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Les indicateurs de la R&D et l'innovation

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(1)

CAHIER DE RECHERCHE

2010-07

L

ES
INDICATEURS
DE
LA


R&D


ET
L

INNOVATION

Emilie‐Pauline
Gallié,
IMRI


Anne‐Laure
Farjaudon,
Dauphine
Recherches
en
Management


Catherine
Kuszla,
Dauphine
Recherches
en
Management

IMRI, Université Paris Dauphine, 75775 PARIS CEDEX 16 / Tel : 33.(0)1.44.05.42.92 - Fax : 33(0)1.44.05.48.49 site internet : http://www.imri.dauphine.fr

(2)






Les
indicateurs
de
la
R&D
et
l’innovation


Synthèse
bibliographique


16
juillet
2010


Emilie‐Pauline
Gallié,
IMRI
 Anne‐Laure
Farjaudon,
Dauphine
Recherches
en
Management
 Catherine
Kuszla,
Dauphine
Recherches
en
Management


(3)

Introduction


La
 mesure
 et
 le
 pilotage
 de
 la
 performance
 de
 la
 R&D
 sont
 des
 exercices
 dont
 plusieurs
 auteurs,
depuis
des
décennies,

ont
souligné
la
difficulté,
mais
sans
cesser
néanmoins
d’apporter
des
 éléments
 de
 réponse
 (Anthony,
 1965,
 Simons,
 1987,
 Davila,
 2000,
 David
 et
 Kuszla,
 2003,
 Bisbe
 et
 Otley,
2004).
Le
processus
de
recherche
possède
des
caractéristiques
propres
:
incertitude
quant
aux
 résultats,
 difficulté
 de
 mesure
 des
 résultats,
 caractère
 non
 répétitif
 des
 processus
 d’innovation,
 modélisation
 imparfaite
 des
 relations
 entre
 ressources
 disponibles
 et
 résultats
 obtenus.
 Ces
 particularités
 conduisent
 à
 développer
 des
 modes
 de
 contrôle
 qualifiés
 d’intuitifs
 par
 Hofstede
 (1981),
 et
 non
 des
 modes
 de
 contrôle
 fondés
 sur
 la
 mesure
 de
 résultats
 indiscutables.
 Un
 auteur
 comme
 Ouchi
 (1979)
 s’appuiera
 même
 sur
 l’analyse
 d’un
 laboratoire
 de
 recherche
 pour
 montrer
 qu’un
contrôle
par
le
clan
s’avère
plus
approprié
que
les
systèmes
d’évaluation
chiffrée
dans
le
cas
 de
 la
 R&D.
 Cooper,
 Hayes
 et
 Wolf
 (1981)
 expliqueront
 au
 contraire
 que
 l’usage
 de
 chiffres
 (les
 chiffres
 comptables
 dans
 leur
 cas)
 peut
 être
 utile
 pour
 favoriser
 la
 créativité
 dans
 des
 situations
 ambiguës,
notamment
parce
que
le
chiffre,
ou
la
mesure,
permet
le
dialogue.
Une
étude
plus
récente
 (Suomala
 et
 Jämsen,
 2003)
 portant
 sur
 les
 pratiques
 de
 pilotage
 de
 la
 performance
 R&D
 de
 350
 entreprises
constate
pourtant
encore
la
pauvreté
des
indicateurs
utilisés
dans
le
management
de
la
 recherche
 et
 milite
 pour
 saisir
 les
 systèmes
 d’innovation
 comme
 des
 systèmes
 complexes
 qui
 articulent
 en
 fait
 différentes
 visions
 de
 la
 performance
 (Katz
 2006).
 Et
 se
 pose
 alors
 la
 question
 suivante
:
 faut‐il
 imaginer
 un
 indicateur
 composite
 de
 l’innovation
 (Hollenstein,
 1996)
 ou
 faut‐il
 multiplier
les
indicateurs
(Hagedoorn
et
Cloodt,
2003)
?


Le
 problème
 du
 pilotage
 et
 de
 l’évaluation
 du
 processus
 de
 recherche
 et
 développement
 reste
 aujourd’hui
 posé,
 parce
 que
 ce
 processus,
 par
 les
 résultats
 qui
 en
 découlent,
 conditionne
 la
 réussite
 globale
 des
 entreprises
 et
 des
 économies
 plus
 généralement,
 particulièrement
 quand
 les
 environnements
 deviennent
 de
 plus
 en
 plus
 compétitifs
 et
 les
 ressources
 plus
 rares.
 La
 crise
 financière
 est
 d’ailleurs
 venue
 renforcer
 l’attention
 portée
 à
 la
 maîtrise
 du
 budget
 en
 
 matière
 de
 R&D.
 Selon
 une
 étude
 récente
 menée
 par
 PricewaterhouseCoopers
 parue
 en
 avril
 2010,
 56%
 des
 entreprises
affirment
que
la
crise
pourrait
avoir
des
répercussions
sur
leur
budget
de
R&D,
48%
sur
 les
effectifs
de
leur
activité
de
R&D
et
44%
sur
le
nombre
de
projets.
La
mesure
de
la
performance
de
 la
 R&D
 est
 apparue
 comme
 une
 véritable
 problématique
 de
 recherche
 depuis
 les
 années
 quatre‐ vingt‐dix
 (Kerssens‐van
 Drongelen
 et
 Cook,
 1997,
 Hauser,
 1998;
 Driva
 et
 Pawar,
 1999)
 justement
 parce
que
le
contexte
stratégique
s’est
tendu
en
raison
du
raccourcissement
des
cycles
de
vie
des
 produits,
 d’une
 concurrence
 renforcée,
 ou
 d’avancées
 technologiques.
 L’étude
 des
 différents
 indicateurs
de
la
R&D
et
de
l’innovation
utilisés
dans
la
littérature
fait
apparaître
que
ces
indicateurs
 peuvent
être
classés
en
trois
catégories
:
les
indicateurs
de
résultats
du
processus
d’innovation,
les
 indicateurs
d’impact
de
l’innovation
et
les
ressources
pour
innover.

 La
question
de
l’identification
des
résultats,
de
leur
volume
et
de
leur
pertinence
est
donc
un
 des
premiers
points
à
soulever
lors
de
la
recherche
d’indicateurs
de
pilotage
de
la
R&D,
ce
que
nous
 analyserons
dans
une
première
partie,
en
mettant
en
évidence
leurs
intérêts
et
leurs
limites.


Le
 processus
 d’innovation
 en
 R&D
 constitue
 la
 phase
 amont
 du
 processus
 de
 création
 de
 valeur
 d’une
 entreprise.
 Ses
 effets
 sont
 ressentis
 plus
 en
 aval
 dans
 l’entreprise
 et
 auprès
 de
 différentes
 parties
 prenantes,
 clients,
 actionnaires,
 voire
 concurrents
 ou
 plus
 généralement
 le
 système
 économique,
 social
 et
 sociétal.
 Certaines
 innovations
 majeures
 peuvent
 bouleverser
 des


(4)

sociétés
 par
 leurs
 implications.
 Les
 systèmes
 de
 contrôle
 ou
 de
 pilotage
 participent
 à
 la
 création
 d’avantages
compétitifs
qu’il
faut
pouvoir
identifier
(Simons,
1990).
Aussi
développerons‐nous
dans
 une
deuxième
partie
les
indicateurs
d’impact
les
plus
souvent
attribués
à
la
R&D.


Enfin,
 le
 processus
 d’obtention
 de
 résultats
 peut
 mobiliser
 des
 ressources
 considérables,
 ressources
dont
le
montant
monétaire
ou
le
volume
n’est
pas
nécessairement
corrélé
au
volume
de
 production
ou
à
la
qualité
de
la
recherche,
compte
tenu
de
l’incertitude
qui
pèse
sur
le
processus
 d’innovation,
mais
dont
plusieurs
auteurs
s’accordent
pour
souligner
l’importance
pour
la
réussite
du
 processus.
 Les
 indicateurs
 de
 ressources
 sont
 donc
 un
 élément
 à
 mettre
 en
 évidence,
 dans
 une
 troisième
 et
 dernière
 partie,
 d’autant
 plus
 si
 ces
 ressources
 deviennent
 rares
 et
 chères
 (coût
 du
 financement
par
exemple
ou
fuite
des
compétences).

 Nous
conclurons
sur
les
progrès
à
réaliser
en
matière
de
pilotage
du
processus
d’innovation.
 L’insuffisance
d’indicateurs
portant
sur
cette
étape
de
la
recherche
et
le
manque
d’articulation
entre
 les
ressources,
le
processus
et
les
résultats
obtenus
à
court
ou
moyen
terme
(Rycroft,
2003)
nous
 conduira
à
proposer
un
cadre
d’analyse
de
ce
processus,
à
discuter,
à
partir
duquel
il
sera
possible
de
 construire
des
indicateurs.
 
 


1. La
 variété
 et
 l’hétérogénéité
 des
 résultats
 du
 processus
 de
 R&D
 ou


d’innovation
:
comment
mesurer
le
visible
mais
aussi
l’invisible
?


