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Introduction d’un nouveau protagoniste dans le récit en français et en chinois : interaction des structures syntaxique et informationnelle

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Texte intégral

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Introduction d’un nouveau protagoniste

dans le récit en français et en chinois : interaction

des structures syntaxique et informationnelle

Arnaud Arslangul

Inalco (Institut national des langues et civilisations orientales), CRLAO (Centre de recherches linguistiques sur l’Asie orientale) UMR 8563

Arnaud Arslangul, « Introduction d’un nouveau protagoniste dans le récit en français et en chinois : interaction des structures syntaxique et informationnelle », Discours [En ligne], 25 | 2019, mis en ligne le 30 décembre 2019.

URL : http://journals.openedition.org/discours/10191

Titre du numéro : Varia

Coordination : Laure Sarda & Denis Vigier Date de réception de l’article : 23/07/2019 Date d’acceptation de l’article : 06/11/2019

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dans le récit en français et en chinois : interaction

des structures syntaxique et informationnelle

Arnaud Arslangul

Inalco (Institut national des langues et civilisations orientales), CRLAO (Centre de recherches linguistiques sur l’Asie orientale) UMR 8563

L’introduction référentielle dans le discours est influencée par différents facteurs. Cette étude s’intéresse à l’interaction qui existe entre les niveaux syntaxique et informationnel dans la structuration de l’énoncé lors de l’introduction d’un nouveau protagoniste dans le récit. L’objectif est de savoir quelles constructions sont utilisées pour encoder cette fonction d’introduction en français et en chinois. La procédure utilisée consiste en l’analyse d’un corpus oral collecté auprès de locuteurs natifs de ces deux langues. Le stimulus utilisé est une bande dessinée composée de dix planches de quatre dessins. Elle présente un récit de quête pendant laquelle le personnage principal rencontre d’autres protagonistes. Les résultats montrent que les deux groupes de locuteurs emploient des stratégies différentes pour localiser ces nouveaux référents dans le récit. Les francophones, en utilisant la construction prédicative canonique, se reposent sur la référence temporelle pour intégrer l’apparition des nouveaux protagonistes aux autres événements de la chronologie de l’histoire. Les sinophones, en utilisant la construction présentative monoclausale, prêtent une attention particulière à la référence spatiale qui sert à établir de la cohérence discursive entre les énoncés.

Mots clés : introduction référentielle, discours narratif, construction présentative, sujet indéfini, structure informationnelle, topique scénique, chinois

The referential introduction in narrative discourse is influenced by different factors. This study focuses on the interaction between syntactic and informational levels in structuring the utterance when introducing a new protagonist into narratives. The aim is to identify which constructions are used to encode this introductory function in French and Chinese. The procedure used consists of the analysis of an oral corpus collected from native speakers of these two languages. The stimulus used is a cartoon composed of ten plates of four drawings. It presents a narrative quest in which the main character meets other protagonists. The results show that the two groups of speakers use different strategies to locate these new referents in the story. French speakers, using the canonical predicative construction, rely on the temporal reference to integrate the appearance of new protagonists to other events in the chronology of the story. Chinese speakers, using the monoclausal presentational construction, pay particular attention to the spatial reference which serves to establish discursive coherence between the utterances.

Keywords: referential introduction, narrative discourse, presentative construction, indefinite subject, information structure, stage topic, Chinese

1. Introduction

1 Lors de la réalisation d’une tâche verbale aussi complexe que celle de la production

d’un récit, le locuteur doit sélectionner et organiser une grande quantité d’information (Levelt, 1989). Pour assurer le bon déroulement de la narration, il doit intégrer

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l’information nouvelle aux informations anciennes au gré des événements de l’histoire. Par ailleurs, nous savons qu’il existe une interaction entre ce niveau pragmatique et le niveau syntaxique d’un énoncé : la rigidité ou flexibilité de la structure informationnelle interfère avec celle de la structure syntaxique et vice versa ; elles entretiennent une relation étroite qui varie suivant les langues (Van Valin, 1999).

2 Cette étude porte sur la fonction d’introduction référentielle. Elle tente d’identifier les interactions qui existent entre les structures informationnelle et syntaxique dans les énoncés qui introduisent un nouveau référent animé (protagoniste) dans le discours narratif, tout particulièrement en français et en chinois.

3 Pour atteindre cet objectif, nous procédons à une analyse de corpus basée sur les récits de deux groupes de locuteurs natifs, élicités à partir d’un support en images. Nous verrons que différents facteurs influencent la façon dont un nouveau protagoniste est introduit pour la première fois dans l’histoire.

4 Cet article est organisé en quatre sections. Nous présentons d’abord en 2.1 le cadre théorique de l’étude, c’est-à-dire le modèle d’analyse de la structure informationnelle adopté ; puis en 2.2, les structures syntaxiques fréquemment utilisées pour introduire un nouveau référent dans le discours. La section 3 expose la méthodologie du recueil des données. Nous détaillons nos résultats dans la section 4, pour les discuter ensuite en section 5, avant de présenter nos conclusions qui clôturent l’article 1.

2. Cadre théorique

2.1. Structure informationnelle

5 La structure informationnelle concerne la façon dont un locuteur présente

l’infor-mation à son interlocuteur pour qu’il puisse la traiter dans un contexte discursif particulier et intégrer l’information nouvelle aux informations anciennes. La littérature dans ce domaine étant très abondante (voir entre autres : Gundel, 1974 ; Lambrecht, 1994 ; Reinhart, 1981), plutôt que de faire un état des lieux général, nous nous limiterons à présenter les définitions des concepts importants qui ont été adoptés dans cette étude. En suivant Lahousse (2011), le modèle retenu ici est celui proposé par Erteschik-Shir (1997 et 2007), notamment en raison de la distinction qu’elle opère entre deux types de topiques.

2.1.1. Topique

6 Erteschik-Shir (1997 : 9), en se basant sur Strawson (1964) et Reinhart (1981), définit le topique en trois points : il s’agit du constituant sur lequel porte la phrase, il implique de l’information à disposition de l’allocuteur (information ancienne, présupposée), et constitue ce sur quoi les valeurs de vérité de l’assertion d’un énoncé sont évaluées.

1. Je tiens à remercier les deux évaluateurs anonymes de cet article pour leurs remarques constructives et

Ewa Lenart (SFL [Structures formelles du langage] UMR 7023 – Université Paris 8) pour ses conseils tout au long du développement de cette étude.

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7 Reinhart (1981) propose plusieurs tests pour identifier le topique, dont celui cité par Erteschik-Shir (1997 : 14 ; 2007 : 19), selon lequel le topique est le constituant sur lequel porte la demande « parle-moi de X » :

[1] A : Tell me about John. B : He’s very nice.

8 Dans cet échange en [1], la réponse du locuteur B porte sur John, en accord avec la demande du locuteur A. De ce fait, la référence à cette personne sous la forme du pronom he est le topique de la réponse du locuteur B.

