UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL
ÉTUDE EMPIRIQUE SUR LA PARITÉ DES POUVOIRS D'ACHAT
MÉMOIRE PRÉSENTÉ
COMME EXIGENCE PARTIELLE DE LA MAÎTRISE EN ÉCONOMIQUE
PAR ÉRIC DUBÉ
UNIVERSITÉ DU QUÉBEC
À
MONTRÉAL Service des bibliothèquesAvertissement
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supérieurs (SDU-522 - Rév.01-2006). Cette autorisation stipule que «conformément
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Je tiens
à
remercier mon directeur, monsieur Alain Paquet, qui m'a aidé et soutenu
tout au long de la réalisation de ce mémoire. J'aimerais aussi remercier Ghislyne et
Pierre Lorrain qui m'ont toujours encouragé et soutenu tout au long de mes études.
Par leur exemple, j'ai pris conscience de l'importance du travail bien fait et des
efforts qu'on se doit d'y fournir pour parvenir à nos buts. Sans ce support familial, je
n'aurais pu réaliser ce projet. Je tiens également à remercier Clément Gignac et
Stéfane Marion pour leur soutien ainsi que pour les nombreux congés accordés pour
la réalisation de ce travail. Finalement, je tiens à remercier tous ceux et celles qui ont
contribué de près ou de loin
à
la réalisation de mon mémoire.
TABLE DES MATIÈRES RÉSUMÉ iv INTRODUCTION 1 CHAPITRE 1 REVUE DE LITTÉRATURE 5 1.1 Littérature 5
1.2 Problématique de certains résultats 7
CHAPITRE II
fONDEMENTS CONCEPTUELS ET THÉORIQUES 10
CHAPITREIII
DONNÉES 14
3.1 Base de données 14
3.2 Analyse graphique des données 16
3.2.1 Australie 16 3.2.2 Canada 17 3.2.3 Japon 18 3 .2.4 Royaume-Uni 19 3.2.5 France 20 CHAPITRE IV MODÈLE 22
4.1 Test de racine unitaire 22
4.2 Modèles économétriques et méthodologie 23
CHAPITRE V
RÉSULTATS 27
5.1 Test de racine unitaire 27
5.2 Spécification 1 28
5.3 Spécification 2 33
5.4 Spécification 3 37
5.5 Test de l'hypothèse de Balassa et Samuelson .40
CONCLUSION .4\
ANNEXES vi
RÉSUMÉ
Dans ce travail, nous avons exploré les déterminants pouvant expliquer les divergences entre le taux de change observé et son équilibre de long terme. Pour ce faire, nous avons concentré nos efforts sur les déterminants de long terme qui peuvent influencer le taux de change réel, celui-ci ayant un impact direct sur la parité des pouvoirs d'achat (PPA). Nous allons vérifier les impacts qu'ont les mouvements des prix relatifs des biens non échangeables sur les taux de change réels et nominaux. De plus, nous allons vérifier si la productivité relative des biens non échangeables et les dépenses du gouvernement ont un impact sur les prix relatifs pendant une longue période. Finalement, nous allons vérifier l'impact qu'ont les différentiels de productivité des biens non échangeables entre les pays domestiques et étrangers sur le taux de change réel. Aussi, une attention particulière a été portée à la constitution d' L1ne base de données qui se veut la plus représentative des concepts reliés à la théorie. Les résultats obtenus sont partagés. En effet, certains sont conformes à la théorie alors que d'autres sont contradictoires.
"À moins d'atteindre un haut degré de sophistication, la parité des pouvoirs d'achat est une théorie trompeuse et prétentieuse: elle nous promet une chose bien rare en économie, des prévisions chiffrées détaillées. " Paul Samuelson 1964 TraduClion de l'Quleur du mémoire
INTRODUCTION
Plusieurs développements importants relativement à l'analyse théorique et empirique
des taux de change ont fait l'objet de travaux de recherche ces dernières années. La majorité
d'entre eux était relié à la théorie de la parité des pouvoirs d'achat, communément appelée
PPA. Dans sa forme la plus commune, cette théorie stipule que les prix des biens
comparables domestiques et étrangers s'égaliseront sur une période de long terme et ce, au
moyen du taux de change]. Cependant, ladite théorie semble difficile à valider
empiriquement, faisant ainsi naître l'appellation plutôt commune du puzzle de la PPA. En
soit, ledit puzzle découle de la difficulté à expliquer pourquoi le taux de change observé
diverge, et parfois de façon marquée, de son équilibre de long terme estimé par la PPA. Les
sources de cette divergence sont multiples et proviennent
àla fois de chocs qui ont des
incidences sur les mouvements de court et de long terme du taux de change.
Par chocs de court terme, on peut prendre comme exemples des changements de
politique monétaire d'un pays quelconque, ou une crise liée à des événements non récurrents
comme les scandales financiers survenus aux États-Unis ces dernières années. L'effet de cette
perte de confiance avait amené, de façon passagère, une sortie de capitaux des États-Unis
vers des pays qui n'ont pas encore connu une telle situation. Un autre exemple de choc de
court terme peut être associé
àcertaines fluctuations des cours du baril de pétrole. En effet,
bien qu'un prix plus élevé de l'or noir peut refléter un nouvel équilibre d'offre et de
demande, ce qui se traduirait comme un choc de long terme, il n'en demeure pas moins que le
prix de ladite matière première peut inclure une prime de risque liée à J'impact qu'aurait la
prochaine saison des ouragans par exemple.
Pour ce qui est des chocs affectant l'équilibre de long terme, on parle plutôt des effets
causés par un choc de productivité ou des changements de préférence des individus. Par
changements de préférence, on peut prendre comme exemple l'attrait pour les produits faits
àbase d'ingrédients biologiques. Cette nouvelle tendance affecte l'offre et la demande desdits
1 Pour que la définition au sens large de
la
PPA soit complète, il faut aussi que les biens contenus dans2
produits, affectant par le fait même les prix relatifs des biens non échangeables
2qui, par la
suite, ont un impact sur Je taux de change. Un autre exemple pourrait être l'annulation de la
taxe sur le capital pour les entreprises. En effet, une telle politique budgétaire stimulerait
l'investissement des entreprises, ce qui pourrait avoir un impact non négligeable sur la
productivité. Le tout impacterait le différentiel de productivité relative des biens non
échangeables entre deux pays, ce qui se répercuterait sur le taux de change.
Cela étant dit, pour ce mémoire, les efforts ont été concentrés sur les déterminants de
long terme qui peuvent influencer la PPA. Ici, nous faisons référence à J'impact qu'ont les
mouvements des prix relatifs des biens non échangeables sur les taux de change réel et
nominal. Aussi, nous allons vérifier si la productivité relative des biens non échangeables et
les dépenses du gouvernement ont un impact sur les prix relatifs pendant une longue période.
