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Les sillons de la rade de Brest et les marais maritimes associés

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Les sillons de la rade de Brest et les marais maritimes

associés

Pierre Stéphan, Bernard Fichaut, Serge Suanez

To cite this version:

Pierre Stéphan, Bernard Fichaut, Serge Suanez. Les sillons de la rade de Brest et les marais maritimes

associés. [Rapport de recherche] LETG-Brest UMR 6554 CNRS; Université de Bretagne Occidentale

(UBO). 2012, 66 p. (tome 1), 71 p. (tome 2). �hal-00663331�

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INSTITUT UNIVERSITAIRE EUROPÉEN DE LA MER

Janvier 2012

Serge SUANEZ

Pierre STÉPHAN

Bernard FICHAUT

Les sillons de la rade de Brest

et les marais maritimes associés

Cliché : S. Le Berre, 2005

UMR CNRS 6554 LETG

G

éomer UMR CNRS 6554 LETG

G

éomer

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EtudeFRACGPN–Les«sillons»delaradedeBrest

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LesSillonsdelaradedeBrestetleursmaraismaritimes







Maîtred’oeuvre

LaboratoireGEOMERUMR6554CNRS

InstitutUniversitaireEuropéendelaMerPlaceNicolasCopernic,29280Plouzané



Directionscientifique:SergeSUANEZ&BernardFICHAUT

serge.suanez@univbrest.fr,bernard.fichaut@univbrest.fr



Réalisation:PierreSTEPHAN

LaboratoiredeGéographiePhysique«PierreBirot»UMR8591CNRS

UniversitésParis1PanthéonSorbonneetParis12

1PlaceAristideBriand,92195Meudoncedex

pierre.stephan@cnrsbellevue.fr





Remerciements:PatriciaRolland,AgatheLarzillière,EmmanuelleQuéré,DominiqueMarquès,DenisFlotté,MarieFrancePennors,AnaelleMagueur,

PhillipeBoudeau,FernandVerger,AdrienHamel,ChristopheBougault,ChristopheAuger,Tiphainedelavallade,PascaleGehennec.

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EtudeFRACGPN–Les«sillons»delaradedeBrest

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I

NTRODUCTION





En1957,GuilcherétablitlepremierinventairedescriptifdescordonslittorauxdelaRadedeBrest.Cettedénominationenglobetouteslesplagesqui

ont la particularité de ne pas être adossées à la côte. En se limitant aux formes de plus de 100 mètres de long, il en recense 43 et qualifie cet

ensemblecommeétant«…leplusintéressantdetoutelacôtefrançaisedelaMancheetdel’Atlantique,aprèsceluidelacôtepicarde…»(Guilcheret

al., 1957, p 21). Il précise que, plus que la taille des édifices, c’est leur nombre et leur étonnante diversité dans une petite mer intérieure qui

justifientl’importancedel’ensemble.



Cesplagesparticulières,appelées«sillons»danslatoponymielocale,constituententantquetellesunpatrimoinegéomorphologiqueremarquable

dontl’importanceestévidenteetaétésoulignéeparletravaildeGuilcher.Ellesontaussiunautreintérêtmajeuràpeineévoquéàl’époque,dans

uncontexteoùlesproblèmesenvironnementauxn’étaientpasdemêmenature,oudumoinspasressentisdelamêmemanièrequ’aujourd’hui.A

l’exceptiondesquelquesqueuesdecomètes,quisontdesimplestraînesdegaletssituéesenarrièred’îles,touslescordonsdelaRadeabritentdes

maraismaritimes,dontl’importancebiologiqueetécologiquedanslesécosystèmescôtiersadepuisétélargementexplicitée(Anrasetal.,2004).Sur

leslittoraux,cesmilieuxsontparmiceuxqu’ilimportedepréserverenpriorité.



Dès2004,lesgéomorphologuesdel’UniversitédeBretagneOccidentaleontattirél’attentiondesmembresduserviced’écologieurbainedeBrest

Métropole Océane sur l’existence, en rade, de ces cordons littoraux d’une diversité exceptionnelle à l’échelle du littoral français, et de leur rôle

protecteurpourlesmaraismaritimes.Laprisedeconsciencegrandissantedelanécessitédeprotégerlesmilieuxfaceàlapertedebiodiversité,la

miseenplacedesZonesNatura2000(Elornetrade)etlapoursuited’uncontratmultipartenarial(Contratderade)apermisdemobiliserplusieurs

acteurs locaux sur ce thème (Parc Naturel Régional d’Armorique, Bretagne VivanteSEPNB, Société Géologique et Minéralogique de Bretagne).

Parallèlement, la Région Bretagne et le département du Finistère se sont montrés intéressés dans cette démarche au titre de la préservation du

patrimoine naturel breton et finistérien et du maintien de sa biodiversité. La mise en place d’un Contrat Nature sur un ensemble de sites

remarquablespourraitfournirlesmoyensd’atteindre,selonlescas,lesobjectifsdesensibilisation,préservationetrestaurationdecertainssillons.



Cetteétudeconstitueletravailpréliminaireàlamiseenplaced’unContratNaturesurlessillonsdelarade.Ellesecomposededeuxtomes.Un

premier tome intitulé «éléments de connaissance générale» dresse l’inventairedes sites, aborde leur dynamiquerécente et actuelle, définie les

enjeuxpatrimoniauxetétablitunpland’actionàenvisager.Lesecondtomerassembleunequarantainedefichessignalétiquesrelativesàchaque

sited’étude.

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S

OMMAIRE



 

1INVENTAIREDESCORDONSLITTORAUXETDELEURMARAISMARITIMES ... 4

 1.1.Lescordonslittoraux... 4  AQu’estcequ’uncordonlittoral?Qu’ellessontlescaractéristiquesenradedeBrest? ... 4 BLestypesdecordonslittorauxenrade ... 4 CAgeetmiseenplacedescordonslittorauxenradedeBrest ... 10 DLescelluleshydrosédimentairesdelaradedeBrest ... 12  1.2.Lesmaraismaritimesassociésauxcordons ... 14  ALadiversitémorphologiquedesmaraismaritimes ... 14 BFaune,flore,habitats ... 15   2DYNAMIQUESETEVOLUTIONDESMILIEUX ... 22

 21Evolutionrécenteetactuelledescordonslittoraux ... 22  APrincipedefonctionnementdescordonslittoraux... 22 BEvolutionrécentedescordonslittoraux ... 25 CEvolutionactuelledescordonslittoraux ... 30  22Evolutionrécenteetactuelledesmaraismaritimes ... 37  AProgressiondelaspartinealterniflore(Spartinaalterniflora)... 37 BLatransformationrapided’unmaraismaritime:lecasduLoc’h ... 39  23Lesfacteursnaturelsencausedansl’érosiondescordonslittoraux ... 41  AL’élévationduniveaumoyendelamer:unecausedureculrécentdescordons littorauxenrade? ... 41 BL’effetérosifdestempêtesetdesépisodesdefranchissement ... 41 CUncontextedepénuriesédimentaire... 43  24Analysedesforçagesanthropiques... 44  ALeblocagedestransitssédimentaires:impactdescales,diguesetports... 44 BLesprélèvementsdegaletssurlescordons ... 46 CUnesousalimentationsédimentaire:lastabilisationdesfalaises... 46 DLasurfréquentation ... 47 ELescordonsdétruitsetlesmaraisremblayésdelaradedeBrest ... 47   3DEFINITIONDESENJEUXPATRIMONIAUX... 51  31Lavaleurpatrimonialedessitesd’étude... 51  ADéfinitiondescritèresd’évaluation... 51 BLeclassementdessitesd’étude ... 57  32Lesmenacesquipèsentsurcepatrimoine... 57  AL’érosioncôtière:dégradationd’unpatrimoineécologiqueetdéséquilibredes conditionsécologiquesdesmaraismaritimes ... 58 BLaprogressiondelaspartineetlapertedebiodiversitédesmaraismaritimes.. 58 CLespressionsanthropiques... 59   4DEFINITIONDESPLAND’ACTION ... 60  41Lesprioritésd’action ... 60  ALuttercontrel’érosiondescordonslittoraux ... 60 BLuttercontrelaprogressiondelaspartine... 61 CMaîtriserlafréquentationetsesnuisances... 62  42Lessitesd’interventionprioritaire ... 62  43Lamaîtrisefoncièreetlesopérateurslocaux ... 63   REFERENCES ... 64   

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1I

NVENTAIREDESCORDONSLITTORAUXETDESMARAIS

MARITIMES





1.1.Lescordonslittoraux



AQu’estcequ’uncordonlittoral?Quellesensontlescaractéristiques

enradedeBrest?