9 Pour distinguer ce type de topique de celui que nous présentons dans la section suivante, Lahousse (2011 : 49) propose de l’appeler « topique d’individu ».

2.1.2. Topique scénique

10 Les paramètres 2 spatio-temporels d’un énoncé comprenant un prédicat épisodique

(« stage level predicates », désignant les propriétés temporaires et accidentelles d’une entité, voir Carlson [1977]) peuvent aussi avoir valeur de topique. Il s’agit de portions de temps ou d’espace dans lesquelles le procès a lieu et sur lesquelles les valeurs de vérité de l’énoncé sont évaluées. Erteschik-Shir (1997 : 26-29 ; 2007 : 16-17) appelle cela le « topique scénique ». Cette notion correspond à ce que Chafe (1976 : 50) nomme « Chinese style topics ».

11 Pour être utilisé comme topique scénique, le paramètre spatio-temporel doit avoir été introduit précédemment dans le discours. S’il n’est pas explicite dans la phrase, il est fixé de façon déictique par rapport au « ici-maintenant » du discours. En voici quelques exemples (tirés d’Erteschik-Shir, 1997 : 26 ; 2007 : 16-17) :

[2] It is raining. [3] A man arrived.

[4] There’s a cat outside the door.

12 Dans l’exemple [2], l’assertion est réalisée par rapport à un topique scénique implicite, elle est considérée comme vraie si le procès a bien lieu « ici-maintenant ». L’exemple [3] n’est pas asserté par rapport à « a man », le syntagme nominal (SN) étant indéfini, il ne peut assurer le rôle de topique d’individu. Cet énoncé est asserté par rapport à un topique scénique implicite qui est aussi fixé au « ici-maintenant » du discours. Dans l’exemple [4], « outside the door » précise la localisation de l’assertion générale « ici », la valeur de vérité de l’énoncé est déterminée par la localisation effective du chat à cet endroit et à ce moment précis.

2. Le terme de « paramètre » est préféré à ceux de « complément » ou « argument » pour ne pas présumer de

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2.1.3. Focus

13 Le focus constitue la partie informative de l’énoncé. Erteschik-Shir (1997 : 11) le

définit en ces termes : le focus d’une phrase S est le constituant sur lequel le locuteur veut attirer l’attention de son ou ses interlocuteur(s) en prononçant S. En voici quelques exemples (Erteschik-Shir, 1997 : 14) :

[5a] What did the children do ?    The children ATE THE CANDY. [5b] What did the children eat ?   The children ate THE CANDY. [5c] Who ate the candy ?       THE CHILDREN ate the candy.

14 L’application du test de la question-réponse montre qu’une phrase peut rendre plusieurs assignations du focus, l’identification du focus dépend donc du contexte discursif de la phrase. Dans l’exemple [5a], le topique « the children » constitue ce sur quoi porte le focus « ate the candy ». En [5b], le topique est constitué de « the children » ainsi que du verbe « ate », le focus est donc uniquement « the candy ». Enfin, en [5c], les éléments compris dans la question sont « the candy » et le verbe « ate », ils constituent le topique de la réponse dont le focus est « the children ».

2.1.4. Structure-f

15 Un modèle d’analyse de la structure informationnelle a pour objet d’étudier l’organisation de la mise en contexte de l’information, c’est-à-dire les interactions qui existent entre topique et focus. En suivant Reinhart (1981), Erteschik-Shir (1997 : 16-21 ; 2007 : 42-47) utilise la métaphore d’un fichier composé d’un ensemble structuré de fiches et de règles qui déterminent les changements dans le fichier, chaque fiche représentant un référent du discours.

16 Le topique constitue une carte déjà existante, ancienne et connue dans le discours, qui fournit la base pour l’assignement du jugement de vérité de la phrase. Elle se trouve en haut de la pile de fiches. Il faut noter que le haut de la pile du fichier ne consiste pas en une seule fiche mais en plusieurs ; de plus, ajouter une fiche en haut de la pile n’implique pas pour autant de recouvrir les autres fiches. Au début du discours, trois fiches se trouvent dans cette position, il s’agit de la fiche du locuteur (première personne), de l’interlocuteur (deuxième personne) et de la fiche qui désigne le cadre spatio-temporel, le « ici-maintenant » du discours.

17 Le focus est le constituant vers lequel l’attention de l’allocuteur est dirigée. Il place une fiche en évidence sur le haut de la pile pour éventuellement servir de topique dans la suite du discours. Cette carte peut être sélectionnée dans le fichier et porter un référent déjà existant ou bien peut être créée pour un nouveau référent. 18 La fonction de la structure informationnelle d’une phrase, que nous appelons

à la suite d’Ersteschik-Shir (1997 : 3) sa structure focale (abrégée structure-f), est considérée dans ce modèle comme un ensemble d’instructions données par le locuteur à l’interlocuteur pour organiser un fichier qui contienne toutes les informations

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que le locuteur souhaite transmettre. La tâche de l’interlocuteur est de repérer des fiches situées en haut de la pile (topique) ou d’y placer de nouvelles fiches (focus). 19 Voici une série de questions-réponses 3 fournie par Erteschik-Shir (2007 : 47)

pour exemplifier les règles de la structure-f :

[6a] Q : What did John do ?

A : heTOP [washed the dishes]FOC

[6b] Q : What did John wash ? A : HeTOP washed [the dishes]FOC

[6c] Q : Who washed the dishes ? A : JohnFOC washed themTOP

[6d] Q : What happened ?

A : sTOPt [John washed the dishes]FOC

20 Dans les exemples [6a] et [6b], le topique est le sujet de la phrase. Dans [6c], le focus est le sujet de la phrase, alors que le constituant « washed them » est le topique. Dans [6d], la valeur de vérité de la phrase est évaluée par rapport au topique scénique implicite qui fixe le cadre spatio-temporel du focus de la phrase.

21 Les langues varient beaucoup pour ce qui est de leur rigidité au niveau de la structure syntaxique (ordre des constituants dans la phrase ; à noter que le chinois est une langue « sujet-verbe » comme le français) mais aussi de la structure-f puisqu’elles présentent des contraintes différentes sur la place à laquelle peut se trouver le focus. Dans ce domaine, le français et le chinois sont des exemples de langues rigides : de nombreuses études avancent qu’elles font l’objet d’une contrainte sur l’apparition du focus en position préverbale ; cette position étant le plus souvent réservée au sujet topique d’individu, le SN focal doit se trouver en position postverbale (Lambrecht, 1988 et 1994 ; Van Valin, 1999 ; Van Valin et LaPolla, 1997 ; sur le chinois, voir LaPolla, 1995 ; Xu, 2002 ; Zhou, 2016 : 269-274).

