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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Réalisation par les enfants d'un lagunage biologique des eaux usées : éducation aux risques de la santé

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Academic year: 2021

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RÉALISATION PAR LES ENFANTS D'UN LAGUNAGE

BIOLOGIQUE DES EAUX USÉES : ÉDUCATION

AUX RISQUES DE LA SANTÉ

Boudjema RADJAA, Hadj BENRAHOU,

Thérèse GERNIGON-SPYCHALOWICZ*, Farida KHAMMAR*, Salima BENHOUHOU**, Pierre CLÉMENT***

Projet ANDRU (PNR) N° AU1 97 07, Salle Pédagogique des zones arides, Béni-Abbès, Algérie

*Cellule de didactique de la biologie, I.S.N., U.S.T.H.B., El Alia Algérie, **E.N.S.A., El Harrach, Algérie, ***L.I.R.D.H.I.S.T., Univ de Lyon 1

MOTS-CLÉS : AFRIQUE - ENFANCE - SANTÉ - RISQUE ENVIRONNEMENTAL

RÉSUMÉ : Un lagunage biologique des eaux usées a été réalisé par les enfants d'un club de biologie encadré par deux enseignants dans une oasis du sud-ouest algérien. La naissance de ce projet, les étapes de réalisation et l'évaluation de cette réalisation, sous forme de questions posées aux enfants montrent les acquis et les répercussions pour eux-mêmes et pour la population.

SUMMARY : A biological lagoon for waste waters has been realized by children of a biology club supervised by two teachers in an oasis in the west-south algeria. The beginning, steps and consequences of this project demonstrate acquisitions and repercussions for them and for the population.

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1. INTRODUCTION

Dans le sud-ouest algérien, dans l'oasis de Béni-Abbès (30°7 Nord, 2°10 Ouest) un club de biologie réunit des enfants collégiens, volontaires, de 11 à 16 ans, désireux de protéger leur environnement. La pédagogie de projet est menée en partenariat entre enseignants du collège et chercheurs du Centre de recherche (Khammar et al., 1998 et 1999). Nous étudierons pour cette réalisation les diverses étapes de ce projet.

2. LA NAISSANCE DU PROJET

2.1 L'eau dans l'oasis

Les enfants, après une étude détaillée du mode de vie des animaux sahariens se sont rapidement posé le problème de l'origine des eaux dans leur oasis. Sous forme de maquettes, ils ont pu expliquer l'origine de la source de Béni-Abbès (eaux fossiles des ères pluviales du quaternaire humide), comprendre le mécanisme des foggaras (système traditionnel fait d'une succession de puits à travers une galerie de drainage dans une nappe aquifère et qui va de la source d'alimentation jusqu'à la palmeraie) et des puits à balancier, maintenant électrifiés. L'oued Saoura est rarement riche en eau en raison de la rareté des pluies.

2.2 L'eau et la santé

Une première table ronde a été animée par les médecins du Service de Prévention et d'Hygiène sur le thème "Eau et Santé" en avril 1996 pour expliquer au public les maladies transmissibles par l'eau et le mode de contamination et les possibilités de prévention. À Béni-Abbès, ce sont surtout les cas d'amibiase intestinale qui sont les plus fréquents. Les enfants, chargés d'animer le débat, préparèrent de nombreuses questions sur les paramètres de protection, la contamination des nappes d'eau, le devenir des eaux usées, le contrôle régulier des fosses septiques et le Service de Prévention. La population fut très nombreuse et le public touché allait des fellahs (agriculteurs) aux étudiants en passant par les services communaux.

2.3 L'enquête

Pour mieux délimiter les problèmes soulevés par le manque d'eau, une enquête fut réalisée en 1998 dans l'oasis de Béni-Abbès et une oasis voisine, El Ouata (Khammar et al.,1999). Les résultats de l'enquête montraient un gaspillage important avec un rejet des eaux usées sans traitement, une

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augmentation du volume de ces eaux usées et une pollution possible de la nappe phréatique. Tandis que ces eaux usées ne sont pas réutilisées, la quantité d'eau de source disponible à l'irrigation diminue.

2.4 Le risque

Face aux risques de diminution de la quantité d'eau disponible et aux risques de santé par l'augmentation des maladies transmissibles par l'eau polluée, les enfants, épaulés par leurs deux enseignants, ont pris le risque du projet : pourquoi ne pas réutiliser les eaux usées pour l'irrigation après un traitement biologique ? Pourquoi ne pas réaliser un lagunage expérimental qui permettrait à la population de mieux comprendre les bénéfices de ce lagunage biologique ?

3. MISE EN ŒUVRE DU PROJET

3.1 Les éléments facilitateurs

Une maquette du lagunage biologique avait déjà été réalisée par les enfants au moment de la table ronde "Eau et Santé". Exposée dans le musée du collège, elle était présentée très souvent aux visiteurs. De plus, un des enseignants a eu la chance d'effectuer un stage au cours duquel, il eut l'occasion de visiter de nombreuses stations d'épuration biologique des eaux et en particulier la station de Mèze près de Montpellier (France).

