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Observations sur la méthode de Gabriel Bertrand pour
le dosage des sucres réducteurs
Daniel Bourdon, Henri Gielfrich
To cite this version:
Daniel Bourdon, Henri Gielfrich. Observations sur la méthode de Gabriel Bertrand pour le dosage des
sucres réducteurs. Sciences Agronomiques Rennes, 1972. �hal-02308956�
SCIENCES AGRONOMIOUES RENNES, 1972.
OtsSERVATIONS SUR
LA
MÉTHODE DE
GABRIEL
BERTRAND
POUR
LE
DOSAGE DES SUCRES RÉDUCTEURS
par
Daniel BOURDON
et
HenriGIELFRICH
Chimie, E.N.S.A. Rennes
On
sait que Gabriel BERTRAND(5) a
laissé son nom à une méthode aujourd,hui très répandue, considéré,comme
officielle, qui
consiste àoxyder
le sucre réducteur au moyen d'une liqueur dutype
Barreswill-Fehling, solution
cuivrique contenant de la soude et du sel de Rochelle.Au
boutd'un
temp6 de réduction de 3 minutes à litempérature
de l'ébullition, l'oxyde
cuivreux est dissous enmilieu
acide en présence de Fe3+en excès. Ontitrr
Fe2+
formé,
par le permanganate de potassium.llest
possible, d'après BEVTLLARD (6) de substituer à la liqueuferrique
oxydante,soit
leréactif
arsénomolybdique,soit
le réactif sulfovanadique.Enfin,
I'oxyde cuivreux a étrégalement dosé volumétriquement après dissolution dans le bichromate de sodium (20) ou dans le sulfate cériqur
(35),
l'excèsde
liqueur oxydante est déterminé dans les deux cas, à l'aided'une solution
de sulfate ferreux erutilisant
la ferrophénanthroline comme indicateur.Ainsi,
la méthode préconisée par Gabriel Bertrand est une méthodedite
indirecte"à
redissolution", tandirque
les techniques publiéespar
BARRESWTLL(2)
puisFeHlrtrrc (17)
sont des méthodes directes, la réductior complètede
l'ion
cuivrique est observée d'après la disparition de la couleur bleue duréactif.
Une variante du procédé
de
Fehling est obtenue avec l'usaged'une
liqueur cuivriquemodifiée
paraddition
de ferrocyanure de po. tassium(10) ou
dethiocyanate
de potassium(4)
ou de bleu de méthylène (161, ces divers adjuvants facilitentl'appréciation
du
terme de la réaction sucre-cuivre.Les méthodes précitées ne procurent pas une réponse stoechiométrique("), elles donnent cependant des va, leurs reproductibles dans des
conditions
déterminées, souvent même avec une précision comparable à celle desméthodes classiques (21 ).
{x}
' ll
en va différemment des méthodes utilisant l'oxydation par I'iode en liqueur alcaline (7} (1O ou par l,acide périodique {14}Ces méthodes sont stoechiométriques, se laissant exprimer par une équation simple, conforme aux lois idéalesde la Chimie
Considérons l'équation théorique de
l'oxydation
du glucose en acide gluconique :CH2OH- (CHOH)4-
CHO*
2Cu(OH)z
-
CH2OH- (CHOH)4-
CO2H+2H2O
*CurO
D'après cela, une prise d'essai de
50
mg de glucosedevrait iixer
4,44 mg d'oxygène emprunté à CuO etré-uire 35,2
mgde cuivre,
précipitéà l'état
de
CurO.
Or
l'expériencemontre
que le
réactif
de
Fehling
(quiontient
34.65 g/-1
de sulfate cuivrique pentahyàrate) permet une oxyclation de5
mg de sucre parmillilitre.
.e
titre du
réactif
est calculé d'après la proposition de Fehling:
une molécule de sucre (180 g) réduit exactement0
équivalents de cuivre,soit
317,5 g tandis quel'oxydation
du glucose en acide gluconiquefait
intervenirseule-rent 4 équivalents
ou
127 gde cuivre.Expérimentalement
donc,
la
prise d'essai de50
mg de sucre réduira:317,5
gx
0,05/180:88,2
mg deuivre.
Ainsi,
la quantité
d'oxygène réellement consommée par le glucose équivautà
88,2135,2:
2,5fois
lauantité
théorique.
II
en résulte que la réaction q ui se dérou le est très différente de la transf ormation du glucosen acide aldonique correspondant.
