quand les mots sont incapables de faire la description adéquate. Mais, peut-on considérer tous les emprunts comme une nécessité, un besoin?.

N'y a- t-il pas des situations où le locuteur éprouve le plaisir et non pas le besoin d'emprunter des mots? Ne s'agit-il pas plutôt d'un emprunt superflu, sans argument convaincant ni raison valable?.

Pour rendre compte d'une telle situation, Deroy a proposé une appellation adéquate: "les raisons du coeur".

En ce qui conçeme notre recherche, les enquêtes nous ont révélé que l'emprunt au lexique espagnol par les parlers marocains est un emprunt dénotatif et non connotatif. Les emprunts dénotatifs selon L. GUILBERT sont les

désignations de produits, de concepts qui ont été crées dans un pays étranger.

L'introduction du terme étranger se fait alors avec la chose.

Les emprunts dénotatifs ou de nécessité sont les lexies qui désignent les réalités socio-économiques, technologiques ou autres importées d'ailleurs et inconnues jusqu'à là dans la communauté considérée.

4-1- Les domaines touchés par Temprunt et la diversité des éléments empruntables

Les emprunts concernent un éventail très varié de domaines distincts.

Quasi tous les champs sémantiques se trouvent touchés par l'emprunt. Mais évidemment, le degré d'influence varie dans le temps et dans l'espace (la société).

Les parlers marocains ont emprunté des mots espagnols pendant la période allant de 1880 à 1960 (temps fort) et dans un espace précis (la zone urbaine).

Pendant cette période-là, à mesure que l'environnement ainsi que les besoins

(^) GUILBERT, L; "la créativité lexicale", Paris, Larousse, 1975 P. 91.

(45)

marocains évoluaient, les mots empruntés revêtirent des formes et des significations nouvelles.

Le corpus espagnol -recensé reflète clairement les domaines marocains touchés par l'emprunt:

1/ Domaines domestique et quotidien;

21 Domaines des sports et des loisirs;

3/ Domaine de la santé;

4/ Domaine technique.

Ces domaines traduisent des concepts et des notions nouveaux, privilégiés et stables.

4-2- Pourquoi l'emprunt de l'espagnol par les parlérs marocains se limite t-il au lexique?

Notre travail sur le terrain s'est avéré très positif dans la mesure où nous avons découvert, d'après le corpus recensé, que l'emprunt de l'espagnol par les parlers marocains se limite seulement au lexique. Ce lexique traduisait des objets, des coutumes et de notions inconnues dans les milieux marocains. Donc, cela nous a poussé à nous demander, pourquoi les parlers marocains n'ont pas emprunté de tournures syntaxiques, autrement dit des fragments de phrases.

Nous avons trouvé quelques réponses et quelques causes, d'ordre interne et externe, à ce phénomène.

4-2-1- Les causes internes se résument en trois points

a- Le contact par la voie orale

b- L'analphabétisme d'une grande partie de la population locale c- La présence et la concurrence d'autres langues au Maroc.

A présent, nous allons essayer de clarifier chacun de ces trois points.

(46)

a- Le contact par la voie orale

Le contact s'est effectué tout d'abord entre des (langues) parlers non

apparentés. Les divergences syntaxiques, morphologiques et phonologiques, ainsi que la transmission par la voie orale qui s'est établie entre les parlers en question, ont posé plusieurs problèmes de tous ordres aux Marocains.

Comme le souligne CALVET,(') la transmission par la voie orale est exposée à des déformations beaucoup plus nombreuses et beaucoup plus profondes que celle par voie manuscrite.

b- L'analphabétisme

L'écriture aurait pu contribuer à élargir le domaine de l'emprunt et à fixer et respecter les formes ainsi que les sens des mots espagnols empruntés. Mais, au moment des contacts, l'analphabétisme régnait dans une grande partie de la

population marocaine.

Dés lors, l'analphabétisme a été l'une des causes de la réduction des champs de l'emprunt.

La présence et la concurrence d'autres ^ langues

La période du protectorat (espagnol et français) ainsi que

l'internationalisation de la ville de Tanger, impliquent évidemment, la présence, au Maroc, de plusieurs nations, donc de plusieurs langues qui étaient en

concurrence avec l'espagnol. Parmi ces langues, c'est le français qui a eu un grand impact sur la société et sur les parlers marocains.