Les cordons littoraux sont des formes d’accumulation sédimentaires qui ont la particularitédenepasêtreadosséesàlacôte.Parconséquent,ilsisolentbiensouventdela mer des zones humides dans lesquelles se sont accumulés des vases et limons à l’abri des vaguesetoùs’estinstalléeunevégétationhalophile.



Les cordons littoraux présentent généralement deux versants: un versant externe tournéverslamerquiestexposéauxvaguesetunversantinternetournéversl’intérieurdes terres qui correspond au revers abrité des vagues. La figure 2 montre quelques profils topographiquesdecordonslittoraux.



EnradedeBrest,lescordonslittorauxsonttousconstituéesdesédimentsgrossiers: galets,graviersetsablesgrossiers,enproportionvariableselonlesendroits.Généralement,ce typed’accumulationsédimentaires’observesurdeslittorauxtrèsexposésauxhoulesdularge, dont la grande énergie permet le transport et l’organisation des sédiments grossiers en cordons. En rade, la hauteur des vagues ne dépasse jamais 1 mètre. Aussi, la présence de flèchesdegaletsdansunenvironnementaussipeuénergétiqueconstitueuneoriginalitéqui s’explique en grandepartie parla nature des sédiments livrés par les falaises. Ces dernières sont les seules pourvoyeuses en matériel sédimentaire sur le littoral de la rade. Elles sont tantôt taillées dans des affleurements de roches très tendres, comme les schistes qui se délitentenlamellesdetaillecentimétriques,tantôtdansduheadpériglaciaire,accumuléàla base des versants lors de la dernière glaciation. Cette formation meuble, extrêmement hétérométrique, est constituée d’une matrice argileuse emballant en proportions variables desgraviers,caillouxetblocs.Lavésettriésparlesvagues,cessédimentsgrossiersalimentent lesestransoùilssontmisenmouvement,sousl’actiondescourantsdedériveetdéposésen massedansunsecteur abrité. L’extrême découpage du trait de côteen rade offre ainsi une multitudedesitesd’abrioùpeuts’effectuerledépôtdecematérieletledéveloppementd’un cordonlittoral.Unlégerrentrantdansletracédurivageestalorssuffisantpourpermettreau cordondeprendrel’alluredeflèchesàpointelibresubparallèleàlacôte(n°4,figure1).



Aladifférencedescôtesléonardes,lafaibleproportiondesablesurlesestransdela rade de Brest explique qu’aucun massif dunaire ne se soit mis en place. Le sommet des cordonsn’estdoncpascoiffédedunes.Ilestleplussouventconstituéd’uneseulecrêtede

galets, végétalisée, qui culmine à quelques décimètres seulement audessus du niveau des pleines mers de viveeau. Dans quelques cas particuliers, la végétation peine à pousser au sommetdescordons,tantlessédimentssontmobilesetfréquemmentdéverséssurlerevers parlesvaguesquidéferlentsurlacrêtelorsdespleinesmers.Cetteabsencedevégétationest alors le signe d’une forte mobilité du cordon et d’une tendance au recul vers l’intérieur des terres.



BLestypesdecordonslittorauxenrade



LaradedeBrestcompteaujourd’hui50cordonslittoraux(Stéphan,2004)dontcertainssont trèsartificialisésoudefaibledimensionetneferontpasl’objetd’uneétudedétailléedansce rapport. Comme l’a fait remarqué Guilcher et al. (1957, p.21), cet ensemble peut être considéré comme «le plus intéressant de toute la côte française de la Manche et de

l’Atlantique,aprèsceluidelacôtepicarde»enraisondunombreetdel’étonnantediversitéde

cesédificesdansunepetitemerintérieure.Ainsi,onpeutreconnaître9grandescatégoriesde cordonslittorauxenrade(figures1et2;tableau1).

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1Lesqueuesdecomète,toutd’abord,sontdesaccumulationsquisemettentenplaceàl’abri d’uneîleoud’unîlotrocheuxauquelellesserattachent(figure3).Cetypedecordonlittoralest relativementcommunsurlesrivagesdeBretagne.Enrade,touteslesîlestropéloignéesdela côteprésententunequeuedecomète.OnlestrouveainsirépartiesentrelesîlesdeTrébéron, îledesMortsetîlePerdueaulargedeRoscanvel,l’îleRondeprochedelaPointedel’Armorique à PlougastelDaoulas, et à l’est de l’île de Tibidy à l’HopitalCamfrout. Ces accumulations sont peumassivesetnes’élèventgénéralementpasaudessusdespleinesmers.

Figure3:Queuedecomètedel’îlePerdueenbaiedeRoscanveletschémademiseenplaceà l’abridesvagues(cliché:S.LeBerre,2005).

 

2 Les tombolos simples sont des accumulations littorales reliant une île à la terre ferme. En radedeBrest,touteslesîlessituéesàmoinsde200mdurivagesontaujourd’huirattachéesau continentparuneformed’accumulationsédimentaire,qu’ils’agissedesîlesdeTibidyoud’Arun. 

Sur le site d’Arun, ce cordon s’étire sur une longueur d’environ 150 m. Il est particulièrement surbaissé en raison du passage fréquent de véhicules automobiles sur la crête. Aussi, estil recouvertparlameràchaquemaréedeviveeau.Couronnédegraviersschisteuxetdesables,il

comporteplusbasdesgaletsdequelquescentimètresdelongueur.Guilcheretal.(1957)ontpu observer les témoins d’un ancien cordon du côté du continent, taillé en falaise de 1,1 m de hauteuroùlegravieranciencouronnaitunheadargileux.Cesdépôtsontétéinterprétéscomme étant les restes d’un ancien tombolo, plus élevé que l’actuel. Aujourd’hui, le recul de cette falaiseafaitdisparaîtrecequ’ilrestaitdel’anciencordon.   Figure4:Tombolod’Arunaupremierplan.  LetombolosimpledeTibidyestsituédanslapartieorientaledelaradedeBrestetconstituela riveoccidentaledel’ansedeKeroullé.Ils’allongedunordausudsurunedistancede150m.Ce cordondegaletsprésenteunprofildissymétrique.Sapenteestplusdouceàl’ouestqu’àl’est. Celavientdufaitqueletombolones’estpasconstruitàl’abridesvaguesmaisplutôtdefaçonà leurfairefront.Ils’agit,enquelquesorte,d’uncordonquiestvenurelierl’îleaucontinentaprès avoirreculélorsdelaremontéeprogressiveduniveaumarinaucoursdesderniersmillénaires (figure5).Lefrontducordonestdonctournéverslaradetandisquesonreverssetournevers l’ansedeKeroullé.Al’estdecetombolos’étendunschorrede10,6hadontleschenauxquile parcourent dessinent un réseau très hiérarchisé. En 1957, Guilcher et al. (1957) notaient déjà uneartificialisationducordonàtraversl’installationd’uneroute.





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3aet3bLestombolosdoublesformentuncomplexededeuxcordonslittorauxreliantuneîleà laterreferme.Pourquecetypededispositifsemetteenplace,ilfautquel’îlesoitsuffisamment large. Les cordons enferment alors une zone basse et humide. Les îles du Bindy et du Renard respectantcesconditions,ellesontpermislaformationdedeuxtombolosdistincts,enfermant une zone interne légèrement déprimée occupée par un marais maritime. Compte tenu des marnages importants en rade, la zone interne communique avec la mer par l’intermédiaire d’unepasse,quotidiennemententretenueparlescourantsdemaréequiassurentleremplissage etlavidangedumaraismaritime.Cettepasseempêchealorslerattachementàlaterreferme d’uneextrémitéd’undesdeuxcordons,créantainsiuneflècheàpointelibre(3b).   Figure6:TombolodoubleduBindy.  