Autre détail d'importance
:
Fehling assigneun
certain pouvoir réducteur à chacun des sucres'Ainsi
10 mlle
saliqueur oxydante sont
décoloréspar 0,05 g de
sucre inverti;
0,0489de
glucose;
0,0526
de fructose ;),0532 de galactose
;
0,0753 de raffinoseinverti
;
0,0789 de lactose;
0,0802 de maltose;
0,0856 de mélibiose':n
réalité, ces pouvoirs réducteurs ne sont pas constants, ils varient avec la concentration de la solution sucrée, a compositionet
l'alcalinité
de la liqueur oxydante, la durée et l'intensité du chauffage, etc.'
.
C'est pourquoi il ,aut, pour chaque méthode,utiliser
les valeurs indiquéespar
lesauteurs.
Enparticulier,
EVruOruet
LANE (16)rpportent un
correctif qui tient
compte du volume de solution sucrée utilisé'On admet
aujourd'hui
que la réduction des liqueurs cuivriques ne s'effectue pas directement par lesgroupe-nents aldéhyde
et
cétone mais au moins en partie par des dérivés ène-diols des sucres, comme les réductones quirpparaissent
au
coursdu
chauffage enmilieu
alcalin,et
peut-être d'autres substances analogues, d'après les tra-raux de WURMSER(37) et
devon
EULER (15) .ROCHE
(29)
rapporte que la décomposition des hexoses en milieu alcalin met en ieu deux phénomènesdif'
iérents
:
l'interconversion entre glucose,fructose
et
mannose, c'est-à-dire la réactionde
LOBRY de BRUvtrt etVAN ESKEN5TEtN
(22)
et
la dégradation proprementdite
des sucresqui
est génératrice d'acides organiques(33)'
VISTTARD (241a
fait
une étude très poussée de la cinétiquedu
phénomèneet
RocHe
(29) a examiné les résul-tats dupoint
de vue de la technologie sucrière.REI.ATIONS SUCRE-CI.IIVRE DES
TABLEAUX DE GABRIEL
BER.TRAND'On
sait qu'avecl'emploi
de liqueurs cuivriquesfortement
alcalines, selon le procédé de G. BERTRAND {5}il
n'y a
pasproportionnalité entre la
dosede
sucre réducteuret
la quantité
de
cuivre
réduit.
Aussi l'auteur a-t-ilétabli
une table de correspondancepour
chacun des oses et diholosides réducteursqu'il
aétudiés:
glucose, sucreinverti,
galactose, mannose, sorbose, arabinose, maltose anhydre, lactose anhydre, xylose,et
untriose:
lad ihydroxyacétone.
Le tableau
I
indique, pour chaque dose de sucre(10,20,30,40,50,
. . . ..
100 mg) contenue dans les 20 mlD. BOURDON & H. GIELFRICH - OBSERVATIONS SUR LA METHODE DE Gabriet BERTRAND
Tableau
I
Procédé G.
Bertrand. Action
réductrice comparée des sucres sur le cuivrea) - Dose de sucre (en mg)
bl - Cuivre réduit (mg) pour 1 mg de sucre : Sucreinverti.... Glucose. Mannose Galactose..
,...
Sorbose . Arabinose,... Mallose anhydre Lactose anhydre Xylose, . Dihydroxyacétone10
20
25
30
40
50
60
70
80
90
100 2.06 2.O4 2.07 1,93 1.54 2.12 1.12 1.44 2.O1 1,3 2,O2 2,O 2,02 1.90 1.52 2.09 1.10 1.42 1.98 1,98 1.97 1.98 1.87 1.51 2.O7 1,10 1,40 1,96 1,94 1.94 1.95 1.85 1.50 2.O4 1.10 1.38 1.93 1.91 1.91 1.92 1.82 1.48 2.O1 1 .10 1,37 1.91 1,38 1,88 1.88 1.89 1.80 1.47 1.99 1.09 1.36 1.89 1,84 1.85 1.86 1.t9 1,46 1.96 1.09 1.34 1.87 1,82 1.83 1.84 1.77 1.45 1.94 1.09 1.33 1.84 1,79 1.80 I,81 1.75 1.44 1.92 1.09 1.32 1.82 1,76 1n8 1.79 1.74 1.43 l.e 1.08 1.31 1.80 1,37Les valeurs observées démontrent les faits suivants
1)
-
Le glucose et le mannose, épimères, réduisent sensibelemnt comme le sucre invertiqui
contient 50 % dleur
cétosecommun, le
fructose.
Cette concordance des pouvoirs réducteurs est liéeà
la réaction deLoby
dBruyn,
qui
seproduit
facilement en milieu alcalin.2l -
Lerapport
cuivre réduit/sucre diminue progressivement avec la concentration del'ose.