0) CAL VERT, L, "la tradition orale", Pans, PUF Q.S.J, 1984. P.P. 40-41.

(47)

4-2-2- Les causes externes

Les causes externes majeures sont les suivantes:

a- La sous-estimation du parler andalou . b- La non-imposition de l'espagnol au Maroc.

Ces deux éléments s'insèrent dans le cadre de l'action culturelle, a- La sous-esrimation du parler Andalou

Les Andalous n'étaient pas convamcus de l'importance de leur parler pour des raisons socio-psychologiques.

Effectivement comme le souligne GONZALO MOYA (•), les intellectuels andalous, comme toutes les classes aisées de la région, considéraient le parler dialectal non comme une manifestation autochtone du caractère racial et régional, mais comme un "sous - produit idiomatique", comme une "sous-culture

idiomatique". Aujourd'hui encore, on entend les Andalous dire: "nous, les Andalous, nous parlons très mal, ou "nous les Andalous mangeons les [s] et les [x] jotas" parceque nous ne savons pas prononcer. Autrement dit, nous, les Andalous nous ne pensons pas qu'il existe un dialecte andalou. En comparant celui-ci au castillan, nous voyons que nous parlons castillan, mais que nous le parlons très mal.

Ce jugement péjoratif fait que les classes cultivées essaient de dissimuler leur "andalousisme" (idiotisme andalou), de remodeler leur prononciation.

En plus, lorsqu'un locuteur andalou se trouve en dehors de l'ambiance situatiormelle de sa ville, et hors de l'intimité sociolinguistique, il a recours, ou essaie de recourir selon sa culture, à la langue de norme castillane (2).

Politiquement, le dialecte andalou eut à lutter contre une véritable

propagande et considérations négatives. Les gens de "droite", qui ont les moyens

(1) GANZALO, MOYA- "Bilinguismo y trastomos del lenguage en Espana, Madrid, Editorial S ALTO, 1977, PP. 218-219.

(2) LAMIQUIZ, Vidal, "sociolinguistica en un habla urbana: sevilla" in, Revista espanola de

Unguistica, H, Madnd, 1976.

(48)

d'envoyer leurs enfants à Madrid et en Angleterre, considèrent le dialecte andalou comme une manifestation d'inculture et de retard.

Pour leur part, les gens de "gauche" considèrent le dialecte andalou comme le parler des dévots.

L'abondance et le talent des écrivains andalous pendant les années 30, n'ont malheureusement pas donné naissance à une puissante force idiomatique

andalouse, comme celle du catalan, du valencien ou du galicien. Tous ces phénomènes ont pesé sur l'action culturelle andalouse (espagnole) au Maroc.

b- La non-imposition de l'espagnol

Les Espagnols à la différence des Français n'ont pas imposé leur parler malgré la présence de plusieurs facteurs qui leur étaient favorables, comme les facteurs économiques, géographiques, sociaux et politiques. Ainsi, quasi tous les groupes socio-professionnels majoritairement andalous: commerçants, ouvriers, etc, et surtout les militaires, ont essayé d'apprendre les parlers marocains afin de faciliter leur contact avec la population.

Nous avons trouvé un article dans "Revista Africa"(i) qui soulignait la nécessité de connaître l'arabe vulgaire: "de tous les fonctionnaires, c'est pour les contrôleurs que la nécessité de connaître l'arabe vulgaire ou le berbère rifain est la plus grande. Ainsi en a pensé la délégation des affaires indigènes, qui a rendu obligatoire son étude".

Enfin, en regardant de plus près tous ces éléments, nous comprenons pourquoi l'emprunt de l'espagnol par les parlers marocains se limite à un nombre précis de mots.

(0 Revista Afnca: Auteur, année (anonymes)

(49)

DEUXIEME PARTIE :

LA SITUATION

SOCIOLINGUISTIQUE DE

TANGER

(50)

II- La situation sociolin^uistique de Tan^ger 1- La population tangéroise

1-1- La population musulmane de Tanger

Soumise depuis ses origines les plus lointaines au flux et au reflux des invasions, la population de Tanger porte les traces des alluvions ethniques que les envahisseurs ont déposées sur son fonds autochtone. Les éléments arabe et berbère dominent^').

