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Le trouble panique et l'idéation suicidaire au sein d'une population adulte avec de l'asthme

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Academic year: 2021

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(1)

UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL

LE TROUBLE PANIQUE ET L'IDÉATION SUICIDAIRE AU SEIN D'UNE POPULATION ADULTE AVEC DE L'ASTHME

THÈSE PRÉSENTÉE

COMME EXIGENCE PARTIELLE DU DOCTORAT EN PSYCHOLOGIE

PAR

HÉLÈNE FA VREAU

(2)

Avertissement

La diffusion de cette thèse se fait dans le respect des droits de son auteur, qui a signé le formulaire Autorisation de reproduire et de diffuser un travail de recherche de cycles supérieurs (SDU-522- Rév.01-2006). Cette autorisation stipule que «conformément à l'article 11 du Règlement no 8 des études de cycles supérieurs, [l'auteur] concède à l'Université du Québec à Montréal une licence non exclusive d'utilisation et de publication de la totalité ou d'une partie importante de [son] travail de recherche pour des fins pédagogiques et non commerciales. Plus précisément, [l'auteur] autorise l'Université du Québec à Montréal à reproduire, diffuser, prêter, distribuer ou vendre des copies de [son] travail de recherche à des fins non commerciales sur quelque support que ce soit, y compris l'Internet. Cette licence et cette autorisation n'entraînent pas une renonciation de [la] part [de l'auteur] à [ses] droits moraux ni à [ses] droits de propriété intellectuelle. Sauf entente contraire, [l'auteur] conserve la liberté de diffuser et de commercialiser ou non ce travail dont [il] possède un exemplaire.»

(3)

REMERCIEMENTS

Le cheminement de ce projet doctoral en psychologie, avec tous les défis que cela implique, a été réalisé grâce à plusieurs personnes qui m'ont accompagnée et soutenu tout au long de ce grand parcours.

Je remercie d'abord ma directrice de thèse, Kim Lavoie, et ma codirectrice Manon Labrecque, de m'avoir donné cette opportunité de changer de carrière dès le départ en m'acceptant au programme de doctorat. Cela m'a permis de m'épanouir, d'apprendre et de travailler dans mon domaine d'intérêt, celui de la psychologie de la santé. Grâce à cette opportunité, ma vie a pris un tournant décisif. Je remercie Kim de m'avoir fait confiance et de m'avoir permis de développer la curiosité, le souci du détail, et d'aller au bout de mes capacités. Enfin, grâce à votre encouragement et soutien, Kim et Manon, j'ai pu participer à des congrès canadiens et internationaux mémorables, tels Halifax, Denver et Budapest.

Je témoigne ma reconnaissance à tous les participants qui ont pris part au projet et qu1 ont bien voulu nous faire confiance et qui nous ont dévoilé leurs détresse psychologique. Je remercie spécialement, Catherine Laurin, Chantal Daigneault et Guillaume Lacoste, membres actifs de l'équipe de recherche, qui ont été disponibles pour répondre à mes nombreuses questions et pour leur encouragement et soutien tant au niveau organisationnel que psychologique. Aussi, je remercie Catherine, pour sa précieuse collaboration avec Kim, ma directrice de thèse, dans la rédaction de ma thèse.

Un merci tout spécial à mes proches. Tout d'abord, je transmets mes remerciements et mon amour à mon conjoint Charles. Merci de m'avoir choisie, de ton amour inconditionnel, de m'avoir donné la chance de fonder une famille, où deux beaux jumeaux en santé et pleins de joie sont nés, de m'avoir donné la liberté et

(4)

l'encouragement pour terminer mon projet doctoral malgré tous les défis que cela comportait. Merci à mes cocos Gloria et Romain de combler ma vie. Vous êtes arrivés dans ma vie comme un miracle comme jamais, j'aurais pensé avoir une famille un jour, et surtout pas des jumeaux. Un merci particulier à ma famille, ma mère Carmen, de m'avoir inculquée le sens des responsabilités, de l'organisation et de l'autonomie très jeune. Je transmets mes remerciements à ma belle famille, mes beaux-parents Gisèle et Gilles, pour m'avoir accueillie comme si j'étais leur fille, ainsi qu'à ma belle sœur Nathalie et mon beau-frère François, pour leurs amour, encouragement et conseils. Finalement, je remercie mes amies Anne, Geneviève, Hélène, Julie et Marie-Josée pour votre chaleureuse affection, pour votre encouragement, et pour m'avoir permis d'équilibrer ma vie en dehors de la thèse.

Finalement, la réalisation de cette thèse a été rendue possible grâce l'obtention de bourses provenant des Instituts de recherche en santé et sécurité au travail (IRSST), des Fonds de recherche en santé au Québec (FRSQ), des Instituts de recherche en santé au Canada (IRSC), ainsi que du Centre asthme et travail de l'Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal. Je tiens également à remercier le département de psychologie de l'Université du Québec à Montréal et le centre de recherche de l'Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal pour leur soutien tout au long du projet.

(5)

v

TABLE DES MATIÈRES

REMERCIEMENTS ... iii

TABLE DES MATIÈRES ... v

LISTE DES FIGURES ... xii

LISTE DES TABLEAUX ... xiii LISTE DES AB RÉ VIA TI ONS, ACRONYMES ET SYMBOLES ... xiv RÉSUMÉ ... xvii

CONTRIBUTION AUX PROJETS ET ARTICLES SCIENTIFIQUES ... xix

CHAPITRE I ... 1

INTRODUCTION GÉNÉRALE ... 1

RECENSION DES ÉCRITS ... 3

1.1 Description de l'asthme ... 3

1.1.1 Définition de 1' asthme ... 3

1.1.2 Diagnostic d'asthme ... 4

1.1.3 La sévérité de 1 'asthme ... 5

1.1.4 La maîtrise de 1 'asthme ... 7

1.1.4.1 L'influence des facteurs psychologiques dans l'atteinte d'une bonne maîtrise de l'asthme ... 8

1.2 L'anxiété et 1' asthme ... 1 0 1.2.1 Prévalence du TP chez les adultes asthmatiques ... 12

1.2.2 Définition du TP et similitudes avec 1' asthme ... 1 5 1.2.3 Association entre le TP et l'asthme ... 17

1.2.3.1 Le TP en soins primaires ... 18

(6)

1.2.3.3 1.2.4 1.2.4.1 1.2.4.2 1.2.4.3 1.2.4.4 1.2.5 1.3 1.3.1 1.3.2 1.3.3 1.4 1.5 1.5.1 1.5.2

Résumé et limites méthodologique des études portant sur le TP et

l'asthme ... 21

Association entre le TP et morbidité reliée à l'asthme ... 22

Les symptômes anxieux ... 28

Les troubles anxieux ... 28

Le TP ... 29

Résumé et lacunes méthodologiques des études portant sur le TP et la morbidité de l'asthme ... 30

Résumé général portant sur l'association entre l'anxiété et l'asthme ... 32

Les comportements suicidaires et 1' asthme ... 3 3 Populations en soins de santé primaires ... .41

Études populationnelles ... 42

Résumé et lacunes méthodologiques des études portant sur les comportements suicidaires et 1 'asthme ... 44

Conclusion générale de la recension des écrits ... .46

Objectifs de la présente thèse ... .46

Objectifs spécifiques et hypothèses du premier article de thèse ... .47

Objectifs spécifiques et hypothèses du deuxième article de thèse ... .47

1.5.3 Objectifs exploratoires ... 48 CHAPITRE II ... 49 MÉTHODOLOGIE ... 49 2.1 2.1.1 2.1.2 2.1.3 2.1.3.1 2.2 Participants ... 49 Critères d'inclusion ... 49 Critères d'exclusion ... 50

Organigramme des échantillons ... 50

Échantillon de suivi ... 52

(7)

Vll

2.2.1 Niveau de base ... 53

2.2.2 Suivi à 4 ans ... 54

2.3 Outils de Mesure ... 54

2.3.1 Le« Primary Care Evaluation of Mental Disorder »(PRIME-MD) ... 54

2.3.2 Le «Beek Depression Inventory» (BDI-II) ... 55

2.3.3 L'«Asthma Control Questionnaire» (ACQ) ... 55

2.3.4 L' « Anxiety Sensibility Index» (ASI) ... 57

2.3.5 L'histoire sociodémographique et médicale ... 57

CHAPITRE III ... 59

IMPACT PROSPECTIF DU TROUBLE PANIQUE ET DE L'ANXIÉTÉ DE TYPE PANIQUE SUR LA MAÎTRISE DE L'ASTHME, L'UTILISATION DES SOINS DE SANTÉ ET SUR LA QUALITÉ DE VIE AU SEIN D'INDIVIDUS ASTHMATIQUES ADULTES APRÈS UN SUIVI DE QUATRE ANS ... 59

Introduction ...................................................... 64

Metbod ... 65

Participants ...................................................................... 65

Study design and procedure ...................................... 67

Baseline procedure ... 67

Follow-up procedure ................................................... 67

Measures ... 67

Psychiatrie Interview: Primary Care Evaluation of Mental Disorders (PRIME-MD) ··· 68