4 Les flèches subparallèles à la côte. Elles forment une autre catégorie de cordons qui s’allongent dans le sens du rivage mais s’en détachent légèrement lorsqu’un rentrant affecte localement le tracé de la côte. Treize flèches de ce type ont été recensées en rade (Stéphan, 2004)etcontribuentpartiellementàlarégularisationdutraitdecôte.Laplupartd’entreellesse situent sur les rives des rias orientales de la rade. La plus remarquable d’entre elles est sans aucun doute le Sillon des Anglais, à Landévennec (figure 7). Ce cordon forme la flèche la plus massive de la rade. Une accumulation aussi importante dans ce secteur littoral n’est pas surprenante.Eneffet,surplusde3kmdelinéairecôtier,ladérivelittoralemobilised’ouesten estlessédimentsqu’elletrouveenabondanceauxpiedsdespuissantesfalaisesdehead.Depuis le Loc’h de Landévennec, situé plus à l’ouest, aucune pointe rocheuse ne vient entraver la migrationdesmatériauxlelongdurivage.   Figure7:LeSillondesAnglaisàLandévennec.   5Lesflèchesbarrantpartiellementuneanseouuneria.Cescordonssemettentenplaceen avantdelalignederivagedanslessecteursoùl’énergiedesvaguesn’estplussuffisantepour repousser plus en avant les sédiments accumulés dans les cordons. Cela se produit essentiellement dans les rias ou les anses car le relèvement progressif des fonds atténue la puissancedesvagues.Cescordonsabritentalorslapartieinternedesestuairesetfavorisentla sédimentation vaseuse et la mise en place de marais maritimes. Lorsque l’estuaire est large, commecelaestlecaspourl’ansedel’Auberlac’h,laflèchesesitueàmidistanceentrel’entrée etlefonddel’estuaire.Onparlealorsdeflèchedemibaie.Lecordondel’Auberlac’hestlongde 370m(figure8).Samiseenplaceestliéeàlaprésenced’unpetitsaillantsurlarivenordqui contraintladérivelittoraleàs’orienterverslesudest.Enarrièreducordons’étendl’étangde l’Auberlac’h, dans lequel se jette le ruisseau SaintAdrien. Cet étang se remplit et se vide à chaquecycledemaréeparl’intermédiaired’unepassetrèsétroite,de30mdelargeenviron.Le rétrécissementprogressifdecechenaldemarées’esteffectuéprogressivement,enlienavecla progressiondelaflècheverslesud.Cetteévolutionadonnénaissanceàdepuissantscourants quisontvenussaperlarivesuddel’anse.Cescourantsempêchentdésormaisl’allongementde laflècheverslesud.Lesgaletstransportésparladérivelittoralelelongdusillonfinissentpar êtreemportésparcescourants.Ilsviennentnourrirunvastedeltadejusantenbasdel’estran. Enfin,onpeutobserverunpetitmusoir,trèsaplati,ancrésurlarivesuddel’anse.  

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 Figure8:LeSillondel’Auberlac’hàPlougastelDaoulas.  6Lesflèchesenvisàvisetenchicane.Ilsconstituentcertainementletypeleplusoriginaldes cordonslittorauxdelaRade.Ils’agitdedeuxflèches,prenantracinesurchacunedesrivesd’une anse ou d’un estuaire et dont les pointes respectives viennent à la rencontre l’une de l’autre. Dans le cas des flèches en visàvis, l’allongement n’est pas suffisant et les pointes ne se rencontrentpas.Danslecasdesflèchesenchicane,l’unedespointessedéveloppeenavantde laseconde.Lagenèsedecetypedecordonestcomplexe,elle supposel’interventiondedeux courants de dérive littorale convergents. Le plus bel exemple de flèches en chicane se trouve dansl’anseduMoulinduPont,enpresqu’îledeLogonnaDaoulas.   Figure9:FlèchesenchicanedeMengleuzetdeRosmélecdansl’anseduMoulinduPont.   Danscesecteur,laflèchedeMengleuzs’allongeverslenordsur270mavantdeserecourber brusquement vers l’est en un puissant crochet terminal, long de 75 m. La flèche de Rosmélec s’étend, quant à elle, sur 350 m vers le sud. Une végétation occupe le sommet de ce cordon, tailléenmicrofalaisesurtoutesalongueur.Sapointeserecourbeégalementversl’est,maiselle estdésormaisprotégéedel’actionmarineparlecordondeMengleuz.Decefait,uneabondante végétationestvenuelarecouvrir.Cesdeuxflèchesprotègentunmaraismaritimede7hadans lequelsedéveloppeunschorreàspartineetobione.Ausudestdecesdeuxprincipauxcordons, il existe également une flèche résiduelle qui, à l’origine, était rattachée au poulier sud. Cette flèchesedévelopped’estenouestsur90m.Elleabriteunmaraisde0,7ha.   Figure10:FlèchesenchicaneduLoc’hàLandévennec.  7Lescordonsdebarrageviennentfermercomplètementunepetitedépressiondanslaquelle s’est installé un marais maritime ou une roselière à scirpes ou à phragmites. Ce type de morphologieesttrèsfréquemmentrencontrésurlescôtesdeBretagne.Enrade,lecordonde Kereven abrite toujours une roselière à phragmites, malgré son artificialisation. Un cordon de barrage est également reconnu à l’ouest du secteur de Porzguen et dans le fond de l’anse de SaintJean(Pennaras).



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CAgeetmiseenplacedescordonslittorauxenradedeBrest



Les cordons de galets sont constitués d’un stock sédimentaire qui a été progressivement mobilisé au cours des 15000 dernières années avec la remontée holocène du niveau marin relative au réchauffement climatique (Morel, 1997; Costa, 2005). Auparavant, le niveau de la mer se situait à une centaine de mètres plus bas qu’aujourd’hui. Une partie de la plateforme continentale était exondée, soumise aux effets du gel faisant éclater la roche en place et produisant d’importants volumes de cailloux que l’on appelle des gélifracts. La déglaciation a entraîné une remontée rapide du niveau marin, entre 12000 et 6000 ans. Les vagues ont progressivementremobiliséetremontéverslerivagelescaillouxprésentsenabondancesurla plateformecontinentale,lesémoussantengaletsetlesorganisantencordons.Cescordonsont ensuitereculépeuàpeuverslalignederivageactuelle(figure11).    Figure11:Constitutionetremontéeprogressivedesstockssédimentairesgrossiersjusqu’àlalignederivage actuellelorsdelatransgressionmarineholocène.EnradedeBrest,cephénomènedébuteavecl’invasionde laradeparlamervers8000BP.  EnradedeBrest,laconstructiondespremierscordonsdébutedoncavecsoninvasionparlamer, il y a environ 8000 ans (figure 12). Dans sa thèse, P. Stéphan (2008) a réalisé une série de carottagessédimentairesdanstroismaraismaritimesenrade(maraisdePorsguen,deTroaonet deKergo),demanièreàdateravecprécisionlamiseenplacedespremierscordonslittorauxà l’aide de la méthode au radiocarbone. Les résultats obtenus montrent des épaisseurs importantes de tourbe compactée et de vase, pouvant atteindre localement 6 m, accumulées progressivementaucoursdes6000dernièresannées(figure13).    Figure12:Chronologieapproximativedelaremontéeduniveaumarinenmerd’IroiseetenradedeBrest.   L’analysedessédimentscontenusdanslescarottespermetdereconstituerlalonguehistoirede ces milieux. Vers 4200 av. J.C., la mer se situe à un niveau légèrement inférieur à celui d’aujourd’hui (5 m environ). A l’emplacement des marais actuels se trouvent des tourbières d’eaudoucetandisquelalignederivagesesituealorsquelquescentainesdemètresenavant desapositionactuelle.Aucoursdesmillénairessuivants,leniveaumarinpoursuitsaremontée, lestourbièressontsubmergéesetlaissentplaceàdesschorresenvahisquotidiennementparla maréeetvraisemblablementabritéspardescordonslittoraux.Lespremièrespreuvestangibles de la présencede cordons à proximité des marais actuels datent de 2800av. J.C. Après cette date, le cordon de Troaon connaît plusieurs phases d’érosion liées à de fortes tempêtes vers 2000 av. J.C. Dans le secteur de Kergo, trois générations de cordons sont successivement construitsetdétruitsparlestempêtes(figure14).CeluidePorsguen,enrevanche,montreune grandestabilitéduranttoutecettepériode,profitantcertainementdebonnesconditionsd’abri. Cetravailmontredoncquelaplupartdescordonsactuelssontdesformesanciennes.

