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Opinions sur les prestations familiales et sur la conciliation vie professionnelle-vie familiale

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DECEMBRE 93

N°141

COLLECTION

Enquête “Conditions de vie et Aspirations des Français”

Vague de fin 1992

OPINIONS SUR LES PRESTATIONS FAMILIALES

ET SUR LA CONCILIATION

VIE PROFESSIONNELLE-VIE FAMILIALE

Franck Berthuit Ariane Dufour

Sous la direction de Georges Hatchuel

Directeur adjoint du CREDOC Crédoc - Collection des rapports.

N° 141 néremhrc 1993 N° 141 Dérpmhre 1993

CREDOOBibliothèque

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Enquête "Conditions de vie et Aspirations des Français"

Vague de fin 1992

OPINIONS SUR LES PRESTATIONS FAMILIALES

ET SUR LA CONCILIATION

VIE PROFESSIONNELLE-VIE FAMILIALE

Franck Berthuit Ariane Dufour

Sous la direction de Georges Hatchuel

Directeur adjoint du CREDOC

Secrétariat : Lucette Laurent

Etude réalisée à la demande de la

Caisse Nationale des Allocations Familiales (CNAF)

Décembre 1993

142, rue du Chevaleret

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Etude réalisée à la demande de :

. La Caisse Nationale des Allocations Familiales.

Le département "Conditions de vie et Aspirations des Français" est composé de :

. Georges Hatchuel (Directeur adjoint du CREDOC)

. Franck Berthuit, Catherine Duflos, Ariane Dufour, Françoise Gros, Lucette Laurent.

CREDOC

Président : Bernard Schaefer Directeur : Robert Rochefort

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1

Introduction ...

CHAPITRE 1 Les prestations familiales et les prestations sociales ... 7

A. Allocataires de prestations familiales et restrictions ... 8

1 - Les bénéficiaires des prestations familiales et de logement ... 8

2 - Les restrictions subies ... 8

B. Prestations familiales et prestations sociales ... 1 3 1 -Une préférences pour les prestations familiales : viser d'abord l'aide aux plus défavorisés ... ] ^ 2 - Augmenter d’abord les prestations familiales ... 16

CHAPITRE 2 Les opinions des Français sur l'activité professionnelle des femmes... 29

A. Les Français sont partagés sur la question du travail des femmes ... 30

1 - L'évolution des opinions sur le travail féminin en 15 ans : de plus en plus de partisans... ° 1

2 - Des positions très marquées suivant l'âge ... 33

3 - Plus on est diplômé, plus on est favorable à l’activité des femmes ... 35

4 - Plus on a eu d'enfants, plus on est opposé à l'activité féminine ... 36

5 - Les cadres et les professions libérales sont de farouches partisans de la liberté de choix de la femme ... 37

B. Les raisons ressenties de la croissance du nombre de femmes actives ... 38

1 -A chacune des principales raisons avancées correspondent deux catégories d’individus très différents... 40

2 - Les explications données à l’intensification de l’activité féminine sont très liées aux opinions exprimées sur le travail des femmes... 45

3 -Les raisons ressenties de l'accroissement du nombre de femmes actives reflètent des opinions "traditionalistes" ou "modernistes" sur la famille... 46

C. Les réactions des Français à certaines opinions répandues au sujet du travail féminin ... 49

1 -Les opinions recueillies concernant l'activité professionnelle des femmes ... 50

2 - Les opinions concernant le travail féminin lorsqu'il y a présence d'enfants au foyer 55 D. Activité professionnelle des femmes et équilibre du foyer ... 60

1 -Selon les Français, quand la mère est active, son équilibre n'est pas menacé, mais celui de ses enfants l'est... 60

2 -Le sexe influence peu la manière de répondre ... 61

3 -Jeunes et vieux ont une vision très différente des effets du travail féminin sur l'équilibre du foyer ... 62

4 - Plus on est diplômé, plus on croit aux retombées positives du travail des femmes sur l'équilibre du foyer ... 63

5 -L'équilibre de l’enfant comme principal frein à la montée des opinions favorables à l'activité féminine ... 64

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CHAPITRE 3 La conciliation entre vie professionnelle et vie familiale ... 69

A. Les faits : 4 femmes sur 10 ont interrompu leur activité professionnelle à l'occasion de la naissance d'un enfant ... 70

1 -Quelles femmes s'arrêtent de travailler à la naissance d'un enfant ?... 70

2 - Plus d'un tiers des femmes regrettent leur choix ... 72

3 -Les hommes confirment ces données pour ce qui concerne leurs conjointes ... 74

B. Les difficultés à concilier famille et travail et les adaptations souhaitables pour y remédier ... 78

1 -Les enfants et l'activité professionnelle des femmes : pour les Français, la conciliation est possible ... 78

2 -Le travail à temps partiel arrive en tête des solutions souhaitables pour les mères de famille ... 83

3 - Les solutions souhaitables pour les couples bi-actifs ayant de jeunes enfants... 90

C. Les opinions de la population sur certaines mesures visant à faciliter la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale ... 101

1 -Aider financièrement la mère de jeunes enfants à cesser temporairement de travailler... 102

2 -L'extension de l'Allocation Parentale d'Education (APE) fait presque l'unanimité .. 110

3 -Les mesures d'aménagement du temps de travail dans les entreprises ... 112

CHAPITRE 4 Une synthèse des opinions sur la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale ... 119

A. Une représentation synthétique des opinions des Français ... 121

1 -L'espace des opinions sur la conciliation vie professionnelle - vie familiale (premier plan factoriel) ... 123

2 - Projection des caractéristiques socio-démographiques dans l'espace des opinions sur la conciliation vie professionnelle - vie familiale ... 129

3 - Projection de diverses autres variables dans l'espace des opinions sur la conciliation vie professionnelle - vie familiale ... 131

B. Une classification en sept groupes ... 133

Conclusion ... 143

ANNEXES Annexe 1 : Arrêt d'activité des femmes de 21 à 45 ans ... 149

Annexe 2 : Questions posées à la demande de la CNAF (extrait du questionnaire de fin 1992)... 151

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L'arrivée massive des femmes sur le marché du travail depuis une trentaine d'années a suscité beaucoup d'interrogations et donné lieu à de multiples études1 Nombreux sont ceux qui se sont penchés, par exemple, sur les bouleversements engendrés par la féminisation de la population active et ses conséquences, notamment sur la sphère familiale, mais aussi sur les univers économiques, sociaux et politiques.

La montée de l'activité féminine n'a cependant pas mis fin, loin de là, au partage des rôles dans les couples, en particulier en ce qui concerne l'éducation des enfants. La dichotomie des rôles paternel et maternel n'est, il est vrai, plus aussi forte que dans les années d'après-guerre où les femmes restaient le plus souvent à la maison pendant que les maris travaillaient. Cependant, l'engagement des femmes vis-à-vis des enfants reste toujours indéniablement plus important que celui des hommes. Dans ces conditions, ne doit-on pas se demander qui pâtit le plus des nouvelles structures familiales, et tout particulièrement de la "bi-activité" des jeunes couples ? Est-ce les femmes, qui subissent des doubles journées et ont du mal à tout faire ? Les enfants, qui, très jeunes, sont coupés de l'univers protecteur de la famille ? Ou encore le couple dont l'équilibre peut être perturbé par les nouvelles responsabilités professionnelles de la femme ?

