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Association entre l’environnement social en milieu de garde et les comportements liés à l’apport alimentaire et l'activité physique des enfants de trois à cinq ans

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Academic year: 2021

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Université de Sherbrooke

Association entre l’environnement social en milieu de garde et les comportements liés à l’apport alimentaire et l'activité physique des enfants de trois à cinq ans

Par

Stéphanie Ann Ward Programme de sciences cliniques

Thèse présentée à la Faculté de médecine et des sciences de la santé en vue de l’obtention du grade de philosophiae doctor (Ph. D.)

en sciences cliniques

Sherbrooke, Québec, Canada Novembre, 2016

Membres du jury d’évaluation

Marie Claude Ouimet, Ph. D., présidente du jury, Département des sciences de la santé communautaire, Faculté de médecine et des sciences de la santé, Université de Sherbrooke

Mathieu Bélanger, Ph. D., directeur, Département de médecine de famille, Faculté de médecine et des sciences de la santé, Université de Sherbrooke

Sylvain Turcotte, Ph. D., évaluateur interne, Département de kinanthropologie, Faculté des sciences de l’activité physique, Université de Sherbrooke

Marie Marquis, Dt.P., Ph. D., évaluatrice externe, Département de nutrition, Faculté de médecine, Université de Montréal

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Association entre l’environnement social en milieu de garde et les comportements liés à l’apport alimentaire et l'activité physique des enfants de trois à cinq ans

Par Stéphanie Ward

Programme de Sciences cliniques

Thèse présentée à la Faculté de médecine et des sciences de la santé en vue de l’obtention du diplôme de philosophiae doctor (Ph. D.) en sciences cliniques, Faculté de médecine et des

sciences de la santé, Université de Sherbrooke, Sherbrooke, Québec, Canada, J1H 5N4 Problématique : Puisque les enfants de moins de cinq ans passent environ 29 heures par semaine dans les milieux de garde et qu’ils apprennent en observant et en imitant les autres, les éducateurs et les pairs peuvent être des modèles importants dans l’apprentissage de saines habitudes de vie. Les objectifs étaient d’analyser les associations entre 1) les pratiques des éducateurs et l’apport alimentaire, 2) l’activité physique (AP) des enfants de trois à cinq ans dans les milieux de garde, 3) le degré d’influence des pairs sur l’apport alimentaire, et 4) l’AP des enfants de trois à cinq ans.

Méthodes : Les associations entre les pratiques des éducateurs et les comportements liés à l’apport alimentaire et l’AP des enfants ont été étudiées à l’aide d’une étude transversale, menée auprès de 723 enfants de trois à cinq ans de 51 milieux de garde en Saskatchewan et au Nouveau-Brunswick à l’automne 2013 et 2014. Le degré d’influence des pairs sur l’apport alimentaire et l’AP des enfants a été étudié à l’aide d’une étude longitudinale, menée auprès de 238 enfants de trois à cinq ans au début et à la fin des années scolaires 2013-2014 et 2014-2015. L’AP des enfants a été mesurée à l’aide d’accéléromètres, et l’apport alimentaire a été mesuré à l’aide d’une analyse de consommation par pesée et photographiée. Une grille d’observation de l’environnement a permis de mesurer les pratiques des éducateurs en milieu de garde. Des régressions linéaires multiniveaux ont répondu aux quatre objectifs de l’étude. Résultats : Le modelage est positivement associé à l’apport en sucre (p=0,026) et l’éducation alimentaire est négativement associée à l’apport en calories (p=0,026) et en fibres (p=0,044). Ne pas utiliser de récompenses alimentaires est négativement associée à l’apport en gras (p=0,049). Aucune pratique n’est associée à l’AP des enfants. Plus l’écart entre l’apport alimentaire et l’AP des enfants et ceux de leurs pairs est grand au début de l’année, plus les enfants voient leur apport alimentaire et leur AP changer, se rapprochant de la moyenne de leurs pairs neuf mois plus tard (p<0,05).

Conclusion : Les éducateurs et les pairs jouent un rôle important dans l’adoption d’habitudes alimentaires saines et d’AP chez les enfants de trois à cinq ans dans les milieux de garde. L’environnement social est donc important à considérer dans les interventions de promotion d’habitudes de vie saine dans les milieux de garde.

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Association between the social environment in childcare centres and 3 to 5-year old children’s dietary intake and physical activity

By Stéphanie Ward Clinical Sciences Program

Thesis presented to the Faculty of Medicine and Health Sciences in fulfillement of the requirements for the Degree of doctor of philosophy (Ph.D.) in clinical sciences, Faculty of

Medicine and Health Sciences, Université de Sherbrooke, Sherbrooke, Québec, Canada, J1H 5N4

Background: Since children under the age of 5 spend approximately 29 hours per week in childcare centres and that they learn by observing and imitating others, childcare educators and peers can be important role models in promoting a healthy lifestyle. The objectives were to analyse the associations between 1) educators’ practices and the dietary intake, 2) physical activity (PA) of 3 to 5 year-old children in childcare centres, 3) peers’ behaviours, and children’s dietary intake, and 4) PA of three- to five-year-old children.

Methods: Associations between childcare educator practices, and children’s dietary intake and PA were analysed by a cross-sectional study conducted among 723 three- to five-year-old children from 51 childcare centres in Saskatchewan and New Brunswick in the fall of 2013 and 2014. The associations between peers’ behaviours, and children’s dietary intake and PA were studied using a longitudinal design, conducted among 238 three- to five-year- old children at the beginning and at the end of the 2013-2014 and 2014-2015 school years. Children’s PA was assessed using accelerometers, and dietary intake was measured using weighed plate waste method and digital photography. An environmental observation checklist was used to measure educators’ practices within the childcare centre. Multilevel linear regressions were used to answer all four of the study’s objectives.

Results: Modeling is positively associated with children’s intake in sugar (p=0.026) and nutrition education is negatively associated with children’s intake in calories (p=0.026) and in fibre (p=0.044). Not using food rewards is negatively associated with children’s intake in fat (p=0.049). None of the practices are associated with children’s PA. The greater the difference between children’s intake or PA and those of their peers at the beginning of the year, the more likely they are to change their intakes and PA to become more similar to their peers 10 months later (p<0.05).

Conclusions: Educators and peers can play an important role in the adoption of healthy eating behaviours and PA of three- to five-year-old children in childcare centres. The social environment is therefore important to consider in interventions which aim to promote healthy lifestyles in childcare centres.

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« Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin » -Proverbe africain

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ABLE DES MATIÈRES

Résumé ... ii

Summary... iii

Table des matières ... vi

Liste des tableaux ... ix

Liste des figures ... x

Liste des abréviations... xi

1. Introduction ... 1

1.1 Définition de l’embonpoint et de l’obésité chez les jeunes enfants ... 2

1.2 Causes de l’obésité pédiatrique ... 4

1.2.1 L’alimentation des jeunes enfants ... 5

1.2.1.1 Recommandations en matière d’alimentation saine ... 5

1.2.1.2 Apports nutritionnels des jeunes enfants ... 6

1.2.2 L’activité physique des jeunes enfants ... 9

1.2.2.1 Recommandations en matière d’activité physique ... 9

1.2.2.2 Activité physique des jeunes enfants ... 10

1.3 Promotion d’habitudes alimentaires saines et d’activité physique chez les enfants ... 10

1.3.1 Modèle écologique centré sur les enfants ... 11

1.4 L’apprentissage d’habitudes alimentaires saines et d’activité physique ... 13

1.4.1 Théorie sociale cognitive ... 13

1.4.2.1 Inhibition et désinhibition sociale ... 14

1.4.2.2 Théorie de facilitation sociale ... 14

1.4.2.3 Théorie d’apprentissage observationnel ... 15

1.5 Les milieux de garde ... 17

1.5.1 Les milieux de garde et l’alimentation des enfants ... 17

1.5.2 Les milieux de garde et l’activité physique des enfants ... 22

1.5.3 Comportements et pratiques des éducateurs dans les milieux de garde ... 23

1.6 Modèle conceptuel et théorique ... 27

2. Recension des écrits ... 30

2.1 Article 1 ... 31

(8)