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 Figure13:Stratigraphiesdesdépôtssédimentairesreconstituéesàpartirdecarottageseffectués danslesmaraismaritimesdeTroaon,PorzguenetKergo(modifiédeStéphan,2011).    Figure14:EvolutionpaléoenvironnementaledusitedeKergo(interprétationbaséesurles donnéesstratigraphiques,modifiédeStéphan,2011).    

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DLescelluleshydrosédimentairesdelaradedeBrest



Lescordonslittorauxsontdessecteursoùs’estaccumuléunmatérielissud’unesource sédimentaire plus ou moins lointaine. En rade de Brest, les falaises taillées dans les schistes tendresetdansleheadreprésententlesprincipalessourcesensédiments.Leurérosionetleur recul contribuent à l’alimentation des rivagesen galets, graviers et sables. Unefois délivré, ce matériel est mis en mouvement le long du rivage et transite jusqu’aux cordons littoraux. Ces troisétapes(alimentationtransitdépôt)s’effectuentauseindecelluleshydrosédimentaires quisesuccèdentlelongdurivageetfonctionnentleplussouventindépendammentlesunesdes autres.Chaquecelluleestdonccomposéed’unezone«source»(falaises),d’unezonedetransit (portion de plage) et d’une zone d’accumulation (cordon). Les pointes rocheuses, et parfois mêmelesouvragesanthropiquesperpendiculairesautraitdecôte(cales,épis),constituentdes limitesfixesetimperméablesauxdifférentescelluleshydrosédimentaires.  L’érosiond’uncordonlittoralestlesigned’undysfonctionnementauseindelacellule. L’originedecedysfonctionnementpeutêtrel’arrêtdel’alimentationenprovenancedesfalaises, leblocagedestransitslelongdelacôteouencoreledéficitsédimentairedel’accumulationelle même.Aussi,unebonnegestiondesstockssédimentairescôtierspasseobligatoirementparla délimitationdesdifférentescelluleshydosédimentaires. 

Compte tenu de l’extrême découpage du trait de côte et la succession répétée de pointes rocheuses et d’estuaires le long du rivage, on dénombre une centaine de cellules hydrosédimentaires en rade de Brest (figure 16). Ces dernières sont donc le plus souvent de faiblesdimensionscequiexpliquentlataillegénéralementréduitedescordonslittorauxdontla longueurn’excèdepasquelquescentainesdemètresetleurfaiblevolumesédimentaire.    Figure15:FalaisesdelaradedeBrest.A.Falaisesdeheadd’unedizainedemètredehauteur danslesecteurduLoc’h.B.AiguillesdeschistesdévonienissuesdesfalaisesduRoz.C.Falaisesde schistesausuddeTroaon.                   

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  Figure16:CelluleshydrosédimentairesdelaradedeBrest.  



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1.2.Lesmaraismaritimesassociésauxcordons



ALadiversitémorphologiquedesmaraismaritimes



Il n’existe pas de nomenclature régionale ou nationale permettant de replacer les marais maritimesdelaradedeBrestauseindegrandescatégories(Verger,com.pers.).Néanmoins, la seule analyse des marais présents en rade permet de distinguer quatre types de configurationparticulièreauseindesquelslesmaraisprésententuncertainnombredepoints communs(morphologie,fonctionnementhydrologique,habitat,flore,faune).



Lesmaraisd’arrièrecordondoiventleurexistenceàlaprésenced’unoudeplusieurscordons littoraux qui les protègent de l’action des vagues et permet le dépôt et l’accumulation progressivedevaseensuspension.Cesmaraissontgénéralementoccupéspardespréssalés parcourus de chenaux encaissés. Le marais oriental de Porsguen est un bon exemple de ce type (figure 16A). Le nombre important de cordons littoraux explique que ces marais sont particulièrementbienreprésentéssurnosdifférentssecteursd’étude(figure17).    Figure16:ExempledequatretypesdifférentsdemaraisenradedeBrest.A.Maraisd’arrière cordondePorsguen.B.MaraisderiveestuariennedePontCallec.C.Maraissaumâtrenaturel duLoc’h.D.MaraissaumâtreartificialiséduCaro. 

Lesmarais de rive estuariennefrangentlaplupartdesestuairesorientauxdelarade(figure 17). Leur existence n’est pas directement liée à la présence de cordons littoraux, mais au

caractère abrité de ces environnements qui permettent le développement d’une végétation halophile sur les vases accumulées de part et d’autre des estuaires. Les cordons littoraux fournissenttoutefoisunsupportauxpréssalédanslespartieshautesdel’estran,commeon peutleconstatersurlaflèchedePontCallec(figure16B).  Lesmaraissaumâtresnaturelssontpeunombreuxenradepuisqu’àcejour,leseulexemple decetypesetrouveauLoc’hdeLandévennec(figures16Cet17).Jusqu’en2004,uncouplede cordonslittorauxprotégeaitunétangdontlavidangen’étaitjamaistotaleàbassemer.Une partiedelazoned’arrièrecordonétaittoujourseneauetprésentaitunesurfacedevasenue colonisée par la ruppie maritime. Seules les marges de l’étang étaient occupées par un pré salé. En 2004, l’ouverture d’une brèche dans l’un des cordons a modifié cette configuration initiale.Nousyreviendronsdansladeuxièmepartiedecerapport.   Figure17:typologiedesmaraismaritimesdelaradedeBrest.  Lesmaraissaumâtresartificielscorrespondentàd’anciensmaraisnaturelsdontleséchanges d’eauaveclamerontétémodifiésparlamiseenplaced’ouvragesanthropiquessurlerivage. Les cordons qui protégeaient initialement ces marais ont été artificialisés. Aussi, le

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remplissageetlavidangedeszonesd’arrièrecordonsontdésormaiscontrôléspardesvannes. Les étangs du Fret, du Caro et de Quélern sont toujours en eau (figure 16D). La ruppie maritime est présente dans l’étang de Quélern. Celui de KerrelotTremet, en revanche, se remplitetsevideaurythmedelamaréeetabriteuniquementdespréssalésàobione.  

BFaune,flore,habitats

 Lesmaraismaritimessontparmilesmilieuxlesplusproductifsdelaplanèteetconstituentde véritables réservoirs de biodiversité. En rade de Brest, la plupart d’entre eux abritent une fauneetuneflorerichesetvariées.Certainesespècesvégétalesetanimalesquioccupentces milieuxsontraresetparfoismenacésàl’échellerégionale,voirenationale,etbénéficientàce titre de divers statuts de protection. Les habitats côtiers qui constituent le support à cette biodiversité sont également diversifiés et font l’objet de mesure de conservation au sein du réseau Natura 2000, en accord avec la directive HabitatFauneFlore élaborée par l’Union européenne.  Lafaune  LafaunequioccupelesmaraismaritimesdelaradedeBrestesttrèsmalconnueàcejour.Par conséquent,ilestencoretrèsdifficiled’évaluerlabiomasseanimalequ’hébergentleszones humides littorales de ce secteur. Les populations animales les mieux connues restent les oiseaux.



D’un point de vue ornithologique, la rade de Brest constitue un site important de halte migratoire et d'hivernage pour de nombreuses espèces d'oiseaux d'eau (plongeons, grèbes, anatidés,limicoles)(figure18).Celatientàl'existencedevasteszonesd'eaupeuprofondeset de rivages variés (rochers, cordons de galets, vasières), offrant aux oiseaux des ressources alimentairesabondantes.Laradeestégalementpriséedesoiseauxcommerefugehivernaldu fait de sa situation protégée des vents violents, et des conditions climatiques favorables (fortes gelées rarissimes) qui permettent un accès à la nourriture durant tout l’hiver. L'importance des effectifs d'oiseaux hivernants fait de la rade de Brest une zone humide d'importanceinternationalepourl'avifaune.Cesonteneffetplusde20000oiseauxd'eauqui sontdénombrésenmoyenneàlamijanviersurl'ensembledelarade,dontlamajeurepartie danslepérimètredelaZPS«radedeBrest».Autotal,laradeaccueilledefaçonrégulière34 espècesd'intérêteuropéen.Pourlagrandemajoritédecesespèces(32),laradeneconstitue qu’une halte migratoire ou une zone d’hivernage. Par conséquent, elle ne présente pas d’intérêtmajeurenpériodedenidification.