Il ne s’agit évidemment pas de répondre ici à l'ensemble de ces questions, mais de tenter d'apprécier comment l'opinion publique réagit à ces problèmes. Car, certes, la question de la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle se pose, on l'a compris, avec beaucoup plus d'acuité pour les femmes que pour les hommes. Mais ces derniers ne sont évidemment pas exclus du débat : leurs mentalités n'ont-elles pas, avec l'émancipation des femmes, sensiblement évolué ? La question de

1 Parmi les plus récentes, citons :

. "Les stratégies des femmes", J. Comaille, La Découverte, 1992.

. "Les femmes", Contours et caractères, INSEE, Secrétariat d'Etat aux Droits des Femmes et à la Vie Quotidienne, 1991.

, "Accueil de la petite enfance et activité féminine", G. Hatchuel, CREDOC, 1989.

. "Au labeur des dames : métiers masculins, emplois féminins", M. Maruani, C. Nicole, Editions Syros, 1991.

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l'aménagement du temps de travail des pères n'est-elle pas aussi à l’ordre du jour ? Dans ces conditions, on peut se demander comment l'opinion voit aujourd'hui les sujétions que la vie professionnelle exerce sur la vie familiale et quelles solutions lui paraissent préférables pour alléger la double contrainte induite par les exigences respectives des sphères professionnelles et familiales. Et ne peut-on pas également se demander si les évolutions connues par l'opinion publique ces dernières années ont été assez fortes pour admettre que la réflexion sur le sujet doit aujourd'hui autant concerner le couple, pris dans son ensemble, que la femme - ou la mère - exclusivement ?

Ces questions ne sont, certes, pas nouvelles, mais il faut bien remarquer que le débat sur la conciliation vie professionnelle-vie familiale ne se pose pas aujourd'hui dans les mêmes termes qu'il y a quelques années : à l'heure où la société française traverse une crise profonde de l'emploi, la montée du chômage ne fait qu'accentuer le prix accordé au travail. Il semblait donc utile, dans un tel contexte, de faire le point sur la manière dont réagit, aujourd'hui, la population. Cette donnée conjoncturelle n'influence-t-elle pas sensiblement les jugements sur le sujet ? En particulier, l'arrêt temporaire d'activité des mères de jeunes enfants suscite-t-il aujourd'hui autant d'engouement qu'il y a quelques années, alors que la conjoncture laisse présager un difficile retour à l'emploi ?

C'est pour pouvoir disposer d'un nouvel éclairage sur ces sujets que la Caisse Nationale des Allocations Familiales (CNAF) a fait insérer une série de questions dans l'enquête du CREDOC sur "les Conditions de Vie et les Aspirations des Français", qui s’est déroulée en Décembre 1992-Janvier 1993.

L'enquête a été réalisée en face à face auprès d'un échantillon de 2013 personnes de nationalité française, âgées de 18 ans et plus, sélectionnées selon la méthode des quotas. Ceux-ci (région, taille d'agglomération, âge, sexe, PCS) ont été calculés d'après le Recensement de 1990. Afin d'assurer la représentativité par rapport à la population nationale, un redressement a été effectué à partir des variables suivantes : âge, sexe, PCS et taille d'agglomération1.

1 Pour plus de précisions sur les caractéristiques de l'enquête, on pourra se reporter au rapport

"Premiers résultats de l'enquête de fin 1992", Collection des Rapports du CREDOC, N ° 133, Mars

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Les thèmes traités répondent aux demandes formulées par la CNAF1. L'analyse des résultats de l'enquête est effectuée en quatre chapitres :

Le premier chapitre ne concerne pas vraiment la question de l'activité féminine, mais fournit un certain nombre de points de repères sur les attitudes des Français face aux diverses prestations sociales, et notamment les prestations familiales. Quel est

l'objectif que devraient viser les prestations familiales dans les années à venir ? Quelles sont les prestations sociales auxquelles les Français accordent le plus d'importance ? Quelles sont celles qu'ils seraient éventuellement prêts à réduire ? Les

réponses à ces questions montrent combien les Français sont attachés aux prestations familiales, qu'ils placent en tête des aides à augmenter en priorité. Ils attendent aussi que ces prestations visent surtout, à l’avenir, à contribuer à lutter contre la pauvreté et à la correction des inégalités de revenus.

Le deuxième chapitre est consacré aux opinions générales des Français sur l'activité féminine. Un équilibre semble s'être instauré dans la population entre les partisans du travail féminin et ses opposants. Quelles sont les caractéristiques de ses partisans ?

Qui sont ceux qui restent défavorables à l'exercice de l'activité professionnelle des femmes ? Le sont-ils plutôt par opposition de principe à l'activité féminine ou bien par désaccord avec l'idée qu'une mère puisse exercer une activité professionnelle ? Comment nos concitoyens expliquent-ils l'intensification de l'activité féminine au cours de ces dernières années ? L'examen des réponses apportées à ces questions

montre combien les attitudes sur le travail féminin varient selon que l'on s'interroge - et que l'on se prononce - sur l'activité de la femme ou celle de la mère.

Le troisième chapitre s'attache à étudier plus spécifiquement les problèmes de conciliation entre vie familiale et vie professionnelle, pour les mères de famille certes, mais aussi plus largement pour les "jeunes parents". Parmi les solutions envisageables

(arrêt d'activité, temps partiel, poursuite du temps plein, ...), quelles sont celles qui paraissent préférables aux Français ? En tout état de cause, trois constats

prédominent: d'abord, près de quatre femmes actives sur dix déclarent avoir déjà interrompu leur activité professionnelle à l'occasion de la naissance d'un enfant. Ensuite, rares sont les Français qui considèrent que la solution la plus souhaitable est, pour une femme ayant des enfants, de continuer à travailler à temps plein ; peu nombreux sont également ceux qui préconisent le retour de la femme au foyer. C'est,

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en fait, entre la solution du travail à temps partiel et celle de l'arrêt temporaire d'activité que la population se partage.

Le dernier chapitre vise à fournir une vision synthétique des opinions des Français

sur les mesures souhaitables pour mieux concilier vie familiale et vie professionnelle.

La typologie réalisée permet ainsi d'apprécier comment les différents groupes de la population se positionnent sur le problème de l'activité professionnelle des femmes et sur les solutions qui leur paraissent préférables pour faciliter la conciliation nécessaire entre contraintes familiales et professionnelles.

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Les prestations familiales et

les prestations sociales

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Chapitre 1

Les prestations familiales et les prestations sociales

Quelles sont les caractéristiques des bénéficiaires des prestations familiales ? Qui déclare s'imposer régulièrement des restrictions ? Enfin quels sont les souhaits de la population en matière d'objectif prioritaire pour les prestations familiales ? Voilà les trois types de questions auxquelles ce chapitre propose quelques éléments de réponse. Il s’attache aussi à mettre en évidence les préférences des Français dans l'hypothèse d'arbitrage à réaliser entre les différentes prestations sociales.