Il
 existe
 trois
 principaux
 indicateurs
 pour
 mesurer
 les
 résultats
 tangibles
 de
 la
 R&D
 et
 de
 l’innovation
:
 les
 brevets,
 les
 publications
 et
 l’innovation.
 Certains
 appellent
 ces
 résultats
 des
 «
immediate
 ouputs
»
 et
 on
 y
 retrouve
:
 les
 publications
 dans
 les
 revues
 à
 comité
 de
 lecture,
 les
 rapports
techniques,
les
brevets
(Narin
et
al.
1987),
les
«
nouvelles
idées
»
et
«
amélioration
de
la
 compréhension
 des
 phénomènes
»
 avec
 toute
 la
 difficulté
 de
 définition
 que
 l’exercice
 comporte
 (Giesler,
 1994).
 Chiesa
 et
 al.
 (2009)
 ou
 Bremser
 et
 Barsky
 (2004)
 travaillant
 avec
 une
 démarche
 Balanced
Scorecard
y
ajoutent
le
nombre
de
produits
en
développement
ou
de
projets
en
cours,
le
 taux
 de
 transformation
 des
 projets
 de
 recherche
 en
 projet
 développement,
 le
 nombre
 de
 récompenses
scientifiques,
le
nombre
de
brevets
en
précisant
s’ils
sont
déjà
enregistrés
ou
s’ils
vont
 l’être,
la
longueur
moyenne
du
cycle
de
vie
des
produits,
le
nombre
de
suggestions
d’amélioration
 par
employé,
le
nombre
de
manuels
de
référence
livrés
…


L’ensemble
 de
 ces
 indicateurs
 découlant
 généralement
 des
 trois
 principaux,
 nous
 ne
 présentons
ici
que
les
avantages
et
les
limites
des
brevets,
des
publications
et
des
innovations.


(5)

1.1.
Les
brevets


Le
brevet
traduit
les
résultats
de
l’activité
d’invention.
Rappelons
qu’une
invention
devient
 une
innovation
lorsqu’elle
est
mise
sur
le
marché.



Les
comptages
des
brevets
capturent
un
résultat,
dans
la
mesure
où
le
brevet
montre
que
la
 recherche
 a
 abouti
 à
 une
 invention.
 De
 plus,
 les
 brevets
 tels
 qu’ils
 sont
 publiés
 par
 les
 offices
 nationaux
et
internationaux
de
brevets,
contiennent
une
information
extrêmement
riche
concernant
 la
 démarche
 qui
 a
 conduit
 à
 l’invention,
 les
 déposants,
 les
 inventeurs,
 les
 citations
 d’antériorité
 technologique.
 Il
 est
 également
 possible
 de
 disposer
 d’informations
 sur
 le
 type
 de
 technologie
 réalisée.
 Toutefois,
 si
 cette
 information
 est
 riche,
 le
 suivi
 systématique
 de
 l’activité
 d’invention
 de
 certains
 secteurs,
 concurrents…
 nécessite
 un
 traitement
 long
 et
 complexe
 qui
 a
 longtemps
 été
 difficilement
 automatisable,
 mais
 qui
 peut
 être
 utile
 dans
 une
 logique
 de
 suivi
 de
 l’activité
 de
 ses
 concurrents
 et
 de
 recherche
 de
 connaissances
 Le
 recensement
 des
 brevets
 en
 interne
 comme
 en
 externe
 peut
 donc
 permettre
 la
 constitution
 de
 base
 de
 connaissances,
 utile
 à
 l’utilisation
 dans
 le
 temps
des
connaissances
produites,
tout
en
luttant
contre
la
déperdition.


Aujourd’hui,
l’amélioration
des
capacités
de
traitement
des
logiciels
et
des
bases
de
données
 comme
QPAT,
AUREKA
ou
TREPAREL
permettent
des
suivis
en
tant
réels
et
des
traitements
associés
à
 l’analyse
de
brevets
très
pointus.
Ces
nouveaux
outils
sont
utilisés
aussi
bien
pour
de
la
détection,
du
 positionnement
 propre,
 des
 rachats,
 partenariats
 etc…
 
 Ils
 deviennent
 alors
 des
 outils
 d’aide
 à
 la
 décision
stratégique
pour
les
entreprises.




De
 nombreuses
 critiques
 s’élèvent
 contre
 l’utilisation
 des
 brevets
 comme
 mesure
 des
 connaissances.
La
principale
limite
réside
dans
le
fait
que
les
brevets
ne
constituent
qu’une
mesure
 partielle
des
connaissances
créées
(Griliches,
1990
;
Archibugi,
1992).
En
effet
:



‐ Le
brevet
mesure
les
connaissances
codifiables
alors
qu’une
grande
part
des
connaissances
 relève
 de
 l’incodifiable.
 Il
 serait
 donc
 nécessaire
 d’utiliser
 d’autres
 indicateurs
 afin
 de
 les
 prendre
en
compte.
La
mesure
des
connaissances
tacites
reste,
toutefois,
très
problématique
 car
 par
 définition,
 ces
 connaissances
 sont
 non‐exprimées
 et
 donc
 difficile
 à
 identifier.
 Il
 n’existe
pas
à
notre
connaissance
d’indicateurs
pertinents
à
ce
jour
dans
ce
domaine.

 ‐ Toutes
les
innovations
ne
sont
pas
brevetables.
Pour
être
brevetable,
outre
le
fait
qu'elle
doit
 être
une
"invention",
une
invention
doit
répondre
à
trois
critères
essentiels
(cf.
Wikipédia)
:
 o Elle
doit
être
nouvelle,
c'est‐à‐dire
que
rien
d'identique
n'a
jamais
été
accessible
à
la
 connaissance
du
public,
par
quelque
moyen
que
ce
soit
(écrit,
oral,
utilisation,
...),
où
 que
ce
soit,
quand
que
ce
soit.


o Sa
 conception
 doit
 être
 inventive,
 c'est‐à‐dire
 qu'elle
 ne
 peut
 pas
 découler
 de
 manière
 évidente
 de
 l'état
 de
 la
 technique,
 pour
 une
 personne
 connaissant
 le
 domaine
technique
concerné.


o Elle
doit
être
susceptible
d'une
application
industrielle,
c'est‐à‐dire
qu'elle
peut
être
 utilisée
 ou
 fabriquée
 de
 manière
 industrielle
 (ce
 qui
 exclut
 les
 œuvres
 d'art
 ou
 d'artisanat,
par
exemple).


(6)

o Une
 quatrième
 clause
 retient
 que
 la
 description
 complète
 de
 l'invention
 et
 de
 la
 manière
 de
 la
 reproduire
 doit
 être
 incluse
 dans
 le
 brevet,
 de
 manière
 à
 ce
 que
 le
 contenu
technique
soit
disponible
lors
de
la
publication
de
la
demande,
et
à
ce
qu'à
 l'expiration
 du
 brevet
 cette
 technologie
 soit
 effectivement
 disponible
 dans
 le
 domaine
public.


o En
 outre,
 certaines
 dispositions
 (qui
 peuvent
 différer
 selon
 les
 pays
 concernés)
 excluent
 purement
 et
 simplement
 de
 la
 brevetabilité
 certaines
 catégories
 d'inventions
 ou
 de
 créations
 intellectuelles,
 comme
 par
 exemple
 les
 théories
 scientifiques,
les
simples
découvertes,
les
inventions
contraires
à
l'ordre
public
et
aux
 bonnes
 mœurs
 (par
 exemple
 un
 nouveau
 type
 de
 lettre
 piégée),
 les
 méthodes
 thérapeutiques
(procédures
chirurgicales,
...)
ou
encore
(en
Europe
par
exemple)
les
 logiciels
en
tant
que
tels.
On
notera
que
ces
exclusions
sont
en
général
justifiées
par
 le
fait
que,
selon
la
phrase
consacrée,
"une
invention
est
une
solution
technique
à
un
 problème
 technique".
 Toutefois,
 il
 reste
 à
 définir
 à
 quoi
 correspond
 le
 terme
 "technique".


‐ Toutes
 les
 innovations
 ne
 sont
 pas
 brevetées.
 Les
 inventeurs
 peuvent
 avoir
 recours
 à
 des
 méthodes
alternatives
de
protection
comme
le
secret.
Selon
Duguet
et
Kabla
(1998),
seules
 30%
 des
 innovations
 sont
 brevetées
 en
 France.
 Une
 des
 principales
 raisons
 de
 ce
 faible
 pourcentage
 résulte
 de
 la
 volonté
 des
 firmes
 de
 conserver
 des
 informations
 qui
 sont
 largement
diffusées
dès
lors
qu’un
brevet
est
déposé.
Toutefois,
il
existe
de
fortes
variations
 entre
les
secteurs
en
raison
des
pratiques,
des
types
de
connaissances
produites
et
des
coûts
 d’imitation.
Ainsi,
si
les
coûts
d’imitation
sont
faibles
comme
dans
la
pharmacie,
les
firmes
 auront
 davantage
 recours
 aux
 brevets.
 La
 part
 des
 innovations
 non‐brevetées
 peut,
 alors,
 être
très
différente.