2.3 Article 3 ... 89

3. Objectifs ... 128

3.1 Hypothèses de recherche ... 128

3.2 Objectifs de l’étude ... 129

4. Contexte de l’étude – Départ Santé ... 130

4.1 Projet Départ Santé... 130

4.2 Aperçu de l’étude Départ Santé ... 131

4.3 Population et recrutement du projet Départ Santé ... 131

4.4 Contexte des milieux de garde recrutés... 136

4.5 Considérations éthiques du projet Départ Santé ... 136

4.6 Déroulement des collectes de données pour le projet Départ Santé ... 137

4.6.1 Composition corporelle des enfants ... 137

4.6.2 Niveaux d’activité physique des enfants en milieu de garde ... 138

4.6.3 Habiletés motrices fondamentales des enfants ... 139

4.6.4 Comportements alimentaires des enfants ... 139

4.6.5 Niveaux d’activité physique des éducateurs dans les milieux de garde ... 140

4.6.6 Analyse de l’environnement social et physique des milieux de garde ... 141

4.6.7 Questionnaire des éducateurs ... 141

4.6.8 Questionnaire des parents ... 142

5. Méthodologie ... 143

5.1 Devis de l’étude pour le présent projet de doctorat ... 144

5.2 Population et recrutement des participants au projet actuel ... 145

5.3 Considérations éthiques... 146

5.4 Variables dépendantes et indépendantes à l’étude ... 146

5.4.1 Niveau d’activité physique des enfants ... 146

5.4.2 Comportements alimentaires des enfants en milieu de garde ... 149

5.4.3 Pratiques alimentaires et d’activité physique des éducateurs ... 152

5.5 Covariables à l’étude ... 154

5.5.1 Élaboration des graphiques acycliques orientés ... 154

5.5.2 Justification des covariables retenues ... 161

(9)

6. Résultats ... 166

6.1 Article 4 ... 167

6.2 Article 5 ... 293

7. Discussion/Conclusion ... 319

7.1 Pratiques des éducateurs et l’alimentation des enfants ... 320

7.2 Pratiques des éducateurs et l’activité physique des enfants ... 326

7.3 Degré d’influence des pairs sur l’apport alimentaire des enfants ... 328

7.4 Degré d’influence des pairs sur l’activité physique des enfants ... 330

7.5 Forces et limites de l’étude ... 333

7.6 Pertinence et retombées ... 337

7.7 Conclusion ... 340

8. Remerciements ... 341

9. Références ... 342

Annexe 1 : Formulaire de consentement des parents ... 360

Annexe 2 : Critères d’indice de masse corporelle selon l’IOTF ... 365

Annexe 3 : Grille d’observation de l’environnement – NAP SACC ... 368

Annexe 4 : Choix de critères pour les données d’accéléromètre (Ward et al., sous révision) 380 Annexe 5 : Questions du NAP SACC utilisées pour ce projet de doctorat ... 382

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L

ISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Sommaire des apports en légumes et fruits, produits céréaliers, viandes et substituts, lait et substituts, ainsi qu’en vitamines et minéraux des enfants

Canadiens de un à huit ans ... 7 Tableau 2 : Comparaison entre l'étude Départ Santé et le projet de doctorat... 144 Tableau 3: Variables dépendantes et indépendantes analysées ... 165

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ISTE DES FIGURES

Figure 1 : Causes de l'obésité pédiatrique ... 4

Figure 2 : Interprétation du modèle écologique de Bronfenbrenneruement ... 12

Figure 3 : Modèle conceptuel et théorique du projet ... 28

Figure 4 : Processus de sélection au Nouveau-Brunswick ... 133

Figure 5 : Processus de sélection en Saskatchewan ... 134

Figure 6 : Processus de sélection des participants au présent projet ... 145

Figure 7 : Exemples de photos prises de la vaisselle vide avant le repas ... 150

Figure 8 : Exemple de photos de portions standardisées ... 150

Figure 9 : Exemple d’analyse de consommation et photographiée des restes ... 151

Figure 10 : Graphique acyclique orienté complet en lien avec l'objectif 1 ... 156

Figure 11 : Graphique acyclique orienté complet en lien avec l’objectif 2 ... 157

Figure 12 : Graphique acyclique orienté complet en lien avec l’objectif 3 ... 158

Figure 13 : Graphique acyclique orienté complet en lien avec l’objectif 4 ... 159

Figure 14 : Graphique acyclique orienté simplifié de l’objectif 1 ... 160

Figure 15 : Graphique acyclique orienté simplifié de l’objectif 2 ... 160

Figure 16 : Graphique acyclique orienté simplifié de l’objectif 3 ... 160

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ISTE DES ABRÉVIATIONS

APL Activité physique d’intensité légère

APMV Activité physique d’intensité modérée à vigoureuse

BMI Body mass index

CA Census agglomeration

CDC Centers for Disease Control and Prevention

CEBQ Child Eating Behavior Questionnaire

CÉR Comité d’éthique de la recherche

CI Confidence intervals

CMA Census metropolitan areas

DAG Directed Acyclic Graph

EPHPP Effective Public Health Practice Project

HSDS Healthy Start – Départ Santé

IMC Indice de masse corporelle

IOTF International Obesity Task Force

LPA Light physical activity

MIZ Metropolitan influenced zone

MPA Moderate physical activity

MVPA Moderate-to-vigorous physical activity

NAP SACC Nutrition and Physical Activity Assessment of Child Care

OMS Organisation mondiale de la Santé

OR Odd ratios

OSRAC-P Observational System for Recording Activity of Children – Preschool version

PA Physical activity

PRISMA Preferred Reporting Items for Systematic Reviews and Meta-Analyses PROSPERO International Prospective Register of Systematic Reviews

RCT Randomized controlled trials

SES Socioeconomic status

TGMD-II Test of Gross Motor Development II

TSC Théorie sociale cognitive

VPA Vigorous physical activity

(13)

1.

I

NTRODUCTION

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’obésité des enfants est l’un des plus grands défis pour la santé publique du 21e siècle (World Health Organization, 2012). En fait, entre

1990 et 2010, la prévalence mondiale d’embonpoint et d’obésité chez les enfants sous l’âge de cinq ans est passée de 4,2 % à 6,7 %, et il est estimé qu’environ 60 millions d’enfants souffriront d’un surplus de poids d’ici 2020 (de Onis et al., 2010). En 2010, il a été estimé que 43 millions d’enfants d’âge préscolaire souffraient d’embonpoint ou d’obésité et que 92 millions étaient à risque de surplus de poids (de Onis et al., 2010). Au Canada, la prévalence d’obésité et d’embonpoint chez les enfants d’âge préscolaire est trois fois plus élevée que la prévalence mondiale. Selon l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2004, 21 % des enfants de deux à cinq ans souffriraient d’embonpoint ou d’obésité (Shields, 2006). Plusieurs facteurs environnementaux pourraient avoir contribué à cette prévalence, entre autres l’abondance en produits de faible valeur nutritive et haute teneur énergétique qui sont peu dispendieux, le marketing de ces produits à l’intention des enfants, l’expansion urbaine qui encourage l’utilisation de la voiture et non la marche ou le vélo, la place prépondérante des appareils électroniques qui favorisent un style de vie sédentaire, et le mode de vie occupé des Canadiens qui rend la prise des repas en famille difficile (Canadian Obesity Network, 2016).

Cette prévalence élevée est particulièrement alarmante puisque les enfants ayant un indice de masse corporelle (IMC) élevé sont à risque de développer des maladies chroniques, telles que les maladies cardiovasculaires, l’hypertension et le diabète de type 2 (Reilly et Kelly, 2011; Park et al., 2012) à l’âge adulte, et d’être atteints de ces maladies plus tôt dans la vie (Public Health Agency of Canada, 2011). Quoique l’apparition clinique de ces maladies puisse prendre plusieurs années ou décennies, les conséquences de l’obésité pédiatrique peuvent être apparentes même à l’enfance (World Cancer Research Fund et American Institute for Cancer Research, 2007). Plus de la moitié des enfants âgés de cinq à dix ans ayant un surplus de poids ont un facteur de risque de maladies cardiovasculaires, tel que l’hypertension, l’hyperlipidémie ou un taux d’insuline élevé (Freedman et al., 1999; Reilly et al., 2003). Un surplus de poids à l’enfance a également été associé à une mauvaise santé émotionnelle et à une diminution du sentiment de bien-être (Reilly et al., 2003). De plus, les enfants qui sont obèses avant l’âge de six ans sont plus à risque d’être obèses

(14)

plus tard durant leur enfance (Quattrin et al., 2005) et à l’âge adulte (Guo et al., 2000). Freedman et al. (2005) ont également démontré que les enfants de deux à cinq ans qui sont obèses sont plus de quatre fois plus à risque de faire de l’embonpoint (IMC ≥ 25) à l’âge adulte que les enfants du même âge qui ont un poids santé (Freedman et al., 2005).

