• Aucun résultat trouvé

Caractérisation de la production orale en français L2 de locuteurs natifs du mandarin réalisé au moyen d'une analyse des autoreformulations autoamorcées produites lors d'une narration

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Caractérisation de la production orale en français L2 de locuteurs natifs du mandarin réalisé au moyen d'une analyse des autoreformulations autoamorcées produites lors d'une narration"

Copied!
188
0
0

Texte intégral

(1)

UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL

CARACTÉRISATION DE LA PRODUCTION ORALE EN FRANÇAIS L2 DE LOCUTEURS NATIFS DU MANDARIN RÉALISÉ AU MOYEN D'UNE ANALYSE DES AUTOREFORMULA TIONS

AUTOAMORCÉES PRODUITES LORS D'UNE NARRATION

THÈSE PRÉSENTÉE

COMME EXIGENCE PARTIELLE DU DOCTORAT EN LINGUISTIQUE

PAR YONG GANG LIU

(2)

UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL Service des bibliothèques

Avertissement

La diffusion de cette thèse se fait dans le respect des droits de son auteur, qui a signé le formulaire Autorisation de reproduire et de diffuser un travail de recherche de cycles supérieurs (SDU-522- Rév.10-2015). Cette autorisation stipule que «conformément

à

l'article 11 du Règlement no 8 des études de cycles supérieurs, [l'auteur] concède à

l'Université du Québec à Montréal une licence non exclusive d'utilisation et de publication de la totalité ou d'une partie importante de [son] travail de recherche pour des fins pédagogiques et non commerciales. Plus précisément, [l'auteur] autorise l'Université du Québec

à

Montréal

à

reproduire, diffuser, prêter, distribuer ou vendre des copies de [son] travail de recherche à des fins non commerciales sur quelque support que ce soit, y compris l'Internet. Cette licence et cette autorisation n'entraînent pas une renonciation de [la] part [de l'auteur]

à

[ses] droits moraux ni

à

[ses] droits de propriété intellectuelle. Sauf entente contraire, [l'auteur] conserve la liberté de diffuser et de commercialiser ou non ce travail dont [il] possède un exemplaire.»

(3)

REMERCIEMENTS

Je souhaite exprimer ma profonde gratitude à ma directrice, Madame Daphnée Simard, qui m'a accompagné tout au long de ces huit années de recherche doctorale, et sans qui je n'aurais pas pu terminer mes études de doctorat. Son aide infatigable m'a donné le courage de continuer sans relâche. Son encadrement exemplaire a contribué énormément à la réalisation de ma thèse. Ses nombreuses lectures et ses commentaires enrichissants ont été essentiels à mon avancement tout au long de cette épreuve.

Je tiens à remercier vivement les membres de mon comité d'évaluation, Monsieur Denis Foucambert, professeur à l'Université du Québec à Montréal, Madame Véronique Fortier, professeure à l'Université du Québec à Montréal, et Madame Wynne Wong, professeure à l'Université d'État de l'Ohio, pour leur soutien et leurs commentaires précieux.

Je voudrais aussi témoigner ma reconnaissance envers Michael Zuniga, Pauline Palma et Alafia Tahaibaly pour leur aide et leurs conseils pertinents durant la collecte et le traitement des données.

Je désire aussi exprimer ma gratitude à ma famille qui était présente tout au long de mes études de doctorat. Ses encouragements m'ont été importants dans la réalisation de ce projet. Pour terminer, je dois un merci particulier à mon épouse, Kai Liu, qui m'a offert un soutien inconditionnel pendant toutes ces années d'étude.

(4)

TABLE DES MATIÈRES

LISTE DES FIGURES ... vi

LISTE DES TABLEAUX ... vii

LISTE DES ACRONYMES ... viii

RÉSUMÉ ... x

INTRODUCTION ... 1

CHAPITRE I : PROBLÉMATIQUE ... 1

1.0 Introduction ... 1

1.1 Caractéristiques de la production des apprenants sinophones lors de l'apprentissage du français L2 ... 2

1.2 Identification des caractéristiques de la production orale par 1' observation des ARAA ... 3

1.3 Objectif de recherche ... 5

CHAPITRE II : CADRE THÉORIQUE ... 7

2.0 Introduction ... 7

2.1 Modèles de la production orale ... 7

2.1.1 Modèles de la production orale en L 1 ... 8

2.1.1.1 Modèle de Fromkin ... 8

2.1.1.2 Modèle de Garrett ... 10

2.1.1.3 Modèle de Levelt. ... 11

2.1.2 Modèles de la production orale en L2 ... 14

(5)

2.1.2.2 Modèle de Kormos ... 16

2.1.2.3 Modèle de Segalowitz ... 18

2.1.3 Modèle retenu pour 1 'étude ... 19

2.2 Autoreformulation autoamorcée ... 20

2.2.1 Définitions de l' ARAA dans les études précédentes ... 20

2.2.2 Configurations des reformulations ... 24

2.2.3 Taxinomies d' ARAA ... 26

2.2.3.1 Taxinomies d' ARAA en L 1 ... 26

2.2.3.2 Taxinomies d' ARAA en L2 ... 31

2.3 Taxinomie retenue pour l'étude ... 38

2.4 Synthèse du cadre théorique ... 39

CHAPITRE III : RECENSION DES ÉCRITS ... 41

3.0 Introduction ... 41

3.1 Études sur les caractéristiques de la production des apprenants sinophones du français L2 ... 42

3 .1.1 Étude de Wang ... 4 2 3.1.2 Étude de Yu ... 43

3.1.3 Étude de Sun ... 44

3.1.4 Étude d'Ivanova-Foumier ... 45

3.2 Études sur l' ARAA en L2 chez les sinophones ... 48

3.2.1 Étude de Yang ... 48

3.2.2 Étude de Chen et Pu ... 49

3.2.3 Étude de Liu ... 50

3.3 Études sur l' ARAA en L2 chez des locuteurs dont la LI est autre que le mandarin ... 51

3.3.1 Étude de Bange et Kem ... 52

3.3.2 Étude de van Hest ... 53

(6)

3.3.3 Étude de Nagano ... 54

3.3.4 Étude de Kormos ... ,. ... 55

3.3.5 Étude de Kormos ... 56

3.3.6 Étude de Kormos ... 57

3.3.7 Étude de Rieger ... 58

3.3.8 Étude de Simard, Fortier et Zuniga ... 59

3.3.9 Étude de Simard, Bergeron, Nader, Liu et Redmond ... 60

3.3.10 Étude de Simard, French et Zuniga ... 61

3.4 Synthèse des études présentées ... 62

3.5 Questions de recherche ... 73 CHAPITRE IV : MÉTHODE ... 75 4.0 Introduction ... 75 4.1 Plan d'expérience ... 76 4.2 Variables ... 76 4.3 Participants ... 76

4.4 Instruments de collecte de données ... 77

4.4.1 Tâche de narration ... 77

4.4.2 Tâche de texte à trous ... 79

4.4.3 Questionnaire de données sociodémographiques ... 80

4.5 Préparatifs relatifs à la collecte de données ... 80

4.5.1 Consignes destinées aux participants ... 80

4.5.2 Recrutement des participants ... 81

4.5.3 Planification du calendrier ... 81

4.6 Procédure ... 81

4.6.1 Formulaire d'information et de consentement ... 82

4.6.2 Questionnaire sociodémographique ... 82

4.6.3 Tâche de texte à trous ... 82

(7)

4.6.4 Tâche de narration ... 83

4.7 Dépouillement des données ... 84

4.7.1 Transcription des données ... 85

4.7.2 Identification et codage des ARAA ... 85

4.7.2.1 Codage des éléments linguistiques des ARAA ... 87

4.7.2.2 Codage selon la justesse de l'énoncé-source et de l'énoncé de reformulation des ARAA ... 88

4.7.3 Mesure de compétence langagière en français L2 ... 89

4.7.4 Saisie des données ... 90

4.8 Traitement des données ... 90

CHAPITRE V : PRÉSENT A TION DES RÉSULTATS ... 92

5.1 Réponse à la première question de recherche ... 92

5.1.1 Description des données ... 93

5.1.2 Description des ratios des ARAA ... 93

5.1.3 Ratios d' ARAA selon la justesse de l'énoncé-source et de l'énoncé de reformulation ... 95

5.1.4 Première question de recherche: synthèse des résultats ... 97

5.2 Réponse à la deuxième question de recherche ... 98

5.2.1 Constitution des groupes de participants selon le niveau de compétence langagière ... 99

5.2.2 Analyses statistiques inférentielles ... 102

5.3 Deuxième question de recherche: synthèse des résultats ... 104

CHAPITRE VI : DISCUSSION DES RÉ SUL TA TS ... 106

6.1 Première question de recherche ... 107

6.1.1 Réponse à la première question de recherche ... 108

6.1.2 Discussion à la lumière des études antérieures ... 109

6.2 Deuxième question de recherche ... 116

(8)

