• Aucun résultat trouvé

Description contextuelle des comportements coparentaux négatifs des pères et des mères

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Description contextuelle des comportements coparentaux négatifs des pères et des mères"

Copied!
108
0
0

Texte intégral

(1)

Description contextuelle des comportements coparentaux négatifs des pères et des mères

Mémoire doctoral

Myriam Sylvain

Doctorat en psychologie Docteur en psychologie (D. Psy.)

Québec, Canada © Myriam Sylvain, 2017

(2)

Description contextuelle des comportements coparentaux négatifs des pères et des mères

Mémoire doctoral

Myriam Sylvain

Sous la direction de :

(3)

iii RÉSUMÉ

Ce projet de mémoire doctoral s’inscrit dans la compréhension des déterminants qui qualifient la dynamique coparentale en proposant d’étudier les facteurs propres à la situation proximale vécue par les coparents. Précisément, l’objectif de cette étude est de décrire les caractéristiques contextuelles qui précèdent les comportements coparentaux négatifs des pères et des mères. L’échantillon est composé de 54 couples hétérosexuels parents d’un premier enfant âgé en moyenne de 18 mois. Les caractéristiques contextuelles propres aux 10 secondes qui précèdent l’occurrence des comportements coparentaux négatifs des deux parents dans un contexte de jeu triadique avec leur enfant ont été codifiées. Les données de codification ont ensuite été analysées selon différent types de comportement coparental négatif émis (c.-à-d., compétitif-intrusif, minant-moqueur ou directif-ignorer) et le sexe du parent émetteur. Les résultats indiquent que les comportements coparentaux négatifs des pères et des mères surviennent plus fréquemment dans un contexte globalement positif. Les pères sont plus enclins à être compétitifs ou intrusifs alors que les mères sont plus sujettes à diriger ou ignorer. Les deux parents se distinguent quant aux caractéristiques contextuelles qui précèdent les différents types de comportements coparentaux négatifs qu’ils émettent. Ces résultats suggèrent donc que les patrons d’émission des comportements coparentaux négatifs des parents puissent être dans une certaine mesure genrés et caractéristiques des idéologies, croyances et rôles parentaux typiques des pères et des mères au sein de la famille. Cette étude appuie donc l’importance de réaliser des activités de prévention pour le développement d’une bonne dynamique coparentale auprès des familles et de les adapter au sexe du parent et aux perspectives et enjeux distincts pour chacun des partenaires.

(4)

iv

TABLE DES MATIERES

RÉSUMÉ ... iii

LISTE DES TABLEAUX ... v

REMERCIEMENTS ... vii

INTRODUCTION ... 1

La famille et la coparentalité ... 2

Dimensions de la coparentalité ... 4

Accord sur l’éducation des enfants. ... 5

Soutien-Dénigrement. ... 5

Division des tâches. ... 7

Gestion conjointe de la famille. ... 8

Déterminants de la dynamique coparentale ... 9

Influences familiales. ... 9

Influences individuelles. ... 10

Influences extrafamiliales. ... 14

Les comportements coparentaux négatifs : une analyse contextuelle ... 16

OBJECTIFS ... 21

MÉTHODE ... 22

Participants ... 22

Procédure d’observation ... 22

Codification de l’occurrence de comportements coparentaux ... 23

Codification des caractéristiques contextuelles précédant l’émission d’un CCN... 24

RÉSULTATS ... 26

Portrait général des caractéristiques contextuelles ... 26

Activité en cours. ... 26

Caractéristiques appartenant au coparent. ... 29

Caractéristiques propres à l’enfant. ... 31

Nature des CCNs, selon les caractéristiques contextuelles et le sexe du parent émetteur du comportement ... 33

Nature du CCN. ... 34

Nature des CCNs en fonction de la caractéristique contextuelle... 34

DISCUSSION ... 48

Forces et limites de l’étude ... 56

Implications ... 59

Suggestions pour les recherches futures ... 60

CONCLUSIONS ... 62 RÉFÉRENCES ... 63 ANNEXE A ... 74 ANNEXE B ... 83 ANNEXE C ... 88 ANNEXE D ... 101

(5)

v

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Activité en cours lors de l’émission de CCNs selon le sexe du parent cible (pourcentage de la colonne indiqué entre parenthèses)

Tableau 2 : Fréquences attendues et fréquences observées en fonction du temps alloué pour chaque activité

Tableau 3 : Caractéristiques du coparent lors de l’émission de CCNs, selon le sexe du parent cible (pourcentage de la colonne indiqué entre parenthèses)

Tableau 4 : Nature de l’engagement du coparent envers le parent cible et l’enfant lors de l’émission de CCNs, selon le sexe du parent cible (pourcentage de la colonne indiqué entre parenthèses)

Tableau 5 : Caractéristiques de l’enfant lors de l’émission de CCNs, selon le sexe du parent cible (pourcentage de la colonne indiqué entre parenthèses) Tableau 6 : Caractéristiques de l’enfant lors de l’émission de CCNs, selon le sexe du

parent cible (pourcentage de la colonne indiqué entre parenthèses) Tableau 7 : Nature des CCNs émis selon le sexe du parent cible (pourcentage de la

colonne indiqué entre parenthèses)

Tableau 8 : Nature des CCNs émis selon le sexe du parent cible (pourcentage de la colonne indiqué entre parenthèses)

Tableau 9 : Fréquence des CCNs émis en fonction de leur nature et de l’affect du coparent et du sexe du parent cible (pourcentage de la colonne indiqué entre

parenthèses)

Tableau 10 : Fréquence des CCNs émis en fonction de leur nature et du comportement du coparent et du sexe du parent cible (pourcentage de la colonne indiqué entre parenthèses)

Tableau 11 : Fréquence des CCNs émis en fonction de leur nature, de la nature de l’engagement du coparent envers le parent cible et l’enfant, et du sexe du parent cible (pourcentage de la colonne indiqué entre parenthèses)

Tableau 12 : Fréquence des CCNs émis en fonction de leur nature, de l’affect exprimé par l’enfant et du sexe du parent cible (pourcentage de la colonne indiqué entre parenthèses)

Tableau 13 : Fréquence des CCNs émis en fonction de leur nature, du comportement de l’enfant et du sexe du parent cible (pourcentage de la colonne indiqué entre parenthèses)

(6)

vi

Tableau 14 : Fréquence des CCNs émis en fonction de leur nature, de la réussite de l’enfant dans la tâche et du sexe du parent cible (pourcentage de la ligne indiqué entre parenthèses)

Tableau 15 : Kappas de Cohen pour les accords interjuges moyens et pour chaque item entre les codificatrices et la doctorante pour la codification des CCNs

(7)

vii

REMERCIEMENTS

Je tiens tout d’abord à remercier ma directrice de recherche, Tamarha Pierce, Ph.D. Merci pour ton encadrement chaleureux, ta rigueur et ton écoute. Ce fut inspirant de travailler auprès d’une femme aussi passionnée par son travail. Merci également à George Tarabulsy, Ph.D., membre de mon comité d’encadrement, pour ses précieuses recommandations qui ont certes contribué à la qualité de mon travail.

Je ne pourrais passer sous silence la collaboration de Jessika Turbide et Véronique Roy, candidates au Doctorat en psychologie, qui m’ont accompagnée dans le processus de codification. Merci pour votre persévérance et votre patience.

Je souhaite également adresser des remerciements aux membres de ma famille pour leur support moral durant toutes ces années. Vos encouragements et votre fierté m’ont aidée à avancer. Maman, papa, vous pouvez maintenant vous détendre, votre benjamine sort enfin des bancs de l’école. À mes fidèles amis qui partagent ma vie depuis plusieurs années, merci de m’accompagner dans mes nombreuses remises en question et surtout, de savoir en rire lorsque j’en ai besoin.

Enfin, merci à mes charmantes collègues aussi étudiantes au Doctorat en psychologie. Nous avons partagé plusieurs bons moments au cours de ces années. J’ai développé avec certaines d’entre vous des amitiés qui me sont chères et qui, j’en suis convaincue, perdureront au-delà de nos études universitaires.