Finalement, nous allons vérifier l'impact qu'ont les différentiels de productivité des biens non
échangeables entre les pays domestiques et étrangers sur le taux de change réel.
Pour ce faire, nous allons avoir recours à l'économétrie, plus précisément la branche de
celle-ci qui est reliée aux variables non stationnaires, c'est-à-dire des variables qui n'ont pas
une moyenne et une variance constantes dans le temps et qui ne contiennent pas une tendance
déterministe pour autant. Pour ce travail, il faudra donc vérifier si les variables utilisées sont
intégrées d'ordre 1, soit 1(1). En soit, deux types de modèles vont être utilisés. En premier
lieu, nous allons avoir recours à des modèles de type ADL
(autoregressive distributed lag)ou
leur reparamétrisation et ce, pour les équations individuelles. Par la suite, nous allons
exécuter nos estimations à l'aide de systèmes d'équations. Pour ce faire, la procédure du
VAR
(vector autoregression)sera utilisée en première étape. La deuxième étape constituera à
faire des tests de cointégration sur les variables composant le VAR. Si ces derniers sont
probants et indiquent une ou plusieurs relations de long terme entre les différentes variables
composant notre système, nous allons utiliser l'approche VECM
(vector error correction2 Du point de vue des données empiriques, l'appellation « biens non échangeables» fait exclusivement référence au secteur des services. Lorsque l'on fait référence aux prix relatifs des biens non échangeables, on parle du ratio prix des services/prix des biens manufacturés. Pour ce mémoire, nous prenons comme hypothèse de travail que tous les biens reliés au secteur des services ne peuvent être échangés sur les marchés internationaux ce qui, avec la mondialisation des marchés, n'est plus nécessairement vrai. Celle hypothèse est posée à cause d'une contrainte de données.
3
model)
et nous attarder sur la relation de long terme
àl'intérieur de celui-ci, car ce sont ces
types de relations qui nous intéressent pour ce travail. Aussi, il nous apparaît important
d'éviter le piège de l'automatisme dans ce travail à base économétrique. Un texte sur les taux
de change illustre très bien ce phénomène, soit celui de Strauss (1999). Par exemple, celui-ci
a imposé des restrictions importantes sur le nombre de retards et le type de spécifications
utilisées lors de ses tests de racine unitaire; il n'a pas laissé parler les données. Selon nous, le
risque d'obtention de résultats biaisés est élevé avec l'utilisation de telles hypothèses. Durant
ce travail, nous allons donc nous assurer de bien définir la dynamique adéquate lors des
différents tests. En effet, si un nombre de retards trop élevé peut réduire la puissance des
tests, un nombre trop restreint peut en biaiser les résultats. De plus, nous avons identifié, pour
chacun des régresse urs de chaque équation, le nombre de retards et d'avancées optimals pour
chacune des spécifications estimées, procédure qui ne semble pas toujours être suivie dans la
littérature. De cette manière, la dynamique de nos équations est mieux définie et ce, pour
chacun des pays de notre étude.
Qui dit travail économétrique dit travail avec une base de données. Sur ce point, ce
mémoire apporte une avancée majeure selon nous. En effet, l'ensemble de notre base de
données semble en être une des plus complètes pour ce type de recherche et ce, en regard des
bases de données utilisées dans les travaux du même type présent dans la littérature. Par
exemple, les données reliées au secteur manufacturier contiennent souvent les sous-secteurs
des mines et métaux et de l'agriculture
3.De notre côté, la base de données ne contient que
lesecteur manufacturier et représente très bien les biens échangeables. Aussi, et ce point est
majeur, toutes nos données reliées au secteur des services reflètent vraiment ce dernier et ne
sont pas estimées comme étant l'ensemble de l'économie moins le poids du secteur
manufacturier, soit un simple résidu. Selon nous, cette façon de déterminer le secteur des
services est une lacune importante présente dans la littérature, car elle peut en altérer la
dynamique desdites séries. De ce fait, certains résultats obtenus
àl'aide de celles-ci
pourraient être biaisés.
3 Le secteur de l'agriculture est fortement subventionné et protégé par les gouvernements, limitant ainsi la possibilité des échanges internationaux. On ne peut donc le qualifier de biens échangeables. Bien que de moindre envergure, certains pays ont aussi la main mise sur les ressources naturelles. Pour cette raison, nous excluons ce secteur des biens échangeables.
4
En soi, autant sur la confection de la base de données que sur J'identification des
dynamiques de nos équations, ce mémoire pave la voie
àde nouvelles avenues. De plus,
l'application rigoureuse de l'économétrie fait en sorte qu'une contestation de certains
résultats obtenus par d'autres chercheurs, comme Strauss (1999), est rendue possible.
CHAPITRE 1
REVUE DE LITTÉRATURE
1.1 Littérature
La théorie de la parité des pouvoirs d'achat (PPA) se veut celle de l'existence d'un prix
unique pour certaines catégories de biens échangeables entre différents pays4. Pour que la
PPA tienne, le taux de change réel doit converger vers une valeur de long terme après qu'il
ait été affecté par différents chocs transitoires
5.Cependant, les analyses faites des données
empiriques laissent perplexe à ce sujet. Pour cette raison, plusieurs chercheurs, dont Elliott et
Pesavento (2000), Engel et Rogers (2001) ont tenté de vérifier si le taux de change réel
contenait bel et bien une racine unitaire
6.Les résultats furent partagés. Certes, certains
travaux suggèrent que les chocs sur le taux de change réel sont permanents et que celui-ci
n'est pas stationnaire (Engel (2000)), parce qu'il contient une racine unitaire. Par contre,
d'autres suggèrent que les chocs qui affectent
letaux de change réel ne sont peut-être que très
persistants sans pour autant être permanents (Pape Il (2002), Rogoff (1996)). Pour ces
derniers, la divergence observée entre le taux de change réel et son équilibre de long terme
(PPA) ne provient que de la dynamique particulière du taux de change réel, et non de la
présence d'une racine unitaire dans celui-ci. En effet, plusieurs résultats empiriques (Chinn
(1999), MacDonald et Ricci, (2001), Rogoff (1996)) notent que la demi-vie du taux de
change réel se situe entre 3 et 5 ans, prônant ainsi qu'il faut au moins 3 ans avant que
l'impact positif ou négatif, suite à un choc subi affectant le taux de change réel, ne s'estompe
de moitié à la suite desdits chocs. Cette situation cause des difficultés économétriques lorsque
vient le temps de traiter empiriquement le taux de change réel. En effet, celui-ci réagit
4 Ici encore, il faut prendre en compte que les taux de change réels doivent être calculés avec des
indices de prix comparables entre les différents pays.