Pour la plupart déjà abondamment commentées dans le rapport précédent, les données fournies ici, actualisées par interrogation nouvelle au début 1993, seront surtout abordées sous l'angle des différences existantes entre catégories, notamment par sexe, selon la situation familiale et le statut professionnel (actif, inactif). Cette analyse devrait en effet permettre aussi d'éclairer en partie quelques-unes des disparités de points de vue, qui pourront apparaître dans les chapitres suivants, sur l'activité féminine. Quatre éléments principaux se dégagent de ce chapitre, qui constituent pour l'essentiel des confirmations des tendances mises en évidence au début 19921 :

- Presque 40% des Français sont allocataires de prestations familiales.

- Plus de la moitié (58%) de la population déclare s'imposer régulièrement des restrictions sur certains postes de son budget. Cela concerne même presque les trois quarts des allocataires (72%).

- Pour les Français, les objectifs principaux que devraient viser les prestations familiales restent, de façon encore plus appuyée que l'an dernier, la lutte contre la pauvreté et la correction des inégalités de revenus. Les objectifs de redistribution verticale et d'aide aux plus défavorisés l'emportent donc nettement sur ceux, plus traditionnels, de soutien à la natalité ou de compensation des charges familiales.

1 Voir "Les Français face aux politiques familiales au début 1992", F. Berthuit, F. Talamon, sous la direction de G. Hatchuel, Collection des Rapports du CREDOC, n°122, Septembre 1992.

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- Les prestations familiales stricto sensu (hors prestations de logement) sont les aides sociales auxquelles les Français sont le plus attachés. Leur suprématie s'accroît même sur la deuxième prestation citée : les prestations vieillesse.

A. Allocataires de prestations familiales et restrictions

1 - Les bénéficiaires des prestations familiales et de logement

Près de quatre Français sur dix touchent, au sein de leur foyer, des prestations familiales ou une allocation de logement. Ce chiffre, identique à celui de fin 1991, est en augmentation de 8 points par rapport au début de la décennie 80 : 31% des Français bénéficiaient, alors, d'allocations familiales ou de logement. Les résultats de l'enquête précédente mettaient en évidence qu'un peu moins de la moitié (47%) des allocataires ne bénéficient que des prestations familiales, 16% touchent une allocation de logement uniquement et plus du tiers (36%) perçoivent les deux types de prestations.

Tableau 1

Vous, ou votre foyer, touchez-vous actuellement des prestations familiales ou une allocation logement

(y compris APL) ? (en %) Oui... 38,9 Non... 60,7 Ne sait pas... 0,4 Ensemble... 100,0 Source : CREDOC, fin 1992

Les allocataires (bénéficiaires aussi bien de prestations familiales que d'allocation de logement) sont, avant tout, des parents en charge d'enfants : plus des trois quarts d'entre eux ont des enfants de moins de 16 ans à leur domicile. Les personnes de 25 à 49 ans y sont, naturellement, sur-représentées. Il s'agit également, assez souvent, de personnes en activité, mariées à un conjoint lui-même actif. Cette bi-activité du couple est, à l'évidence, symptomatique d'un besoin de conforter un certain manque d'aisance matérielle. Les allocataires font plutôt partie de ce qu'on appelle communément la classe moyenne : leurs revenus par personne (plus précisément par Unité de Consommation) sont assez faibles; ils sont souvent locataires, parfois

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accédants à la propriété (mais souvent avec, dans ce cas, des charges de logement jugées lourdes par les intéressés), et travaillent fréquemment en tant qu'employés ou

ouvriers.

Tableau 2

Quelques caractéristiques distinctives des allocataires de prestations familiales (fin 1992)

Qen %) % de personnes concernées parmi les allocataires % de personnes concernées dans la population totale A des enfants de moins de 16 ans... 77,1 37,9

dont : deux enfants de moins de 16 ans... 35,3 14,8

trois enfants et plus de moins de 16 ans... 17,4 6,9

A moins de 40 ans et vit en couple, avec enfant(s)... 48,8 22,4 Agé de 25 à 49 ans... 72,8 47,4 Est accédant à la propriété... 23,5 13,8 Est actif et marié à un conjoint lui-même actif... 38,7 27,9

Revenu mensuel du foyer par UC1 : moins de 4 000 F. 43,3 29,0

Appartient à la PCS : Employé... 23,2 16,2 Est locataire... 51,4 42,2 Appartient à la PCS : Ouvrier... 21,3 16,1 Exemple de lecture : Parmi les allocataires, 77,1 % ont des enfants de moins de 16 ans, alors que c'est le cas de 37,9% de l'ensemble de la population.

2 - Les restrictions subies

Plus de la moitié des Français (58%) déclarent s'imposer régulièrement des restrictions sur certains postes de leur budget. Cette proportion est relativement stable depuis la fin 1989, situation paradoxale puisque, dans le même temps, la croissance de la consommation des ménages s'est ralentie2. Les bénéficiaires des prestations familiales et de logement sont nettement plus nombreux (73%) qu'en moyenne à déclarer se restreindre régulièrement (tableau 3). Une question posée, lors de l'enquête précédente, nous informait d'ailleurs que seul un allocataire sur quatre avouait pouvoir boucler son budget sans problème s'il devait être subitement privé de ses prestations familiales ou de logement. 1 2

1 Ce nombre d'Unités de Consommation (UC) est calculé selon l'échelle suivante : 1 pour l'interviewé, 0,7 pour les membres du ménage âgés de 16 ans et plus, et 0,5 par enfant de moins de 16 ans.

2 Voir "Moins de restrictions, moins de consommation... " R. Rochefort, Consommation et Modes de vie, N°73, Janvier 1993.

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Tableau 3

Est-ce que vous (ou votre foyer) êtes obligé de vous imposer régulièrement des restrictions sur certains postes de votre budget ?

(en %) Oui... Non... Ensemble de la population Dont : allocataires 58,4 41,6 72,8 27,2 Ensemble... 100,0 100,0 Source : CREDOC, fin 1992

Les postes concernés en premier par ces privations sont les vacances et les loisirs (47% des Français déclarent se restreindre régulièrement sur leurs dépenses de villégiature), l'habillement (42%) et l'équipement ménager (41%). Ceux sur lesquels les sacrifices sont le plus faibles sont les postes vitaux : l'alimentation (16%), les dépenses pour les enfants (13%, mais elles ne concernent que les individus qui ont des enfants), et les soins médicaux (6%).