Anxiety Sensitivity Index (AS!) ............................................................. 68

Asthma Control Questionnaire (ACQ) ......................................... 69

Overall asthma control levels and individual asthma control criteria were measured using the ACQ, ... 69

Asthma Quality of Life Questionnaire (AQLQ) ...... 69

(8)

Imputation of missing data ........................................................... 70

Baseline analyses ............................. 70

Main analyses .................................... 70

Results ... 71

Patient baseline characteristics ...... 71

Impact of PD and AS! scores on asthma control and quality of life .... 72

Partially adjusted mo del. ... 72

Full y adjusted mo del ...... 73

Impact of PD and AS! scores on asthma-related he al th service use .............. 73

Partially adjusted ntodel ........................................................... 74

Fully adjusted model ...... 74

Discussion ........................... 74

Study limitations and strengths ... 78

Conclusion ... 79

Acknowledgements ... 80

References ..................................................... 82

CHAPITRE IV ... 92

ASSOCIATION ENTRE L'ASTHME ET L'IDÉATION SUICIDAIRE AUPRÈS D'INDIVIDUS ADULTES AVEC DE L'ASTHME ... 92

Introduction ... 96

Method ... 97 Santple ... 97

Procedure ... 98

Measures ... 98

Primary Care Evaluation of Mental Disorders (PRJME-MD) ...... 99

Suicidai ideation: Question 9 of the Beek Depression Inventory-II (BD I-II) ...... 99

(9)

lX The Asthma Control Questionnaire ... 99 Pulmonary function tes ting ... 100 Statistical analyses .............................................. 100 Imputation of missing data .............................................. 100 Baseline analyses ... 101 Main analyses ..... 1 01 Results ... 101 Sociodemographic and asthma characteristics ..... 1 01 Multivariate association between asthma medications and suicida! ideation .... 102 Sensitivity analysis: assessing the impact of cohabitation, asthma control, and

benzodiazepine use ... 1 02 Discussion ......................................................... 103 Potential mechanisms: Theophylline ...... 105 Potential mechanisms: Cohabitation ............................................ 106 Study limitations and strengths ...... 107 Conclusion ............................................................................... 108 Acknowledgements ... ...... 109 References ............................................. 114 CHAPITRE V ... 120 DISCUSSION GÉNÉRALE ... 120 5.1 5.1.1 5.1.1.1 5.1.1.2 5.1.1.3

Retour sur les résultats, interprétation et discussion ... 121 Article 1 : Impact prospectif du TP et des symptômes de panique sur la maîtrise de l'asthme, la qualité de vie et l'utilisation des soins de santé au sein de patients asthmatiques adultes après un suivi de quatre ans ... 121 Prévalence du TP ... 121

Impact du TP et des symptômes de panique sur la maîtrise de 1' asthme 122

(10)

5 .1.1.4 Impact du TP et des symptômes de panique sur 1 'utilisation de soins de

santé ... 125

5.1.1.5 Mécanismes explicatifs ... 126

5 .1.1.5 .1 Mécanisme psychophysiologiques ... 127

5.1.1.5.1.1 Hypersensibilité des chimiorécepteurs C02 ... 127

5.1.1.5.1.2 Le conditionnement pavlovien de peur de suffocation ... 129

5 .1.1.5 .2 Récentes découvertes ... 134

5.1.2 Article 2 : Association entre les médicaments anti-asthmatiques et les idées suicidaires ... 134

5.1.2.1 Prévalence d'idées suicidaires ... 135

5.1.2.2 Association entre les médicaments anti-asthmatiques et les idées suicidaires ... 135

5 .1.2.3 Mécanismes explicatifs ... 13 8 5.1.2.3.2 L'effet de la cohabitation ... 141

5.1.2.3.3 L'effet du TP ... 141

5.2 Implications cliniques des résultats ... 146

5 .2.1 Outils de dépistage recommandés ... 149

5.2.1.1 Le «Prirnary cares Evaluation of Mental Disorders

»

(PRIME-MD) ... 150

5.2.1.2 L'« ASI

»

...

..

..

...

..

.

...

...

.

.

...

...

...

...

...

...

...

...

..

..

150

5.2.1.3 LeBDI-II ... 151

5.2.1.4 Résumé ... 151

5 .2.2 Interventions psychologiques du TP chez les adultes asthmatiques ... 152

5 .2.2.1 Interventions psychologiques empiriquement validées ... 152

5.2.2.2 Interventions novatrices ... 152

(11)

XI 5.2.2.2.2 MBCT ... 155 5 .2.2.2.2.1 Méditation ... 157 5.2.2.2.2.2 Yoga ... 157 5.2.2.2.2.3 Pleine conscience ... 158 5.2.2.3 Conclusion ... 159

5.3 Transfert des connaissances ... 160 5.4 Considérations méthodologiques et pistes de recherche ... 162

5.4 .1 Limites et forces des études ... 162

5.4.2 Pistes de recherche ... 167

CONCLUSION GÉNÉRALE ... 170

APPENDICE A ... 172

APPROBATION DU COMITÉ D'ÉTHIQUE DE L'HÔPITAL DU SACRÉ-CŒUR DE MONTRÉAL DE L'ÉTUDE PAL ... 172

APPENDICE B ... 175

FORMULAIRE D'INFORMATION ET DE CONSENTEMENT DU PROJET PAL À L'HÔPITAL DU SACRÉ-CŒUR DE MONTRÉAL ... 175

APPENDICE C ... 181

ARTICLE PUBLIÉ DANS PSYCHOSOMATIC MEDICINE: PROSPECTIVE IMPACT OF PANIC DISORDER AND P ANIC-ANXIETY ON ASTHMA CONTROL, HEALTH SERVICE USE, AND QUALITY OF LIFE IN ADULT PATIENTS WITH ASTHMA OVER A 4-YEAR FOLLOW-UP ... 181

APPENDICE D ... 191

ARTICLE PUBLIÉ DANS RESPIRATORY MEDICINE : ASSOCIATION BETWEEN ASTHMA MEDICATIONS AND SUI CID AL IDEATION IN ADULT ASTHMATICS ... 191

(12)

Figure Page

1.1 Pathophysiologie de 1 'asthme... 4

2.1 Organigranune des échantillons au niveau de base et au suivi... 49

5.1 Mécanisme d'hypersensibilité des chimiorécepteurs centraux

de dioxyde de carbone (C02) .... ... ... ... ... ... ... ... .... 124

5.2 Conditionnement pavlovien de peur de suffocation... 126

5.3 Mécanismes psychophysiologiques proposés dans l'apparition

(13)

Tableau

1.1

1.2

1.3 1.4

1.5

1.6

1.7

5.1

5.2

LISTE DES TABLEAUX

Classification de la sévérité de 1' asthme ... .

Niveaux de maîtrise de l'asthme ... . Prévalence actuelle et à vie des troubles anxieux chez les adultes asthmatiques ... . Prévalence du TP auprès d'une population adulte avec de

l'asthme ... . Critères diagnostiques du TP selon le DSM-V ... .

Impact des symptômes anxieux, des troubles anxieux, du trouble d'anxiété généralisée et du TP sur la morbidité reliée à l'asthme ... .

Association entre les comportements suicidaires (idées et

tentatives . smc1 arres et ast . "d. ) l' hm e ... .

Analyse de régression logistique multiple analysant les effets

des troubles anxieux sur les idées suicidaires ... .

Analyse de régression logistique multiple analysant les effets

du TP et de la théophylline sur les idées suicidaires ... . Page 6 7 11 13 16 24 36 139 141

(14)

ACQ Asthma Control Questionnaire

ADIS-IV Anxiety Disorders Interview Schedule fourth version AP Attaque de panique

AQLQ Asthma Quality of Life Questionnaire

ASI Échelle de sensibilité à 1' anxiété

A TS Arnerican Thoracic Society BDI Beek Depression Inventory

BMI Body Mass Index

CBT Cognitive-Behavioural Therapy C02 Dioxyde de carbone

CVF Capacité vitale forcée

DSM-IV -R Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders revised fourth versiOn

DSM-V Diagnostic and Statistical Manual ofMental Disorders-5th Edition

FEV1 Forced expiratory volume in 1 second

FVC Forced vital capacity

ED Emergency department

GAD: generalized anxiety disorder GINA Global Initiative for asthma GLM General Linear Mode!