2.2. Structure syntaxique

22 Nous présentons dans cette section les trois structures syntaxiques fréquemment

utilisées en français et en chinois pour introduire un nouveau protagoniste dans le discours : les constructions présentatives monoclausale et biclausale, ainsi que la construction prédicative canonique à sujet indéfini.

2.2.1. Construction présentative monoclausale

23 Le terme de « construction présentative monoclausale » regroupe deux constructions

présentant certains points communs aux niveaux formel et pragmatique et qui sont

3. Le topique d’individu est noté « TOP », le topique scénique est noté « sTOPt » (l’indice « s » désigne le paramètre spatial, l’indice « t » le paramètre temporel), le focus est noté « FOC ».

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fréquemment appelées dans la littérature « construction existentielle » (Freeze, 1992 ; Givόn, 2001 ; Gu, 1997 ; Lambrecht, 1994 ; Meulleman, 2009 ; Wang et Xu, 2010) et « inversion locative » (Birner, 1994 ; Bresnan, 1994 ; Fuchs, 2014 et 2019 ; Fuchs et Fournier, 2003 ; Lahousse, 2011 ; Levin et Rappaport Hovav, 1995 ; Li, 2010 ; Zhou et Liu, 2002). Ce terme sert ici d’équivalent à 存现句 cúnxiànjù « phrases d’existence et d’apparition » (ex. [8a] et [8b]) utilisé dans la littérature en langue chinoise (Li, 2015 ; Pan, 2003 ; Pan et Yan, 2007 ; Wu, 2006 ; Xuan, 2011 ; Zhang et Fan, 2010).

24 Au niveau syntaxique, cette construction comprend, outre le verbe, un syntagme locatif et un SN introduisant le nouveau référent. Au niveau pragmatique, elle a pour fonction d’introduire un référent précédemment inactif dans le discours, d’attirer l’attention de l’interlocuteur dessus et ainsi de faire en sorte qu’il devienne actif pour la suite du discours. Elle est utilisée pour introduire sur la scène le référent du SN postverbal généralement indéfini, par rapport à un élément locatif en position préverbale (Birner, 1996 : 12 ; Levin et Rappaport Hovav, 1995 : 229 ; Meulleman, 2009 : 44).

25 Les énoncés de ce type sont considérés comme thétiques (au sens de Sasse, 1987). Ils présentent un fait de façon holistique, sans contraste entre une information présupposée et une information assertée. Au niveau de la structure informationnelle, ils font donc partie de ce que Lambrecht (1994) appelle « sentence focus [focus sur proposition] ». L’énoncé est en focus dans sa totalité, il n’est pas produit pour attribuer une qualité à une entité avec une structure « topique d’individu – focus » 4.

De ce fait, la participation du référent postverbal dans l’activité du procès est placée en arrière-plan (Huumo, 2003 : 461), il n’est pas présenté comme agentif, mais plutôt comme siège du prédicat de localisation (Fournier, 1997 : 107).

26 En français, le syntagme locatif de la construction est prépositionnel (ex. [7a] et [7c]) ou adverbial (ex. [7b]) (Borillo, 1998) ; il peut se trouver en position préverbale (ex. [7b] et [7c]) ou postverbale (ex. [7a]) :

[7a] Il y a beaucoup de monde devant la gare. [7b] Dehors il y a beaucoup de monde. [7c] De la gare sort un groupe de personnes.

27 En chinois, le syntagme locatif peut commencer par une préposition (ex. [8a] avec 从 cόng « de »), mais celle-ci étant optionnelle sous certaines conditions (voir Jiang, 2016 : 50-51 ; Pan et Rong, 2006), il est souvent constitué d’un simple SN (ex. [8b]). Sous cette forme, le syntagme locatif est composé d’un nom d’entité suivi d’un nom locatif (aussi appelé nom relationnel, voir Starosta, 1985 ; comme : 旁边

4. Cette analyse est différente de celle proposée par Erteschik-Shir (1997 et 2007) pour qui ce type d’énoncé,

même s’il ne possède effectivement pas de topique d’individu, est tout de même asserté par rapport à un topique qui est le topique scénique.

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pángbiān « à côté », 前面 qiánmian « devant » ou 中间 zhōngjiān « au milieu », voir Cai, 2010 : 10 ; Fang, 2002 : 26) ou d’une particule locative (considérée comme un clitique par Liu, 1998 ; telle que : 里 lǐ « dans », 上 shàng « sur » ou 后 hòu « derrière », voir Fang, 2004 ; Lu, 2005 : 50). Contrairement au français, la place de l’expression locative est fixe, toujours en position initiale :

[8a] 从 火车站里 走出 一位 男子。

cόng huǒchēzhàn=li zǒu-chu yī-wèi nánzǐ de gare=dans marcher-sortir un-CL homme ‘De la gare sort un homme 5.’

[8b] 火车站 前面 有 一位 男子。

huǒchēzhàn qiánmian yǒu yī-wèi nánzǐ gare devant avoir un-CL homme ‘Devant la gare il y a un homme.’

28 Le prédicat de la construction comprend des verbes statiques comme « y avoir » et 有 yǒu « avoir » (ex. [7a] et [8b]), ainsi que des verbes d’état ou de posture (ex. [9a] et [9b]). On peut citer comme exemples les verbes chinois et leurs équivalents en français suivants : 放 fàng « être posé », 坐 zuò « être assis » ou 站 zhàn « être debout » (pour une classification détaillée de ces verbes en chinois, voir Dong, 2008 : 79-81 ; Li, 1986 : 73-91). Ces verbes d’état ou de posture en chinois sont suivis du suffixe verbal aspectuel 着 zhe qui exprime l’état résultant du procès, ou plus rarement du suffixe verbal aspectuel 了 le qui exprime le caractère accompli du procès.

[9a] Sur la cheminée est posé un buste en marbre.

[9b] 台阶上 坐着 两个 人。

táijiē=shang zuò-zhe liǎng-gè rén marche=sur être assis-DUR deux-CL personne ‘Sur les marches sont assises deux personnes.’

29 Le prédicat de la construction peut aussi comprendre des verbes intransitifs considérés comme étant des membres prototypiques de la classe des verbes inac-cusatifs : verbes de déplacement, verbes d’apparition ou de disparition (Carlier, 2005 ; Givόn, 2001 : 255-256 ; Lahousse, 2011 : 28-34 ; Levin et Rappaport Hovav, 1995 : 220 ; Li, 2015). On peut citer comme exemples les verbes en chinois et leurs équivalents en français suivants : 来 lái « venir », 到 dào « arriver », 进 jìn « entrer », 靠近 kàojìn « approcher », 发生 fāshēng « se produire », 出现 chūxiàn « apparaître » ou 消失 xiāoshī « disparaître ».