Tableau 4 Les postes de restrictions

(en %) Ensemble de la population Dont : allocataires Vacances, loisirs... 46,6 58,4 Habillement... 41,7 53,3 Equipement ménager... 40,5 53,7 Soins de beauté... 35,2 49,6 Voiture... 30,2 39,3 Téléphone ... 26,5 35,2 Logement... 19,8 27,0 Tabac, boisson... 17,5 27,0 Alimentation... 15,6 20,7 Dépenses pour les enfants... 12,7 21,4 Soins médicaux... 6,1 7,5 Source : CREDOC, fin 1992

La forte corrélation existant entre le fait d'être allocataire et de se restreindre régulièrement conduit à ce que les profils des deux populations (allocataires, personnes qui s'imposent des restrictions) sont très proches. On retrouve ainsi, panni

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les individus qui se restreignent régulièrement, ces quelques caractéristiques déjà mentionnées pour les allocataires : enfants à charge, revenu par unité de consommation faible, personnes de 25 à 49 ans, souvent employés ou ouvriers, locataires de leur logement, etc... (tableau 5).

On relève, par contre, la présence d'une singularité notable : les femmes, en particulier quand elles sont actives, sont plus nombreuses qu'en moyenne parmi la population de ceux qui déclarent s'imposer régulièrement des restrictions. Si on adopte un mode de lecture différent de celui proposé dans le tableau 5, on remarque que 63% des femmes déclarent se restreindre régulièrement (contre 58% des Français). C’est également le cas de 69% des femmes actives. Cependant, les femmes inactives dont le conjoint est actif sont presque aussi nombreuses (67%) à avoir ce sentiment. Enfin, les personnes seules avec des enfants à charge (des femmes dans 86% des cas) comptent la plus forte proportion d'individus déclarant se restreindre : 79% d'entre elles sont dans ce cas.

Tableau 5

Quelques caractéristiques distinctives des individus qui déclarent s'imposer régulièrement des restrictions (fin 1992)

Qen %) % de personnes concernées parmi ceux qui s'imposent des restrictions % de personnes concernées dans la population totale

A des enfants de moins de 16 ans... 44,8 37,9

Revenu mensuel du foyer par UC : moins de 5 000 F .. 50,6 41,9

Employé... 20,1 16,2 Femme... 56,8 52,5 dont : Femme de 21 à 49 ans... 37,0 30,0 Femme active... 26,4 22,5 A moins de 40 ans et vit en couple avec enfant(s)... 26,7 22,4 Agé de 25 à 49 ans ... ... 55,6 47,4 Est locataire... ... 46,7 42,2 Chômeur... ... . 12,2 9,7 Réside en HLM, ILN ... 17,3 14,9 Ouvrier... 18,4 16,1 Exemple de lecture : Parmi les individus qui déclarent s'imposer régulièrement des restrictions, 44,8% ont des enfants de moins de 16 ans, alors que c'est le cas de 37,9% de l’ensemble de la population.

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Cette différence de perception entre les sexes, qui apparaît aussi bien chez les hauts revenus que chez les bas (tableau 6), doit être analysée à la lueur du fait que la déclaration du sentiment de restriction, essentiellement subjective, peut s'expliquer de deux façons. Tout d'abord, elle peut résulter d'une véritable contrainte budgétaire qui, pour les ménages aux revenus les plus bas, force à se priver de biens qui peuvent, au pire, être de première nécessité. Ensuite, la restriction peut être aussi la conséquence d'un désir de consommer davantage, ce qui peut s'observer quel que soit le revenu et le patrimoine du ménage1.

Or, il faut bien reconnaître que la femme ("la maîtresse de maison") dispose souvent, historiquement et socialement, d'un territoire de consommation plus vaste que l'homme. A elle revient souvent, de fait, la prise en charge de bon nombre d'aspects de la gestion domestique (courses, entretien, aménagements et, surtout, enfants), situation qui multiplie les occasions, et donc le sentiment, de devoir faire des économies. A elle revient également, pourrait-on rajouter, une contrainte d'image plus forte que pour l’homme : les soins corporels et les dépenses d'habillement peuvent être aussi plus souvent source d'éventuelles frustrations.

Tableau 6

Les postes de restrictions, selon le sexe et le revenu mensuel du foyer _________________________________________________________ {en %)

Revenus inférieurs à 6 000 F.

Revenus supérieurs à 12 000 F

Hommes Femmes Hommes Femmes

Vacances, loisirs... 54,2 55,0 36,6 46,1 Habillement... 45,5 57,5 31,6 43,7 Equipement ménager... 45,8 51,7 33,1 37,6 Soins de beauté... 29,0 42,0 25,1 40,4 Voiture... 40,4 31,7 25,3 27,3 Téléphone... 32,8 39,0 20,5 26,0 Logement... 29,5 27,4 13,4 15,5 Tabac, boisson... 24,4 16,0 15,4 17,8 Alimentation... 30,0 25,7 8,6 13,2

Dépenses pour les enfants... 14,6 21,7 7,5 11,1

Soins médicaux... 6,2 12,4 3,0 4,6

Source : CREDOC, fin 1992

Exemple de lecture : 54,2% des hommes dont les revenus sont inférieurs à 6 000 F. déclarent se restreindre sur les vacances et les loisirs. C'est le cas de 55% des femmes de même niveau de revenus.

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B. Prestations familiales et prestations sociales

1 - Une préférence pour les prestations familiales : Viser d'abord l'aide aux plus défavorisés

Les objectifs de redistribution "verticale" restent primordiaux dans le choix des Français : pour 39% d'entre eux, le premier objectif que devraient viser les prestations familiales dans les années qui viennent est "la lutte contre la pauvreté" ; pour 23%, c'est "la correction des inégalités de revenus" qui est mise en avant (tableau 7). La lutte contre la pauvreté a d'ailleurs été retenue cette année par un nombre plus important d'individus qu'en fin 1991 (39%, contre 33% il y a un an).

L'aide au logement, les objectifs "traditionnels" de compensation des charges dues à la présence d'enfants ou celui de soutien à la natalité sont, chacun, cités par un nombre relativement faible de la population (moins de 10%). On note d'ailleurs peu d'évolution d'une année sur l'autre, si ce n'est un recul du soutien à la natalité (4% de citations cette année, contre 9% il y a un an).

Tableau 7

Pour vous personnellement, quel est le premier objectif que devraient viser les prestations familiales dans les années qui viennent ?

(en %) (modalités classées par ordre décroissant des

réponses de fin 1992)

Lutter contre la pauvreté...

Fin 1991 Fin 1992

33,3 39,1

Corriger les inégalités de revenus ... 24,0 22,6 Permettre aux familles de bien se loger... 6,6 9,5 Assurer une aide aux familles ayant des enfants

quel que soit leur revenu... 9,9 8,9 Aider les familles qui ont de jeunes enfants... 8,7 8,5 Aider en cas de problèmes familiaux... 8,2 7,1 Soutenir la natalité ... ... 9,0 4,0 Ne sait pas... 0,3 0,3 Ensemble... 100,0 100,0 Source : CREDOC, fin 1991 et fin 1992

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Quelques caractéristiques des partisans de chaque objectif

La lutte contre la pauvreté est plus souvent citée par les hommes jeunes (46% des hommes de 21 à 34 ans, contre 39% en moyenne) et les résidents de Paris et de son agglomération (46% également). Cette préoccupation a tendance à s'accroître avec l'âge chez les femmes : par exemple, 32% des femmes de moins de 21 ans souhaitent cet objectif, contre 47% parmi les femmes de 65 ans et plus. On ne note pas d'évolution similaire chez les hommes. Cet objectif est moins souvent cité lorsque le nombre de personnes vivant dans le logement passe de un à quatre (mais on observe une remontée du taux de citations à partir de cinq personnes). Dans le même sens, l'élévation du niveau d'études amène à retenir un peu moins souvent cette solution : 40% des non-diplômés (ou titulaires d'un CEP) pensent que les prestations familiales devraient d'abord viser la lutte contre la pauvreté, contre 36% chez les titulaires du bac ou d'un diplôme d'études supérieures.