Une faible dos de sucre consomme proportionnellement plus d'oxygènequ'une quantité
élevée. Cependant, cette remarque ns'apirlique pas au maltose
qui
fournit
une réponse proche de la proportionnalité, non plus qu'au triose, la dihydr<xyacétone pour laquelle le rapport est inversé (G. Bertrand, n'ayant donné, il est vrai, que des indications fragme taires pour le triose).
3)
-A
faible
concentration. 10 à 30 mg, le glucoseréduit
un peu moins de cuivre que le sucreinverti.
Por.une
concentration
moyenne, 40 à 60 mg, ces deux sucresont
le même pouvoirréducteur.
Si la concentration etplus élevée, 70
à
100 mg, le glucose est légèrement plusréducteur.
Entout
cas, ces variations sont minimes, vra.
semblablement parce que laréaction Loby
deBruyn aboutit
à des proportions stables de glucose et de fructostEt
l'on
peut, en pratique,utiliser indifféremment
la tabledu
glucoseou
celle du sucreinverti pour
exprimer Iteneur
d'un
extrait
en sucres réducteurstotaux.
Néanmoins, pour des raisons traditionnelles et aussi par logiqu(on
choisit généralement la table du sucre inverti pour calculer les glucidestotaux
lorsqu'on a affaire à des extrailqui
renferment,outre
les oses préexistants (glucose et fructose), du saccharosequi, précisément, livre du sucre irverti
par son hydrolyseet
qui
estl'un
des grands oligosidesde
la Nature, avec le raffinose, le stachyose, le tréhi lose.Pour ce
qui
concerne la précisionqu'il
est possible d'attendre de la méthode classique de Gabriel Bertranc le chanoineCoLIN (12)
estimait que les dosages calculés d'après latable
relative au sucre inverti sont approch(au
1/50èrne dans la région moyenne de la courbe,l'erreur
est plusforte
auxextrémités.
L'appréciation de POr TIER(28)
est plus élogieuse.A
la suite de ses travaux sur des solutions pures,Pottier
a exposé que la précisioSCI ENCES AGRONOMIOUES RENNES
)s tableaux de Bertrand
était
tout
àfait
remarquable;
laquantité
y
de cuivre peut être exprimée enfonction
I
laquantité
x
de sucre avecun
écart moyenrelatif
ne dépassant pas 0,25 p. 1000, par un polynôme du 3ème :gré, ou mieux par lafonction
:y:
k
(cx
*
1-
e-"")
produit kc
est del'ordre de
10,5 pour glucose, xylose, arabinose;
7,75 pour sorbose;
5,6 pourmaltose.
Lesrbleaux concernant les autres sucres
n'ont
pu être représentés avec la même précision par lafonction
y.
DanslaméthodeoriginaledeG.Bertrand, laliqueurdepermanganateestautitrede5g/-1.
Portchaque
osage,il
faut
déterminer, par un calcul très simple, la valeur en cuivre du permanganate utilisé, consulter la tablee correspondance
qui
convientpour
le sucre dosé et qui donne, directement ou parinterpolation,
la quantité dercre existant dans la prise
d'essai.
Dans lebut
de simplifier
plus encore, VEILLON(36)
a préféré une solutionermanganique
d'un
titre
uniforme,
c'est-à-dire la solution décinormalede
KMnOo à 3,16 gl-1
,
d'un usage trèsourant dans tous les laboratoires et en outre,
il
a calculé, pour le glucose et le sucre inverti, des tablesqui
sont enuelque sorte tributaires
et
complémentaires de celles déjà existantes, si rigoureusement dressées par G. Bertrand.es tables de
Veillon
permettent detrouver
immédiatement, sans calcul, la dose de sucre exprimée avec une pré-ision de 0,1 mg, correspondant au volume de permanganate employé(millilitres).
J.
de CLERcK(11)
et
E.
DÊLVAUXont
élaboré une table de correspondance analogue à celle deVeillon,
àI
détail près que chaque dose de sucre est exprimée avec une précision de 0,01 mg;
le calcul est donc plus rigou-' ,
.,)ux que celui de Veillon.