D'après Attilio GAUDIOt^), les Rifains, ont constitué les 85% de la population citadine et rurale du territoire de Tanger, le Fahç [fatis] , les Djebala [3bala] (les habitants de l'arrière pays tangérois) représentaient 9% de la

population.

Actuellement, il serait arbitraire et irréel d'établir des classifications rigoureuses et d'évaluer le nombre exacte des composants de la population

tangéroise à cause des mélanges qui se sont produits, de l'émigration et de l'exode rural. Pour plus de détail concernant les mélanges ethniques qui se sont produits à Tanger, nous renvoyons à l'excellent ouvrage de Michaux Bellaire "Tanger et sa zone" PP. 358-362.

1-2- La population étrangère

Bien avant le XIXéme siècle, Tanger fiit le havre de ceux cherchaient à se faire oublier pour des motifs plus ou moins avouables(3). Souvent aussi, voulant rompe définitivement avec leur passé, ils dressèrent entre eux et la justice l'obstacle de la conversion religieuse.

Cependant, la population européenne de Tanger qui en 1811 dépassait 200 personnes, n'en comptait plus que 115 en 1819: soit moins d'une trentaine de familles(4) .

(1) Vemier, Victor, "la singulière zone de Tanger", Ed, Eurafricaines, Paris 1955, P. 75.

(2) Attillio, Gaudio," Maroc du Nord", Cités Andalouses et montagnes berbères, Nouvelles éditions Latines, Paris 1981, P. 13,

(3) MIEGE, Jean Louis, "le Maroc et l'Europe" (1830-1894) Paris 1959, Tome H, P. 26.

f'') Op. Cit, P. 27.

(51)

Un autre facteur qui a favorisé la présence de la population européenne à Tanger est la situation de la bais, à l'entrée du détroit. Cette situation permet aux voiliers venus de l'Ouest et arrêtés par le célèbre vent "levante" d'y trouver abri.

Sa rade large, assez bien protégée par la pointe de Tanger, et celle de Malabata possède de bons mouillages.

Tanger offrait d'elle-même un assez large débouché. Avec ses 200 ou 250 Européens et ses 1000 à 1500 Juifs, Tanger faisait concurrence aux produits étrangers.

La présence du corps consulaire, lui valait, avec un surcroît d'activité, une parfaite tranquillité.

1-3- La DODulation euronéenne de Tanger m 1832 220 Habitants

1836 300 Habitants 1850 330 Habitants 1854 340 Habitants 1858 522 Habitants 1864 940 Habitants 1867 965 Habitants

On remarque dans ce tableau de Jean Louis Miège, deux phénomènes importants:

a- De 1832 à 1836 l'accroissement de la population européenne de Tanger atteint près de 40% en quatre ans. Cela témoigne de la première ouverture du pays, b- De 1858 à 1864, un autre accroissement qui est dû cette fois-ci au traité de paix après la guerre d'Afrique. Comme le souligne Jean-Louis Miège, il ne s'agit plus de l'immigration de quelques individus mais de familles entières.

(•) Op. CitP. 474.

(52)

A partir de 1887, les autorités espagnoles favorisèrent l'émigration vers le Maroc pour "développer l'influence de l'Espagne et s'assurer une meilleure part en cas de partage éventuel". De plus en plus, les Espagnols constituent la grande masse des étrangers établis dans le pays. Le recensement consulaire de 1887 en avait trouvé 3700 (3000 à Tanger), celui de 1891 évalue leur nombre à plus de 6000, soit un accroissement moyen de près de 600 par an (i).

En 1896, on estimera le nombre des Espagnols installés dans le pays à quelques 8000 personnes (6 à 7000 à Tanger). Cette immigration des Espagnols est due à l'aggravation de la crise monétaire et agraire en Espagne.

On estime à cette date (1890-1892) qu'il arrivait annuellement au Maroc 800 à 1000 Espagnols; 400 à 500 demeuraient à Tanger, les autres se

répartissaient dans les ports marocains. On peut se demander, d'où viennent ces Espagnols. La quasi totalité venait des villages d'Andalousie notamment des provinces de Mâlaga, de valence et de Majorque.

Le recensement effectué en fm 1891, début 1892, complété par les listes paroissiales, donne la répartition suivante de la colonie espagnole en 1892 (2).