1.1 Définition de l’embonpoint et de l’obésité chez les jeunes enfants

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (2015), l’embonpoint et l’obésité sont définis comme « une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui peut nuire à la santé ». Bien que le pourcentage de masse grasse de l’individu soit préférable à d’autres mesures anthropométriques pour détecter l’embonpoint et l'obésité au plan individuel (Cole et al., 2000), l’utilité de cette technique demeure irréaliste dans des contextes épidémiologiques (Cole et al., 2000). L’indice de masse corporelle, une mesure simple calculant le ratio entre le poids (kg) et le carré de la taille (m2), est l’outil le plus couramment utilisé pour estimer l’embonpoint (IMC =

25,0 à 29,9) et l’obésité de classe 1 (IMC = 30,0 à 34,9), classe II (IMC = 35,0 à 39,9) et classe III (IMC ≥ 40,0) dans l’ensemble de la population générale (de Onis et Lobstein, 2010). Contrairement aux adultes, l’accroissement de l’IMC des enfants est associé à des augmentations de la masse grasse et de la masse corporelle mince et varie en fonction de leur âge, de leur sexe et de leur maturation pubertaire (Bellizzi et Dietz, 1999; Lau et al., 2007). Pour cette raison, l’IMC par rapport à l’âge est l’indicateur recommandé chez les enfants de deux ans et plus pour diagnostiquer l’embonpoint ou l’obésité (Diététistes du Canada, 2010).

La classification des enfants à partir de l’IMC peut se faire en utilisant deux approches principales, soit en utilisant des distributions (p. ex. percentiles ou des normes de référence) ou en liant les seuils d’IMC des adultes à ceux des enfants (Katzmarzyk et al., 2007). Trois outils sont présentement utilisés pour définir l’embonpoint et l’obésité chez les enfants d’âge préscolaire à partir de l’IMC, soit les courbes de croissance des Centres pour le contrôle et la prévention de maladies (Centres for Disease Control and Prevention, CDC), les seuils de référence de l’International Obesity Task Force (IOTF) et les normes OMS de croissance de l’enfant (Wilkinson et McCargar, 2008; Monasta et al., 2011).

Les courbes de croissance du CDC identifient un enfant qui fait de « l’embonpoint » s’il se situe au 85e percentile, et le classifie comme étant « obèse » s’il se situe au-dessus du 95e

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percentile (Ogden et Flegal, 2010). Bien que ces courbes aient été développées à partir de données américaines, il est suggéré que les populations américaines et canadiennes sont assez semblables pour que celles-ci soient utilisées au Canada également (Katzmarzyk et al., 2007).

L’embonpoint et l’obésité chez les jeunes de deux à dix-huit ans peuvent également être diagnostiqués à partir de la méthode de Cole et al. (2000) qui ont développé les seuils de référence de l’IOTF, fondés sur les seuils d’IMC des adultes. Il est suggéré que les seuils de l’IOTF permettent d’analyser les risques de santé à l’âge adulte à partir de l’IMC à l’enfance et non les risques de santé à l’enfance en tant que tels (Katzmarzyk et al., 2007).

En 2006, l’Organisation mondiale de la Santé a publié de nouvelles courbes de croissances qui représentent de quelle façon les enfants devraient grandir (Katzmarzyk et al., 2007). Les normes OMS de croissance de l’enfant 2006 sont présentement reconnues comme les courbes de références optimales pour évaluer la croissance des enfants, particulièrement chez ceux sous l’âge de cinq ans (WHO Multicentre Growth Reference Study Group, 2006). Chez les enfants de deux à cinq ans, un risque d’embonpoint est suggéré à partir du 85e percentile. Un enfant d’âge

préscolaire fait de l’embonpoint si sa valeur d’IMC se situe au-dessus du 97e percentile et il est

caractérisé comme étant obèse au-dessus du 99,9e percentile (Dietitians of Canada et al., 2010).

À ce jour, il demeure difficile de correctement quantifier et comparer les tendances d’obésité chez les enfants en raison de l’absence d’une définition standardisée (Cole et al., 2000; Wilkinson et McCargar, 2008). Par exemple, le seuil d’obésité est plus élevé lorsqu’on utilise les seuils de l’IOTF que lorsque les courbes du CDC sont utilisées (Lobstein et al., 2004). De façon similaire, une étude réalisée par Monasta et al. (2011) a démontré des différences importantes chez les prévalences d’obésité des filles de la République tchèque à l’âge de cinq ans entre les seuils de l’IOTF et les normes OMS de croissance de l’enfant (Monasta et al., 2011). Une étude de Gonzalez-Casanova et al. (2013) a également démontré qu'il existe des différences significatives entre la prévalence combinée d’embonpoint et d’obésité chez les garçons et les filles entre les courbes du CDC, les seuils de l’IOTF et les normes de l’OMS (Gonzalez-Casanova et al., 2013). Malgré l’absence d’un consensus sur la meilleure méthode de classification de l’embonpoint et de l’obésité chez les enfants, il a été recommandé d’utiliser les seuils de l’IOTF lors de recherches ou de programmes de surveillance populationnelle, car ceux-ci permettent de mieux comparer des données entre pays, et parce qu’ils sont fondés sur le risque d’obésité ou d’embonpoint à l’âge adulte (Katzmarzyk et al., 2007; Monasta et al., 2011).

(16)

1.2 Causes de l’obésité pédiatrique

L’obésité est une pathologie dont les causes sont multiples (Ebbeling et al., 2002). Bien que la génétique joue un rôle important dans la prédisposition de l’adiposité (Rankinen et al., 2002), la prévalence croissante de l’obésité chez les populations génétiquement stables indique que d’autres facteurs pourraient également contribuer à l’obésité pédiatrique (Ebbeling et al., 2002). L’alimentation pré- (Ravelli et al., 1976; Whitaker et Dietz, 1998) et postnatale (c.-à-d. l’allaitement comparativement au lait maternisé) (Gillman et al., 2001; von Kries et al., 1999), la précocité du rebond d’adiposité (Whitaker et al., 1998; Wisemandle et al., 2000), l’inactivité physique (Andersen et al., 1998; Hernández et al., 1999; Trost et al., 2001), l’alimentation malsaine (Ludwig et al., 1999; Binkley et al., 2000; Ludwig et al., 2001), ainsi que la dynamique familiale (Gillman et al., 2000; Sallis et al., 2000) ont tous été liées à l’obésité (Figure 1). Néanmoins, la prévention et le traitement ultimes de l’obésité pédiatrique incluent la réduction de l’apport énergétique et l’augmentation d’activité physique (Ebbeling et al., 2002). Il demeure donc important de créer des conditions favorables à l’adoption d’habitudes alimentaires saines et à un mode de vie actif dès un jeune âge.

Figure 1 : Causes de l'obésité pédiatrique (cette figure a été créée spécifiquement pour cette thèse par Nick Ward Designs, 2015)

(17)

1.2.1 L’alimentation des jeunes enfants

L’adoption d’une alimentation saine dès l’enfance permet de fournir les besoins énergétiques et nutritionnels nécessaires à la croissance et au développement optimal des enfants (Nicklas et Hayes, 2008). L’apport excessif en certains nutriments, tels que les gras saturés et les sucres ajoutés, contribue non seulement au développement de l’obésité, mais est également associé à des facteurs de risques de maladies cardiovasculaires à l’enfance (Nicklas et Hayes, 2008; Vos et al., 2016). Au contraire, un apport insuffisant en nutriments, tels que le calcium, les fibres et le fer, peut augmenter le risque de certaines maladies à l’enfance (p. ex. l’anémie ferriprive) et plus tard dans la vie (p. ex. l’ostéoporose, le cancer du côlon et le diabète de type II) (Nicklas et Hayes, 2008). Afin de guider les Canadiens et Canadiennes vers une alimentation équilibrée et un état de santé optimal, des recommandations en matière d’alimentation saine ont été établies.