BAyoNovE
(3) qui avait pour mission de rechercher une méthode susceptible d'être retenue commemétho-e intmétho-ernationalmétho-e
pour
le dosage des sucres réducteurs dans les vins, a présenté un rapport très détaillé sur le pro-édé Bertrand,en
proposantde
légères modif ications;
il
aobtenu
une courbe permanganate-sucreinverti
queous
reproduisons ci-dessous, pratiquement identiqueà
la courbe deVeillon
etqui a
l'apparence d'une droite,rais seulement à cause de la réduction
du
graphique.ml de soluljon sucree de sucre
468tO
t4 16 18 20 æ. 24
26 ml deK 2A 90 80 lnrervern 70 60 40 30æ
to MnooN toD. BOURDON & H. GIELFRICH . OBSERVATIONS SUR LA MÉTHODE DE GAbT|CI BERTRAND
Nous avons cherché la
relation
offerte
par la table expÉrimentale deVeillon,
entre la dosey
{mg) de sucrinverti et le volume
x
(mll
de la solution permanganique décinormale(*).On
observeque./
-
3x
maisl'approximation
estd'autant
plus mauvaisequ'on
s'éloignedu début de
htable.
Ceci suggère immédiatementqu'il
est possible de trouver une semi-microméthode de dosage du saccharoshydrolysé
qui
fournisse une réponselinéaire.
Nous décrirons plusloin,
eneffet,
une telle méthodequi réunit
leconditions nécessaires pour
obtenir
une relationdu type
! :
ax
entre le sucre dosé et le cuivre consommé, per mettant le dosage de faibles quantités de sucre avec une honorable précision.En décomposant, après représentation graphique, l'intervalle de
variation
dex
en4
intervalles, un ajustement a donné :
y
:
3,25x
-
0,65
pourx
comprisentre
3,3 et
9y
:
3,5Ox
- 2,7
pourx
comprisentre
I
et
15y
:3,75x -
6,45
pourx
comprisentre
15
et
20y
:
4
x -
11,6
pourx
comprisentre
20
et
28avec une erreur
qui atteint
aumaximum
letriple
de la différenceentre
les données de la table deVeillon
et drcelle de de Clerck.
Un ajustement des données
de
la table deVeillon
à des polynômes par la méthode des moindres carrés n'i pas permis d'améliorer la correspondance avec lestables. Toutefois,
ces polynômes nousont
suggéré de retenila
relation
empirique|
! :
3x
+
O,O22x2,
avec une erreurqui
estde l'ordre
de grandeur de la différence entre
les deux tables.Dans le tableau
ll,
àtitre
d'exemple, pour une dizaine de déterminations, nous donnons les indications res pectivement fournies par les tables de correspondance deVeillon
et de de Clerck et par l'ajustement paraboliqur!:3x
*
0,O22x2.x
permanganate
0,1 N (ml)
v
sucre inverti (mg) donné par
table Veillon table de clerck ajustement parabolique
!=3x*O,022x2
5 7,5 10 12,5 15 17,5 20 22,5 25 27,5 15,5 23,7 32.2 40,8 49,8 59,0 68,7 78,3 88,4 98,6 15,63 23.83 32,32 40,99 50,0 59,25 æ,77 15,55 23,74 32,20 40,94 49,95 59,24 68,80 78,64 88,75 99,1 4D.
BOURDONet
H. GIELFRICH, Expression mathématique des relations sucre inverti-cuivre données par la table deGabriel Bertrand modifiée (Communication à la Société des experts-chimistes de France. éance du 5 iuillet 19721.
SCI ENCES AGRONOMIOUES RENNES
(x)
NFLUENCE
DU
SACCHAROSEOn sait depuis
longtempaque
le saccharose,qui
n'exerce aucune action,à
la températuredu
laboratoire 15o), surla
liqueurde
Fehling, laréduit
partiellement àchaud.
L'attaquedu
saccharosepar
les alcalisde lali-ueur cuivrique
fut
signalée parPossoz (26)
qui
proposait la suppression des alcalis caustiques. La méthode deiertrand
ne sauraitdonc être
appliquée sans réservesau
dosage des mélanges de saccharoseet
de réducteurs.SRtt-laRo
(30)
insiste sur cette caused'erreur
et soucieux d'analyser correctement les produits intéressant r sucrerie de betteravesqui
ne renferment que peuou
point
de réducteurs - généralement moins de 1%-
il pro'
ose une variante
du
procédé de Bertrand avecl'emploi
d'une autre liqueur cuivrique, un mode de réductiondif-srent
et
une table de correspondance aveccorrection
del'erreur
due à la présence de saccharose. L'auteur deette modification décrit l'action
curieuse qu'exerce le sucre inverti sur le saccharosequ'il
semble protéger contre attaque par leréactif
alcalin, invoquant même la possibilitéd'un
processuscatalytique.
En d'autres termes, I'at-aquedu
saccharose est maximumlorsqu'il
n'y
a pas de sucreinverti,
elle estminimum
quand la dosed'inverti
orrespond à peu près à la quantité de liqueur cuivrique
employée.