6.2.1 Réponse à la deuxième question de recherche ... 118

6.2.2 Discussion relative à la deuxième question de recherche ... 119

6.3 Profils des participants par niveau de compétence selon les ARAA produites .. 125

6.3.1 Profil des participants du groupe faible ... 125

6.3.2 Profil des participants du groupe moyen ... 128

6.3.3 Profil des participants du groupe fort ... 131

6.3.4 Synthèse ... 133

6.4 Pistes de recherches futures ... 134

CONCLUSION ... 136

ANNEXE1 QUESTIONNAIRE SUR LES RENSEIGNEMENTS PERSONNELS ... 139

ANNEXE2 TEXTE À TROUS ... 141

ANNEXE3 FORMULAIRE D'INFORMATION ET DE CONSENTEMENT ... 142

ANNEXE4 CONSIGNES POUR LA TÂCHE DE NARRATION ... 145

ANNEXES CONVENTIONS DE TRANSCRIPTION ... 146

ANNEXE6 GRAPHIQUE P-P DES RÉSIDUS STANDARDISÉS, VARIABLE DÉPENDANTE 147 ANNEXE? DIAGRAMME DE DISPERSION DES V ALE URS, VARIABLE DÉPENDANTE : RATIO DES ARAA ... 148

ANNEXES PROTOCOLE DE CODAGE DES ÉLÉMENTS LINGUISTIQUES ... 149

RÉFÉRENCES ... 158

(9)

LISTE DES FIGURES

Figure 1: Structure d' ARAA ... 14

(10)

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 2.1: Synthèse des taxinomies d' ARAA en L1 ... 29

Tableau 2.2: Synthèse des taxinomies d' ARAA en L2 ... 36

Tableau 2.3: Comparaison de la taxinomie d' ARAA de Levelt et de celle de la présente étude ... 39

Tableau 3.1: Synthèse des études sur les caractéristiques de la production en français L2 chez les sinophones ... 46

Tableau 3.2: Synthèse des études sur les ARAA en L2 ...•...•..•...••••... 64

Tableau 3.3: Synthèse des aspects méthodologiques des études sur les ARAA en L2 ... 72

Tableau 5.1: Distribution des ratios d' ARAA: symétrie et aplatissement .•.••...•• 94

Tableau 5.2: Statistiques descriptives: ratios d' ARAA par 100 mots ...•... 95

Tableau 5.3: Production d' ARAA selon la justesse de l'énoncé-source et de l'énoncé de reformulation : symétrie et aplatissement ... 96

Tableau 5.4: Statistiques descriptives : ARAA selon la justesse de l'énoncé-source et de l'énoncé de reformulation ... 97

Tableau 5.5: Résultats au texte à trous : symétrie et aplatissement ... 99

Tableau 5.6: Résultats de la classification par la méthode des nuées dynamiques ... 100

Tableau 5.7: Statistiques descriptives: ARAA selon la compétence langagière ... 101

Tableau 5.8: Comparaisons intergroupes des ARAA ... 103

Tableau 6.1: Caractéristiques de la production du groupe faible ••...••...••••.... 127

Tableau 6.2: Caractéristiques de la production du groupe moyen ... 130

Tableau 6.3: Caractéristiques de la production du groupe fort ... 132

(11)

LISTE DES ACRONYMES ARAA Autoreformulation autoamorcée

ARAA-A Autoreformulation autoamorcée appropriée ARAA-AC Autoreformulation autoamorcée de la cohérence

ARAA-AI Autoreformulation autoamorcée appropriée de l'insertion

ARAA-AX Autoreformulation autoamorcée appropriée du temps et de l'aspect ARAA-D Autoreformulation autoamorcée de différent message

ARAA-E Autoreformulation autoamorcée pour corriger les erreurs

ARAA-EC Autoreformulation autoamorcée pour corriger les erreurs conceptuelles ARAA-ED Autoreformulation autoamorcée pour corriger les erreurs

dérivationnelles

ARAA-EF Autoreformulation autoamorcée pour corriger les erreurs flexionnelles ARAA-EG Autoreformulation autoamorcée pour corriger les erreurs

gram mati cales

ARAA-EL Autoreformulation autoamorcée pour corriger les erreurs lexicales ARAA-EM Autoreformulation autoamorcée pour corriger les erreurs

morphologiques

ARAA-EMP Autoreformulation autoamorcée pour corriger les erreurs morphophonologiques

ARAA-EP Autoreformulation autoamorcée pour corriger les erreurs phonétiques ARAA-ES Autoreformulation autoamorcée pour corriger les erreurs syntaxiques ARAA-EX Autoreformulation autoamorcée pour corriger les erreurs du temps et

de l'aspect

(12)

ARAA-LA Autoreformulation autoamorcée appropriée lexicale ARAA-M Autoreformulation autoamorcée masquée

ARAA-NJ Autoreformulation autoamorcée du niveau de la justesse ARAA-R Reste d'autoreformulation autoamorcée

ARAA-RA Autoreformulation autoamorcée pour réduire l'ambiguïté ARAA-RF Autoreformulation autoamorcée de la paraphrase

ARAA-RL Autoreformulation autoamorcée de la recherche lexicale ARAA-SA Autoreformulation autoamorcée appropriée syntaxique MICC Ministère de l'Immigration et des Communautés Culturelles

Ll Langue maternelle

L2 Langue seconde

(13)

RÉSUMÉ

Plusieurs études suggèrent que les apprenants sinophones du français langue seconde ( désonnais L2) présentent des caractéristiques particulières, notamment, à 1' oral durant leur apprentissage (p. ex., Ivanova-Fournier, 2009; Sun, 2003, 2008; Tan, 2011: Yu, 1993). Comme les autorefonnulations autoamorcées représentent une infonnation directe à propos des processus linguistiques dans la production orale en L2 (Konnos. l999b), il nous semblait pertinent d'étudier les caractéristiques en production orale en les observant. Des travaux dans le domaine de l'étude des autorefonnulation autoamorcée portent notamment sur les apprenants de l'anglais L2 (p. ex., Kormos, 2000a; Liu. 2009; van Hest, 1996) et ont entre autres comme objectif de faire la lumière sur le lien entre les autorefonnulations autoan10rcées et des variables comme l'attention (Simard, Fortier et Zuniga, 2011 ), la mémoire phonologique (Simard. Bergeron, Liu, Nader et Redmond, 2016), et sur l'évolution des autorefonnulations autoamorcées (Simard, French et Zuniga, 20 17). mais peu de chercheurs semblent sïntéresser aux autorefonnulations autoamorcées chez les apprenants sinophones du français L2.

Plusieurs de ces études menées auprès d'apprenants de L2 ont exploré les catégories et

(14)

la fréquence d'autoreformulations autoamorcées produites en L2. et leurs variations selon la compétence langagière des participants (p. ex., Kormos, 2000a: Liu, 2009; van Hest. 1996). Cependant, les catégories et la fréquence d'autoreformulations autoamorcées produites en français L2, et leurs variations en fonction du niveau de compétence langagière des apprenants sinophones ne sont pas encore explorées. Notre étude vise donc à déterminer les catégories d'autoreformulations autoamorcées produites en français L2 et leur fréquence et si elles varient selon le niveau de compétence langagière des apprenants sinophones lors de la production orale en français L2. Nous avons formulé les questions de recherche suivantes : 1) Quelles sont les catégories et la fréquence des autoreformulations autoamorcées produites en français L2 chez les sinophones? 2) Est-ce que les catégories d'autoreformulations autoamorcées et leur fréquence en français L2 varient en fonction du niveau de compétence langagière chez les sinophones?