(8)

1

INTRODUCTION

La transition à la parentalité est une transition importante qui a largement été étudiée dans la littérature (Belsky & Rovine, 1990; Cox, Paley, Burchinal & Payne, 1999; Elek, Brage Hudson & Bouffard, 2003). Devenir parents est un évènement heureux, mais qui comporte un nombre important de défis et une période d’adaptation pour les conjoints (Cowan & Cowan, 2000; Gottman & Notarious, 2000). Ces derniers doivent alors vivre la transition entre être un couple, ayant des responsabilités et des projets individuels, à être des parents, soit deux personnes conjointement responsables du bien-être d’une tierce personne. L’adaptation à cette transition charnière est certes variable d’un couple à l’autre (Belsky & Rovine, 1990; Cox, Paley, Burchinal & Payne, 1999), mais la majorité des couples connaitront certaines difficultés, entre autres relativement à leurs opinions divergentes quant à l’éducation des enfants, à la division des tâches et à l’implication de chacun dans les soins de l’enfant (Feinberg, 2003). C’est à l’intérieur de cette transition à la parentalité que les couples construisent leur coparentalité, laquelle peut s’avérer positive ou négative. Plusieurs théoriciens et chercheurs ont proposé des modèles théoriques et composantes de la coparentalité (Feinberg, 2003; Margolin, Gordis & John, 2001; Van Egeren, 2004), tels que le modèle de Feinberg (2003) qui sera présenté ci-dessous. D’autant plus, plusieurs auteurs ont étudié des déterminants individuels, familiaux et sociaux qui prédisposent au développement d’une bonne ou d’une moins bonne relation coparentale (Fagan & Barnett, 2003; Gaunt, 2008; Laxman et al., 2013; Schoppe-Sullivan & Mangelsdorf, 2013). Ce projet de mémoire doctoral contribue à la compréhension des déterminants de la dynamique coparentale, et ce, en offrant une nouvelle perspective microsystémique en guise de complément aux différents modèles théoriques et déterminants de la coparentalité déjà bien documentés. En effet, les questions de recherche de ce projet ont été soulevées puisqu’il est envisagé que l’occurrence spécifique d’un comportement coparental négatif (CCN) puisse ne pas uniquement s’expliquer par les multiples facteurs macrosystémiques déjà bien documentés dans la littérature, mais aussi par des facteurs contextuels propres à l’interaction coparentale en cours. Ainsi, dans les lignes qui suivront, un état de la littérature sur les modèles théoriques influents et les déterminants qui ont été étudiés jusqu’à ce jour sera d’abord présenté. Par la suite, la

(9)

2

méthodologie employée pour répondre à nos questions de recherche de même que les résultats obtenus seront présentés et discutés.

La famille et la coparentalité

Spécifiquement, la coparentalité ou relation coparentale, est un terme conceptuel qui renvoie à la nature de l’interaction qu’entretiennent les adultes qui partagent la responsabilité d’un enfant, c’est-à-dire dans quelle mesure ces derniers coopèrent ou non ensemble dans l’éducation des enfants (Feinberg, 2003; Van Egeren, 2004). Les théoriciens des systèmes familiaux ont été les premiers à introduire le concept de coparentalité (P. Minuchin, 1985; S. Minuchin, 1974). Selon ces derniers, la famille constitue un système complexe, divisé en sous-systèmes qui interagissent entre eux ; les relations entre les adultes de la famille, les relations parents-enfants et les relations fraternelles étant les trois principaux sous-systèmes relationnels du noyau familial (S. Minuchin, 1974). Une structure familiale fonctionnelle et saine possède des limites bien définies entre chacun de ces sous-systèmes. Autrement dit, ces derniers s’influencent, mais doivent demeurer indépendants. Le sous-système des relations entre les adultes de la famille est reconnu comme ayant le plus d’impact sur l’ensemble des interactions familiales ainsi que sur l’adaptation des autres membres de la famille (Feinberg, 2003). Il se divise en deux sous-systèmes : la relation conjugale (ou ex-conjugale, suite à une rupture du couple) et la relation coparentale (S. Minuchin, 1974).

La théorie des structures familiales insiste sur le caractère distinctif de chacun des sous-systèmes du noyau familial, notamment sur les distinctions entre la relation conjugale et la relation coparentale. La relation coparentale n’implique pas les aspects romantiques, émotionnels, financiers et légaux qui ne sont pas reliés à l’éducation des enfants et qui caractérisent la relation conjugale. Dans cette perspective, des difficultés conjugales n’induisent pas nécessairement des comportements coparentaux non harmonieux et inversement, des parents éprouvant des difficultés dans leur relation coparentale peuvent vivre une relation conjugale satisfaisante (Feinberg, 2003; Margolin, Gordis & John, 2001). Certes, la conjugalité et la coparentalité sont deux sous-systèmes familiaux qui partagent des éléments communs et qui s’influencent, mais chacun comporte des éléments qui lui sont propres, ce qui leur vaut d’être considérés comme étant distincts et comme ayant une

(10)

3

influence singulière sur le développement de l’enfant. À ce sujet, diverses études ont démontré que la coparentalité était un prédicteur unique et significatif de l’apparition de problèmes de comportement intériorisés et extériorisés chez les enfants, et ce, après avoir contrôlé l’effet de la relation conjugale (Frosch, Mangelsdorf & McHale, 2000; Johnson, Cowan, & Cowan, 1999; Kolak & Vernon-Feagans, 2008; Schoppe, Mangelsdorf & Frosch, 2001). La relation coparentale se distingue de la relation conjugale entre autres par son caractère triadique (père, mère et enfant) ou polyadique (p.ex : père, mère, belle-mère et beau-père) (McHale & Irace, 2011). Contrairement à la relation conjugale où la relation est centrée sur les conjoints, la relation coparentale est quant à elle centrée sur l’enfant. Selon Van Egeren et Hawkins (2004) « la coparentalité existe lorsqu’il y a attente qu’au moins deux individus, par un accord commun ou des normes sociales, assument conjointement la responsabilité du bien-être d’un enfant en particulier » (p.166). Ainsi, elle n’implique pas uniquement des responsabilités communes entre deux personnes unies légalement, mais des responsabilités communes qui ont pour objectif de répondre aux besoins d’un enfant, et ce, indépendamment des changements dans la relation conjugale (McHale, 2007). Par ailleurs, la parentalité étant une fonction qui implique de répondre aux besoins physiques et émotionnels de l’enfant, elle ne peut être définie uniquement par des fondements biologiques (McHale et al., 2002; Van Egeren, 2004). En ce sens, percevoir la relation coparentale comme étant uniquement de l’ordre des parents biologiques serait limitatif. Outre les parents biologiques, divers adultes significatifs dans l’entourage de l’enfant, tels que les belles-mères et les beaux-pères suite à une recomposition familiale, peuvent jouer un rôle actif dans l’éducation des enfants et donc être membre de la dynamique coparentale (Feinberg, 2003; McHale et al., 2002; McHale & Irace, 2011). Dans la société actuelle, plusieurs compositions familiales différentes de la famille nucléaire typique sont observées. Dans tous les cas, la coparentalité se définit comme le degré de coopération entre les adultes responsables de l’enfant, indépendamment de la nature des adultes qui composent la relation coparentale ou du lien qu’ils partagent avec l’enfant (McHale & Irace, 2011).

Étonnamment, bien que le concept de la coparentalité ait été introduit depuis plusieurs décennies (P. Minuchin, 1985; S. Minuchin, 1974), les recherches empiriques portant sur la coparentalité sont relativement récentes. La raison de cet intérêt tardif pour la

(11)

4

coparentalité s’explique par le fait que les recherches familiales ont d’abord été concentrées sur les relations dyadiques de la famille, notamment sur la relation conjugale et la relation mère-enfant (McHale & Fivaz-Depeursinge, 1999; McHale & Rotman, 2007). Cependant, pour bien comprendre les individus qui constituent une famille, leurs rôles et les relations qu’ils entretiennent, il importe de les étudier dans un contexte familial plus large en prenant en considération chacun des sous-systèmes familiaux (Gable, Belsky & Crnic, 1992). Dimensions de la coparentalité

Comme l’expliquent Frascarolo et collègues (2009) « le coparentage a d’abord été vu comme un construit unidimensionnel, sur un continuum allant de la solidarité et soutien mutuel entre les parents à la compétition et l’antagonisme » (p.222). Aujourd’hui, la majorité des auteurs s’entendent sur le fait que la coparentalité est un concept multidimensionnel qui comprend des dimensions positives et négatives reliées entre elles et que celles-ci ont des répercussions sur la dynamique familiale en général, sur les parents et sur le développement socioémotionnel de l’enfant (Feinberg, 2003; Teubert & Pinquart, 2010; Van Egeren & Hawkins, 2004). Diverses recherches empiriques et différents modèles théoriques portant sur la coparentalité ont suggéré des dimensions et des composantes de la relation entre les coparents. Toutefois, il ne semble pas avoir de consensus à ce jour sur les dimensions exactes de la coparentalité (Teubert & Pinquart, 2010). Il est cependant possible d’identifier des convergences dans les différentes composantes coparentales proposées par les auteurs.