Le groupe d'individus souhaitant la correction des inégalités de revenus est peu marqué sociologiquement. Ce groupe diminue légèrement avec le degré d'urbanisation : 26% des habitants d'agglomérations de moins de 2 000 habitants ont retenu cet objectif, contre 20% de ceux qui résident à Paris et dans l'agglomération parisienne. L'orientation est la même lorsque le nombre d'enfants de moins de 16 ans augmente au sein du foyer : de 23% parmi les enquêtés qui n'ont pas d'enfants dans leur ménage, les partisans de cet objectif passent à 19% parmi ceux qui ont trois enfants ou plus. Mais on voit qu'il s'agit ici de tendances faibles, car ce groupe important (23 % de la population) est globalement peu "typé".

Permettre aux familles de bien se loger est plus une préoccupation du jeune âge : 15% des moins de 25 ans ont choisi cet objectif (contre 10% en moyenne). Ce souci croît d'ailleurs avec l'élévation du revenu (par unité de consommation) chez les moins de 30 ans. Il augmente aussi avec la taille d'agglomération de résidence, mais dans des proportions assez faibles.

L'objectif consistant à assurer une aide aux familles ayant des enfants quel que soit leur revenu est plus souvent évoqué par les femmes, en particulier celles qui ont des enfants ou qui sont en âge d'en avoir. Par exemple, 16% des femmes de 21 à 34 ans le désigne comme prioritaire, contre 9% en moyenne. C'est également le cas des femmes mariées (12%), en particulier les femmes mariées inactives dont le conjoint est actif (16%), ou des personnes ayant des enfants (16% de ceux qui en ont trois et plus), notamment lorsque ceux-ci sont jeunes (18% des personnes qui ont au moins un

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enfant de moins de 3 ans). Globalement, l'ensemble des individus âgés de 25 à 34 ans retiennent plus souvent qu'en moyenne cet objectif (13%). C'est également le cas de ceux qui touchent actuellement des prestations familiales ou de logement (12%).

Le groupe d'individus qui choisit l'aide aux familles ayant de jeunes enfants (9% de la population) n'a pas de caractéristiques propres. Même la présence de jeunes enfants au sein du foyer n'incite pas à retenir plus souvent qu'en moyenne cet objectif : il est vrai que l’individu qui se trouve dans ce cas de figure a plutôt porté son choix sur l’objectif précédent, voulant peut-être signifier ainsi qu’il se situe dans une optique à long terme et que l'aide ne devrait pas nécessairement se limiter au seul premier âge de l'enfant.

A l'instar de l’aide aux familles ayant des enfants, les femmes mariées citent un peu plus souvent qu'en moyenne (9%, contre 7%) le souhait d'une aide en cas de problèmes familiaux; c'est en particulier un peu plus souvent le cas des femmes inactives (10%). Il est difficile déjuger si ce résultat traduit un sentiment de précarité plus fort de certaines femmes mariées à l'égard de leur propre situation de "dépendance" (salaire moindre de celui de leur mari, voire absence de moyens financiers personnels) ou un vécu plus anxieux des problèmes d'ordre financier que peut rencontrer le ménage. On notera simplement que c'est à âge et budget intermédiaires que cet objectif est le plus souhaité (il l'est par 14% des personnes âgées de 30 à 49 ans et disposant, dans leur foyer, d'un revenu par unité de consommation de 4 000 à 6 000 Francs).

Enfin, le soutien de la natalité est un objectif plus souvent souhaité par les hommes (6% d'entre eux l'évoquent, contre 4% en moyenne), notamment lorsqu'ils sont actifs et mariés à une conjointe inactive (9%). En terme d'âge, cela concerne davantage les hommes de 35 à 49 ans (8%). Les diplômés du bac et plus sont également plus nombreux qu'en moyenne à faire ce choix (7%).

En résumé, on remarque que les objectifs principaux de redistribution "verticale" que sont la lutte contre la pauvreté et la correction des inégalités de revenus n'engendrent que peu de différences d'attitudes entre hommes et femmes. Le rôle plus "traditionnel" de compensation des charges dues à la présence d'enfant, de redistribution "horizontale" selon la terminologie consacrée, est déjà plus sensible au sexe, même si les disparités de réponses restent, somme toute, assez faibles. On remarque ainsi une légère opposition - de style plus que de principe - entre les

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hommes, plus prompts à choisir "le soutien à la natalité", et les femmes, plus soucieuses "d'assurer une aide aux familles ayant des enfants quel que soit le revenu". L'écart de vocabulaire fait peut-être en sorte que les hommes sont plus attirés par le caractère plus généraliste, voire "pompeux", du premier objectif (rappelons que les diplômés y sont sur-représentés) et que les femmes se sentent plus engagées par la connotation plus pragmatique du second.

2 - Augmenter d'abord les prestations familiales

Le fort attachement de nos concitoyens à la politique familiale se confirme à nouveau cette année : les prestations familiales restent encore la première des prestations sociales que les Français proposent en priorité d'augmenter (tableau 8). La hiérarchie n'a pas bougé non plus pour les deux prestations suivantes, à savoir les prestations vieillesse et le Revenu Minimum d'insertion. Mais, alors que les retraites sont moins citées cette année (21% en fm 1991, 18% en fin 1992), la tendance à l'accroissement de la sensibilité des Français à l'aide aux populations défavorisées, déjà mise en évidence pour l'objectif principal que devrait viser à l'avenir les prestations familiales, se confirme (+4 points).

Tableau 8

Les préférences des Français en matière de prestations sociales à augmenter (en %) Fin 1991 Fin 1992 Prestations familiales... 25,7 25,7 Prestations vieillesse, retraites... 21,1 18,2 Revenu Minimum d'insertion ... 13,2 17,0 Prestations de chômage... 7,8 9,9 Remboursement maladie de la Sécurité Sociale.. 12,6 9,9 Pensions d'invalidité ou d'handicap... 8,5 8,2 Prestations de logement... 6,9 5,6 Ne sait pas... 4,2 5,5 Ensemble... 100,0 100,0 Source : CREDOC, fin 1991 et fin 1992

Les prestations sacrifiées restent les mêmes : il s'agit d'abord des prestations de logement que 30% des Français seraient prêts à diminuer, suivies par les remboursements maladie de la Sécurité Sociale (cf. deuxième colonne du tableau 9).

