A NNALES DE L ’I. H. P.
G ARRETT B IRKHOFF
Théorie et applications des treillis
Annales de l’I. H. P., tome 11, n
o5 (1949), p. 227-240
<http://www.numdam.org/item?id=AIHP_1949__11_5_227_0>
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Théorie et applications des treillis (1)
par
Garrett BIRKHOFF.
Ce
premier
articleprésente
un résumé d’une branche nouvelle del’algèbre
moderne : la théorie des treillis. Dans un second article nousesquisserons
la théorie des treillis avecopérations
auxiliaires. Définissons’
tout d’abord les
systèmes abstraits
que nous allons étudier.t. Systèmes
partiellement
ordonnés. --- Soit P un ensemble d’élé-ments
quelconques,
liés par une relation binairequelconque x y
qui
satisfasse aux conditions suivantes :P I Pour tout x, x ~ x, ;
P2 Si xy et yx, alors x==y;
P 3 Si xy et alors
P
s’appelle système partiellement
ordonné.On rencontre
partout
dessystèmes partiellement
ordonnés(s.
p.o.).
En
effet,
soit 1 uneclasse,
et ... une famille de sous-ensembles deI;
siS ~ T signifie
que S contient T commesous-ensemble, +
devient uns. p. o. De
même,
soit P la famille de toutes lesdécompositions ( équi- valences )
d’une classeC,
et supposons que 03C0 03C0* dans Psignifie
que 03C0*est une subdivision de 7r; P est alors un s. p, o.
Soit,
encore r uneconfiguration,
ou uncomplexe topologique
dans le sens dePoincaré,
ouune
géométrie projective
abstraite dans le sens de Veblen etYoung.
Siparmi
les éléments a,(3,
y, ... der, a signifie
que a,03B2-sont
inci-dents et que la dimension de a est au
plus
celle de~,
alors r devientun s. p. o.
(l) Conférence faite à l’Institut Henri Poincaré, et aussi ( en anglais) à la London Mathematical Society.
L’intérêt des
systèmes partiellement
ordonnés estlimité,
non pas par leurgénéralité,
mais par lapauvreté
des théorèmesqu’on
peut démontrersur les s. p. o.
Il existe d’abord un
Principe
de Dualité. Si la relation satisfaitaux conditions P
i-P 3,
la relation x ~ y( définie
par y ~x)
les satisfera aussi. Parconséquent,
si T est unthéorème, qui peut
être déduit de de P1-P 3,
le théorème dual T’ seraégalement
vrai.Les s. p. o. à un
petit
nombre d’éléments peuvent sereprésenter
faci- .lement par des réseaux
spéciaux appelés diagrammes,
et ressemblantsaux treillis
ordinaires,
nonmathématiques.
Lafigure
ci-dessousindique
le s. p. o. de tous les sous-ensembles d’un ensemble de trois éléments.
La condition pour que x
~ y
estqu’il
existe une chaîne descendantede
x j usqu’à y.
’
Dans certains s. p. o. il existe des éléments
particuliers
o ou i tels que (1) o ~ x pour tout x, x ~ 1 pour tout x.S’il y a un tout élément satisfaisant à
(1) p > o ( c’est-
à-dire mais p
~ o), (2 ) p >
x > o pour tout x,s’appelle
atomeou point
de P.La théorie des
chaînes, qui joue
un rôleimportant
dans la théorie desidéaux (1 ), peut
s’étendre aux s. p. o. arbitraires. Donnons ici seule-ment la définition d’une chaîne. Une chaîne est un s. p. o. C dans
laquelle
P4 si
x, y e C
on aura xy ou y ~ x.De même, presque toute
l’arithmétique
transfinie peut s’étendre( 1 ) Voir B. L. van der WAERDEN, Moderne Algebra, Chap. XI. Pour les démonstra- tions et détails de tous les résultats voir G. BIRKHOFF, Lattice Theory, dont la seconde
édition vient de paraître.
aux s. p. o. Pour deux s. p. o.
P, Q, arbitraires,
onpeut
définir la sommecardinale
P + Q,
la somme ordinalePeQ,
leproduit
cardinalPQ,
leproduit
ordinalpo Q,
lapuissance
cardinaleQF,
et lapuissance
ordinale
~Q.