HADS Hospital Anxiety and Depression Scale

(15)

xv

ICS Corticostéroïdes inhalés

«

Inhaled corticosteroid

»

IMC Index de masse corporelle

ISRS Inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine LABA Bronchodilatateurs à longue durée d'action

MBCT Thérapie cognitive basée sur la pleine conscience

«

Mindfulness base on cognitive therapy »

MBSR Thérapie de réduction du stress fondée sur la pleine conscience « Minfulness-based stress reduction

»

N Échantillon de participants

OR Odds Ratio

PAL Study Psychological factors in Asthma Longitudinal Study

PD Panic disorder

PC20 Concentration de méthacholine induisant une chute de 20% du VEMS pC02 Pression partielle de dioxyde de carbone

PetC02 Taux de dioxyde de carbone expiré dans 1' air PRIME-MD Primary Care Evaluation of Mental Disorders SCID Structured Clinical Interview for DSM

SI Suicidai Ideation

Sp02 Oxygen saturation

TP Trouble panique

VEMS Volume expiratoire maximum, lors de la première seconde après une inspiration forcée

SNC Système nerveux central

(16)

TCC Thérapie cognitive comportementale

(17)

RÉSUMÉ

L'asthme est une maladie chronique des plus répandues à travers le monde. Dans la majorité des cas, l'asthme est peu ou mal maîtrisé, alors que l'atteinte d'une maîtrise presque complète est maintenant possible grâce à un traitement approprié. La recherche des vingt dernières années a mis en lumière une forte prévalence de troubles anxieux au sein de la population d'individus asthmatiques adultes, estimée à 34 %, prévalence presque deux fois plus élevée que celle de la population générale (18 %). Plus précisément, le trouble panique (TP) est identifié comme étant le trouble anxieux le plus fortement associé à l'asthme comparativement aux autres troubles anxieux (anxiété sociale, trouble d'anxiété généralisée, phobie spécifique et état de stress post-traumatique), avec une prévalence autour de 12 %, ce qui est trois fois plus que celle retrouvée dans la population générale (3.7 %). Également, on constate que l'asthme est associé de façon importante à la présence d'idées suicidaires. Devant un tel constat de détresse psychologique associé à l'asthme, il convient d'examiner certains facteurs potentiels pouvant influencer la relation.

Le présent projet doctoral a pour objectif général d'évaluer la relation entre le TP et les symptômes de panique, d'une part, et la morbidité de l'asthme, d'autre part. Plus précisément, cette thèse vise à évaluer la prévalence du TP et son impact sur la maîtrise de 1' asthme, la qualité de vie ainsi que 1 'utilisation des soins de santé reliés à l'asthme après un suivi de quatre ans. Elle permet également d'évaluer la prévalence d'idées suicidaires et leurs risques d'apparition associés à la prise de médicaments anti-asthmatiques, au sein de la même population. Finalement, des objectifs exploratoires qui ont été ajoutés au terme de cette thèse permettent d'évaluer l'in1pact du TP sur la présence d'idées suicidaires chez les individus asthmatiques.

De façon à mettre en contexte et à rendre compte du travail effectué et des résultats obtenus, la thèse est divisée en cinq chapitres. Le chapitre I permet de mettre en contexte le sujet de la thèse grâce à la présentation d'une recension des écrits. Un résumé des études antérieures recensées et de leurs lacunes méthodologiques est présenté. Les objectifs et les questions de recherche de la thèse sont ensuite énumérés en lien avec les deux articles de thèse. Le deuxième chapitre relate quant à lui la méthodologie utilisée aux fms des deux études dont il est par la suite question aux chapitres III et IV. Enfin, le chapitre V présente la discussion qui offre une synthèse des résultats des articles, propose quelques pistes d'interprétations, et présente l'implication clinique des résultats, le transfert des connaissances et les considérations méthodologiques, puis finalement la conclusion.

De façon globale, les résultats exposés dans le premier article de la thèse indiquent que 10% des adultes asthmatiques avaient un TP. Également, les résultats démontrent que les individus asthmatiques souffrant d'un TP sont plus susceptibles, à

(18)

long terme, d'avoir une moins bonne maîtrise de leur asthme et d'avoir Je sentiment

qu'ils sont limités dans leurs activités, comparativement à ceux sans TP. De plus, les résultats indiquent que les individus asthmatiques présentant un niveau élevé de

symptômes de panique (sans nécessairement avoir un TP) sont aussi plus susceptibles à long terme d'avoir une moins bonne maîtrise de leur asthme, de présenter une détresse psychologique, d'avoir des symptômes, d'utiliser leur inhalateur de dépannage ainsi que de se présenter à 1 'urgence pour leur asthme, comparativement à ceux ayant moins de symptômes de panique.

Quant aux résultats rapportés dans le cadre du deuxième article de la thèse, ils

révèlent que 11,5 % des adultes asthmatiques avaient des idées suicidaires. Également, ils démontrent que les idées suicidaires sont plus répandues chez les individus asthmatiques qui utilisent un type de médication an ti -asthmatique, la

théophylline, et cela, indépendamment de la dépression. Les mécanismes pouvant

expliquer ce lien, ainsi que l'impact des variables modératrices, sont discutés au chapitre V.

Finalement, lorsque des analyses exploratoires sont ajoutées au terme de cette

thèse analysant les phénomènes exposés dans 1 'article présenté au chapitre IV, mais

cette fois-ci en fonction du TP, on remarque que les idées suicidaires sont plus répandues chez les individus asthmatiques souffrants d'un TP comparativement à

ceux qui n'en souffrent pas. De plus, lorsque le TP est inclus dans le modèle de régression, 1 'association entre les idées suicidaires et la prise de théophylline devient non significative, confirmant que le TP contribue de façon plus importante à la présence d'idées suicidaires que le fait d'être traité à la théophylline.

Devant un tel constat d'augmentation de la morbidité de l'asthme reliée au TP

à lui seul, 1' accès à des ressources spécialisées en psychologie pour traiter le TP s'avère essentiel afin d'améliorer le pronostic, non seulement de la maladie mentale, mais aussi celui de la condition médicale, en favorisant l'obtention d'une maîtrise

(19)

CONTRIBUTION AUX PROJETS ET ARTICLES SCIENTIFIQUES

Hélène Favreau a contribué activement à la conceptualisation de l'étude, aux choix des variables et des questions de recherche. Elle est à l'origine d'une recension élaborée de la littérature, ainsi que de la rédaction du manuscrit avec l'encadrement de sa directrice principale, Kim Lavoie. Elle a également été la principale responsable de l'interprétation des résultats. Également, elle a fait appel à sa créativité pour la rédaction de la section discussion générale de la thèse, jugée de qualité et très fouillée, tout en ayant l'encadrement nécessaire de sa directrice principale. Elle est l'auteure principale des deux articles de la thèse doctorale, maintenant publiés dans deux revues scientifiques à fort impact « Psychosomatic Medicine et Respiratory Medicine».

Au niveau de la collecte des données, elle a réalisé un grand nombre d'entrevues structurées à l'aide de l'outil «PRIME-MD » pour l'évaluation des troubles anxieux et de l'humeur afin de compléter la banque de données de patients avec un asthme professionnel. Elle a ensuite réalisé une double entrée des données pour en faire des analyses de comparaison pour s'assurer de la validité des données. De 2006 à 2012, elle a réalisé plusieurs « abstracts »de recherche ainsi que plusieurs présentations orales pour des congrès provinciaux, canadiens et internationaux afm de présenter des résultats préliminaires de ses deux principaux sujets de thèse.

(20)

INTRODUCTION GÉNÉRALE

L'asthme est l'une des maladies chroniques les plus répandues, affectant 315 millions d'adultes à travers le monde (To et al., 2012). En 2012, l'asthme touchait 8,1 %des Canadiens (2,4 millions) âgés de 12 ans et plus. En plus d'affecter la santé de beaucoup d'individus, la morbidité de l'asthme engendre des conséquences importantes. Chaque année, au Canada, les coûts directs et indirects du traitement de l'asthme dépassent le milliard de dollars (Association pulmonaire du Québec, 2014). Ainsi, la maladie occasionne environ 70 000 visites à l'urgence, 4000 hospitalisations et, malheureusement, entre 150 et 300 décès. De plus, l'asthme occasionne un absentéisme et une perte de productivité au travail (E. C. Y. Wang & Gaebel, 1999),

affectant non seulement l'individu asthmatique, mais sa famille aussi (Bamett & Nurmagambetov, 2011).

Ainsi, en plus des répercussions économiques et sociales, 1 'asthme a de nombreuses répercussions ou incidences sur l'individu qui en est atteint, tant sur son fonctionnement quotidien que sur sa santé physique ou psychologique. Symptômes physiques quotidiens, exacerbations d'asthme, altération de la qualité de vie, détresse psychologique, anxiété, dépression et comportements suicidaires : voilà une réalité que le patient souffrant d'asthme affronte régulièrement et qui a fait l'objet de nombreuses études. Déjà, deux cents ans av. J.-C., Hippocrate, le plus grand médecin de 1 'Antiquité, reconnaissait le pouvoir des émotions dans leur capacité à déclencher une symptomatologie maintenant appelée asthme (Schwab, 1985).