Afin de répondre à nos questions, nous avons mené une étude empirique auprès de

65 locuteurs sinophones adultes du français L2 de niveaux de compétence variables. Les participants ont effectué deux tâches. soit une tâche de texte à trous, pour obtenir un indice de leur compétence en L2, et une tâche de narration, pour obtenir de l'information sur les autoreformulations autoamorcées. De plus, les participants ont répondu à un questionnaire de données sociodémographiques. Des analyses ont été menées sur les données obtenues. Les résultats des analyses nous ont permis d'affirmer que la compétence langagière contribue de façon significative à la fréquence de certaines catégories d'autoreformulations autoamorcées en français L2. Toutefois. la relation entre la compétence langagière et la production d'autoreformulations autoamorcées s'est révélée non significative. Ces résultats permettent de dévoiler des caractéristiques particulières et d'établir des profils d'apprenants sinophones en production orale du français L2 au moyen des autoreformulations autoamorcées.

(15)

Mots clés : autoreformulation autoamorcée. français langue seconde, production orale en langue seconde.

(16)

CHAPITRE I

PROBLÉMATIQUE

1.0 Introduction

Au cours des dernières années, beaucoup de sinophones ont immigré au Québec. En fait, pour être plus précis, 16053 immigrants sinophones ont été admis au Québec entre 2007 et 2011, soit 6,5% du total des immigrants, les Chinois occupant la quatrième place parmi toutes les autres nationalités. En 2011, les immigrants sinophones constituent la deuxième population immigrante, soit 9,5% du total des immigrants admis au Québec selon les statistiques publiées par le ministère de l'Immigration et des Communautés Culturelles (2012) (désormais MICC).

Parmi ces immigrants sinophones, beaucoup ont choisi de s'inscrire dans les programmes de francisation du MICC ou institutionnels afin d'apprendre le français ou d'améliorer leur français et de faciliter leur intégration dans la société. Il est à noter que la plupart de ces immigrants sinophones ne parlaient que très peu le français à leur arrivée au Québec (Portraits statistiques des groupes ethnoculturels du Recensement du MICC, 2006, p. 5). Il semble également que cette population présente des caractéristiques particulières lors de l'apprentissage d'une L2 (p. ex., Derwing et Munro, 2013), et notamment, du français L2 en production écrite (p. ex.,

(17)

Liu, 1989; Wang, 1993; Yu, 1993) et en production orale (p. ex., Camussi-ni, 2005; Chen, 2003; MICC, 2009; Sun, 2008; Tan, 2011; Wang, 1993; Yu, 1993). Parmi les caractéristiques observées se trouvent notamment celles portant sur le plan de la morphologie (p. ex., Camussi-ni, 2005; Chen, 2003; Sun, 2003; Yu, 1993), de la phonétique (p. ex., Chen, 2003; lvanova-Foumier, 2009; Wang, 1993), de la temporalité (p. ex., Sun, 2008) et de la référence spatiale (p. ex., Tan, 2011 ).

1.1 Caractéristiques de la production des apprenants sinophones lors de l'apprentissage du français L2

Des chercheurs (p. ex., Camussi-ni, 2005; Chen, 2003; Wang, 1983) ont formulé, sur la base de la comparaison entre le français et le mandarin, une liste des caractéristiques propres aux apprenants sinophones du français L2. Par ailleurs, plusieurs études (p. ex., lvanova-Foumier, 2009; Sun, 2003, 2008; Tan, 2011; Yu, 1993) ont porté, de façon empirique, sur les caractéristiques en production orale en se concentrant sur un seul trait langagier à la fois. À titre d'exemple, Yu (1993) a examiné les différences morphologiques entre les erreurs commises à l'écrit et à l'oral par les apprenants sinophones du français L2 mesurées au moyen d'un test oral de type question-réponse. Dans 1' étude de Sun (2008), le développement de la morphologie chez les apprenants sinophones du français L2 a été étudié au moyen d'une tâche de narration. À cela s'ajoute Ivanova-Foumier (2009) qui a étudié les erreurs phonétiques des apprenants sinophones du français L2 au moyen d'une tâche de lecture à haute voix. Tan (2011) a pour sa part exploré le développement de la référence spatiale dans la production orale en français L2 chez les apprenants sinophones au moyen de récits oraux basés sur des bandes dessinées.

Bien que les travaux antérieurs nous fournissent certaines informations sur les caractéristiques de la production orale des sinophones apprenant le français L2, ils ne

(18)

se limitent qu'à une description théorique (p. ex., Chen, 2003; Wang, 1983) ou n'offrent qu'un portrait fragmenté étant donné le regard très précis qu'elles ont sur un trait langagier à la fois (p. ex., lvanova-Foumier, 2009; Sun, 2003, 2008; Tan, 2011; Yu, 1993).

Dans le but d'offrir un portrait plus global qui mènera enfin à l'identification de pistes permettant d'aider les apprenants sinophones du français L2, il convient de poser un regard plus étendu sur leurs caractéristiques. C'est ce que nous nous proposons de faire dans le cadre de cette thèse de doctorat.

1.2 Identification des caractéristiques de la production orale par observation des autoreformulations autoamorcées

Afin d'examiner ce qui caractérise la production orale, il est possible d'observer les reformulations des apprenants (p. ex., Kormos, 1999a, 2006; Lennon 1990). Les reformulations sont définies comme étant « des révisions spontanées qui interrompent des énoncés en cours» 1 (van Hest, Poulisse et Bongaerts, 1997, p. 76) et représentent un processus de régulation de la production orale, à savoir la vérification par le locuteur de la justesse de l'énoncé produit par le locuteur (Levelt, 1983).

Dans 1' étude de la production orale en langue maternelle (désormais L 1 ), les reformulations les plus fréquentes sont celles amorcées et accomplies par l'apprenant lui-même, à savoir les autoreformulations autoamorcées (désormais ARAA) (Schegloff, Jefferson et Sacks, 1977). Un des intérêts principaux liés à l'étude des ARAA réside dans le fait qu'elles constituent un phénomène naturel de production orale (p. ex., Kormos, 2006; Schegloff et coll., 1977). En effet, il est normal d'entendre les locuteurs produire des ARAA de façon occasionnelle à l'oral. 1 Notre traduction de« Spontaneous revisions which invo/ve an interruption of the ongoing utterance ».

(19)

D'ailleurs, les ARAA représentent non seulement une information directe à propos des processus linguistiques à l'œuvre dans la production orale en L2 (Kormos, 1999b ), mais aussi dévoilent des caractéristiques importantes de la production orale (Levelt, 1983, 1989, 1999).

Selon Levelt, une ARAA implique trois phases: 1) l'interruption de la production orale lorsqu'une difficulté survient, 2) la pause et l'emploi de termes de reformulation {p. ex., « uh ») et 3) l'autoreformulation à proprement dit. En particulier, les termes de reformulation à utiliser reposent sur la nature des difficultés de la production orale. Plus concrètement, les modifications, qui ne sont pas nécessairement des erreurs dans la production orale, sont susceptibles d'entraîner l'emploi de termes de reformulation.

À cet égard, le mot « uh >> représente le terme de reformulation le plus utilisé lorsqu'une difficulté dans la production orale est signalée rapidement (Levelt, 1983, p. 41).

Plusieurs études (p. ex., O'Connor, 1988; van Hest, 1996; Yang, 2002) suggèrent que les apprenants avancés en L2 ne produisent pas d' ARAA de même nature, à savoir du même niveau (p. ex., lexical versus discours) et du même type (p. ex., ARAA visant à

préciser le discours versus ARAA visant à modifier le discours) que les apprenants moins avancés lorsqu'ils rencontrent des difficultés en production orale. En effet, les apprenants avancés font plus fréquemment des ARAA de type anticipatoire et discursif tandis que les apprenants moins avancés ont tendance à utiliser des ARAA de type correctif, souvent sur le plan lexical ou grammatical. De plus, van Hest (1996) constate que les apprenants avancés autoreformulent beaucoup moins fréquemment que les apprenants débutants ou intermédiaires qui produisent environ le même nombre d'ARAA. Ces études démontrent que lorsque le niveau de compétence langagière des apprenants en L2 augmente, la nature et la fréquence d' ARAA en

(20)

production orale évoluent aussi, ce qui nous permet de dire que les ARAA peuvent servir d'indicateur de ce qui caractérise la production orale.