5 À noter que des différences de taxation ou des coûts de transport, par exemples, pourraient expliquer
certains écarts, même à long terme, entre le taux de change réel et sa valeur d'équilibre. Cependant, toute chose étant égale par ailleurs, les prix des biens échangeables identiques devraient bouger ensemble sur un horizon de long terme.
6 D'un point de vue théorique, si le taux de change réel contient une racine unitaire, il n'est pas
stationnaire. Il ne convergerait donc pas vers un équilibre de long terme, faisant en sorte de ne pas supporter la théorie de la PPA qui implique un équilibre du taux de change réel à long terme.
6
pratiquement comme s'il possédait une racine unitaire, rendant ainsi difficile de discriminer
statistiquement s'il est stationnaire ou non. Cependant, la littérature suggère que ces résultats
peuvent être engendrés par le fait que les tests de racine unitaire utilisés ne sont pas assez
puissants (Caner et Kilian
(2001)).Ici, lorsque l'on parle de puissance de test, on fait
référence
à la propension qu'ont une majorité des tests de racine unitaire à commettre une
erreur de type
II,soit le non-rejet de l' hypothèse nulle quand elle est fausse. Pour pail ier à ce
problème, l'approche «panel» est une avenue intéressante. Malgré cela, les résultats obtenus
demeurent litigieux. Chortareas et Driver
(2001)ont testé un panel sur 18 pays de l'OCDE
avec, comme numéraire, le dollar américain. Les résultats obtenus ne supportent que
faiblement la PPA. Par contre, Oh (1996), Wu (1996) et Lothian (1997) obtiennent des
résultats inverses, soit que la PPA tiendrait en période de taux de change flottant post
Bretton-Woods.
Plusieurs hypothèses ont été émises pour expliquer que la théorie de la PPA ne peut
tenir. Une des plus connues est sans doute celle de Balassa (1964) et Samuelson (1964) qui
soutient que la PPA ne peut tenir à cause de la différence des taux de croissance de la
productivité des biens échangeables entre pays7. Par exemple, une croissance plus rapide de
la productivité pour le pays domestique amènerait une hausse des prix relatifs des biens non
échangeables pour celui-ci, ce qui se traduirait par une appréciation de son taux de change
réel. Chinn (l997b) obtient des résultats similaires indiquant que les différentiels de
productivité sont un des éléments importants lors de la détermination des taux de change réels
bilatéraux entre différents pays. Par contre, Froot and Rogoff (1995) minimisent l'effet
Balassa-Samuelson, surtout pour les pays industrial isés. De plus, Edwards (1989) a démontré
que l'effet Balassa-Samuelson est mitigé. En effet, s'il est vrai que la hausse de productivité
du secteur des biens échangeables amènerait des hausses de salaire qui se traduisent par une
augmentation des prix relatifs des biens non échangeables (appréciation du taux de change
réel), il est aussi vrai que cette productivité aurait un impact positif sur l'offre qui se traduirait
par une dépréciation du taux de change réel (similaire à l'effet Rybczinski). Pour ce qui est de
7 Ici, il faut bien comprendre que tout changement dans l'évolution de la productivité relative du pays
domestique face aux pays étrangers peut impacter les prix relatifs des biens échangeables et non échangeables. Un choc de productivité peut donc faire dévier le taux de change réel de son équilibre de long terme.
7
l'impact des dépenses des gouvernements sur les prix relatifs des biens non échangeables, la
1ittérature fait part de résultats mitigés. En effet, Chinn (1999) soutient que les dépenses des
gouvernements ont bel et bien un impact sur le taux de change réel, mais seulement sur un
horizon de court terme. Par opposition, De Gregorio, Giovannini et Wolf (1994) obtiennent
comme résultat que l'impact des dépenses des gouvernements est plutôt de long terme.
Finalement, Balvers et Bergstrand (2000) prônent plutôt sur un effet mixte des dépenses
gouvernementales sur le taux de change réel. Les résultats de ces derniers sont basés sur les
util ités marginales des différents pays. Par exemple, si l'augmentation des dépenses de l'état
se traduit par une demande accrue de biens domestiques et n'entre pas en conflit avec l'offre
de biens du secteur privé, le taux de change réel devrait s'apprécier. Par contre, si la structure
de hausses des dépenses gouvernementales a pour impact de créer un effet de substitutions
entre l'état et le privé, le taux de change réel aurait tendance
àse déprécier.
Une autre hypothèse, tentant d'expliquer les déviations de la PPA, provient du fait que
le taux de change réel serait affecté par une dynamique non linéaire. Si tel était le cas, les
tests de racine unitaire utilisés pour tester la stationnarité du taux de change réel en seraient
affectés. En effet, Taylor et Peel (1997) ont démontré que lorsqu'un test de racine unitaire est
effectué sur une série qui comporte une dynamique non linéaire, les probabilités
d~erreursde
type II augmentent de façon substantielle. De récentes études (Obstfeld et Taylor (1997),
O'Connel] (1997), Peel et Taylor (1997), Uppal et Sercu (1996)) ont tenté de vérifier si cette
non-linéarité était présente. Bien qu'il n'y ait pas consensus, les résultats obtenus suggèrent la
présence d'une forme de non-linéarité. Ces résultats sont importants. En effet, car en présence
de non·linéarité, les chocs qui causent des déviations importantes de la PPA pourraient
occasionner une correction plus importante, donc un retour plus rapide vers la moyenne de
long terme, alors que les chocs qui causent des écarts moins importants (en présence de coûts
de transaction, par exemple) n'induiraient que des corrections très lentes vers la moyenne de
long terme.
8
1.2 Problématique de certains résultats
Dans la revue de 1ittérature, un aperçu a été donné des tra vaux empiriques effectués sur
le taux de change. Bien que certains de ces travaux obtiennent des résultats conformes à la
théorie, certains résultats pourraient être fragiles. Un de ces travaux a été effectué par Strauss
(1999). Bien qu'à première vue les résultats obtenus semblent très intéressants, certaines
applications trop mécaniques des techniques économétriques pourraient avoir mené à des
conclusions fortuites et erronées. Premièrement, lorsque Strauss (1999) analyse la
stationnarité de différentes variables, soient le taux de change réel, les prix relatifs et la
productivité relative des biens non échangeables et les dépenses des gouvernements en
fonction du PIE, il utilise une tendance déterministe et quatre retards. Cependant, Strauss ne
semble pas avoir utilisé de critères d'informations pour justifier empiriquement la
spécification qu'il a imposée. Une mauvaise sélection de la représentation dynamique peut
fausser les résultats obtenus.