3.2 La réalisation des plans

Avec leurs enseignants et l'ingénieur en hydraulique de l'oasis, les enfants réalisèrent tout d'abord le plan de cette mini-station de lagunage : trois bassins successifs, de 1,60m de profondeur, le premier de 20m x 20m, le second de 10m x 20m et le troisième de 5m x 20m (Figures 1 & 2). Le premier bassin reçoit les eaux usées et des tuyaux permettent le remplissage successif des deux autres bassins lorsque le précédent est plein. Des digues séparent les trois bassins.

Arrivée de l'eau salée

Sortie de l'eau épurée

1,60 m

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4m 5m 10m 20m 20m R1 R2 Arrivée de l'eau usée

Eau épurée

Digue de protection

Digue de protection

Digue de protection

Digue de protection

la salle pédagogique des zones arides de Béni-Abbès Figure 2. Lagunage expérimental naturel

Réalisation : fin novembre 1999

3.3 Les obstacles rencontrés et l'aide de la commune

Il s'agissait de trouver un lieu où les eaux usées peuvent être récupérées facilement et proche des exploitations d'agriculteurs pour l'irrigation de leurs parcelles. Le matériel nécessaire n'a pas été facile à trouver et a demandé beaucoup de démarches et de recherches. Finalement l'aide de la commune a été obtenue pour le creusement des trois bassins. Cette aide a pu être obtenue grâce au travail réalisé précédemment par le club de biologie (enquêtes, tables rondes, caravanes vertes...). Il y a eu ainsi la participation de tous : c'est une véritable opération "Main à la pâte" qui fut lancée pour la mise en route du chantier.

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3.4 Le lagunage

Creusé par la pelleteuse de la commune, il est maintenant fonctionnel. Le premier bassin qui reçoit l'eau polluée (Photos. 3, 4 et 5) a été rempli en 25 jours. Le second bassin (Photo 6) a été rempli au bout de 17 jours. Ce lagunage est entretenu et suivi par les enfants et leurs enseignants qui aménagent progressivement les digues, récoltent les huiles de surface du premier bassin. Les analyses d'eau hebdomadaires sont effectuées par le Service de Prévention et d'Hygiène et montrent une absence totale de Salmonelles et de vibrions. Les agriculteurs voisins se sont proposés pour l'entretien et la surveillance. Aujourd'hui, les huiles sont récoltées en amont au niveau de l'hôpital et de l'usine. Tous les deux jours, un fellah agite l'eau du premier bassin avec une branche d'arbre pour que le dépôt de surface, formé à cause de la chaleur, disparaisse. Enfin deux fellahs aident les enfants à dégager les regards des déchets et surveillent l'augmentation du débit d'eau.

Fig. 3 - L'arrivée de l'eau polluée dans le premier bassin (photo T. Gernigon)

Fig. 4 - Les enseignants initiateurs du projet (photo T. Gernigon)

Fig. 5 - Le premier bassin commence à se remplir en décembre 1999 (photo T. Gernigon)

Fig. 6 - Les deux derniers bassins en attente de remplissage (photo T. Gernigon)

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4. L'ÉVALUATION PAR LES ENFANTS

Quatre questions ont été proposées aux enfants : - Qu'évoque le lagunage pour vous ?

- Que vous a-t-il appris ?

- Qu'en pensent les gens autour de vous ? - Que reste-t-il à faire ?

4.1 Qu'évoque le lagunage pour vous ?

Il évoque essentiellement la protection de l'environnement : "les eaux usées non prises en charge sont nuisibles à l'environnement", "leur réutilisation permet de compenser la sécheresse et deviennent profitables à l'agriculture", "il y a diminution du gaspillage", "l'eau est un héritage à préserver". Il évoque aussi une méthode : "c'est l'apprentissage d'une technique", "c'est une épuration naturelle", "c'est la reconstitution d'une eau potable". C'est aussi la valorisation du travail du club : "il a situé le travail du club", " c'est une méthode qui nous a permis de transmettre le message", "les enfants du Sahara réfléchissent comme les autres enfants".

4.2 Que vous a-t-il appris ?

Il a permis d'acquérir une technique : "la technique du traitement des eaux", "les eaux usées doivent être lavées, épurées pour préserver la vie". C'est aussi l'apprentissage du travail en équipe : "le travail en équipe", "une méthode pour présenter des idées", "il nous apprend à faire mieux". Il a aussi apporté le sens du risque : "il nous a appris à combattre notre timidité".

4.3 Qu'en pensent les gens autour de vous ? Deux catégories de personnes :

- Ceux qui encouragent :"les gens nous remercient", " les gens nous aident", " les gens ont compris notre message", " ils valorisent notre projet".

- Mais il y a aussi ceux qui se moquent : "ils se moquent de nous", "ils sont contre le projet", "ils sont indifférents", mais "ils sont peu nombreux".

