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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Jardin des cimes, une course en montagne au coeur d'un jardin

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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JARDIN DES CIMES, UNE COURSE EN MONTAGNE AU CŒUR

D’UN JARDIN

Floriane MACIAN

Centre de Recherches sur les Ecosystèmes d’Altitude (CREA), Chamonix

MOTS-CLÉS : IMMERSION – ÉMOTION – CONTEXTE SENSIBLE –

ÉVEIL À L’ENVIRONNEMENT – ÉTAGEMENT DE LA VÉGÉTATION

RÉSUMÉ : Jardin des cimes est un projet innovant à mi-chemin entre arts et sciences. Le temps d'une balade dans ce jardin, le visiteur revit une course en montagne qui le fait passer d'un étage de végétation à l’autre. Il découvre progressivement les notions de milieu, d'adaptation des plantes à des conditions climatiques parfois extrêmes, de fonctionnement des végétaux… Cette sensibilisation à l'environnement et aux écosystèmes est basée sur une immersion totale du visiteur.

ABSTRACT : Jardin des cimes is an innovative project linking arts and sciences. While they walk in this garden, visitors relive a mountain hike from one vegetation belt to the other. They progressively discover the concepts of natural environment, adaptation to extreme climatic conditions, plants functioning… A total immersion of the visitors is used to increase public awareness of environment and ecosystems.

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1. LE CONCEPT

Jardin des cimes est un projet innovant à mi-chemin entre arts et sciences. Le temps d'une balade dans ce jardin, le visiteur revit une course en montagne qui le fait passer d'un étage de végétation à un autre. Il découvre progressivement les notions de milieu, d'adaptation des plantes à des conditions climatiques parfois extrêmes mais aussi le fonctionnement des végétaux et la grande diversité botanique à travers le monde. Cette sensibilisation à l'environnement et aux ecosytèmes est basée sur une immersion totale du visiteur. Dans le jardin, chaque thème traité par la signalétique explicative est également mis en scène par le contexte sensible qui entoure le promeneur : vue, ouïe, toucher, perception chaud-froid ou sec-humide ; tous les sens sont mis en éveil. Le contenu scientifique n'est pas seulement écrit mais aussi ressenti, découvert par le biais de l'émotion.

Ce projet, porté par la SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) Champ des Cimes a réuni sciences et arts autour de la table avec la participation du cabinet d'Architecte paysager l'Atelier (qui a dessiné le jardin) et du CREA (qui est responsable des contenus scientifiques). Le programme d'animations et les festivals organisés au cours de l'été laissent toujours une grande place à l'accueil d'artistes ; avec la vocation de lier les arts avec l'éveil à l'environnement et à la nature.

2. LA COURSE EN MONTAGNE

Le parcours emmène les visiteurs jusqu’à un point de vue au sommet du jardin. Sur leur chemin, ils passent des portes successives symbolisant chacune un des étages de végétation qui caractérisent l’étagement montagnard. Pour chaque porte, des anecdotes sur une série de trois panneaux : faune – flore – milieu. Derrière ce tryptique se cache la définition même d’un écosystème.

Une notion suggérée tout le long du parcours emprunté par les promeneurs. Cette signalétique, volontairement « légère » permet de laisser une plus grande place au ressenti et au vécu plutôt qu’au discours.

2.1 Le pôle de vie ou l’étage collinéen (<700m) C’est l’entrée du jardin, avant même d’entamer l’ascension.

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C’est un lieu de vie avec la case du coopérateur qui sert d’accueil, de restaurant et de boutique. Comme l’étage collinéen, sa principale caractéristique est l’importante occupation humaine qui a particulièrement modifié le paysage (photo 1).