Une interprétation très plausible de cephéno-'rène a été donnée par MnoueruNE (23).
D'autres méthodes cuivriques
ont
été décritespour
l'analyse des mélanges de saccharoseet
de réducteurs, vecun
réactif de moindrealcalinité.
Citons à cesujet:
Scnoonl
(32), PoTTERAT et EscHMANN (27) , EYNONt
LANE (,161.Enfin, on
a signalé un certain nombre de procédés par réduction cuivriquedont
l'application enrésence de saccharose reste
discutée.
ll
est d'ailleurs assez surprenant que Gabriel Bertrand, l'auteurd'un
procé-é si rprocé-épandu,
n'ait
pasfait
mention de l'inf luencedu
saccharose.D'oir
la série des travaux précités qui tendenters une technique plus specif ique que celle du célèbre biochimiste.
Nous avons repris cette étude de l'influence du saccharose et également d'autres oligosides sur le dosage des
éducteurs en général, c'est-à-dire non seulement le sucre inverti auquel s'intéressait particulièrement Saillard mais ussi des oses importants tels que glucose et son épimère, le mannose
;
galactose;
sorbose;
xylose;
desdiholo-ides réducteurs (maltose, lactose, cellobiose,
turanose).
La technique utilisée étant celle de Gabriel Bertrand, qui rrocède en liqueur cuivrique très alcaline.Tout
d'abord, la réduction donnée par l'essai à blanc du saccharose est plus élevée que celle observée en pré'rence de sucre
inverti,
phénomène sur lequel avait déjà insistéSetllARD
(30).
Les oligosidesqui
possèdent un 'estefructosyl terminal,
par exemple les galactosidesdu
saccharose (raffinose, stachyose) donnent aussi uneré-tuction
appréciable.
Au
contraire, les oligosaccharidesqui
ne contiennent pas de restefructosyl
(le tréhalose))u
ceuxqui
le contiennent mais non enbout
de chaîne (le mélézitose) n'exercent pasd'action
appréciable sur laiqueur
de
Fehlingà chaud.
ll
en est de mêmede
I'alpha - D - méthylglucoside (ce dernier estun
hétéroside). Ces remarquessont
importantes car ellestouchent
de près à l'analyse des jus sucrés naturels ou des extraitsrégétaux en général,
qui
très souvent, sont constituésd'un
mélange banal de glucose, fructose, sucre de canne.ll
lst
évident quela
réduction due au saccharose est faible si ces trois constituants sont équitablement répartis dans'extrait,
la précisionétant
la meilleure lorsque le saccharosefait
défaut, cequi
est d'ailleurs le cas de la pulpe de.aisipvertoumûrqui
nerenfermequedestracesdesucredecanne,
1à3g/-1.
Onpeutalorsfaireladiagnose
Ju saccharose comme l'a réalisée
GutcHnno
(18) au moyen de la chromatographie sur papier'x) - D. BOURDON, lnfluènce du saccharose et autres oligoholosides sur le dosage des sucres réducteurs en liqueur cuivrique très alcaline, lndust. alim. agri., 1972 (sous presse).
D. BOURDON & H. GIELFRICH - OBSERVATIONS SUR LA MÉTHODE DE GAbTiEI BERTRAND
Au
contraire, la présenced'un
excès de sucre cristallisable, accompagnéou
non de ses galactosides est unsource appréciable d'erreurs
qu'ont
signalée les auteurs intéressés par les problèmesd'ordre
industriel :Sntttnnt
(30)
ou
physiologique:
CottN
(12) touchant
la betteravesucrière.Aveclesextraitsdefeuillesdebetteraves,e
suivant
la
méthodede
Gabriel
Bertrand, le danger résultant de la présence simultanée de sucre cristallisable ed'inverti
est
réduit au
minimum,
les liqueurs renfermanttoujours
un excès de réducteur,on
aura par exempl dans les dosages 10 à 30 mg de saccharose contre 50 mgd'inverti.
Dans ces conditions, le cuivre réduit par le crir tallisable est peu de chose, l'excèsd'inverti
protégeant le saccharose en réduisant rapidement la plus grande oartidu cuivre.
Avec
les liqueurs d'épuisement provenantde
la
souchede
betterave, les conditions devtennent acontraire très défavorables
puisqu'il faut
doser le réducteur en présenced'un
très considérable excès de sacch;rose.
On trouveradonc pour
le réducteur des valeurs beaucouptrop fortes.