La même procédure (tendance déterministe et quatre retards) a été utilisée pour
appliquer les tests de racine unitaires en données de panel. En plus de la spécification utilisée,
Strauss a utilisé le test Levin and Lin (1993) pour l'analyse de ses résultats. L'utilisation de
ce test impose une restriction commune d'autocorrélation du premier ordre. Comme
démontré par Mark
(2001),cela peut amener des distorsions substantielles causant ainsi des
résultats erronés. Dans le cas de tests de racine unitaire de données de panel, la littérature
suggère l'utilisation d'un test plus puissant, soit celui de lm, Perason et Shin
(2003).Dans la deuxième section du texte, Strauss met en relation le taux de change réel par
rapport aux prix relatifs des biens non échangeables domestiques et étrangers. Encore une
fois, le choix des retards et des avancées (dans le cas du modèle de Saikkonen) peut avoir
contaminé les résultats présentés.
Le même problème survient lorsque Strauss met en relation les prix relatifs des biens
non échangeables avec la productivité relative des biens non échangeables et les dépenses du
gouvernement. En effet, pour ces modèles, il émet comme hypothèse que la bonne
9
spécification doit en être une avec une tendance déterministe et quatre retards pour le VAR et
ce, sans justification empirique. De pl us, comme mentionné dans Paquet (2001), le modèle de
Saikkonen est souvent affecté par la présence d'autocorréJation importante. Le texte de
Strauss ne fait pas mention si des tests de présence d'autocorrélation ont été faits, quels en
sont les résultats et, s'il y a lieu, si
Je problème a été corrigé en ayant recours, par exemple,
àun estimateur convergent de la variance des paramètres.
Il aurait aussi été intéressant de savoir, si présence il y a, combien de relations de
cointégration contiennent chacun des modèles et de savoir si la spécification du VECM est
bien celle appropriée dans ces cas. En général, Strauss tire des conclusions de ses résultats
économétriques et ce, malgré le fait que plusieurs coefficients de régresseurs obtiennent des
signes contraires à la théorie, souvent dans le cas du Canada. Pour ces raisons, et en partie
àcause de certains résultats obtenus par Strauss qui peuvent laisser perplexe, nous serons
prudents sur l'application des techniques économétriques et vérifierons, par le fait même, la
robustesse des résultats de Strauss (1999).
CHAPITRE II
FONDEMENTS CONCEPTUELS
ET THÉORIQUES
Avant de présenter les modèles qui seront estimés dans ce mémoire, il est de mise de
discuter des fondements conceptuels et théoriques sous-jacents à la détermination du taux de
change réel et ce, dans Je but de se forger une intuition sur celle variable, mais également afin
d'éliminer certains mythes que l'on véhicule au sujet de la dynamique du taux de change
dans la presse de tous les jours.
Afin de comprendre ce qui affecte le taux de change, il nous faut comprendre ce qu'il
est. Trop souvent, et à tort d'ailleurs, l'actualité fait mention que la bonne performance des
exportations canadiennes est due à la faiblesse du taux de change et que les changements du
taux de change affectent nécessairement le niveau d'emploi d'un pays. Pour que ces
commentaires soient fondés, il faudrait que le taux de change soit une variable exogène,
c'est-à-dire une variable qui en détermine une autre sans pour autant être expliquée en
fonction des autres variables de l'économie. En réalité, le taux de change est bel et bien une
variable endogène qui est affectée par une multitude de facteurs.
Pour débuter, voici un résumé de certains concepts de base relatifs au taux de change
présents dans la théorie économique. L'équation
(1)définit le taux de change réel dans sa
forme la plus simple, soil
8 :•
q=s+p -p, (1)
où
qreprésente le taux de change réel,
s le taux de change nominaJ et / le niveau des prix de
l'ensemble de J'économie domestique. Les variables ayant le symbole • sont associées au
pays étranger. L'équation
(1)nous indique que la valeur du taux de change réel est
8 À partir de cet instant, toutes les variables sont représentées sous forme logarithmique.
9 Le niveau des prix p est calculé à l'aide de J'IPe. Plus loin dans ce travail, nous allons faire référence à des indices de prix distincts pour les services et les biens manufacturés.
Il
déterminée par les prix relatifs étrangers corrigés par
s, Je taux de change nominal
lO.En
analysant les composantes de l'équation
(1),on remarque qu'une augmentation de
s+p*aurait comme conséquence de faire augmenter q, ce qui se traduirait par une dépréciation du
taux de change réel pour le pays domestique
11 .De plus, on peut remarquer qu'une
augmentation (diminution) de
p se traduit par une dépréciation (appréciation) du taux de
change réel.
Maintenant que nous avons une idée générale sur ce qui détermine les fluctuations du
taux de change réel,
ilserait bon d'analyser certaines de ses composantes de façon plus
désagrégée. Ici, nous faisons référence
àla variable de prix, composante majeure du taux de
change réel. En soit, le niveau des prix (p) peut être désagrégé de la façon suivante:
P= (l-a)Pe
+
apne , (2)où
ereprésente les biens échangeables et
neles biens non échangeables,
a indique la
proportion de chaque catégorie de biens dans J'économie. Il s'en suit que l'équation (3) tient
pour l'économie étrangère.
(3)
En substituant les équations (2) et (3) dans l'équation
(1),nous obtenons la relation suivante:
q = (5+ P: - Pe) - a {Pne-Pel+ a* {Pn: - p:l, (4)
Si la PPA tient pour les biens échangeables, le terme (s
+
Pc
* -
Pe)=
O. Aussi, l'équation (4)
démontre que le taux de change réel dépend des prix relatifs des biens non échangeables
10 S est défini comme étant le nombre d'unités de devise domestique par unité de devise étrangère.
Il Lorsque nous faisons référence à la théorie liée aux taux de change, il faut garder à l'esprit qu'une
augmentation (diminution) de q et s se traduit par une dépréciation (appréciation) des taux de change réels et nominaux pour Je pays domestique.
12
domestiques et étrangers
l2 .Cette équation nous indique aussi qu'un choc positif de
productivité sur les biens échangeables du pays domestique entraînerait une hausse des prix
relatifs des biens échangeables qui se traduirait par une baisse de q, soit une appréciation du
taux de change réel. Si ce choc est très persistant, le taux de change réel peut s'éloigner de sa
PPA pendant une longue période
l3 .En réécrivant l'équation (1) à l'aide de l'équation (4), et en supposant que la PPA tienne pour
les biens échangeables, nous obtenons l'équation suivante:
s=p-p·-o.[Pne -Pel+o.*[Pn:-P:l,
(5)Cette équation nous indique que les prix relatifs des biens non échangeables des pays
domestiques et étrangers affectent de la même manière Je taux de change nominal que Je taux
de change réel. Celte équation nous indique aussi qu'une augmentation des prix relatifs
domestiques (p •
P*)
provoque une variation positive de
5,soit une dépréciation du taux de
change nominal.
