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Profil statistique des jeunes
de moins de 25 ans résidant
en HLM à Montréal
Institut national de la recherche scientifique
Centre - Urbanisation Culture Société
Document produit dans le cadre d’un contrat de service
entre l’Office municipal d’habitation de Montréal et le Centre
Urbanisation Culture Société de l’Institut national de la
recherche scientifique
Mars 2011
Profil statistique des jeunes
de moins de 25 ans résidant
en HLM à Montréal
Responsabilité scientifique : Xavier Leloup
Xavier.leloup@ucs.inrs.ca
Institut national de la recherche scientifique
Urbanisation, Culture et Société
Diffusion :
Institut national de la recherche scientifique
Urbanisation, Culture et Société
385, rue Sherbrooke Est
Montréal (Québec) H2X 1E3
Téléphone : (514) 499-4000
Télécopieur : (514) 499-4065
www.ucs.inrs.ca
Projet de recherche financé par l’Office municipal
d’habitation de Montréal
TABLE DES MATIÈRES
1.
INTRODUCTION ... 1
2.
SOURCES DE DONNEES... 1
3.
NOMBRE, AGE ET SEXE DES JEUNES RESIDANT EN HLM ... 3
4.
COMPOSITION DES MENAGES DANS LESQUELS LES JEUNES
VIVENT ... 4
5.
REGION D’ORIGINE DES ADULTES ET STATUT DE GENERATION
DES ENFANTS ... 7
6.
REVENU DES MENAGES ET CONTRIBUTION ECONOMIQUE DES
JEUNES ... 9
7.
SITUATION RESIDENTIELLE DES MENAGES ET DES JEUNES ... 13
8.
BIEN-ETRE DES ENFANTS DE MOINS DE DIX-HUIT ANS ... 15
9.
LES PLANS D’ENSEMBLE : DESCRIPTION A PARTIR DES DONNEES
DE RECENSEMENT ... 17
9.1 Les plans d’ensemble dans l’espace social montréalais : une description
cartographique ...20
9.2 L’insertion socio spatiale des plans d’ensemble : une brève description ...29
9.3 Annexe : profil des plans d’ensemble ...36
9.3.1
André-Grasset (1133) ... 36
9.3.2
Boyce-Viau (1040) ... 45
9.3.3
Dupéré (4007) ... 53
9.3.4
Marie-Victorin (1138) ... 62
9.3.5
Meunier-Tolhurst (1130) ... 70
9.3.6
Parc-Royal (1402) ... 83
9.3.7
Place Normandie (1152) ... 92
9.3.8
Saint-Michel Nord (1128)/Robert-Papin (3243) ... 101
9.3.9
Saint-Sulpice (1043) ... 115
9.3.10
Terrasse Coursol (1135)/Îlots Saint-Martin (1005) ... 124
9.3.11
Thomas-Chapais (1006) ... 138
LISTE DES TABLEAUX ET DES FIGURES
Tableau 1.
Nombre de jeunes selon l’âge et le sexe... 4
Tableau 2. Distribution des jeunes selon la composition du ménage ... 5
Tableau 3. Composition famili
ale selon l’âge des jeunes ... 6
Tableau 4. Lien de parenté des jeunes avec les adultes du ménage ... 7
Tableau 5.
Croisement entre les régions d’origine des répondants et de leurs conjoints ... 8
Tableau 6.
Distribution des jeunes selon l’âge et le statut de génération ... 9
Tableau 7. Contribution des jeunes au revenu du ménage ... 11
Tableau 8.
Proportion de la contribution des jeunes au revenu du ménage selon l’âge... 12
Tableau 9. Échelles de la qualité résidentielle ... 15
Tableau 10.
Liste des plans d’ensemble retenus pour l’analyse ... 18
Figure 1. Carte des revenus médians des ménages après impôt en 2005 ... 22
Figure 2. Carte des ménages ayant un revenu annuel après impôt inférieur à 20 000 $ ... 24
Figure 3.
Carte du taux d’emploi des femmes vivant dans des familles avec enfant en 2006 ... 26
Figure 4.
Carte du taux d’emploi des hommes vivant dans une famille avec enfant en 2006 ... 27
1. INTRODUCTION
Le logement social public de type HLM accueille une proportion importante de jeunes.
Cette proportion est particulièrement élevée dans les ensembles de logements sociaux
destinés aux familles. Ces ensembles se distinguent ainsi de l’espace urbain dans lequel
ils s’insèrent. On note en effet un déclin de la taille moyenne et du nombre moyen
d’enfants par ménage à Montréal dans le courant des dernières décennies.
Les jeunes qui vivent en HLM expérimentent également des réalités spécifiques liées
aux caractéristiques des milieux résidentiels et familiaux dans lesquels ils grandissent.
Le logement social accueille principalement des ménages dont les revenus sont faibles
ou modestes. Les jeunes y sont donc exposés à la précarité économique et à ses
conséquences sur le bien-être et la qualité de vie des familles.
Pour ces différentes raisons, l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM)
mène et soutient depuis de nombreuses années des interventions pour favoriser le
développement social et communautaire des jeunes qui résident dans ses logements. Le
présent profil statistique s’inscrit dans cette mission. Son objectif est de dresser un
portrait récent et fidèle des jeunes de moins 25 ans résidant actuellement dans le
logement social de type HLM sur l’île de Montréal.
2. SOURCES DE DONNÉES
Ce profil statistique repose sur quatre sources de données :
1. les données de gestion locative de l’OMHM pour décembre 2010;
2. les données d’une enquête par questionnaire menée auprès des familles avec
enfant logées en HLM à Montréal (enquête sur les familles vivant en HLM à
Montréal, Leloup et Gysler, 2009);
3. les données d’une enquête sur le bien-être et la santé des locataires du secteur
famille à Montréal (enquête sur le bien-être et la santé des résidents en HLM,
Morin et Leloup, 2010);
4. les données issues du recensement de 2006 pour les aires de diffusion où se
trouve localisé un plan d’ensemble en tout ou en partie.
La première source de données permet d’avoir accès à l’entièreté de la population ciblée
par le profil (à l’exception des habitations Jeanne-Mance qui n’ont pas été intégrées à la
base). Elle rend ainsi accessible une estimation exacte de la taille de la population des
jeunes de moins de 25 ans résidant en HLM à la fin 2010. L’étendue de la base est par
contre limitée en ce qui concerne les variables disponibles, puisqu’elle inclut
essentiellement des caractéristiques démographiques (sexe, âge, etc.), des descripteurs
de la situation familiale et des informations sur les revenus des ménages et des jeunes.
Même si elles sont limitées, les variables précédentes revêtent un certain intérêt, entre
autres en ce qui a trait à la contribution économique des jeunes.
La deuxième source de données provient d’une enquête par questionnaire conduite en
2008 afin de tracer un profil démographique des familles comptant au moins un enfant
résidant en HLM et de mieux saisir la place que ce type de logement social occupe dans
leur trajectoire résidentielle (Leloup et Gysler, 2009). Cette enquête était soutenue par
l’OMHM et le Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture (FQRSC).
Elle permet d’avoir accès à des données sociodémographiques complémentaires à celles
obtenues par l’entremise de la source de données précédentes, comme la durée de
résidence, le statut d’immigration ou le pays d’origine des résidents.
La troisième source de données est extraite d’une enquête ayant pour objectif d’évaluer
les impacts de la formule HLM sur la santé et le bien-être des familles qui y résident
(Morin et Leloup, 2010). Cette enquête a été soutenue par le FQRSC, l’OMHM en étant
un partenaire privilégié. Le questionnaire de l’enquête a permis de recueillir des
informations sur le bien-être des enfants résidant au sein des ménages interrogés. Ces
informations étaient recueillies de manière indirecte par l’entremise du répondant adulte
du ménage. Le recueil de l’information reposait sur différentes techniques développées
par d’autres enquêtes portant sur le bien-être et le développement des jeunes au sein du
milieu HLM ou des quartiers centraux des grandes villes (Furstenberg, et al., 1999;
Popkin, et al., 2002). Les données seront mobilisées ici pour fournir des indications sur
le bien-être des jeunes résidant en HLM.