Ces causes d'erreurs, reconnues p€CoLIN (12)
n'ont
cependant pasinfirmé
ses conclusions sur la présence de réducteur dans la racinede betteravr CANALS (9)qui
a publié un mémoire surl'intervention
du saccharose dans la liqueur cuproalcaline, atrou\
des erreurs de l'ordre de 50 à 60 % pour le dosage de petites quantités de réducteurs en présence de fortes propo tions de saccharose.
ll
propose de remplacer la technique primitive de Barreswill-Fehling et celle très classique dG.
Bertrandqui
procèdent par chauffage àfeu nu,
par une nouvelle méthode avecréduction
cuivrique au bair mariebouillant
mais en pratiquant deux essais:
le premier avec le mélange de sucre inverti et de sucre cristallisible,
le second avec seulement le saccharose. Pardifférence,
il
calcul leréducteur.
Ce mode de calcul ne sembl pas très rigoureux si onfait
la comparaison avec les résultats précis de Saillard, en vertu desquels la réduction dor née par l'essai à blanc de sucre de canne est plus élevée que celle produite par la même dose de saccharose acconpagné
d'inverti.
INFLUENCE DE DIVERS
FACTET.]RSOn
a
maintesfois
publié que la relationoxyde
cuivreux-sucre réducteur est subordonnée à plusieurs farteurs
;
concentrationdu
milieu,
force alcalinedu
réacteur cuivrique, température, modeet
durée du chauffagtLa variation de concentration, peu importante selon
Anruoux,
PAsroR
et MoREL (1)estfacileà
préveni avec l'emploid'un
réf rigérant, aujourd'hui prescrit dans la méthode officielle.CANALS
(9)
atrouvé
que l'attaquedu
saccharose avec le chauffage àfeu nu
(3 minutesd'ébullition)
est peu près deuxfois plus
intensequ'en utilisant
le bain-mariebouillant (15
minutes).
D'aprèslui,
la réduction abain-marie
bouillant, qui
supprime toute surchauffe,produit
un oxydule rouge au lieu d'orangé clair et se formantrès bien
;
la duréedu
chauffage la plus satisfaisante est de 10 minutes, cequi
produit
10 à 11 mgd'inverti
por25 ml
desolution
de sucre cristallisable à 207o,cette
valeur"à
blanc" est beaucoupplusfaiblequecellefourni
par la réduction avec chauffage par feu nu du procédé de Bertrand.
Le Journal
Officiel(x)
donne une description détailléedu
mode opératoire de Gabriel Bertrand, avec que ques variantes, notammentl'ébullition
àreflux
et
I'emploid'un
indicateur redox de potentiel standard=
1 vohI'orthophénanthroline
ferreuse.
BAyoNovE
(3)
s'efforce dejustifier
lechoix
decet
indicateurqui
produit
ur très beau virage auvert
franc.
En réalité,l'emploi
decet
indicateur ajoute plusà
l'élégance de la méthodequ' son eff icacité puisque le permanganate, en raison de sa coloration, est un excellent indicateur de lafin
de sa prcpre réaction
et
I'on
rappelle que cettecoloration produite
par une seule goutte deréactif
0,02 N dans un volumde 50 ml est nettement perceptible.
(x) - La méthode de Gabriel Bertrand est officielle pour l'analyse des vins et des moûts (J.O. du 24 juin 1960 etdu lait (J.O dr
SCI ENCES AGRONOMIOUES RENNES
BAyoNoVE (3)
insiste spécialement surI'effet
de l'oxygène del'air.
D'aprèslui,
la réaction des sucres surliqueur cuproalcaline continue pendant le long refroidissement,
il
invoque aussi I'action oxydante deI'air, il
est cnc préférable derefroidir
brusquement l'essai Bertrand dans un bain d'eaufroide
renouvelée en évitanttoute
litation.
Si
la f iole estrefroidie
avecagitation,
la consommation de permanganate sera moindre et l'auteurau-rit trouvé des différences significatives. I I ne
faut
pas, cependant, surestimer ces effets secondairesqui
seprodui'
rnt après les
3
minutesd'ébullition. A
cet égard,il suffit
de rappeler que le procédéinitial
de Bertrand ne com'lrtait
ni
ébullition
àreflux
ni
refroidissement dansun
bain d'eaufroide
et
les tables de correspondancequ'il
a:ablies sont reconnues comme très rigoureuses,
PorrteR
(28) obténant avec ces tables une concordance de résul-Itstout
àfait
remarquable.llconvient
également deciter
les expériences de BAYotTtOVE(3)'
Ce chimiste a éta'li
pour
le sucreinverti
une courbe sucre - permanganate tellement proche de celle de Veillon que l'ondoit
regar-er les quelques
modifications
proposées comme sans réelle importancepour
améliorerla
précision déjàexcel.-nte.