Les marais maritimes constituent essentiellement des zones d’alimentation. Dans les prés salés, les limicoles prospectent les chenaux et dépressions inondées à la recherche de crustacés.Quantauxanatidés(courliscendré,chevaliers,canardsiffleur,sarcelled'hiver),ils viennent s'y alimenter de graines et autres éléments végétaux. Par ailleurs, les cordons

littorauxjouentunrôledereposoiràmaréehaute.Lafréquentationdessitesdereposdépend toutefoisdeplusieursfacteurs,dontlecoefficientdemarée,lesconditionsmétéorologiques et le dérangement. Enfin, on notera également la présence de populations de passereaux paludicoles en halte migratoire dans les roselières et phragmitaies attenantes aux marais maritimes.   Figure18:Quelquesanatidésetlimicolesd’intérêteuropéensurlescordonslittorauxetdans lesmaraismaritimesdelaradedeBrest.A.Chevalieraboyeur.B.Chevaliergambette.C.Harle Huppé.D.Grandsgravelots.E.Plongeonarctique.F.Sarcelle.  Enrade,touslesmaraismaritimesetcordonslittorauxsontpotentiellementutilisablesparles limicolesetlescanardsdesurface.Toutefois,certainssecteursapparaissentcommedeszones d'alimentationoudereposprivilégiées.Lesseulesdonnéesdontondisposesurlarépartition desespècesdelimicolesetd’anatidésàl’échelledelaradetiennentendeuxcartesréalisées par l’association Bretagne Vivante dans le cadre de l’évaluation de la ZSP rade de Brest en 2005(figures19et20).

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Figure19:SecteursmajeurspourlesanatidésauniveaudelaradedeBrest.   Figure20:SecteursmajeurspourleslimicolesauniveaudelaradedeBrest. Lafloreprotégée 

La flore des marais maritimes de la rade de Brest est bien connue grâce aux inventaires et suivisfloristiquesréalisésdepuisplusieursdécenniesparleConservatoireBotaniqueNational deBrest.



Les marais maritimes de la rade abritent quatre espèces floristiques protégées à l’échelle nationale et/ou régionale (figure 21). Il s’agit du petit statice (Limonium humile Mill.), du sépariasàpetitesfleurs(SerapiasparvifloraParl.),uneplanteherbacéepérennedelafamille desOrchidacéesquel’onretrouvedansl’anseduBourgetàTraonliorsetquibénéficied’un statut de protection à l’échelle nationale; de la parentucelle à large feuille (Parentucellia

latifolia(L.)Caruel)etdulotieràpetitesfleurs(LotusparviflorusDesf.)quisontégalementdes espècesprotégéesrégionalementquel’onretrouveàTraonliorsuniquement.  Parmicesquatreespèces,leLimoniumhumileestàlafoisl’espècelaplusvulnérableetcelle dontlaconservationestlaplusétroitementliéeàlaprésencedecordonslittoraux.Eneffet, cettelavandedemerneserencontreactuellementenFrancequedansquelquesansesdela rade.L’inventairedesstationsdeLimoniumhumileréaliséen2009(Quéré,2009)indiqueque sur les 32stations à petit statice recensées, 20 sont directement associéesà la présence de cordons littoraux. Ces formes d’accumulation abritent ainsi les deux tiers des populations françaises.Surlaquarantainedesited’étude,quinzeabritelepetitstatice.Danslessecteurs de l’Auberlac’h, du Renard et de KerellotTremet, les superficies occupées par le Limonium

humiledépassent5000m²etcomptentplusd’unmillierdepieds(figure22).

 



Figure22:Superficieetdensité (nombredepieds)des stations deLimoniumhumiledans les zonesd’arrièrecordonenradedeBrest(chaquesecteurpeutregrouperplusieursstations).

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 Figure21:LafloreprotégéedesmaraismaritimesdelaradedeBrest:écologie,statutsdeprotectionetdistribution.  

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Parailleurs,cetteespècevégétaleestactuellementmenacéeparlaproliférationd’unepoacée américaine, la spartine alterniflore (Spartina alterniflora), qui s’étend très rapidement et supplante progressivement le Limonium humile en particulier dans les zones vaseuses de la rade (slikkes et schorres). Les substrats gravelocaillouteux à vasograveleux qu’offrent les cordonslittorauxdeviennentdonc,aufildutemps,deszonesrefugepourlepetitstatice.  Alorsqu’en1991,lessubstratsgravelocaillouteuxétaientcaractériséspardefaibleseffectifs deLimoniumhumile,lesdonnéesrecueilliesen2009indiquentqueleseffectifsdepetitstatice danscetypedestationsontconsidérablementaugmenté(Quéré,2009).Eneffet,8stations comportentaujourd’huideseffectifscomprisentre100et1000individus(contre2stationsen 1991)etunelocalitéabriteplusmêmede1000pieds:MengleuzenLogonnaDaoulas(figure 23).  Lescordonslittorauxetlesmaraismaritimesassociésreprésententdoncunenjeuimportant pourlaconservationdecetteespèceprotégéequel’onnerencontrequ’enradedeBrest.   Laflorerare 

Les marais maritimes de la rade de Brest abritent également un ensemble d’espèces floristiquesraresàl’échellerégionale.Autotal,onrecense7espèces«rares»(figure24):la Roncebleuâtre(RubuscaesiusL.),lePasseragedeschamps(Lepidiumcampestre(L.)R.Br.),le BuplèvregrêleouBuplèvremenu(BupleurumtenuissimumL.subsp.Tenuissimum),laRuppie maritime (Ruppia maritima L.), le Choin noirâtre (Schoenus nigricans L.), le Cranson officinal (Cochlearia officinalis L.), le Polypogon de Montpellier (Polypogon monspeliensis (L.) Desf.). Cesplantessontclasséessurlalisterougearmoricaine(Magnanonetal.,1993)etbénéficient d’un statut de rareté et de régression à l’échelle du Finistère et/ou de la région Bretagne (Hardegenetal.,2009).Ellesserépartissentsur9secteursenrade:PennalLann,l’Auberlac’h, lePédel,l’anseestdePorzguen,lemaraisdeRosmélec,l’anseduBourg,lemaraisdeTroaon, lemaraisduLoc’h,l’étangduFret.                   Figure23:EvolutiondunombredepiedsdeLimoniumhumileparstationentre1991et2009 (d’aprèsQuéréetMagnanon,2004etQuéré,2009).    

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Leshabitats.



Les habitats côtiers et la répartition des espèces végétales d’intérêt communautaire sont bien connuslelongdesrivesdel’Elorn,danslapartieorientaledelaradedeBrestetàl’ouestdela Presqu’îledeCrozongrâceauxinventairesetauxcartographiesréaliséesàl’échelledu1/5000e parleConservatoireBotaniqueNationaldeBrest,danslepérimètredeszonesdéfiniesdansle cadredu«réseauNatura2000»(Bougaultetal.,2004)(figure25).   Figure25:Répartitiondeshabitatsd’intérêtcommunautaireenradedeBrest.   Diversitédeshabitatsd’intérêtcommunautaire. 