2.2 La porte de l’ombre ou l’étage montagnard (700m à 1500m)

On quitte la civilisation pour entrer dans un tunnel recouvert de plantes grimpantes. Le contraste est saisissant dans cet îlot d’ombre et de fraîcheur qui donne la sensation de rentrer en forêt. La diversité de plantes et donc de feuilles représente la variété des espèces trouvées dans les forêts mixtes de l’étage montagnard. Une sonorisation a été effectuée par Boris Jollivet, spécialiste de la prise de sons naturalistes. Le visiteur peut s’exercer à reconnaître les chants des espèces d’oiseaux peuplant l’étage montagnard.

2. 3 La porte d’or ou l’étage subalpin (1500m à 2100m)

La visite se poursuit dans un morceau de forêt d’épicéas, présente à l’état naturel sur le site. Le matériau utilisé au sol (du mulch de couleur sombre), est particulièrement souple et donne la sensation de marcher sur un sous-bois d’aiguilles. Une brumisation mise en place de part et d’autre du sentier permet de mettre en valeur les raies de lumière qui filtrent au travers de la canopée et de la lisière de la forêt : on va bientôt sortir de cette zone d’ombre, c’est l’appel des sommets.

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2.4 La porte tellurique ou l’étage alpin (2100m à 3000m)

C’est l’entrée dans la zone de combat, limite à partir de laquelle les arbres n’arrivent plus à coloniser les pentes, notamment en raison de la forte baisse de température.

Cet univers de pelouse est également caractérisé par la présence minérale. Les cairns situés de part et d’autre du chemin, ne se contentent pas d’orienter le randonneur. Chacun d’eux est constitué des grands types de roches trouvées dans les massifs environnants (schiste/ardoise du Mont Vauthier aux Houches, calcaire/grès vert du lac vert, tuf des Contamines, gneiss du Mont à Servoz, granit de Chamonix, gneiss rouge du désert de Platé).

2. 5 La porte des anges ou l’étage nival (> 3000m)

La promenade s’achève dans une sorte de cabane sans toit. Les murs sont blancs, le sol recouvert d’une sorte de verre pilé qui accentue la sensation de blancheur et d’éblouissement propre aux glaciers. En levant les yeux par-dessus les murs, la vue sur le massif du Mont Blanc et ses glaciers nous immergent complètement dans l’étage alpin, comme si le panorama était celui que l’on observe une fois le sommet conquis. C’est la fin de l’ascension.

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3. LA QUESTION DE LA DÉLIMITATION ARTS - SCIENCES

Ce parcours de découverte de la nature montagnarde comporte deux niveaux de lecture : - Une approche sensible et subjective qui pourrait être rapprochée des arts

- Une approche explicative et objective qui pourrait être rapprochée des sciences

Mais la délimitation entre les deux est-elle si évidente ? Une fois au sommet de la balade, on peut observer sur le versant d’en face le véritable étagement de la végétation que l’on vient de découvrir sur un espace réduit. C’est la partie choisie pour aborder la notion du paysage et de son évolution sous la pression des activités humaines. En lien avec cette problématique, le site accueille une zone d’étude du projet Phénoclim, un programme de science participative qui étudie l’impact du changement climatique sur les plantes. En effet, l’augmentation de température des siècles à venir devrait décaler les étages de végétation plus haut en altitude avec une perturbation des écosystèmes. Dans cet exemple, on voit que les sciences laissent une grande place à l’expérience sensible car c’est en suivant au jour le jour les arbres, que l’on se rend compte des modifications de leurs rythmes saisonniers. Le sensible n’est donc pas l’exclusivité du domaine artistique. De la même manière, les problématiques d’étagement et de paysage « naturel » sont un débat dont les artistes s’emparent aussi.

Dans la suite du parcours, le visiteur découvre la conquête du Mont Blanc selon le plasticien Loïc Tellier : son installation réutilise d’anciennes pièces de chemin de fer qui avaient envahi les flancs des montagnes. Plusieurs sculptures d’Yvan Freymond agrémentent également le jardin : elles sont constituées à partir de pièces agricoles (siège de tracteur, outils…) et symbolisent ainsi l’impact de certaines activités humaines sur le paysage (agriculture, pastoralisme, sylviculture).