La quatrième et dernière source de données est constituée par le dernier recensement
disponible, celui de 2006. Il servira ici à qualifier les HLM en tant que milieux de vie.
Pour ce faire, la méthode retenue s’inspire d’un travail similaire accompli à Toronto au
début des années 1990 (Murdie, 1994). Elle repose sur l’exploitation des données à
l’échelle des aires de diffusion (AD). Les AD sont les plus petites unités territoriales
disponibles pour le recensement. Elles correspondent en général à un ou plusieurs îlots
contigus et regroupant en moyenne 584 personnes sur l’île de Montréal. Étant donné
leur taille réduite, certaines d’entre elles correspondent à des espaces où les HLM
constituent l’entièreté ou une large proportion des logements. Il est dès lors possible de
tracer un portrait de ces AD pour identifier quelques caractéristiques du milieu dans
lequel les jeunes résidant en HLM évoluent. La méthode retenue pour exploiter ces
données est détaillée dans la section du rapport qui leur est consacrée.
Dans les sources de données précédentes, la catégorie « jeunes » recouvre une acception
large et une étendue variable en ce qui a trait à l’âge. Ainsi, les première et seconde
sources de données fournissent des informations sur les jeunes âgés de 25 ans et moins,
alors que la troisième porte uniquement sur les jeunes de moins de 18 ans. La quatrième
et dernière source permet plutôt d’avoir accès à des données sur l’ensemble de la
population avec parfois des variables déclinées pour des sous-populations, par exemple,
la population des moins de 15 ans.
Partout où cela était possible, il a été jugé opportun de différencier les jeunes selon
quatre groupes d’âge : les moins de 6 ans, les 6 à 12 ans, les 13 à 18 ans et les 19 à 25
ans. Cette subdivision par âge a été retenue parce qu’elle correspondait à des âges
scolaires particuliers ou à des étapes marquantes dans le cycle de vie, comme
l’accession à la majorité.
3. NOMBRE, ÂGE ET SEXE DES JEUNES RÉSIDANT EN HLM
Selon les données administratives, il y avait 11 959 jeunes de 25 ans et moins qui
résidaient en HLM en décembre 2010. En ce qui a trait à l’âge, 17,9% d’entre eux
avaient moins de 6 ans, 31,1% entre 6 et 12 ans, 29,3% entre 13 et 18 ans et 21,6%
entre 19 et 25 ans. Pour chaque groupe d’âge, il y avait environ autant de filles que de
garçons (voir Tableau 1).
Tableau 1.
Nombre de jeunes selon l’âge et le sexe
Sexe
Total Féminin Masculin
Catégorie d'âge Moins de 6 ans Effectif 1046 1100 2146
% en ligne 48,7% 51,3% 100,0%
% en colonne 17,9% 18,0% 17,9%
Entre 6 et 12 ans Effectif 1857 1868 3725
% en ligne 49,9% 50,1% 100,0%
% en colonne 31,7% 30,6% 31,1%
Entre 13 et 18 ans Effectif 1702 1799 3501
% en ligne 48,6% 51,4% 100,0%
% en colonne 29,1% 29,5% 29,3%
Entre 19 et 25 ans Effectif 1246 1341 2587
% en ligne 48,2% 51,8% 100,0%
% en colonne 21,3% 22,0% 21,6%
Total Effectif 5851 6108 11959
% en ligne 48,9% 51,1% 100,0%
% en colonne 100,0% 100,0% 100,0%
Source : données de gestion locative, OMHM, décembre 2010.
4. COMPOSITION DES MÉNAGES DANS LESQUELS LES JEUNES
VIVENT
Selon les données administratives, parmi les 11 959 jeunes de 25 ans et moins résidant
en HLM, 8,8% vivent dans un ménage composé d’un adulte et d’un enfant, 12,0% d’un
adulte et deux enfants, 20,7% d’un adulte et d’au moins trois enfants, 8,6% d’au moins
deux adultes et un enfant et 45,4% d’au moins deux adultes et au moins deux enfants.
En plus des compositions familiales précédentes, on note que moins d’un pour cent des
jeunes de 25 ans et moins vivent seuls. Il en va de même pour ceux qui composent un
ménage de deux adultes conjoints, alors que 2,1% d’entre eux vivent dans un ménage de
deux adultes non conjoints et 1,8% dans un ménage de plus de deux adultes non
conjoints (voir Tableau 2).
Tableau 2. Distribution des jeunes selon la composition du ménage
Nombre de jeunes
Composition familiale Effectif %
1 adulte/1 enfant 1054 8,80%
1 adulte/2 enfants 1440 12,00%
1 adulte/au moins 3 enfants 2479 20,70%
1 adulte seul 50 0,40%
2 adultes conjoints 5 0,00%
2 adultes non conjoints 252 2,10%
Au moins 2 adultes/au moins 2 enfants 5427 45,40%
Au moins 2 adultes/1 enfant 1032 8,60%
Plus de 2 adultes non conjoints 220 1,80%
Total 11959 100,00%
Source : données de gestion locative, OMHM, décembre 2010.
L’âge joue un rôle dans l’appartenance des jeunes à l’un ou l’autre des types précédents.
Les plus jeunes sont surreprésentés dans les compositions de ménage à caractère
familial, c’est-à-dire comptant un ou deux adultes et un ou plusieurs enfants. Les 18 ans
et plus sont également représentés dans ses formes de ménages, mais à titre d’enfant
majeur ou d’adulte. Les données administratives ne permettent cependant pas de
distinguer les ménages de deux adultes ou plus selon les liens de parenté qui unissent les
personnes à l’intérieur de ceux-ci (les adultes peuvent former un couple ou il peut s’agir
d’une mère ou d’un père et d’un de ses enfants âgés de 18 ans et plus). Par contre, les
jeunes de 18 ans et plus sont surreprésentés parmi les ménages composés d’un seul
adulte, de deux adultes conjoints ou non et des ménages de plus de deux adultes non
conjoints (il peut s’agir, par exemple, de colocataires, mais aussi d’un ou de deux
parents et de un ou deux de leurs enfants majeurs).
En ce qui a trait au nombre d’enfants par ménage, 14,3% des jeunes de 25 ans et moins
vivent dans un ménage où ils sont le seul enfant, 26,2% dans un ménage comptant deux
enfants, 27,4% dans un ménage de trois enfants, 17,7% dans un ménage en comptant
quatre et 15,5% dans un ménage en comptant cinq et plus. Le nombre maximum
d’enfants par ménage s’élève à onze d’après les données administratives. Un nombre
proche de celui obtenu par l’enquête sur le profil des familles avec enfants résidant en
HLM. Cette enquête avait interrogé un ménage comptant douze enfants (Leloup et
Gysler, 2009).
L’enquête que nous venons de citer adoptait cependant une définition du terme enfant
centré sur les liens de parenté et non sur le statut des personnes (majeur ou mineur
d’âge). Autrement dit, l’enquête prenait en compte les enfants en considération, quel
que soit leur âge. Dans ce rapport, nous traitons seulement des jeunes âgés de 25 ans et
moins. Les données de cette enquête rendent mieux compte de la situation familiale des
jeunes qui vivent dans un ménage familial. Il apparaît ainsi que 51,9% des jeunes de 25
ans et moins vivent dans une famille monoparentale, 44,2% dans un ménage composé
d’un couple et 3,9% dans un ménage multifamilial. La distribution de ces compositions
familiales évolue en fonction de l’âge du jeune. Les moins de 6 ans ont plus de chance
de vivre dans un ménage composé d’un couple (61,7%), alors que dès la catégorie d’âge
suivante, les 6-12 ans, cette proportion est plus faible (47,5%). Ce sont les jeunes âgés
de plus de 12 ans et de 19 ans et plus qui vivent le plus dans des familles
monoparentales (respectivement 56,8% des 12-18 ans et 59,2% des 19-25).