1.2.1.1 Recommandations en matière d’alimentation saine

Les Apports nutritionnels de référence sont un ensemble de valeurs nutritionnelles de référence qui décrivent les besoins caloriques, ainsi qu’en macro- et micronutriments de la quasi-totalité (97 à 98 %) de la population canadienne en bonne santé (Santé Canada, 2013). Lorsque les données scientifiques sont insuffisantes pour fixer l’apport nutritionnel de référence, des apports suffisants sont déterminés (Santé Canada, 2013). Ceux-ci représentent l’objectif de consommation quotidienne des individus en bonne santé (Santé Canada, 2013). De plus, un apport maximal tolérable est également fixé pour certains nutriments (Santé Canada, 2013). Cette valeur représente l’apport usuel le plus élevé où les risques d’effets indésirables pour la santé des individus sont vraisemblablement inexistants (Santé Canada, 2013). Cependant, le risque d’effets indésirables augmente plus l’apport s’élève au-dessus de l’apport maximal tolérable (Santé Canada, 2013). Il est suggéré que les enfants qui satisfont leurs besoins en nutriments, tels que décrits par les Apports nutritionnels de référence, diminuent leurs risques d’être atteints de maladies reliées à une alimentation sous-optimale (Institute of Medicine, 2002).

En se basant sur les Apports nutritionnels de référence, Santé Canada a développé un guide alimentaire pour les Canadiens âgés de deux ans et plus (Santé Canada, 2011a). « Bien manger avec le Guide alimentaire canadien » décrit le nombre de portions et les quantités d’aliments dont les Canadiens ont besoin et les groupes d’aliments faisant partie d’une saine alimentation, soit les

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légumes et fruits, les produits céréaliers, le lait et ses substituts, ainsi que les viandes et ses substituts (Santé Canada, 2011b). Les recommandations actuelles en matière d’alimentation chez les enfants de deux à cinq ans suggèrent que ces derniers devraient consommer quatre à cinq portions de légumes et fruits par jour, ainsi que trois à quatre portions de produits céréaliers, deux portions de laits et substituts et une portion de viandes et substituts par jour (Santé Canada, 2011a). Il est suggéré que les enfants qui suivent les recommandations décrites par le Guide alimentaire canadien sont plus susceptibles de satisfaire leurs besoins en nutriments, à maintenir un état de santé optimal et de diminuer leurs risques de développer des maladies chroniques (Santé Canada, 2011b).

1.2.1.2 Apports nutritionnels des jeunes enfants

Malgré les recommandations en matière d’alimentation saine, les données nationales ont identifié de grandes lacunes en ce qui a trait à l’apport alimentaire des jeunes enfants. L’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2004 (cycle 2.2 nutrition) a permis d’obtenir de l’information sur la consommation alimentaire et l’apport nutritionnel des Canadiens de un à huit ans (Santé Canada, 2012). Cette enquête a identifié que les produits céréaliers et les autres aliments ne figurant pas parmi les quatre groupes alimentaires (p. ex. les aliments à haute teneur en gras, sucre ou sodium) contribuaient à 31 % et 22 % des calories totales consommées par les enfants de quatre à dix-huit ans, respectivement (Garriget, 2007). De plus, bien que le Guide alimentaire canadien recommande un minimum de cinq portions de légumes et fruits par jour pour presque tous les groupes d’âge, les données obtenues par cette enquête ont démontré qu’à tout âge, la majorité des Canadiens consomment moins de cinq portions par jour (Garriget, 2007). En effet, sept enfants sur dix de quatre à huit ans ne consomment pas assez de légumes et de fruits par jour (Garriget, 2007). Bien que ce groupe alimentaire soit une excellente source de vitamines et de minéraux (Brown, 2011), plus de 95 % des enfants de un à huit ans avaient un apport suffisant en vitamine A, vitamine B6, vitamine C, niacine, riboflavine, thiamine, folate, phosphore et

magnésium (Santé Canada, 2012). Un sommaire des apports des enfants canadiens de un à huit ans est présenté au Tableau 1.

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Tableau 1 : Sommaire des apports en légumes et fruits, produits céréaliers, viandes et substituts, lait et substituts, ainsi qu’en vitamines et minéraux des enfants Canadiens de un à huit ans

Apport insuffisant Apport suffisant Apport excessif Groupes alimentaires Légumes et fruits √ Produits céréaliers √ Viandes et substituts √ Lait et substituts √ Micronutriments Vitamines Vitamine A √ Vitamine B6 √ Vitamine B12 √ Vitamine C √ Niacine √ Riboflavine √ Folate √ Vitamine D √ Minéraux Calcium* √ Fer √ Magnésium √ Phosphore √ Sodium √ Zinc √

Tableau développé à partir des données rapportées par Garriget (2007) et Santé Canada (2012). * L’apport insuffisant était seulement rapporté chez les enfants de quatre à huit ans.

En ce qui a trait aux laits et substituts, les données ont démontré que plus d’un tiers des enfants de quatre à neuf ans ne consomment pas les deux portions de produits laitiers recommandées par jour (Garriget, 2007). De plus, 86 % des enfants de un à trois ans et 92,7 % des

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enfants âgés de quatre à huit ans avaient un apport inférieur aux besoins moyens estimés en vitamine D (Santé Canada, 2012). L’apport en calcium était également inadéquat, avec 23,3 % des enfants de quatre à huit ans présentant un apport inférieur aux besoins moyens estimés (Santé Canada, 2012).

Les données de cette enquête ont indiqué que l’apport en viandes et substituts est adéquat (Garriget, 2007), c’est-à-dire que 96 % des enfants de un à huit ans avaient un apport en protéines se situant dans l’étendue des valeurs acceptables pour ce macronutriment (Santé Canada, 2012). Les apports en zinc, vitamine B12 et en fer étaient suffisants chez plus de 95 % des enfants de un à huit ans (Santé Canada, 2012), ce qui pourrait être attribué au fait que les viandes et substituts sont des sources riches de ces micronutriments (Brown, 2011).

Bien que l’apport en glucides se situe également dans l’étendue des valeurs acceptables pour les macronutriments (Santé Canada, 2012), plus d’un quart des enfants de quatre à huit ans ne consommaient pas le minimum de cinq portions de produits céréaliers recommandés par jour (Garriget, 2007).

Comme mentionné précédemment, environ 22 % des calories totales consommées par jour proviennent des « autres aliments » (Garriget, 2007). Cette catégorie inclut les aliments composés principalement de gras, d’huiles ou de sucre, les collations à haute teneur en gras, en sodium, ou les deux, les boissons, les herbes, les épices et les condiments. De plus, 26,8 % des calories consommées par les enfants de quatre à huit ans provenaient de collations, dont la majorité était des aliments de haute teneur en gras et sucre (Garriget, 2007). Ces aliments ont généralement aussi une teneur élevée en sodium (Garriget, 2007), de sorte qu’il n’est pas surprenant que plus de 75 % des enfants de un à huit ans aient un apport en sodium qui est supérieur à l’apport maximal tolérable (Santé Canada, 2012). Cependant, seulement 7 % des enfants de quatre à huit ans ont un apport excessif en lipides (Garriget, 2007; Santé Canada, 2012).

Des différences de consommation ont également été notées entre les diverses régions du Canada (Garriget, 2007). En effet, les enfants provenant des provinces de l’Atlantique avaient la plus haute proportion de jeunes de quatre à neuf ans qui présentait un apport insuffisant de légumes et fruits et de produits laitiers (Garriget, 2007).

Selon des données américaines récentes, l’apport en boissons sucrées, telles que les boissons gazeuses, les jus de fruits et les boissons sportives ou énergisantes, chez les enfants de deux à onze ans a diminué entre 1999 et 2008 (Beck et al., 2013; Han et Powell, 2013). Cependant,

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ces boissons sont tout de même consommées par une proportion élevée d’enfants d’âge préscolaire. En effet, une étude longitudinale au Québec de 1998 à 2002 a démontré que 14 à 16 % des enfants de deux ans et demi à quatre ans et demi consommaient des boissons gazeuses et des jus de fruits entre les repas chaque jour (Dubois et al., 2007a). Il a aussi été observé que la consommation de ces types de boissons a tendance à augmenter au fur à et mesure que les enfants vieillissent (Dubois et al., 2007a). Puisque l’apport en boissons sucrées pourrait remplacer l’apport en aliments ou en boissons nutritifs, tels que le lait (Keller et al., 2009) et augmenter le risque de faire de l’embonpoint (Dubois et al., 2007a), il est recommandé que les enfants ne consomment pas plus de six onces liquides (177 ml) de jus de fruits 100 % pure par jour (American Academy of Pediatrics, 2001).