On considère simplement que la durée del'ébullition doit
atteindre 3 minutes mais le résultat ne changeraas si la liqueur bout quelques secondes de
plus.
En conséquence, après ce tempsd'ébullition
de 3 minutes, effec' rée <le préférence sous réfrigérant,on
filtre
immédiatementl'oxydule
sur verrefritté
G+ afin de prévenir ou derduire
à
presquerien l'oxydation
du
précipité
cuivreux.
La
duréede
cettefiltration
chaude n'excède guère 0 secondes alorsqu'il
faut
un temps au moins équivalent pourdiminuer
la température par refroidissement dansn bain d'eau.
Dernier
détail
:
la précision est encore possible lorsqu'on opère avec un volume solution sucrée'réactifmoin-re que
celui
prescrit,soit 30 ml
au lieu de 60ml,
la duréed'ébullition
restant la même (3minutes).
On a dressér table suivante(x) : sucre
inverti
(mg) 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 cuivre (mg)limite
de précision,correspon-dant
à
=
7 ml de solutionper-manganiqueà5g/-1
10 21 30 40 49 58 69 76 87 92---+
VolumetotatiSOml
[10m]
solutionsucrée*
10ml liqueurl(cuivrique)
*
10ml
liqueurll(tartroso-lique)
l.
{x} - Notes héritées du R.P. Henri BELVAL, Professeur cle Chimie végétale à l'lnstitut catholique de Paris, qui avait établi cette ta-hle porrr économiser lcs réactifs Fendant la période de détrese 1940-45.
D. BOURDON & H. GIELFRICH - OBSERVATIONS SUR LA MÉTHODE DE GAbT|EI BERTRAND
DESCRIPTION D'I.JNE SEMI-MICROMÉTHODE
Le procédé classique de G. Bertrand s'applique avec beaucoup d'exactitude entre 10 et 90 mg de sucre dan
la prise
d'essai. Or, on
a souventaffaire
à des prélèvements renfermant moinsde
10 mg desucre.
Nous savonqu'en
désignant par/
la dose (en mg) de sucreinverti et
parx
(enml)
le volume de la solution permanganiqudécinormale,
on obtient
unerelation
y
x
3x
dont
la précisiondiminue
lorsqu'on sqéloignedu
début de la table, ce
qui
suggère la possibilité detrouver
une méthode de semi-microdosage susceptible, dans des conditions ddterminées,
de
fournir
une réponse linéairepour
les doses de qlucoseou
de sucreinverti
n'excédant pas 10 mg Les réactifs nécessairessont
les mêmes que ceux dela
méthode classique de Bertrand, à savoirla
liqueur bleueI,
la
liqueur tartroalcalineIl,
la
liqueur ferriqueIII.
On peut
remplacer la liqueurIII
par une solution fer rique ayant la composition suivante :Sulfate ferrique chimiquement pur Acide sulfurique pur
Acide phosphorique
pur..
...
. . .Eau distillée
5os
200 ml 100 ml
O.S.
l
litre
Le rôle de HrPOo est de complexer les ions Fe3+ afin
d'obtenir
un virage aussi net que possible de la ferro phéranthroline employée commeindicateur.
Ce réactif ferriquedoit
être absolument neutre dupoint
de vue oxy doréducteur, c'est-à-dire ne pas consommerde
liqueuroxydante. A
cet effet,
on ajouteà
lasolution
ferriqutquelques gouttes de phénanthroline ferreuse,
qui
colore en rouge,on
décolore par juste cequ'il faut
de liqueu permanganique oxydante, le réactif est alors prêt pour I'usage'Dans un tube à essai
18x200, introduire
successivement: 5
ml
de solution sucrée renfermant entre 0,5 e10 mg de sucre inverti ou de glucose, S ml de liqueur cuivrique
I,
5 ml de liqueur: tartrosodiqueII.
Bien mélangerau besoin
à
l'aided'une
mince baguette de verre àbout effilé qu'on
rincera avec 2 gouttesd'eau.
Placer dans urbain-marie
bouillant
pendant20
minutes, c'est le temps nécessairepour
la réductiondu
cuivre (en 10 minutespourunedosedel0mgdesucre,
lepourcentagederéductionn'excèdepasg5%).
llestfaciled'éviterlaconcen
tration du
milieu
enfermant
letube
à essai avec un bouchon porteurd'un
tube de verre faisantoffice
de réfrigérant ou en
lecoiffant
avecun
capuchon deverre.