Tableau 3.
Composition familiale selon l’âge des jeunes
Composition familiale Total Famille monoparentale Couple Ménage multifamilial Groupe d'âge Moins de 6 ans Effectif 33 58 3 94 % en ligne 35,1% 61,7% 3,2% 100,0% % en colonne 8,6% 18,0% 10,7% 12,8% Entre 6 et 12 ans Effectif 109 105 7 221 % en ligne 49,3% 47,5% 3,2% 100,0% % en colonne 28,5% 32,6% 25,0% 30,2% Entre 13 et 18 ans Effectif 154 106 11 271 % en ligne 56,8% 39,1% 4,1% 100,0% % en colonne 40,2% 32,9% 39,3% 37,0% Entre 19 et 25 ans Effectif 87 53 7 147 % en ligne 59,2% 36,1% 4,8% 100,0% % en colonne 22,7% 16,5% 25,0% 20,1% Total Effectif 383 322 28 733 % en ligne 52,3% 43,9% 3,8% 100,0% % en colonne 100,0% 100,0% 100,0% 100,0%
Les liens de parenté à l’intérieur de ces ménages peuvent aussi être variables. Ainsi,
41,6% des jeunes de 25 ans et moins qui résident dans un ménage familial vivent avec
un ou leurs deux parents biologiques, alors que les autres vivent avec un seul parent
biologique et un adulte avec lequel ils ne sont pas apparentés (voir Tableau 4).
Tableau 4. Lien de parenté des jeunes avec les adultes du ménage
Effectifs %
Enfant du ou des adultes présents dans le ménage 305 41,6
Enfant du répondant, mais pas du conjoint 414 56,5
Enfant du conjoint, mais pas du répondant 14 1,9
Total 733 100,0
Source : enquête sur les familles vivant en HLM à Montréal, Leloup et Gysler, 2009.
5. RÉGION D’ORIGINE DES ADULTES ET STATUT DE GÉNÉRATION DES
ENFANTS
Une autre dimension à prendre en considération concerne le statut de génération des
jeunes qui résident en HLM. Celui-ci se décrit en fonction de leur lieu de naissance et
du lieu de naissance de leurs parents. Les jeunes de première génération sont ceux qui
sont nés à l’extérieur du Canada. Les jeunes de seconde génération sont ceux nés au
Canada et dont au moins un parent est né à l’extérieur du pays. Les jeunes de troisième
génération sont nés au Canada de parents eux-mêmes nés au Canada. Il est dès lors
aussi utile de connaître le lieu de naissance des adultes, quel que soit leur lien de parenté
avec le jeune.
L’enquête par questionnaire sur les familles avec enfants résidantes en HLM permet de
répondre à cette question (Leloup et Gysler, 2009). Il faut en effet noté que l’OMHM ne
recueille pas cette information de manière systématique auprès des personnes qui
introduisent une demande de logement. Le champ pays de naissance est intégré sur le
formulaire de demande, mais n’est pas obligatoire et ne concerne que le chef de
ménage. Les données recueillies manquent dès lors de fiabilité.
Les adultes qui composent les familles avec enfants résidantes en HLM sont pour un
tiers né au Canada, un quart y a immigré en provenance d’un pays caraïbéen, 15% en
provenance d’un pays de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, 11% d’un pays
d’Amérique Latine, 7% d’un pays d’Asie, 7% d’un pays de l’Afrique subsaharienne et
seulement 3% en provenance d’un pays de l’Europe de l’Est ou de l’Ouest.
Il est également intéressant de noter que lorsque l’on croise les données recueillies pour
les répondants et celles au sujet de leurs conjoints, il apparaît que les couples qui
résident en HLM sont fortement homogames en ce qui a trait au pays d’origine de leurs
membres. Autrement dit, la majorité des jeunes grandissent au sein de familles où s’il y
a un couple, les personnes qui le composent partagent presque toujours la même région
d’origine. Cette observation est valable aussi bien pour les Canadiens de naissance que
pour toutes les autres régions d’origine des adultes (voir Tableau 5).
Tableau 5.
Croisement entre les régions d’origine des répondants et de leurs conjoints
Région d'origine du conjointTota l Canad a Amériqu e latine Europ e de l'Est Caraïb e Afrique subsaharienn e Maghre b et Moyen-Orient Asi e Région d'origine des répondant s Canada 55 0 0 3 0 0 0 58 Amérique latine 0 39 0 2 0 0 0 41 Europe de l'Est 0 2 1 0 0 0 0 3 Caraïbe 0 0 0 57 0 0 0 57 Afrique subsaharienn e 0 0 5 0 34 0 0 39 Maghreb et Moyen-Orient 0 0 3 0 0 89 0 92 Asie 0 0 0 0 0 0 39 39 Total 55 41 9 62 34 89 39 329
Source : enquête sur les familles vivant en HLM à Montréal, Leloup et Gysler, 2009.
Étant donné la forte proportion des ménages d’origine immigrante, il n’est pas
surprenant de constater que 15,2% des jeunes de 25 ans et moins sont eux-mêmes des
immigrants (première génération), que 60,0% de ces jeunes ont au moins un parent né à
l’étranger (seconde génération) et que 24,8% d’entre eux sont nés au Canada de parents
nés au Canada (troisième génération). La proportion des jeunes de seconde génération
est la plus importante parmi ceux âgés de moins de six ans. Elle diminue d’un groupe
d’âge à l’autre pour atteindre 53,7% parmi les jeunes de 19 à 25 ans, ceux-ci sont par
contre en proportion plus souvent nés à l’extérieur du pays (30,6% d’entre eux ont le
statut de première génération).
Tableau 6.
Distribution des jeunes selon l’âge et le statut de génération
Statut générationnel du jeuneTotal Première génération Deuxième génération Troisième génération Groupe d'âge Moins de 6 ans Effectif 2 72 20 94 % en ligne 2,1% 76,6% 21,3% 100,0% % en colonne 1,8% 16,4% 11,0% 12,9% Entre 6 et 12 ans Effectif 11 150 59 220 % en ligne 5,0% 68,2% 26,8% 100,0% % en colonne 9,9% 34,2% 32,6% 30,1% Entre 13 et 18 ans Effectif 53 137 79 269 % en ligne 19,7% 50,9% 29,4% 100,0% % en colonne 47,7% 31,3% 43,6% 36,8% Entre 19 et 25 ans Effectif 45 79 23 147 % en ligne 30,6% 53,7% 15,6% 100,0% % en colonne 40,5% 18,0% 12,7% 20,1% Total Effectif 111 438 181 730 % en ligne 15,2% 60,0% 24,8% 100,0% % en colonne 100,0% 100,0% 100,0% 100,0%
Source : enquête sur les familles vivant en HLM à Montréal, Leloup et Gysler, 2009.
6. REVENU DES MÉNAGES ET CONTRIBUTION ÉCONOMIQUE DES
JEUNES
Un autre aspect important de l’expérience des jeunes est la situation socioéconomique
des ménages dans lesquels ils résident. Les jeunes qui y résident sont plus susceptibles
d’y être confrontés à des situations économiques difficiles.
Ainsi, dans l’enquête sur les familles avec enfants résidantes en HLM à Montréal, il a
été possible d’estimer que 91% des familles monoparentales vivaient avec des revenus
qui les situaient sous le seuil de faible revenu tel que défini par Statistique Canada.
Cette proportion était quasi identique pour les couples. Seuls les ménages
multifamiliaux semblaient mieux s’en sortir financièrement, puisqu’aucun de ceux
enquêté avaient des revenus qui les situaient sous le seuil de faible revenu. Il s’agit
toutefois de noter que le nombre d’observations pour cette dernière catégorie de
ménages était réduit et que les risques d’erreur d’échantillonnage sont donc plus élevés.