‐ A
 l’inverse,
 tous
 les
 brevets
 ne
 conduisent
 pas
 à
 une
 innovation.
 Dans
 le
 secteur
 de
 la
 biopharmacie,
 en
 particulier,
 tout
 brevet
 ne
 donne
 pas
 lieu
 à
 un
 nouveau
 médicament
 commercialisé.
En
effet,
le
brevet
porte
en
général
sur
une
molécule
qui
doit
passer
l’étape
 des
tests
pré‐cliniques
et
cliniques,
puis
obtenir
une
autorisation
de
mise
sur
le
marché.
En
 moyenne,
une
molécule
sur
cinq
mille
passerait
des
tests
pré‐cliniques
aux
tests
cliniques
et
 seulement
une
sur
cinq
serait
ensuite
approuvée
par
les
institutions
sanitaires
publiques.
 ‐ La
dimension
sectorielle
est
centrale
dans
l’analyse
des
brevets.
Certains
secteurs
brevètent


beaucoup,
 d’autres
 peu.
 De
 plus,
 chaque
 secteur
 présente
 de
 nombreuses
 spécificités
 qui
 peuvent
 modifier
 en
 profondeur
 l’utilisation
 des
 brevets.
 Par
 exemple,
 les
 différences
 de
 cycle
de
vie
des
innovations
conduit
à
des
délais
d’usages
différents.
La
mise
sur
le
marché
 du
 produit
 issu
 du
 brevet
 peut
 fortement
 varier
 entre
 quelques
 mois
 dans
 le
 secteur
 des
 technologies
de
l’information
et
de
la
communication
à
une
dizaine
d’années
en
pharmacie.

 Le
brevet
peut
relever
d’une
stratégie
offensive
permettant
d’éviter
que
les
concurrents
ne
 produisent
des
biens
et
services
dans
des
domaines
trop
proches
de
ceux
des
brevets
déposés
par
la
 firme.
Dans
ce
cas,
la
firme
a
pour
stratégie
de
déposer
plusieurs
brevets
très
proches.
Elle
dépose
de
 nombreuses
demandes
de
brevets
sur
des
variations
mineures
du
brevet
original.
Cette
pratique
est
 très
fréquente
dans
la
pharmacie.


(7)

Le
dépôt
de
brevet
peut
également
renforcer
la
stratégie
de
visibilité
de
la
firme
en
matière
 d’innovation
afin
d’apparaître
comme
un
partenaire
potentiel
actif.


Enfin,
 le
 coût
 du
 dépôt
 de
 brevet
 peut
 être
 source
 de
 biais
 puisqu’il
 est
 probable
 que
 les
 grandes
 entreprises
 seront
 plus
 en
 mesure
 de
 déposer
 que
 les
 petites
 structures.
 Le
 coût
 de
 la
 protection
intellectuelle
reste
de
toute
façon
toujours
une
barrière
financière
déterminante,
que
les
 entreprises
soient
petites
ou
grandes.
Ceci
explique
que
toutes
les
entreprises
ne
brevettent
pas
ou
 pas
autant
qu’elles
le
pourraient.
 
 Il
est
vrai
que
certaines
de
ces
limites
peuvent
être
atténuées
lorsque
le
dépôt
de
brevets
est
 un
indicateur
interne
de
la
firme
puisque
l’évaluateur
peut
connaître
la
stratégie
propre
à
chaque
 dépôt.
Il
est
néanmoins
nécessaire
de
les
garder
à
l’esprit
car
il
n’est
pas
certain,
selon
notamment
la
 position
 de
 l’évaluateur
 (audit
 du
 laboratoire,
 contrôle
 de
 gestion…)
 dans
 l’entreprise,
 qu’il
 ait
 conscience
de
tous
ces
enjeux.


Un
deuxième
type
de
critiques
est
relatif
à
la
qualité
et
la
valeur
des
brevets.
En
effet,
les
 brevets
 diffèrent
 fortement
 dans
 leur
 portée
 économique
 et
 technique
 (Griliches,
 1990).
 Ils
 sont
 donc
de
qualité
hétérogène.
Beaucoup
d’entre
eux
ne
reflètent
que
des
améliorations
mineures.
Or,
 aucun
document
n’indique
la
valeur
du
brevet.
Ceci
conduit
à
biaiser
les
résultats
puisque
dans
le
 comptage
des
brevets,
quelle
que
soit
leur
valeur,
ils
ont
généralement
tous
le
même
poids.



Les
 citations
 de
 brevets
 sont
 parfois
 utilisées
 pour
 établir
 la
 valeur
 relative
 de
 l’invention.
 Toutefois,

la
citation
peut
être
faite
tout
autant
par
l’inventeur,
que
son
avocat
ou
les
responsables
 (citations
de
l’examinateur)
de
l’office
des
brevets
sollicités.
Le
poids
de
la
citation
comme
indicateur
 de
 diffusion
 de
 la
 connaissance
 est
 donc
 relatif.
 L’amélioration
 des
 bases
 de
 données
 permettrait
 aujourd’hui
de
distinguer
les
citations
d’inventeurs
et
les
citations
de
déposants,
ce
qui
accroîtrait
la
 fiabilité
 de
 l’indicateur.
 Par
 ailleurs,
 l’analyse
 des
 citations
 doit
 se
 faire
 en
 supprimant
 les
 autocitations,
qui
ne
mesurent
pas
la
valeur
mais
au
mieux
la
circulation
des
connaissances.


Des
travaux
récents
proposent
différentes
méthodes
pour
évaluer
un
brevet
en
distinguant
 principalement
 la
 valeur
 financière
 et
 la
 valeur
 technique.
 
 Ces
 méthodes
 sont
 plus
 ou
 moins
 sophistiquées
et
reposent
sur
des
critères
très
différents
comme
les
coûts,
les
revenus,
les
conditions
 du
 marché,
 l’incertitude
 ou
 la
 diminution
 des
 risques.
 Ainsi,
 selon
 la
 méthode
 retenue,
 la
 valeur
 économique
du
brevet
est
variable
et
peut
correspondre,
par
exemple,
aux
investissements
réalisés
 par
 la
 firme
 pour
 développer
 une
 invention
 et
 la
 protéger
 ou
 encore
 aux
 redevances
 futures
 que
 l’innovation
générera
(Sincholle,
2009).
Toutefois,
ces
méthodes
nécessitent
généralement
un
recul
 temporel
important
pour
pouvoir
identifier
les
impacts
réels
du
brevet
(cf.
Partie
2).


Malgré
 ces
 critiques,
 un
 certain
 nombre
 de
 raisons
 conduisent
 à
 considérer
 les
 brevets
 comme
une
mesure
intéressante
des
connaissances
puisque
les
grandes
innovations
ont
toujours
été
 brevetées
(téléphone,
moteur
à
explosion
etc.,
à
l’exception
toutefois
des
ordinateurs).
L’indicateur
 peut
éventuellement
être
affiné
en
ne
comptabilisant
que
les
brevets
réellement
exploités.


(8)

1.2.
Les
publications


L’activité
de
recherche
peut
être
mesurée
par
les
publications
des
chercheurs.
Cet
indicateur
 reflète
 plutôt
 l’activité
 de
 la
 recherche
 publique,
 toutefois,
 dans
 certains
 secteurs,
 notamment
 de
 hautes
technologies,
les
chercheurs
privés
peuvent
être
de
plus
en
plus
incités
à
publier.



Comme
dans
le
cas
des
brevets,
la
question
de
la
valeur
de
la
publication
est
relative
car
le
 processus
 de
 publication,
 qui
 s’appuie
 sur
 des
 mécanismes
 de
 sélection
 par
 les
 pairs,
 n’est
 pas
 totalement
transparent.
Ainsi,
les
chances
de
publication,
à
qualité
égale,
peuvent
être
plus
élevées
 si
 le
 chercheur
 connaît
 l’éditeur
 de
 la
 revue
 dans
 laquelle
 il
 souhaite
 publier,
 s’il
 travaille
 sur
 un
 thème
 porteur,
 mais
 pas
 trop
 éloigné
 du
 main
 stream.
 Par
 ailleurs,
 certains
 types
 d’articles,
 notamment
 en
 raison
 des
 méthodologies
 utilisées,
 sont
 plus
 facilement
 publiables
 que
 d’autres.
 Enfin,
la
qualité
des
revues
dans
lesquels
les
résultats
de
recherche
sont
publiés
est
très
variable,
et
 doit
être
pris
en
compte
dans
l’évaluation
des
publications
(cf.
Littérature
sur
le
ranking
des
revues).
 
 Les
publications
mesurent
donc
également
une
partie
des
connaissances,
les
connaissances
 plutôt
amont
du
processus
de
R&D
et
innovation.
Les
stratégies
de
publication
se
décident
le
plus
 souvent
en
accord
avec
les
stratégies
de
dépôts
de
brevet.
 
 1.3.
Les
innovations


L’alternative
 classique
 aux
 brevets
 comme
 mesure
 de
 la
 création
 de
 connaissances
 est
 l’identification
 des
 produits
 innovants,
 ou
 plus
 largement
 des
 innovations.
 Certains
 auteurs
 par
 exemple
 préconisent
 de
 retenir
 les
 annonces
 de
 nouveaux
 produits
 réalisées
 auprès
 des
 revues
 commerciales
et
techniques
pour
mesurer
le
degré
d’innovation
des
sociétés,
en
particulier
le
degré
 d’innovation
 radicale
 (Coombs,
 Narandren
 et
 Richards,
 1996).
 La
 mise
 sur
 le
 marché
 apparaît
 à
 plusieurs
auteurs
comme
la
caractéristique
clé
du
«
résultat
»
de
la
recherche‐développement.
Pour
 eux,
 un
 nouveau
 produit
 n’est
 «
nouveau
»
 qu’une
 fois
 disponible
 sur
 le
 marché
 (Santarelli
 et
 Piergiovanni,
1996).