Notons aussi que dans les recherches sur la nature et la fréquence des ARAA, différents types de tâches de production orale sont utilisés afin de déterminer lesquels aident les apprenants de la L2 à se pencher sur la précision langagière.

En ce qui concerne plus précisément les études sur les ARAA en L2 chez les sinophones, celles-ci se concentrent principalement sur l'anglais L2. Des études ont démontré qu'il existait un lien entre la fréquence des ARAA et le niveau de compétence langagière des apprenants sinophones en anglais L2 (p. ex., Chen et Pu, 2007; Liu, 2009; Yang, 2002). D'ailleurs, la nature des ARAA semble être liée au niveau de compétence langagière des apprenants (p. ex., van Hest, 1996; Yang, 2002). Avec l'augmentation de sa compétence langagière en L2, un apprenant produit moins d' ARAA au niveau grammatical et plus d' ARAA au niveau discursif (Yang, 2002).

Toutes ces études sur les ARAA en anglais L2 nous permettent de mieux connaître les caractéristiques de la production orale chez les apprenants d'anglais L2. Cependant, les recherches sur ce sujet dans d'autres langues, en particulier le français, sont beaucoup plus rares.

1.3 Objectif de la recherche

À notre connaissance, la production orale de sinophones apprenant le français L2 n'a jamais encore été caractérisée au moyen des ARAA. Pourtant les ARAA sont une source d'information précieuse permettant un regard sur les aspects langagiers étant l'objet d'une régulation de la part des apprenants. Nous nous sommes donc proposés d'étudier des caractéristiques de la production orale en français L2 de locuteurs natifs

(21)

du mandarin de différents niveaux de compétence en français L2 en observant leurs ARAA.

(22)

CHAPITRE II

CADRE THÉORIQUE

2.0 Introduction

Rappelons que notre objectif était d'étudier des caractéristiques de la production orale en français L2 de locuteurs natifs du mandarin de différents niveaux de compétence en français L2 par l'observation de leurs ARAA. Ainsi, dans ce chapitre, nous traiterons de modèles de la production orale (2.1), et des notions principales qui s'y rattachent (2.2), soit les définitions de l'ARAA (2.2.1), les configurations d'ARAA (2.2.2), les taxinomies d' ARAA (2.2.3), et finalement nous présenterons notre synthèse (2.3).

2.1 Modèles de la production orale

Il existe différents modèles expliquant la production orale. Ces modèles peuvent être regroupés selon deux types de représentation du traitement de 1' information, à savoir en parallèle ou encore en série (Carroll, 2007).

Parmi les représentations de type «en parallèle», qui proposent une représentation de la production orale comme étant un ensemble de connexions et d'activation d'unités d'informations, se trouve, entre autres, le modèle de la propagation d'activation

(23)

(p. ex., Berg, 1986; Dell, 1986; Dell et O'Seaghda, 1991; Stem berger, 1985) rendant compte du mécanisme de la production orale. Cependant, en ce qui concerne la régulation, phénomène à l'étude dans notre thèse, Dell (1986) ne propose pas de système indépendant et suggère que la régulation soit intrinsèque au mécanisme de production orale et fonctionne de la même façon que la compréhension des énoncés d'un interlocuteur, ce qui influence le niveau d'encodage plus bas et ainsi cause un mélange des deux mots. Par contre, dans l'une des représentations de type« en série», dans lesquelles la production orale est conçue comme une séquence de modules, on retrouve la description d'un mécanisme de régulation dont le produit observable est les ARAA, pour cette raison, nous nous intéressons plus particulièrement à ceux-ci. (Une explication de la régulation se trouve en 2.1.1.3).

2.1.1 Modèles de la production orale en L 1

En L1, les modèles de Fromkins (1971, 1973) sur la production d'erreurs, de Garrett (1975) et de Levelt (1983, 1989, 1999), de loin celui le plus utilisé de ces représentations en série, visent à expliquer, dans des représentations typiquement en série, à savoir que l'information circule à sens unique, le processus de la production orale chez les unilingues. Nous les présentons dans ce qui suit.

2.1.1.1 Modèle de Fromkin

À la suite des analyses de plus de 600 erreurs observées dans des productions orales (notons que l'auteure ne fournit pas d'informations en ce qui concerne ses participants), Fromkin (1971, 1973) a proposé un modèle qui divise le processus de la production orale en six phases. D'abord, l'identification du sens à être transmis dans laquelle un message est généré a lieu. Ensuite, la structuration syntaxique du message dans laquelle un squelette syntaxique est construit est mise en place. C'est à ce

(24)

moment que les traits sémantiques s'attachent à la structure syntaxique et que les erreurs de transposition telles qu'un nom passant pour un verbe ou vice versa se produisent. L'output de cette phase correspond à une structure syntaxique avec les traits sémantiques et syntaxiques spécifiés pour les entrées lexicales. Troisièmement, la génération du contour intonatif a lieu et la position de l'accent principal est déterminée pour les mots du message, sans pour autant que la position des syllabes dans le message ne soit encore spécifiée. Vient ensuite l'insertion des mots. Ainsi, dans cette phase, les mots lexicaux comme les noms, les verbes et les adjectifs sont récupérés du lexique et insérés dans les positions assignées. C'est également dans cette phase que des erreurs telles qu'un mot mal choisi peuvent se produire. À titre d'exemple, si le mot à produire est li/œ, mais que le mot hale est produit (p. 50}, l'erreur est due à la sélection du mauvais contenu sémantique du mot à produire. La phase qui suit correspond à la formation des affixes et à 1' insertion des mots grammaticaux. C'est dans cette phase que les règles morphophonémiques s'imposent et modifient ou fournissent les éléments phonologiques aux morphèmes. Par conséquent, les mots grammaticaux ainsi que les préfixes et les suffixes sont ajoutés, comme la sélection entre a et an et entre s et z de la forme plurielle en anglais (p. 51). Finalement, la spécification des segments phonétiques se produit au cours de la dernière phase lorsque les règles phonologiques s'imposent et que le message est transmis en unités de segments phonétiques convertis en commandes neuromotrices contrôlant les mouvements des muscles dans le but d'articuler le message. Le modèle de Fromkin (1973) n'a pourtant trait qu'aux erreurs en production orale et ne prend pas en considération le processus de régulation de la production orale, ce qui s'avère moins pertinent pour expliquer les ARAA dans notre étude.

En se basant également sur 1' analyse des erreurs produites lors de la production orale, Garrett (1975) propose un modèle de production orale structurée en une série de niveaux distincts. Nous présentons son modèle dans la partie suivante.

(25)

2.1.1.2 Modèle de Garrett

Garrett (1975) propose un modèle de production orale similaire à celui de Fromkin (1971, 1973) qui divise le processus, mais cette fois en quatre phases, à savoir a) la phase de la création du message, b) la phase fonctionnelle, c) la phase positionne lie et d) la phase phonétique.

À chaque phase, une seule activité se déroule à un moment donné. Cependant, à chaque niveau, plus d'une activité peut se dérouler simultanément et ces activités de différents niveaux n'interagissent pas entre elles. La première phase correspond à la conceptualisation d'un message. Au cours de cette phase, trois éléments contribuent à la conception du message, à savoir le contenu que le locuteur veut exprimer, l'effet que le locuteur veut produire sur son interlocuteur et les formes que le message peut prendre en fonction de structures permises dans la langue cible. Ensuite, au cours de la deuxième phase se produit la sélection des lemmes, comme des mots lexicaux, et le cadre syntaxique se construit. Ainsi la forme phonologique des mots lexicaux est récupérée du lexique et les formes phonologiques sont introduites dans le cadre syntaxique. C'est dans cette phase que des erreurs de substitution peuvent arriver parce que le mauvais concept sémantique est sélectionné pour le message. Dans la troisième phase, les formes phonologiques des affixes et les mots grammaticaux sont spécifiés; les erreurs de substitution de sons (notre traduction de sound exchange slips) peuvent se produire parce qu'il est nécessaire d'ajouter des éléments phonologiques au cadre syntaxique. Enfin, dans la quatrième phase, des règles phonologiques sont appliquées à la représentation de la forme de la troisième phase et le message est articulé. C'est dans cette phase que les lapsus peuvent se produire parce que les lemmes ne correspondent pas aux lexèmes.