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Les écarts entre le nombre de personnes qui souhaitent augmenter une aide et celles qui préfèrent la diminuer sont stables entre fin 1991 et fin 1992 pour les prestations familiales (tableaux 9 et 10), mais elles s'accroissent pour les prestations de logement : ce sont celles que le plus de Français sont finalement prêts à sacrifier. Parmi les écarts intermédiaires, le Revenu Minimum d'insertion est celui qui évolue le plus en amplifiant son écart positif (qui passe de +2 en fm 1991 à +8 en fin 1992). Autrement dit, c’est la prestation qui a connu en un an l’évolution la plus favorable. Remarquons néanmoins que, dans tous les cas, les prestations familiales confirment leur position de leader.

Tableau 9

Les préférences des Français en matière de prestations sociales en fin 1992 _______________________ _______ (en %) Si parmi les prestations sociales suivantes, l’on devait, aujourd'hui, en diminuer une au profit d'une autre, laquelle augmenteriez-vous en priorité, laquelle diminueriez-vous ? Prestation qui serait augmentée Prestation qui serait diminuée Différence Col 1-Col 2 Prestations familiales... 25,7 9,0 + 16,7 Prestations vieillesse, retraites... 18,2 8,0 + 10,2 Revenu Minimum d'insertion ... 17,0 9,3 + 7,7 Pensions d'invalidité ou d'handicap... 8,2 3,8 + 4,4 Prestations de chômage... 9,9 11,0 -1,1

Remboursement maladie de la Sécurité Sociale.. 9,9 16,7 -6,8

Prestations de logement... 5,6 29,6 -24,0 Ne sait pas... 5,5 12,6

-Ensemble... 100,0 100,0 -Source : CREDOC, fin 1991 et fm 1992

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Tableau 10

Les préférences des Français en matière de prestations sociales en fin 1991 ___________________________________________ _____ (en %) Si parmi les prestations sociales suivantes, l'on devait, aujourd'hui, en diminuer une au profit d'une autre, laquelle augmenteriez-vous en priorité, laquelle diminueriez-vous ?

(Modalités classées selon le même ordre que le tableau précédent) Prestation qui serait augmentée Prestation qui serait diminuée Différence Col 1-Col 2 Prestations familiales... 25,7 8,5 + 17,2 Prestations vieillesse, retraites... 21,1 7,1 + 14,0 Revenu Minimum d'insertion ... 13,2 11,0 + 2,2 Pensions d'invalidité ou d'handicap... 8,5 4,5 + 4,0 Prestations de chômage... ... ... 7,8 12,6 -4,8

Remboursement maladie de la Sécurité Sociale.. 12,6 15,7 -3,1

Prestations de logement... 6,9 26,6 -19,7 Ne sait pas ... 4,2 14,0

-Ensemble... 100,0 100,0

-Source : CREDOC, fin 1991 et fin 1992

Cette stabilité de la prééminence des prestations familiales au sein du champ des prestations sociales, jointe à celle de voir ces prestations jouer avant tout un rôle de redistribution verticale, ne laisse-t-elle pas deviner en toile de fond un besoin profond de sauvegarder un droit fondamental : celui d'avoir des enfants et de pouvoir les élever quel que soit l'état de ses revenus ?

En tout état de cause, on remarque aussi que les choix portant sur les prestations à augmenter sont le reflet de motivations partisanes : on choisit plutôt les prestations familiales quand on a des enfants, les prestations vieillesse quand on est retraité, les prestations logement lorsqu'on est jeune et qu'on ajustement du mal à se loger, etc ... Essayons de définir les principales caractéristiques des partisans et des "détracteurs" de chacune des prestations proposées à l'arbitrage des Français.

Les prestations familiales

Les partisans de l'augmentation des prestations familiales (26% en moyenne) sont avant tout des individus ayant charge d'enfants : 35% de ceux qui ont des enfants de moins de 16 ans à leur domicile sont dans ce cas. D'ailleurs, plus le nombre d'enfants est important, et plus la proportion d'individus favorables à l'augmentation de ces

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prestations est élevée. La tendance est la même plus les enfants sont jeunes. Globalement, l'ensemble des individus de 25 à 34 ans souhaitent plus souvent qu’en moyenne l’augmentation de ces prestations. C’est aussi le cas des femmes de 21 à 34 ans, des femmes inactives et mariées à un conjoint actif, et plus généralement des moins de 50 ans de conditions modestes (non-diplômés et disposant, dans leur foyer, d’un revenu par unité de consommation inférieur à 4 000 Francs par mois). La part des individus qui souhaitent une augmentation des prestations familiales diminue d’ailleurs régulièrement avec le revenu par unité de consommation. Bien entendu, assez logiquement, les allocataires sont plus enclins à souhaiter une augmentation des prestations familiales. C’est également le cas de ceux qui pensent que le premier objectif des prestations familiales pour les années à venir devrait être l’aide aux familles ayant des enfants quel que soit leur revenu (39%), l’aide aux familles qui ont de jeunes enfants (36%) ou encore le soutien de la natalité (41%). Enfin, souhaiter une augmentation des prestations familiales revient à préférer plus souvent qu’en moyenne la diminution des remboursements maladie de la Sécurité Sociale.

Tableau 11

Caractéristiques socio-démographiques des partisans de l'augmentation des prestations familiales

(en %)

A des enfants de moins de 16 ans... 35,4 dont au moins un enfant de moins de 3 ans... 45,0 Femme de 21 à 34 ans... 37,4 Est âgé de 25 à 34 ans... ... 34,9 Femme inactive mariée à un conjoint actif... 34,6 Revenu par U.C. inférieur à 3000 Francs par mois... 32,6 Touche des prestations familiales... 34,4 Souhaite la diminution des remboursements maladie

de la Sécurité Sociale... 36,5 Ensemble de la population ... ... ... 25,7

Exemple de lecture : 35,4% des personnes qui ont des enfants de moins de 16 ans souhaitent une augmentation des prestations familiales, contre 25,7% en moyenne dans l'ensemble de la population.

Les adeptes de la diminution des prestations familiales (9 % en moyenne) sont plus souvent des résidents de Paris et de son agglomération (14% d'entre eux choisissent la diminution de ces prestations), mais aussi des habitants d'agglomérations moyennes de province (14% parmi les habitants de 20 000 à 100 000 habitants). Le taux atteint

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18% chez les personnes âgées de moins de 40 ans qui vivent seules et sans enfants. On relève enfin une tendance à davantage proposer une diminution des prestations familiales lorsque le niveau d'études s'élève.