30 En chinois, le prédicat comprend aussi souvent un complément directionnel qui suit le verbe principal (Guo, 2013 ; Liu, 2012 ; Packard, 2000 : 98). Le verbe

5. Abréviations utilisées dans les exemples en chinois : CL = classificateur, DUR = suffixe verbal aspectuel

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encode la manière du déplacement de l’entité (ex. : 飞 fēi « voler », 游 yóu « nager »), alors que le complément exprime la trajectoire, déictique ou non déictique, de l’entité en déplacement. Il peut s’agir d’un complément simple (comme 上 shàng « monter » ou 下 xià « descendre », voir [8a] ci-dessus), ou complexe (上来 shàng-lai « monter-venir » ou 下去 xià-qu « descendre-aller », voir [12] ci-dessous).

31 La construction présentative monoclausale permet de respecter la contrainte sur l’apparition d’un SN indéfini focal en position préverbale. En effet, le nouveau référent est ici introduit par un SN postverbal, déterminé par un article indéfini en français (comme « un buste » en [9a]) et par un numéral suivi d’un classificateur en chinois (comme 两个人 liǎng-gè rén « deux-CL + personne » en [9b]).

32 En français, cette construction est souvent considérée comme appartenant à un discours soigné, voire littéraire (Bailard, 1981 ; Cappeau et Lahousse, 2015), alors qu’elle est beaucoup plus fréquente dans un registre courant en chinois (Xuan, 2011 : 63).

2.2.2. Construction présentative biclausale

33 Le terme de « construction présentative biclausale » est dérivé du terme « construction relative présentative » utilisé par Lambrecht (2000 et 2002 : 182). Il désigne une construction qui est syntaxiquement complexe : composée de deux propositions, elle est à la fois présentative avec la première proposition et prédicative avec la seconde proposition (respectivement « Il y avait une jeune » et « qui fumait » en [10a]). La fonction pragmatique de la construction n’est pas de prédiquer sur les propriétés d’un référent, mais d’introduire un référent comme nouveau dans le discours et d’exprimer une information nouvelle à son propos. Au niveau syntaxique, le SN qui introduit le nouveau référent assume la fonction d’objet du premier verbe et de sujet du deuxième, il se trouve dans une relation de focus avec la première proposition et de topique avec la seconde.

34 En français (Conti, 2010 ; Lambrecht, 1988, 1994, 2000 et 2002 ; Meulleman, 2009 : 50 ; Van Valin et LaPolla, 1997 : 210-214), la construction présentative biclausale commence souvent avec un pronom personnel et les verbes « avoir » (j’ai…), « y avoir » (il y a…), « être » (c’est…), « voir » (je vois…) ou bien avec les présentatifs « voici » et « voilà ». La position suivante est remplie par le SN qui introduit le nouveau référent. Il est lui-même suivi du pronom relatif « qui » introduisant la proposition relative prédicative. La structure syntaxique de cette construction se présente donc sous la forme : [pronom-V / présentatif SN] [qui SV]. Voici quelques exemples donnés par Lambrecht (2002 : 177-178) :

[10a] Il y avait une jeune qui fumait. [10b] Y a la fille qui fume.

[10c] Y a moi qui fume, y a Marie-Claude, y a la jeune fille… [10d] Je vois la jeune fille qui fume.

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[10e] Voilà la jeune fille qui arrive.

35 D’après Lambrecht (2002), la construction présentative biclausale en « avoir » est de loin la plus fréquente en français. Il la divise en trois sous-catégories, existentielle (ex. [10a]), clivée (ex. [10b]) et énumérative (ex. [10c]). La construction existentielle, contrairement aux constructions clivée et énumérative, introduit dans le discours une entité qui est considérée comme non identifiable pour l’interlocuteur ; lorsqu’il produit cet énoncé, le locuteur ne présuppose pas l’existence d’une représentation antérieure de cette entité dans la mémoire de l’interlocuteur. Lambrecht (2002) établit encore une différence à l’intérieur de cette construction existentielle, qui correspond à ce que Sasse (1987) appelle un jugement thétique centré sur une entité (« entity-central ») ou sur un événement (« event-central »), illustrée par les deux exemples suivants (Lambrecht, 2002 : 184 et 188) :

[11a] Elle a une dent qui manque.

[11b] Et puis alors, oui hier, j’ai eu trois personnes dans le bâtiment qui sont venues se plaindre, tu sais euh.

36 Lambrecht (2002) distingue en effet les prédications statiques, indiquant une propriété durable de l’entité (ex. [11a]) et les prédications événementielles, indiquant une situation temporaire dans laquelle l’entité est impliquée (ex. [11b]). Les termes « statique » et « événementiel » réfèrent à la nature aspectuelle de la prédication de la seconde proposition dans sa totalité et non au simple aspect lexical du verbe. 37 En chinois (Huang et Shi, 2016 : 518-522 ; Li et Thompson, 1981 : 611 ; Meng,

2009 ; Xu, 2015 ; Yuan et al., 2009), l’équivalent de cette construction présentative biclausale existentielle événementielle commence par le verbe existentiel 有 yǒu « avoir » qui est suivi du nouveau référent, puis directement de la seconde proposition : [有 yǒu « avoir » SN] [SV]. En voici un exemple :

[12] 有 一位 男子 从 火车站里 走出来。

yǒu yī-wèi nánzǐ cóng huǒchēzhàn=li zǒu-chu-lai

avoir un-CL homme de gare=dans marcher-sortir-venir ‘Il y a un homme qui sort de la gare.’

38 Comme la construction présentative monoclausale, cette construction permet de respecter la contrainte sur l’apparition d’un SN indéfini focal en position préverbale puisque le nouveau référent est ici introduit par un SN placé après le premier verbe existentiel. Cette construction est très fréquente dans le discours spontané à l’oral en français (Lambrecht, 1988 et 2000) comme en chinois (Zhang, 2016 : 193-209).

2.2.3. Construction prédicative canonique à sujet indéfini

39 D’après Kuroda (1973), un sujet indéfini entraîne une interprétation thétique de la

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il pose l’existence. Nous reproduisons un de ses exemples en anglais (ex. [27] dans sa numérotation) et ajoutons deux exemples pour les langues qui nous intéressent :

[13a] A dog is chasing a cat. [13b] Un homme sort de la gare.

[13c] 一位 男子 从 火车站里 走出来。

yī-wèi nánzǐ cόng huǒchēzhàn=li zǒu-chu-lai

un-CL homme de gare=dans marcher-sortir-venir ‘Un homme sort de la gare.’

40 De nombreux auteurs (voir notamment Li et Thompson, 1981 : 20 ; Zhu, 1982 : 26-27) ont évoqué une tendance selon laquelle le SN préverbal en chinois serait habituellement défini et identifiable, à l’inverse de ce que présente l’exemple [13c]. Cependant, des études ont révélé qu’il existe des exceptions à cette tendance. Fan (1985) montre que ce type de phrase est fréquent dans différents styles de discours, et qu’il s’agit parfois de la formulation la plus adaptée. Zhang (2016 : 193-209) confirme cette analyse et avance que la différence entre les constructions présentatives monoclausales, biclausales et prédicatives canoniques à sujet indéfini se trouve au niveau de leurs fonctions discursives. Ce point sera développé dans la discussion.