Parmi les exemples de modèles théoriques influents, celui de Feinberg (2003) semble le plus largement cité dans la littérature à ce jour. Il a été élaboré à partir de différentes sources, entre autres à partir d’études empiriques réalisées auprès de familles intactes et séparées (Belsky, Putman & Crnic, 1996; Margolin, Gordis & John, 2001; McHale, 1995) et de travaux théoriques (Ihinger-Tallman, Pasley & Buehler, 1995). Celui-ci comporte ce qui semble constituer à ce jour la conceptualisation la plus complète et la plus consensuelle de la coparentalité. Le modèle propose quatre dimensions de la coparentalité, lesquelles intègrent les idées proposées par plusieurs auteurs influents (Margolin, Gordis & John, 2001; McHale, 1997; Van Egeren & Hawkins, 2004) : 1) accord

(12)

5

sur l’éducation des enfants; 2) soutien-dénigrement; 3) division des tâches; 4) gestion conjointe de la famille.

Accord sur l’éducation des enfants. L’accord sur l’éducation des enfants, soit l’accord que les deux parents partagent concernant différents sujets relevant de l’éducation des enfants (p.ex., valeurs morales; discipline; standards académiques) s’avère être un élément positif de la relation coparentale lorsque les parents ont un haut niveau de similarités quant à leurs opinions. Un haut niveau d’accord et de cohésion entre les deux parents permet d’offrir à l’enfant un environnement avec des attentes et des conséquences prévisibles et cohérentes, ce qui constitue un élément bénéfique pour son développement (Bowlby, 1988).

En revanche, les désaccords des parents à cet égard prédisposent à une mauvaise dynamique coparentale, puisqu’ils s’avèrent être l’une des principales sources de conflits coparentaux (Cummings, Goeke-Morey & Papp, 2004). Considérant que les attitudes des parents en ce qui concerne l’éducation des enfants proviennent entre autres de leur propre éducation, il n’est pas étonnant que peu de coparents s’accordent totalement sur tous les sujets (Feinberg, 2003). Les coparents qui n’arrivent pas à passer outre leurs divergences d’opinions sont plus à risque de s’engager dans des conflits hostiles, d’être moins soutenants et plus compétitifs l’un envers l’autre. Par ailleurs, les conflits parentaux causés par des désaccords au niveau de l’éducation des enfants seraient ceux qui auraient le plus d’impacts négatifs sur l’adaptation des enfants, notamment parce que ces derniers se sentent coupables ou menacés (Grych, Fincham, Jouriles & McDonald, 2000; Mahoney, Jouriles & Scavone, 1997). Les désaccords des parents à cet égard seraient d’ailleurs corrélés avec l’apparition de problèmes de comportements chez les enfants d’âge préscolaire (Block, Block & Morrison, 1981; Chen & Johnston, 2012) et les adolescents (Feinberg, Kan & Hetherington, 2007).

Soutien-Dénigrement. Parmi les éléments d’une dynamique coparentale positive, le soutien mutuel entre les coparents est fort important, c’est-à-dire dans quelle mesure l’un défend la compétence de l’autre, respecte sa contribution, son autorité et ses décisions (Belsky, Woodworth & Crnic, 1996; McHale, 1995; Van Egeren & Hawkins, 2004). Pour certains, il s’agit ici de coopération (Margolin, Gordis & John, 2001; Teubert & Pinquart,

(13)

6

2010), pour d’autres, de solidarité coparentale (Van Egeren & Hawkins, 2004). Cette dimension semble être, de façon unanime, la plus importante dans l’établissement d’une bonne dynamique coparentale et est la plus souvent identifiée dans la littérature. Le soutien coparental peut s’observer par une dynamique chaleureuse et positive entre les deux parents lors de leurs interactions avec l’enfant, ce qui renvoie à ce dernier un climat de respect mutuel entre ses deux parents (McHale, 1995; Teubert & Pinquart, 2010). Un parent peut exprimer son soutien à son coparent par des comportements simples, tels que l’appuyer dans son interaction avec l’enfant en lui tendant des jouets, l’encourager dans ses initiatives de soin et endosser ses décisions qui concernent l’autorité auprès de l’enfant (Belsky, Woodworth & Crnic, 1996; McHale, 1995; Van Egeren & Hawkins, 2004). Un haut niveau de soutien entre les deux parents dispose l’enfant à un développement émotionnel sain et à un bon fonctionnement social (Schoppe, Mangelsdorf & Frosch, 2001; Stright & Neitzel, 2003).

À l’opposé du soutien, le dénigrement englobe toutes les actions réalisées par un parent qui visent à contrecarrer ou nuire à l’exercice de la parentalité de son coparent (Belsky, Crnic & Gable, 1995). Certains auteurs le conçoivent comme une dimension distincte de la coparentalité (Schoppe-Sullivan, Weldon, Cook, Davis & Buckley, 2009 ; Van Egeren & Hawkins, 2004) et d’autres auteurs comme étant le pôle négatif du soutien coparental (Feinberg, 2003). Néanmoins, il semble y avoir consensus entre les auteurs quant à l’importance du dénigrement dans la nature de la dynamique coparentale puisque la plupart l’ont intégré dans leur conception (Margolin, Gordis et John, 2001; McHale, 1997; Van Egeren & Hawkins, 2004). Le dénigrement peut s’exprimer verbalement ou par des comportements. De plus, McHale (1997) propose que ces formes de dénigrement puissent être ouvertes (ou manifestes) lorsqu’elles sont réalisées devant le coparent, ou cachées si le parent modifie directement ou indirectement l’image que l’enfant a de l’autre parent en l’absence de ce dernier. Ce que le parent fait ou dit pour contrecarrer son coparent de façon cachée a autant de répercussions sur la dynamique coparentale que ses comportements manifestes (McHale et al., 2002). Autrement dit, l’occurrence de comportements coparentaux négatifs est possible en l’absence du coparent vers qui les comportements sont dirigés (McHale, 1997; Van Egeren & Hawkins, 2004). D’autant plus, les comportements de dénigrement sont parfois directs, comme des critiques et des blâmes, mais sont plus

(14)

7

susceptibles d’être subtiles ou indirectes (Westerman & Massof, 2001). Par exemple, un parent qui interrompt son coparent durant son interaction avec l’enfant pour lui donner des conseils ou lui montrer « sa façon de faire » pourrait sembler soutenant. Néanmoins, ceci s’avère intrusif et peut avoir pour effet, implicitement ou explicitement, de démontrer à son coparent qu’il est moins compétent (Van Egeren, 2003).

Division des tâches. La satisfaction des partenaires quant à la division des tâches et les responsabilités ménagères, à savoir si cette division leur apparait juste ou non, constitue une autre composante ayant des répercussions sur la dynamique coparentale. Les couples qui considèrent les tâches divisées équitablement et qui sont plus flexibles à l’idée de changer les ententes prises avec leur partenaire à ce sujet ont généralement une coopération optimale (Feinberg, 2003).