Comme nous l'avons démontré, les mouvements des prix relatifs ont donc un impact
sur les taux de change réels et nominaux du pays domestique. Il nous reste maintenant à
vérifier ce qui peut provoquer des variations sur le niveau des prix relatifs des biens non
échangeables et ce, sur une période
àlong terme.
Rogoff (1992) et De Gregoriou et Wolf (1994) stipulent que les prix relatifs des biens
non échangeables sont affectés à la fois par la productivité relative des biens non
échangeables et par
leniveau de dépenses des gouvernements. Dans le but de vérifier
l'argument de ces deux auteurs, nous avons construit l'équation suivante:
12
L'équation (4) nous indique que, toute chose étant égale par ailleurs, une augmentation des prix
relatifs domestiques se traduit par une baisse de q (appréciation du taux de change réel) et que toute
augmentation des prix relatifs étrangers se traduit par une augmentation de q (déprécation du taux de
change réel) et ce, pour le pays domestique.
13
Il faut demeurer prudent, car une nouvelle valeur d'équilibre du taux de change réel ne signifie pas
13
(6)
Le terme
(ane - ae)de l'équation (6) représente la productivité relative des biens non
échangeables et
(g -y)représente les dépenses du gouvernement en pourcentage du PIB. Ici,
on remarque qu'une hausse de productivité relative des biens non échangeables se traduit par
une diminution des prix relatifs des biens non échangeables, donc une dépréciation du taux de
change réel (réf. équation (4)). Pour ce qui est des dépenses gouvernementales, une
augmentation de celles-ci aurait comme effet de hausser le prix relatif des biens non
échangeables, ce qui se traduirait par une appréciation du taux de change rée!.
Un autre facteur, qui peut influencer les prix relatifs des biens non échangeables, a
été évoqué par Balassa (1964) et Samuelson (1964), soit le lien existant entre la productivité
relative des biens échangeables entre les pays domestiques et étrangers. Cette relation est
évoquée par l'équation
(7) :(7)
Selon l'équation
(7),une hausse de la productivité relative des biens échangeables du pays
domestique impliquerait une hausse de leurs prix relatif, ce qui impliquerait une appréciation
du taux de change rée!.
Dans cette section, nous avons exploré les différents liens qui existent entre des variables
comme le taux de change réel, les prix relatifs et la productivité relative des biens non
échangeables, les dépenses du gouvernement, etc. Dans les prochaines sections, nous
discuterons en détail de la construction de notre base de données, de la méthodologie derrière
les tests de racine unitaire et de la méthodologie util isée lors de
J'estimationde nos équations.
14 Cette équation n'a été créée que pour vérifier les résultats obtenus par Rogoff (1992) et De
CHAPITRE
III
DONNÉES
3.1 Base de données
Dans un travail à haute teneur économétrique, les données utilisées revêtent un
caractère primordial. C'est pourquoi une attention particulière a été portée pour constituer
une base de données qui soit la plus représentative des concepts reliés à la théorie. La
majorité des autres travaux
J5portant sur les taux de change ont été effectués avec la
Sect oralDatabase
de J'OCDE. Bien que complète, la disponibilité de certaines données contenues
dans cette base n'est qu'annuelle, ce qui peut faire fi d'une dynamique intéressante et
pertinente pour l'estimation des équations. Donc, l' util isation de données trimestrielles
pourrait être un atout lors des estimations des équations sous-jacentes aux taux de change. De
plus, lorsque l'on parle de biens échangeables et non échangeables, on pourrait penser que
chacune des séries associées à cesdites appellations soit respectivement reliée aux biens des
secteurs manufacturiers et des services. En fait, certains auteurs comme Chinn (1999), Wu
(1996) et Pappell (1997) ont défini les biens échangeables comme étant la somme des
secteurs manufacturiers, des mines et métaux et de l'agriculture. Cette méthode de procéder
peut, encore une fois, biaiser la dynamique des séries des biens échangeables. En effet, le
secteur de l'agriculture est hautement subventionné dans plusieurs pays et protégé par une
multitude d'assurances en cas de perte de récolte; de sorte que les cycles économiques sont
lissés pour ce secteur. Aussi, dans la majorité des cas, le secteur des services a été identifié
comme étant J'ensemble de l'économie retranchée du poids du secteur manufacturier. En soit,
on peut facilement dire que les données associées au secteur des services sont un résidu. Par
exemple, la majorité des textes ont estimé la productivité des services de la façon suivante: la
productivité totale de l'ensemble de l'économie moins la productivité du secteur des biens
échangeables
l6 .Pour ces raisons, nous avons passé plusieurs mois à construire une base de
données qui est la plus représentative de la réalité. Grâce
à plusieurs discussions avec
15 Chinn (1997a), Engel (2000), Fraot et Rogoff (1995), Murray et Papell (2002), MacDonald et Ricci
(2001) pour ne nommer que ceux-ci.
16 Ici, la définition de biens échangeables semble diverger entre les différents textes de la littérature. En
effet, certains les définissent comme étant le secteur manufacturier tandis que d'autres les définissent comme étant la somme des secteurs manufacturiers, des mines et métaux et ('agriculture.
15
l'OCDE, le BLS ainsi qu'avec plusieurs fournisseurs de données tels que Thomson Analytic et Global Insight, il a été possible de créer des séries empiriques fiables sur une base trimestrielle de 1970Tl à 2004T417• Par exemple, l'OCDE nous a gracieusement fourni desdonnées trimestrielles sur la production des services depuis 1970. La résultante de cette recherche nous a permis de circonscrire uniquement le secteur manufacturier et le secteur des services lors de la création des séries traitant des biens échangeables et non échangeables l8 . Donc, nos séries de productivité et de prix relatifs ne contiennent que les éléments désirés.
Les pays compris dans l'étude sont les suivants: Australie, Canada, France, Japon et Royaume-Uni. Nous croyons que ce groupe de pays est un échantillon représentatif des pays industrialisés. En effet, le Canada et l'Austral ie sont catalogués comme deux pays où la monnaie est fortement tributaire du prix des matières premières, Chen et Rogoff (2002).