En
 théorie,
 il
 s’agit
 de
 l’indicateur
 le
 plus
 intéressant
 puisqu’il
 permet
 de
 mesurer
 exactement
ce
que
l’on
veut
étudier.
Toutefois,
cet
indicateur
est
confronté
à
un
certain
nombre
de
 critiques.



- La
 perception
 de
 l’innovation
 peut
 être
 relative.
 Certaines
 entreprises
 considèrent
 qu’elles
 n’innovent
 pas
 car
 elles
 ne
 font
 pas
 de
 R&D
 alors
 qu’une
 analyse
 de
 leur
 portefeuille
 de
 produits
souligne
l’importance
des
produits
nouveaux.
Il
peut
être
difficile
de
définir
ce
qui
 constitue
et
ce
qui
ne
constitue
pas
une
innovation.



- Toutefois,
au
sein
d’une
entreprise,
le
problème
peut
être
limité
en
adoptant
une
définition
 partagée
de
l’innovation.


- L’innovation
est
confrontée
à
la
même
critique
en
termes
de
valeur
que
le
brevet.
En
effet,
 pour
 que
 l’indicateur
 soit
 pertinent,
 il
 faut
 être
 en
 mesure
 de
 distinguer
 au
 moins
 les
 innovations
radicales
des
innovations
incrémentales.
Mais
il
est
en
réalité
nécessaire
d’aller
 plus
loin.
Les
indicateurs
d’impacts
de
l’innovation
visent
à
combler
cette
lacune
(cf.
Partie
 2.).


(9)

- Les
innovations
de
procédé
sont
généralement
sous‐estimées
ou
non
valorisées.
 


La
 distinction
 entre
 innovations
 radicales
 et
 innovations
 incrémentale
 permet
 d’affiner
 le
 raisonnement.
 Toutefois,
 une
 telle
 approche
 nécessite
 d’avoir
 le
 recul
 historique
 nécessaire
 pour
 identifier
les
produits
innovants
qui
ont
réellement
influencés
l’économie.


***


Pour
 conclure,
 la
 comparaison
 de
 ces
 trois
 indicateurs
 montre
 qu’ils
 sont
 davantage
 complémentaires
 que
 substituables
 puisqu’ils
 ne
 mesurent
 pas
 l’activité
 d’innovation
 au
 même
 niveau
 du
 processus.
 En
 effet,
 les
 publications
 mesurent
 l’activité
 de
 recherche,
 les
 brevets
 les
 inventions,
 et
 les
 innovations,
 les
 nouveaux
 biens
 et
 services
 commercialisables.
 Toutefois,
 les
 données
sur
les
innovations
et
celles
sur
les
brevets
lorsqu’elles
sont
utilisées
comme
indicateurs
de
 l’innovation

à
un
niveau
agrégé
pour
des
études
économétriques,
conduisent
généralement
à
des
 résultats
similaires.
Ces
données
malgré
leurs
limites
et
leurs
différences
refléteraient
donc
bien
un
 même
phénomène.



Par
 ailleurs,
 la
 distinction
 entre
 brevet
 et
 innovation
 peut
 toutefois
 parfois
 permettre
 de
 mieux
 prendre
 en
 compte
 l’activité
 de
 R&D.
 En
 effet,
 dans
 certains
 secteurs,
 comme
 les
 biotechnologies,
 le
 choix
 de
 l’utilisation
 des
 brevets
 comme
 mesure
 des
 connaissances
 peut
 être
 conforté
par
le
fait
que
le
processus
d’innovation
est
très
long.
Si
les
firmes
déposent
de
nombreux
 brevets,
relativement
peu
d’innovations
peuvent
en
découler
dans
un
horizon
temporel
limité.



Ces
indicateurs
restent
cependant
partiels
puisqu’ils
ne
permettent
pas
d’identifier
la
valeur
 de
la
connaissance
produite.
Par
ailleurs,
une
part
importante
de
connaissances
produites
n’est
pas
 prise
 en
 compte
 à
 travers
 ces
 indicateurs.
 Est
 identifiée
 la
 connaissance
 finalement
 exploitable
 économiquement
 (par
 un
 brevet
 ou
 par
 la
 mise
 sur
 le
 marché).
 Les
 indicateurs
 précités
 ne
 permettent
pas
de
saisir
le
stock
de
connaissances
élaboré,
que
ces
connaissances
soient
vendables
 immédiatement
 ou
 à
 terme.
 Les
 indicateurs
 actuels
 ne
 permettent
 pas
 non
 plus
 de
 vérifier
 si
 les
 connaissances
 produites
 (les
 outputs)
 sont
 actives
 (ou
 inactives
 car
 laissées
 sur
 étagère
 depuis
 longtemps),
voire
obsolètes,
ou
même
en
surplus
(réinvention).



Enfin,
on
notera
à
ce
niveau,
l’apparition
d’un
nouveau
type
d’indicateur
autour
de
la
notion
 financière
de
retour
sur
capital
investi
de
l’innovation
:
le
“return
on
innovation
investment”
(R2I
ou
 ROI2)
est
un
résultat
attendu
de
la
recherche,
exprimé
financièrement
et
calculé
en
comparant
les
 profits
 générés
 par
 la
 vente
 de
 nouveaux
 services
 ou
 produits
 et
 les
 dépenses
 de
 recherche‐ développement
occasionnées
par
ces
produits
ou
services.
Il
ne
s’agit
pas
d’un
indicateur
général
de
 l’impact
sur
la
rentabilité
de
l’entreprise
(tous
les
coûts
ne
sont
pas
pris
en
compte,
ni
d’ailleurs
tout
 le
 chiffre
 d’affaires).
 Cet
 indicateur
 s’inscrit
 dans
 une
 logique
 de
 création
 de
 valeur
 financière
 (Economic
Value
Added)
avec
toutes
les
limites
des
indicateurs
de
rentabilité
partiels
:
les
coûts
de
 R&D
ne
préjugent
pas
de
l’existence
d’un
marché,
ni
des
efforts
de
commercialisation,
ni
des
charges
 de
fabrication.


(10)

2. Les
 indicateurs
 d’impact
:
 impact
 immédiat
 ou
 à
 terme
 pour
 l’entreprise
 ou


impact
sociétal
?


La
question
du
«retour
»
de
la
R&D
ou
de
sa
création
de
valeur
n’est
pas
nouvelle
mais
est
 posée
 de
 manière
 plus
 agressive
 depuis
 les
 années
 quatre‐vingt‐dix
 marquées
 par
 une
 financiarisation
 de
 l’économie.
 Pourtant,
 le
 seul
 retour
 financier
 est
 loin
 de
 rendre
 compte
 des
 impacts
réels
des
innovations,
impacts
qui
ne
peuvent
parfois
se
mesurer
que
sur
le
long
voire
le
très
 long
terme
(Cozzarin,
2008,
Lang,
2009).


2.1.
Les
indicateurs
d’impact
pour
l’entreprise
:
prédominance
du
financier
et
du
commercial


Les
 indicateurs
 d’impact
 reprennent
 traditionnellement
 dans
 la
 littérature
 de
 gestion
 les
 indicateurs
 généraux
 suivis
 par
 l’essentiel
 des
 entreprises
 privées.
 La
 typologie
 de
 la
 balanced
 scorecard
 (BSC)
 qui
 articule
 quatre
 «
perspectives
 de
 performance
»
 (apprentissage
 et
 croissance,
 processus,
 clients
 et
 finance)1
 se
 focalise
 sur
 certains
 d’entre
 eux
:
 
 d’une
 part
 les
 indicateurs



classiques
 d’impact
 financier
 (génération
 de
 cash,
 rentabilité
 des
 actifs,
 rentabilité
 des
 capitaux
 propres,
dividendes
…),
c'est‐à‐dire
des
indicateurs
de
création
de
valeur
financière
à
distribuer
(soit
 pour
se
refinancer
‐
autofinancement,
soit
pour
se
désendetter,
soit
pour
satisfaire
ses
actionnaires)
 et
d’autre
part
les
indicateurs
relevant
de
la
perspective
«
clients
»

qui
donnent
des
impacts
pour
le
 marché
(satisfaction
des
clients,
fidélisation,
attractivité,
nouvelles
parts
de
marché,
marque
…).

 La
littérature
et
les
pratiques
mettent
finalement
en
évidence
principalement
des
indicateurs
 d’impact
financier
et
d’impact
commercial.
On
peut
penser
que
le
risque
associé
à
l’activité
de
R&D
 est
principalement
perçu
à
ces
deux
niveaux.
 Parmi
ces
indicateurs,
se
trouvent
quelques
indicateurs
spécifiquement
associés
à
l’activité
 de
R&D
:
 - En
termes
financiers
:
le
retour
sur
capital
employé
de
la
R&D,
un
%
de
profit
par
client,
un
 taux
de
croissance
du
chiffre
d’affaires
et
même
plus
précisément
la
création
de
valeur
R&D2 à
chaque
étape
de
l’innovation.
Cet
indicateur
est
plus
global
que
le
ROI2
(qui
lui
est
calculé
 par
 produit
 ou
 service).
 La
 principale
 limite
 à
 son
 application
 reste
 l’identification
 des
 différentes
 phases
 de
 recherche,
 des
 coûts
 et
 investissements
 associés
 ainsi
 que
 leurs
 performances.