(21)

2

De nos jours, le trouble panique (TP) est identifié comme étant le trouble anxieux le plus fortement associé à l'asthme comparativement aux autres troubles anxieux (anxiété sociale, trouble d'anxiété généralisée, phobie spécifique et état de stress post-traumatique) (Weiser, 2007). Tout au long de cette thèse, vous constaterez comment le TP est similaire à l'asthme, et dans quelle mesure le TP a des conséquences sur l'évolution de l'asthme en ce qui concerne la maîtrise des symptômes, la qualité de vie ainsi que l'utilisation des soins de santé de l'individu asthmatique (article présenté au chapitre III). Vous constaterez aussi l'ampleur de la détresse psychologique chez les individus asthmatiques qui se manifeste, notamment, sous forme de troubles anxieux (34 %) (Weiser, 2007), du TP (12 %) (Weiser, 2007) et d'idées suicidaires, celles-ci s'étant révélées plus élevées chez les individus asthmatiques que chez ceux souffrant d'autres maladies chroniques (Druss & Pincus, 2000; R. D. Goodwin, Kroenke, Hoven, & Spitzer, 2003). Enfin, vous découvrirez les facteurs associés aux idées suicidaires au sein de cette population (article présenté au chapitre IV). Plus précisément, des analyses exploratoires ont été ajoutées au terme de cette thèse afin de démystifier les facteurs associés aux idées suicidaires chez ces mêmes individus.

Le chapitre I permet de mettre en contexte le sujet de la thèse grâce à la présentation d'une recension des écrits. Celle-ci porte sur : (1) la description de l'asthme, incluant a) sa définition, b) son diagnostic, c) la sévérité de l'asthme, d) la maîtrise de l'asthme et l'influence des facteurs psychologiques; et (2) la dimension psychologique associée à l'asthme, dont a) les symptômes anxieux et les troubles anxieux, particulièrement celui du TP, incluant sa prévalence et la similarité de ses symptômes avec ceux de l'astlune et (b) les comportements suicidaires, incluant les idées et tentatives suicidaires chez les individus asthmatiques. Un résumé des études antérieures recensées et de leurs lacunes méthodologiques est présenté. Les objectifs et les questions de recherche de la thèse sont ensuite énumérés en lien avec les deux articles de thèse.

(22)

RECENSION DES ÉCRITS

1.1 Description de l'asthme

1.1.1 Définition de l'asthme

L'asthme se définit comme une maladie inflammatoire chronique des voies respiratoires, rendant le passage de l'air dans les poumons difficile (Global Initiative for asthma, 2011) (voir figure 1). L'inflammation est associée à une hyperactivité

bronchique qui se définit par une tendance des bronches à s'obstruer en réponse à des

facteurs déclencheurs connus (p. ex. : allergies, infections, exercice, air froid, fumée

de cigarette et polluants) qui n'ont habituellement pas d'effets chez les individus ne

souffrant pas d'asthme. L'obstruction des bronches (appelée bronchoconstriction) est souvent réversible de façon spontanée ou par l'administration d'une médication (p.

ex. :des bronchodilatateurs administrés à l'aide d'un inhalateur). L'asthme se

manifeste par des épisodes récurrents (appelés exacerbations) d'essoufflement, de

toux, particulièrement la nuit, de sibilance (c'est-à-dire la production de bruits lors de la respiration) et d'oppression thoracique.

(23)

4

Bronchiole normale

Bronchiole asthma

ti

que

Figure 1.1 Pathophysiologie de l'asthme

1.1.2 Diagnostic d'asthme

Pour confirmer un diagnostic d'asthme, des mesures de la fonction pulmonaire sont nécessaires, telles que le volume expiratoire maximal en une seconde

(VEMSt) et le ratio VEMSdcapacité vitale forcée (CVF) (Global Initiative for

asthma, 2011 ). Ces mesures physiologiques fournissent une évaluation de la sévérité

de l'obstruction bronchique, de sa réversibilité et de sa variabilité. La méthode recommandée pour mesurer la fonction pulmonaire est la spirométrie, réalisée à 1 'aide

d'un spiromètre utilisé pendant une manœuvre d'expiration forcée (Global Initiative

for asthma, 2011 ). Pour poser un diagnostic d'asthme, le résultat de la spirométrie

doit indiquer une augmentation 2: de 12 % du VEMS après l'administration d'un bronchodilatateur (Global Initiative for asthma, 2011 ) et le résultat du ratio

VEMS/CVF, supérieur à 75-80 % (Global Initiative for asthma, 2011 ). Lorsque les

résultats de la spirométrie sont normaux malgré la présence de symptômes cliniques,

(24)

à établir le diagnostic d'asthme (Global Initiative for asthma, 2011 ). Ce test consiste à l'administration d'un agent bronchoconstricteur, la métacholine, afin de provoquer une obstruction bronchique qui confirmerait un diagnostic d'asthme. Les résultats

sont exprimés par la dose de métacholine administrée requise pour provoquer une

chute~ de 20 %du VEMS.

1.1.3 La sévérité de l'asthme

La sévérité de 1' asthme est classée en quatre catégories : intermittent, léger persistant, modéré persistant et sévère persistant (voir tableau 1.1) (Global Initiative for asthma, 2006). Elle se définit principalement par la dose minimale de corticostéroïdes inhalés nécessaire pour atteindre et maintenir une bonne maîtrise de l'asthme. La sévérité est donc généralement basée sur l'intensité du traitement requise pour atteindre une maîtrise optimale de l'asthme (Global Initiative for asthma, 2011 ). D'autres facteurs sont pris en considération dans la classification de la sévérité de 1' asthme, tels que le VEMS, la fréquence des réveils nocturnes associés à 1' asthme et la fréquence de la prise du bronchodilatateur (p. ex. : salbutamol [Ventolin ©])

(25)

Tableau 1.1

Classification de la sévérité de l'asthme

Intermittent

Symptômes moins d'une fois semaine

Exacerbations brèves

Symptômes nocturnes moins de deux fois par mois

VEMS1 ~ 80% de la valeur prédite

Variabilité du VEMS1 < 20%

Léger persistant

Symptômes plus d'un fois semaine, mais moins d'une fois par jour

Exacerbations peuvent affecter l'activité et le sommeil

Symptômes nocturnes plus de deux fois par mois

VEMSl ~ 80% de la valeur prédite

Variabilité du VEMS1 < 20-30%

Modéré persistant

Symptômes tous les jours

Exacerbations peuvent affecter l'activité et le sommeil Symptômes nocturnes plus d'une fois par semaine

Administration quotidienne de bêta-2 agoniste à courte action par voie inhalée

(bronchod i latateurs)

VEMSl = 60-80% de la valeur prédite

Variabilité du VEMS1 > 30%

Sévère persistant

Symptômes tous les jours Exacerbations fréquentes Symptômes nocturnes fréquents Limitations des activités physiques

VEMSl S 60% de la valeur prédite

Variabilité du VEMS1 > 30%

Global Initiative for asthma, 2006

(26)

1.1.4 La maîtrise de 1 'asthme

L'objectif ultime dans le traitement de l'asthme est l'atteinte d'une maîtrise

optimale de l'asthme (Global Initiative for asthma, 2011 ), soit: utilisation

infréquente (moins de deux fois/semaine) de la médication d'urgence, soit les bêta-2

agonistes à courte action par voie inhalée (bronchodilatateurs), l'absence de

symptômes, surtout la nuit (p. ex. : essoufflement, douleur thoracique et toux), aucune limitation significative des activités (p. ex. : absentéisme au travail et évitement de l'activité physique) et absence d'anomalies de la fonction respiratoire (voir tableau 1.2) (Global Initiative for asthma, 2006).

Tableau 1.2

Niveaux de maîtrise de l'asthme

Maîtrisé Partiellement Non maîtrisé

maîtrisé Symptômes diurnes Non (deux fois ou Plus de deux

moins/semaine) fois/semaine

Limitations des activités Non Oui Trois ou plus des

Symptômes Non Oui caractéristiques

d'asthme

nocturnes/réveils

partiellement

Besoin urgent d'un Non (deux fois ou Plus de deux

maîtrisé présentes

bronchodi latateur moins/semaine) fois/semaine

dans une semaine

Fonction pulmonaire Normal < 80 % du prédit (VEMS1)

Exacerbations Non Une ou plus/année Une/semaine Global Initiative for asthma, 2006

Il est important de noter que le ru veau de maîtrise de 1 'asthme serait un indicateur plus valable et plus utile de la morbidité que la sévérité de 1 'asthme (Global initiative 2011), celle-ci n'influençant que faiblement le niveau de maîtrise de l'asthme (wang et Gaebel 1999). À titre d'exemple, un patient souffrant d'asthme sévère bien maîtrisé aura moins de morbidité associée à l'asthme qu'un patient avec

(27)

8

un asthme léger, mais peu maîtrisé. Bref, un traitement efficace de l'asthme doit

passer par l'atteinte d'une bonne maîtrise de l'asthme, réduisant ainsi les coûts

socioéconomiques totaux reliés à l'asthme, de même que l'impact sur la qualité de vie

de l'individu. D'autant plus que l'atteinte d'une maîtrise presque complète de

l'asthme est maintenant possible grâce à un traitement approprié (p. ex. :par la prise

quotidienne des corticostéroïdes inhalés), diminuant par le fait même le risque

d'exacerbations (Global Initiative for asthma, 2011 ). Néanmoins, un sondage

transversal basé sur la population canadienne (échantillon aléatoire incluant 801

adultes et 200 enfants) dont l'asthme a été diagnostiqué par un médecin indique que

la majorité d'entre eux Uusqu'à 57 %) maîtrisent mal leur asthme (Chapman, Ernst,

Grenville, & Al., 2001).