(26)

Tout comme le modèle de Fromkin (1971, 1973), celui de Garrett (1975) se caractérise par le traitement de l'information en série que la sélection des mots lexicaux et grammaticaux se produit au cours de phases différentes. Précisons ici que le modèle ne permet 1' étude des ARAA en production orale et ne prend pas en compte le processus de régulation de la production orale. Conséquemment nous ne nous appuierons pas sur ce modèle pour étudier les ARAA dans le cadre de notre étude. Parmi les modèles en série, celui proposé par Levelt (1983, 1989, 1999) s'avère légèrement différent de ceux de Fromkin (1971, 1973) et de Garrett (1975), car Levelt (1983, 1989, 1999) y ajoute la régulation de la production orale. Nous présentons son modèle dans la section suivante.

2.1.1.3 Modèle de Levelt

Levelt (1983, 1989, 1999), dans son modèle de la régulation du discours, nomme le processus de la production orale dans un contexte communicatif le plan (notre traduction de blueprint). Celui-ci comprend cinq phases, à savoir a) la préparation conceptuelle, b) l'encodage grammatical, c) l'encodage morphophonologique, d) l'encodage phonétique et e) l'articulation ainsi que trois sources de connaissances, soit a) les connaissances du monde extérieur et intérieur, b) le lexique mental etc) le syllabaire.

La première phase correspond à la préparation conceptuelle (notre traduction de conceptual preparation) dans laquelle un message est préparé au moyen de la macroplanification et de la microplanification. La macroplanification correspond au processus dans lequel un locuteur développe son intention communicative et change le sujet du discours puis décide de ce qui sera dit ensuite. Après l'étape de la macroplanification vient celle de la microplanification. Durant cette phase, le locuteur doit incorporer les relations sémantiques dans le message, en particulier, les

(27)

structures argumentales, tout en donnant un contenu propositionnel au message. De plus, le locuteur sélectionne le temps et les relations distales pour le message avant la fin de la microplanification. Le produit de cette microplanification correspond au plan préverbal, à savoir une structure conceptuelle composée de concepts lexicaux et contenant toutes les informations nécessaires pour transformer le sens en langue orale.

Ensuite, le message passe à la phase suivante: l'encodage grammatical. Au cours de cette phase, l'input correspond au message préverbal et l'output, à la structure de surface. Le locuteur récupère l'information du lexique mental, qui est composée de lemmes et lexèmes: les lemmes contiennent l'information syntaxique sur une entrée lexicale et les lexèmes contiennent l'information morphophonologique d'une entrée lexicale. Les lemmes sont activés par les concepts lexicaux dans le lexique mental. Lorsque le locuteur sélectionne les lemmes qui correspondent le mieux à l'information sémantique contenue dans le plan préverbal, la construction du modèle syntaxique commence, ce qui donne la structure de surface comme l'output. Une précision doit être apportée ici, la structure de surface est formée d'une chaine de lexèmes réunis en phrases et en syntagmes.

La phase suivante correspond à l'encodage morphophonologique dans lequel le locuteur a accès à l'information morphophonologique de l'item lexical lorsque les lemmes sont sélectionnés. Plus exactement, cette information contient les détails comme les structures morphologiques et de syllabation du mot, l'intonation et la prosodie. Les résultats ultimes de l'encodage phonologique sont un modèle phonologique (notre traduction de phonological score) et «le modèle phonologique est un modèle incrémentiel de syllabes phonologiques qui sont regroupées métriquement et sont marquées par les tons dont ils font partie »2 (p. 110). Selon le modèle phonologique, chaque syllabe doit déclencher des gestes articulatoires. Vient 2 Notre traduction de Levelt, 1989, p. Il 0: « The phonological score is an incrementa/ pattern of phonologica/

sylla bles, metrical/y grouped and mar/œd for the lones they are participating in ».

(28)

ensuite 1' encodage phonétique, pour lequel le locuteur a accès au répertoire des gestes articulatoires stockés dans le syllabaire, et génère le modèle articulatoire (notre traduction de articulatory score).

Finalement, dans la phase de l'articulation, les organes phonatoires du locuteur exécutent le modèle articulatoire et les mots sont produits, ce qu'on nomme la production manifeste. Comme le souligne l'auteur, ce processus de production oral est incrémentiel, automatisé et simultané, et ce afin d'éviter une interruption totale dans un contexte communicatif, et la présence d'hésitation, de manque d'aisance et d' ARAA démontrent que le locuteur fait fonctionner la régulation constamment.

Précisons ici que le modèle de Levelt (1983) rend compte également de la régulation de deux systèmes dans la production orale: le système sémantique/syntaxique et le système phonologique/phonétique. Dans la régulation, il existe trois boucles : a) le message du plan préverbal est contrôlé en fonction de l'intention originale de communication du locuteur concernant la justesse linguistique et contextuelle, b) dans la seconde boucle, la régulation masquée vérifie le discours interne dans le but de détecter les erreurs d'encodage sur le plan phonétique, c) la troisième boucle est externe parce qu'elle vérifie les mots déjà prononcés par le locuteur. La régulation peut être déclenchée lorsque le locuteur détecte une erreur ou le besoin de modifier sa production orale. D'ailleurs, ce système de régulation peut intervenir non seulement pour vérifier la justesse de ses propres paroles, mais aussi celles de l'interlocuteur.

Afin de valider son modèle, Levelt (1983) a constitué un corpus contenant 959 ARAA produites par des participants adultes néerlandais qu'il a analysées. Dans son étude, Levelt (1983) a distingué deux types d' ARAA : manifestes et masquées. Les ARAA masquées (désormais ARAA-M) (notre traduction de covert self-repair) sont produites avant l'articulation et sont des énoncés intérieurs accessibles à

(29)

l'attention. Dans le cas des ARAA manifestes, elles sont réalisées après qu'un énoncé erroné ou inapproprié est produit. Les ARAA sont composées de trois parties principales: a) l'énoncé original qui contient le réparandum, l'item qui sera reformulé, b) la phase d'autorégulation qui consiste en une période d'hésitation et en un indicateur de reformulation optionnel, c) l' ARAA même (aussi appelé réparatum

dans van Hest, 1996). La Figure 1 présente un exemple d' ARAA manifeste illustrant ces trois composants :

Point d'interruption

Énoncé original

j

Phase d'autorégulation Autoreformulation

Go from left again to uh ... , from pink again to blue

...

++

.__.

...-.

+--+

r r

i

r

1

Réparandum Délais Indicateur de reformulation Portée de rétraction Réparatum Figure 1 Structure d' ARAA (Adapté de Levelt, 1983, p. 45)

2.1.2 Modèles de la production orale en L2

Dans les parties ci-dessus, nous avons présenté des modèles de type en série qui nous aident à mieux comprendre le fonctionnement de la production orale en L 1. À présent, tournons-nous vers les modèles de production en L2 et examinons trois modèles, à

savoir celui de de Bot ( 1992), celui de Kormos (2006) et celui de Segalowitz (20 1 0). de Bot ( 1992) a proposé un modèle de la production orale découlant du travail de Levelt, tandis que Kormos (2006) a proposé un modèle modulaire de la production orale se basant également sur le modèle de Levelt (1983, 1989, 1999), et que

(30)

Segalowitz (2010) a proposé un modèle se centrant sur l'aspect cognitif de la production orale en L2. Nous présentons ces trois modèles dans les parties suivantes.

2.1.2.1 Modèle de de Bot

Tout en se basant sur le modèle de Levelt (1983, 1989, 1999), de Bot (1992) a proposé un modèle de production pour les bilingues. Il affirme que seules les modifications absolument nécessaires sont apportées au modèle de Levelt ( 1983, 1989, 1999) étant donné que ce dernier s'avère empiriquement solide. Son modèle vise à fournir un modèle de production orale non seulement pour les bilingues, mais aussi pour les multilingues. Selon lui, un modèle de production orale pour les bilingues doit permettre d'expliquer les cinq phénomènes suivants: 1) le fait qu'un bilingue est capable de savoir quand l'un des deux systèmes langagiers est utilisé séparément ou de façon mixte, 2) l'influence interlinguistique, 3) le fait qu'une décélération importante n'apparaît pas même si un bilingue parle plus d'une langue, 4) le fait que le niveau de la maîtrise de deux langues chez un bilingue s'avère différent, 5) finalement, ce modèle doit être applicable aux multilingues.