Les marais maritimes de la rade de Brest et, dans une moindre mesure, les cordons littoraux associés,regroupentunensembled’habitatsd’intérêtcommunautaire.Ensebasantsurlecode Natura 2000 (ou code UE, habitats figurant sur l’annexe 1 de la directive habitat), on recense septhabitatsd’intérêtcommunautairesurnossitesd’étude:  UE1150:leslagunescôtières UE1130:leszonesd’estransvaseuxàsablovaseuxsansvégétationphanérogamique UE3110:leszonesdevégétationannuelleàsalicornes UE1330:leszonesdepréssalés UE1210:leszonesdevégétationannuelledeshautsdeplage UE6430:leszonesdeprairieshumidesetmégaphorbiaies UE1230:leszonesdefalaiselittoraleavecvégétationphanérogamique 

Dans les parties les plus internes des marais maritimes, on recense également un habitat potentield’intérêtcommunautaire:



UE91E0:lesfrênaiesaulnaiesalluviales(boisementshumides) 

D’une manière générale, les sites d’étude ne présentent pas une grande diversité en terme d’habitatsd’intérêtcommunautaireetregroupentleplussouvententredeuxetquatrehabitats différents(figure26).LessitesduRozetdel’anseduBourgmontrentuneplusgrandediversité avecrespectivement5et6habitatsd’intérêtcommunautairedifférents.   Figure26:Superficieetdiversitédeshabitatsd’intérêtcommunautairesurlessitesd’étude.   Richessedeshabitatsd’intérêtcommunautaire 

Les superficiesd’habitat d’intérêt communautaire sonttrèsvariables selon nosdifférentssites d’étude. D’une manière générale, plus la zone d’arrière cordon est vaste, plus les surfaces

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occupéesparleshabitatsd’intérêtcommunautairesontimportantes(figure27).Desdifférences notablesapparaissenttoutefoislorsquel’onfaitlerapportentrecesdeuxvaleurs(figure28).   Figure27:Superficiedessitesd’étudeetdeshabitatsd’intérêtcommunautaire.   Surunedouzainedesitesd’étude,leshabitatsd’intérêtcommunautairesoccupentplusde60% de la superficie des zones d’arrièrecordon (figure 28). Le site du Faou compte trois types d’habitats d’intérêt communautaire (estran vaseux sans végétation phanérogamique, zone de végétation annuelle à salicorne, prés salés) qui représentent à eux seuls 86 % de la superficie totale du secteur. La part restante (14 %) correspond aux zones occupées par la spartine alterniflore.



D’autres sites présentent, en revanche, une relative pauvreté en habitats d’intérêt communautaire.Sur7d’entreeux,ceshabitatsreprésententmoinsde30%deleursuperficie. C’estnotammentlecasduRozoùleshabitatsd’intérêteuropéenoccupentseulement22%de la surface totale du site. Cette pauvreté s’explique par la prédominance de la spartine alternifloredanslazonedeprésaléetcontrasteavecunegrandediversitédeshabitatsdansce secteur(figure26).    Figure28:Partdeshabitatsd’intérêtcommunautairedanslasuperficietotaledesmarais maritimesenradedeBrest    Présenced’habitatsd’intérêtrégional 

Il convient de noter que certains marais maritimes de la rade forment un continum avec des zones humides alluviales plus continentales où s’étendent des roselières à phragmites ou à scirpemaritimeauxquellessuccèdentparfoisdesmégaphorbiaiesoccupantlesfondsdevallées, périodiquement inondée lors des fortes pluies. Bien qu’ils ne soient pas considérés d’intérêt européen, ces habitats présentent néanmoins un intérêt régional au titre de la protection des zoneshumidesetabritentbiensouventunefloreetunefaunericheetdiversifiée.

 

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2D

YNAMIQUESETEVOLUTIONDESMILIEUX





21Evolutionrécenteetactuelledescordonslittoraux



APrincipedefonctionnementdescordonslittoraux

 Deuxagentsessentielsinterviennentdanslamobilitérécentedesflèchesetcordonsdegalets.Il s’agit, d’une part, de la houle dont l’action à la côte se traduit par l’édification des levées de galetsetparletransportdesédimentlelongdesrivageset,d’autrepart,delamaréequijoue unrôleindirectenfaisantvarierleniveaud’actiondesvaguessurlescordons,engénérantdes courants susceptibles d’assurer le transport de sédiments, en contribuant à la génération de niveauxd’eauextrêmesàlacôte.  L’actiondeshoulesetdesvaguessurlescordonslittoraux  Leshoulesetlesvaguessontleprincipalagentdelamorphogenèsedesflèchesetcordonsde galetscarellesfournissent,lorsdudéferlement,l’énergiemotricesuffisantepourenclencherun mouvement des sédiments grossiers sur l’estran. Elles contribuent également à l’alimentation descordons,enfaisanttransiterlessédimentsdemanièrelongitudinaleparrapportàlalignede rivage,depuislesfalaisesnourricièresjusqu’auxcordons(figure29A).Laprésencedemultiples indentationsdansletracédelacôtefavorisealorsledétachementdesformesd’accumulation qui, dès lors, tendent às’allonger dans lesensdu transit sédimentaire dominant, en adoptant danscecaslaformedeflècheàpointelibre.





Figure29:Evolutionsdescordonslittorauxselonladirectiondominantedesvagues.



Les houles à la côte sont également responsables d’un transit transversal des galets et d’une modificationduprofildescordons.Deuxsituationspeuventêtredistinguées.



Lorsque l’action des vagues se porte à un niveau inférieur à la crête des cordons, les vagues participent au processus d’overtopping (figure 30). Ce processus se traduit par la remontée progressivedesgaletsverslehautdesaccumulationsetparlaformationd’uneberme.Lorsque lesdéferlementsseproduisentàunniveauélevésurlecordon,lesplusgrosgaletssontparfois projetés au niveau de la crête et contribuent alors à son exhaussement. En définitive, ce type d’évolutionmorphologiqueengendreunraidissementducordon.



Lorsque les vagues franchissent la crête des accumulations, elles conduisent au processus d’overwash (figures 29B et 30). Les vagues qui passent pardessus le cordon génèrent un flux continu d’eau en direction du revers. Les galets sont déplacés en arrière du cordon où ils viennent recouvrir le matériel existant. Lors des tempêtes, les processus d’overwash peuvent entraînerl’ouverturedebrèchesetlamiseenplacedelobesdedébordementsurlereversdes cordons.



L’alternancerépétéedansletempsdesprocessusd’overtoppingetd’overwashestresponsable d’unreculdescordonsdegaletsparroulementsureuxmêmes.Cemécanismeestconnusousle terme de rollover. Il a notamment permis la remontée d’une partie des stocks de galets disponiblessurlaplateformecontinentalelorsdelatransgressionpostglaciaire.   Figure30:Schémadesprocessusd’overtoppingetd’overwash.    HoulesetvaguesenradedeBrest 

Le littoral de la rade de Brest est soumis à l’action de deux systèmes de houles sensiblement différents:l’uncorrespondauxgrandeshoulesdesecteurouestpénétrantparlegoulet,l’autre estcaractériséparlesvaguesgénéréesauseinmêmedelaradeparlesventslocaux.

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Figure31:PropagationdelahouleocéaniqueenradedeBrestethauteurdesvaguesàlacôte établiesparleSAUM(1977).   L’entréedesgrandeshoulesdesecteurouestenradesefaituniquementparlegouletdeBrest (figure31)dontlalargeurseréduità2kmentrelapointeduPorzicetlapointedesEspagnols.A ceniveaudéjà,lesphénomènesderéfractionsontimportants,notammentlelongdesrivesdu gouletetauniveaude«l’accidentmédian»quisetraduitparunesériedehautsfondsrocheux. Latraverséedeshoulesdanscepassageétroitsetraduitparuneconvergencedesorthogonales dehoule.Ensuite,leshoulessonttrèsfortementdiffractéeslorsdeleurentréeenrade(figure 31). L’augmentation brutale de la surface mouillée dès le passage de la pointe des Espagnols entraîneunedivergencedesorthogonalesdehouleenunfaisceauétalésurtoutlecentredela rade (Fichaut, 1984). Les houles y perdentunebonnepartie de leur énergie. Enfin, ces houles d’ouest voient une nouvelle fois leur énergie dissipée à l’approche du rivage en raison d’un relèvementprogressifdesfondsmarinsdanslarade.