À l’inverse, l’insatisfaction des partenaires quant à la division des tâches a quant à elle une influence négative sur la relation coparentale. Des études ont d’abord souligné que l’insatisfaction des partenaires au sujet de la division des tâches était un facteur de la réduction de la qualité de la relation conjugale chez l’homme et la femme après l’arrivée du premier enfant, cette association étant dans certains cas plus marquée chez les femmes (Suitor, 1991; Terry, McHugh & Noller, 1991). En effet, dans l’étude de Suitor (1991), l’association entre la satisfaction de la division des tâches et la qualité de la relation conjugale autorapportée était aussi forte pour les hommes que les femmes. En revanche, Terry, McHugh et Noller (1991) ont observé que les femmes démontraient significativement moins d’affection envers leur partenaire lorsqu’elles rapportaient être insatisfaites de la division des tâches. Dans le même ordre d’idée, cette insatisfaction serait l’une des principales sources de conflits coparentaux (Feinberg, 2003). On pourrait expliquer ces résultats entre autres par le fait que l’insatisfaction des partenaires soit le résultat d’une incompatibilité entre les attentes et croyances de chacun des parents et la réalité. Après l’arrivée de l’enfant, les couples ont tendance à diviser les rôles et les tâches de façon plus traditionnelle : les femmes allouent plus de temps aux tâches domestiques et aux soins des enfants alors que les hommes s’investissent davantage dans leur vie professionnelle (Statistique Canada, 2006). En ce sens, des études ont démontré que plus les femmes anticipent un partage égalitaire des tâches domestiques avec leur conjoint, plus

(15)

8

elles sont insatisfaites lorsque leur conjoint ne répond pas à leurs attentes (Cowan & Cowan, 1988; Hackel & Ruble, 1992; Khazan & McHale, 2008).

Gestion conjointe de la famille. La quatrième et dernière dimension de Feinberg (2003) renvoie au fait que les parents soient mutuellement responsables de la dynamique familiale. Selon les théoriciens des systèmes familiaux, les sous-systèmes du noyau familial possèdent une hiérarchie à l’intérieur de laquelle les parents sont des cogestionnaires qui régulent les interactions familiales (P. Munichin, 1985; S. Minuchin, 1974). Par leurs comportements et leurs décisions, les parents imposent implicitement ou explicitement un modèle de relation, dans lequel ils proposent le degré de cohésion que les membres de la famille devraient partager et leur façon d’interagir entre eux (Feinberg, 2003). Cette responsabilité parentale partagée peut s’exprimer sous différentes formes.

Premièrement, les parents sont responsables de la manière avec laquelle ils se comportent et communiquent entre eux devant l’enfant. Autrement dit, les parents choisissent passivement ou activement d’exposer ou non leur enfant à leurs conflits interparentaux (Feinberg, Brown & Kan, 2012). En fonction du degré d’exposition de conflits devant l’enfant et de comment ces derniers sont exprimés, les répercussions de la dynamique coparentale sur le développement de l’enfant varieront (Buehler et al., 1997; Buehler et al., 2013; Easterbrooks, Cummings & Emde, 1994). Deuxièmement, les parents sont mutuellement responsables de s’assurer que l’enfant ne soit pas impliqué dans leur conflit de sorte qu’il n’ait pas le sentiment d’être « pris entre ses parents », de devoir choisir « son camp » ou d’être impliqué outre mesure dans la prise de décision. Cette seconde forme de responsabilité partagée vise à éviter la triangulation qui survient lorsque les limites des sous-systèmes familiaux des parents et des enfants ne sont pas respectées (Feinberg, 2003; S. Minuchin, 1974). Un exemple de triangulation serait un parent qui tenterait d’écarter son coparent en créant une alliance avec l’enfant, pour ensuite demander à ce dernier de prendre son parti lorsque des désaccords surviennent (Buchanan, Maccoby & Dornbush, 1991; Maccoby, Depner & Mnookin, 1990). Enfin, les parents sont mutuellement responsables de l’équilibre des relations parent-enfant, soit de la proportion de temps où chaque parent interagit avec l’enfant durant les situations qui impliquent ce dernier et les deux parents. Autrement dit, ils doivent assurer une répartition équitable,

(16)

9

quoique pas nécessairement égale, des échanges mère-enfant et père-enfant durant les situations de jeu ou de soins triadiques (McHale et Rasmussen, 1998).

Déterminants de la dynamique coparentale

Les composantes d’une coparentalité plus ou moins harmonieuse et les conséquences de celle-ci étant maintenant établies, il importe de comprendre comment se construit la dynamique coparentale entre deux conjoints. Plusieurs recherches se sont attardées aux différents facteurs qui peuvent prédirent l’établissement d’une bonne ou mauvaise coparentalité chez les coparents. Les sous-systèmes familiaux qui composent la famille sont tous susceptibles d’être influencés par des facteurs individuels, intrafamiliaux et extrafamiliaux (Bronfenbrenner, 1986; S. Minuchin, 1974). Dans cette perspective, diverses recherches se sont attardées aux contributions des caractéristiques individuelles des parents et de l’enfant, des facteurs familiaux de même que des facteurs socioculturels et environnementaux dans l’établissement de la dynamique coparentale.

Influences familiales. D’abord, lorsqu’il est question de déterminants de la coparentalité, il est crucial de considérer la dynamique conjugale des parents. Les résultats des travaux à ce sujet sont très divergents, ce qui laisse supposer que la relation conjugale et la relation coparentale constituent des modes relationnels distincts. En effet, on pourrait s’attendre à ce que des parents qui ont une bonne relation conjugale prénatale ou postnatale créent généralement un bon partenariat coparental, mais ce n’est pas toujours le cas. Certaines études ont en effet souligné qu’une bonne relation conjugale prénatale et postnatale peut faciliter l’établissement d’une relation coparentale harmonieuse suivant l’arrivée du premier enfant (p.ex :, Schoppe-Sullivan & Mangelsdorf, 2013; Van Egeren, 2004). Shoppe-Sullivan et Mangelsdorf (2013) ont observé que des interactions conjugales positives codifiées durant le troisième trimestre de la grossesse étaient des prédicteurs significatifs d’une bonne coparentalité observée après la naissance de l’enfant. L’étude de Van Egeren (2004) a quant à elle démontré une association significative entre des interactions conjugales prénatales positives observées et une évaluation positive des conjoints de leur dynamique coparentale après la naissance de l’enfant. Néanmoins, tel que souligné par Feinberg (2003), des parents ayant une bonne relation conjugale peuvent vivre une coparentalité négative et inversement, des parents dont la relation conjugale est moins

(17)

10

satisfaisante, une relation coparentale harmonieuse. Des couples divorcés pourront par exemple développer une saine relation coparentale. Cette dissociation entre la conjugalité et la coparentalité semble susceptible d’être modérée par différents facteurs, notamment par des traits de personnalité des parents et le tempérament de l’enfant (McHale, Kuersten-Hogan & Rao, 2004; Schoppe-Sullivan, Mangelsdorf, Brown & Sokolowski, 2007; Talbot & McHale, 2004). Par exemple, dans une étude réalisée par Schoppe-Sullivan et collègues (2007) auprès de 97 couples, les parents qui vivaient une relation conjugale prénatale de bonne qualité présentaient davantage de comportements coparentaux soutenants en présence d’un enfant avec un tempérament difficile que les parents d’un enfant avec un tempérament plus facile avec une qualité conjugale comparable.

Influences individuelles.

Caractéristiques de l’enfant. L’enfant étant au centre de la relation coparentale,

l’intérêt des chercheurs à comprendre son influence sur la dynamique coparentale est pertinent, voire essentiel. Au niveau de l’âge, l’étude de Margolin et collègues (2001) note que les coparents sont moins soutenants l’un envers l’autre lorsque l’enfant est au début de l’adolescence que lorsqu’il est d’âge préscolaire. Le sexe de l’enfant pourrait aussi être associé à des différences sur le plan de la dynamique coparentale, mais les résultats obtenus jusqu’à ce jour sont incohérents et ne suggèrent pas une association claire avec ce facteur (Gable, Belsky & Crnic, 1995; Margolin, Gordis & John, 2001; Stright & Bales, 2003). Par exemple, Stright et Bales (2003) ne rapportent pas de différence significative au niveau de la coparentalité soutenante observée chez les coparents de garçons et ceux de filles. Par contre, Lindsey, Caldera et Colwell (2005) observent qu’en situation de jeu triadique, les mères présentent plus de comportements intrusifs dirigés vers le père lorsque ce dernier est en interaction avec leur fille que lorsqu’il l’est avec leur garçon. Des études supplémentaires semblent donc être nécessaires afin de clarifier la nature et même la présence d’effet de ces facteurs sur la dynamique coparentale.