3. Méthodologie

3.1. Participants

41 Les participants de cette étude se répartissent en deux groupes, un premier de

locuteurs natifs du français et un second de locuteurs natifs du chinois.

42 Le groupe des locuteurs natifs du français (abrégé FR) est composé de 24 parti-cipants (12 hommes et 12 femmes). Au moment de l’enregistrement, ils étaient âgés entre 19 et 29 ans (moyenne d’âge : 23 ans) et suivaient des études supérieures dans une université en France. Le groupe des locuteurs du chinois (CH) est composé de 24 participants (12 hommes et 12 femmes). Au moment du recueil, ils étaient âgés entre 18 et 25 ans (moyenne d’âge : 22 ans) et suivaient des études supérieures dans une université en Chine.

3.2. Stimulus

43 Le support de la tâche d’élicitation est une bande dessinée constituée de 12 planches. Elle comprend une planche d’introduction qui présente le protagoniste principal, un chien, ainsi que son objectif qui est de rechercher un os. Elle est suivie d’une planche d’entraînement qui est utilisée par l’expérimentateur pour présenter la procédure utilisée à l’informateur. Puis arrivent les 8 planches cibles faisant l’objet de l’analyse (voir image 1), entrecoupées de 2 planches servant de distracteurs.

(13)

Image 1 – Exemple de planche cible

Les planches cibles, ainsi que la planche d’entraînement, sont construites sur le même modèle et introduisent chacune un nouveau protagoniste différent. Elles sont toutes composées de 4 images. La première image représente le protagoniste principal dans un environnement différent à chaque planche (en ville et dans un parc). La deuxième image montre le protagoniste s’approcher d’une entité à trois dimensions (successivement : bouche d’égout, poubelle, trou de souris, terrier, tronc, lac, taupinière et niche). La troisième image dévoile la sortie soudaine et inattendue d’un nouveau protagoniste (successivement : homme, chat, souris, lapin, écureuil, poisson, taupe et chien). La quatrième image montre le protagoniste principal, étonné ou effrayé, quitter la scène. La dernière planche révèle le dénouement de la quête du protagoniste principal qui trouve une gamelle d’os devant la niche d’un autre chien. 3.3. Procédure

44 L’enquêteur fait passer la tâche individuellement à chaque participant dans des

conditions quasi expérimentales. La procédure de collecte des données est la même pour les deux groupes. L’enquêteur présente le support à l’informateur et lui expose la consigne. Il lui est demandé de parcourir une première fois le support dans sa totalité pour se familiariser avec l’histoire, puis de la raconter à partir des images. Il est indiqué que le récit s’adresse à un allocuteur adulte, natif de la langue, qui n’est pas physiquement présent lors du recueil, qui ne connaît pas le support et n’y a pas d’accès visuel. Il est précisé qu’il s’agit de raconter une histoire (à la troisième personne), celle des aventures du chien, et non de décrire les images de façon statique.

(14)

3.4. Codage et analyse des données

45 Le corpus est enregistré, puis retranscrit et codé avec le logiciel CLAN du système

CHILDES (MacWhinney, 2000). Les réponses sont segmentées en propositions. Chaque proposition d’introduction d’un nouveau protagoniste est codée au niveau syntaxique (construction utilisée) et au niveau informationnel (ordre des constituants topique et focus). Le nombre total de propositions analysées est de 384, soit 8 intro-ductions par récit multipliées par 24 locuteurs pour chaque langue. Les données sont ensuite traitées avec le logiciel OTIL 6 pour obtenir les résultats quantifiés.

3.5. Question de recherche

46 Cette étude s’intéresse à la fonction d’introduction référentielle dans le discours et plus précisément, à l’interaction entre les structures syntaxique et informationnelle dans la structuration de l’énoncé lors de l’introduction d’un nouveau protagoniste dans le récit. L’objectif est de savoir quelles constructions sont effectivement sélectionnées pour encoder cette fonction d’introduction dans un récit en français et en chinois et s’il existe des différences dans ces choix entre les langues.

47 Au vu des structures syntaxiques disponibles dans les deux langues et de ce que l’on sait de leur fréquence d’emploi, étant donné aussi la tendance de ces langues à éviter l’occurrence d’un SN focal en position préverbale, nous pouvons formuler les deux hypothèses suivantes : (1) pour introduire un nouveau protagoniste dans le récit, les francophones devraient avoir souvent recours à la construction présen-tative biclausale, alors que (2) les sinophones devraient fréquemment utiliser les constructions présentatives monoclausale et biclausale.

4. Résultats

48 Des tests d’hypothèses (khi-carré et t de Student) ont été réalisés afin de comparer les résultats des francophones et des sinophones pour ce qui est des différentes variables analysées. Les résultats des tests sont présentés sous forme de tableau 7 pour alléger

la lecture du texte. Nous présentons maintenant les résultats concernant l’expression du topique scénique (4.1) et la place du SN qui réfère aux nouveaux protagonistes dans les récits (4.2 à 4.4). Ces nouveaux référents appartiennent toujours au focus de l’énoncé ; cependant, on observe des différences au niveau des structures utilisées et donc de la place de ces référents par rapport au topique scénique et au verbe.

6. « Outil de traitement d’informations langagières » développé par Sarra El Ayari – ingénieure de recherche,

SFL [Structures formelles du langage] UMR 7023 (UPL [Université Paris Lumières], CNRS – Université Paris 8).

7. Pour chaque variable analysée, les tableaux présentent les statistiques descriptives : moyenne et écart type

de chaque groupe de locuteurs, ainsi que les résultats des tests d’hypothèses – valeur du test, valeur p (avec le seuil de signification α, la significativité du test est marquée par le signe *), intervalle de confiance, ratio des chances pour les tests khi-carré ou taille de l’effet avec le d de Cohen pour les tests de Student.

(15)

4.1. Expression et place du topique scénique

49 Comme nous l’avons indiqué dans la section 2.1.2, le topique scénique désigne les

portions de temps et d’espace dans lesquelles un procès a lieu. Le corpus analysé dans cette étude est constitué de récits, les énoncés qui en constituent la trame narrative sont donc ordonnés chronologiquement, à l’intérieur du cadre temporel global défini par l’histoire. Ils répondent de façon implicite à une question que l’on peut formuler ainsi : « que s’est-il passé pour le protagoniste (p) dans le temps (t) ? » (Klein et Stutterheim, 1991 ; Stutterheim et Klein, 1989). De ce fait, ils contiennent de nombreux procès, chacun se produisant plus tard que l’événement précédent sur l’axe du temps. On relève donc une grande quantité d’adverbes (« puis », « ensuite »…) ou de conjonctions (然后 ránhòu « ensuite ») en position initiale de l’énoncé qui marquent la postériorité d’un événement par rapport à un autre (ex. [14d]). Ils ne sont cependant pas indispensables, puisque dans le cas où l’ordre chronologique est respecté (sans modification des temps verbaux en français ou utilisation de noms comme 以前 yǐqián « auparavant » en chinois), la simple juxtaposition des énoncés permet de comprendre qu’il s’agit d’une relation de postériorité, comme [14b] par rapport à [14a] 8 :

[14a] [Ø]TOPt       Il aperçoit un tronc avec un trou,

[14b] [Ø]TOPt+1     il s’approche,

[14c] [Ø]TOPt+2     et un lapin blanc sort du trou,

[14d] [puis]TOPt+3  le chien reprend sa route.