1.2.2 L’activité physique des jeunes enfants

Les avantages de l’activité physique à l’enfance sont nombreux. En plus de réduire les risques de développer l’obésité en stabilisant la balance énergétique, l’activité physique est également associée à un meilleur profil cardiovasculaire, à une meilleure forme physique et à une santé des os optimale (Poitras et al., 2016). Les enfants qui sont physiquement actifs ont également tendance à avoir une meilleure qualité de vie, ils ont des habiletés motrices plus développées et ils ont une meilleure santé psychologique et mentale (Poitras et al., 2016). Afin de promouvoir un état de santé optimal, des recommandations nationales en matière d’activité physique ont été établies.

1.2.2.1 Recommandations en matière d’activité physique

En 2012, la Société canadienne de physiologie de l’exercice a publié des directives en matière d’activité physique pour la petite enfance de zéro à quatre ans (Société canadienne de physiologie de l’exercice, 2011a; Tremblay et al., 2012). Celles-ci recommandent que les enfants d’âge préscolaire (trois et quatre ans) doivent être physiquement actifs pendant au moins 180 minutes chaque jour, quelle que soit l’intensité de l’activité (Société canadienne de physiologie de l’exercice, 2011a; Tremblay et al., 2012). Il est recommandé que ces activités soient pratiquées dans différents environnements et qu’elles incluent des activités qui permettent de développer les habiletés motrices. Selon Gabel et al. (2012), le nombre de pas nécessaires chaque jour afin

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d’atteindre ces recommandations s’élève à 6 000 pas pour les enfants de trois à cinq ans. Les recommandations suggèrent également que les enfants augmentent progressivement l’intensité de leurs activités physiques afin de cumuler 60 minutes d’activité physique d’intensité modérée à vigoureuse (APMV) par jour à l’âge de cinq ans (Société Canadienne de physiologie de l’exercice, 2011a; Tremblay et al., 2012). Selon Kino-Québec, la fréquence de l’activité physique serait plus importante que la durée des activités physiques. Cet organisme suggère donc que les enfants participent à des activités physiques le plus souvent possible au courant de la journée (Kino-Québec, 2016).

1.2.2.2 Activité physique des jeunes enfants

Selon l’Enquête canadienne sur la mesure de la santé de 2009 à 2011, les données obtenues à partir d’accéléromètres ont démontré que 84 % des enfants canadiens de trois et quatre ans rencontraient les 180 minutes d’activité physique quotidiennes recommandées par jour (Colley et al., 2013). Cependant, cette proportion diminue considérablement à l’âge de cinq ans, où seulement 14 % de ces enfants atteignent les recommandations en activité physique (Colley et al., 2013). Ceci pourrait être causé par le fait que les recommandations en activité physique chez les trois et quatre ans incluent des activités de toutes intensités, incluant les activités physiques d’intensité légère, tandis que les recommandations en activité physique chez les enfants de cinq ans reposent sur l’atteinte de 60 minutes d’activité physique d’intensité modérée à vigoureuse uniquement (Société canadienne de physiologie de l’exercice, 2011b; Colley et al., 2013) . Selon Colley et al. (2013), seulement 11 % des enfants de trois et quatre ans rencontrent cette recommandation, ce qui se rapproche de la proportion d’enfants de cinq à onze ans (7 %) qui réussissent à cumuler 60 minutes d’activité physique d’intensité modérée à vigoureuse chaque jour.

1.3 Promotion d’habitudes alimentaires saines et d’activité physique chez les enfants

La prévalence d’enfants d’âge préscolaire qui n’atteignent pas les recommandations en matière d’alimentation et d’activité physique ainsi que les conséquences possibles sur leur état de santé justifient la nécessité de promouvoir de saines habitudes alimentaires et d’activité physique chez ce groupe d’âge. La promotion de la santé se définit comme un processus qui vise à créer

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des conditions favorables à l’épanouissement de la santé des individus (Organisation mondiale de la Santé, 1986). Elle comprend un ensemble d’actions qui permettent de renforcir les capacités des individus à prendre en mains leur propre santé, et qui modifient l’environnement de façon à favoriser la santé des populations (Organisation mondiale de la Santé, 1999). Soi-disant, la promotion de la santé s’inscrit dans une perspective écologique, soit un modèle qui englobe les déterminants de la santé et qui représente divers niveaux d’influence dont l’individu est au centre (Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, 2007). Plus spécifiquement, le modèle écologique repose sur le concept que les comportements des individus, tels que l’alimentation et l’activité physique, peuvent être influencés par des facteurs intrapersonnels (biologiques et psychologiques), interpersonnels (sociaux et culturels), organisationnels et communautaires, par l’environnement physique, ainsi que par l’environnement économique et les politiques gouvernementales (Sallis et al., 2008). Afin de promouvoir de saines habitudes alimentaires et l’activité physique chez les enfants d’âge préscolaire, il est d’abord nécessaire d’identifier les facteurs qui exercent la plus grande influence sur eux (Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, 2007).

1.3.1 Modèle écologique centré sur les enfants

Bronfenbrenner présente un modèle écologique propre au développement des enfants (Bronfenbrenner, 1979; Bronfenbrenner, 1998). Contrairement à la conception que la santé et le développement des enfants dépendent principalement de l’influence parentale, le modèle écologique de Bronfenbrenner propose que la santé et le développement des enfants sont influencés par leur contexte de vie immédiat (p. ex. la famille, le milieu de garde, les amis), ainsi que par l’environnement social et physique avec lesquels ils interagissent (Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, 2007). Bronfenbrenner explique que le développement des enfants est déterminé par les expériences qu’ils vivent dans leur environnement, ainsi que par les connexions existant entre ces environnements (p. ex. le lien entre les expériences vécues à la maison et celles vécues en milieu de garde) (Bronfenbrenner, 1998).

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Ce modèle comprend six systèmes qui influencent le développement et la santé des enfants, soit l’ontosystème, le microsystème, le mésosystème, l’exosystème, le macrosystème et le chronosystème (Figure 2) (Bronfenbrenner, 1979). L’ontosystème réfère aux caractéristiques innées ou acquises propres à l’individu, tant au plan physique, émotionnel, intellectuel que comportemental (Bronfenbrenner, 1979). Le microsystème inclut les individus et les institutions qui ont une relation directe avec l’enfant, incluant, entre autres, la famille, les amis et les milieux de garde (Bronfenbrenner, 1979). Le mésosystème représente les relations existant entre les divers microsystèmes, tels que les liens entre la maison et les milieux de garde (Bronfenbrenner, 1979).

Figure 2 : Interprétation du modèle écologique de Bronfenbrenner (cette figure a été créée spécifiquement pour cette thèse par Nick Ward Designs, 2015)

L’exosystème englobe les facteurs qui n’ont pas de relations immédiates avec les enfants, mais qui exercent une influence importante sur leur milieu (Bronfenbrenner, 1979). Par exemple, le genre de métier qu’occupent les parents de l’enfant peut avoir une influence sur le temps passé en famille, et réciproquement, sur le développement de l’enfant. Tout comme l’exosystème, le macrosystème n’entretient pas de relations directes avec les enfants, mais a des effets à long terme

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sur le milieu de vie de l’enfant (Bronfenbrenner, 1979). Le macrosystème inclut les normes sociales, les valeurs, les croyances, ainsi que le contexte historique d’une communauté (Bronfenbrenner, 1979). Par exemple, un enfant habitant un pays développé grandira différemment qu’un enfant habitant un pays en voie de développement. Finalement, le chronosystème réfère aux influences qui découlent du passage du temps (Bronfenbrenner, 1979). Par exemple, les enfants grandissant dans l’ère technologique auront un développement différent de ceux de leurs parents et grands-parents.

Puisqu’il existe un lien étroit entre les microsystèmes (p. ex. milieux de garde) et l’enfant, il est suggéré que ce niveau du modèle écologique exercerait la plus grande influence sur le développement et la santé des enfants (Bronfenbrenner, 1979). La section suivante présente de quelles façons ces microsystèmes peuvent contribuer à l’apprentissage d’habitudes alimentaires saines et d’activité physique.