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4. LE PROGRAMME D’ACTIVITÉS

La volonté de lier arts et sciences de la nature se retrouve dans la programmation culturelle du jardin qui propose deux festivals au cours de l’été.

4.1 Le festival des arts partagés

La vocation du festival est de lier les arts avec un éveil à l’environnement à travers une programmation artistique où l’imagination des spectateurs est stimulée. De nombreux arts vivants sont représentés : théâtre, musique, arts du cirque, arts culinaires… Pour ne prendre que quelques exemples : les échassiers de la troupe « les Arts Verts et Cie » ont déambulé dans le jardin pour conter des histoires sur la nature, l’architecte du jardin a proposé un atelier de croquis naturalistes. 4.2 Le festival de la matière

Pendant trois jours, plusieurs artistes ont carte blanche pour aménager le Jardin des Cimes avec leur regard et leur talent ! Une occasion de découvrir des artistes au travail et de s’initier avec eux aux différentes techniques de land art, taille, sculpture.

5. RÉUSSITES, LIMITES ET PROJETS D’AVENIR

Il n’y a eu qu’une saison d’ouverture du jardin des cimes de juin à septembre 2008, il faudra donc patienter pour faire le bilan dans la durée. Malgré tout, quelques tendances ressortent déjà. L’aspect « jardin » permet de toucher un vaste public, non habitué des musées et centres de sciences, et donc non sensibilisé à ces questions. Les visiteurs trouvent la balade agréable et en sont satisfaits. Cependant, on se rend compte qu’une grande partie ne lit pas du tout les panneaux, souvent considérés comme rébarbatifs. Le vécu prime, comme souhaité, mais du coup il n’est pas évident de savoir quel message passe réellement en ce qui concerne le contenu scientifique. La volonté initiale de la ville de Passy qui soutient le projet, était de faire du jardin des cimes, un lieu culturel, sensible et pédagogique. Pour le culturel et le sensible, nul doute qu’ils sont présents, mais l’objectif pour 2009 est de renforcer la partie pédagogique. L’idée est donc de développer d’autres modalités de transmission complémentaires à celles existantes pour que l’ensemble de ces moyens apportent chacun à leur manière quelques éléments scientifiques au visiteur. En 2009, il est prévu de développer une partie sur la démarche scientifique en profitant du concours des chercheurs du CREA pour que ce nouvel espace pédagogique soit en phase directe avec les méthodes et les

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démarches des sciences. L’idée n’est pas de rédiger du contenu mais d’initier à un certain état d’esprit, une manière de penser les choses. Cet espace n’aura pas pour vocation la transmission de savoirs bruts (champ de la connaissance) mais la transmission de méthodes d’analyse, dans un éveil à la pensée scientifique (champ expérimental). Des parcelles pédagogiques inviteront le visiteur à trouver par lui-même les facteurs de croissance des herbacées mais aussi à tester l’importance des réplicats en science car lorsque la théorie est confrontée au terrain, un certain nombre d’aléas apparaissent (effet de bord, « isolement » des paramètres, estimation de couvert végétal). Ainsi il se rendra compte que le facteur humain est indissociable : que l'observateur soit artiste ou scientifique, la connaissance passe par une première approche sensible et subjective (photo 7).

Jardin des cimes présente le grand intérêt de regrouper une diversité d’approches de la nature :

- Le champ de la connaissance avec les panneaux explicatifs

- Le champ de la sensibilité avec la mise en scène immersive et la contribution d’artistes - Le champ expérimental avec les parcelles pédagogiques

Cependant, une question reste en suspens : comment passer d’une bonne cohabitation entre arts et sciences à une véritable collaboration entre ces deux champs qui s’intéressent aux mêmes objets ?

Références

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