Tanger 5500 Habitants Tétouan 250 Habitants Larache 150 Habitants Casablanca 250 Habitants Safi 15 Habitants

Rabat 8 Habitants

Mazagan (El jadida) 64 Habitants Mogador (Essaouira) 48 Habitants

Au XX ème siècle, Tanger a hérité du statut international (1923), c'est à dire d'une formule de gouvernement et d'administration, privilégiant toutes les formes de spéculation et d'investissements, favorisant les trafics de capitaux

(1) Op Cit, Mége, TOMEIV P 286.

(2) Op, Cit Miége P. 288

(53)

(multiplication des activités commerciales et bancaires). Cela à évidemment entraîné une forte et importante immigration étrangère vers la ville (d .

Voilà le nombre des étrangers à Tanger d'après les recensements effectués dans cette ville (2).

1920 10.000 Habitants 1935 15.000 Habitants 1952 42.000 Habitants i960 34.000 Habitants 1971 9.611 Habitants

D'après ces chiffres, on remarque une nette baisse de la population étrangère à Tanger, surtout à partir des années 50. Cela est dià à l'abolition du statut international et à l'indépendance du pays.

Actuellement, et d'après les recensements du consulat d'Espagne à Tanger, il y a environ 2000 Espagnols à Tanger.

Plusieurs historiens ont mentionné que les juifs étaient assez nombreux à Tanger et cela depuis plusieurs siècles.

Michaux-Bellaire(3) a évoqué la pratique du paganisme, du christianisme ou du judaïsme à Tanger, avant l'apparition de l'Islam. "Quand l'Islam apparut, les deux premiers disparurent assez vite; le dernier se maintint, sinon dans la région, du moins dans la ville. La question de la survivance du judaïsme dans les

territoires conquis par l'Islam est encore obscure il convient de distinguer les Berbères de religion juive et les Juifs de race. Ceux-ci étaient installés de

préférence dans les villes et les gros centres, ceux-là vivaient dans la compagne".

HAIM, VIDAL SEPHIHA a évoqué la présence des juifs parmi les conquérants arabes et berbères en 711.

(^) Robert ESC ALLIER "la population urbaine du Maroc" étude géographique, thèse de Doctorat Es lettres, Tome H, 1979 Nice P. 655.

(2) Op.Cit, Tomel P. 23.

(3) MICHAUX Bellaire "Tanger et sa zone" Editions Ernest leroux, Paris, 1921, P.P. 358-359.

(54)

"En 1492, après la chute de Grenade, dernier bastion musulman- je préfère dire musulman, étant donné que les conquérants de l'Espagne en 711 comptaient à la fois des berbères et des Arabes, voire des Juifs-, en 1492 donc, les rois

catholiques mettent les Juifs de leurs royaumes devant l'alternative suivante: ou bien se convertir au catholicisme, ou bien s'exiler"(i).

Du point de vue linguistique, ils ont contribué à conserver la langue espagnole et ses variétés au Maroc et surtout à Tanger.

Nous pouvons dire que la population étrangère à Tanger était forte, avant et après l'internationalisation de la ville. Mais la plus forte population représentée à Tanger est celle de l'Espagne; cela est dû à la réalité historique et géographique des deux pays. Victor vemier dit que si les ressortissants de la plupart des nations étrangères résidant à Tanger ont, un peu, l'air de camper, ceux de l'Espagne donnent l'impression d'être chez eux et de faire corps avec cette terre qui, géographiquement, prolonge la péninsule Ibérique(2).

En cette fin de siècle, la population espagnole à Tanger peut voir son nombre augmenter grâce au partenariat économique entre l'Espagne et le Maroc, et grâce aussi à la création de la zone franche à Tanger, qui attire beaucoup d'investisseurs étrangers en général et espagnols en particulier; d'autant plus que la ville est dotée de toutes les infrastructures nécessaires à l'installation et à l'implantation des espagnols à (écoles espagnoles, les églises, l'aéroport, le port, la zone franche, le consulat espagnol, etc.).

2- Les langues et leurs fonctions à Tanger

Avant de parler des langues et leurs fonctions à Tanger nous tenons à évoquer un grave problème qui est celui de l'analphabétisme qui touche aussi bien la population citadine que campagnarde.

(1) SEPHIHAHAIM VIDAL,: "le judéo-espagnol", Paris, Editions Entente, 1986, P. 15 (2)

Victor vemier, "la singulière zone de Tanger" Editions Eurafricaines, Paris 1955, P.P. 87-88.

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