4.4 Que reste-t-il à faire ?

Il reste "beaucoup à faire et nous attendons l'aide des habitants". Il faut "concrétiser le projet, le rentabiliser". Il faut aussi "le protéger" et surtout "sensibiliser les fellahs pour une utilisation très large en agriculture", "sensibiliser les gens car c'est un intérêt pour tous" et "sensibiliser les

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responsables". C'est un "acquis pour notre région puisqu'on est déjà venu le visiter". "Il est important pour la santé puisqu'il permet d'éviter des maladies".

5. CONCLUSION

Les enfants du club de biologie de Béni-Abbès ont baigné malgré eux dans une véritable pédagogie de projet : à l'écoute de leur environnement avec leur soif de connaître, ils ont été entraînés à la découverte de l'eau et des problèmes engendrés par sa rareté. Il s'agit d'une véritable immersion dans le réel avec une mise en commun des interrogations. L'analyse collective a permis la structuration du projet. Parallèlement à la mise en œuvre du projet a eu lieu une évaluation permettant aux enfants de s'interroger et d'analyser les effets du projet sur les apprenants, l'encadrement et le milieu. Le projet a amené les participants, encadrés par leurs enseignants, à se confronter avec l'inconnu. Le projet a eu une forme évolutive, mouvante, modifiable (Réseau École et Nature, 1996).

BIBLIOGRAPHIE

KHAMMAR F., GERNIGON T., CLÉMENT P., Éducation à l'environnement des zones arides : enjeux, pratiques, acteurs, in A. Giordan, J.-L. Martinand et D. Raichvarg (Eds), Actes des XXes Journées Internationales sur l'Éducation Scientifique, UF de didactique/Uni. Paris 7, 1998, pp 429-435.

KHAMMAR F., GERNIGON-SPYCHALOWICZ T., BENRAHOU H., BOUDJEMA R., Évaluation des activités du club de biologie de l'oasis de Béni-Abbès, in A. Giordan, J.-L. Martinand et D. Raichvarg (Eds), Actes des XXIes Journées Internationales sur l'Éducation Scientifique, UF de didactique/Uni. Paris 7, 1999, pp 533-635.

RÉSEAU ÉCOLE ET NATURE, La pédagogie de projet, Paris : L'Harmattan, Paris, 1996, 191 p.

Liens Internet - contacts

email : tgernigon@yahoo.com kkhammar@yahoo.fr pclement@univ-lyon1.fr

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PROJET : PROTECTION DU PATRIMOINE SAHARIEN PAR LES ENFANTS Projet ANDRU (PNR) N° AU1 97 07, Salle Pédagogique des zones arides,

Béni-Abbès, Algérie

1. Historique

Dans le Sud-Ouest du Sahara algérien, la station de recherches sur les zones arides de Béni-Abbès (30° 7N 2° 10W) est un pôle d'attraction des scientifiques algériens et internationaux et un lieu d'éducation culturelle pour les wilayates du Sud-Ouest. Elle abrite un musée pluridisciplinaire mis en place par les premiers chercheurs dès 1942. Devant l'intérêt grandissant des enfants et de leurs enseignants et leur curiosité concernant les travaux des chercheurs, une salle pédagogique a été créée à l'intérieur de ce musée. Cette salle voudrait être le lieu où le savoir ancestral des anciens et l'acquis des chercheurs est transmis aux jeunes générations. Animée par les enseignants de biologie de Béni-Abbès, elle est la charnière, le lieu de rencontre entre les chercheurs et les enfants. De nombreuses écoles de tout le pays venant visiter le musée, la salle pédagogique permet une animation plus adaptée à l'âge des enfants.

2. Objectifs

Cette initiative a pour but grâce aux acquis de la Recherche Scientifique en Zones Arides :

- d'initier les enfants à un âge jeune à l'écologie, - de les sensibiliser au respect de la nature,

- d'éveiller leur curiosité envers leur environnement aride et donc de leur apprendre à mieux le protéger,

- de permettre le lien entre les enseignements Moyen, Secondaire, d'une part, et Supérieur, d'autre part,

- de promouvoir une meilleure didactique de la biologie,

- dans le cadre des travaux antérieurs sur la faune et la flore, poursuivre l'amélioration des connaissances,

- de valoriser les créations d'enfants,

- de donner des outils de documentation sur l'environnement saharien aux enseignants du Moyen et du Secondaire,

- de promouvoir par la publication la diffusion des documents réalisés : livres et fiches documentaires pédagogiques, diaporamas, films vidéos, illustrations et fiches techniques,

- de sensibiliser les touristes et le grand public à la protection de l'environnement qu'ils traversent par des brochures d'information,

- de réaliser des "classes vertes" au Sahara, - d'initier des sentiers de découverte.

Cette éducation à l'environnement permet de démythifier des thèmes de grande importance : problème de l'eau, problème du sol, espèces florales ou animales protégées et/ou menacées.

Figure

Figure 1. Coupe type des bassins du lagunage expérimental de Béni-Abbès
Fig. 4 - Les enseignants initiateurs du projet (photo T. Gernigon)

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