1.4 L’apprentissage d’habitudes alimentaires saines et d’activité physique

Quoique le modèle écologique de Bronfenbrenner permette d’identifier les sources d’influences les plus importantes sur le développement et la santé des enfants d’âge préscolaire, les théories d’apprentissage proposent des mécanismes cognitifs pouvant expliquer les relations potentielles entre les microsystèmes et l’apprentissage d’habitudes de vie saine chez les enfants. La théorie sociale cognitive (TSC) est parmi les théories en psychologie des apprentissages les plus reconnues dans le domaine de la santé publique (Schunk, 2012). Elle met l’accent sur l’influence réciproque entre les individus et son environnement (Glanz et al., 2008), se liant parfaitement aux relations proposées entre les microsystèmes et l’enfant dans le modèle écologique de Bronfenbrenner. La TSC est présentée en détail dans cette section (Schunk, 2012).

1.4.1 Théorie sociale cognitive

De nos jours, la théorie sociale cognitive, aussi connue comme la théorie d’apprentissage sociale, a été utilisée comme modèle théorique dans une variété de contextes, incluant le domaine de la santé (Glanz et al., 2008; Schunk, 2012). Elle explique que les comportements des individus sont formés par l’interaction entre des influences personnelles, comportementales et environnementales (Bandura, 1989). La TSC décrit que les individus apprennent de leurs propres

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actions et en observant des modèles (Schunk, 2012). Il est proposé que les conséquences des comportements soient particulièrement importantes au processus d’apprentissage. Plus spécifiquement, un comportement sera répété s’il est accompagné d’une conséquence positive, mais ne le sera pas si ce comportement est accompagné d’une conséquence négative (Schunk, 2012).

Le modelage (ou l’imitation) est une composante importante de la TSC, et réfère aux changements cognitifs, affectifs et comportementaux résultant de l’observation d’un ou de plusieurs modèles (Schunk, 2012). Selon Bandura, le principe du modelage est caractérisé par trois processus distincts, soit les sous-théories de l’inhibition et la désinhibition sociale, la facilitation sociale et l’apprentissage observationnel (Schunk, 2012).

1.4.2.1 Inhibition et désinhibition sociale

L’inhibition a lieu lorsqu’un comportement indésirable de la part d’un modèle est accompagné d’une conséquence négative. Dans de tels cas, l’observateur ne démontrera pas le même comportement que celui du modèle, car il cherchera à éviter la conséquence négative (Schunk, 2012). Au contraire, la désinhibition a lieu lorsqu’un comportement négatif d’un modèle n'aboutit pas en une conséquence négative, ce qui encourage l’observateur à démontrer le même comportement (Schunk, 2012). Par exemple, un enfant qui observe un de ces pairs être puni à la suite d'un acte d’agressivité aura tendance à ne pas répéter ce même acte par peur d’être puni lui-même. Le concept d’inhibition/désinhibition est fondé sur le principe que les conséquences des comportements des modèles sont également applicables aux comportements de l’observateur (Schunk, 2012). Comparativement à la théorie de facilitation sociale, la théorie d’inhibition/désinhibition sociale réfère généralement à des comportements qui sont considérés comme indésirables (Schunk, 2012) et n’a donc pas été considérée dans l’élaboration de ce projet de doctorat.

1.4.2.2 Théorie de facilitation sociale

La théorie de facilitation sociale stipule que la simple présence des autres peut influencer certains comportements (Salvy et al., 2012). Plus spécifiquement, la performance à une tâche serait améliorée lorsque l’individu est en présence d’un observateur passif (aussi connue comme l’effet

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de spectateurs) ou lorsque d’autres personnes effectuent la même tâche que l’individu et que ceux-ci peuvent influencer directement la performance de l’individu (connu comme l’effet de coaction) (Zajonc, 1965). Par exemple, des études auprès d’adultes ont démontré que les adultes mangent plus lorsqu’ils sont en présence d’autres adultes comparativement à lorsqu’ils mangent seuls, particulièrement lorsque ces adultes sont des membres de la famille ou des amis (de Castro et Brewer, 1992; de Castro, 1994). Il est également rapporté que les adolescents ont tendance à être plus actifs lorsqu’ils sont en présence de pairs et de leurs amis qui sont également actifs (Voorhees et al., 2008; Salvy et al., 2009).

1.4.2.3 Théorie d’apprentissage observationnel

Selon Bandura (1977), les comportements sont appris en observant l’environnement. Ceci a été démontré par la fameuse étude « bobo doll experiment », où le comportement de 72 enfants de trois à six ans a été mesuré après avoir observé le comportement agressif d’un adulte modèle envers une poupée (Bandura et al., 1961). Cette étude a démontré que les enfants qui étaient exposés aux comportements agressifs avaient plus de chance d’être physiquement agressifs eux-mêmes, comparativement aux enfants qui n’étaient pas exposés aux comportements agressifs (Bandura et al., 1961). Cette étude a suggéré que les enfants observent les comportements des personnes qui sont dans leur entourage, soit leurs parents, leurs amis, leurs enseignants, ou même les personnages à la télévision, assimilent ces comportements, et par la suite, les imitent (Bandura, 1977). Le terme « modèle » peut servir à désigner les personnes mentionnées ci-haut. Lorsque les enfants imitent un comportement qu’ils ont observé, la réaction positive ou négative du modèle peut influencer la décision de l’enfant à poursuivre ou non ce comportement (Bandura, 1977). Par exemple, si un enfant goûte à un nouvel aliment et que l’éducateur le félicite, ceci est une forme de récompense verbale et l’enfant aura plus tendance à répéter ce comportement.

Le concept d’apprentissage observationnel est gouverné par quatre processus, soit 1) l’attention, 2) la rétention, 3) la production et 4) la motivation (McAlister et al., 2008). Le premier processus, soit l’attention, exige l’observation du comportement d’un modèle. Par la suite, l’observateur doit se souvenir du comportement qu’il a observé (rétention). Le troisième processus, soit la production, exige que l’observateur ait la capacité et la confiance de répéter le comportement (sentiment d’efficacité personnelle). Finalement, l’observateur doit être motivé à démontrer le comportement.

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Plusieurs facteurs peuvent influencer ces processus. Par exemple, les personnes qui forment le réseau social d’un individu influenceront les types de comportements pouvant être observés, tandis que les valeurs personnelles peuvent influencer le type de comportement auquel un individu accordera plus d’attention (McAlister et al., 2008). Le processus de rétention dépendra également des capacités intellectuelles d’un individu (McAlister et al., 2008). La production (ou l’imitation d’un comportement observé) peut dépendre des habiletés physiques et des compétences de communication d’un individu, tandis que la motivation peut être déterminée par les répercussions ou les bénéfices perçus d’adopter un tel comportement (McAlister et al., 2008).

Le modelage est aussi influencé par quatre facteurs, soit 1) la compétence, 2) le prestige et le pouvoir, 3) l’identification sexuelle et 4) l’identification situationnelle (Ormrod, 2006). Dans le cas de la compétence, l’observateur aura tendance à imiter le comportement d’un modèle qui a mené à une réussite (Ormrod, 2006). Par exemple, un enfant sera plus motivé à prendre un lancer au soccer s’il a observé un de ses amis compter un but. Le prestige et le pouvoir attribué au modèle sont un deuxième facteur influençant la probabilité du modelage (Ormrod, 2006). Par exemple, un enfant aura plus tendance à imiter le comportement de l’une de ses idoles que celui d’un inconnu. Le troisième facteur réfère à l’identification sexuelle, qui suggère que l’observateur imitera les comportements des modèles qui sont du même genre qu’eux ou qui démontrent des comportements qu’ils associent à leur propre identité sexuelle (Ormrod, 2006). Par exemple, les garçons auront plus tendance à imiter les comportements d’autres garçons que ceux des filles. Finalement, l’identification situationnelle réfère à des comportements qui sont liés à la situation actuelle de l’observateur (Ormrod, 2006). Par exemple, un enfant qui joue au hockey sera plus motivé de modeler le comportement d’un joueur de hockey que celui d’un autre athlète.

La théorie d’apprentissage observationnel a fréquemment été appuyée par des études qui ont démontré que le modelage a un effet important sur les comportements alimentaires des adultes (Conger et al., 1980; Hermans et al., 2008; Hermans et al., 2009; Hermans et al., 2010; Hermans et al., 2012), ainsi que sur ceux des enfants d’âge scolaire et les adolescents (Salvy et al., 2007b; Salvy et al., 2008; Bevelander et al., 2012). De plus, il a également été démontré que les niveaux d’activité physique des adolescents sont liés à ceux de leurs amis (Keresztes et al., 2008; Duncan et al., 2009), suggérant que si les amis d’un adolescent sont actifs, celui-ci imitera leurs comportements et deviendra actif lui-même.