1
 Le
 tableau
 de
 bord
 de
 type
 Balanced
 Scorecard
 propose
 d’articuler
 plusieurs
 axes
 d’analyse
 ou


«
perspectives
»
 pour
 cerner
 la
 performance
:
 une
 perspective
 «
apprentissage
 et
 croissance
»
 qui
 s’inquiète
 des
 ressources
 déterminant
 la
 performance
 des
 activités
 concrètes,
 une
 perspective
 «
processus
»
 (enchaînements
 d’activités)
 qui
 présente
 les
 performances
 des
 activités
 qui
 concourent
 à
 la
 réussite
 commerciale
auprès
des
clients
(perspective
«
clients
»).
Les
performances
des
deux
premiers
axes
(processus
 et
ressources
d’apprentissage)
impactent
selon
le
modèle
de
BSC
la
performance
commerciale
(clients)
et
la
 performance
financière
(perspective
«
financière
»).


2
Identifier
une
création
de
valeur
R&D
à
chaque
étape
de
la
R&D
revient
à
confronter
coûts
et
investissements


(11)

- En
termes
commerciaux
et
marketing
:
un
taux
de
fidélisation
des
clients,
un
%
des
ventes
de
 nouveaux
produits,
des
parts
de
marché,
la
durée
du
cycle
de
vie
des
produits,
l’acquisition
 de
nouveaux
clients
(en
volume
et
%),
le
taux
de
satisfaction
des
clients,
time‐to‐market.


Parmi
tous
ces
indicateurs,
il
nous
paraît
particulièrement
important
de
revenir
sur
le
chiffre
 d’affaires
 (ou
 le
 revenu)
 des
 produits
 innovants
 ou
 nouveaux.
 En
 effet,
 il
 constitue
 un
 indicateur
 largement
 répandu
 aussi
 bien
 dans
 les
 entreprises
 que
 dans
 les
 travaux
 académiques.
 Il
 mesure
 directement
 l’impact
 de
 l’innovation.
 Il
 peut
 prendre
 différentes
 formes
 comme
 la
 part
 du
 chiffre
 d’affaires
 des
 produits
 innovants
 sur
 le
 chiffre
 d’affaires
 total,
 le
 chiffre
 d’affaires
 des
 produits
 de
 moins
de
cinq
ans…
Il
présente
l’avantage
d’être
simple,
relativement
facile
à
calculer
à
partir
des
 données
d’ERP.
Toutefois,
cet
indicateur
mesure
une
performance
passée
et
non
actuelle
de
la
R&D.
 Or
comme
nous
l’avons
déjà
précisé,
il
peut
exister
un
décalage
temporel
important
entre
la
R&D
et
 le
succès
du
produit.
De
plus,
bien
que
son
calcul
puisse
être
relativement
simple,
la
construction
de
 cet
indicateur
pose
un
certain
nombre
de
problèmes
parfaitement
résumés
par
Shapiro
(2006).



D’une
 part,
 comment
 définir
 ce
 qui
 est
 nouveau
?
 Comment
 définir
 la
 frontière
 entre
 les
 nouveaux
 et
 les
 produits
 existants
?
 Quel
 doit
 être
 le
 niveau
 de
 modification
 d’un
 produit
 pour
 le
 considérer
comme
innovant
?
Un
nouveau
packaging
doit‐il
entrainer
la
prise
en
compte
du
produit
 comme
nouveau
?
Comment
prendre
en
compte
les
différents
niveaux
de
nouveautés,
notamment
 dans
 certains
 secteurs
 où
 on
 observe
 des
 améliorations
 continues
 qui
 conduisent
 à
 observer
 une
 succession
de
nouvelles
générations
des
produits
?



D’autre
part,
à
partir
de
quel
moment
un
nouveau
produit
ne
doit
plus
être
considéré
comme
 nouveau
?
Il
semblerait
que
cela
soit
très
variable
selon
les
industries
en
fonction
du
cycle
de
vie
des
 produits.
 Il
 est
 donc
 crucial
 de
 prendre
 en
 compte
 la
 dimension
 temporelle.
 Cette
 question
 est
 encore
plus
cruciale
pour
une
entreprise
dont
les
produits
sont
diversifiés.
Il
peut
falloir
envisager
 différents
horizons
temporels
selon
les
produits.



Enfin,
 la
 troisième
 difficulté
 repose
 sur
 l’identification
 du
 type
 d’innovation
 mesurée.
 En
 effet,
cet
indicateur
privilégie
les
innovations
de
produits.
Or
la
valeur
peut
également
provenir
des
 innovations
 de
 processus
 (et
 même
 si
 le
 produit
 final
 est
 inchangé
 pour
 le
 consommateur),
 des
 innovations
de
marketing…
De
plus,
un
tel
indicateur
ne
révèle
pas
si
la
variation
du
chiffre
d’affaires
 provient
d’une
innovation
radicale
ou
incrémentale.
Dans
la
même
lignée,
il
n’est
pas
aisé
d’imputer
 les
 revenus
 additionnels
 constatés
 à
 l’innovation
 réalisée,
 notamment
 dans
 le
 cadre
 d’innovations
 multiples
sur
un
même
produit.


Le
 rapport
 de
 PricewaterhouseCoopers
 (2010)
 souligne
 également
 que
 l’innovation
 peut
 induire
 des
 phénomènes
 de
 cannibalisation
 ou
 de
 stimulation
 entre
 les
 nouveaux
 produits
 et
 les
 produits
 existants,
 ce
 qui
 s’approche
 de
 la
 problématique
 des
 produits‐joints.
 Or
 l’indicateur
 de
 revenus
 issus
 de
 nouveaux
 produits
 ne
 permet
 pas
 de
 prendre
 en
 compte
 cette
 dimension
 systémique.
 On
 doit
 pouvoir
 pourtant
 se
 demander
 par
 exemple
 quels
 sont
 les
 impacts
 du
 développement
de
l’iPhone
sur
les
ventes
d’iPod
?


Pour
 pallier
 les
 difficultés
 de
 l’utilisation
 d’un
 indicateur
 commercial
 basé
 sur
 le
 chiffre
 d’affaires
des
produits
nouveaux,
Millot
(2009)
propose
enfin
un
indicateur
synthétique
pour
cerner


(12)

l’impact
commercial
à
terme
de
l’innovation
:
la
«
force
de
marque
»
associée
à
la
valeur
financière
 de
la
marque.
Les
marques
constituent
en
effet
une
source
de
données
aisément
accessible
pouvant
 servir
 en
 tant
 qu’outil
 statistique
 pour
 mesurer
 l’innovation.
 La
 force
 de
 marque
 peut
 ainsi
 être
 utilisée
en
tant
qu’indicateur
afin
de
refléter
les
innovations
passées
réalisées
et
réussies
ainsi
que
 comme
 indicateur
 sur
 les
 possibilités
 futures
 de
 commercialisations
 de
 nouveaux
 produits.
 Une
 marque
vaut

notamment
par
les
innovations
passées
et
peut
voir
sa
valeur
s’améliorer
grâce
aux
 innovations.



Les
 indicateurs
 d’impact
 se
 focalisent
 donc
 essentiellement
 sur
 les
 effets
 en
 termes
 monétaires
:
 un
 chiffre
 d’affaires
 et
 une
 rentabilité.
 Pourtant
 d’autres
 impacts
 de
 l’innovation
 mériteraient
 d’être
 analysés.
 Un
 processus
 d’innovation
 n’est
 pas
 indépendant
 des
 processus
 existants
dans
l’entreprise.
L’innovation
amène
l’entreprise
à
se
réorganiser
tant
dans
ses
activités
 que
dans
la
répartition
des
missions
et
responsabilités
de
chacun.
Des
indicateurs
nous
permettent‐ ils
de
suivre
ces
évolutions
organisationnelles
et
managériales
?



2.2. Les
impacts
organisationnels
et
managériaux
:
des
indicateurs
à
inventer


La
 question
 des
 conséquences
 des
 innovations
 sur
 la
 structure
 et
 le
 management
 de
 l’entreprise
a
été
peu
étudiée
en
matière
d’indicateurs
de
pilotage
de
l’innovation.