Par conséquent, seule la partie nord de la rade est véritablement soumise à l’influence de la houleocéanique,ainsiquelacôtenordouestdelaPresqu’île dePlougastel,jusqu’àPorzIlien (Guilcher et al., 1957). Dans ces secteurs, la hauteur des vagues est maximale et les creux dépassentparfois2m.  Ailleurs,lerivagen’estbattuquepardesvaguesdeventforméesenradequiseprésentesousla formed’unclapothachécaractéristique(faiblelongueurd’ondeetunefortecambrure).Comme lerappellentGuilcheretal.(1957),cesvaguessonttypiquesd’unlacdedimensionsmoyennes. Leurpuissancedépenddelavitesseduventetdelalongueurdufetch(distancesurlalaquelle souffle ce vent). En rade, le fetch atteint au maximum 25 km, de la presqu’île de Roscanvel à l’embouchuredelarivièreduFaou.Danslaplupartdespointsdelacôte,lefetchesttoutefois trèsinférieuràcechiffre.Parconséquent,lamajeurepartiedesrivagesdelaradeestbattuepar desvaguesdontlahauteurdépasserarementlemètre,quellesquesoientlaforceetladirection duvent,commel’indiquelesdeuxgraphiquesdelafigure32.  



Figure32:Relationentrelaforceduvent,lalongueurdufetchetlahauteurdesvagues(d’après lesformulesdeDonelan,1992).  

Néanmoins, B. Fichaut (1984) a montré que malgré leur faible hauteur, les vagues de la rade étaientsuffisantespourinfluencerlasédimentologiedeshautsfondsbordiers,mêmedansles secteurstrèsprotégéscommelabaiedeRoscanvel,parexemple.Surlelittoral,untelclapotest égalementsusceptibled’occasionnerdesremaniementssédimentairesimportants(Bonnefilleet Pernecker,1966;inAuffret,1983).Eneffet,cespetitesvaguesabordentgénéralementlerivage avec une très forte obliquité, ce qui favorise le transit des sédiments le long de la côte (Nordstrom,1989;Jacksonetal.,2002;GoodfellowetStephenson,2005).



La rade de Brest se caractérise par une prédominance des vents annuelsde secteurouest (de sudouest à nordouest) (figure 33). Les rives orientales de larade deBrest sont donc les plus souventbattuesparlesvaguesgénéréessurlepland’eau.Lesventsdenordestsontégalement fréquents,notammententrelesmoisd’avriletjuin.

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Figure33:RosedesventsannuelsetmensuelsàlastationMétéoFrancedeLanvéocPoulmic (période19552006).  Lerôledelamarée  EnradedeBrest,lemarnagepassede2,8mlorsdesmaréesdemorteeauà7,6mlorsdesplus grandesmaréesd’équinoxe(coefficientde120).Enraisondesonamplitude,lamaréeestdonc responsabledumouvementd’importantesmassesd’eauprèsdescôtesgénérantdescourants de flot et de jusant dont la vitesse peut être renforcée localement selon la configuration du rivage.



S’il est rare que les courants de marée atteignent une vitesse suffisante pour mobiliser les sédiments grossiers sur l’estran, certaines configurations particulières sont favorables à un accroissementdelacéléritéduflotetdujusantàproximitédescordonslittorauxetàunemise en mouvement éventuelle des sédiments. C’est bien souvent le cas en rade où de nombreux cordonsbarrentuneanseouisolentunmaraismaritimequiseremplitetsevideàchaquecycle demarée.Danscecas,depuissantscourantssontsouventgénérésauseind’unepasseplusou moins étroite, à travers laquelle s’effectuent des transferts sédimentaires sur l’estran. Ainsi, il est fréquent d’observer de petits deltas de flot et/ou de jusant édifiés de part et d’autre des passes empruntées par les courants de marée. Ces petits deltas sont constitués de galets prélevés aux flèches et démontrent la capacité de transfert sédimentaire dont disposent ces courantsdèslorsqu’ilssontcanalisés(figure34). 



Figure34:Laflèchedel’Auberlac’hetsondeltadejusantédifiéaudébouchéduchenaldemarée (cliché:P.Stéphan,juillet2006).  

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BEvolutionrécentedescordonslittoraux



Méthodologie:retracerlamobilitérécentedescordonslittoraux  Lamobilitédescordonslittorauxaétéretracéeenutilisantàlafoisdesphotographiesaériennes prises par l’IGN entre 1952 et 2011 et des levés de terrain effectués à l’aide d’un DGPS (GPS différentiel de grande précision) entre 2004 et 2011. Les clichés aériens ont été scannés avec unehauterésolutionetlesdéformationséventuellesdesimages,liéesàlaprisedevueaérienne, ont été corrigées. Toutes ces données ont ensuite été intégrées dans une base SIG (Système d’InformationGéographique)etlapositiondutraitdecôteaétédessinéenumériquementsur nos images. Leplus souvent, la végétation supra littorale située ausommetdes cordons aété retenuecommetraitdecôte.Apartirdecetravail,lereculet/oul’avancéedesflèchesontété mesurés le long de profils disposés perpendiculairement au rivage. Au total, l’évolution d’une vingtaine decordons littoraux a été étudiée decettemanière car nous n’avons pas retenules queuesdecomètesetlescordonsdontlalongueurestinférieureà100m.



Lesdifférentsmodesd’évolutiondescordons  Lafigure35présentedefaçonschématiquelesdifférentsmodesd’évolutionrencontréssurles cordonsdegaletsdeBretagne.Sixgrandsmodesd’évolutionpeuventêtrereconnus:avancée, stabilité, cannibalisation, rollover épisodique, rollover régulier, démantèlement. Ces modes d’évolution prennent différentes formes selon l’orientation des cordons littoraux par rapport aux vagues incidentes et le sens dominant des transits sédimentaires. Sur les cordons faisant faceauxvagues(typeA),lalignededéferlementestleplussouventparallèleàlaplageetles transitssédimentairess’effectuentdepréférenceversl’intérieurdesterres.Enrevanche,surles cordonsfuyantlesvaguesincidentes(typeB),ledéferlementdesvaguess’effectueobliquement parrapportàlaplageetgénèreundéplacementsédimentairelelongducordon.  Avancée  PourlescordonsdetypeA,l’avancéesetraduitparl’adjonctiondecrêtesuccessivesenavant des précédentes et la progradation du cordon parallèlement à luimême. Pour les cordons de typeB,l’avancéesemarqueparunallongementprogressifdelaforme.Enrade,onrecenseun seulcasd’avancéesignificativeetdeprogradationducordonverslamer.Ils’agitduSillondes

Anglais. L’évolution de cette flèche au cours des dernières décennies est marquée par le

déplacementderidesdegaletslelongducordonetlamiseenplacedecrêtesuccessivesàson extrémité(figure36).Ainsi,laflèches’allongeprogressivementversl’est.Cetteévolutionestle signe d’une bonne alimentation sédimentaire. En amont de ce secteur, la côte est taillée en falaisesdeheadsur3kmdelong.Cellescidélivrentépisodiquementunvolumenonnégligeable desédimentsaurivage,lesquelstransitentsansperturbationjusqu’auSillondesAnglais.





Figure35:Lesdifférentsmodesd’évolutionrécentedescordonslittorauxreconnusenBretagne (d’aprèsStéphan,2008).

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Il faut noter qu’à l’exception du Sillon des Anglais, aucun cordon n’a connu d’avancée significativeaucoursdes60dernièresannéesenrade.Celatraduituncontextegénéraldefaible alimentationsédimentairedesaccumulationslittorales.   Figure36:EvolutionduSillondesAnglaisentre1952et2009.   Stabilité 

La plupart des flèches situées sur les rives orientales de la rade de Brest ont montré une très faible mobilité: PtCallec, Porzguen, Kerloziou, Kerneïz, Bourg, Kerroullé (figure 37). Cette stabilitérelativerésultevraisemblablementdeconditionshydrodynamiquestrèsfaiblesetpeu propicesauxtransfertssédimentaires.LaflèchedePorzguen,parexemple,estsituéeàl’entrée de la ria de Penfoul, dans un léger rentrant de la côte. Dans ce secteur, les vents locaux sont incapables de générer des vagues d’une hauteur supérieure à 10 cm, en raison de la faible longueurdefetch(Stéphan,2008b).Aussi,entre1952et2006,lereculetl’avancéedufrontde végétationsommitalen’ontdépassé2mqu’enderaresendroitslelongducordon(fig.5B).Ce typed’évolutionestlesigned’unbilansédimentairestablesurlapérioderécente.     Figure37:Lesdifférentsmodesd’évolutionrécentedescordonslittorauxdelaradedeBrest.   Macrocannibalisation 

Au cours des cinq dernières décennies, certaines flèches ont connu un phénomène de macro cannibalisation (flèche de SaintJean, de Troaon). Ce type d’évolution reflète un contexte de sousalimentation sédimentaire. Les apports de sédiments n’étant plus suffisants pour compenser les volumes en transit le long des flèches, leur partie proximale enregistre une érosionauprofitdelapartiedistalequis’engraissedanslemêmetemps.