La relative faiblesse des revenus des ménages qui résident en HLM se traduit par des
difficultés à faire face aux obligations financières. Dans l’enquête que nous venons de
citer, il était demandé aux répondants de préciser si, dans les douze derniers mois, les
revenus du ménage avaient été insuffisamment élevés pour lui permettre de couvrir
l’ensemble de ses dépenses courantes. Huit répondants sur dix ont répondu par
l’affirmative à cette question. Les difficultés se classaient, par ordre décroissant, de la
manière suivante : des difficultés à payer l’épicerie (71%), les factures courantes (67%),
des activités personnelles ou de loisir (66%), des activités liées à l’école et aux enfants
(52%) et, finalement, le loyer (38%).
La précarité relative des ménages résidant en HLM provient en partie de leur situation
d’emploi. En effet, peu d’entre eux ont pour principale source de revenus le travail
salarié ou autonome. Dans l’enquête sur les familles avec enfants résidantes en HLM,
26,4% des répondants occupent un emploi ou travail à leur propre compte, 58,6%
bénéficient du Régime de soutien du revenu (auparavant « aide sociale » ou « bien-être
social ») et 4,6% de l’assurance-emploi. Les autres revenus proviennent en majorité
d’un ensemble disparate de programmes sociaux, tels que l’aide à l’emploi, des
pensions de vieillesse de régime public, les allocations familiales ou les prestations de
Société de l’assurance automobile du Québec. Enfin, des revenus proviennent aussi de
sources privées, comme dans le cas des prestations de retraite versées par une entreprise
ou des pensions alimentaires versées par un conjoint.
Le même portrait se dégage des données administratives sur les jeunes de moins de 25
ans résidant en HLM : 33,6% de ces jeunes vivent dans un ménage où la principale
source de revenus du chef de ménage est le Régime de soutien du revenu sans contrainte
à l’emploi, 23,5% dans un ménage où la principale source de revenus du chef de
ménage est le Régime de soutien du revenu avec contraintes à l’emploi et 5,7% dans un
ménage dont le Régime de soutien du revenu avec contraintes sévères à l’emploi est la
principale source de revenus. C’est donc au total près sept jeunes sur dix qui vivent dans
un ménage pour lequel la principale source de revenus est constituée du Régime de
soutien du revenu. Pour le reste, on notera que 21,7% des jeunes vivent dans un ménage
où la principale source de revenus provient d’un travail salarié, les autres catégories de
revenu comptant chacune pour moins de 2% de l’ensemble des jeunes.
Les niveaux de revenu des ménages dans lesquels les jeunes vivent traduisent également
la faiblesse de l’insertion professionnelle des soutiens de ménage. À partir des données
administratives, il est possible de constater que 27,5% des jeunes de moins de 25 ans
sont membres d’un ménage dont les revenus sont inférieurs à 10 000 $, 73,1% dans un
ménage dont les revenus sont inférieurs à 19 999 $ et 87,3% dans un ménage dont les
revenus sont inférieurs à 29 999 $. La propension à vivre dans un ménage dont les
revenus sont relativement faibles est inversement reliée à l’âge du jeune. Les jeunes
âgés de moins de dix-huit ans sont en proportion deux fois plus nombreux à vivre dans
un ménage dont les revenus sont inférieurs à 10 000 $ comparativement à ceux âgés de
dix-huit ans et plus.
Cet écart relatif entre la situation des jeunes de moins de dix-huit ans et celle de ceux de
dix-huit ans et plus peut s’expliquer par plusieurs éléments. Il est ainsi possible que la
disponibilité des parents à occuper un emploi s’accroisse avec l’âge des enfants et leur
autonomisation progressive. Un autre élément qui peut entrer en ligne de compte et sur
lequel les données administratives fournissent de l’information est la contribution
économique des jeunes eux-mêmes au budget des ménages. Ainsi, environ 10% (1184
en chiffre absolu) des jeunes de moins de 25 ans qui résident en HLM contribuent au
revenu de leur ménage. Parmi ceux-ci, près de 40% ont une contribution qui n’excède
pas les 1000 $, 26,2% ont une contribution qui se situe entre 1000 $ et 5999 $ et, enfin,
34,4 % ont une contribution qui excède 6000 $ (voir Tableau 7).
Tableau 7. Contribution des jeunes au revenu du ménage
Effectifs %
% (total = jeunes ayant
une contribution) % cumulé
Moins de 1000$ 468 3,9 39,5 39,5 Entre 1000 et 1999$ 54 ,5 4,6 44,1 Entre 2000 et 2999$ 58 ,5 4,9 49,0 Entre 3000 et 3999$ 95 ,8 8,0 57,0 Entre 4000 et 4999$ 35 ,3 3,0 60,0 Entre 5000 et 5999$ 67 ,6 5,7 65,6 Entre 6000 et 6999$ 139 1,2 11,7 77,4 Entre 7000 et 7999$ 80 ,7 6,8 84,1 Entre 8000 et 8999$ 53 ,4 4,5 88,6 Entre 9000 et 9999$ 9 ,1 ,8 89,4 Plus de 10000$ 126 1,1 10,6 100,0
Total (jeunes ayant une contribution)
1184 9,9 100,0
Sans contribution 10775 90,1
Total 11959 100,0
La part relative de la contribution économique des jeunes de moins de 25 ans au revenu
du ménage est variable. Il apparaît ainsi que 44,5% des jeunes contribuent à
concurrence de moins de 10% du revenu familial, 11,6% des jeunes de 10% à 19,99%,
10,0% de 20% à 29,99%, 12,3% de 30% à 39,99%, 8,2% de 40% à 49,99% et, enfin,
13,4% à plus de 50% (voir Tableau 8). Autrement dit, un nombre appréciable de jeunes
contribuent de manière significative aux revenus des ménages résidant en HLM. La
contribution économique des jeunes est liée, tant en termes absolus que relatifs, à l’âge
des jeunes. C’est en effet les jeunes de la dernière catégorie d’âge, ceux de plus de
dix-huit ans, qui contribuent le plus au revenu du ménage. Sur les 1184 jeunes pour lesquels
les données administratives enregistrent un revenu, 86% ont dix-huit ans et plus. Les
jeunes âgés de treize à dix-huit ans représentent la seconde catégorie en importance
(12%) et les plus jeunes comptent pour le solde restant. Les sources de revenus des
jeunes varient également en fonction de leur âge. Les plus jeunes peuvent bénéficier de
maigres revenus de placement, par exemple, alors que pour les plus âgés les revenus
proviennent presque systématiquement d’un travail salarié.
Tableau 8. Proportion de la contribution des jeunes au revenu
du ménage selon l’âge
Proportion de la contribution du jeune au revenu duménage (catégorie) Total Moins de 10% Entre 10 et 19,99% Entre 20 et 29,99% Entre 30 et 39,99% Entre 40 et 49,99% Plus de 50% Groupe d'âge Moins de 6 ans Effectif 19 0 0 0 0 0 19 % colonne 3,6% ,0% ,0% ,0% ,0% ,0% 1,6% Entre 6 et 12 ans Effectif 7 0 0 0 0 0 7 % colonne 1,3% ,0% ,0% ,0% ,0% ,0% ,6% Entre 13 et 18 ans Effectif 113 9 4 2 1 2 131 % colonne 21,6% 6,6% 3,4% 1,4% 1,0% 1,3% 11,1% Entre 19 et 25 ans Effectif 384 127 114 143 96 155 1019 % colonne 73,4% 93,4% 96,6% 98,6% 99,0% 98,7% 86,6% Total Effectif 523 136 118 145 97 157 1176 % colonne 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% Source : données de gestion locative, OMHM, décembre 2010.
7. SITUATION RÉSIDENTIELLE DES MÉNAGES ET DES JEUNES
L’enquête auprès des familles avec enfants résidant en HLM à Montréal permet de
connaître la durée de résidence dans le logement social des jeunes âgés de 25 ans et
moins (Leloup et Gysler, 2009). En moyenne, ils y résident depuis neuf ans. La durée de
résidence varie en fonction de l’âge, les deux ayant tendance à s’allonger avec l’avancée
en âge des jeunes. Inversement, une large proportion des jeunes ont passé la moitié ou
plus de la moitié de leur existence dans le logement social public.