La caractéristique individuelle de l’enfant la plus étudiée en lien avec la coparentalité, tant rapportée qu’observée, est le tempérament de l’enfant. Le tempérament est une différence individuelle qui détermine la réactivité des enfants et leur capacité à s’autoréguler (Chess & Thomas, 1990). Il joue un rôle actif dans la relation parent-enfant et

(18)

11

principalement, dans la relation d’attachement entre l’enfant et la mère (Bakermans-Kranenburg & van IJzendoorn, 2007; Blair, 2002). Son lien avec la relation coparentale est toutefois moins bien appuyé empiriquement, notamment parce que les résultats obtenus à cet effet sont à ce jour divergents. Certaines études n’ont pas identifié de lien direct entre le tempérament de l’enfant et la dynamique coparentale (McHale et al., 2004; Stright & Bales, 2003). En revanche, d’autres recherches suggèrent que le tempérament difficile de l’enfant, caractérisé entre autres par une plus grande réactivité, de pauvres capacités d’adaptation et un haut niveau d’affectivité négative (Chess & Thomas, 1990) est un prédicteur significatif de comportements coparentaux moins soutenants et du dénigrement (Cook, Schoppe-Sullivan, Buckley & Davis, 2009; Laxman et al., 2013). Par exemple, une étude récente appuie une association directe entre le tempérament difficile de l’enfant et une coparentalité observée moins soutenante, concluant que les parents ont plus de difficultés à maintenir une relation coparentale positive en présence d’un enfant plus difficile (Laxman et al., 2013). D’autres études suggèrent quant à elles que le lien entre le tempérament difficile de l’enfant et la coparentalité est modéré par d’autres variables. En effet, le tempérament de l’enfant interagirait avec d’autres sous-systèmes du noyau familial pour se répercuter indirectement sur la dynamique coparentale. Par exemple, le lien entre le tempérament difficile de l’enfant et la qualité de la dynamique coparentale serait plus marqué au sein de familles qui présentent des facteurs de risque, tels qu’une mauvaise relation conjugale prénatale, un faible niveau socio-économique ou de moins bonnes capacités d’adaptation (Crockenberg & Leerkes, 2003; McHale et al., 2004; Paulussen-Hoogeboom, Stams, Hermans & Peetsma, 2007). Dans une étude réalisée auprès de 97 couples, les perceptions qu’ont les parents du tempérament de leur premier enfant, spécifiquement de son inadaptation et son irritabilité, étaient corrélées significativement avec des comportements coparentaux moins soutenants et du dénigrement observés à trois mois postpartum, mais uniquement si les parents présentaient une relation conjugale prénatale de faible qualité (Schoppe-Sullivan, Mangelsdorf, Brown & Sokolowski, 2007).

Caractéristiques des parents. Parmi les facteurs individuels propres aux parents qui

facilitent une bonne coparentalité, un niveau d’éducation élevé chez le père et la mère serait associé à leur perception de la relation coparentale comme étant davantage soutenante et satisfaisante (Stright et Bales, 2003; Van Egeren, 2003). Pour d’autres auteurs, la similarité

(19)

12

des coparents à cet égard serait un meilleur prédicteur de la qualité de la relation coparentale : deux parents qui ont des niveaux d’éducation similaires seraient plus enclins à développer une coparentalité positive que ceux qui ont des niveaux d’éducation différents (Belsky, Crnic & Gable, 1995). Par ailleurs, une bonne estime de soi chez les deux partenaires les prédisposerait à être plus confiants à l’égard de leur parentalité respective, à être moins réactifs au stress et moins enclins à critiquer leur partenaire et par conséquent, à vivre une coparentalité optimale (Mangelsdorf, Laxman & Jessee, 2011). Au niveau de la personnalité, un haut niveau d’expression positive, caractérisé par une ouverture et une sensibilité aux autres membres de la famille, serait associé à une meilleure coopération à l’intérieur de la relation coparentale (Kolak & Voiling, 2007).

Parmi les facteurs de risque, les patrons d’attachement des coparents envers leurs propres parents pourraient contribuer à la dynamique coparentale. Bowbly (1980) a proposé que les modèles d’attachement qui se forgent dans les premières relations (parent-enfant) influencent les représentations qu’une personne a d’elle-même et des autres à l’intérieur de ses relations intimes subséquentes, par exemple dans sa relation avec son enfant ou sa relation conjugale. Les styles d’attachement singuliers aux individus sont souvent plus apparents et influents dans des moments de stress, de transitions ou de défis relationnels importants, tels que la transition à la parentalité (Bowlby, 1988). En ce sens, il n’est pas étonnant que les patrons d’attachement des parents envers leurs propres parents aient été examinés comme des déterminants de la coparentalité, d’autant plus que les théoriciens familiaux soulignent l’importance des modèles et des expériences vécues dans la famille d’origine pour comprendre la dynamique familiale actuelle (Vondra & Belsky, 1993). Dans l’étude de Talbot, Baker et McHale (2009), on a évalué les patrons d’attachement des femmes et des hommes formant 87 couples, chacun avec leurs parents respectifs, pour ensuite les observer et les évaluer dans trois contextes triadiques. Les couples composés d’au moins un partenaire ayant un schéma d’attachement insécure avec l’un de ses parents présentaient un taux moins élevé de cohésion coparentale que les couples dont les deux partenaires avaient des patrons d’attachements sécures avec leurs parents. Par ailleurs, les couples dont la femme avait un attachement insécure avec l’un de ses parents présentaient significativement plus de conflits coparentaux que les couples dont l’homme avait un attachement insécure avec un de ses parents. Ainsi, la qualité de l’attachement de la mère à

(20)

13

sa famille d’origine semble donc plus déterminante pour la relation coparentale que celle du père avec ses parents respectifs.

Au niveau des traits de personnalité, les résultats obtenus ne vont pas dans la même direction. Selon certaines études, un haut niveau d’expression négative autant chez le père et la mère, marqué entre autres par de la colère et du mépris, serait associé à plus de conflits coparentaux (Kolak & Voiling, 2007). Pourtant, dans l’étude de Stright et Bales (2003), les traits de personnalité de la mère sont plus fortement liés à la qualité de la relation coparentale que ceux du père. En effet, une corrélation significative a été observée entre des scores élevés d’affectivité négative chez les mères au NEO-PR (c.-à-d., un haut niveau de névrosisme et des faibles taux d’extroversion, d’ouverture à l’expérience, d’agréabilité et de conscience) et des comportements moins soutenants entre les coparents. Cependant, la personnalité des pères n’était pas significativement liée à la qualité de la relation coparentale.

Caractéristiques maternelles. Conformément à ce qui précède, il semble que les

attitudes et les croyances de la mère constituent des éléments importants de la dynamique coparentale par le biais de ce qu’on l’on nomme le concept de la mère sentinelle (Allen & Hawkins, 1999). La définition que proposent Allen et Hawkins (1999) du concept de mère sentinelle comporte trois dimensions : 1) une résistance de la mère à partager les responsabilités familiales par l’établissement de standards rigides, 2) résistance qui est elle-même motivée par le désir de la mère à valider son identité maternelle, et 3) une conceptualisation traditionnelle des rôles familiaux des hommes et des femmes. Bien que le terme «mère sentinelle» puisse avoir une connotation négative, celui-ci englobe un ensemble de croyances et de comportements maternels qui peuvent autant faciliter qu’inhiber l’implication du père dans les soins de l’enfant (Allen & Hawkins, 1999; De Luccie, 1995). En effet, le concept de mère sentinelle, tel que proposé originellement par Allen et Hawkins (1999), était de nature dichotomique et impliquait que les mères soient, selon les attitudes qu’elles endossent, sentinelles ou non. Des études subséquentes ont cependant proposé que les comportements de mère sentinelle soient plutôt évalués sur un continuum (Cannon et al., 2008; Fagan & Barnett, 2003; De Luccie, 1995; Gaunt, 2008), la mère pouvant faciliter l’implication du père par des comportements coparentaux positifs

(21)

14

(p.ex., soutien, encouragement) ou l’inhiber par des comportements coparentaux négatifs (p.ex., intrusion, dénigrement). Considérant que plusieurs études ont identifié une association entre l’implication du père et la coparentalité, les comportements de mère sentinelle ne doivent pas être négligés à titre de déterminant de la relation coparentale (Schoppe-Sullivan, Mangelsdorf, Frosch, & McHale, 2004).