50 Pour cette raison, la localisation des énoncés du récit dans le temps peut se faire implicitement par défaut sans que cela ne gêne la compréhension du récit, son étude quantitative présente donc peu d’intérêt pour notre analyse.

51 En revanche, la situation est différente pour ce qui est du topique scénique spatial puisque le lieu où le nouveau protagoniste est introduit ne peut pas être déduit du contexte. Il est introduit par les locuteurs au moment du récit de la troisième image du stimulus, et on observe que cette référence spatiale est majoritairement reprise de façon explicite par les locuteurs des deux groupes lors de l’introduction d’un nouveau protagoniste. Ainsi, l’apparition de la souris en [15e] et [16d] est clairement localisée par rapport au trou introduit en [15b] et [16c] :

[15a] Il marche près d’une petite maison, [15b] quand soudain il voit un trou, [15c] il décide

[15d] de s’approcher,

8. Dans les exemples [14] à [16], le topique scénique est placé entre crochets ; le topique scénique temporel

(16)

[15e] puis une souris sort subitement [du trou]sTOP.

[16a] 它 走到了 一所 屋子 前边,

tā zǒu-dào-le yī-suǒ wūzi qiánbian 3sg marcher-arriver-PFV un-CL maison devant [16b] 发现

fāxiàn découvrir

[16c] 屋子 底下 有 一个 洞,

wūzi dǐxià yǒu yī-gè dòng maison bas avoir un-CL trou

[16d] 这时候 [从    洞里]sTOP 钻出来了 一只 老鼠。

zhè shíhòu cóng  dòng=li zuān-chu-lai-le yī-zhī lǎoshǔ à ce moment-là de    trou=dans se faufiler-sortir-venir-PFV un-CL souris ‘Il est arrivé devant une maison, a découvert qu’en bas de la maison il y avait un trou, à ce moment-là du trou est sortie une souris.’

52 En dépit de cette tendance observée chez les locuteurs des deux groupes à reprendre de façon explicite cette référence à la source du déplacement, il existe une différence entre les deux groupes au niveau de la fréquence de l’expression explicite du topique scénique spatial et aussi de sa place dans l’énoncé : les sinophones en expriment significativement plus que les francophones (respectivement 78,6 % et 65,1 %) et ils le placent en position topicale préverbale significativement plus que les francophones (respectivement 70,8 % et 13 % ; voir figure 1 et tableau 1). En chinois, dans le cas où le topique temporel et le topique spatial sont tous les deux explicites, l’ordre d’apparition est : temps en premier et espace en second (voir Zhang, 2016 : 197). On trouve un exemple de ce type en [16d], avec 这时候 zhè shíhòu « à ce moment-là » qui précède 从洞里 cóng dòng li « du trou ».

53 Dans la suite des analyses, le terme de « topique scénique » sera employé pour désigner tout particulièrement le paramètre spatial d’un énoncé (sTOP).

FR CH α = 0,05 M SD M SD χ² p 95 % CI Odds ratio sTOP explicite 0,651 0,266 0,786 0,237 8,77 = 0,003* [0,32 ; 0,79] 0,506 sTOP préverbal 0,130 0,140 0,708 0,259 141,96 < 0,001* [0,03 ; 0,10] 0,06 Tableau 1 – Expression et place du topique scénique spatial

(17)

Figure 1 – Expression et place du topique scénique spatial

4.2. Introduction en position préverbale

54 La position préverbale correspond ici pour le SN qui réfère au nouveau protagoniste

à la place qui précède le verbe dans une construction prédicative canonique. Le SN indéfini est dans ce cas introduit avant le topique scénique :

[17a] Soudain un homme sort de la bouche d’égout.

FOC V sTOP

[17b] 一只 小 松鼠 从 洞 里面 出来。

yī-zhī xiǎo sōngshǔ cóng dòng lǐmian chū-lai un-CL petit écureuil de trou dans sortir-venir

FOC     sTOP     V

‘Un petit écureuil sort du trou.’

55 Ce type d’introduction préverbale avec la construction prédicative canonique est significativement plus fréquent chez les francophones que les sinophones (res-pectivement 73,7 % et 7,9 % ; voir figure 2 et tableau 2 (a)).

56 On observe dans le corpus en français 4 occurrences (soit 2 % de l’ensemble) d’une structure syntaxique différente dans laquelle le topique scénique précède le focus :

[18a] Il continue sa marche,

(18)

[18c] par lequel une souris sort soudainement.

sTOP FOC V  

57 Cependant, étant donné que le focus précède tout de même le verbe, ces occurrences ont été intégrées au calcul dans cette partie. Cet ordre des mots est absent du corpus en chinois et serait considéré comme peu acceptable :

[19] ??从 洞 里面 一只 小 松鼠 出来。

cóng dòng lǐmian yī-zhī xiǎo sōngshǔ chū-lai de trou dans un-CL petit écureuil sortir-venir ‘Du trou un écureuil sort.’

FR CH α = 0,007 M SD M SD t (46) p 95 % CI Cohen d (a) position préverbale 0,737 0,177 0,079 0,128 -14,72 < 0,001* [-0,75 ; -0,57] 4,269 (b) position médiane 0,064 0,106 0,080 0,111 -0,51 = 0,693 [-0,05 ; 0,08] -0,150 (c) position postverbale 0,205 0,173 0,845 0,177 12,65 < 0,001* [0,54 ; 0,74] -3,667 Tableau 2 – Positions syntaxiques du nouveau référent

(19)

4.3. Introduction en position médiane

58 La position médiane du nouveau référent dans la construction présentative biclausale

désigne la place qui suit le verbe existentiel de la première proposition et précède le verbe de la seconde proposition. Dans le corpus analysé, cette construction est du type existentiel avec une prédication événementielle, le focus précède le topique scénique :

[20a] Et là, il y a un chat qui jaillit de la poubelle ouverte.   Vexist FOC   V sTOP

[20b] Il y a un écureuil qui en sort. Vexist FOC   sTOP V

[20c] 突然 有 一个 工人 从 井 里面 跑出来。

tūrán yǒu yī-gè gōngrén cóng jǐng lǐmian pǎo-chu-lai soudain avoir un-CL ouvrier de puits dans courir-sortir-venir

  Vexist FOC   sTOP     V

‘Soudain il y a un ouvrier qui sort du puits en courant.’