Le modèle de de Bot (1992) se distingue du modèle de Levelt (1983, 1989, 1999) par plusieurs aspects. D'abord, il faut se rappeler que le modèle de Levelt (1983, 1989, 1999) tente d'expliquer le processus de la production orale chez les unilingues tandis que celui de de Bot ( 1992) est conçu pour les bilingues et les multilingues. En ce qui concerne le conceptualiseur, dans le modèle de de Bot (1992), les connaissances extérieures et intérieures se trouvent dans un seul système unifié au lieu de deux systèmes chez les bilingues et l'information concernant la langue à choisir est comprise dans le message préverbal. Il indique que la phase de macroplanification n'est pas spécifique à une langue tandis que celle de microplanification l'est et que le fonctionnement du conceptualiseur est spécifique à une langue d'après Levelt (1983).

(31)

1

-Ensuite, de Bot (1992) propose deux scénarios pour le fonctionnement du fonnulateur et du lexique : a) il existe un fonnulateur et un lexique pour chaque langue chez les bilingues, b) il existe un seul système qui comprend toutes les infonnations, qui sont étiquetées sur le plan linguistique, pour toutes les langues chez les bilingues; mais plus tard, il décide de proposer un troisième scénario selon lequel certains éléments des deux langues sont stockés ensemble, d'autres séparément dépendamment des facteurs comme la distance typologique et le niveau de compétence langagière des bilingues. En ce qui concerne l'encodage phonologique et l'articulation, de Bot (1992) propose qu'il existe une réserve commune pour les syllabes des deux langues chez les bilingues, et que les modèles articulatoires sont stockés seulement une fois s'ils sont identiques et de façon individuelle s'ils sont différents dans la réserve. Par ailleurs, le modèle de de Bot (1992) ne précise pas le fonctionnement du processus de la régulation de la production orale et n'offre pas d'explication pour le phénomène d'ARAA.

2.1.2.2 Modèle de Konnos

Konnos (2006) a proposé un modèle modulaire de production orale chez les bilingues en se basant sur celui de Levelt (1989, 1999). Tout comme Levelt (1989, 1999), Konnos a pensé un modèle qui comprend trois modules: a) le conceptualiseur, b) le fonnulateur etc) l'articulateur. Selon Konnos (2006), le processus de la production orale en L2 est similaire à celle en Ll parce que la production en L2 peut aussi fonctionner de façon progressive, ce qui veut dire que les processus d'encodage peuvent être déclenchés par un fragment de l'input dans un module donné. L'encodage fonctionne seulement en série tant que les processus d'encodage exigent un contrôle conscient de l'attention. De plus, l'activation en cascade peut passer du niveau lexical au niveau phonologique, mais pas inversement. Il est à noter que la

(32)

régulation dans ce modèle se fait à l'aide du système de compréhension de production orale.

Au lieu de proposer trois réserves comme le fait le modèle de Levelt (1989), Kormos (2006) a proposé une réserve de mémoire nommée mémoire à long terme qui comprend quatre composantes : a) la mémoire épisodique qui correspond à la réserve d'événements organisés temporairement ou les épisodes vécus, b) la mémoire sémantique qui comprend le lexique mental, les concepts linguistiques, et non linguistiques, et les traces de mémoire liées à ces événements, c) le syllabaire qui stocke les modèles gestuels automatisés utilisés pour produire des syllabes et d) une réserve pour les connaissances déclaratives des règles de la L2. Dans ce modèle, les réserves des connaissances sont partagées entre L 1 et L2.

Selon le modèle de Kormos (2006), le processus de production orale commence par la conceptualisation du message pour laquelle les concepts pertinents à encoder sont activés et le choix de la langue du message est déterminé. Parmi tous les concepts pertinents, seul le concept visé est sélectionné pour le traitement à la prochaine étape. Le concept sélectionné active non seulement l'item lexical qui correspond au concept, mais aussi les lemmes reliés sémantiquement, y compris les unités langagières préfabriquées stockées et récupérées en tant qu'unités langagières. Lorsque le message est généré, il passe à 1' encodage lexical, ce qui correspond au rapprochement des spécifications conceptuelles et des indices de langage (notre traduction de language eues) avec les entrées lexicales appropriées dans le lexique mental; l'étape qui suit correspond à l'encodage syntaxique comportant deux phases principales: l) l'activation des traits syntactiques des lemmes correspondant à l'unité conceptuelle de message, ainsi que la construction des phrases et propositions et l'arrangement des phrases. Ensuite l'encodage phonologique commence et correspond à l'activation de la forme du mot à encoder, à la syllabation et à la définition des paramètres tels que

(33)

l'intensité, le ton, etc. 2) la phase suivante correspond à l'encodage phonétique dans lequel des gestes articulatoires des syllabes sont récupérés. Enfin un énoncé est produit au cours de la phase articulatoire.

Tout comme le modèle de Levelt (1983, 1989), Kormos (2006) propose trois boucles pour la régulation de la production orale. La première boucle correspond à la vérification du plan préverbal contre l'intention initiale du locuteur, la deuxième, à la vérification du plan phonétique avant l'articulation et la troisième, à la vérification de l'énoncé après qu'il est produit, qui est la boucle externe de régulation. Au cas où une erreur ou une expression inappropriée dans la production est perçue dans une des trois boucles, un signal est lancé qui déclenche le mécanisme de production pour la deuxième fois en commençant par la phase de conceptualisation. Même Kormos (2006) a proposé son modèle en se basant sur celui de Level (1983), elle n'a pourtant pas offert une explication explicite sur le mécanisme sous-jacent des ARAA. De plus, le modèle de Kormos (2006) n'a pas été validé par d'autres études.

2.1.2.3 Modèle de Sega1owitz

Segalowitz (2010) a proposé un modèle sur les liens dynamiques entre les facteurs qui influencent l'aisance en L2 tout en reconnaissant les travaux antérieurs dans ce domaine comme celui de Levelt (1983, 1989, 1999) et de de Bot (1992). Dans ce modèle, Segalowitz (2010) a suggéré qu'au moins quatre facteurs exercent une influence sur la production orale en L2, à savoir les systèmes de traitement cognitif-perceptuel, les expériences cognitives et perceptuelles reliées à l'aisance, le contexte social et la motivation de communiquer.

Le premier facteur, soit les systèmes de traitement cognitif-perceptuel, est caractérisé par l'aisance cognitive, qui renvoie à la vitesse de traitement, à la stabilité et à la

(34)

flexibilité dans la planification, la préparation et l'exécution d'un énoncé au niveau de l'accès lexical et de l'usage de ressources langagières. Ensuite, ces dernières sont utilisées pour exprimer des sens, pour satisfaire les normes sociolinguistiques et pour atteindre des buts psychosociaux (p. ex., être écouté). Le deuxième facteur, à savoir les expériences cognitives et perceptuelles reliées à l'aisance, comprennent une gamme d'éléments (p. ex., la fréquence d'exposition dans un milieu favorable au développement de la L2, des occasions de pratiquer la L2). Le troisième facteur correspond au contexte social, qui établit la demande de la tâche cognitive relativement à la communication. Il est à noter que ce facteur contribue à la compréhension de ressources langagières. Finalement, la motivation de communiquer renvoie à la volonté de communiquer, à la croyance en la communication, à l'identité et à la notion de L2. Ces quatre facteurs interagissent l'un avec l'autre et contribuent à la création d'un système changeant, à savoir le système dynamique.

La production orale en L2 est aussi caractérisée par 1' aisance de production qui interagit avec l'aisance cognitive et cette interaction caractérise l'aisance de la production orale en L2.

2.1.3 Modèle retenu pour l'étude

Dans le cadre de la présente étude, nous avons décidé d'adopter le modèle de Levelt (1983, 1989, 1999) afin d'expliquer le phénomène à l'étude, soit l'ARAA, qui sert également d'indicateur manifeste du processus de la régulation dans la production orale. D'une part, cette décision est basée sur les travaux antérieurs (p. ex., de Bot, 1992; van Hest, 1996) qui démontrent que le modèle de Levelt ( 1983) peut être adopté afin d'expliquer le processus de la régulation dans la production orale en L2 sans modifications qualitatives. D'autre part, comme nous l'avons mentionné dans la section précédente, d'autres modèles comme celui de Fromkin (1973), de Garret

(35)

(1975), de de Bot (1992) et de Kormos (2006) s'avèrent moins pertinents afin d'expliquer les ARAA dans le cadre de notre étude. Ainsi dans la partie suivante, nous présentons ce phénomène langagier, à savoir l' ARAA dans la production orale et les notions qui s'y attachent.