Le précipitécuivreux
se rassemble aufond.
Siphonner sou pression réduite au moyend'un
mince tube de verre recourbéqu'on
raccorde à unpetit
f iltre Ga surfiole
Kitasato.
Laver l'oxydulequi
reste dans le tube à essai, avec un peu d'eau distillée fraÎchementbouillie.
Vider et rince la f iolede
Kitasato.
Dans le tube à essai, introduire 5 ml de solution ferrique qui dissout le précipité cuivreux, siphonner
et
rincer.
Ajouter
5
ml
de solution ferrique sur lefiltre
en prolongeant le contact pourfaciliter
la dissolution
de
l'oxydule.
Aspireret
laver par de l'eau distillée;
la solution contenue dans lafiole
de Kitasato est prêtpour
le dosage.Ajouter
unegoutte
(une seule) d'orthophénanthroline ferreusequi
colore enrouge. Titrer
ave laliqueur
permanganique0,02
N jusqu'au virage de I'indicateurqui
est très sensible. Certes,l'emploi
de l'indicateur
estutile
maisnon
indispensable puisqu'une seule goutte en excès de solution permanganique 0,02 Nsuffit,
marquer le terme de
I'oxydation,
llfaut,
enfin,
retrancher de l'essai le volume de liqueur oxydante consommpar une légère autoréduction
du
réactif
cuproalcalin,soit
environ0,15 ml
de solution permanganique 0,02 N etl'absence
totale
de sucre dans les conditions opératoiresdécrites.
Cette méthode ainsi exposée est une variante d celle publiée par deSntrut-RRt et
RoNFAUT (31).Nous avons
établi
larelation
sucre-permanganatepour
le glucose, le sucreinverti,
legalactose.
La courb obtenue revêt exactement laforme d'une
droite. A titre d'indication,
1 mg de glucose consomme sensiblemer1,6
ml de
liqueur permanganiqueO,O2N.
Enréalité,il
existetouioursdefaiblesécartsentrelesvaleursobtenue
par
différents
exécutants, dûs parfoisaux
libertésqu'ils
prennent avecle
modeopératoire.
Aussi est-iltouioul
0 SCIENCES AGRONOMIOUES RENNES
L'avantage évident
de cette
semi-microméthode estd'utiliser
les mêmes réactifs que ceux de la méthode assique, hormisla
liqueurtitrée
oxydante,qui
est plusdiluée.
On peuty
ajouter la simplicité, la facultéd'effec-terdesséries,sansoublierlaprécisionqui
esttrèshonorable,del'ordrede3o/o,parfoismeilleure.
Soninconvé-ient
est aussile
mêmeque celui
de la méthode classique, c'est-à-dire ladifficulté qui
surgit en présence d'un'and excès de sucre cristallisable,
difficulté
probablement nnoindre puisque le chauffagea
lieu au bain-marie et cn à feu nu, rnais que nous n'avons pas encore évaluée.En pareil
cas,pour atteindre
à la
précision exigée,on
préférera l'une des deux semi-microméthodes sui-ntes,qui
sont à peu près indifférentesà
!a présence de saccharose:
la méthodeSoMocYl
(34) décrite et adap-e au dosage des denrées alimentaires parD. BounDoN (8)
et
la
méthodePturueL
(25)imitéedecellepubliée
rr HAGEDoRN et JENSEN
(19).
Les conditions réalisées dans ces deux méthodes permettentégalementd'obte-r
unerelation
du
type
y
:
ax
entre le
sucre doséet
la
liqueur oxydante
consomméepour
son oxydation.nÉsurr,tÉ
Les auteurs rappellent les conditions de
la
méthode de Gabriel Bertrandpour le
dosage des sucres réduc-urset
les variantes proposées. Ils étudient les relations sucre-cuiwe des tableaux de correspondance etI'influen-du
saccharoseet
de diversfacteurs.
Enfin, ils décrivent une semi-microméthode qui réunit les conditions pourrtenir
une relationy
:
ax
entre
le
sucre doséet
le volume deliqueur titrée
oxydante consomméepour
sonlydation.
SUMMARY
The authors remind
of
the conditionsof
Gabiel
Bertrand's methodto titrate
reducing sugars andof
theva-mts
of
thismethod.
They investigate the sugar-copper relntionsin
the correspondence tables and the influence" saccharose
and different
factors.
They describe a semi-micromethodwhich
brings together such conditionsnt
one canobtain
arelation
y
:
ax
betweenthe titrated
sugar and the volumeof
the oxidizing standard solu'n
which is consumed by oxidntion.SOURCES
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