Enexceptant peut-être
lapuissance ordinale,
toutes cesdéfinitions sont
univoques,
et aussisimples
que dans le cas usuel del’arithmétique
transfinie. Deplus,
elles satisfont à toutes les identités del’arithmétique transfinie
usuelle.On
peut
même démontrer dans des circonstances trèsgénérales,
l’unicité d’une
décomposition
enfacteurs premiers,
pour la multi-plication
cardinale. Eneffet,
soit P un s. p. o. avec 0 etI,
et soitP =
Qi ... Qm
=Ri ... Rn.
Dans ce cas iI y a des s. p. o.Tij
tels que Qi = Tin etR~
= pour tout i,j.
2. Treillis. - Dans
chaque
s. p. o.P,
onpeut
définir la relationx = U S entre éléments x E P et des sous-ensembles
S L P,
commeéqui-
valente aux deux conditions : :
(1)
x ~ s pour toutSES, (2)
si u ~ spour tout
s~S,
alors u x. La relation duale x = n S se définit par dualité.Si x == u
S,
on dit que x est le supremum deS;
si x = n S on ditque x est
l’in fimum
de S. Si S= a,
bconsiste
en deux éléments a,b,
on écrira
(2) et
Dans
beaucoup
de s. p. o.P,
les suprema et les infima n’existent pas;mais s’ils
existent,
ils sontuniques.
Définition.
- Unsystème partiellement
ordonnéL,
danslequel
a n bet a u b existent pour
chaque
a,b E L, s’appelle
un treillis.On démontre aisément les identités fondamentales suivantes :
et a U a == a,
L2
i -a n b = b n a et a u b = bua,
L3 et
L4
Réciproquement,
soit A unsystème algébrique
avec deuxopérations
binaires n ,
U satisfaisant aux conditionsL I -L £.
Si nous posons dans Alorsque
x ny = y, alors A sera un treillis avecDans un
treillis,
on trouve facilement que°
(3) ....
de sorte que
chaquesous-ensemble fini
d’un treillis a un supremumet un
infimum.
Les treillis existent
partout
dansl’algèbre.
Convenonsd’appeler algèbre
abstraiten’importe quelle
classe Ad’éléments,
combinés par desopérations unaires, binaires, ternaires,
etc. Cette idée utile contientcomme cas
spéciaux
les groupes, les anneaux, les treilliseux-mêmes,
etc.Appelons sous-algèbres
deA,
les sous-ensembles de Aqui
contiennentchaque
combinaisonalgébrique
de leurs éléments. Cette définition contient comme casparticuliers
les définitions usuelles de sous-groupe, sous-anneau, etc., et sert comme définition de sous-treillis. Les sous-algèbres
d’unealgèbre
abstraitequelconque forment
un treillis.Réciproquement, chaque
treillis fini estisomorphe
ausystème
de sous-algèbres
d’unealgèbre
abstraite convenable.Appelons
encore,équivalence régulière
surA, chaque
relationd’équi-
valence
(’ )
0 dans Aqui possède
lapropriété
de substitution suivante : (4) Si on aura a’ 6(a*)’ pour chaque opération unaire de A, b)6(a* o b)et ( c o a) 8 (c o a*) pour
chaque
opération binaire de A, et aussi ( a, b, b, c ), ( b, a, a*, c ), et Cb, c, c, a*) pourchaque opération ternaire de A,
etc.
Posons 0 L 0*
lorsque
a 0 a*implique a 0’ a*;
alors leséquivalences régu-
lières sur une
algèbre
abstraitequelconque forment
un treillis.Dans le cas des groupes, les
équivalences régulières correspondent biunivoquement
aux sous-groupes invariants et elles satisfont à la loi modulaireL5 Si alors
Les
équivalences régulières
sur un treillis satisfont même à la loi dis-tributive, plus
forte :L6
Ces cas sont
cependant
des cas bienparticuliers ;
il semblequ’il
( 1 ) C’est-à-dire, relation réflexive; symétrique et transitive. Voir pour une discussion
plus complète, P. DUBREIL, Algèbre.
n’existe aucune identité
générale
satisfaite par leséquivalences régulières
dans une
algèbre
abstraite arbitraire.Si nous considérons les
opérations n
et U commeanalogues
à la mul-tiplication
et l’addition ordinaire(par exemple,
dans leproduit
et lasomme de deux
ensembles),
on arrive à définir un idéal dans untreillis L comme un sous-ensemble H de L tel que
(1 )
x~H et a E Limpliquent
et(~) x, y E H implique x u y e H.