1.1.4.1 L'influence des facteurs psychologiques dans l'atteinte d'une bonne maîtrise

de l'asthme

L'atteinte d'une bonne maîtrise de l'asthme requiert l'adoption de plusieurs

comportements de la part de l'individu asthmatique, notamment la réduction de

l'exposition aux stimuli déclencheurs de l'asthme (p. ex. : allergènes, polluants,

fumée secondaire), l'auto-surveillance quotidienne des symptômes d'asthme, ainsi

que l'adoption de comportements liés à la santé (p. ex. : évitement du tabac,

observance au traitement, maintien d'un poids santé) (Global Initiative for asthma,

2011 ). Pour favoriser de tels comportements d'autogestion des symptômes chez les

individus asthmatiques, il est essentiel de comprendre ce qui les influence. Les

troubles d'anxiété, présents en grande proportion chez les asthmatiques (Weiser,

2007), pourraient être parmi ces facteurs, affectant par le fait même l'atteinte d'une

bonne maîtrise de l'asthme. En effet, la présence d'un trouble d'anxiété,

particulièrement le TP, se manifeste par des comportements d'évitement comme la

limitation des activités quotidiennes et 1' activité physique ainsi que par une

(28)

asthmatiques, ces comportements d'anxiété pourraient se traduire, par exemple, par

une omission de prendre les corticostéroïdes de façon quotidienne, par l'évitement de

tout exercice physique ou, au contraire, par une surutilisation de la médication

d'urgence (bronchodilatateurs) ou des services de soins de santé (Kim L. Lavoie et

al., 2006; K. L. Lavoie et al., 2005).

Dans un autre ordre d'idées, l'asthme étant une maladie chronique qui ne se

guérit pas, elle se retrouve parmi plusieurs maladies chroniques (soit : maladies

cardiovasculaires, hypertension, bronchite chronique, cancer, arthrite, diabète, goutte,

lupus, trouble de la glande thyroïde, du foie et des reins) la plus fortement associée au

comportement suicidaire (comprenant les tentatives et idées suicidaires) (Druss &

Pincus, 2000; R. D. Goodwin, Kroenke, et al., 2003; R. D. Goodwin, Marusic, &

Hoven, 2003). L'importance de la relation entre la maladie chronique, son degré de

maîtrise et l'occurrence des comportements suicidaires n'est pas encore claire, mais

quelques hypothèses sont tout de même mises de 1' avant.

La maladie chronique constitue un stresseur chronique dans la v1e des

individus qui en sont atteints. Ils sont sujets aux pertes financières considérables dues

à un absentéisme et à une perte de productivité au travail (E. C. Y. Wang & Gaebel,

1999) ainsi qu'à l'achat fréquent d'une médication dispendieuse les affectant ainsi

que leur famille (Bamett & Nurmagambetov, 2011). Aussi, ils sont à risque de perdre

progressivement leur capacité physique et d'avoir peu de soutien social (Druss &

Pincus, 2000). Ils ont également à gérer des rendez-vous à répétition chez leur

médecin de famille ou chez leur spécialiste. Ils ont à gérer des exacerbations de la

maladie et se retrouvent parfois à l'urgence ou hospitalisés. À long terme, ils ont à

modifier leur style de vie, personnelle et professionnelle pour arriver à mieux

maîtriser leur maladie. En conséquence, ils peuvent devenir désespérés face aux

nombreuses contraintes qu'apporte leur condition chronique, et ultimement, ils

(29)

10

Une autre explication est que la maladie chronique influence les cognitions et

les émotions, et conséquemment les capacités d'adaptation de

1

'individu (Büssing,

Ostermann, Neugebauer, & Heusser, 201 0). Ainsi, il est possible que les individus avec une maladie chronique utilisent des mécanismes d'adaptation moins adéquats, et

soient moins habiles à envisager ou utiliser de nouvelles solutions quant aux

événements stressants. Un trouble d'adaptation à la maladie chronique pourrait alors

les amener au comportement suicidaire à long terme, quoique très peu d'études à cet

égard ont été réalisées à ce jour chez les individus avec de l'asthme.

Les prochaines sections feront état des études de la littérature à ce jour portant

sur la relation entre l'asthme et l'anxiété, particulièrement le TP (section 1.2), ainsi que l'asthme et le comportement suicidaire (section 1.3).

1.2 L'anxiété et l'asthme

Les troubles d'anxiété (prévalence 12 mo1s = 18.1 %) constituent une catégorie de troubles mentaux les plus communs au sein de la population générale

comparativement aux troubles de l'humeur (9.5 %), de l'impulsivité (8.9 %) et de

l'abus de substances (3.8 %) (Kessler, Chiu, Dernier, Merikangas, & Walters, 2005). Dans la littérature portant sur les individus asthmatiques,

1

'anxiété est

1

'un des

facteurs psychologiques les plus étudiés. La recherche des vingt dernières années a

mis en lumière une forte prévalence de troubles anxieux au sein de la population

d'individus asthmatiques adultes, estimée à 34% selon une méta analyse de Weiser

incluant 15 études (2007) (voir tableau 1.3), prévalence presque deux fois plus élevée que celle de la population générale (18 %) (Kessler, et al., 2005).

(30)

11 Ta bl ea u 1. 3 Prévalence actuelle et à vie des troubles anxieux chez les adultes asthmatiques (selon la méta -analyse Weiser , 2007) Tro ubl e a n x i e u x Nom b re E t e ndu e d es Moye n ne Coc hr a n 's Q IC 95% Sens ibili té d'é tud es es tim ées p o n dé r ée I n fér i e ur e/s up é ri e u I n fér i e ur e/s up r e r e Tous troubles anxieux 8 . 16 /. 59 . 34 (R) 42 . 54, p <. OOO 1 .23-.44 .31 -. 36 P h obie spécifique 6 . 02 / .29 .1 0 (R) 1 6.27 ' p < .0006 . 04-.18 .07-. 13 Anxiété sociale 6 . 04 / .13 .07 (F) 6.28,p=.28 .05-.09 .06-. 08 Tro u b l e paniq u e avec / sans I l .07 /. 24 .12 (F) l 3.46 , p= . l9 . 1 0-.15 .I l -. 13 agoraphobie Attaques de panique 5 .08 / .40 .25 (R) 61.85 , p < . OOO 1 .14 -. 38 .21 -.30 Ago r aphob i e sa n s tro u b l e 6 .02 / .26 . 1 2 (R) 24.36 , p < .0002 .06 -. 21 .l 0 -.15 panique Tro u b l e d ' anx i été gé n éra l isée 7 .00/ . 24 . 09 (R) 42 . 15 , p <. OOO 1 . 04 -. 16 .07-. I l Etat de stress post-tra u matique 5 .01 /. 18 . 06 (F) 9 . 07 , p= . 06 . 04 -. 09 . 05 -. 08 Note. F=modè l e à effets fixes , R= m odè l e à effets randomisés

(31)

12

1.2.1 Prévalence du TP chez les adultes asthmatiques

Selon la méta analyse réalisée par Weiser (2007), Je TP a été identifié comme étant le trouble anxieux le plus fortement associé à l'asthme comparativement aux autres troubles anxieux (anxiété sociale, trouble d'anxiété généralisée, phobie spécifique et état de stress post-traumatique) (Weiser, 2007) (voir tableau 1.3), avec une prévalence estimée à 12 %, ce qui est plus de trois fois plus que celle retrouvée dans la population générale (3.7 %) (Kessler et al., 2006). Par ailleurs, l'ensemble des études de prévalence du TP incluant les attaques de panique des vingt dernières années chez les individus asthmatiques adultes, dans la commw1auté et les centres de soins de santé primaires et tertiaires, démontrent une prévalence d'une étendue de 3.1 à 16.6% (voir tableau 1.4 pour une description détaillée des études) (Feldman et al., 2010; R. D. Goodwin & Eaton, 2003; R. D. Goodwin, Jacobi, & Thefeld, 2003; R. D. Goodwin, Pagura, Cox, & Sareen, 2010; R. D. Goodwin & Pine, 2002; K. L. Lavoie, et al., 2005; Nascimento et al., 2002; Pema, Bertani, Politi, Colombo, & Bellodi, 1997; Shavitt, Gentil, & Mandetta, 1992; Yellowlees, Haynes, Potts, & Ruffm, 1988). Cette grande étendue de prévalence est en partie expliquée par 1 'hétérogénéité des milieux d'étude. En effet, en centre de soins de tertiaires, où l'asthme y est plus sévère, la prévalence du TP est plus élevée (étendue de 6.5 à 16.6 %) (Feldman, et al., 2010; K. L. Lavoie, et al., 2005; Nascimento, et al., 2002; Pema, et al., 1997; Shavitt, et al., 1992; Yellowlees, et al., 1988) que celle en milieu communautaire (étendue de 3.1 % à 6.3 %) (R. D. Goodwin, Jacobi, et al., 2003; R. D. Goodwin, et al., 2010; R. D. Goodwin & Pine, 2002).