59 Cette structure est peu utilisée chez les francophones et les sinophones (respecti-vement 6,4 % et 8 %), il n’existe pas de différence significative entre les deux groupes (voir figure 2 et tableau 2 (b) ci-dessus).

4.4. Introduction en position postverbale

60 Les sinophones utilisent significativement plus souvent la position postverbale que les francophones pour introduire un nouveau référent (respectivement 84,5 % et 20,5 % ; voir figure 2 et tableau 2 (c) ci-dessus). Cette position présente plus de diversité au niveau du type de procès utilisé (statique ou événementiel) et de la fonction syntaxique du syntagme introduisant le nouveau référent (voir figure 3 et tableau 3).

4.4.1. Construction présentative monoclausale

61 Le nouveau protagoniste est introduit après le topique scénique et le verbe d’un

prédicat événementiel :

[21a] De ce trou sort un monsieur avec un casque.

sTOP V FOC

[21b] 洞里 跑出来 一个 兔子。

dòng=li pǎo-chu-lai yī-gè tùzi trou=dans courir-sortir-venir un-CL lapin

sTOP V FOC  

‘Du trou sort un lapin.’

62 Les sinophones utilisent significativement plus cette structure que les francophones (respectivement 73,8 % et 10,5 % ; voir figure 3 et tableau 3 (a)).

(20)

63 Dans le corpus en chinois, le nouveau protagoniste est aussi parfois introduit après le verbe d’un prédicat statique. Ce type de prédicat n’étant pas attesté dans le corpus en français, il existe une différence significative entre les deux groupes (respectivement 7,9 % et 0 % ; voir figure 3 et tableau 3 (b)) :

[22] 树上 有 一只 小 松鼠。

shù=shang yǒu yī-zhī xiǎo sōngshǔ arbre=sur avoir un-CL petit écureuil

sTOP Vexist FOC    

‘Sur l’arbre il y a un petit écureuil.’

4.4.2. Autres structures : introduction intégrée

64 Dans les différentes structures présentées ci-dessus, le seul protagoniste auquel il

est fait référence est le nouveau protagoniste faisant l’objet de l’introduction et qui est le siège du prédicat. Les deux structures ci-dessous sont différentes puisqu’elles commencent toutes deux par un sujet, topique d’individu, qui réfère au petit chien, protagoniste principal de l’histoire. Il s’agit d’une introduction intégrée (« embedded introduction », voir Carroll et Lambert, 2003), dans le sens où le nouveau protagoniste n’est pas le siège du prédicat, son introduction n’est pas faite par rapport au procès qu’il réalise, mais au travers des actions du protagoniste principal.

65 Les francophones tout comme les sinophones présentent quelques occurrences de l’introduction d’un nouveau protagoniste en tant que complément d’objet d’un verbe de perception ; il n’existe pas de différence significative entre les deux groupes (respectivement 8 % et 3,2 % ; voir figure 3 et tableau 3 (c)) :

[23a] Il voit un petit écureuil marron. TOP Vperc FOC

[23b] 小 狗 看到了 一个 土拨鼠。

xiǎo gǒu kàn-dào-le yī-gè tǔbōshǔ petit chien regarder-arriver-PFV un-CL marmotte

TOP   Vperc FOC  

‘Le petit chien a vu une marmotte.’

66 Les francophones présentent aussi quelques occurrences (soit 2,1 % du total) de l’introduction d’un nouveau protagoniste en tant que complément d’agent d’une phrase passive dont le sujet patient est le protagoniste principal de l’histoire (voir figure 3 et tableau 3 (d)) :

[24] Mais, il se fait surprendre par un homme.

  TOP V FOC

67 Ce type d’introduction est absent du corpus des sinophones, mais puisqu’il est aussi très rare chez les francophones, il n’existe pas de différence significative entre les deux groupes.

(21)

Figure 3 – Position postverbale du nouveau référent : structures syntaxiques FR CH α = 0,007 M SD M SD t (46) p 95 % CI Cohen d (a) const. prés. événementielle 0,105 0,121 0,738 0,192 13,65 < 0,001* [0,54 ; 0,72] -3,935 (b) const. prés. statique 0 0 0,079 0,116 3,315 = 0,003* [0,03 ; 0,13] -0,959 (c) Vperc-Obj 0,080 0,128 0,032 0,057 -1,66 = 0,104 [-0,10 ; 0,01] -0,483 (d) comp. agent 0,021 0,061 0 0 -1,696 = 0,103 [-0,04 ; 0,00] 0,471 Tableau 3 – Position postverbale du nouveau référent : structures syntaxiques

5. Discussion

68 L’analyse de corpus a révélé quelques phénomènes intéressants. Tout d’abord, les

francophones, comme les sinophones, utilisent très peu l’introduction intégrée, le nouveau protagoniste est très généralement lui-même le siège du prédicat. De plus, les deux groupes de locuteurs utilisent chacun une seule et unique construction de façon prédominante, leur encodage syntaxique de la structure-f est très systématique

(22)

et varie peu : les locuteurs du chinois choisissent la construction présentative monoclausale (73,8 %), et les locuteurs du français, la construction prédicative canonique à sujet indéfini (73,7 %).

69 En ce qui concerne les hypothèses formulées en 3.5, les résultats sont partagés : 1. les francophones présentent de la rigidité au niveau de la structure syntaxique

puisqu’ils modifient rarement l’ordre « sujet-verbe » en utilisant très majori-tairement la construction prédicative canonique avec un SN sujet préverbal et très peu la construction présentative biclausale ;

2. mais ils montrent de la flexibilité au niveau de la structure-f en introduisant le SN focal en position préverbale, contrairement au principe formulé par Lambrecht (1988 et 2000) ;

3. les sinophones présentent la tendance inverse avec une certaine flexibilité au niveau de la structure syntaxique puisqu’ils modifient l’ordre « sujet-verbe » en utilisant fréquemment la structure présentative monoclausale avec un SN postverbal ;

4. mais ils montrent de la rigidité au niveau de la structure-f en introduisant le focus en position postverbale.

70 La structure préférée des deux groupes diffère, mais ils ont le point commun d’utiliser rarement la construction présentative biclausale. Nous allons essayer de donner quelques éléments d’explications à ces résultats qui contredisent en partie nos hypothèses de départ.

71 Étant donné le registre de langue soutenu dans lequel la construction présentative monoclausale apparaît en français, nous nous attendions à ne pas en trouver beaucoup dans nos récits qui appartiennent plutôt à un registre courant 9. En revanche, il

est plus étonnant que le choix des francophones soit en contradiction avec ce que propose Lambrecht (1988 et 2000) sur la construction biclausale qui serait très fréquente dans le discours spontané à l’oral en français.