L’enquête citée questionnait également les répondants sur les raisons qui les ont
motivés à introduire une demande de logement auprès de l’OMHM. Les principales
raisons avancées étaient le coût abordable du logement (91,1% des répondants), la taille
du logement mieux adaptée aux besoins de la famille (41,8%), l’état décent du logement
(23,0%), une autre raison (7,8%) et la proximité de membres de la famille ou d’amis
(2,8%). Les motivations sous-jacentes à l’accession au logement social public sont donc
surtout orientées par la faiblesse des revenus et la précarité vécue par ces familles sur le
marché du logement.
En lien avec la qualité du logement, il est bon de noter qu’un peu plus de la moitié des
répondants à l’enquête précédente considéraient que la qualité de logement à laquelle ils
avaient accès dans les HLM était supérieure à celle qu’ils expérimentaient dans le
dernier logement occupé avant leur entrée en HLM. Un autre élément qui peut affecter
la qualité de vie des personnes est le niveau d’occupation d’un logement. Les situations
de surpeuplement peuvent avoir un effet négatif, entre autres sur les jeunes, en limitant
l’espace disponible pour chaque membre du ménage et en rendant plus difficile la
réalisation de certaines activités, en particulier celles qui demandent du calme, comme
l’étude et les devoirs scolaires. Pour fournir un aperçu de la situation des jeunes par
rapport au surpeuplement, un indice a été construit à partir du nombre de chambres
disponibles dans le logement et le nombre total d’enfants au sein du ménage plus un, ce
dernier chiffre correspondant à l’adulte ou au couple présent dans le ménage. L’indice
se calcule comme le rapport entre le nombre de chambres dont un ménage à besoin en
attribuant une chambre par enfant et une pour l’adulte ou le couple présent dans le
ménage et le nombre total de chambres disponibles dans le ménage. Les résultats de
l’enquête indiquent que 6% des ménages interrogés se situent sous la situation optimale
de l’indice, laquelle correspond à l’unité (une chambre par enfant et pour les adultes),
31% se situent à l’unité, 66% se situent au-dessus de l’unité, mais en dessous de deux,
et le reste au-dessus de deux.
Les HLM constituent enfin, comme tout autre ensemble résidentiel, un milieu de vie où
différentes dynamiques de voisinage peuvent émerger. Dans l’enquête sur les familles
résidant en HLM, il était demandé aux répondants de préciser s’ils fréquentaient des
voisins au moment de l’enquête, 43,3% d’entre eux ont répondu par l’affirmative. Parmi
ces répondants, plus de six personnes sur dix considéraient même au moins un voisin ou
une voisine fréquentée comme une personne proche, c’est-à-dire auprès de laquelle elle
est prête à se confier ou demander conseil. Sans forcément fréquenter les voisins, 42,2%
des répondants leur faisaient appel afin de leur demander une aide ponctuelle et 28,4%
afin de faire garder leurs enfants. L’engagement dans les activités associatives était
également mesuré, 40,1% des répondants déclaraient participer à des fêtes de quartier,
des activités de loisir ou aux activités d’un organisme communautaire, 33,3%
déclaraient s’impliquer en tant que bénévole lors de ces activités ou dans un organisme
communautaire et 21,6% déclaraient avoir participé à une réunion consacrée à la gestion
de l’ensemble résidentiel.
Sur le versant moins positif des dynamiques sociales, 38,7% des répondants à l’enquête
reconnaissaient qu’ils avaient été au moins une fois en conflit avec des voisins durant la
dernière année. La principale cause identifiée à ces conflits est liée aux enfants et aux
jeunes (51,4%), parce qu’ils génèrent du bruit, des désordres, qu’ils flânent ou trainent
dans les espaces communs. L’autre cause fréquemment citée est le bruit (43,1%), qu’il
se propage d’un appartement à l’autre ou qu’il provient des espaces communs. Une
proportion relative identique (35,6%) a été trouvée dans l’enquête sur le bien-être et la
santé des familles en HLM (Morin et Leloup, 2010).
Cette dernière enquête posait également une série de questions relatives à la qualité
perçue par les répondants de leur environnement résidentiel. Ces questions étaient
exprimées sous la forme de différentes échelles mises au point par d’autres études. Elles
s’exprimaient sous la forme d’échelle de satisfaction allant de 1 à 7 ou de 1 à 5. Pour en
faciliter la lecture, elles ont été standardisées sur 100 et présentées de manière
décroissante. Autrement dit, au plus le résultat est élevé, au plus la personne est
insatisfaite. Les échelles suivantes sont présentées ici : la satisfaction par rapport à
l’emplacement de l’ensemble résidentiel, la perception de la qualité de l’air environnant,
la satisfaction générale par rapport au logement, l’appréciation de l’environnement
social (il s’agit d’une échelle qui synthétise six questions sur l’entraide, l’entente et
l’échange de services à l’échelle du voisinage), la satisfaction à l’égard du voisinage (il
s’agit d’une échelle qui synthétise six questions sur la tranquillité, les conduites dans les
espaces communs et la propreté et l’entretien des abords de l’ensemble résidentiel) et la
perception de la sécurité dans le voisinage (il s’agit d’une échelle qui synthétise quatre
questions dans lesquelles le répondant est appelé à préciser s’il se sent ou non en
sécurité dans le voisinage lorsqu’il se retrouve dans différentes situations en soirée,
telles qu’attendre à un arrêt d’autobus ou se promener dans les espaces communs).
Tableau 9. Échelles de la qualité résidentielle
Effectif Moyenne Écart type
Satisfaction par rapport à la localisation de l’immeuble
323 29,10 30,74
Qualité de l’air environnant 315 32,43 30,10
Qualité de l’environnement physique 323 31,22 27,60
Satisfaction générale par rapport au logement
320 29,53 28,98
Qualité de l’environnement social 320 56,33 27,55
Qualité du voisinage 270 41,20 23,33
Perception de la sécurité dans le voisinage
323 31,34 23,41
Source : enquête sur le bien-être et la santé des résidents en HLM, Morin et Leloup, 2010.
À la lecture des résultats, il semble que les personnes interrogées sont relativement
satisfaites de l’emplacement de leur résidence (moyenne de 29,1), de la qualité de l’air
environnant (moyenne de 32,4), de la qualité de leur logement (moyenne de 29,5) et de
la sécurité aux abords de leur logement (moyenne de 31,3). Les trois premières échelles
présentent néanmoins une forte variabilité dans les réponses obtenues, avec les écarts
types de celles-ci qui sont presque aussi élevés que les moyennes. Cette variation
s’explique en partie par le fait qu’un des quatre sites retenus pour cette enquête se situe
en bordure d’une importante infrastructure autoroutière, ce qui affecte négativement la
perception de la qualité de l’environnement des répondants de ce site. En revanche,
l’environnement social (moyenne de 56,3) et la qualité du voisinage (moyenne de 41,2)
sont plutôt jugés négativement par les répondants, traduisant un lien social plus fragile
que ce que le laissaient croire les résultats de l’enquête sur les familles avec enfants
résidantes en HLM.
8. BIEN-ÊTRE DES ENFANTS DE MOINS DE DIX-HUIT ANS
Dans l’enquête sur le bien-être et la santé (Morin et Leloup, 2010), les répondants ciblés
pouvaient être des adultes vivant dans une famille avec enfants ou des personnes seules.
Les résultats qui viennent d’être présentés dans la section précédente s’appliquent à ces
deux sous-échantillons. Un test de comparaison de moyenne pour ces différentes
échelles comparant les personnes seules aux familles avec enfants indique qu’il n’existe
pas de différences statistiquement significatives entre les deux groupes. Les jeunes
vivent donc dans des familles où les répondants interrogés qualifient leur
environnement résidentiel tel qu’il a été décrit dans la section précédente.