(32)

Tabl e au 1 .4 Prévalence du TP auprès d ' une population adu l te avec de l ' asthme E tude N A g e mo y en 1 Echanti ll o n Mesures Prévalence TP / AP / a s t é t endue Diagno s tic p sy chiatrique 1 a s th m e Act u e ll e A Fe l drn a n e t co l. (20 1 0) 30 1 1 8 -89 C liniqu e " Prim a r y Ca r e Eva lu a t io n o f Me nt a l Di so rd e r s P a ti e n t 1 6.6% d ' as thm e H ea hh Q u es ti o nn a ir e » ( P R. I ME-M D PH Q) 1 R ev u e d oss i e r m é di ca l p a r p ne um o l og u e Goo d wi n e t co l. ( 2 0 1 0) 36984 1 5-6 5 C o mmun a ut é « Co m pos it e I n t e rn a ti o n a l Di agnos t ic Int erv i ew » 6 . 29T P ca n a di e nn e (C ID! ) / A ut o r a pp o rt é : · ' D o yo u h ave a s thm a ?' ' 29. 1 AP Goo d w in & Ea t o n (2003) 2768 46 ± 20 Co mmun a ut é " Na ti o n a lln s titut e of M e nt a l H ea hh D i ag n o s ti c 8 , 4 AP a m é r ica in e I nt e rvi e w Sc h e dul e " P r éva l e n ce as thm e 25 1 I de m As thm e a ut o r a p po rt é : ---7,2 a s " D o yo u h ave as thma n ow ?" '' A r e yo u r ece i v in g r eg ul a r ca r e fr o m a h ea hh pr o f ess i o n a l s u c h as a d oc t o r o r nur se pr ac titi o n e r f o r thi s co nditi o n ?" Goo d win , J aco bi e t co l. (2003) 1 07 4 1 ± 1 4 Co mmun a u té · ' Ge rm a n Na ti o n a l H ea lth Int e r v i ew a nd Exa min a ti o n 3 , 1 TP a ll e m an d e S urv ey -Me nt a l H ea l t h S uppl e m e nt " (G H S-M H S ) 6 , 1 AP 236 C o mmun a ut é Id e m 6 , 1 T a ll e m a nd e 1 4 , 5 Pr éva l e n ce as thm e 4 1 8 1 Co mmun a ut é As thm e a ut o r a pp o rt é , e ntr ev u e m é d ec in e t t es t s 2,7 as thm e 5 , 6 as a ll e m ande sa n g uin s e t d ' urin e Goo d wi n , 0 1 f s o n e t co l. (2003) 1 76 55 C liniqu e s so in s PRIM E-M D PH Q /" Bill i n g e n co unt e r d a t a o n 26, 1 AP -prim a ir e s Ph ys i c i a n -d x as thm a r eco rd e d b y I C D -9 co d e f o r as thm a ( 4 93) " Goo dwin & Pin e (2002) 343 46 ± 1 3 Co mmun a ut é « Co mp os it e Int e rnati o n a l Di ag n os ti c I nt erv i e w S h o rt 22 , 2 A P -a m é ri ca in e Fo rm » (C IDI-SF) 1 A ut o -r ap p o rt é pa r p a t ie nt ( dit s i d éjà tr a i t é p o ur ast hm e , br o n c hit e c hr o niqu e o u e mph ysè m e)

(33)

14 Et u de N A~e Ec hanti ll o n Mesures P r éva l e n ce AP, TP, asthme moyen /E tendue Diagnostic psy. 1 asthme % Ac tuelle A vie H as l e r e t co l. (2005) 59 1 1 9 -39 Z uri c h Co h o rt S tru c tur e d P syc h o path o l og i ca llnt erv i ew a nd Ra tin g of

---S tud y th e Soc i a l Co n se quence s for E pid e mi o l ogy (S PIK E) 59 1 Id e m Ast hm e a ut o r a pp o rt é e t di ag n os ti c d ' a s thm e -La vo i e e t co l. (2005) 406 50 ± 1 5 C liniqu e d ' as thm e PR I ME-MD f' A m e ri ca n T h o ra c i c Soc i e t y " e t VEMS 1 2T P ---Nasc im e nt o e t co l. (200 1 ) 86 50 ± 1 5 C lin ique d ' as thm e " Min i-Int e rn a ti o nal Ne urop syc hi a tri e Int erview " 1 3 , 9T P ---( MINI ) / A m e ri ca n T h o r acic Socie t y e t VEMS P e rn a e t co l. ( 1 997) 5 1 3 1 ± Il C lini que d ' as thm e " Dia g n os t i c I nt e rvi ew Sc h e dul e Ill (D I S-R) / Na ti o n a l ---1 9 , 6TP Ast hm a E ducational Pr og ram e t cli ni c i e n s » S h avitt e t co l. (1 99 2 ) 1 07 27 ± 9 C liniqu e d 'as ù1m e ''S tru c tured C lini ca l lnt e rview " (SC ID ) /? 6 , 5 TP - --Ye ll o wl ees e t co l. (1988) 49 37 C lini q u e d ' as thm e " Diagnostic Intervi ew Sc h e dul e / hi s t o r y of co u g h , 1 2 , 2 TP wheeze a nd d ys pn ea w ith inc r ease d in forced expired vo lum e in o n e seco nd s p o nt aneo u s l y or in re s p o n se t o inh a l e d bro n c h odi l a tor age nt s "

(34)

1.2.2 Définition du TP et similitudes avec 1' asthme

Le TP est caractérisé par des attaques de panique récurrentes, c'est-à-dire des

épisodes soudains, de brèves durées (quelques minutes), de peur intense et

d'inconfort associés à plusieurs symptômes au du point de vue psychologique,

cognitif et somatique, par exemple une peur de mourir, une perception de perte de

contrôle, un souffle court et une douleur thoracique (voir tableau 1.5 pour une

description des critères) (American Psychiatrie Association, 2013). De façon

similaire, l'asthme se traduit par des symptômes de brève durée (quelques minutes à

quelques heures), se manifestant soudainement et se résorbant spontanément ou avec

un traitement. Les symptômes d'asthme sont intermittents et récidivants, les plus

typiques étant la toux, les sibilances (c'est-à-dire la production de bruits lors de la

respiration), l'essoufflement et l'oppression thoracique récurrents. Ces deux derniers

symptômes caractérisent aussi le TP. De plus, l'hyperventilation, autre symptôme

partagé entre le TP et l'asthme (Hegel & Ferguson, 1997), peut induire des sensations

d'essoufflement (Chonan, Mulholland, Leitner, Altose, & Cherniack, 1990) et des

contractions musculaires dans la région thoracique (J. Beek & Scott, 1988; Martin,

Powell, Shore, Ernrich, & Engel, 1980). Enfin, dans l'asthme, il est possible

d'observer la présence d'anxiété et d'hypervigilance aux symptômes menant parfois à

des comportements excessifs (p. ex : surutilisation de la médication d'urgence ou des

(35)

16

Tableau 1.5

Critères diagnostiques du TP selon le DSM-V

Trouble panique

1) Attaques de panique récurrentes, attendues ou inattendues (voir ci-dessous) 2) Crainte persistante d'avoir d'autres attaques de panique, incluant des

préoccupations à propos des implications de l'attaque ou bien de ses conséquences.

3) Changement de comportement important en relation avec les attaques.

Attaque de panique

Une période bien délimitée de crainte ou de malaise intense, dans laquelle au minimum quatre des symptômes suivants sont survenus de façon brutale et ont atteint leur acmé en moins de dix minutes :

1) Palpitations, battements de cœur ou accélération du rythme cardiaque 2) Transpiration

3) Tremblements ou secousses musculaires

4) Sensations de« souffle coupé» ou impression d'étouffement 5) Sensation d'étranglement

6) Douleur ou gêne thoracique 7) Nausée ou gêne abdominale

8) Sensation de vertige, d'instabilité, de tête vide ou impression d'évanouissement 9) Déréalisation (sentiments d'irréalité) ou dépersonnalisation (être détaché de soi) 1 0) Peur de perdre le contrôle de soi ou de devenir fou

11) Peur de mourir

12) Paresthésies (sensations d'engourdissement ou de picotements) 13) Frissons ou bouffées de chaleur

Association psychiatrique américaine, 2013

D'ailleurs, la théophylline et les bêta 2-adrénergiques, deux catégories de médicaments anti-asthmatiques qui agissent principalement en dilatant les muscles bronchiques, constituent un des facteurs pouvant expliquer la similarité des manifestations cliniques du TP avec ceux de l'asthme. En effet, l'utilisation fréquente de ces médicaments a été associée à des effets secondaires psychologiques importants, incluant l'agitation, l'anxiété et la dépression (Furukawa et al., 1988;

(36)

Hall, Beresford, Stickney, Nasdahl, & Coleman, 1985; Hoffman, 2006; Howarth & George, 1983; Murphy, Dillon, & Fitzgerald, 1980) et à des changements de comportement tels qu'une hyperactivité et une labilité émotionnelle (Wasser, Bronheim, & Richardson, 1981 ). La théophylline stimule le système nerveux central, agissant comme relaxant du muscle bronchique et augmentant la résistance sanguine au niveau cérébral (peut diminuer le flux sanguin et l'oxygène au niveau cérébral), ce qui provoque d'intenses sensations d'agitation, de dyspnée, d'hyperventilation et d'étourdissements telles que l'on retrouve dans le TP (American Psychiatrie Association, 2013; Ho:ffman, 2006). De plus, la théophylline augmente les niveaux de catécholamines (Hoffinan, 2006; Napier-Flood & Creese, 1995) et par le fait même, stimule le système nerveux sympathique et engendre une réponse de stress, de la même façon que dans le TP (Chamey, Woods, Krystal, Nagy, & Heninger, 1992; Papp, Klein, & Gorman, 1993).

