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À Dionigi Carli Collège de Parme Rome en l’an

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Academic year: 2022

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À Dionigi Carli Collège de Parme Rome en l’an MDCLV Mon cher Dionigi Carli,

Je vous envoie cette missive pour vous faire part des récits que j’ai réunis concernant l’exploitation du sucre brésilien par les Portugais. Comme vous le savez, sa sainteté le pape Urbain VIII se pose la question du sort réservé aux populations noires d’Afrique employées dans l’exploitation de la canne à sucre. De nombreuses voix s’élèvent, reprenant celle de notre défunt frère Las Casas sur l’importance de traiter avec humanité les populations indiennes des colonies, contre cette exploitation qui prend la forme d’une traite.

Étant donné que la culture de la canne à sucre ne peut se faire que dans un climat tropical les Portugais ont décidé d’accélérer sa production sur le territoire brésilien. Pour ce faire ils se sont mis à employer les populations noires d’Afrique, opérant une organisation de convois d’esclaves reliant l’Afrique au Brésil. En effet, depuis le début du siècle dernier, le port de Lisbonne alimente en armes, alcool et tabac les comptoirs portugais africains de Saint Georges de la Mine et Benguela. Ces produits sont échangés contre des esclaves qui sont envoyés au Brésil sur les comptoirs de Bahia et Pernambouc par l’Atlantique. (Se référer au document 1 p. 110)

C’est tout d’abord ce voyage entre le continent africain et le nouveau monde qui nous intéresse. Comme vous le savez pour l’avoir vu de vos propres yeux les conditions de vie des esclaves sur le navire sont déplorables. En effet, les hommes, les femmes et les enfants sont empilés dans ces fameux navires qu’on appelle négriers. Ces derniers passent la majeure partie du voyage allongés dans la cale. La promiscuité favorise la diffusion des épidémies notamment de petite vérole (variole). De plus le manque d’hygiène accentue le risque de maladies. En effet, comment peut on imaginer vivre dans ses propres déjections durant de longs mois de traversée. (Se référer aux documents 2 p. 110 et 4 p. 111) Vous pouvez aisément comprendre que tous n’arrivent pas sains et saufs en Amérique. À tel point que d’après nos estimations plus d’un tiers des esclaves meurent durant le trajet! (Se référer au document 6 p. 111)

Une fois arrivés au Brésil, ils sont vendus aux planteurs de canne à sucre. Les Jésuites espagnols ont fait de remarquables descriptions de la situation de ces populations une fois arrivées aux nouvelles Indes. Par exemple sitôt arrivés à Pernambouc les esclaves sont si sales et l’odeur si pestilentielle que même le coeur le plus accroché se soulèverait devant ce spectacle. Ces individus sont enchainés de la tête aux pieds. Le peu de nourriture ingérée durant le trajet, un peu de mil cru ou de farine de maïs tous les jours, ne permet aucunement de substanter leur corps décharné (Se référer au document 3 p. 111). Une fois rachetés par les propriétaires des grandes exploitations sucrières que l’on appelle sesmaria au Brésil leur sort n’est pas plus enviable. En effet, ces derniers travaillent de nuit à la fraîche pendant quinze heures afin d’éviter la chaleur tropicale.

Il faut savoir que la culture de la canne à sucre nécessite une main d’oeuvre abondante et robuste. Mon émissaire au Brésil m’a rapporté la situation de la plantation de l’Engenho Real. La canne est extraite à la main puis menée au moulin du seigneur (l’engenho) afin d’être pressée pour son jus, puis raffinée pour obtenir les cristaux dont nos gourmets palais raffolent. Enfin l’or blanc est exporté jusqu’à Lisbonne qui devient la plaque tournante du commerce du sucre en Europe par l’intermédiaire des commerçants hollandais.

Ainsi on comprend aisément pourquoi le nombre d’esclaves a été multiplié par 50 ces cinquante dernières années pour atteindre près de 200 000 individus aujourd’hui. Cette augmentation est corrélée bien sûr au cycle du sucre brésilien qui n’a cessé de demander toujours plus de mains. Ainsi entre 1570 et 1630 on a pu évalué l’augmentation de la production passant de 200 tonnes à près de 15 000 tonnes de sucre! (Se référer aux documents 2 et 3 p. 108 ; 4 et 5 p. 109)

Même si ces esclaves ne sont pas chrétiens, ne méritent-ils pas d’être traités en toute humanité? Si les Indiens ont pu embrasser la foi de notre seigneur pourquoi pas les populations d’Afrique?

Avec tout mont respect et mon amitié.

Le Cardinal Barberini émissaire du pape Urbain VIII

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