Dans le casdes treillis
finis, chaque
idéal H estprincipal,
c’est-à-direqu’il équivaut
à l’ensemble a n L = a n H des éléments a n,x
[ a fixe,
x E Larbitraire].
Dans un treillis L avec o, les éléments x60 module une
équivalence régulière 0,
formenttoujours
un idéal. Mais cet idéal ne déterminepas 0
en
général,
à moins que L ne satisfasse à la condition( 5 ) Si x ~ a dans L, alors il existe un élément y E L tel que x n y = o et x u y = a.
Des recherches intéressantes ont été
entreprises
sur les treillis libres.Lorsqu’on
combine deuxsymboles
a etb, assujettis
aux seules condi- tionsL I-L4,
on arrivesimplement
au treillis dequatre
éléments(le
carré 2. 2 = 22 de la chaîne de deux
éléments ),
mais si l’on combine troissymboles
a,b,
cassujettis
aux mêmesconditions,
on arrive à untreillis infini avec des chaînes infinies.
Définissons
TL (n) (en
d’autres termes le treillis libre avecn généra- teurs)
comme le treillis formé par des combinaisons desymboles
aumoyen de deux
opérations
n et U ,assujetties
àLI-L4
seulement.TL(3)
contient alors pour tout n fini oudénombrable,
commesous-treillis. Ce résultat est
analogue
aux faits connus pour les groupes libres.Il est intéressant
( et
très utile pourl’algèbre )
de remarquer que si l’onajoute
la loi modulaireL5,
on obtient seulement 28 combinaisons de troissymboles,
tandis que le treillis modulaire libre avecquatre géné-
rateurs est infini.
3. Treillis complets. - Nous avons
déjà
vu quechaque
sous-ensemblefini
d’un treillis a un supremum et un infimum. Unsystème partielle-
ment ordonné dans
lequel chaque
sous-ensemble S a un supremum et uninfimum, s’appelle
un treilliscomplet.
Il est éviden t quechaque
treillisfini est un treillis
complet;
il en est de même pour les treillisqui
satis-font à une condition de chaîne.
Il est curieux du
point
de vuelogique
de noter que si Ereprésente
l’ensemble
vide, (B
E = I et u E = o. D’ailleurs l’existence des infima( et
deI ) implique
celle des suprema.La
plupart
des treillissont complets; je signale
d’abord l’intervalle fermé infini[ -
oc,--f-~o~.
M. Mac Neille agénéralisé
la célèbre construc-tion des nombres irrationnels par coupure de
Dedekind,
et a montré quechaque système partiellement
ordonné estisomorphe
à un sous-ensemble d’un treillis
complet,
avec uneisomorphie
trèssimple
etnaturelle.
Les treillis
proviennent
ordinairement desopérations
defermeture,
de la manière suivante. Convenons
d’appeler opération
defermeture
sur les sous-ensembles
S, T,
... d’un ensembleI, chaque opération
unaire et
univoque S -~ S, T --~ T,
... telle que’
(6) S ~ S,
S = S,
et S ~ Timplique S ~ T.
’ Parexemple,
lesopérations
de fermeturetopologique,
et cellequi
consiste à former l’ensemble de toutes les combinaisons
algébriques
d’éléments donnés
(sous-algèbre .engendrée
parS),
satisfont à cesconditions
( 6 ) .
Si S -~ S est une
opération
defermeture,
nous dirons que S est fermélorsque
S =S;
; les sous-ensemblesfermés
de Iforment toujours
untreillis
complet.
Dans cetreillis,
T est lapartie
commune à S etT,
tandis que S U T est la fermeture de leur union.