Le
Japon représente bien l'Asie et le Royaume-Uni; un pays de l'Europe ne faisant pas partie de la zone euro. La France représentera la zone euro. Nous aurions aimé utiliser l'Allemagne, mais la réconciliation des données effectuée par les agences statistiques lors de la réunification de l'Ouest et de l'Est nous laissent perplexes. En effet, un examen visuel de ceI1aines séries de données montre des bris importants qui auraient pu entacher notre analyse.Il est
à
noter que même si la France utilise l'euro comme monnaie d'échange, les agences statistiques continuent de calculer un taux de change nominal synthétique pour le franc français. Le numéraire et le pays étranger sont définis respectivement par le dollar américain et les États-Unis. Finalement, à la vue des données utilisées dans la littérature et avec l'investissement que nous avons fait pour obtenir certaines données, nous sommes d'avis que la base de données de ce mémoire comporte des avantages certains.17 Pour le Royaume-Uni, les prix de la composante services ne sont disponibles que depuis 1973. 18 Pour ce mémoire, les secteurs du manufacturier et des services ont été respectivement associés aux
biens échangeables et non échangeables. Évidemment, nous sommes conscients que certaines composantes des services comme le tourisme, la comptabilité, etc., pourraient être incluses dans les biens transférables car ils font l'objet d'échanges bilatéraux. Cependant, la désagrégation par sous secteurs des services ne nous permet pas de faire cette distinction pour l'ensemble des pays contenus dans notre échantillon.
16
3.2 Analyse graphique des données
Notre base de données étant construite, nous allons maintenant faire une analyse
graphique des variables clés pour chacun des pays composant notre échantillon. Pour chaque
pays, une page contenant six graphiques a été construite et sera présentée en annexe. La
présentation des graphiques sera la même pour chacun des pays, soient les taux de change
réel et nominal au graphique 1; aux graphiques 2 et 3, on retrouve les prix relatifs et la
productivité relative
l9des biens échangeables du pays sous revus; le graphique 4 fait part des
dépenses des gouvernements en pourcentage du PIB; le graphique 5 indique les prix relatifs
des biens échangeables et non échangeables du pays domestique, et finalement, le graphique
6 fait part de la productivité relative des biens échangeables du pays domestique
2o,21.3.2.1
Australie
Notre analyse graphique débute par l'Australie. Le graphique 1 montre le
comportement des taux de change réel et nominal pour la période de 1970 à 2005. Comme on
peut le remarquer, les deux séries évoluent en tandem. De 1974 à 1986, les taux de change
réel et nominal ont suivi une tendance marquée par la dépréciation. Celte tendance s'est
poursuivie de 1988 à 2005, mais dans une bien plus faible mesure. On peut aussi remarquer
que les taux de change réel et nominal semblent être plus volatiles depuis
1985~ Le graphique2 montre l'évolution des prix relatifs des biens non échangeables. On remarque que cette
variable suit une tendance haussière depuis le début des années 1970, indiquant ainsi que le
prix des services s'accélère beaucoup plus rapidement que le prix des biens manufacturés.
Aussi, la croissance de celte variable est plus stable depuis les années 1984 qu'elle ne l'était
auparavant. Au graphique 3, on peut voir l'évolution de la productivité relative des biens non
19 Lorsque l'on fait référence aux prix relatifs et à la productivité relative des biens non échangeables,
on s'allarde au prix et à la productivité intérieure. Pour le Canada par exemple, on fait référence aux ratios des prix des services / prix des biens manufacturés.
20 Ici, on fait référence aux ratios des prix domestiques sur les prix étrangers et ce, pour chaque catégorie de biens.
21 Le graphique 6 fait référence aux différentielles de productivité pour les biens manufacturés entre les
17
échangeables. On remarquera que celle-ci a décliné rapidement entre les années 1970 et
1988, indiquant ainsi une croissance plus rapide de la productivité dans le secteur
manufacturier. Ce déclin de productivité relative s'est poursuivi après 1988, mais dans une
moindre mesure que la période présente. Pour ce qui est des dépenses du gouvernement en
pourcentage du pœ, elles ont été en progression constante entre 1970 et 1991; par la suite,
elles ont entrepris une phase de déclin jusqu'en 2002, et sont stables depuis.
Le graphique 5montre l'évolution des prix relatifs du pays domestique pour les biens échangeables et non
échangeables. Comme on peut le remarquer, entre 1970 et 1990, la croissance des prix a été
beaucoup plus rapide en Australie qu'aux États-Unis et ce, autant pour les services que les
biens manufacturés. Depuis 1990, la croissance du prix des biens échangeables semble avoir
évolué en tandem pour les deux pays tandis que les prix des biens échangeables ont progressé
plus rapidement aux États-Unis.
Ledernier graphique montre l'évolution de la productivité
relative des biens échangeables entre l'Australie et les États-Unis. On remarque que ce ratio
est relativement stable entre les années 1970 et 1988. Par la suite, on remarque que les
Américains ont été beaucoup plus productifs que leurs homologues australiens.
3.2.2
Canada
Notre analyse graphique se poursuit avec le Canada. Le graphique 1 montre le
comportement des taux de change réel et nominal pour le période de 1970 à 2005. Comme on
peut le remarquer, les deux séries évoluent en tandem. Sur ce graphique, on peut remarquer
quatre phases importantes qui caractérisent les taux de change nominal et réel entre 1976 et
2006. Premièrement, le dollar canadien a entrepris une période de dépréciation entre 1976 et
1986. Par la suite, il s'est apprécié de 1986
à1991 et s'est déprécié de nouveau entre les
années 1992 et 2002. Depuis ce temps, le dollar canadien est dans une phase d'appréciation
face au dollar américain. Le graphique 2 montre l'évolution des prix relatifs des biens non
échangeables. On remarque que cette variable a connu une forte tendance haussière
22entre le
début des années 1980 et 1991, elle s'est rétractée jusqu'en 1994, demeurée stable jusqu'en
22 Rappelons qu'une hausse des prix relatifs des biens non échangeables indique que le prix des services s'accélère plus rapidement que le prix des biens manufacturés.