Les prestations vieillesse, les retraites

Les partisans de l'augmentation des prestations vieillesse (18% de la population en moyenne) sont plus nombreux, naturellement, quand l'âge s'accroît (principalement chez les non-diplômés et les personnes disposant de revenus moyens ou faibles). Par contre, ils diminuent lorsque le nombre d'enfants au foyer est plus important et lorsque le niveau d'études s'élève. On trouve donc, au sein de ces partisans, davantage de retraités, de personnes de 65 ans et plus et notamment de femmes de cette tranche d'âge1, dont beaucoup bénéficient de pensions de réversion plus faibles que les pensions d' "origine". D’ailleurs, c'est aussi plus souvent le souhait des individus de plus de 50 ans disposant d'un revenu mensuel par unité de consommation inférieur à 4 000 Francs. Désirer une augmentation des prestations vieillesse revient à pencher plus souvent qu'en moyenne pour une diminution des prestations familiales, des prestations de logement et du Revenu Minimum d'insertion.

Tableau 12

Caractéristiques socio-démographiques des partisans de l'augmentation des prestations vieillesse

{en %)

Est retraité... 31,8 Est âgé de 65 ans et plus... 32,4 dont femme de 65 ans et plus... 36,4 Est âgé de 50 ans et plus et dispose d'un revenu

mensuel par UC inférieur à 4000 F... 34,5 N'a aucun diplôme ou le CEP... 22,8

Souhaite la diminution des prestations familiales... 27,1 Souhaite la diminution des prestations de logement... 21,5 Souhaite la diminution du Revenu Minimum d'insertion 25,9 Ensemble de la population ... 18,2

Exemple de lecture : 31,8% des retraités souhaitent une augmentation des prestations vieillesse, contre 18,2% en moyenne dans l'ensemble de la population.

1 Rappelons que l'espérance de vie est, en 1990, de 81 ans pour les femmes et de 73 ans pour les hommes.

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Par un effet de vase communiquant, le nombre d'adeptes de la diminution des prestations vieillesse diminue avec l'âge, surtout parmi les individus aux faibles revenus. Ainsi, ces adeptes sont plus nombreux parmi les personnes de moins de 25 ans (13% d’entre eux diminueraient les prestations vieillesse), celles de moins de 30 ans disposant d'un revenu mensuel par unité de consommation inférieur à 4 000 Francs (16%) et les célibataires qui vivent chez leurs parents (15%). Bien entendu, toutes ces populations sont très proches.

Le Revenu Minimum d'Insertion

Les partisans de l'augmentation du Revenu Minimum d'insertion (17% en moyenne) sont plus nombreux lorsque le niveau d'études et la taille d agglomération augmentent et lorsque que le nombre d’enfants au foyer diminue. On compte, de manière caractéristique parmi ces partisans, des diplômés du bac et du supérieur, des cadres supérieurs, des individus dont le revenu mensuel du foyer est supérieur à 15 000 Francs, des habitants de Paris et de son agglomération, des hommes de 35 à 49 ans (tableau 13). Globalement, l'ensemble des actifs occupés sont plus nombreux qu'en moyenne à préférer une augmentation de cette prestation (20%). C'est aussi vrai pour les personnes qui choisissent la lutte contre la pauvreté comme premier objectif pour les prestations familiales (20%). Souhaiter une augmentation du RMI revient à choisir plus souvent qu'en moyenne une diminution des prestations de logement.

Tableau 13

Caractéristiques socio-démographiques des partisans de l'augmentation du Revenu Minimum d'insertion

Est diplômé du bac ou du supérieur... 23,5 Appartient à la PCS : cadre supérieur... 29,2 Revenu mensuel du foyer supérieur à 15 000 F... 21,5 Réside à Paris ou dans l’agglomération parisienne... 23,2 22,6

Snnhaite la diminution des prestations de logement... 22,7 17,0 Exemple de lecture : 29,2% des cadres supérieurs souhaitent une augmentation du Revenu Minimum d'insertion, contre 17% en moyenne dans l'ensemble de la population.

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Le choix d'une diminution du Revenu Minimum d'insertion (9% en moyenne) est plus souvent retenue par les femmes (11% d'entre elles ont fait ce choix), en particulier les femmes mariées (12%) et les femmes de 21 à 34 ans (13%). La présence d'enfants, notamment jeunes, incite à sacrifier plus facilement le RMI : 17% des personnes qui ont des enfants de moins de trois ans choisiraient cette option. Enfin, les artisans, commerçants et chefs d'entreprise comportent un nombre important d'adeptes de la diminution du RMI (18%).

Les pensions d'invalidité ou d'handicap

Il y a peu à dire sur ce sujet : les partisans de l'augmentation de cette aide (8% en moyenne) sont peu "typés" en terme socio-démographique et les adeptes de la diminution sont d'un effectif trop faible pour pouvoir les décrire précisément. On notera seulement que le souhait d'une augmentation des pensions d'invalidité semble plus fort avec l’âge chez les personnes qui disposent de faibles revenus. Par exemple, 13% des personnes âgées de 50 ans et plus qui disposent, au sein de leur foyer, de moins de 4 000 F mensuels de revenu par U.C. aimeraient une intensification de l'effort en faveur de cette aide. Les individus qui retiennent l'augmentation des pensions d'invalidité citent plus facilement la réduction des prestations de chômage.

Les prestations de chômage

Aucune caractéristique distinctive ne domine chez les individus qui souhaitent une augmentation des prestations de chômage (10% en moyenne). Remarquons simplement que souhaiter l'augmentation des prestations de chômage va plus souvent de pair avec la demande de diminution des prestations familiales.

Les adeptes de la diminution des prestations de chômage (11%) sont déjà plus typiques. Leur nombre croît avec le nombre d'enfants au foyer et décroît légèrement avec le niveau d'études. 14% des individus ayant des enfants de moins de 16 ans seraient prêts à diminuer ces prestations. C'est également le cas de 24% des artisans, commerçants et chefs d'entreprise et de 14% des habitants d'agglomérations de moins de 2 000 habitants.

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Les remboursements maladie de la Sécurité Sociale

Les artisans, commerçants et chefs d'entreprise se sont surtout distingués jusqu'alors par le souhait de voir diminuer les prestations de chômage et celles du RMI. Il sont plus qu'en moyenne partisans de l'augmentation des remboursements maladie de la Sécurité Sociale : 19% d'entre eux retiennent cette option (contre 10% en moyenne). Les personnes qui choisissent l'aide en cas de problèmes familiaux comme premier objectif futur pour les prestations familiales prônent également l'augmentation de ces remboursements (18%). Les allocataires sont aussi relativement plus nombreux à retenir cette solution (20%).

Le choix de diminuer les remboursements maladie (17% en moyenne) s'amoindrit avec l'âge, surtout chez les non-diplômés ou les personnes qui ont un niveau d'études moyen (inférieur au bac). Par contre, par un effet de structure, il augmente avec le niveau d’études. Les groupes de population qui retiennent plus souvent qu'en moyenne cette solution sont les suivants : les diplômés du bac ou d'un diplôme d'études supérieures (24% d'entre eux accepteraient de diminuer les remboursements maladie), les moins de 40 ans qui vivent seuls et sans enfants (30%), les personnes de moins de 25 ans (23%), les femmes célibataires (26%).