Toute une classe
d’opérations
de fermetureproviennent
des relations binaires. SoientI,
J deuxensembles,
et soit xpy une relation binaire définie entre les éléments x E 1 et leséléments y
E J. Bienentendu,
nousn’avons xpy que pour ’certaines
paires
d’éléments x, y. Pourchaque
sous-ensemble X de
I,
définissons X* comme la totalité desy E J
telsque x p y soit vrai pour tout
x E X
;réciproquement,
définissons pourchaque
sous-ensemble Y deJ,
la totalité yt des x~I tels que xp y soitvrai pour
touty
E Y. Lesopérations
X~ (X*)~
etY ~ ( Y~)*
sont alorsdes
opérations
defermeture,
et en effet[(X*)’!’]*==
X*. Cette construc-tion
abstraite,
se retrouve au fond de la Théorie de Galois comme debeaucoup
d’autres théoriesmathématiques (~).
Dans le cas deGalois,
( 1 ) ) Voir à ce propos, M. KRASNER, Journ. de Math., 17, zg38, p.
36;-8~. ,
1 est un corps
algébrique;
J un grouped’automorphies
ex,N,
... deI ;
et
x03C103B1 signifie
que« ( x ) =
x.Les treillis
complets
satisfont à un théorèrne intéressant surles points fixes.
Soit T un treilliscomplet,
etf( t)
une fonctionunivoque
de T en Ttelle que
(7) Si x ~ y, alors
f(x)~ f(y).
, Il existe alors au moins un élément a E T tel quef (a)=
a.Dans
chaque
treilliscomplet T,
et parconséquent
danschaque
s. p. o.,on
peut
définir unetopologie intrinsèque.
Pour une suite infinie ordi-’
naire, { xh ===
X2, Xa, ... , onpeut
poser (8)1,1 m ( xg ) = S up j Infxg j
Lim{xk}=Sup{Inf xk}
et dualement
Lim{xk}
= Inf {Sup k~nxk}.On a
toujours Lim{xk} Lim{xk};
dans le casd’égalité,
on ditque
converge vers cette limite commune.On
peut
aussi définir d’autrestopologies
surT;
parexemple,
onpeut
prendre
les intervalles fermés[ a, b] (ensemble
de x tels que a L x Lb)
comme sous-base d’ensembles fermés. Dans cette dernière
topologie,
T est
compact si,
et seulement si T estcomplet
en tant que treillis. Laplace
manque pour entrer dans lesdétails; je
me bornerai àsignaler qu’on
n’a pas encore trouvé une définitionsimple
et directe d’un ensemble ouvert.°
4. Treillis modulaires. - Un treillis
s’appelle
modulaire s’il satisfait à la loi modulaire. L5 Si alors
C’est un fait fondamental que les sous-groupes invariants d’un groupe G
quelconque,
avec ou sansopérateurs,
forment un treillis modulaire( 1 ).
A
partir
de ce lemmefondamental,
et d’une condition dechaîne,
on( 1 ) On a récemment trouvé tous les groupes finis dont les sous-groupes arbitraires forment un treillis modulaire.
234
peut démontrer la
plupart
des théorèmes de structure connus del’algèbre
abstraite.
En
eflet,
soit A unealgèbre
abstraite satisfaisant aux conditions sui-vantes :
(1)
leséquivalences régulières
sur A sont associables dans lesens de M. L. et
P. Dubreil, (2)
A contient unesous-algèbre
d’un seulélément, (3)
dans le treillis(modulaire)
deséquivalences régulières
surA,
il
n’y
a pas de chaîne infinie. Apossède
alors unedécomposition
(9)
en facteurs directs
indécomposable, unique
à l’ordre des facteursprès (généralisation
du Théorème deWedderburn-Remak).
Suivant
Kurosh,
onpeut
démontrer pour les treillis modulaires unegénéralisation
du théorème suivant de E. Noether. Soit (10)une
représentation
de l’idéal J comme intersection des idéaux irréduc- tiblesHi,
...,H,
danslaquelle
aucunHk
n’estsuperflu. v(J)
est alorsune fonction univalente de J.
On peut
aussi,
suivant NI. Dubreil et MmeDubreil-Jacotin,
démon-trer une
généralisation
du théorème deJordan-Hôlder;
enparticulier,
toutes les chaînes sans lacune dans un treillis rnodulaire de
longueur finie,
ont la mêmelongueur.
En suivant cetteidée,
on est amené àdéfinir le rang
;[x]
d’un élément d’un treillisT,
comme le nombre de chaînonsdans
la chaîne laplus longue
entre o et x. On a alorsévidemment .