2.2 Autoreformulation autoamorcée

De façon générale, l' ARAA est conçue comme étant une modification de la production orale réalisée par le locuteur. De façon plus précise, l'ARAA est définie comme un processus de régulation dans lequel le locuteur reformule ce qu'il considère inapproprié ou erroné dans un contexte donné (Kormos, 1999a; O'Connor, 1988). Tout en reconnaissant ces deux grandes lignes de conception d' ARAA, nous présentons quelques définitions par différents auteurs et essayons de définir cette notion.

2.2.1 Définitions de l' ARAA dans les études précédentes

À notre connaissance, Schegloff et ses collaborateurs (1977) présentent la première définition de l' ARAA3Les auteurs définissent l'ARAA comme« l'achèvement d'une procédure d'ARAA par un locuteur »4 (p. 363). Plus tard, Schegloff (1997b) donne une autre définition de l' ARAA, à savoir « les pratiques permettant de régler des

3 Dans la présente étude, afin d'être cohérent, nous appellerons toute autoreformulation self-repair et re pair, sauf pour other-repair que nous appellerons hétéroreformulation.

4 Notre traduction de Schegloff et ses collaborateurs, 1977, p. 363: « [ ... ] the suc cess of a re pair procedure ». Il est à noter que selon la personne qui a amorcé et complété une autoreformulation, Schegloff et ses collaborateurs, (1977) ont classifié les reformulations en quatre types (voir la configuration d'autoreformulation pour plus de détails).

(36)

problèmes ou des difficultés de parole, d'écoute et de compréhension dans une conversation (et dans d'autres formes de discours à cet effet)» (p. 503)5

Levelt (1983), pour sa part, propose de considérer l' ARAA comme étant une activité de régulation dans une boucle perpétuelle. Il définit l'ARAA comme étant «une boucle perpétuelle dans laquelle la production intérieure et manifeste est perçue, analysée et vérifiée pour sa justesse intentionnelle et contextuelle, la concordance entre le message conçu et le message produit, et la justesse linguistique. Lorsqu'un problème est détecté, une action corrective venant du central est prise» (p. 50)6

À la suite du travail de Levelt (1983, 1989) sur la production orale, plusieurs chercheurs ont tenté de définir l' ARAA dans leurs études. C'est notamment le cas de Bange et Kem (1996) selon qui l' ARAA constitue la résolution d'un problème par le locuteur.

Les autoreformulations qui ont la structure qu'on a vue réparandumlréparans ont pour fonction de résoudre un problème sur lequel l'attention du locuteur s'était focalisée et cette résolution de problème est assurée par le locuteur lui-même sous son propre contrôle. Les autoreforrnulations manifestent la résolution autonome d'un problème par le locuteur (p. 80).

Pour leur part, van Hest, Poulisse et Bongaerts (1997) mettent plutôt l'accent sur 1' aspect « spontanéité » de 1 'ARAA qu'ils définissent comme « des révisions

5 Notre traduction de Schegloff et ses collaborateurs, 1977, p. 503: « By 'repair ·. we refer to practices

for dealing with problems or troubles in speaking, hearing and understanding the talk in conversation (and in other forms oftalk-in-interaction.jor thal matter)».

6 Notre traduction de Levelt, 1983, p. 50:«[ ... ] repairing speech involves a perceptual/oop: the self-produced inner or overt speech is perceived, parsed and checked with respect to intentional and contextual appropriateness, agreement of intended and delivered message, and linguistic correctness. When trouble is detected, central corrective action is laken>>.

(37)

spontanées qui interrompent des énoncés en cours » 7• Salonen et Laakso (2009) adoptent une définition similaire de l'ARAA : «les révisions d'énoncés que les locuteurs ont débutées et achevées» 8

Pour Baker et Ellece (2011), l'ARAA correspond à une correction de l'énoncé:

La reformulation est un terme utilisé dans l'analyse conversationnelle qui renvoie aux modèles de conversation spontanée dans laquelle un locuteur doit répéter ou reformuler une partie de son énoncé afin de «corriger» ce qu'il a dit. Cela se produit souvent lorsqu'un ou plusieurs participants ont de la difficulté à parler, à entendre ou à comprendre. La reformulation peut être effectuée par le locuteur, ou l'interlocuteur peut essayer de clarifier ou de reformuler ce que le locuteur a dit (p. 115)9•

Dans les études sur les ARAA en L2, plusieurs chercheurs ont aussi essayé de circonscrire les ARAA selon le but de leurs études respectives. À titre d'exemple, citons les cas de Tarone (1980) et de O'Connor (1988). D'un côté, Tarone (1980) définit l'ARAA dans une perspective de stratégie de communication: «L' ARAA est vue comme une deuxième tentative de communiquer ce qu'un locuteur voulait dire. Comme nous le savons, les ARAA se produisent habituellement lorsqu'un locuteur perçoit que l'énoncé original contient une structure linguistique ou sociolinguistique qui ne transmet pas ce qu'il voulait dire de sorte que 1' interlocuteur puisse

7 Notre traduction de van Hest, Poulisse et Bongaerts, 1997, p. 76: « Spontaneous revisions which invo/ve an interruption of the ongoing utterance ».

8 Notre traduction de Salonen et Laakso, 2009, p. 859: « [ ... ] revisions of speech thal the speakers

themselves had initiated and completed) »

9 Notre traduction de Baker et Ellece, 2011, p. 115: « Repair is a lerm used in Conversation Analysis to re fer to patterns of naturally occurring conversation where a speaker needs to repeat or reformulate part of hislher utterance in order to "correct' what helshe had previously said. This can often occur when one or more has difficulty with speaking, hearing or understanding. Repair can involve self-repair, or another speaker can attempt to c/arify or correct the first speaker 's utterance )).

(38)

comprendre» 10

• D'un autre côté, O'Connor (1988) définit I'ARAA en L2 comme

« l'une des stratégies communicatives utilisées par un apprenant d'une L2 » 11 •

Quant à Kormos ( 1999a}, elle relie 1' ARAA à la régulation. Pour elle, « 1' ARAA correspond à une manifestation du processus de la régulation. Une reformulation autoamorcée et autoaccomplie se produit lorsqu'un locuteur se rend compte que sa production est erronée ou inappropriée, qu'il arrête sa production et opère une révision »12

• En suivant la même conceptualisation de l'ARAA, Rieger (2003) définit

I'ARAA comme étant «une correction d'erreur, une recherche lexicale et l'usage

d'une pause d'hésitation, d'une pause de remplissage lexical, quasi lexical ou non-lexical, d'une modification lexicale immédiate, d'un faux départ et de répétitions instantanées>> 13• Finalement, Kaur (2011) considère I'ARAA comme étant un mécanisme autorégulateur dans une conversation pour améliorer la clarté de communication. Dans son étude, I'ARAA se définit comme étant «un mécanisme puissant d'autorégulation qui permet à un locuteur de non seulement corriger les erreurs linguistiques ou factuelles, mais aussi de rendre son discours plus précis, explicite et clair »14•

10 Notre traduction de Tarone, 1980, p. 425 : « Repairs. as we sha/1 see, occur primarily when the speaker perceives thal the first-attempt utterance contains a linguistic or sociolinguistic structure which does not communicate an intended meaning x close/y enough to ensure that there will be shared meaning».

11 Notre traduction de O'Connor, 1988, p. 251 :«Second-language repairs are usual/y considered one of severa/ types of communicative strategies employed by a language /earner ».

12 Notre traduction de Kormos, 1999a, p. 315: « Self-corrections are overt manifestations of the

regulation processes. A self-initiated self-completed correction cornes about when the speaker detects thal the output has been erroneous or inappropriate, halts the speech flow, and final/y executes a co"ection ».

13 Notre traduction de Rieger, 2003, p. 48 : « [ ... ] error correction, the searchfor a word, and the use

of hesitation pauses, lexical, quasi-lexical, or non-lexical pause fil/ers, immediate lexical changes, fa/se starts, and instantaneous repetitions ».