L’enquête visait aussi à recueillir des informations sur le bien-être des enfants de moins
de dix-huit ans qui vivaient avec les répondants au moment de l’enquête. Pour ce faire,
deux enfants étaient tirés au hasard parmi l’ensemble des enfants âgés de moins de
dix-huit ans. Le tirage au sort se faisait sur la base de la première lettre du prénom de
l’enfant. Les deux enfants dont la première lettre du prénom se rapprochait le plus de la
lettre « M » dans l’alphabet étaient sélectionnés. Une série de questions étaient posées
au sujet de ces deux enfants.
Deux ensembles de questions ciblaient la sécurité des enfants. Une première demandait
aux répondants d’apprécier, de manière générale comment ils évaluaient la sécurité de
leurs enfants lorsqu’ils jouent aux abords du logement. À nouveau, la réponse à cette
question a été standardisée sur 100 et la moyenne des réponses obtenues s’élève à 52,6.
Les autres questions portant sur la sécurité des enfants interrogeaient les répondants sur
des risques perçus ou non dans l’environnement, comme le risque de taxage et
d’intimidation, celui de voir des enfants ou des jeunes impliqués dans un accident de la
route ou le fait que les enfants ou les jeunes entrent en contact avec des personnes qui
vendent ou consomment des drogues. Comme il s’agissait de questions auxquelles les
répondants étaient appelés à répondre par oui ou non, ces réponses ont été synthétisées à
l’aide d’un indice qui les additionne, le maximum de l’indice se situe à cinq (le nombre
des questions posées). Les résultats indiquent que la moyenne de l’indice de risques se
situe à 3,84.
Un ensemble de questions visaient à mesurer le bien-être des jeunes en lien avec des
dimensions liées à son développement, tel que la bonne humeur du jeune, la perception
que les autres ont du jeune, l’aide et la coopération affichée par le jeune ou sa santé
générale. Au total, sept questions de ce type étaient posées. Elles ont été regroupées en
une seule échelle. La moyenne de cette échelle est de 29,2 (sur une échelle de 100).
Un autre ensemble de questions concernaient les éventuels problèmes de l’enfant en
relation avec le contexte scolaire ou de manière plus générale. Des questions étaient
ainsi posées sur l’entente avec les professeurs, l’obéissance de l’enfant à l’école, les
fréquentations du jeune, les comportements agressifs ou perturbateurs. Six questions de
ce type étaient posées. Elles ont été synthétisées dans une échelle de mesure des
difficultés de l’enfant. La moyenne de cette échelle se situe à 30,0 (sur une échelle de
100).
À partir des données précédentes, une comparaison de moyennes a été menée pour les
quatre échelles citées en fonction des trois groupes d’âge couverts par cette enquête (les
moins de 6 ans, les 6 à 12 ans et les 13 à 18 ans). Les résultats de ces analyses indiquent
qu’il n’existe pas de différence statistiquement significative de la moyenne entre les
trois groupes d’âge.
Le bien-être des jeunes semble en conclusion surtout marqué par des inquiétudes des
adultes quant à la sécurité des jeunes. Les niveaux observés des échelles de bien-être et
de difficultés associés aux enfants se situent plutôt à un niveau moyen (environ au tiers
de l’échelle). Ils traduisent donc une certaine faiblesse dans le bien-être global des
enfants qui résident en HLM. Il n’est toutefois pas possible d’associer des variations de
bien-être ou de difficultés vécues à l’âge des jeunes.
9.
LES PLANS D’ENSEMBLE : DESCRIPTION À PARTIR DES DONNÉES
DE RECENSEMENT
L’objectif de cette dernière partie du rapport est de fournir quelques indications sur les
plans d’ensemble en tant que milieu de vie. L’intérêt apporté aux plans d’ensemble
s’explique par le fait qu’une large proportion des logements HLM destinés aux familles
s’y trouve concentrée et que les jeunes y sont présents en grand nombre. Autrement dit,
décrire les plans d’ensemble, c’est aussi décrire le type de milieu de vie dans lequel une
majorité des jeunes évoluent lorsqu’ils résident en HLM.
Par plan d’ensemble, nous désignons une série d’ensembles résidentiels produits dans
les années 1970, dont la principale vocation est le logement social de type HLM, et qui
comptent de 150 à 300 logements organisés selon une implantation au sol particulière,
puisqu’au lieu d’être construits sur rue, comme la majorité des logements montréalais,
les immeubles qui les composent sont disposés selon un plan-masse qui les constitue en
îlot. Tournés vers l’intérieur, ces immeubles de quatre à cinq étages font partiellement
dos à la rue et sont reliés par des cours et des voies piétonnes intérieures. Enfin, ils sont
souvent bordés par un parc ou une infrastructure de transport qui accentue l’effet de
discontinuité qu’ils introduisent dans la trame urbaine (Leloup et Germain, 2008
:165-166).
À l’aide de cette définition, nous avons retenu quatorze habitations de l’OMHM. Ces
habitations sont reprises dans le Tableau 10. Afin de les localiser dans l’espace et de les
lier aux données de recensement, nous avons choisi d’utiliser l’échelle spatiale des aires
de diffusion (AD). Les AD sont des unités spatiales regroupant de 400 à 700 personnes.
Elles constituent la plus petite unité de diffusion pour laquelle Statistique Canada rend
disponible l’entièreté des données du recensement. Comme l’a montré Murdie (1994)
dans le cas de Toronto, elles permettent, étant donné leur taille réduite, d’isoler les plans
d’ensemble de grande dimension du reste de l’espace urbain. Montréal présente
toutefois une situation différente de celle qui prévaut à Toronto, puisque le logement
social y est moins concentré dans l’espace. Montréal compte de ce fait moins de plans
d’ensemble de grande taille et couvrant l’ensemble d’une AD. C’est pourquoi nous
présentons dans la dernière colonne du Tableau 10 un code qui indique si le plan
d’ensemble couvre complètement ou incomplètement l’AD dans laquelle il se situe. Sur
les quatorze plans d’ensemble retenus, six couvrent complètement une AD.
Tableau 10.
Liste des plans d’ensemble retenus pour l’analyse
Habitation AD Type de couverture
Ahuntsic - Cartierville Saint-Sulpice (1043) 24662615 T André-Grasset (1133) 24663251 I Meunier-Tolhurst (1130) 24660508 I Lachine Place Lachine (1038) 24663142 T
Mercier - Hochelaga - Maisonneuve
Boyce-Viau (1040) 24662057 T Thomas-Chapais (1006) 24660156 I Dupéré (1007) 24660153 I Montréal-Nord Place Normandie(1152) 24662813 I Rivière-des-Prairies - Pointe-aux-Trembles Marie-Victorin (1138) 24662884 I Saint-Laurent Parc-Royal (1402) 24660562 I
Sud-Ouest - Petite Bourgogne - Saint-Henri
Ilot St Martin (1005) 24661113 I
24661111 T Terrasse Coursol (1135) 24661112 I Villeray - Saint-Michel - Parc-Extension
Saint-Michel Nord (1128) 24660370 T
Robert Papin (3243) 24660373 T
Légende
Type de couverture: T Le plan d'ensemble couvre toute l'AD I Le plan d'ensemble couvre une partie de l'AD Source : OMHM, Le répertoire des habitations de l’OMHM au 30 novembre 2007 et Statistique Canada, profil géographique des unités spatiales du recensement, fichier des AD.