La nature (facilitante ou inhibante) des comportements de mère sentinelle est déterminée en partie par les croyances et les attitudes des mères, de même que par leur évaluation des compétences du père (Allen & Hawkins, 1999; Fagan & Barnett, 2003). Les mères qui ont des attitudes positives à l’égard de l’implication du père dans les soins de l’enfant et qui considèrent leur conjoint comme étant compétent sont moins enclines à s’engager dans des comportements de mère sentinelle qui limitent l’engagement du père dans les soins de l’enfant et vice versa (Cannon et al., 2008; Fagan & Barnett, 2003). Les croyances de la mère seraient d’ailleurs directement liées à la coparentalité du couple, de telle sorte que les couples présentent plus de comportements coparentaux soutenant lorsque les mères endossent des croyances plus égalitaires à l’égard des rôles maternels et paternels (Schoppe-Sullivan & Mangelsdorf, 2013).

Influences extrafamiliales.

Contexte socioculturel. Outre les influences individuelles et familiales, les coparents

sont susceptibles d’être influencés implicitement ou explicitement par les normes sociales quant aux rôles parentaux attendus dans la société dans laquelle ils évoluent. Ces normes sociales à l’égard des rôles paternels et maternels sont construites notamment par les idéologies de genre partagées par les membres de la société et sont variables dans le temps (Apple & Golden, 1997; Coltrane, 2000). Les changements sociaux qui ont marqué les sociétés occidentales dans les dernières décennies ont mené à une métamorphose de l’organisation et la structure familiale et par conséquent, à une certaine modification des attentes sociales des rôles paternels et maternels (Cabrera et al., 2000; Dubeau, Coutu & Tremblay, 2008; Medina & Magnuson, 2009). Avant ces transformations, les rôles parentaux des pères et des mères étaient bien définis et distincts : la mère était associée aux soins, à la tendresse et à la protection, alors que le père était le pourvoyeur financier de la famille et représentait l’autorité et la discipline (Arendell, 2000; Bourçois, 1997).

(22)

15

L’augmentation de la présence des femmes sur le marché du travail et le mouvement féministe a toutefois atténué la distinction entre ces rôles, les mères contribuant elles aussi aux apports financiers de la famille et les pères étant plus engagés dans les soins de l’enfant (Arendell, 2000). Des études ont par ailleurs démontré que les pères étaient tout aussi compétents que les mères pour répondre aux besoins primaires de l’enfant (Lamb & Tamis-LeMonda, 2004) et que leur engagement dans les soins de l’enfant aurait des répercussions positives sur le développement émotif et cognitif de ce dernier (Lamb & Tamis-LeMonda, 2004). En dépit du fait que plusieurs études appuient une division plus souple des rôles pères-mères dans le noyau familial, il demeure que les mères nord-américaines allouent en moyenne presque deux fois plus de temps que les hommes dans les soins de l’enfant d’âge préscolaire (Institut de la statistique du Québec, 2010; Pleck & Masciadrelli, 2004). Ainsi, malgré les changements sociaux des dernières années, les conceptions sociales du rôle maternel dans la vie de l’enfant sont demeurées relativement les mêmes (Arendell, 2000) et celles du rôle du père demeurent peu définies (Dubeau, Coutu & Tremblay, 2008).

Parallèlement aux spécificités des rôles paternels et maternels, les pères et les mères interagiraient différemment lorsqu’ils sont en relation avec leur enfant. En effet, plusieurs auteurs appuient l’existence de distinctions entre les comportements paternels et maternels, notamment dans les types d’activités engagées et les échanges verbaux (Lamb & Tamis-LeMonda, 2004; Paquette, 2004). Cette distinction père-mère se reflète entre autres dans l’établissement de la relation d’attachement, où les deux coparents y joueraient des rôles spécifiques et complémentaires. Pour Paquette (2004), la relation d’attachement se construit sur deux pôles: le premier nécessite de répondre aux besoins physiques et émotionnels de l’enfant et le deuxième, l’activation, permet le développement de l’autonomie et la découverte de l’enfant de ses propres limites et capacités. Le père et la mère sont en mesure de répondre à ces deux besoins, mais le font différemment. Par exemple, dans l’exploration de l’environnement ou l’activation, la mère serait plus protectrice et orientée vers la sécurité alors que le père inciterait davantage son enfant à explorer son environnement, notamment en le poussant à prendre plus de risque et surpasser les obstacles (Kromelow, Harding & Touris, 1990; Labrell, 1996,1997; Le Camus, 1995a). Cette différentiation homme-femme serait par ailleurs observable dans les situations de jeu. Les mères privilégieraient les contacts visuels durant les situations de jeux et utiliseraient les jouets de

(23)

16

façon plus conforme. En comparaison, les pères se placeraient derrière l’enfant de façon à ce que ce dernier face son environnement et exploiteraient les jouets de façon plus ludique avec leur enfant, entre autres pour inciter des contacts physiques avec celui-ci (Labrell, 1996, 1997; Le Camus, 1995b).

Caractéristiques environnementales. La dynamique coparentale peut également

varier en fonction du statut socio-économique de la famille. À ce sujet, les travaux de Conger et collègues (1992; 1994) établissent un lien direct entre le statut socio-économique de la famille et les pratiques parentales. Leurs résultats appuient qu’un haut niveau de dette, des emplois instables et de faibles revenus soient associés à de la pression et du stress chez les parents, ce qui favorise plus de conflits entre les conjoints et des comportements parentaux moins investis. Dans le même ordre d’idée, une étude récente suggère que le statut socio-économique des familles est associé négativement à des comportements coparentaux de dénigrement : les parents plus scolarisés et ayant un revenu plus élevé présentent moins de comportements coparentaux dénigrants à 3 mois post-partum (Schoppe-Sullivan & Mangelsdorf, 2013). De surcroit, l’employabilité et le soutien social de la mère pourraient également teinter la dynamique coparentale. Lindsey et collègues (2005) rapportent que les mères sont plus soutenantes envers leur partenaire lorsque les deux parents ont un emploi comparé aux familles dans lesquelles un seul parent est à l’emploi. Dans cette même étude, plus les mères rapportent se sentir soutenues socialement par leur entourage, plus elles exhibent des comportements coparentaux soutenants envers leur conjoint durant la séance de jeu triadique.

Les comportements coparentaux négatifs : une analyse contextuelle

En somme, un ensemble d’études se sont attardées aux déterminants individuels, familiaux et extrafamiliaux de la coparentalité, à savoir si certains couples, en fonction de caractéristiques qui leur sont propres, sont plus enclins que d’autres à vivre une dynamique coparentale non harmonieuse. Le tempérament difficile de l’enfant, certains traits de personnalité des parents et surtout des mères, la qualité de l’attachement des coparents avec leurs propres parents de même que des facteurs socioculturels et économiques semblent contribuer à expliquer la qualité de relation coparentale. Néanmoins, la variabilité et l’incohérence des résultats des différentes études limitent les conclusions que l’on peut tirer

(24)

17

pour certains de ces facteurs, notamment les effets du tempérament de l’enfant et de la qualité de la relation conjugale sur la dynamique coparentale. Par ailleurs, de par une conception multidimensionnelle de la coparentalité, une bonne dynamique coparentale au sein d’un couple donné n’exclut pas l’occurrence de comportements coparentaux négatifs. La plupart des coparents, qu’ils présentent ou non des facteurs de risque, sont susceptibles d’émettre, à un moment ou à un autre, des comportements coparentaux moins soutenants, du dénigrement et de s’engager dans des conflits avec leur partenaire. Dans cette perspective, se concentrer sur l’identification des couples plus à risque de coparentalité négative est certes pertinent, mais ne permet pas de comprendre les caractéristiques contextuelles qui peuvent soulever des comportements coparentaux négatifs chez les mères et les pères en général, et ce, même au sein de couples ayant dans l’ensemble une bonne dynamique coparentale (Gottman, 1979).