Pourtant
les
résultats
d’un
projet
de
recherche
impliquent
des
reconfigurations
de
chaînes
de
 valeur
:
achats,
production,
distribution
et
marketing
voire
processus
de
recherche
de
financement
 ou
systèmes
d’information
…


L’innovation
«
produit
»
ou
«
service
»
entraîne
indirectement
des
transformations
dans
les
 autres
 activités
 de
 l’entreprise.
 Nous
 touchons
 ici
 au
 domaine
 du
 pilotage
 du
 changement
 qui
 échappe
 au
 champ
 plus
 circonscrit
 du
 pilotage
 de
 la
 R&D.
 Pourtant
 des
 risques
 non
 négligeables
 existent
 dès
 lors
 que
 des
 reconfigurations
 d’activités
 sont
 à
 mettre
 en
 œuvre.
 Les
 auteurs
 en
 management
 se
 sont
 surtout
 focalisés
 sur
 les
 démarches
 d’accompagnement
 du
 changement
 (Process
reengineering
par
exemple
ou
management
de
projet),
mais
peu
d’entre
eux
ont
développé
 en
 parallèle
 des
 indicateurs
 de
 suivi
 des
 changements,
 sauf
 Lorino
 (2003)
 –
 cf.
 Chevalier‐Kuszla
 (1997).
 Intégrer
 un
 pilotage
 des
 conséquences
 de
 l’innovation
 nécessite
 un
 pilotage
 par
 processus
 (chaînes
de
valeur)
et
une
adaptation
à
chaque
entreprise.



Les
 impacts
 sont
 évalués
 financièrement
 ou
 commercialement
 (2.1.).
 Ils
 peuvent
 l’être
 en
 termes
organisationnels
(2.2.).
Dans
ces
deux
cas
ils
sont
circonscrits
aux
frontières
de
l’entreprise.
 Pourtant,
une
innovation
en
R&D
va
toucher
plus
largement
des
marchés,
des
environnements,
des
 usagers,
 des
 concurrents,
 avec,
 dans
 certains
 cas,
 des
 répercussions
 stratégiques
 et
 financières
 lourdes
et
de
long
terme.
Quels
sont
les
indicateurs
d’impact
environnemental
voire
sociétal
?



 
 


(13)

2.3. Au‐delà
de
l’entreprise
:
comment
mesurer
les
impacts
de
la
R&D
?


La
 littérature
 en
 sciences
 de
 gestion
 s’est
 emparée
 de
 la
 question
 environnementale
 et
 sociétale
mais
sans
faire
ressortir
particulièrement
les
impacts
des
innovations.


L’impact
 environnemental
 d’une
 innovation
 est
 un
 domaine
 qui
 semble
 demeurer
 dans
 le
 champ
 des
 sciences
 de
 l’ingénieur
 et
 de
 la
 normalisation,
 par
 exemple
 avec
 la
 mise
 en
 œuvre
 d’indicateurs
de
nuisance
(Maurin,
2006).
Des
indicateurs
d’impact
environnemental
ou
sociétal
de
 l’innovation
ne
sont
pas
évoqués
dans
la
littérature
qui
recense
les
pratiques
des
entreprises.


Quelques
études
récentes
portent
cette
problématique.
Coccia
(2009)
analyse
l’utilité
nette
 sociale
des
innovations
à
un
niveau
macro‐économique.
Mais
quand
l’environnement
ou
la
société
 sont
évoqués,
il
s’agit
en
fait
pour
les
auteurs,
notamment
en
sociologie,
d’étudier
les
impacts
des
 innovations
 qualifiées
 de
 sociales
 ou
 environnementales
 plus
 que
 de
 qualifier
 l’impact
 environnemental
ou
social
d’une
innovation
quelconque
(cf.
Arendel
et
al.,2007).


***


Pour
 conclure
 cette
 seconde
 partie,
 retenons
 que
 les
 indicateurs
 d’impact
 sont
 essentiellement
analysés
en
termes
de
conséquence
financière
et
commerciale.
Le
risque
perçu
se
 situe
 à
 ce
 niveau.
 Pourtant
 les
 risques
 liés
 au
 lancement
 et
 au
 développement
 d’une
 innovation
 portent
 aujourd’hui
 sur
 d’autres
 éléments
:
 l’organisation
 des
 processus,
 les
 salariés,
 l’environnement
voire
la
société.
Ces
nouveaux
champs
ont
donné
lieu
à
peu
de
travaux
à
ce
jour
en
 termes
 de
 pilotage
 de
 l’innovation.
 L’attention
 semble
 avoir
 été
 focalisée
 par
 l’analyse
 de
 ce
 qui
 paraît
 plus
 directement
 mesurable,
 comme
 par
 exemple
 les
 ressources
 consommées,
 dont
 nous
 allons
maintenant
développer
les
principaux
indicateurs.



3. Les
 indicateurs
 d’utilisation
 de
 ressources
:
 «
mesurer
 le
 mesurable
»
 ou
 au‐

delà
?


Faute
de
mesurer
les
outputs,
beaucoup
d’auteurs
et
de
managers
se
sont
focalisés
sur
les
 inputs.
 La
 question
 des
 ressources
 a
 conduit
 à
 s’intéresser
 dans
 un
 premier
 temps
 et
 de
 manière
 constante
aux
ressources
financières
mobilisées,
puis
aux
effectifs
employés,
voire
aux
compétences,
 qu’elles
soient
disponibles
en
interne
ou
à
l’extérieur
de
l’entreprise.
 Nous
avons
donc
trois
grandes
catégories
d’indicateurs
de
ressources
:
 - Les
indicateurs
financiers
de
consommation
de
ressources
(les
coûts),
qui
souvent
occultent
 la
question
du
financement
d’ailleurs.
 - Les
indicateurs
de
ressources
humaines
:
volume
des
effectifs
mobilisés,
profil
des
effectifs
 (chercheurs,
ingénieurs,
techniciens).


(14)

- Les
indicateurs
relatifs
aux
réseaux
de
coopération,
aux
alliances
et
d’une
manière
générale,
 les
indicateurs
relatifs
à
l’accès
aux
connaissances
externes
(au
département
de
R&D
ou
à
 l’entreprise)


3.1. Les
indicateurs
de
ressources
financières
utilisées
ou
dédiées
à
la
R&D



Les
 indicateurs
 de
 consommation
 de
 ressources
 financières
 se
 scindent
 traditionnellement
 en
indicateurs
de
charges
de
fonctionnement
(ou
dépenses
par
abus
de
langage)
et
d’investissement.
 Les
coûts
peuvent
être
suivis
globalement
ou
par
projet,
par
an
ou
pour
la
totalité
de
la
durée
du
 projet
(Chiesa
et
al.,
2009),
en
coûts
complets
ou
partiels.
Certains
comme
Donnelly
(2000)
cherchent
 même
à
établir
un
compte
de
résultat
de
la
R&D
(profit
and
loss
statement
ou
P&L)
et
font
apparaître
 le
 coût
 de
 développement
 moyen
 par
 produit.
 Les
 coûts
 de
 R&D
 y
 sont
 mis
 en
 regard
 des
 ventes
 (Dépenses
R&D
en
%
des
ventes).





La
 consommation
 de
 ressources
 financières
 implique
 une
 qualification
 de
 la
 charge
:
 cette
 charge
doit‐elle
être
simplement
considérée
comme
une
dépense
de
la
période,
de
l’année
ou
doit‐ elle
être
capitalisée,
voire
amortie
et
dépréciée
(Deng
et
Lev,
2006).



Le
débat
reste
animé
au
sein
de
la
doctrine
comptable
(Ding,
Stolowy,
Tenenhaus,
2004).
Et
 les
effets
pour
les
entreprises
ne
sont
pas
négligeables
car
c’est
toute
l’image
des
bilans
et
comptes
 de
 résultat
 qui
 est
 modifiée
 aux
 yeux
 des
 investisseurs
 potentiels.
 Ding,
 Stolowy
 et
 Tenenhaus
 montrent
que
les
sociétés
qui
utilisent
le
levier
comptable
de
la
capitalisation
sont
les
plus
risquées
 (haute
technologie
par
exemple).
Les
principes
sont
les
suivants
:
 - La
comptabilité
française
distingue
les
frais
de
développement
des
frais
de
recherche.
Si
ces
 derniers
doivent
être
immédiatement
comptabilisés
en
charges,
les
frais
de
développement
 peuvent
être
inscrits
à
l’actif
du
bilan
dans
les
immobilisations
incorporelles
sous
certaines
 conditions.
Les
projets
doivent
être
«
nettement
individualisés,
avoir
de
sérieuses
chances
de
 réussite
 technique
 et
 de
 rentabilité
 commerciale
 et
 un
 coût
 qui
 peut
 être
 distinctement
 établi
»
(CRC,
2004‐06).
Lorsqu’ils
sont
capitalisés,
les
frais
de
développement
s’amortissent
 sur
une
période
maximale
de
cinq
ans.



- Selon
 les
 normes
 internationales,
 les
 frais
 de
 recherche
 sont
 obligatoirement
 passés
 en
 charges,
 tandis
 que
 les
 frais
 de
 développement
 doivent
 être
 activés
 si
 les
 conditions
 de
 la
 norme
 IAS
 38
 relative
 aux
 immobilisations
 incorporelles
 sont
 réunies.
 Ainsi,
 une
 immobilisation
incorporelle
doit
être
comptabilisée
si,
et
seulement
si
:



o il
 est
 probable
 que
 les
 avantages
 économiques
 futurs
 attribuables
 à
 l'actif
 iront
 à
 l'entité
;


o le
coût
de
cet
actif
peut
être
évalué
de
façon
fiable.



La
norme
IAS
36
relative
à
la
dépréciation
d’actifs
préconise
un
amortissement
sur
la
durée
 de
 vie
 utile
 du
 projet
 et
 la
 mise
 en
 œuvre
 d’un
 test
 de
 dépréciation
 en
 cas
 d’indices
 ou
 supposition
de
perte
de
valeur.
 