Il est donc important de savoir à quel point les médicaments anti-asthmatiques peuvent contribuer à la détresse psychologique chez les individus asthmatiques, se manifestant potentiellement sous forme de troubles anxieux (34 %) (Weiser, 2007), du TP (12 %) (Weiser, 2007) ou même d'idées suicidaires. D'ailleurs, celles-ci se sont révélées plus élevées chez les asthmatiques que chez ceux souffrant d'autres maladies chroniques (Druss & Pincus, 2000; R. D. Goodwin, Kroenke, et al., 2003). Par contre, les raisons expliquant ce haut taux d'idéation suicidaire chez les asthmatiques sont peu connues. Il est possible qu'une des explications se retrouve dans le traitement d'asthme, mais cela n'a jamais été évalué.

1.2.3 Association entre le TP et l'asthme

Les études, à ce jour, qui examinent une association spécifique ou indépendante entre l'asthme et le TP, en comparant avec une population sans asthme ou avec au moins un autre trouble mental potentiellement confondant, sont décrites

(37)

18 selon le milieu d'étude (services de santé en soins primaires et communauté) (voir tableau 1.4) dans les sections suivantes.

1.2.3 .1 Le TP en soins primaires

Les services de santé en soins primaires constituent un type de service de santé universel et international qui offre des soins généraux à la population au point d'entrée du réseau des services de santé et comprend des soins curatifs de base, des soins préventifs et des mesures éducatives essentielles fournies par des omnipraticiens.

Une seule étude (R. D. Goodwin et al., 2003) a été réalisée auprès de patients provenant d'une clinique de soins de santé primaires. Cette étude a démontré que les asthmatiques étaient plus susceptibles d'avoir une attaque de panique (OR = 1.7, 95 % IC, 1.1-2.6, p =.001) dans les quatre dernières semaines comparativement aux non-asthmatiques, même après avorr contrôlé pour les caractéristiques sociodémographiques (âge, sexe, nationalité, état civil et éducation) et les troubles mentaux potentiellement comorbides (dépression majeure, trouble d'anxiété généralisée, abus d'alcool et de substances). De plus, les résultats mettaient en lumière une plus forte prévalence d'attaques de panique chez les asthmatiques (26.1 %) que l'anxiété généralisée (19.9 %) et l'abus d'alcool (8.0 %) ou de drogue

(5.1 %). De plus, l'association entre les attaques de panique et l'asthme était

indépendante des autres troubles mentaux, des idées suicidaires et des caractéristiques sociodémographiques (âge, sexe, état matrimonial et niveau d'éducation). Dans cette étude, contrairement à la majorité des études où l'asthme est auto rapporté par le patient, l'asthme était diagnostiqué par des médecins. De plus, le diagnostic d'attaque de panique était effectué à l'aide d'une entrevue structurée (PRIME-MD (R.L. Spitzer, Williams, Kroenk:e, & Linzer, 1994). Néanmoins, cette étude présente une limite importante, soit qu'aucune mesure de la fonction pulmonaire n'ait été prise, ne permettant pas de confirmer avec exactitude le diagnostic d'asthme.

(38)

1.2.3.2 Le TP auprès de la communauté

Cinq grandes études, dont trois au devis transversal (R. D. Goodwin, Jacobi,

et al., 2003; R. D. Goodwin, et al., 2010; R. D. Goodwin & Pine, 2002) et deux au

devis longitudinal (R. D. Goodwin & Eaton, 2003; Hasler et al., 2005), ont été

réalisées auprès de la communauté civique adulte à l'échelle nationale canadienne,

américaine, allemande et suisse à l'aide d'un sondage téléphonique ou postal au domicile des résidants non institutionnalisés. Ces cinq études ont démontré des résultats constants avec ceux de 1' étude réalisée auprès de populations cliniques de

soins primaires (R. D. Goodwin, Olfson, et al., 2003) démontrant une forte

association entre les attaques de panique et l'asthme.

Les résultats de l'étude épidémiologique transversale de Goodwin & Pine

(2002) ont fait ressortir une association significative entre la maladie respiratoire

(l'asthme, la bronchite chronique et l'emphysème) et l'attaque de panique chez 343

participants (OR=1.7; 95% CI, 1.2-2.4) comparativement au groupe sans maladie respiratoire. Cette association a persisté après ajustements statistiques des caractéristiques sociodémographiques (âge, sexe, ethnie, statut matrimonial et

éducation), des maladies physiques auto rapportées survenues dans les douze derniers

mois et des troubles mentaux comorbides (dépendance ou abus d'alcool ou drogues,

trouble d'anxiété généralisée et dépression majeure). Par ailleurs, les autres troubles

mentaux comorbides n'ont pas été associés avec la maladie respiratoire.

Les résultats d'une autre étude épidérniologique transversale (R. D. Goodwin,

Jacobi, et al., 2003) ont dévoilé une plus forte association entre l'asthme et la phobie

spécifique (OR =4.8; 95 % IC,2.4-4.1), le TP (OR =4.6; 95% IC,l.l-19.4) et les

attaques de panique (OR=4,1; 95% IC,1.3-12.8) comparativement à la phobie sociale

(OR =2.8; 95 % IC,0.7-11.9), l'anxiété généralisée (OR =3.1; 95 % IC,0.7-14.7),

l'abus de substance (OR =3.1; 95 % IC,0.8-11.2) et le trouble somatoforme (OR

(39)

20 niveau sévère avaient un risque significativement plus élevé de souffrir d'une attaque de panique et d'un TP autant pour la prévalence actuelle (OR

=

4.1; 95 % IC, 1.3 -12.8 et OR= 4.6; 95 % IC, 1.1 - 9.4, respectivement) que celle à vie (OR= 2.8; 95 % IC, 1.7 - 4.9 et OR = 2.6; 95 % IC, 1.3 -5.3, respectivement) comparativement aux non-asthmatiques. Encore une fois, comparativement aux non-asthmatiques (n = 33 622), les asthmatiques (n = 3358) incluent dans une autre étude de Goodwin et ses collaborateurs (2010) affichaient un risque significatif de souffrir d'attaques de panique (OR=1.6; 95 % IC, 1.4 -1.8) et de TP (OR=J.7; 95 % IC, 1.4 -2.2), risque supérieur à celui observé pour la dépression (OR=l.6; 95% IC, 1.4 -1.9), la phobie sociale (OR=l.5; 95 % IC, 1.2 -1.7) et la dépendance à l'alcool (OR=l.3; 95 % IC, 1.0 -1.7) ou la drogue (OR=1.4; 95 % IC, 0.9 -2.2), même après ajustement pour l'âge, le sexe, le niveau de scolarité et l'état matrimonial.

Goodwin et Eaton (2003) ont suivi un échantillon de 2768 adultes pendant un an et ont démontré que les individus souffrant d'asthme avaient significativement plus de risque de souffrir d'attaques de panique, autant au niveau de base qu'au suivi à un an (OR= 5.9; 95 % IC, 2.2- 15.6, ajusté pour l'âge, le sexe, la dépression majeure et la dépendance à l'alcool), que ceux ne souffrant pas d'asthme. Par ailleurs,

aucun risque significatif associé à l'asthme n'a été démontré pour les autres troubles mentaux évalués tels que la dépression majeure (OR = 1.3; 95% IC, 0.7 - 2.3) et la dépendance à l'alcool (OR= 1.4; 95% IC, 0.9-2.1).

L'étude de Hasler et ses collaborateurs (2005), quant à elle, est uruque puisqu'elle dévoile une association bidirecti01melle entre 1' asthme et le TP auprès de 591 participants. En effet, les résultats ont montré que sur une période de vingt ans,

l'asthme augmentait significativement Je risque de développer un TP (OR = 4.5 ; 95 % IC, 1.1 -20.1 ) et inversement, le TP augmentait considérablement Je risque de développer de l'asthme (OR=6.3 ; 95% IC, 2.8 -14.0), et ce, même après avoir ajusté pour des variables potentiellement confondantes (âge, sexe féminin, rhinite

(40)

allergique, autres troubles d'anxiété [généralisée, obsessif-compulsif, phobies], dépression majeure, tabagisme régulier, abus/dépendance drogue, tempérament anxieux, anxiété dans l'enfance, histoire familiale d'allergie ou de panique).