72 Plutôt que de remettre en question la validité générale de cette affirmation, on peut s’interroger sur les termes qui la composent (et ne sont malheureusement pas définis par l’auteur lui-même). Notre corpus est bien constitué de récits oraux, mais ils sont probablement différents de ce que Lambrecht entend par « discours spontané » à au moins trois égards : situation de communication, caractère fictif ou réel du récit et structure temporelle du discours. Tout d’abord, nos récits ont été recueillis dans des conditions quasi expérimentales, le locuteur produit son discours seul, il ne se trouve pas dans une situation communicative interactionnelle puisque le destinataire du récit est absent de la pièce. De plus, ces récits portent sur les événements de personnages de fiction et non le locuteur lui-même. Le

9. Le choix de ce registre peut être influencé par le type de support utilisé ou bien l’âge des locuteurs, ces

(23)

caractère de nouveauté des protagonistes à introduire dans le support en images n’est peut-être pas perçu comme réel et saillant. Enfin, notre corpus est constitué de récits cohérents dont les énoncés de la trame narrative servent à décrire une série d’événements variés se produisant dans le cadre temporel global défini par l’histoire. Ils se distinguent en cela d’un « discours spontané » dans lequel le locuteur souhaite attirer l’attention de son interlocuteur sur le caractère singulier d’un procès qui se produit « ici-maintenant ».

73 Les sinophones utilisent aussi très peu la construction présentative biclausale mais pour une raison certainement différente. Il n’est en effet pas possible de parler d’influence de la procédure expérimentale pour ces locuteurs puisqu’ils utilisent en grande quantité la construction présentative monoclausale qui présente un ordre des mots différent de la structure syntaxique canonique « sujet-verbe » en chinois. La raison pour laquelle les sinophones utilisent peu la construction présentative biclausale se trouve peut-être au niveau de l’organisation de la localisation référentielle dans le discours.

74 Zhang (2016 : 193-209) procède à une comparaison des trois structures syntaxiques qui nous intéressent : constructions présentatives monoclausales, biclausales et prédicatives canoniques à sujet indéfini. Son étude porte sur la langue chinoise, mais ses observations se fondent sur le déroulement de l’information au niveau discursif et semblent transposables au français. D’après lui, il existe une opposition claire entre la première et la dernière construction au niveau de leurs fonctions discursives. La première aurait pour caractéristique principale de localiser une entité dans l’espace, alors que la seconde servirait à localiser un événement dans le temps. Cette observation semble bien résonner avec nos résultats concernant l’expression et la place du topique scénique spatial.

75 Nous avons vu en effet que les francophones, en utilisant la construction canonique, n’expriment pas systématiquement la référence à l’espace (65,1 %) et surtout qu’ils ne la placent que peu souvent en position topicale (13 %), où se trouve la référence temporelle. Le schéma phrastique de leurs énoncés d’introduction peut être représenté ainsi : « (TOPt +) SN + V (+ sTOP) ». Ces énoncés sont intégrés aux

autres événements de la chronologie de l’histoire avec la même structure syntaxique que ceux décrivant les actions du personnage principal.

76 Les sinophones en utilisant la construction présentative monoclausale expriment très fréquemment la référence à l’espace (78,6 %) et la placent en position topicale (70,8 %) : « sTOP(t) + V + SN ». En procédant de la sorte, ils établissent un lien

référentiel clair entre les énoncés : l’entité du focus d’un énoncé précédent est reprise en tant que topique scénique spatial (sous la forme d’un syntagme nominal ou prépositionnel structuré autour d’un nom plein référant à une entité) pour introduire le nouveau protagoniste (voir [16c] « […] en bas de la maison il y avait un trou » et [16d] « […] du trou est sortie une souris »). Ce type de mouvement référentiel qui assure la cohérence discursive du récit est bien connu en chinois (Zhu, 1995) et a déjà été observé dans un autre type de discours (Arslangul et Watorek,

(24)

à paraître) 10. Cependant, cette organisation discursive ne peut fonctionner que si

la localisation spatiale est placée en position topicale ce qui est impossible avec la construction prédicative canonique (voir [19]) et la construction présentative biclausale. Lors de l’introduction d’un protagoniste dans le récit, les sinophones attribuent donc une place rigide au nouveau référent (focus) mais aussi au syntagme de localisation spatiale (topique), ceci les distingue des francophones chez qui la localisation spatiale est moins fréquente, moins fixe dans la phrase et parfois moins explicite avec l’utilisation d’un pronom relatif composé (voir [18c]) ou d’un pronom adverbial (voir [20b]).

77 En outre, d’après Zhang (2016 : 193-209), la construction biclausale se situe entre la construction monoclausale et la construction canonique puisqu’elle peut se passer plus facilement de localisation spatio-temporelle. Cette remarque va dans le sens de Lambrecht (1998 et 2000) à propos de la fréquence de cette construction dans le discours spontané à l’oral puisque celui-ci, se produisant « ici-maintenant », ne nécessite pas obligatoirement de localisation explicite. Ceci soutient une des raisons que nous avons avancées comme explication à son absence dans notre corpus qui est situé dans un cadre spatio-temporel particulier ne pouvant rester implicite.

6. Conclusion

78 La rigidité ou flexibilité des structures syntaxique et informationnelle exerce une

grande influence sur l’introduction référentielle d’un nouveau protagoniste dans le récit. L’interaction entre elles peut s’exercer de différentes façons. En chinois, la construction présentative monoclausale permet aux locuteurs de respecter la contrainte sur la place du SN focal et d’établir de la cohérence dans le discours avec la référence au paramètre spatial, alors que la rigidité syntaxique du français incite ses locuteurs à passer outre cette contrainte pragmatique (focus en position postverbale) et à introduire les nouveaux protagonistes dans la chronologie de l’histoire, avec le sujet préverbal d’une construction prédicative.

79 Nous avons vu que pour comprendre cette interaction différents facteurs doivent aussi être pris en considération : le type de support employé pour solliciter les données et le registre de langue analysé. Il serait intéressant dans une future étude de faire varier ces facteurs et de voir l’influence qu’ils pourraient avoir sur l’introduction référentielle non seulement d’un nouveau protagoniste mais aussi d’une entité inanimée.

10. Dans la théorie de la progression thématique de Daneš (1974), cette organisation discursive est appelée

« progression thématique linéaire simple » ; sur la structure thématique et la cohérence textuelle, voir aussi les travaux de Charolles (entre autres : 1976 et 1978).

(25)

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Figure

Figure 1 – Expression et place du topique scénique spatial
Figure 2 – Positions syntaxiques du nouveau référent
Figure 3 – Position postverbale du nouveau référent : structures syntaxiques FR CH α = 0,007 M SD M SD t (46) p 95 %  CI Cohen d (a) const

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