En
pratique,
les
frais
de
R&D
(développement)
sont
selon
 une
règle
tacite,
rapidement
amortis
sur
3
ans
(Bouden,
2010).
Ceci
revient
à
considérer
que


(15)

seuls
les
frais
de
développement
constituent
un
stock
de
connaissances
ayant
une
valeur
et
 que
cette
connaissance
doit
donner
lieu
à
un
produit
vendable
en
moins
de
3
ans.
 - Les
normes
américaines
préconisent
d’enregistrer
en
charges
tous
les
frais
de
recherche
et
 de
développement
lors
de
l’exercice
au
cours
duquel
ils
ont
été
engagés.

 Dans
les
modèles
économétriques,
les
dépenses
de
R&D
sont
utilisées
comme
une
proxi
du
 stock
de
connaissances
de
l’entreprise.
On
suppose
alors
que
ce
stock
se
déprécie
de
15%
par
an.
Ce
 taux
est
fixé
arbitrairement
et
rien
ne
prouve
sa
stabilité
dans
le
temps.
Néanmoins,
on
ne
peut
pas
 non
plus
supposer
que
ce
stock
ne
se
déprécie
pas,
puisque
si
la
connaissance
est
cumulative,
elle
est
 également
parfois
rendue
obsolète
par
les
nouvelles
connaissances
selon
le
principe
de
destruction
 créatrice.
 De
 plus,
 cette
 dépréciation
 permet
 de
 prendre
 en
 compte
 les
 départs
 d’employés
 non
 remplacés
(ou
du
moins
en
ce
qui
concerne
leurs
compétences
tacites)
dans
le
temps
ainsi
que
des
 difficultés
à
stocker
les
connaissances
produites.

 
 Les
indicateurs
de
ressources
financières
correspondent
souvent
aux
ressources
consacrées
à
 la
R&D.
Ils
peuvent
apparaître
insuffisants
car
ils
rencontrent
quelques
limites
:
 - Les
dépenses
de
R&D
constituent
une
mesure
des
inputs
de
l’innovation.
La
R&D
mesure
un
 effort,
une
ressource
allouée
à
une
certaine
activité
mais
elle
ne
mesure
pas
les
résultats
de
 cette
activité.
Or
ces
ressources
peuvent
être
utilisées
plus
ou
moins
efficacement.
 Les
dépenses
de
R&D
ne
conduisent
pas
nécessairement
à
une
innovation.
Dit
autrement,
la
 relation
 R&D‐innovation
 n’est
 pas
 systématique
 et
 unique.
 Les
 nombreux
 travaux
 économétriques
 soulignent
 qu’il
 n’existe
 pas
 de
 lien
 stable
 entre
 le
 niveau
 de
 R&D
 et
 le
 nombre
d’innovations
(ou
les
performances
de
l’entreprise).



On
 peut
 signaler
 également
 que
 les
 ressources
 de
 R&D
 consommées
 sont
 évaluées
 et
 comptabilisées,
mais
que
le
coût
de
financement
de
ces
ressources
apparaît
rarement
alors
 que
les
montants
à
mobiliser
avant
tout
retour
financier
sont
très
importants
et
que
le
coût
 du
financement
peut
être
lui
aussi
conséquent.


- Un
 grand
 nombre
 d’innovations
 ne
 proviennent
 pas
 de
 la
 R&D,
 et
 ce
 aussi
 bien
 dans
 les
 services
 que
 dans
 l’industrie
 manufacturière.
 En
 se
 focalisant
 sur
 cet
 indicateur,
 on
 sous‐ estime
les
activités
d’innovation
issues
des
autres
départements
de
l’entreprise.



- Les
 dépenses
 de
 R&D
 passées
 sont
 souvent
 considérées
 comme
 une
 mesure
 du
 stock
 de
 connaissances
des
entreprises.
Toutefois,
cela
pose
la
question
de
l’évaluation
du
stock
et
de
 sa
dépréciation
(quid
du
taux
de
dépréciation
des
connaissances).


- Au
niveau
même
de
la
gestion
financière,
la
question
de
la
prise
en
compte
en
flux
ou
en
 stock
des
dépenses
de
R&D
est
rarement
évoquée.


- La
 R&D
 n’est
 qu’un
 des
 nombreux
 inputs
 de
 l’innovation.
 Brouwer
 and
 Kleinknecht
 (1997)
 montrent
que
les
produits
issus
de
la
R&D

ne
représentent
qu’un
quart
des
dépenses
totales
 d’innovation
dans
l’industrie
et
les
services
hollandais
en
1992.


Le
montant
de
dépenses
consacrées
à
la
R&D
est
ainsi
un
indicateur
essentiel
pour
mesurer
 l’activité
 de
 recherche
 mais
 analysé
 isolément,
 il
 reflète
 une
 double
 vision
 simpliste
 du
 processus
 d’innovation
:


(16)

- la
 conception
 linéaire
 du
 processus
 d’innovation,
 qui
 considère
 que
 le
 niveau
 de
 R&D
 explique
 le
 niveau
 d’innovation.
 Cette
 conception
 est
 largement
 remise
 en
 cause
 aujourd’hui.

 - La
R&D
constitue
l’unique
source
de
connaissances
dans
le
processus
d’innovation.
 
 
 Pour
finir,
derrière
les
indicateurs
de
consommation
de
ressources
apparaissent
rapidement
 les
indicateurs
dits
d’efficience
:
nombre
d’heures
travaillées
par
projet
ou
globalement,
disponibilité
 d’outils
de
management
de
projet,
disponibilité
de
systèmes
d’information
fiables,
développement
 de
 connaissances
 pour
 des
 projets
 similaires
 (répartition
 des
 coûts
 financiers
 lorsque
 des
 connaissances
développées
sont
utiles
à
plusieurs
projets)
…


3.2. Les
indicateurs
de
ressources
humaines


L’indicateur
le
plus
classique
reste
le
nombre
d’employés
de
la
R&D
(Chiesa
et
al,
2009)
ou
la
 variation
des
effectifs
de
R&D
(Donnelly,
2000),
alors
même
que
le
caractère
transversal
de
l’exercice
 d’innovation
 inclut
 souvent
 d’autres
 parties
 prenantes
 dans
 le
 processus.
 On
 relève
 également
 le
 nombre
ou
le
%
d’employés
ayant
une
expérience
managériale
(pour
le
management
de
projet).
Les
 employés
sont
également
cernés
par
profil
ou
qualification
initiale
ou
expérience.
En
effet,
de
plus
en
 plus,
 on
 considère
 que
 la
 diversité
 des
 profils
 des
 chercheurs
 peut
 être
 une
 source
 de
 créativité.
 Gallié
et
Legros
(2009)
montrent
également
que
les
dépenses
de
formation
continue
peuvent
avoir
 un
impact
sur
la
production
de
connaissance.

On
trouve
dans
cette
catégorie
les
indicateurs
de
la
 perspective
«
apprentissage
et
croissance»
de
la
balanced
scorecard
appliquée
à
la
R&D
(Bremser
et
 Barsky,
2004)
:
turnover
des
employés,
nombre
de
brevets
primés,
comme
indicateur
de
qualité
de
 l’équipe
 de
 R&D
,
 amélioration
 des
 qualifications,
 %
 de
 compétences
 stratégiques
 par
 nombre
 d’employés
 et
 par
 catégorie
 de
 compétence
 («
connaissance
 ou
 expertise
»
 ou
 «
management
»),
 nombre
 d’heures
 de
 formation,
 et
 compétences
 par
 rapport
 aux
 concurrents
 pour
 mesurer
 un
 «
niveau
d’innovation
»
dans
une
logique
de
benchmarking.



Enfin,
 on
 observe
 depuis
 quelques
 temps,
 la
 prise
 en
 compte
 d’une
 catégorie
 de
 salariés
 particulière,
les
experts.
Toutefois,
l’identification
et
la
quantification
de
leur
rôle
et
de
leur
impact
 sur
le
processus
d’innovation
reste
encore
limitées.



Derrière
 la
 notion
 de
 ressources
 humaines
 est
 apparu
 le
 concept
 de
 capital
 social
 qui
 est
 aujourd’hui
un
des
facteurs
mis
en
avant
pour
expliquer
le
développement
de
l’innovation
(Kaasa,
 2009,
 Carmona‐Lavado
 et
 al.,
 2010),
 du
 fait
 de
 l’émergence
 des
 analyses
 stratégiques
 par
 les
 ressources
‐
resource‐based‐view
(Del
Canto
et
Suarez
Gonzales,
1999),
et
de
la
mise
en
œuvre
en
 partie
des
démarches
balanced
scorecard.


La
 question
 de
 la
 mesure
 se
 pose
 néanmoins,
 même
 sur
 les
 inputs
 qui
 déterminent
 les
 processus
 d’innovation
 (Nixon,
 1998).
 Dénombrer
 des
 effectifs
 est
 encore
 possible,
 qualifier
 leur
 effort
ou
leur
compétence
semble
en
revanche
plus
difficile.