En ce sens, il est envisagé que l’occurrence spécifique d’un comportement coparental négatif ne puisse pas uniquement s’expliquer par des facteurs macrosystémiques. En effet, un comportement coparental négatif pourrait aussi être une réaction à un élément spécifique dans l’interaction coparentale, où des facteurs contextuels spécifiques favorisaient l’émission de ce type de comportement. Ainsi, une analyse microsystémique des caractéristiques contextuelles spécifiques permettrait possiblement d’identifier ce qui, dans la situation elle-même, est susceptible de susciter un comportement coparental négatif chez les coparents. Plusieurs modèles et théories charnières dans le domaine des relations interpersonnelles, telles que la théorie de l’interdépendance (Holmes, 2002) et le modèle des échanges sociaux (Emerson, 1976), ont d’ailleurs souligné l’importance de considérer, en plus du contexte socioculturel, sous-culturel et historique, les éléments spécifiques à la situation pour comprendre une interaction donnée entre deux personnes. De toute évidence, chaque situation présente des enjeux interpersonnels spécifiques, à l’intérieur de laquelle les individus en interaction ont des buts et des motifs typiques à la situation donnée (Holmes, 2002). De ce point de vue, si l’on souhaite comprendre l’émergence d’un comportement coparental négatif dans une interaction coparentale donnée, l’analyse non seulement du contexte global, mais aussi de la situation spécifique, s’avère primordiale.

(25)

18

À ce sujet, différentes hypothèses peuvent être émises quant aux facteurs contextuels qui pourraient possiblement prédisposer à l’émission des comportements coparentaux négatifs chez les parents. Il est possible qu’un comportement négatif soit généralement émis par un individu en réaction à un autre comportement négatif exprimé par l’individu avec qui il interagit. De plus, une personne peut réagir non seulement à l’aspect concret d’un comportement négatif, mais aussi à ce que ce comportement symbolise dans un sens plus large de la relation interpersonnelle (Holmes & Murray, 1996). Ainsi, l’interprétation d’un contexte ou d’une situation peut être très subjective et la nature ou l’ampleur de la réaction d’une personne au comportement émis par son partenaire ou à une situation donnée dépend de l’interprétation qu’elle en fait. Dans le contexte coparental, on peut alors supposer que cette interprétation soit influencée par divers facteurs, tels que les croyances et les attitudes des parents quant aux rôles des pères et des mères et les idéologies de genre qu’ils endossent, lesquelles peuvent être de nature personnelle et sociale (McHale & Huston, 1984). En effet, la perception qu’ont les parents des rôles, des responsabilités et des expertises de chacun au sein du couple peut possiblement teinter leur interprétation des comportements de leur conjoint. Par ailleurs, outre les croyances et attitudes personnelles à l’égard des rôles parentaux des hommes et des femmes, des normes sociales qui définissent largement ces rôles sont elles aussi susceptibles d’influencer leurs comportements. Il s’agit de construits sociaux qui, bien qu’ils varient en fonction du contexte sociohistorique, sont généralement partagés au sein d’une culture donnée et qui sont susceptibles d’influencer, implicitement ou explicitement, nos comportements et notre interprétation des comportements des autres (Schwartz, 1977; Terry & Hogg, 2001). Un exemple de telles normes est que, dans les représentations sociales des rôles parentaux, on associe davantage la mère aux soins et à la protection et le père au jeu et à l’exploration (Kromelow, Harding & Touris, 1990; Labrell, 1996, 1997; Le Camus, 1995). Conformément aux attentes sociales de genre, les mères et les pères anticiperaient des rôles différents et adopteraient des comportements différenciés selon leur sexe. Par ailleurs, les membres d’une même culture interprètent les comportements de soins et de protection et ceux de jeu et d’exploration comme étant respectivement des comportements traditionnellement plus maternels ou paternels (Arendell, 2000; Bourçois, 1997; Coltrane, 2000; Paquette, 2004).

(26)

19

Ces différences sexuées se répercutent dans les relations amoureuses de telle sorte que les couples développent certaines niches de performance à l’intérieur de leur relation, soit des domaines ou des situations dans lesquelles ils performent mieux ou pour lesquelles ils accordent, consciemment ou inconsciemment, plus d’importance (Beach et al, 2002). Selon la théorie du Modèle du maintien de l’estime de soi (Self-Evaluation Maintenance Model; Tesser, 1988), plus un rôle est central dans la définition personnelle d’une personne, plus cette personne cherchera à bien performer dans ce domaine, de manière à développer ou maintenir son estime de soi. Ainsi, lorsqu’une autre personne réussit dans un rôle important pour elle, ceci peut occasionner une menace à son estime personnelle. En réaction à une telle menace, la personne est susceptible d’émettre un comportement négatif envers son partenaire, qu’il soit compétitif, dénigrant ou autre, afin de protéger ou rétablir son estime personnelle (Beach et al., 2002). Si l’on transpose un tel fonctionnement interpersonnel au contexte coparental, on peut anticiper qu’un parent puisse s’engager dans des comportements coparentaux négatifs envers son coparent lorsque celui-ci s’investit dans une niche qui est centrale dans sa définition personnelle. Par exemple, dans les cas des comportements de mère sentinelle qui limitent la participation du père, l’implication de ce dernier dans les tâches ou responsabilités qui sont jugées être du domaine des compétences maternelles devient une menace pour la mère. Cette dernière peut alors réagir par des comportements de critique et de contrôle de façon à protéger et même valoriser son rôle de donneuse de soins et par conséquent, son estime personnelle (Allen & Hawkins, 1999.).

En somme, bien qu’aucune étude antérieure ne s’y soit attardée spécifiquement en contexte coparental, la théorie et les travaux antérieurs en psychologie sociale suggèrent qu’il est pertinent de s’attarder aux caractéristiques de la situation en cours afin de mieux comprendre leur rôle potentiellement facilitant pour l’expression des comportements coparentaux négatifs. Le présent projet vise précisément à mieux comprendre cette niche de la coparentalité qui n’a pas encore été étudiée, soit à étudier le contexte dans lequel les comportements coparentaux négatifs. À cet égard, il est envisagé que les caractéristiques contextuelles qui précèdent les comportements coparentaux négatifs puissent être reliées aux niches de performances favorisées par les coparents et par les rôles parentaux socialement attribués aux mères et aux pères. En effet, il semble que malgré les changements sociaux favorisant une égalité entre les hommes et les femmes, les pères et les

(27)

20

mères sont susceptibles de se distinguer quant aux niches de performances parentales privilégiées à l’intérieur de la relation coparentale, celles-ci étant potentiellement influencées par des idéologies de genre socialement partagées quant aux rôles maternels et paternels typiques (Arendell, 2000; Bourçois, 1993; Paquette, 2004). Les rôles selon le genre peuvent contribuer à ce que les pères et les mères interprètent et réagissent différemment aux mêmes caractéristiques contextuelles spécifiques, à savoir si elles sont interprétées comme négatives ou non, telles que des caractéristiques de l’interaction ou des comportements émis par leur partenaire ou leur enfant. Dans cette perspective, il est attendu que les pères et les mères se distinguent quant aux caractéristiques contextuelles spécifiques qui précèdent l’émission de leurs comportements coparentaux négatifs.

(28)

21 OBJECTIFS

Le premier objectif de ce projet est de décrire les caractéristiques contextuelles propres à la situation spécifique en cours, soit celles reliées à l’activité en cours, le coparent et l’enfant, afin d’identifier lesquelles sont les plus prévalentes avant l'émission d’un comportement coparental négatif (CCN), et ce, pour les deux parents et ensuite pour les pères et les mères séparément. Un second objectif est de déterminer si les pères et les mères diffèrent quant aux caractéristiques contextuelles spécifiques qui précèdent l’émission de leurs CCNs, et ce, en considérant trois différents types de CCNs manifestés par les parents (c.-à-d., compétitif/intrusif, minant/moqueur, directif/ignorer). Plus précisément, ce projet vise à identifier si certaines caractéristiques contextuelles spécifiques sont plus susceptibles de précéder un CCN chez les pères et d’autres de précéder un tel comportement chez les mères.

