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Le Baloutchistan, talon d'Achille de la République islamique d'Iran ?

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Le Baloutchistan, talon d’Achille de la République

islamique d’Iran ?

Fariba Adelkhah

To cite this version:

Fariba Adelkhah. Le Baloutchistan, talon d’Achille de la République islamique d’Iran ?. Sociétés politiques comparées, 2009, pp.1-2. �hal-01023642�

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n°14, avril 2009

Fariba Adelkhah Chercheur à SciencesPo-CERI

Le Baloutchistan, talon d’Achille de la République islamique d’Iran ?

Au sud-est du pays, le Sistan-Baloutchistan semble être le talon d’Achille de la République islamique d’Iran. Depuis 2006, le groupe armé de Jondollah y multiplie les attentats. Sa violence trahit le mal-être d’une région périphérique sous-développée dont la majorité de la population est sunnite, donc privée de certains droits civiques dans une République chiite. L’inquiétude porte sur ses éventuelles accointances avec la mouvance taleban et sur le soutien que lui apporterait l’Arabie saoudite, voire les Etats-Unis. Elle a aussi trait au risque d’extension de la rébellion des Baloutches pakistanais à l’Iran. Elle se nourrit de la mémoire des grandes révoltes de l’entre-deux-guerres ou des années 1970. Or le Sistan-Baloutchistan revêt une importance stratégique majeure en raison de sa proximité avec l’Afghanistan et le détroit d’Ormuz.

Mais sa réalité sociale ne se réduit pas à un simple problème de dissidence d’une minorité religieuse ou ethnique à l’encontre d’un pouvoir chiite. Le banditisme a toujours été endémique dans la province. Aujourd’hui, il est moins lié à une revendication politique qu’à un commerce florissant de narcotiques et d’êtres humains. Ensuite, l’adhésion des sunnites du Sistan-Baloutchistan aux enseignements deobandi du sous-continent indien ne doit pas prêter à confusion. Pour la plupart d’entre eux, ils se reconnaissent dans leur variante soufi, dont la religiosité est assez proche de celle du chiisme. Au quotidien, alliances matrimoniales et joint-ventures commerciales relativisent le clivage confessionnel.

Enfin, la géographie humaine du Sistan-Baloutchistan ne se ramène pas à une dichotomie, d’ordre ethnique ou religieux, entre le centre et une périphérie. Les Baloutches, pour l’essentiel sunnites, ne forment pas un ensemble homogène. La moitié d’entre eux vivent en ville, l’autre moitié en milieu rural. Ils sont divisés en tribus et clans rivaux. Surtout,

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Sociétés politiques comparées, n°14, avril 2009

http://www.fasopo.org

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l’ensemble baloutche comprend une catégorie servile à laquelle la République islamique a fourni des opportunités scolaires, administratives et politiques d’ascension, et même d’assimilation partielle à la culture persane.

Par ailleurs, les Baloutches ne représentent que trois quarts environ de la population de la province. Les Zaboli, en majorité chiites et persanophones, mieux formés, dominent l’administration de cette dernière. Les Birjandi y sont également influents. Des originaires de Kerman, de Yazd et, depuis le tremblement de terre de 2007, de Bam, ou encore des Azeri, turcophones, s’y sont installés à leur tour. La province accueille une forte immigration afghane. Elle vit en symbiose avec la diaspora baloutche en Asie du Sud et dans le Golfe.

Dans ce contexte, les Baloutches éprouvent une double frustration : à l’encontre du centre, comme habitants d’une province périphérique et comme minorité religieuse, mais aussi vis-à-vis d’autres groupes ethniques, en tant qu’autochtones défavorisés. Pour autant, ils ne sont pas hors République. Leur participation aux dernières élections a été égale, sinon supérieure, à la moyenne nationale. Si les hommes se plaignent de la discrimination que leur attire leur vêtement traditionnel, les femmes adoptent volontiers la mise citadine téhéranaise ou le chador noir chiite sur leur robe baloutche, qui font d’elles le symbole de l’intégration de la région à la République. L’ordre légal de cette dernière n’est pas sans avantages par rapport à la société tribale que domine encore la règle de la vendetta interfamiliale. La demande scolaire est forte et une élite baloutche instruite a émergé. Si le port de Chabahar ne peut rivaliser avec celui de Dubaï ni même celui de Bandar Abbas, la province n’en connaît pas moins un boom immobilier du fait des incitations fiscales, du commerce frontalier licite et illicite, de l’élevage de crevettes, de la pêche. Mais sa vraie richesse est sa vocation de trait d’union entre l’Asie centrale et le Golfe, et aussi entre l’Asie antérieure et le sous-continent indien. Une route que parcourent commerçants, trafiquants, pèlerins, étudiants, familles, migrants, et peut-être combattants comme l’assurait l’administration Bush.

Le Sistan-Baloutchistan connaît ses difficultés : la sècheresse, l’absence d’investissement industriel, le sentiment d’insécurité, le rationnement des carburants qui pénalise l’économie et encourage de multiples fraudes, la crise financière qui frappe Dubaï et risque de tarir les remises des émigrés. Il n’empêche qu’il joue la carte nationale plutôt que celle de la subversion. Que le chef de Jondollah appartienne à une grande famille dont certains membres sont des élus ou des fonctionnaires de la République, qu’il ait lui-même la réputation d’avoir servi dans ses services de renseignement suffit à illustrer l’ambivalence de la relation que la région entretient avec Téhéran. Le problème baloutche est moins ethnique ou confessionnel que politique.

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