(II) Si x ) y, alors
r[x]~
r[y],et l’on
peut
démontrer(II~) ~ r[x]+
r [y ],
identité
qui joue
un rôle fondamental dans la théorie desprobabilités
etdans la
géométrie projective.
On
appelle
treillismétrique chaque
treillis T avec une fonctionr[x]
définie sur
T,
avec valeurs réelles et satisfaisant aux conditions(11), ( I I~).
T est nécessairement un treillis modulaire et aussi d’ailleurs unespace
métrique
sil’on
poseLes deux
opérations algébriques ()
et U sont uniformément continues dans lamétrique 0 [ x, y];
eneffet,
on a03B4[a~x, a~y]+ 03B4[a~x, a~y]~ ô[x, y]..
Il s’ensuit que
l’on’ peut compléter métriquement chaque
treillismétrique
M par la construction de Cantor-Fréchet. Pour,tant la cons-truction
produit
un treillisqui, quoique complet
dans le sens du para-graphe 3,
n’est pas engénéral isomorphe
au treillis obtenu de M par la. construction de Dedekind-Mac Neille.
Par
exemple,
soit 1i = Lim 22n letreillis (algèbre
deBoole)
dont lesoo
éléments
A. B, C,
... sont les réunions finies d’intervalles demi-clos.i/2m
x( i
+I/2m)
...c’est-à-dire,
des ensembles élémentairesdya- diques.
Soitd[A]
la mesure de A.Compléter
u par des coupures,équivaut
àprendre
les ensembles de Borel modulo les ensembles depremière catégorie.
Tandis quecompléter
ILmétriquement, équivaut
àprendre
les ensembles de Borel modulo les ensembles de mesure nulle.Ces deux
algèbres-quotients
de Boole ne sont pasisomorphes.
5. Treillis semi-modulaires. - Disons que, dans un treillis
quel-
conque
T, a
couvre b si~1)
c~ >b,
et(2) l’inégalité
a > x> b n’a pas de solution x.Alors,
dans le cas où toutes les chaînes sont delongueur finie,
la loi modulaire L5équivaut
aux deux conditions de recouvre-ment suivantes ’
( t3 ) Si cz et b couvrent c, alors a~b couvre cc et b, ( i3’) Si d couvre a et b, alors a et b couvrent anb.
Un treillis de
longueur
finie danslequel ( i 3)
seule est satisfaites’appelle
treillis semi-modulaire.
Les treillis semi-modulaires se
présentent
dans des cas nombreux etvariés,
dontje signale
les suivants : les éléments(points, droites, plans, etc. )
d’unegéométrie projective
ouaffine; les équivalences
surune classe
finie ; n’importe quelle configuration géométrique
formée pardes
points
et toutes ses unionslinéaires ; ( dualement)
les sous-groupesd’un p-groupe,
ou groupe d’ordrep03B1 (p =
nombrepremier);
les sous-corps
algébriquement
fermés d’un corpsalgébriquement
fermé.Remarquons
que tandis que le dual dechaque
treillis(treillis
modu-laire)
est un treillis(ou respectivement
treillismodulaire),
ledual
d’untreillis semi-modulaire n’est pas en
général
semi-modulaire. Une diffé-rence
parfaitement analogue
existe pour les sous-treillis et lesimages homom’orphes.
Eneffet,
M. Dilworth a récemment démontré quechaque
treillis fini estisomorphe
à un sous-treillis d’un treillis semi- modulaire. Demême,
M. Whitman a démontré quechaque
treillisfini ou infini est
isomorphe
à un sous-treillis du treillis de toutes leséquivalences
sur une classe convenable infinie.Treillis modulaires avec
compléments. -
Dans un treillis T avec 0 etI,
on dit que les éléments x et y sont des éléments
complémentaires,
oucompléments, si
et seulement si(I4) xny == 0 et
Un treillis T
s’appelle complémenté si,
et seulement siL 7
Chaque
élément x e T possède au moins un complément y E T.On
peut
donner une caractérisation très nette des treillis modulaires M >de
longueur
finie aveccompléments.
Eneffet,
un tel M esttoujours
etd’une seule
façon,
leproduit
cardinal d’un nombre fini degéométries projectives
abstraites dans le sensclassique
de Veblen etYoung,
et detreillis formés de 0 et 1 seulement.