(29)

22 MÉTHODE

Participants

Le présent projet repose sur une analyse secondaire des données d’une étude antérieure menée par Tamarha Pierce et Sandra Tremblay, doctorante sous sa supervision (Tremblay, 2009). L’échantillon est composé de 54 couples hétérosexuels qui cohabitent et sont parents d’un premier enfant. Au moment du recrutement, 55 couples ont accepté de participer au projet. Un couple a toutefois été exclu des analyses puisque l’enregistrement ne permettait pas à l’équipe de recherche de codifier leur interaction triadique. Les enfants des parents recrutés devaient être nés à terme (c.-à-d., à plus de 35 semaines de grossesse) et être en bonne santé (c.-à-d., ne pas avoir été hospitalisé plus de deux semaines après la naissance). Les parents ne devaient pas avoir d’enfants d’une union précédente. Ils ont été recrutés à partir de l’échantillon d’une large étude longitudinale sur la transition à la parentalité (Devenir parents : une transition pour la vie) conduite entre le printemps 2003 et l’été 2005 (n = 45) et par des annonces faites lors de cours de natation pour bambins donnés dans la ville de Québec (n = 9).

Les pères et les mères sont âgés en moyenne respectivement de 33 ans (É.T.= 4,6) et 30 ans (É.T.= 3,6). Un peu plus de la moitié des pères (55,6%) et près du trois quarts des mères (72,2%) possèdent un diplôme d’études universitaire. Au moment de la naissance de leur enfant, la durée moyenne de vie commune des couples est de 4 ans et demi (É.T.= 2,8). La vaste majorité des parents sont Caucasiens francophones ou anglophones (92,5% pour les pères et 95,7% pour les mères). Un peu plus de la moitié des couples sont en union libre (51,9%) et les autres sont mariés (48,1%). Presque tous les pères (92,6%) et les trois quarts des mères (75,9%) occupent un emploi rémunéré au moment de la rencontre de laboratoire. Le revenu annuel médian se situe entre 50 000 et 60 000$. Lors de la visite en laboratoire, les enfants sont âgés en moyenne de 19 mois (É.T.= 2,1). Un peu plus de la moitié sont des garçons (53,7%; 46,3% de filles).

Procédure d’observation

La coparentalité fut évaluée lors d’une période de jeu et d’exploration conduite avec les deux parents et leur enfant dans un laboratoire de l’Université Laval. La période de jeu et d’exploration, d’une durée de 15 minutes, était divisée en quatre étapes : trois périodes

(30)

23

de jeu structurées avec chacune un jouet imposé (c.-à-d., casse-tête, blocs de construction et robot) et une période de jeu non structurée où les parents et leur enfant choisissent un jouet parmi un ensemble de jouets variés (c.-à-d., une poupée, une ferme, un livre, des petites autos et un téléphone). Durant la période d’activités libres, les parents doivent choisir les activités à privilégier plutôt que de respecter une activité précise. La période de jeu se déroule autour d’une table. Les parents étant placés à égale distance de l’enfant, de part et d’autre. Ils reçoivent comme unique consigne de jouer avec les objets qui leur sont remis, tour à tour par l’assistante de recherche et de jouer avec un seul jouet à la fois durant la période de jeu non structurée. Les jouets retenus pour la tâche étaient variés de façon à susciter une diversité de situations triadiques entre les parents et leur enfant. Par exemple, certains jouets, tels que le casse-tête, invitaient à la coopération et au travail d'équipe entre les parents. Un autre jouet présenté, le robot, étant quant à lui potentiellement frustrant ou intimidant pour l’enfant puisqu’il émettait des sons aigus et se déplaçait de manière imprévisible; certains enfants le craignaient pour ces raisons. Des études antérieures ciblant l’observation de la coparentalité ont également opté pour une situation de jeu triadique et une diversité de jouets similaires (Stright & Bales, 2003; Westerman & Massof, 2001). La séance de jeu et d’exploration était conduite par des auxiliaires de recherche ayant reçu une formation au préalable visant à assurer le respect du protocole de laboratoire (Annexe A). Codification de l’occurrence de comportements coparentaux

Les enregistrements audiovisuels des périodes de jeu triadique ont été numérisés en format MPEG puis gravés sur CD pour codification. Les comportements des parents et de l’enfant durant l’interaction triadique ont été codifiés à l’aide du progiciel The Observer 5.0, un logiciel standardisé pour l’encodage et l’analyse des comportements. La codification des comportements coparentaux lors de la période de jeu triadique a été réalisée par trois auxiliaires de recherche, étudiantes du 1er cycle en psychologie. Ces observatrices ont reçu 40 heures de formation sous la supervision des chercheuses de façon à ce qu’elles maitrisent les processus de codification, les définitions opérationnelles des comportements à codifier et le logiciel de codification.

Les observatrices devaient visionner la période de jeu triadique et codifier l’occurrence des comportements coparentaux positifs (c.-à-d., informatif,

(31)

24

soutenant/complémentaire et motivant) et négatifs (c.-à-d., compétitif/intrusif, minant/moqueur et directif/ignorer) des parents, en spécifiant le parent émetteur du comportement, durant l’interaction triadique pour ensuite se former une appréciation plus globale de la coparentalité. Seules les données de l’identification des CCNs sont utilisées aux fins de ce projet. Lorsqu’un CCN était codifié, le sexe du parent émetteur du comportement, la nature du comportement et le temps exact en minute et en seconde du moment de son occurrence étaient enregistrés. Les CCNs à codifier ont été opérationnalisés et décrits explicitement dans un document de référence rédigé par les deux chercheuses principales puis remis aux observatrices aux fins de formation (Annexe B). Pour s’assurer d’un consensus entre les observatrices sur la définition des comportements, des Kappas de Cohen sur la fréquence de chacun des CCNs codifiés ont été mesurés. Au terme de ces analyses, des taux d’accord interjuges de .70, .78 et .79 pour chacune des trois dyades de juges sont jugés satisfaisants (Landis & Koch, 1977).

Les pères et les mères des 54 familles ont émis presque autant de CCNs (174 et 173, respectivement). Les familles ont émis en moyenne 6.02 CCNs (ÉT = 4.96). Les pères et les mères ont émis respectivement en moyenne 3.06 et 3.02 CCNs (ÉT = 2.79 et 2.86). Ces moyennes suggèrent que bien que certaines familles émettent plus de CCNs que d’autres, ceux-ci sont observés dans presque tous les couples. En effet, sur les 54 familles, seulement deux familles n’ont émis aucun CCN durant l’interaction triadique.

Codification des caractéristiques contextuelles précédant l’émission d’un CCN

Afin de décrire les caractéristiques contextuelles spécifiques qui précèdent les CCNs chez les parents, la doctorante responsable du présent projet a réalisé une première description des situations précédant l’occurrence des CCNs dans les situations triadiques. Pour ce faire, trois catégories de caractéristiques ont été ciblées, selon qu’elles portaient sur 1) l’activité en cours; 2) l’affect et les comportements du parent qui n’est pas l’émetteur du CCN (ci-après appelé coparent) (5 caractéristiques), et enfin; 3) l’affect et les comportements de l’enfant (4 caractéristiques). Le parent ayant émis le CCN visé est désigné comme étant le parent cible; c’est donc le contexte précédant l’occurrence de ses CCNs qui est analysé.

Références

Documents relatifs

- La boite à bisous : dans une boite décorée, mettre des petits mots avec plein de bisous différents (petit bisous, gros bisous, bisous baveux…) - Dessin sur carte.

Toutes les recettes sont les bienvenues : recettes pour l’apéritif, petits fours, verrines, recette de pain, de boissons, de chocolats, de plats, salades, gâteaux…

Cette année, toujours dans un esprit développement durable, nous proposons, pour la fête des parents, un sac original et pratique au prix de 7€50. Ils seront sérigraphiés en

Des études antérieures soulignent un débordement de la satisfaction conjugale chez les mères, de la dépression chez les pères et du tempérament de l’enfant sur la perception

A). Une étude portant sur cette risques environnementaux et biologiques coexistent apparait souhaitable. La recension des écrits traitant des enfants de milieux à

a) Le contenu sémantique de ON est constitué d’un ensemble de traits sémantiques. Ces traits sont soit inhérents à la langue, soit contextuellement définis. Ces traits

À l’inverse, imposer au barème progressif l’ensemble des revenus peut permettre d’assurer une certaine neutralité entre dividendes et revenus d’activité 13 , mais soulève

Fumer et boire de l’alcool s’apparentent, dans la plupart des pays occidentaux, à des comportements jugés comme déviants et moralement condamnables, ce qui retentit