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Puisque les enfants d’âge préscolaire sont particulièrement susceptibles d’imiter les comportements des autres (Charlesworth, 2011), il est probable que l’environnement social des milieux de garde, soit les éducateurs et les pairs, ait une influence importante sur les comportements alimentaires et d’activité physique des jeunes enfants.

1.5 Les milieux de garde

Comme suggéré par le modèle écologique de Bronfenbrenner, le milieu dans lequel habite un individu peut avoir une influence importante sur son comportement (Dooris et al., 2007). En 2002-2003, plus de la moitié des enfants canadiens de six mois à cinq ans passaient approximativement 29 heures par semaine dans des soins non parentaux (Bushnik, 2006). Les milieux de garde pourraient donc être des lieux propices à la promotion d’habitudes alimentaires saines et d’activité physique des enfants (Nahikian-Nelms et al., 1994; Surette, 2015).

1.5.1 Les milieux de garde et l’alimentation des enfants

Les habitudes alimentaires sont établies très tôt durant l’enfance (Birch et Fisher, 1998) et celles-ci ont tendance à être maintenues à l’adolescence et à l’âge adulte (Singer et al., 1995; te Velde et al., 2007). Puisque 58,6 % des enfants canadiens de trois à cinq ans fréquentent un milieu de garde (Organisation for economic co-operation and development, 2013), les comportements alimentaires appris et renforcés dans ces milieux pourraient avoir une influence sur l’état de santé actuelle et future des enfants.

Au Canada, les politiques ou lignes directrices en matière d’alimentation varient d’une province à l’autre. Au Nouveau-Brunswick, les lignes directrices stipulent qu’on doit offrir une collation composée d’une portion d’au moins deux des quatre groupes alimentaires et un repas composé d’une portion de chacun des quatre groupes alimentaires aux enfants fréquentant un milieu de garde pour une période de trois à six heures (Éducation et Développement de la petite enfance, 2012). Ces mêmes lignes directrices stipulent qu’au moins deux portions ou plus de produits laitiers, une collation et un repas, doivent être offerts aux enfants fréquentant un milieu de garde pour une période de six heures ou plus (Éducation et Développement de la petite enfance, 2012).

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Des lignes directrices similaires existent en Saskatchewan, mais celles-ci sont décrites avec plus de précision. Par exemple, les collations doivent être composées de deux groupes alimentaires ou plus, dont une portion de légumes ou fruits (Government of Saskatchewan, 2015). Les déjeuners doivent être composés d’au moins trois groupes alimentaires, tandis que le dîner et le souper doivent contenir au moins une portion des quatre groupes alimentaires (Government of Saskatchewan, 2015). Une portion de lait de vache ou de substitut de lait enrichi doit être offerte au moins deux fois par jour et uniquement du jus 100 % pure non additionné de sucre peut être offert et ce jusqu’à un maximum de trois fois par semaine (Government of Saskatchewan, 2015). De plus, les aliments de moins bonne qualité nutritionnelle ne doivent pas apparaître au menu plus que trois fois par semaine et doivent supplémenter les aliments sains, et non les remplacer (Government of Saskatchewan, 2015).

D’autres provinces ont des politiques alimentaires en milieux de garde qui sont beaucoup plus explicites. En Nouvelle-Écosse, les menus doivent être conceptualisés selon le Food and Beverage Criteria for Regulated Child Care Settings, soit des critères établis en fonction des recommandations et des lignes directrices de l’Institut de médecine, de Santé Canada, de la Société canadienne de pédiatrie, de la Fondation des maladies du cœur et des Diététistes du Canada, et reflètent également les recommandations du Guide alimentaire canadien (Government of Nova Scotia, 2011). Selon cette politique, au moins une portion de chaque groupe alimentaire doit être servie à l’heure du repas et au moins une portion de deux groupes alimentaires doit être incluse dans les collations (Government of Nova Scotia, 2011). Les repas et les collations doivent inclure une variété de couleurs (p. ex. orange, vert, rouge), de saveurs (p. ex. goût sucré ou aigre, doux ou fort), de textures (p. ex. mou ou croustillant), de formes (p. ex. rond, en cubes, en bâtonnets) et de températures (p. ex. froid ou chaud) (Government of Nova Scotia, 2011). Toute collation doit contenir au moins une portion de légumes ou fruits et les enfants qui fréquentent un milieu de garde à temps plein doivent recevoir au moins un légume ou fruit vert foncé ou orangé chaque jour (Government of Nova Scotia, 2011). Le jus de fruit 100 % pure ne peut être servi que deux fois par semaine et ne doit pas dépasser une demi-tasse (Government of Nova Scotia, 2011). En ce qui a trait aux produits céréaliers, au moins la moitié de ces produits doivent être à blé entier (Government of Nova Scotia, 2011). Un total d’une tasse de lait de vache ou d’un substitut de lait enrichi doit être offert à tous les enfants qui fréquentent un milieu de garde à temps plein et le lait doit être homogénéisé pour les enfants sous l’âge de deux ans (Government of Nova Scotia, 2011).

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De plus, les milieux de garde offrant des programmes à temps plein doivent offrir un substitut de viande (p. ex. fèves, lentilles, tofu) et du poisson au moins une fois par semaine, et doivent s’assurer d’offrir une variété de viandes et substituts au cours de la semaine (Government of Nova Scotia, 2011). D’autres critères incluent que l’eau doit être accessible à tout moment durant la journée, incluant à l’heure des collations et du dîner, et les condiments (p. ex. salsa, fromage en crème, crème sure, ketchup, croutons) doivent être utilisés avec modération, ne dépassant pas plus de 5 ml à 15 ml par portion (Government of Nova Scotia, 2011). De plus, les ingrédients utilisés dans les plats composés (p. ex. casserole) doivent tous figurer parmi la liste d’aliments acceptés et doivent être présents en quantité suffisante pour pouvoir être comptés comme une portion complète (p. ex. si une casserole au poulet et nouilles est servie, il doit y avoir assez de poulet afin de pouvoir être considéré comme une portion de viandes et substituts pour chaque enfant) (Government of Nova Scotia, 2011).

L’Île-du-Prince-Édouard et l’Alberta ont également développé des lignes directrices alimentaires semblables à ceux de la Nouvelle-Écosse. Les politiques de l’Île-du-Prince-Édouard précisent que certains nutriments doivent être limités ou complètement exclus des menus, tels que les aliments à haute teneur en sodium, en sucre, en caféine ou ceux qui contiennent des succédanés de sucre (Government of Prince Edward Island, 2012). Tout comme l’Alberta, l’Île-du-Prince-Édouard a développé des listes qui catégorisent les aliments en « Servir tous les jours », « Servir occasionnellement » et « Servir rarement » (Government of Alberta, 2012; Government of Prince Edward Island, 2012). Cette province précise qu’un seul aliment provenant de la liste des « Aliments à servir rarement » peut être offert une fois par mois et devrait être servi avec des aliments provenant de la catégorie des « Aliments à servir tous les jours » (Government of Prince Edward Island, 2012). En Alberta, il est recommandé que 100 % des aliments offerts quotidiennement proviennent de la liste des « Aliments à choisir le plus souvent » (Government of Alberta, 2012).