Dans le cas d’une
longueur infinie,
M. von Neumann a construitdes treillis modulaires avec
compléments
de dimensioncontinue,
etM. Frink a
représenté
tout treillis modulaire comme sous-treillis d’unproduit
degéométries projectives
de dimensions discrètes(éventuelle-
ment
infinies). D’ailleurs,
il y a un rapportplausible
entre les treillis modulaires aveccompléments
et lalogique
de lamécanique
desquanta.
Nous ne pouvons pas entrer ici dans les détails. ,
7. Treillis distributifs. -- Un treillis D
qui
satisfait à la loidistributive
L6 a~(b~c)=(a~b)~(a~c) pour tout a, b, c e D ,
s’appelle
tr°eillisdistributif.
La loi L6implique
son dualL6’
au (b n c) == (a U b) n (a U c),
de sorte que le dual d’un treillis distributif est distributif.
237
Les
conditionsL i-L~
et L6 sont surabondantes. Parexemple,
ilsuffit pour avoir un treillis
distributif,
que les lois suivantes soientsatisfaites .
et L6.
’ En
employant
l’Axiome duchoix,
on démontre quechaque
treillisdistributif est
isomorphe
à un anneau d’ensembles(~ ~;
laréciproque
est,
naturellement,
évidente. D’ailleurschaque
treillis distributif fini T estisomorphe
à l’anneau 2P de tous les sous-ensembles ouvertsd’un To,
espace .fini
P,
etréciproquement. Essentiellement,
la même construction donne comme corollaire le résultat connu :chaque
variétéalgébrique
peut
sereprésenter univoquement
comme union de constituants irréduc-tibles, dont
aucun ne contient les autres.Les treillis
distributifs complets
interviennent dansbeaucoup d’appli-
cations. Souvent
(mais
pastoujours)
ils satisfont à la loi distributive infinie(i5) ,
J
[y03B1~Y]Par
exemple, ( I ~ )
est vérifiée dans les cas suivants :( 1 )
l’anneau detous les ensembles ouverts dans un espace
topologique quelconque, (2)
tout treillis distributiffini, (3)
leslogiques
deBrouwer-Heyting, (4)
le treillis de tous les idéaux dans unealgèbre
deBoole,
ou treillisdistributif avec
compléments. ’
Soit D un treillis distributif
complet,
satisfaisant à( 1 ~ ~.
Définissons pour toutX E D,
lequasi-complément X*,
comme l’union de tous les éléments y E D tels que x nv = o. Il est évident que(16)
équivaut
à y ~ x*.La
correspondance
x -(x*)*
= x est alors uneopération
de fermeture satisfaisant à~voir ( 6 )~,
( n’) xx, x = x et x à y.
implique
xy.De
plus,
les éléments fermés(les quasi-compléments)
forment unealgèbre
deBoole, C, laquelle
n’estcependant
pas un sous-treillis deD,
et la
correspondance
x~x* est unehomomorphie
du treillisD sur
C.(1) C’est-à-dire, famille de sous-ensembles close par rapport aux opérations binaires
d’union et intersection.
8.
Algèbres
de Boole. - Les treillis les mieux connussont
lesalgèbres de Boole,
ou treillis distributifs aveccompléments
que nousvenons de définir.
Puisque,
dans un treillisdistributif,
tout élémentpossède
uncomplément
auplus,
onpeut regarder
la formation ducomplément
comme uneopération univoque
unaire. Il est vrai que les éléments aveccompléments
dans un treillis distributif formenttoujours
un sous-treillis et une
algèbre
de Boole.Les
algèbres
de Boole delongueur
finie sont toutsimplement
lespuissances
2n ordinales de2,
le nombre ordinaldeux; l’algèbre
libre deBoole avec n
générateurs
est2nn;
le treillis distributif libre avec ngéné-
rateurs et éléments
spéciaux 0,
1 est 22n.Il y a une
correspondance remarquable
entre lesalgèbres c~e
Booleet les anneaux de
.Boole,
ou anneaux danslequel xx
= x. Cette corres-pondance, signalée
par M.Stone,
repose sur les identifications suivantes (17) XnY==XY, XuY==X+Y+XY, X+Y==(X"Y’)u(X’"Y).Elle fait
correspondre
les idéaux d’un treillis et les idéaux de l’anneau de Boolecorrespondant.