18 2001, et a entrepris de nouveau une tendance haussière depuis. Au graphique 3, on peut voir l'évolution de la productivité relative des biens non échangeables. On remarquera que celle-ci a décliné rapidement entre les années 1970 et 1984, indiquant ainsi une croissance plus rapide de la productivité dans le secteur manufacturier. Depuis, elle est demeurée relativement stable. Pour ce qui est des dépenses du gouvernement en pourcentage du pm, elles ont suivi une tendance baissière sur pratiquement toute la période. Le point saillant à remarquer est le fort déclin qu'ont connu les dépenses du gouvernement entre 1992 et 1998. Le graphique 5 montre l'évolution des prix relatifs du pays domestique pour les biens échangeables et non échangeables. Comme on peut le remarquer, les prix des biens échangeables canadiens semblent s'accélérer, d'un point de vue tendanciel, plus rapidement que les prix américains. Pour ce qui est des prix des biens non échangeables, ils ont eu tendance à augmenter plus rapidement aux États-Unis qu'au Canada de 1976
à
1980 et de 1990à
aujourd'hui. Le dernier graphique montre l'évolution de la productivité relative des biens échangeables entre le Canada et les États-Unis. On remarque que ce ratio est relativement stable entre les années 1970 et 1980. Par la suite, on remarque que les Américains ont été beaucoup plus productifs que leurs homologues canadiens.3.2.3 Japon
Poursuivons notre analyse graphique avec le Japon. Le graphique 1 montre le comportement des taux de change réel et nominal pour la période de 1970
à
2005. On peut remarquer que les taux de change réel et nominal se sont appréciés face à la devise américaine entre les années 1970 et 1995. Par la suite, ils ont connu une phase d'appréciation de courte durée et sont demeurés relativement stables depuis 1998. Le graphique 2 montre l'évolution des prix relatifs des biens non échangeables. On remarque que cette variable connaît une forte tendance haussière et ce, depuis 1974. Au graphique 3, on peut voir l'évolution de la productivité relative des biens non échangeables. On remarquera que celle-ci a décliné rapidement entre les années 1976 et 1990. Par la suite, la productivité du secteur des services a été plus rapide et ce, jusqu'en 1994. Depuis ce temps, la productivité du secteur manufacturier augmente plus rapidement que le secteur des services. Pour ce qui est des19
dépenses du gouvernement en pourcentage du PIB, elles ont suivi une tendance haussière sur
toute la période de notre échantillon. Le graphique 5 montre l'évolution des prix relatifs du
pays domestique pour les biens échangeables et non échangeables. Comme on peut le
remarquer, les prix des biens échangeables et non échangeables japonais se sont nettement
appréciés moins rapidement que les comparables
23américains de 1978 à aujourd'hui.
Ledernier graphique montre l'évolution de la productivité relative des biens échangeables entre
le Japon et les États-unis. On remarque que le Japon a su tenir tête aux États-unis jusqu'à la
fin des années 1990. Par la suite, on remarque que les Américains ont été beaucoup plus
productifs que leurs homologues japonais.
3.2.4
Royaume-Uni
Notre analyse graphique se poursuit avec le Royaume-Uni. Le graphique 1 montre le
comportement des taux de change réel et nominal pour le période de 1970 à 2005. Sur
l'ensemble de la période, on ne peut déceler une tendance dominante. En effet, les taux de
change réel et nominal ont connu une phase de forte appréciation entre 1980 et 1984 et se
sont dépréciés par la suite jusqu'en 1992. Ils n'ont pas connu de tendance dominante depuis.
Le graphique 2 montre l'évolution des prix relatifs des biens non échangeables. On remarque
que cette variable connaît une fOlte tendance baissière entre 1973 et 1995. Depuis, bien que
de moindre envergure, une tendance haussière s'est amorcée indiquant que les prix des biens
non échangeables progressent plus rapidement que les prix des biens échangeables. Au
graphique 3, on peut voir l'évolution de la productivité relative des biens non échangeables.
Si on exclut la période allant de 1990 à 1998, on peut voir que la croissance de la productivité
est toujours plus élevée dans le secteur des biens échangeables que non échangeables. Pour ce
qui est des dépenses du gouvernement en pourcentage du PIB, elles ont suivi une tendance
baissière sur toute la période de notre échantillon. Le graphique 5 montre l'évolution des prix
relatifs du pays domestique pour les biens échangeables et non échangeables. Comme on peut
le remarquer, les prix relatifs des biens échangeables et non échangeables évoluent nettement
23 L'utilisation du terme « comparables» fait référence à la catégorie de biens, échangeables et non échangeables, et non à la composition des indices de prix.
20
en sens inverse vis-à-vis leurs comparables américains. En effet, les prix relatifs des biens
échangeables se sont appréciés nettement plus rapidement au Royaume-Uni entre 1970 et
2005.
Àl'inverse, les prix des services ont connu une croissance bien plus faible que leurs
homologues américains et ce, entre 1976 et 2005. Le dernier graphique montre l'évolution de
la productivité relative des biens échangeables entre le Royaume-Uni et les États-unis. On
remarque que le Royaume-Uni a été plus productif que les États-unis entre 1980 et 1994. Par
la suite, les Américains ont dominé jusqu'en 1996. Depuis, on remarque que l'évolution de la
productivité des biens échangeables est relativement similaire pour les deux pays.
3.2.5
France
Notre analyse graphique se termine avec la France. Comme on peut le remarquer sur
le graphique 1, les taux de change nominal et réel ne semblent pas dégager de tendance de
long terme et ce, de 1970 à 2005. Néanmoins, ceux-ci ont connu de fortes variations. En
effet, les taux de change réel et nominal se sont fortement dépréciés entre 1980 et 1985: Ils
se sont fortement appréciés entre 1985 et 1987 et ont continué sur cette tendance jusqu'en
1996. Par la suite, ils se sont dépréciés jusqu'en 2002 et se sont appréciés depuis. Le
graphique 2 montre l'évolution des prix relatifs des biens non échangeables. On remarque
que cette variable connaît une forte tendance haussière pratiquement sur l'ensemble de
l'échantillon, soit de 1974 à 2005. Au graphique 3, on peut voir l'évolution de la productivité
relative des biens non échangeables. On remarque que celle-ci a suivi une tendance haussière
entre 1970 et 2005, même conclusion pour ce qui est des dépenses du gouvernement en
pourcentage du PIB, bien que le taux de croissance de celles-ci soit beaucoup plus élevé
entre 1974 et 1983 comparativement à la période 1984 - 2005. Le graphique 5 montre
l'évolution des prix relatifs du pays domestique pour les biens échangeables et non
échangeables. Comme on peut le remarquer, les prix des biens non échangeables se sont
appréciés plus rapidement en France qu'aux États-Unis entre 1970 et 1988 depuis, la relation
s'est inversée. Pour ce qui est des prix relatifs des biens échangeables, depuis 1980, ils ont
entrepris la même tendance que les prix relatifs des biens non échangeables.
Ledernier
graphique montre l'évolution de la productivité relative des biens échangeables entre la
21
France et les États-Unis. Comme la majorité des pays composant notre échantillonnage, on
remarque que l'évolution de
laproductivité est similaire en début d'échantillon, mais qu'à
partir des années 1990, les États-Unis débutent une domination.