1.2.3.3 Résumé et limites méthodologique des études portant sur le TP et l'astlune

Bien que les associations transversales aient démontré une forte prévalence de l'anxiété de type panique (TP et attaques de panique) chez les astlunatiques dans la

communauté, les associations longitudinales démontrées dans les deux études

d'envergure (R. O. Goodwin & Eaton, 2003; Hasler, et al., 2005) (n=2768 et 591) ont permis une première indication de la direction temporelle entre l'astlune et le TP. En fait, le lien astlune-TP s'est même révélé bidirectionnel dans 1 'une des deux études (Hasler, et al., 2005), ce qui suggère que l'astlune est un facteur de risque potentiel au développement du TP et vice-versa. De même, ces deux études ont fait ressortir un patron dose-réponse, c'est-à-dire que plus les exacerbations d'asthme étaient récidivantes, plus les attaques de panique étaient aussi récidivantes. Ces résultats fournissent ainsi une première indication empirique d'une relation linéaire entre l'asthme et le TP : un astlune mal maîtrisé traduit par un astlune récidivant pourrait constituer un facteur de risque au développement du TP et vice-versa, soit que le TP puisse aussi être un facteur de risque aux exacerbations de l'asthme. Aussi, le lien entre l'astlune et le TP s'est révélé indépendant d'autres troubles mentaux potentiellement concomitants (trouble d'anxiété généralisée et obsessif-compulsif, phobies, dépression majeure et dépendance à l'alcool). Finalement, la majorité des études ont utilisé w1e entrevue psychiatrique structurée validée pour l'évaluation du TP, permettant ainsi d'obtenir un diagnostic objectif et de mieux départager les symptômes liés à l'asthme de ceux liés à l'anxiété.

La littérature à cet égard comporte cependant des limites. Plusieurs études ont utilisé des données auto rapportées pour le diagnostic d'astlune, sujettes aux biais de mémoire du patient. Ce faisant, elles n'ont pas pu non plus fournir d'informations sur

(41)

22 la sévérité de l'asthme, variable qui pourtant influence la morbidité de l'asthme (Global Initiative for asthma, 2011 ). Il est également possible qu'il y ait eu un biais d'attribution des symptômes respiratoires provenant du TP à l'asthme puisque plusieurs symptômes d'asthme sont non spécifiques et peuvent se chevaucher avec les symptômes du TP (p. ex. : essoufflement, sensations d'étouffement ou d'étranglement, pression dans la poitrine, hyperventilation) (Arnerican Psychiatrie Association, 2013; Gardner, 1996). Il est ainsi possible que les récidives d'asthme aient été surestimées par les participants, étant un asthme auto-rapporté non objectivé par un médecin. Finalement, aucune de ces études n'a examiné l'effet du TP sur la morbidité reliée à l'asthme, à l'exception de l'étude longitudinale de Hasler et ses collaborateurs (2005) qui révèle une mauvaise maîtrise de l'asthme associée au TP. Toutefois, cette étude n'a pas été examinée en profondeur les conséquences sur la maîtrise de l'asthme, c'est-à-dire au niveau de la surutilisation de la médication d'asthme (bêta-2 agonistes à courte action par voie inhalée [bronchodilatateurs]), de la présence de symptômes (p. ex. : essoufflement et sillements), de la limitation significative des activités quotidiennes (p. ex. : activité physique) et des anomalies de la fonction respiratoire. De plus, aucune de ces études n'a examiné les conséquences sur la qualité de vie et l'utilisation des soins de santé. Finalement, la majorité de ces études sont transversales (quatre sur six), lesquelles ne fournissent pas d'information sur la direction ni sur les mécanismes potentiels de la relation entre le TP et 1 'asthme.

1.2.4 Association entre le TP et morbidité reliée à l'asthme

Pour mieux comprendre l'impact des facteurs psychologiques sur la morbidité, notamment sur la maîtrise de l'asthme, la qualité de vie et l'utilisation des soins de santé, la majorité des études se sont penchées sur l'évaluation des symptômes anxieux (évalués par une échelle validée). Très peu d'études ont observé l'effet des troubles mentaux d'anxiété (évalués par une entrevue psychiatrique structurée et validée), encore moins celui du TP, alors que celui-ci est le trouble

(42)

anxieux le plus fréquemment rencontré chez les personnes asthmatiques (Weiser,

(43)

24 Tabl e au 1.6 Impact des symptômes anxieux, des troubles anxieux, du troub l e d 'anx iété généralisée et du TP sur la morb i dité reliée à l 'as thme E tud e D evis d e Po pul a ti o n N Age Eva lu at i o n I mp act s ur l a m o rbidit é Vada bl es r e ch e rch e mo ye n p sy cholo g iqu e/ast hm e de l' as thm e cont r ô l ées Sy mpt ô m es a n x i e u x De Migue l Transve r sa l Communauté 29478 51.7 VS A u to-rapporté 1 a u to-L i e n avec a u gmentatio n Dépression Diez J . et 50 rapport é des visites chez col. (2011) l ' om ni prat i c i en d a ns l e dernier mois comparativement au non ast h mat i q u es Di Marco et Transversal Centre de 315 51 ±17 Hospital anxiety and Lien avec mauva i se Dépres s ion col. (20 1 0) so i ns depression sca l e m aîtr i se de l ' ast h me et et sévé rité tertiaires (HADS)NEMS 1 augmentat i on des visites de l ' asthme à l ' urgence comparativement à u n asthme bien maîtrisé Ferna n des Transve r sa l Ce n tre de 195 38 Se l f-Anx i ety Sca l e Lien avec diminution de -et col. SOinS ±14.6 (SAS)NEMS1 l a qua l ité de vie et (20 1 0) tertiaires augme n tation des v i sites chez l 'o mnip r aticie n et des hospita l isations comparativement aux asthmatiques avec un niveau bas d 'a nx i été

(44)

E tud e D evis de P opul a ti o n N Age Eva lu at ion I m pact s u r l a m orb idit é Var i a bl rec h erc h e m oye n p syc h o l og iqu e/ast h me de l' ast h me contrô Ku ll o wa t z T r a n sve r s a l Ce ntr e d e 88 5 2 . 7 H os pit a l a n x i ety a nd L i e n avec un e dimi n uti o n D é pr ess e t co l. so in s ± 1 2.3 d e pr ess i o n sca l e d e l a qu a lit é d e v i e e t sévé (2 00 7) t e 1 t i a ir es ( HAD S) / a ut o -r a pp o rt é co mp ara ti ve m e nt a u x d e l 'as thm a s thm a t i qu es avec un n i v ea u b as d ' a n x i é t é O ga e t co l. Lo n g itudin a l Ce nt re d e 8 7 5 0 ±2 H os pit a l a n x i ety a nd L i e n avec un e diminu t i o n Sévér it (2 007 ) SO in S d e pr ess i o n sca l e d e l a qu a lit é d e v i e r e li ée l ' ast hm t e rti a ir es ( HAD S) IV E MS 1 à l ' as thm e co mp a r a ti ve m e nt a u x as thm a tiqu es avec un n i vea u b as d ' a n x i é t é Rimin gto n , T r a n sve r sa l Ce nt re d e 11 4 45 vs H os pit a l a n x i ety a nd Li e n avec un e Sévé r i t e t co l. so in s 42 d e pr ess i o n sca l e au g m e nt a ti o n d e l a so u s -l ' ast hm (2 001 ) prim a ir es (HAD S) / éc h e ll e « sy mpt ô m es » o mnipr a ti c i e n du qu es ti o nn a ir e s ur l a qu a lit é d e v i e (AQLQ) c o mp a r a ti ve m e nt a u x as thm a tiqu es ave c un ni vea u b as d ' a n x i é t é Sy mpt ômes anx i e u x W a n g e t co l. T r a n sve r sa l Ce ntr e d e 168 34 -42 Se l f -r a tin g a n x i ety Li e n avec un e diminuti o n D é pr ess (2 010 ) so in s sca l e ( S A S)/VE M S 1 d e l a m aît ri se d e l ' as thm e e t sévé t e rti a i r es co mp ara ti ve m e nt a u x d e l ' as thm as thm a tiqu es avec un b as ni vea u d ' a n x i été

Figure

Figure  Page
Tableau  1.1  1.2  1.3  1.4  1.5  1.6  1.7  5.1  5.2  LISTE D ES TABLEAUX
Figu re 1.1  Pathophysiologie de l ' asthme
Tableau 1.4  Prévalence du TP auprès d'une population adulte avec de l'asthme  Etude  N Age moyen 1 Echantillon Mesures Prévalence TP/AP/ast étendue Diagnostic psychiatrique 1 asthme  Actuelle A  Feldrnan et col
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