M. Newman a démontré un résultat
plus surprenant.
Soit S unsystème
avec addition etmultiplication
satisfaisant à(I8) a + o = o + a = a, aI = Ia = a,
( t
a(b a + + c)== 0 == ab 0 + + a ae, ==a,
(a+b)c=ae+bc,
S est alors l’union directe de la
sous-algèbre
de BooleA,
formée par les éléments a avec a -f-.a = a, et du sous-anneau de BooleB,
éventuelle-ment non
associatif,
formé par les éléments b avec b + b= o.Les
algèbres
de Boole ontbeaucoup
depropriétés particulières.
D’abord,
si l’oncomplète
par coupures unealgèbre
deBoole,
letreillis des coupures est lui-même une
algèbre
de Boole tandisqu’en complétant
par coupures un treillis distributif sanscomplément,
onpeut
arriver à un treillis non distributif. Aussi la loi distributiveinfinie (15)
est valable dans toutealgèbre
de Boole.Si l’on
postule
même une loi distributiveplus forte,
de la forme (19)~
’
_
on obtient une caractérisation abstraite du treillis de tous les sous-
ensembles d’un ensemble
abstrait,
comme l’a démontré M. Tarski. En239
général, chaque algèbre
de Boole estisomorphe
à un corpsd’ensembles,
et
réciproquement.
Trèsrécemment,
M. Loomis a démontré une exten- sionimportante
de ce résultat fondamental.Soit A une
algèbre
deBoole,
danslaquelle chaque
suite dénombrable{ ak}
d’élémentspossède
unsupremum
ak et un infimumak.
Il existealors un o-corps
(1) 03A6
de sous-ensembles d’un ensemble abstraitE,
etune
03C3-homomorphie 03A6 ~
A de 03A6 surA, qui
conserve lesopérations
surles suites finies et dénombrables. Pour fixer les
idées,
nous pouvonsimaginer 03A6
comme la famille des ensembles de Borel dans leplan euclidien,
et A comme les ensembles de Borel modulo les ensembles demesure nulle
(ou
bien de lapremière catégorie
deBaire).
Le théorème de Loomis démontrequ’une
tellereprésentation
esttypique.
Il y a
beaucoup
d’autresapplications
desalgèbres
de Boole à lathéorie des
ensembles,
sansparler
desapplications classiques
que Boolelui-même,
a faites à lalogique.
Mais au lieu de lesciter, je préfère
poser troisproblèmes
non résolus de la théorie des treillis.9. Problèmes. - Les treillis
jouent
dans lesmathématiques
un rôletrès
analogue
à celui des groupes. Lepremier problème
est de définirles
analogues
des groupes finis et continus de Lie.Considérons
l’équation
( 20)
~2r ~x2
= ~2r ~t2,
de la
propagation
des ondes dansl’espace
à une dimension. Disons que( x, t)
est t antérieur à,~x~, t1~
si et seulement sit1- t ‘~ ~ x - x1 I,
comme dans la théorie de la
relativité;
nous définissons ainsi un treillis dansl’espace-temps.
Pour les fonctions suffisammentdérivables,
il estremarquable
que(20) équivaut,
à l’identité(Il’)
de laprobabilité
et dela dimension
projective.
Y. a-t-il une extension à d’autreséquations
detype hyperbolique ?
Voici le deuxièmeproblème.
Je crois que laréponse
est
négative; mais je
ne sauraisle justifier.
(’ ) Dans le sens de Borel-Hausdorff : une famille 03A6 de sous-ensembles de E, conte-
nant le complément S’ de chaque et
l’union
Sk de chaque suite dénombrable {Sk} de Sk~03A6.Enfin,
dans les travaux de Baker et d’autresgéomètres,
on arrive àbeaucoup
decon fig.urations
trèssymétriques,
formées depoints, droites, plans,
etc.qui
sont des treillis. Le troisièmeproblème
est de définir cestreillis
particuliers
par des ensembles minima degénérateurs
a,b,
c, ...et des
équations
décrivant les identifications entre des fonctions comme( cc ~ ~ b u c ~~ ~ b,
etc. de cesgénérateurs.
Il estpossible
que ceproblème
ne
possède
pas de solutionélégante,
mais leproblème analogue pour les
groupes de