CHAPITRE IV
MODÈLE
4.1
Test de racine
unitaireL'analyse visuelle de nos données étant maintenant complétée, nous poursuivrons notre
analyse à l'aide d'outils statistiques. En effet, il est primordial de connaître les attributs
statistiques de chacune de nos variables et ce, bien avant de déterminer quelle spécification
économétrique sera utilisée lors de l'estimation de modèles futurs. Nous voulons vérifier à
quel genre de données nous faisons face. Par exemple, sommes-nous en présence de données
stationnaires ou intégrées d'un ordre quelconque. Pour répondre à cette question, nous devons
avoir recours aux tests de racine unitaire
24.Cependant, il faut porter une attention particul ière
àla méthodologie employée lors de l'application des tests statistiques. En effet, les tests
devraient être effectués dans l'ordre suivant, soit avec constante et tendance, et avec
constante seulement
25 .Étant conscient que les distributions statistiques ne suivent pas une loi
normale, nous devons porter une attention particulière lors de leur validation. Pour ce
mémoire, les valeurs critiques des tendances et constantes ont été déterminées par Dickey
Fuller (1980). Un autre point important lors de l'exécution de tels tests est le nombre de
retards utilisés. Pour définir le nombre de retards optimaux, plusieurs critères d'informations
sont à notre disposition, soient Akaike, modifié Akaike, Schwarz, modifié Schwarz et
Hannan-Quinn. Pour ce travail, notre choix s'est atTêté sur le critère d'Akakie modifié. En
effet, Ng et Perron (2000) ont démontré que ce critère d'information était le plus puissant
pour ce type de tests de racine unitaire fait
àJ'aide de Dickey-Fuller augmenté. Voici donc
dans quel ordre nous avons procédé lors de l'analyse de la stationnarité des variables sous
jacentes à ce mémoire. Premièrement, nous avons effectué les tests sur les séries individuelles
à l'aide du test de Dickey-Fuller augmenté. Deuxièmement, nous avons effectué les tests de
24 Dans la majorité des cas, les tests de racine unitaire ont comme hypothèse nulle la présence d'une
racine unitaire. Donc, le rejet de l'hypothèse nulle indiquerait que nous serions en présence d'une variable stationnaire.
25 Cette procédure est importante. En effet, ajouter des variables non pertinentes ne biaise pas les
résultats, mais en omettre peut créer un problème. C'est donc pour cette raison que nous commençons les tests avec constante et tendance, et poursuivons avec constante seulement.
23
racine unitaire en données de panel. Dans ce cas, le rejet de l'hypothèse nulle des tests a été
basé sur les résultats du test lm, Perasan et Shin. En effet, selon la littérature, ce serait
présentement le test le plus puissant lors de l'analyse de données de panel.
4.2 Modèles économétriques et méthodologie
Quatre types de spécifications économétriques
26ont été utilisés lors de l'estimation des
équations présentées dans ce mémoire. Dans un premier temps, nous allons présenter les
spécifications utilisées lors de l'estimation des équations individuelles. Par la suite, nous
discuterons de la spécification des systèmes d'équations.
Le premier modèle est celui de Saikkonen (1991) dont la représentation est la suivante:
P Q
Y
r=
a+
fJlXlr
+
fJ2X21
+ .... +
fJ"Xnr
+
L>t>II~XI,_,
+
L>1>2j~XI'+J
+V(
(8);=1 j=1
où
YIreprésente la variable dépendante en niveau de l'équation,
%11I
représente les
variables explicatives de l'équation en niveaux,
L1%1 .
et
L1%1 .
représentent les variables
/-1 /+1
explicatives en première différence retardées de
ipériode et avancées de
j période, et
v(
le
terme
d'erreur.Ce modèle fut développé dans le but de remédier aux problèmes
d'endogénéité. Habituellement, lorsque nous faisons face à un tel problème, la technique des
variables instrumentales est utilisée pour résoudre celui-ci. Pour résoudre ce problème,
Saikkonen a décidé d'inclure des données avancées dans son modèle. En effet, si
X(influence
YIen même temps que
Yrinfluence
XI>l'interrelation future entre
XIet
YIpeut contenir des
informations essentielles aidant à estimer la relation de long terme entre
X,et
YI_Cependant,
26 La totalité des modèles contient des estimations qui ont été faites à l'aide de variables en niveau. À
l'exception du VAR, il s'en suit que les variables utilisées pour ces modèles doivent toutes être intégrées du même ordre. Aussi, celles-ci doivent avoir une relation de cointégration entre elles.
En
effet, si tel n'était pas le cas, nous serions en présence de régression fictive. Le tout induirait des résultats d'estimation erronés.24
ce type de modèle est souvent affecté par la présence d'autocorrélation. Pour pallier à ce
problème, nous estimons la variance de l'estimateur des paramètres avec la matrice de
Newey-West. Ce modèle s'estime par moindre carré ordinaire et les retards et avancées
optimaux ont été identifiés
àl'aide des critères de Schwarz. En effet, le critère d'Akaike
indique souvent un nombre de retards et d'avancées excessif, ce qui fait diminuer le nombre
de degrés de liberté, ce qui réduit l'information utilisable disponible. Le nombre de retards et
d'avancées dicté par les critères d'informations varie entre -13 et
+13et a été choisi
indépendamment pour chacune des variables.
La deuxième spécification utilisée est celle introduite par Phillips et Loretan
(1991).Elle est définie de la façon suivante, soit:
P Q R
y,
=a+!ixlJ+....+,B,,x,,+
I~I4tt,_,+
I11
j4tt,./
+
I~(Yt-k-,Lù;'_k
-···-,B"xn,)+v,
(9)i=1 j=! k=l
où
Y,
représente la variable dépendante en niveau de J'équation,
XIII
représente les
variables explicatives de l'équation en niveaux,
.1X1 .
et
.1X1 .
représentent les variables
/-1 '·H
ex1licatives en première différence retardées de
ipériode et avancées de
jpériode,
Cf,-k -
131%1
I-It.- ... -
13"%,,
t-k)
représente le terme de correction des erreurs et
v,
le terme
d'erreur. Ce modèle reprend l'essence du modèle de Saikkonen, soit l'utilisation de retards
et d'avancées des premières différences pour les variables explicatives. Cependant, dans le
but de corriger la forte autocorréJation présente dans Saikkonen, un terme de correction
d'erreur a été ajouté. Cette procédure est asymptômatiquement efficiente avec médiane non
biaisée et est estimée par moindre carré non linéaire. L'avantage de cette méthode fait en
sorte de mieux capter les divergences présentes entre la variable dépendante,
y,et sa tendance
de long terme.
Ayant présenté la spécification des équations individuelles, nous allons présenter les
équations qui seront estimées
àl'aide de celle-ci. Nous vérifierons, entre autres, les résultats
25