L’évolution de la flèche de Troaon est une parfaite illustration de ce phénomène. De 1952 à 2006, l’enracinement du cordon a progressivement reculé (jusqu’à 12 m par endroits), nécessitantlamiseenplaced’unenrochementdanscesecteur(figure38).Danslemêmetemps, lapointedelaflècheaconnuuneprogradationde15menmoyenne.Toutefois,lespuissants courantsdemaréepermettantleremplissageetlavidangedel’étangduTroaonsituéenarrière ontempêchéicil’allongementdelaflècheverslesud.Ilestpossibledenoter,parailleurs,une migrationrapidedufulcrum(pointquiséparelasectionenérosiondelasectionenaccrétion) versl’extrémitédistaleducordon,àunevitessed’environ2,5m/andepuis1978,traduisantune extensiondelaportionenérosionauxdépensdelazoned’accrétion. 

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 Figure38:EvolutiondelaflèchedeTroaonparmacrocannibalisationentre1952et2011.   Microcannibalisation  LamobilitédesflèchesduPédeletdeSaintJeanaétémarquéepardesphénomènesdemicro cannibalisation.Cettefois,seuleuneportionréduitedescordonss’estcannibalisée,entraînant l’apparitiondesouscellulesd’érosionetd’accrétionlelongdesédifices(Orfordetal.,1996).Ces souscellules se mettent généralement en place lorsqu’il existe de fortes variations longitudinales dans les vitesses de transport sédimentaire. Les zones d’érosion correspondent

alors aux secteurs d’accélération du transit, tandis que les zones d’accrétion sont liées à un ralentissement du transfert sédimentaire (Orford et al., 1996). Ce type d’évolution aboutit le plus souvent à une sinuosité de plus en plus marquée des formes d’accumulation, favorisant l’apparitiondepointsdefaiblessepropicesàl’ouverturedebrèches.



Ainsi, l’évolution récente de la flèche de SaintJean permet d’identifier deux cellules de cannibalisationlelongducordon(figure39).Lapremièrecellules’étiresurunedistancede100 mdanslapartieproximaledelaflèche,entrelespointsdemesureP8etP18.Lereculdufront de végétation en amontdérive s’est accompagné d’une avancée équivalente en avaldérive, traduisant le déplacement longitudinal des sédiments vers l’est. La seconde cellule de cannibalisationsuccèdeimmédiatementàlapremièrelelongdelaflècheetamontrélamême tendance.Decettefaçon,lessinuositésquicaractérisentlaformegénéraledelaflèchesesont accentuéesetontmigréprogressivementversl’est.   Figure39:EvolutiondelaflèchedeSaintJeanparmicrocannibalisationentre1952et2009. 

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Reculparrolloverlentetépisodique



Denombreusesflèchesdegaletsontconnuunreculparrollover.Cemoded’évolution,propre aux cordons de galets, s’effectue sans véritable déperdition de matériel puisque les édifices migrent vers l’intérieur des terres tout en conservant leur volume initial. Il ne s’agit donc pas d’une érosion à proprement parler. Néanmoins, cette mobilité traduit dans certains cas un véritabledéficitsédimentaire.J.D.Orfordetal.(1996)distinguenteneffetdeuxdynamiquesde

rollover selon les vitesses de recul. Le rollover lent caractérise les cordons robustes, peu

sensiblesauxfranchissementsparlesvaguesdetempêteetaubilansédimentairestable,tandis que le rollover rapide s’observe sur les cordons surbaissés, en déficit sédimentaire, et fréquemmentsubmergésparlesplushautsjetsderive.Danscecas,lestransfertsdematériel en direction du revers sont plus importants et permettent une migration rapide des accumulationsendirectiondesterres.Lamobilitédesflèchesdel’Auberlac’h(figure40)etdu Roz, par exemple, illustre une dynamique de rollover relativement lent au cours des cinq dernièresdécennies.   Figure40:EvolutionduSillondel’Auberlac’hentre1952et2011etreculépisodiqueparrollover..    L’alternancedephasesd’avancéeetderecultraduitl’interventiond’épisodesérosifs,propices aureculdescordons,auxquelssuccèdentdespériodesderéajustementpostérosifsfavorablesà l’avancée de la végétation au sommet des cordons. Sur ces deux sites, les avancées n’ont pas entièrementcompensélesreculssuccessifsetl’évolutiondecesdeuxcordonss’estsoldéepar unretraitestiméà6mpourlaflèchedel’Auberlac’het8mpourcelleduRozentre1952et 2006.  Durolloverrapideetrégulieraudémantèlementdescordons  Plusieursflèchessesontdistinguéesparunedynamiquederolloverparticulièrementrapidesur la période récente, signe d’un déficit sédimentaire, conduisant pour les flèches du Faou et de Mengleuzàleurdémantèlementprogressifaucoursdesdernièresdécennies.  LaflèchedeMengleuz(figure41)reculeactuellementàunevitessemoyennede1m/an.Cette migrationrapiderésulted’unecrisesédimentaireamorcéeen1966parl’ouvertured’unebrèche danslaflècheàunecentainedemètresdupointd’enracinement.   Figure41:MobilitédelaflèchedeMengleuzentre1948et2007.

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Jusqu’en 1978, cette brèche n’a cessé de s’élargir, déconnectant la flèche des apports sédimentairesvéhiculésparladérivelittorale.Amesuredesonrecul,laflècheaadoptéunprofil de plus en plus surbaissé, la rendant très sensible au franchissement par les vagues lors des pleinesmers.De1978à2007,lereculdelaflèches’estdoncaccéléré.  LaflècheduFaouaconnuunreculmoyende0,7m/anentre1948et2006(figure42).Aucours del’hiver1974,laflècheaétééventréeendeuxendroitslorsd’uneviolentetempête(Guilcher etal.,1990).Lapénuriedesédimentsdanscesecteurn’apaspermislecomblementnatureldes brèchesquisesontpérenniséesetsesontprogressivementélargies.Lapartiedistaleducordon s’estalorsétaléedanslavasièrequ’ellecontribuaitàprotégeretelles’esttransforméeenbancs degraviersdécouvrantuniquementàbassemer.    Figure42:MobilitédelaflècheduFaouentre1948et2009.  

CBilande60ansd’évolutionlittoraleenradedeBrest

 Autermede60annéesd’évolutionlittorale,onconstatequeles3/4desflèchesdelaradede Brest ont manifesté une tendance au recul (figure 43). Si le recul des flèches n’est pas nécessairementlesigned’undéficitsédimentaire,l’examendétaillédeleurcinématiquerécente

indiquenéanmoinsuncontextedesousalimentationetunetendanceàl’érosionàl’échellede larade.SeulleSillondesAnglaisamontréunevéritableprogradationverslamer,témoignant d’unbilansédimentairevraisemblablementexcédentaire.Sixsecteurssituésenfondderadeont également connu une relative stabilité qui s’explique par des conditions très abritées. Sept flèchesontenregistréunreculparrolloverrelativementlent,signed’unbilansédimentaireen équilibre. En revanche, une carence en apports sédimentaires a pu être identifiée sur sept flèchesoùlesphénomènesdecannibalisationprédominent.Enoutre,unevéritablesituationde crise sédimentaire chronique a été reconnue sur les cordons de Kersanton, de Mengleuz, du FaouetduLoc’hoùs’estproduitunreculrapidedesaccumulationset,danslecasduFaou,un démantèlement complet du cordon. Pour le cordon de Mengleuz et du Loc’h, une tendance similaire est actuellement en cours, comme nous le montre le suivi topomorphologique que nousavonsentrepriscesdernièresannées.







Figure43:Tendanced’évolutiondescordonslittorauxaucoursdessixdernièresdécennies





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