(17)

3.3. Les
indicateurs
d’interactions

en
interne
et
avec
son
environnement
 Dans
cette
catégorie,
nous
pouvons
distinguer
trois
types
d’indicateurs.
 - les
indicateurs
de
coopération
et
de
réseaux

 - les
indicateurs
d’externalités
de
connaissance
 - les
indicateurs
des
activités
d’innovation
au‐delà
du
département
R&D
et
Innovation
 Les
indicateurs
de
réseaux
 L’utilité
des
réseaux
de
coopération
ou
consortiums
de
R&D
a
été
mise
en
évidence
par
les
 auteurs
 en
 économie
 et
 en
 gestion
 (Mothe,
 2001,
 Belderbos
 et
 al.
 2004,
 Mowery,
 1998
;
 Negassi,
 2004
;
Powell
et
al.
2009).
Ce
phénomène
s’accroit
dans
un
monde
où
la
logique
d’open
innovation
 commence
à
se
généraliser.

Un
suivi
des
partenariats
s’impose
donc
maintenant
pour
le
pilotage
de
 l’innovation.
 Les
indicateurs
les
plus
classiques
sont
le
nombre
de
contrats
de
collaboration.
Toutefois,
ce
 comptage
n’est
pas
simple
puisqu’il
existe
une
diversité
de
contrats
allant
du
simple
contrat
de
sous‐ traitance
au
laboratoire
commun.
Par
ailleurs,
ces
relations
peuvent
formelles
ou
informelles.
Cette
 complexité
 souligne
 la
 nécessité
 de
 dépasser
 cet
 indicateur.
 En
 effet,
 la
 prise
 en
 compte
 des
 participations
 et
 des
 apports
 de
 ces
 relations
 est
 complexe
 car
 il
 s’agit
 d’un
 nécessaire
 arbitrage
 entre
 compétences
 données/compétences
 reçues
 difficile
 à
 quantifier.
 De
 telles
 relations,
 si
 elles
 sont
de
plus
en
plus
nécessaires,
posent
la
question
cruciale
du
partage
des
résultats
des
recherches.
 Par
 ailleurs,
 si
 la
 centralité
 au
 sein
 d’un
 réseau
 est
 généralement
 considérée
 comme
 source
 de
 connaissances,
il
existe
des
coûts
non
négligeables
à
l’entretien
des
réseaux
(notamment
en
termes
 de
temps
consacré
à
cette
activité).




Ainsi,
la
participation
à
des
coopérations
ou
l’inscription
dans
un
réseau
ne
peut
constituer
le
 seul
 indicateur
 pour
 mesurer
 l’accès
 aux
 connaissances
 externes.
 Il
 est
 notamment
 nécessaire
 de
 prendre
en
compte
les
coûts
d’entretien
(notamment
en
comptabilisant
le
temps
passé
en
ETP/an)
 ainsi
que
la
nature
et
l’apport
des
partenaires.
Des
indicateurs
généralement
utilisés
reposent
sur
la
 diversité
 des
 partenaires,
 susceptibles
 d’apporter
 ainsi
 des
 connaissances
 diversifiées
 ou
 sur
 l’intensité
 des
 relations
 et
 leur
 historique.
 Néanmoins,
 si
 des
 relations
 historiques
 assurent
 une
 certaine
 stabilité
 et
 fiabilité,
 notamment
 grâce
 à
 la
 confiance
 développée
 entre
 les
 équipes,
 elles
 peuvent
 générer
 des
 effets
 de
 lock‐in
 technologiques
 si
 les
 compétences
 des
 équipes
 ne
 se
 renouvellent
pas
suffisamment.



Les
indicateurs
d’externalités
de
connaissances


La
 littérature
 souligne
 le
 rôle
 des
 externalités
 de
 connaissances
 dans
 le
 processus
 d’innovation.
 Elles
 résultent
 de
 mécanismes
 de
 transmission
 hors
 marché,
 technologiques
 et
 institutionnels
notamment.
Elles
peuvent
se
définir
comme
le
bénéfice
de
connaissances
perçu,
sans
 compensation
financière,
par
un
agent
qui
n’est
pas
responsable
de
l’investissement
lié
à
la
création


(18)

de
ces
connaissances.
On
perçoit
tout
l’enjeu
de
maximiser
pour
l’entreprise
l’entrée
d’externalités
 de
 connaissances
 (incoming
 spillovers)
 tout
 en
 limitant
 ses
 propres
 externalités
 (outcoming
 spillovers).
 Généralement
 considérées
 comme
 localisées,
 les
 externalités
 constituent
 un
 des
 arguments
 pour
 l’élaboration
 des
 pôles
 de
 compétitivité.
 Gallié
 (2009)
 montre
 néanmoins
 qu’elles
 sont
 localisées
 dans
 les
 réseaux,
 et
 donc
 que
 la
 distance
 ne
 compte
 que
 partiellement.
 La
 participation
 à
 une
 conférence
 ou
 à
 un
 colloque,
 les
 travaux
 de
 veille
 sur
 les
 brevets
 et
 les
 publications,
disponibles
dans
le
domaine
public,
constituent
des
indicateurs
d’externalités
pour
les
 entreprises.



On
 pourrait
 considérer
 que
 comme
 certaines
 relations
 sont
 difficilement
 quantifiables
 financièrement
 au
 sein
 même
 des
 entreprises,
 elles
 résultent
 de
 mécanismes
 hors
 marché.
 Il
 existerait
 alors
 des
 externalités
 «
en
 interne
»
 qui
 pourraient
 être
 des
 connaissances
 issues
 de
 la
 recherche
et
exploitées,
sans
coût,
dans
les
différentes
filiales
de
l’organisation

ou
inversement
des
 connaissances
 d’autres
 départements
 qui
 viendraient
 enrichir
 le
 processus
 d’innovation.
 On
 pense
 dans
ce
cas
là
à
des
indicateurs
comme
la
mobilité
d’ingénieurs
de
Business
units
(BU)
vers
le
centre
 de
 R&D
 ou
 bien
 à
 des
 séminaires
 internes
 entre
 BU
 et
 centre
 de
 recherche
 pour
 favoriser
 la
 fertilisation
croisée.
Si
quelques
entreprises
ont
déjà
pris
conscience
de
ce
phénomène,
la
réflexion
 sur
la
manière
de
quantifier
ces
différents
aspects
doit
se
généraliser.


Les
indicateurs
des
activités
d’innovation
au‐delà
la
fonction
R&D
et
Innovation


Parallèlement
 à
 la
 prise
 en
 compte
 des
 activités
 de
 coopération
 et
 des
 apports
 externes
 à
 l’entreprise,
les
relations
avec
les
autres
activités
de
l’entreprise
apparaissent
cruciales
pour
garantir
 le
succès
de
l’innovation
et
réduire
les
délais
de
mise
sur
le
marché.
Chiesa
et
al.
(2009)
mettent
en
 avant
dans
ce
cadre
les
indicateurs
qui
démontrent
une
orientation
marché
des
différents
projets
de
 R&D
:
 le
 montant
 des
 dépenses
 promotionnelles,
 le
 %
 de
 projets
 lancés
 pour
 répondre
 à
 une
 demande
du
marché,
la
précision
et
la
qualité
de
l’interprétation
des
demandes
des
clients
(nombre
 de
 clients
 inclus
 dans
 l’équipe
 projet,
 %
 du
 budget
 dédié
 à
 l’analyse
 des
 besoins
 des
 clients).
 Il
 manque
encore
néanmoins,
des
indicateurs
plus
contextuels
à
chaque
projet
relatifs
aux
conditions
 d’environnement
du
projet
(comme
des
indicateurs
«
d’interaction
»
montrant
l’existence
ou
non
de
 relation
et
donc
d’échanges
avec
d’autres
départements,
services
R&D
ou
projets
par
exemple).


Morand
 et
 Manceau
 (2009)
 ont
 souligné
 par
 exemple
 l’importance
 de
 «
construire
 une
 véritable
 interaction
 entre
 la
 R&D
 et
 le
 marketing
»
 pour
 innover
 efficacement.
 En
 effet,
 le
 seul
 processus
 de
 R&D
 ne
 conduit
 pas
 nécessairement
 à
 la
 réalisation
 d’une
 innovation,
 mais
 il
 doit
 s’intégrer
au
sein
d’une
démarche
organisationnelle
globale.



Ces
 auteurs
 précisent
 que
 la
 capacité
 d’innovation
 est
 liée
 à
 la
 taille
 de
 l’entreprise
:
 une
 entreprise
 qui
 vient
 de
 se
 créer
 dépend
 essentiellement
 de
 la
 créativité
 de
 ses
 fondateurs,
 les
 entreprises
 de
 taille
 moyenne
 s’appuient
 principalement
 sur
 le
 marketing
 dans
 le
 but
 d’assurer
 le
 succès
des
innovations,
et
dans
le
cas
des
grandes
entreprises,
le
principal
enjeu
consiste
à
favoriser
 la
 transversalité.
 La
 transversalité
 dans
 l’entreprise
 consiste
 principalement
 à
 faire
 travailler
 ensemble
 des
 professionnels
 d’horizon
 différent
 par
 la
 création
 d’équipes
 inter‐fonctionnelles,
 incluant
 généralement
 la
 R&D,
 le
 marketing
 et
 les
 services
 techniques.
 Un
 indicateur
 de
 transversalité
est‐il
envisageable
?


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