L’utilisation des AD permet d’avoir accès à un vaste ensemble de données fourni par le
recensement. Le dernier recensement date du printemps 2006 et le portrait qu’il permet
de tracer de la population montréalaise peut donc avoir évolué. On signalera, entre
autres, que le Québec a connu une augmentation significative de l’immigration durant
les dix dernières années et que la province a enregistré des flux annuels record à la fin
de la décennie 2000, lesquels se sont poursuivis au début de la décennie suivante. Or,
les immigrants s’installent principalement à Montréal et en particulier, au centre de la
région métropolitaine, c’est-à-dire sur l’île de Montréal
1. Les années intercensitaires ont
aussi été marquées par une hausse du prix des logements, en particulier sur le marché de
l’accession à la propriété. Les loyers ont aussi connu une hausse significative durant
cette période (SCHL/CMHC, 2010). Ces évolutions ont pu accentuer les difficultés des
ménages à faible revenu ou à revenu modeste à se trouver un logement adéquat à un
prix abordable. Enfin, les dynamiques sociodémographiques et résidentielles continuent
à être marquées par un déplacement de la population vers les banlieues. Ce mouvement
ne touche cependant pas la population de manière indistincte. Les catégories de
ménages qui se déplacent le plus vers les municipalités de banlieue sont principalement
celles issues de la classe moyenne et formées d’un couple et d’un ou plusieurs enfants.
À l’inverse, la Ville de Montréal maintient une croissance démographique faible
principalement alimentée par l’immigration. Elle attire également plus de ménages dont
les revenus se situent dans les catégories inférieures (Turcotte et Vézina, 2010).
Les remarques précédentes sont formulées à titre d’avertissement. Elles n’invalident pas
complètement le portrait qui va être donné des plans d’ensemble. Nous avons en effet
constaté plus haut que les ménages familiaux quittent peu le logement social de type
HLM et que la durée de résidence moyenne s’approche des dix ans. La structure
sociodémographique des quartiers évolue également lentement. Il est donc fort probable
que les tendances que nous observons à partir des données de 2006 soient encore
valables aujourd’hui, même si les chiffres absolus qui caractérisent les phénomènes ont
vraisemblablement évolué.
La description des plans d’ensemble à l’aide des AD poursuit deux objectifs. Le premier
est de les situer dans l’ensemble de la structure sociale de l’île de Montréal. Le second
est de saisir leur insertion sociale à une échelle plus fine.
Pour répondre au premier objectif, la prochaine section présente une série de cartes
thématiques sur laquelle sont identifiées les AD comptant un plan d’ensemble. Afin de
décrire la structure sociale de l’île de Montréal
2, le choix s’est porté sur un ensemble de
caractéristiques prises isolément. Il aurait été possible de reprendre des indicateurs
composites de la défavorisation, tels que ceux développés par Pampalon et Raymond et
1Les chiffres de l’immigration peuvent être consultés sur le site du ministère de l’Immigration et des communautés
culturelles (MICC) à l’adresse suivante : http://www.micc.gouv.qc.ca/fr/recherches-statistiques/stats-immigration-recente.html (page consultée le 8 mars 2011).
2 En plus de l’île de Montréal, les cartes reprennent les AD de l’île des Sœurs et de l’île-Bizard. Ces deux territoires ont
repris par de nombreux ministères et agences, par exemple, par le Réseau de la santé et
des services sociaux (Pampalon et Raymond, 2000). D’autres recherches ont procédé de
la même manière pour décrire la défavorisation sociale à Montréal (Kitchen, 2001;
Langlois et Kitchen, 2001). Cette option n’a pas été retenue pour différentes raisons. En
premier lieu, de tels indices reposent le plus souvent sur des variables extraites du
recensement en les organisant en différents sous-ensembles censés représentés des
dimensions théoriques spécifiques de la défavorisation (Townsend, 1987). Par exemple,
l’indice Pampalon/Raymond distingue une dimension matérielle et une dimension
sociale à la défavorisation. Or, la seconde des deux dimensions est mesurée à travers
des variables du recensement, telles que le fait d’occuper seul un logement ou de
composer une famille monoparentale. L’idée sous-jacente est que les personnes seules
ou les mères ou pères qui vivent une situation de monoparentalité sont défavorisés
socialement parce qu’ils auraient moins accès à un réseau de relations susceptible de
leur fournir un support social. Pourtant, les travaux sur les personnes seules montrent
que leur situation est très variable et que bon nombre d’entre elles vivent seules par
choix, tout dépend en fait de leur statut socioéconomique et de leur trajectoire
personnelle (Kaufmann, 1994a, b, c). En second lieu, les indices composites développés
à partir des données de recensement se fondent sur des données agrégées spatialement.
Ils s’exposent ainsi à des comptages multiples de la population, puisqu’un même
individu se trouve représenté par plusieurs variables. Les indices composites au Québec
ont encore peu pris en compte cette question. Alors qu’elle a fait l’objet d’une
identification claire et d’une réflexion théorique poussée dans d’autres contextes,
comme au Royaume-Uni, où un indice composite a été développé avec pour objectif
d’identifier les territoires défavorisés à l’échelle du pays. La solution adoptée par les
concepteurs de l’indice de défavorisation britannique est d’en pondérer les différentes
sous-dimensions en fonction d’un schéma théorique construit à partir de la littérature
existante sur la pauvreté et ses expressions dans l’espace (DETR, 2000). Selon ce
schéma théorique, c’est la dimension matérielle qui apparaît comme la plus importante,
les autres dimensions prises en compte concernant la santé et l’accès au soin de santé, la
scolarité et l’accès à l’emploi, ou l’exposition à la délinquance et aux actes criminels.
À la suite des travaux britanniques, la description de la structure sociale de l’île de
Montréal insistera sur des variables liées au statut socioéconomique des individus et des
ménages.
9.1
Les plans d’ensemble dans l’espace social montréalais : une
description cartographique
La Figure 1 ci-dessous présente le revenu médian après impôt pour les ménages en
2005. Le revenu médian est celui qui divise les ménages en deux parts égales selon leur
revenu. Il est préférable d’utiliser cette statistique que la moyenne du revenu, laquelle a
tendance à être décalée vers les valeurs élevées de la distribution. Le revenu médian est
ici présenté pour chaque AD. À des fins de présentation, les AD sont classées en
fonction des déciles des ménages. Autrement dit, chaque classe compte 10% des
ménages. Concrètement, la carte se lit de la manière suivante : la première classe
comprend les 281 AD où le revenu médian s’échelonne de 0 $ à 23 000 $ et ces 281 AD
regroupent 10% du total des ménages, la classe suivante comprend les 295 AD où le
revenu médian s’échelonne de 23 000 $ à 27 000 $ et ces 295 AD regroupent à nouveau
10% des ménages, et ainsi de suite.
Les données de la Figure 1 corroborent des observations fréquemment formulées à
propos de la structure sociale de l’île de Montréal. Les revenus médians les plus élevés
se retrouvent dans les secteurs de l’ouest de l’île et dans différents quartiers autour du
Mont-Royal (Westmount et plusieurs secteurs d’Outremont et du Mile-End). À
l’opposé, le centre-ville (à l’exception du secteur du Vieux-Port) et le Sud-Ouest (à
l’exception de l’île des Sœurs et de quelques sous-secteurs de Verdun, LaSalle et
Lachine) présentent plus d’AD où les revenus médians se situent dans les catégories
intermédiaires ou faibles. Il en va de même pour une large portion du territoire du centre
(Plateau Mont-Royal, Mile-End, Parc-Extension, Petite-Patrie et Rosemont) et de l’est
de l’île (Hochelaga, Maisonneuve, Saint-Michel). Enfin, le nord-est de l’île présente une
situation mélangée, avec des secteurs où les revenus médians se situent à des échelons
moyens ou élevés et d’autres où ils sont plus faibles. C’est le cas pour certains secteurs
de Mercier, Montréal-Nord ou Rivière-des-Prairies/Pointe-aux-Trembles.
En ce qui concerne les plans d’ensemble, les quatorze retenus par l’analyse sont classés
dans la première catégorie de revenu, à l’exception de Marie-Victorin et de
Saint-Sulpice, lesquels partagent l’AD dans laquelle ils sont situés avec un cadre bâti qui
attire plus les ménages possédant des revenus moyens ou élevés. Ce constat valide les
observations faites précédemment à partir des données de gestion locative ou des
différentes enquêtes citées.