14 Notre traduction de Kaur, 2011, p. 2712 : « [ ... ] a powerful self-regu/ating mechanism thal allows

the speaker to not on/y make corrections when linguistic andfactua/ errors occur but to a/so make ta/k more specifie, explicit and c/ear ».

(39)

Enfin, dans leurs études comparatives entre plusieurs langues sur l' ARAA, Fox, Wouk, Hayashi, Fincke, Tao, Sorjonen et Hemandez (2009) et Fox, Maschler et Uhmann (201 0) proposent deux définitions de l' ARAA selon lesquelles il s'agit d'un processus. La première définition dit que « l' ARAA du même tour est un processus dans lequel un locuteur arrête un énoncé en cours puis l'abandonne, le remanie ou le refait» 15 ; la deuxième correspond au «processus selon lequel un locuteur s'arrête, abandonne, répète ou change son tour de parole avant que ce processus soit terminé »16•

D'une part, chacune des définitions qui viennent d'être présentées met en lumière un aspect particulier de l' ARAA, que ce soit l'aspect de la stratégie de communication (O'Connor, 1988; Rieger, 2003) ou encore l'aspect processuel (Fox et coll., 2009; Fox et coll., 2010). D'autre part, ces définitions indiquent que l'ARAA représente une sorte de difficulté auquel le locuteur fait face et qu'il essaye de résoudre d'une certaine manière.

Dans la présente étude, l' ARAA sera considérée avant tout comme un processus de régulation. Par conséquent, nous retenons la définition suivante pour l'ARAA: 1 'ARAA est définie comme étant un processus de régulation qui implique 1 'autorévision de la production par le locuteur.

2.2.2 Configurations des reformulations

La reformulation présente différentes configurations. Dans la présente étude, les configurations de reformulation revoient à qui amorce et qui accomplit une

15 Notre traduction de Fox et ses collaborateurs, 2009, p. 60: « Same-turn self-repair is the process by which speakers stop an utterance in progress and then abort, recast or redo thal utterance ».

16 Notre traduction de Fox et ses collaborateurs, 2010, p. 2487 : « Same-turn self-repair is the process

by which speakers of a language stop, abort, repeat, or alter the ir turn before il cornes to completion ».

(40)

reformulation lorsqu'une difficulté de la production orale arrtve. Cette notion correspond en général aux sous-catégories de reformulations de Schegloff et ses collaborateurs (1977, p. 384-385). Les quatre configurations principales sont: autoreformulation autoamorcée, autoreformulation hétéroamorcée, hétéroreformulation autoamorcée et hétéroreformulation hétéroamorcée (Schegloff et coll., 1977). Plus concrètement, 1 'auto re formulation autoamorcée est une reformulation amorcée et accomplie par le locuteur lui-même lorsqu'une difficulté de la production orale arrive dans son tour de parole tandis que l' autoreformulation hétéroamorcée est une reformulation amorcée par le locuteur lorsqu'une difficulté de la production orale arrive dans son tour de parole, mais accomplie par l'interlocuteur; par contre, l' hétéroreformulation autoamorcée est une reformulation amorcée par l'interlocuteur, mais accomplie par le locuteur et I'hétéroreformulation hétéroamorcée est celle qui est amorcée et accomplie par l'interlocuteur. N'oublions pas que Schegloff et ses collaborateurs (1977) ont observé que les participants dans une conversation avaient préféré l'autoamorce et l'autoreformulation à l'hétéroamorce et à l'hétéroreformulation. Dans les études antérieures, une des configurations de la reformulation a été étudiée en particulier: l' ARAA.

Il existe également d'autres types de configuration de reformulations proposés par les chercheurs. À titre d'exemple, citons la reformulation prépositionnée (notre traduction de prepositionned repair) et la reformulation postpositionnée (notre traduction de postpositioned repair) (Hennoste, 2005)17• De plus, Fox et Jasperson (1995) proposent la reformulation de première position (notre traduction de first-position repair) 18 et Schegloff et ses collaborateurs (1977) proposent la reformulation du même tour (notre traduction de same tum repair), également étudiée par Fox,

17 Voir Hennoste (2005) pour une description plus détaillée.

18 Ce type d'autoreformulation a aussi fait l'objet d'études par Hayashi ( 1994).

(41)

Hayashi et Jasperson (1996) et par Fox et ses collaborateurs (2009, 2010)19• Dans notre étude, nous nous concentrerons sur le premier type de reformulation, soit l'ARAA.

2.2.3 Taxinomies d' ARAA

La taxinomie d' ARAA concerne la classification des ARAA. En général, la taxinomie d' ARAA en L2 est empruntée de celle de LI, puisque les recherches sur l' ARAA dans l'approche psycholinguistique en L2 sont moins avancées qu'en LI (Kormos, 1998).

2.2.3.1 Taxinomies d' ARAA en L 1

La première taxinomie systématique des ARAA produites en L l est celle proposée par Levelt (1983 ). En s'appuyant sur ses données, Levelt (1983) a créé trois types d'ARAA:

ARAA de différent message (désormais ARAA-D) (notre traduction de D-repairs, different repair), ARAA appropriée (désormais ARAA-A) (notre traduction de A-repairs, appropriateness repairs), ARAA pour corriger les erreurs (désormais ARAA-E) (notre traduction de error repairs,). Ces trois types d'ARAA sont les ARAA manifestes (en anglais, overt self-repairs). Il convient d'examiner ces trois types d' ARAA afin de savoir de quoi il s'agit.

Premièrement, une ARAA-D se produit «lorsqu'un locuteur se rend compte qu'il y a une erreur dans la phase de la préparation conceptuelle et qu'une autre idée doit être 19 Voir Fox et ses collaborateurs (1996, 2009, 2010) et Schegloff et ses collaborateurs (1977) pour plus d'information sur ces types de reformulation.

Figure

Tableau 2.2 Synthèse des taxinomies d' ARAA en L2  Types généraux d' ARAA Sous-catégories d' ARAA  Fathman (1980) Verhoeven (1989) Bange et Kern ( 1996)  ARAA-D Non applicable Non applicable ARAA-D  ARAA-A Non applicable Non applicable ARAA-RA:  ARAA-A pou
Tableau 2.2 Synthèse des taxinomies d' ARAA en L2 (suite)  Types généraux d' ARAA Sous-catégories d' ARAA  van Hest ( 1996) Kormos ( 1998) Liu (2009) Simard et ses  collaborateurs (20 Il)  ARAA-D ARAA-D ARAA de 1 'erreur de ARAA de fait Non applicable  l'o
Tableau 2.3  Comparaison de la taxinomie d' ARAA de Levelt et de celle de la  présente étude
Tableau 3.1 Synthèse des études sur les caractéristiques de la production en français L2 chez les sinophones  Auteurs LI/L2 Participants  N Âge  Wang  (1993)  Yu  (1993) Mandarin Non applicable LI et français L2 Mandarin Inconnu Inconnu LI et  français L2
+7

Références

Documents relatifs

Ainsi, il s’agissait d’analyser plus précisément les images qui sont produites par les architectes pour transmettre leurs idées au moment où l’édifice

Collecting lymphatic ves- sels in Foxc2 ¡/¡ mice fail to develop valves while the lym- phatic capillaries acquire an excessive coverage by SMCs and components of the basal lamina,

Les autres bactériocines de classe II (pédiocine PA-1, plantaricine, BacSJ2-8 et entérocine B) présentent des spectres d’activité relativement larges et différents les

Dans ce travail, nous avons exploré les caractéristiques acoustiques des phonèmes occlusifs du dialecte wu de Suzhou. En revanche, la différence des deux indices

Néanmoins, pour la plupart des exploitations avec un chargement important, de plus de 2,2 UGB/ha, les résultats obtenus soulignent la cohérence des itinéraires techniques mis

Dans cette étude, l’électrocoagulation a été utilisée pour traiter l’effluent généré par le traitement de surface des plaquettes de silicium avec une tentative d’éliminer

Pour les constructions : A la fin de chaque exercice comptable en application au principe comptable d’indépendance des exercices, il faut enregistrer au débit du compte 231 :

Pris dans leur ensemble, ces résultats suggèrent que les différences de durée entre les deux types de consonnes ne sont pas assez nettes pour permettre aux auditeurs de