Au Québec, le cadre de référence « Gazelle et Potiron » précise, de façon détaillée, les éléments nécessaires pour favoriser une alimentation saine dans les milieux de garde (Gouvernement du Québec, 2014). Selon ce cadre, au moins un aliment provenant des quatre groupes alimentaires doit être offert aux enfants d’âge préscolaire à chaque repas (Gouvernement du Québec, 2014). Quant aux collations, il est recommandé que celles-ci soient offertes à deux reprises au courant de la journée et qu’elles contiennent au moins un aliment provenant du groupe

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des légumes et fruits ou du groupe des produits céréaliers, ainsi qu’un aliment provenant du groupe de lait et substituts ou du groupe des viandes et substituts (Gouvernement du Québec, 2014). Le cadre de référence suggère que les aliments offerts aux enfants d’âge préscolaire en milieu de garde répondent à au moins 50 % de leurs besoins nutritionnels quotidiens (Gouvernement du Québec, 2014). Pour atteindre ce critère, il est suggéré d’offrir au moins deux à deux portions et demie de légumes et de fruits variés, privilégiant ceux de couleur vert foncé ou orangée (Gouvernement du Québec, 2014). Quant aux produits céréaliers, il est conseillé d’offrir au moins une portion et demie à deux portions par jour, spécifiant que la moitié de ces portions devraient provenir d’aliments à grains entiers (Gouvernement du Québec, 2014). Le cadre suggère qu’au moins une portion de lait ou substituts soit offerte au courant de la journée, s’assurant que celle-ci ne soit pas réduite en gras (Gouvernement du Québec, 2014). Finalement, le cadre de référence recommande qu’au moins une demi-portion de viandes et substituts soit offerte par jour, suggérant qu’au moins un repas par semaine soit composé de poisson et un autre d’un repas végétarien (Gouvernement du Québec, 2014). Le cadre de référence ne se limite pas seulement à guider les milieux de garde quant à la quantité et la qualité des aliments à offrir, mais souligne également l’importance d’incorporer une variété d’aliments de chaque groupe alimentaire et de les apprêter de façon attrayante et savoureuse afin de favoriser une alimentation équilibrée et plaisante (Gouvernement du Québec, 2014). Il suggère également des moyens d’incorporer des desserts nutritifs, en spécifiant que ceux-ci devraient contenir des aliments provenant du Guide alimentaire canadien et qu’ils devraient respecter les paramètres nutritifs présentés dans l’annexe du document (Gouvernement du Québec, 2014). D’autres recommandations sont présentées dans le cadre de référence, soit de rendre l’eau accessible en tout temps, de préparer la majorité des repas au milieu de garde afin de limiter l’utilisation d’aliments transformés à teneur élevée en sodium, en sucre et en gras, et de limiter l’offre de boissons et d’aliments contenant des succédanés de sucre (Gouvernement du Québec, 2014).

En Ontario, les lignes directrices proposées en 2013 suggéraient que les repas devaient contenir 125 à 175 ml de lait et substituts, 30 à 60 g de viandes et substituts, une demi-tranche à une tranche ou 50 à 125 ml de produits céréaliers, et deux portions de 80 à 125 ml (ou un quart à un fruit entier) du groupe des légumes et fruits (Government of Ontario, 2013). Pour les enfants qui fréquentent un milieu de garde pour une période de six heures ou plus, les repas et les collations offerts doivent fournir un total de 250 à 375 ml de lait et substituts, 60 à 90 g de viandes et

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substituts, une tranche et demie à deux tranches ou 175 à 450 ml de produits céréaliers et de 250 à 300 ml (ou deux à deux et demi fruits entiers) de légumes et fruits par jour (Government of Ontario, 2013). Il était aussi précisé que les collations devaient favoriser une bonne santé dentaire et ne pas supprimer l’appétit des enfants aux repas (Government of Ontario, 2013). Les nouvelles lignes directrices sont cependant beaucoup moins explicites, suggérant simplement que les repas, les collations et les boissons des enfants d’âge préscolaire doivent être alignés aux recommandations énoncées dans le Guide alimentaire canadien ou du Guide alimentaire canadien des Premières Nations, Inuit et Métis (Government of Ontario, 2015). Au Manitoba, les lignes directrices proposent qu’une portion des quatre groupes alimentaires du Guide alimentaire canadien soit offerte aux repas, et que les collations consistent en une portion de produits céréaliers, une portion de légumes et fruits, et une portion de lait et substituts ou de viandes et substituts (Government of Manitoba, 2005). De plus, celles-ci suggèrent que les portions offertes aux enfants d’âge préscolaire soient équivalentes à un tiers à la moitié d’une portion recommandée dans le Guide alimentaire canadien (Government of Manitoba, 2005). Les lignes directrices du Manitoba stipulent également que les collations doivent être offertes environ trois heures après un repas (Government of Manitoba, 2005). Des recommandations encore plus vagues existent à Terre-Neuve-et-Labrador, où les milieux de garde sont encouragés à offrir des aliments sains figurant dans le Guide alimentaire canadien et à offrir des collations nutritives entre les repas (Government of Newfoundland and Labrador, 2004).

L’Academy of Nutrition and Dietetics recommande que les repas et les collations offerts aux enfants qui fréquentent des milieux de garde à temps plein fournissent de la moitié aux deux tiers de leurs besoins nutritionnels quotidiens (Benjamin Neelon et al., 2011). Pour les enfants qui fréquentent un milieu de garde à temps partiel, leurs repas et collations devraient fournir au moins un tiers de leurs besoins nutritionnels quotidiens (Benjamin Neelon et al., 2011). Il a été rapporté que les jeunes enfants consomment de la moitié à trois quarts de leurs besoins énergétiques quotidiens lorsqu’ils fréquentent un milieu de garde à plein temps (Fox et al., 1997; Frisvold et Lumeng, 2011). Cependant, des études transversales aux États-Unis ont démontré que ces enfants consomment peu de légumes et de fruits (à l’exception du jus de fruits), et de produits céréaliers à blé entier et consomment des quantités excessives de gras saturés et de sucre (Padget et Briley, 2005; Ball et al., 2008). Ces études suggèrent qu’il y a lieu d’instaurer ou de renforcer des lignes

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directrices en matière d’alimentation et de soutenir les milieux de garde dans leur effort pour améliorer l’environnement alimentaire de leur milieu.

1.5.2 Les milieux de garde et l’activité physique des enfants

Puisque les habitudes d’activité physique sont établies durant les premières années de vie (Pate, 2004) et qu’une grande proportion des enfants d’âge préscolaire fréquentent des milieux de garde (Organisation for Economic Co-operation and Development, 2013), ces milieux sont des lieux intéressants pour la promotion d’activité physique chez les tout-petits (Dooris et al., 2007). En effet, les milieux de garde peuvent encourager l’adoption d’un style de vie actif en améliorant les comportements liés à l’activité physique et les habiletés motrices des enfants d’âge préscolaire (Ward, 2010).

Bien que les milieux de garde ont le potentiel d’offrir aux enfants des occasions d’être physiquement actifs, une étude canadienne auprès de 23 milieux de garde à domicile en Colombie-Britannique a démontré que les enfants passaient très peu de temps à être actifs et que le temps passé en état sédentaire était élevé (Temple et al., 2009). Une revue de 13 études ayant quantifié objectivement l’activité physique des enfants d’âge préscolaire en milieux de garde de 2000 à 2008 a également conclu que les niveaux d’activité physique sont généralement faibles et que les niveaux de sédentarité sont élevés dans ces milieux (Reilly, 2010). En effet, cette même revue de littérature suggère que les enfants cumulent moins de 60 minutes d’activité physique d’intensité modérée à vigoureuse dans une journée de huit heures (Reilly, 2010). Comparativement aux résultats de cette revue systématique, une étude menée auprès de 95 enfants d’âge préscolaire fréquentant six milieux de garde à Sherbrooke au Québec a observé que les enfants cumulaient en moyenne 84,9 minutes d’activité physique d’intensité modérée à vigoureuse au cours d’une période de huit heures (St-Gelais, 2013). Cependant, les enfants ont également réalisé 314,1 minutes d’activités de nature sédentaire, soit 67,5 % du temps passé dans le milieu de garde (St-Gelais, 2013). Similairement à cette étude québécoise, une étude menée auprès de 114 enfants d’âge préscolaire fréquentant huit milieux de garde en Alberta a également rapporté que les activités sédentaires représentaient 61,5 % du temps passé dans ces milieux (Kuzik et al., 2015).

Ce temps sédentaire élevé pourrait être causé par l’absence ou l’imprécision de politiques en matière d’activité physique. Similairement aux politiques alimentaires, les réglementations en matière d’activité physique dans les milieux de garde varient d’une province à l’autre. Par exemple,

Figure

Figure 1 : Causes de l'obésité pédiatrique (cette figure a été créée spécifiquement pour cette  thèse par Nick Ward Designs, 2015)
Tableau  1  : Sommaire des apports en légumes et fruits, produits céréaliers, viandes et  substituts, lait et substituts, ainsi qu’en vitamines et minéraux des enfants Canadiens de  un à huit ans
Figure 2 : Interprétation du modèle écologique de Bronfenbrenner (cette figure a été créée  spécifiquement pour cette thèse par Nick Ward Designs, 2015)
Figure 3 : Modèle conceptuel et théorique du projet (cette figure a été créée spécifiquement  pour cette thèse par Nick Ward Designs, 2015)
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