Pour affiner la description, la Figure 2 présente la carte des faibles revenus pour l’île de
Montréal. Par faible revenu, nous entendons ici les ménages dont le revenu annuel après
impôt en 2005 était inférieur à 20 000 $. Ce niveau de revenu a été retenu parce qu’il
correspond environ à la moitié du revenu médian observé pour l’île de Montréal. En
d’autres mots, environ un ménage sur quatre y vivait avec moins de 20 000 $ (revenu
annuel après impôt) en 2005. Cette mesure a été préférée à celles basées sur le seuil de
faible revenu, parce qu’elle s’applique aux ménages et non aux individus (les données
sur les ménages à faible revenu ne sont pas disponibles à l’échelle des AD). Elle se
réfère directement à la structure de revenu de chaque AD et permet donc de voir s’il
existe des disparités de revenu à l’intérieur d’une AD et s’il y a effectivement ou non
des ménages qui disposaient d’un revenu après impôt inférieur à 20 000 $ en 2005.
Sur les quatorze plans d’ensemble retenus, deux (Boyce-Viau et une partie des Îlots
Saint-Martin) se situent dans le dernier quartile des ménages pour lequel le taux de
ménages ayant des revenus inférieurs à 20 000 $ s’échelonne entre 33% et 84%. Pour
les autres plans d’ensemble, les AD où ils sont localisés comptent de 0 à 29% de
ménages dont les revenus après impôt étaient inférieurs à 20 000 $. Dans les AD où se
trouvent Dupéré et Marie-Victorin, aucun ménage de ce type n’a été recensé en 2006.
Les secteurs où se trouvent les plans d’ensemble André-Grasset, Place Normandie,
Terrasse Coursol et une partie des Îlots Saint-Martin en comptaient environ 15%; les
plans d’ensemble Saint-Sulpice et Place-Royal environ 20%; et finalement
Meunier-Tolhurst, Saint-Michel Nord, Robert-Papin et Thomas-Chapais autour de 28%.
Notons que pour le plan d’ensemble Place Lachine, les données ne sont pas disponibles.
En effet, au moment du recensement, des travaux majeurs y étaient en cours et le
nombre de ménages qui y résidaient était faible. Pour garantir la confidentialité des
répondants, Statistique Canada ne rend pas les données accessibles dans de telles
situations.
Les écarts de revenu peuvent s’expliquer par plusieurs facteurs. Le principal d’entre eux
concerne cependant l’insertion en emploi des individus. C’est pourquoi les Figures 3 et
4, présentées ci-dessous, reprennent le taux d’emploi des femmes et des hommes vivant
dans une famille avec enfant sur l’île de Montréal. Ces deux premières cartes sont à
mettre en parallèle avec celle de la Figure 5, laquelle présente la proportion des familles
monoparentales dans l’ensemble des familles. Il est en effet souvent plus difficile pour
un parent seul d’occuper un emploi, étant donné les contraintes qui pèsent sur son
emploi du temps. Dans l’enquête sur les familles vivant en HLM à Montréal, les auteurs
notent que l’effet de la monoparentalité peut se faire sentir de manière accrue sur les
adultes qui résident en HLM. En effet, ils détiennent souvent des diplômes ou des
qualifications qui leur permettent d’accéder à des emplois peu qualifiés et dont les
horaires sont souvent atypiques et peu compatibles avec une vie de famille (Leloup et
Gysler, 2009).
À la lecture des Figures 3 et 4, il apparaît clairement que les taux d’emploi, tant féminin
que masculin, sont faibles pour les AD où se trouvent localisés les plans d’ensemble
retenus. À l’inverse, la proportion de ménages comptant un seul parent y apparaît
supérieure. Ces observations confirment les travaux précédents sur le logement social
public et les populations qui y résident. Elles concordent avec les constats produits plus
haut à partir des données de gestion locative, lesquelles indiquaient la faible proportion
des ménages dont les revenus proviennent d’un emploi rémunéré.
Bien entendu, les cartes précédentes ne tracent qu’un portrait partiel de la
défavorisation. Elles paraissent cependant en reprendre un portrait fidèle et concordant
avec d’autres études (Apparicio, et al., 2007; Apparicio, et al., 2008). Elles permettent
aussi d’identifier que les plans d’ensemble correspondent bien à des espaces défavorisés
à l’échelle de l’île de Montréal, même s’ils sont loin d’être les seuls. La structure sociale
de l’île en présente en effet de nombreuses autres situées principalement dans les
quartiers Hochelaga, Maisonneuve, le Sud-Ouest, Parc-Extension, Côte-des-Neiges et
Montréal-Nord, ainsi que dans certains secteurs dispersés de l’ouest de l’île. Ces
secteurs sont eux-mêmes hétérogènes sur le plan des caractéristiques physiques du
logement, de leur insertion urbaine ou de leur mode d’occupation et de gestion (privé,
communautaire ou public). Les populations qui y résident sont souvent diversifiées,
avec des immigrants, des familles monoparentales ou formées d’un couple, des
personnes seules et des proportions variables de jeunes. La description fine de ces
quartiers dépasse cependant le mandat du présent profil. Dans sa dernière section, nous
allons plutôt nous concentrer sur la description des plans d’ensemble et nous intéresser à
leur insertion socio spatiale à l’échelle des micro territoires.
9.2 L’insertion socio spatiale des plans d’ensemble : une brève
description
À la suite de la description précédente, il apparaît intéressant d’essayer de préciser la
nature de l’insertion socio spatiale des plans d’ensemble à l’échelle de l’environnement
immédiat. En effet, une étude sur l’intervention auprès des jeunes et de leur famille
avait noté la difficile coexistence entre des populations dont les niveaux de revenu les
éloignaient en ce qui a trait au style de vie (Germain et Leloup, 2006). L’étude
actualisait de la sorte un thème ancien de la sociologie des plans d’ensemble, laquelle a
montré depuis longtemps qu’il ne fallait pas confondre deux types très différents de
proximité : la proximité spatiale et la proximité sociale (Chamboredon et Lemaire,
1970). En un mot, ce n’est pas parce que les plans d’ensemble sont bien insérés dans
l’espace géographique montréalais qu’ils le sont dans son espace social.
Pour évaluer l’insertion socio spatiale des plans d’ensemble, la méthode retenue est
descriptive et se base sur un profil comparatif des AD. Pour chaque AD incluant un plan
d’ensemble, nous avons ainsi repris les AD avoisinantes, si elles présentaient une
continuité urbanistique
3. Ce choix s’est fait en accord avec les agents du développement
social à l’OMHM et en concordance avec les résultats de l’étude sur l’intervention
auprès des jeunes et de leur famille déjà citée (Germain et Leloup, 2006). Le « proche »
revêt une importance élevée pour les jeunes et en particulier, pour les enfants. Le
quartier par l’entremise des services et des écoles constitue en effet un espace important
de socialisation, même si son importance a tendance à s’affaiblir avec l’avancée en âge
des jeunes (Furstenberg, et al., 1999). À partir de l’AD incluant le plan d’ensemble et
celles l’entourant, un profil statistique a été produit à l’aide des données de
recensement.
Le profil statistique inclut un large éventail de variables portant sur l’âge des résidents,
la composition familiale et la taille du ménage, le type de logement, le mode
d’occupation, le nombre d’enfants, la compréhension des langues officielles,
l’immigration, le statut de minorité visible, la participation au marché du travail et les
revenus. Le recours à un nombre élevé de variables se justifie par le fait qu’elles
donnent accès à une information détaillée sur les AD comportant un plan d’ensemble et
qu’elles permettent de les comparer à leur environnement immédiat.
3Les AD comportant des espaces industriels ou institutionnels directement attenants aux plans d’ensemble n’ont pas
été retenues. C’est par exemple le cas pour le plan d’ensemble André-Grasset dont la limite nord-est borde l’avenue Papineau à la hauteur de l’ancienne carrière Miron convertie en site d’enfouissement à sa fermeture et actuellement en voie de réhabilitation en centre environnemental. L’identification des continuités et discontinuités urbanistiques s’est faite à partir de plans de Montréal et de photographies satellites.