Les prestations de logement

Enfin, les partisans d'une augmentation des prestations de logement (6% en moyenne) sont jeunes, et plutôt de sexe masculin : on y trouve 12% des célibataires qui vivent chez leurs parents et 11 % des hommes de moins de 35 ans. Ces partisans sont relativement plus nombreux à être prêts à sacrifier les prestations vieillesse et celles d'invalidité.

Le nombre de tenants de la diminution des prestations de logement augmente surtout avec l'âge (en particulier chez les non-diplômés et les titulaires d'un diplôme inférieur au bac). Les groupes de population sur-représentés ici sont donc les retraités (39% d'entre eux diminueraient ces prestations), les plus de 50 ans non-diplômés (37%) et les hommes mariés et inactifs (38%).

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En résumé

Les arbitrages entre prestations sociales présentent quelques variations selon le sexe - et, pour chaque sexe, selon l'âge - et le fait d'avoir des enfants à charge. Globalement, les choix des individus sont très souvent partisans, orientés par le désir de bénéficier d'une "part du gâteau".

Ainsi, les jeunes femmes, celles qui ont des enfants, notamment en bas-âge, sont davantage partisanes d’une augmentation des prestations familiales. En contrepartie, elles sont plus souvent prêtes à accepter une diminution des montants alloués au Revenu Minimum d'insertion. Par contre, à partir de 50 ans, les femmes souhaitent plutôt une augmentation des prestations vieillesse.

Pour les hommes, on constate que les célibataires (souvent des hommes jeunes) expriment une demande plus forte de prestations de logement, au détriment des remboursements maladie de la Sécurité Sociale. Aux âges intermédiaires (de 35 à 49 ans), les hommes sont plus souvent partisans d'une augmentation du RMI. Peut-être davantage conscients de l'effort qu'ils fournissent au titre de la solidarité entre les générations, imposé par le système par "répartition", les hommes actifs dans leur ensemble sont plus nombreux à être prêts à sacrifier les prestations vieillesse. Plus loin dans le cycle de vie, les hommes inactifs et mariés (souvent âgés) voient plutôt dans les prestations logement le moyen de faire des économies.

Enfin, quel que soit le sexe, le fait d'avoir des enfants à charge va plus souvent qu'en moyenne de pair avec le choix de diminuer les prestations de chômage.

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Tableau 14

Les préférences des hommes en matière de prestations sociales à augmenter

K ___________ _______ {en %) Moins de 25 ans De 25 à 39 ans De 40 à 59 ans 60 ans et plus Ensemble des hommes Prestations familiales... 29,1 31,1 25,8 19,0 25,8 Prestations vieillesse, retraites... 9,2 9,8 15,3 29,1 17,0 Revenu Minimum d'insertion... 16,1 17,0 22,7 15,6 18,1 Prestations de chômage... 16,6 13,7 8,8 8,5 11,1

Remboursement maladie de la Sécurité Sociale . 7,8 11,7 9,8 4,9 8,7

Pensions d'invalidité ou d'handicap... 5,6 6,7 8,4 10,5 8,2 Prestations de logement... 12,8 7,5 3,1 3,6 5,8

2,7 2,4 6,0 8,7 5,3

100,0 100,0 100,0 100,0 100,0

Source : CREDOC, fin 1992

Tableau 15

Les préférences des femmes en matière de prestations sociales à augmenter

__________ {en %) Moins de 25 ans De 25 à 39 ans De 40 à 59 ans 60 ans et plus Ensemble des femmes Prestations familiales... 28,6 35,2 22,3 14,0 25,6 Prestations vieillesse, retraites... 8,2 16,1 16,1 36,6 19,3 Revenu Minimum d'insertion... 19,6 14,1 19,3 11,0 15,9 Prestations de chômage... 12,5 5,8 9,9 9,4 8,8

Remboursement maladie de la Sécurité Sociale.. 13,2 11,7 10,8 8,9 11,0

Pensions d'invalidité ou d'handicap... 7,0 6,7 9,6 9,0 8,1 Prestations de logement... ... 7,6 6,5 5,1 3,4 5,5

3,3 4,0 7,0 7,7 5,6

100,0 100,0 100,0 100,0 100,0

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CHAPITRE 2

Les opinions des Français sur

l'activité professionnelle des femmes

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CHAPITRE 2

Les opinions des Français

sur l'activité professionnelle des femmes

En Mars 1993, 45% de la population active étaient de sexe féminin. Plus de 11 millions de femmes avaient donc un emploi ou en recherchaient un1. La forte progression du nombre de femmes actives au cours de ces trente dernières années a déjà maintes fois été analysée sans qu'il soit nécessaire d'y revenir ici. Mais face à ce constat, on peut s'interroger sur la façon dont les Français ont perçu ces changements et ses implications sur la notion même de famille. Que pensent-ils de 1 activité professionnelle des femmes et y sont-ils plutôt favorables ? Comment en expliquent-ils l'intensification au cours de ces dernières années ? Quelles répercussions cela peut-il avoir, selon eux, sur l'équilibre du foyer ? Voilà les quelques interrogations auxquelles ce chapitre vise à apporter des éléments de réponse. Mais peut-etre convient-il en introduction de rappeler quelques-uns des éléments les plus marquants sur l'activité féminine actuelle (données issues du recensement de la population de 1990). Le taux d'activité des femmes fluctue, en effet, en fonction de trois critères principaux : l’âge, le niveau d'études, le nombre d'enfants à charge.

*Si l’on considère l’ensemble des femmes de 15 à 64 ans, le taux d’activité est de 65%1 2. C'est entre 25 et 29 ans que l'activité féminine atteint son maximum . 78% des femmes de cette tranche d'âge sont actives. Ce taux est même de 92% chez les femmes de 25 à 29 ans qui n'ont pas d enfant.

* Les diplômées sont plus souvent actives que les non-diplômées : entre 25 et 49 ans, 85% des diplômées de niveau "bac +4" exercent une activité professionnelle, contre 54% de celles qui n'ont aucun diplôme.

* Enfin, la charge familiale constitue toujours un frein à l'exercice d'un emploi pour une femme, surtout à partir du troisième enfant. Cependant, on a pu constater qu'entre 1982 et 1990 (les deux derniers recensements), l'activité des mères est devenue plus fréquente, quel que soit le nombre d'enfants. Même avec deux enfants,

1 Source : Enquête Emploi, INSEE, Mars 1993. 2 Source : Recensement de la population de 1990.

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73 % des femmes de 25 à 49 ans travaillent. Une rupture existe cependant bel et bien à partir du troisième enfant : le taux d'activité féminine est, dans ce cas, de 48%.

L’âge, les diplômes possédés, le nombre d'enfants à charge exercent-ils aussi une influence forte sur les opinions émises sur l'activité féminine ? L'analyse du profil des partisans et des opposants à l'activité professionnelle des femmes permet de répondre positivement à cette question.

A - Les Français sont partagés sur la question du travail des femmes

Depuis 1978, l'enquête "Conditions de vie et Aspirations des Français" comporte une question qui permet de suivre l'évolution des opinions sur le travail féminin.

Cette question (cf. tableau 16) mêle étroitement deux notions : 1 une, qui se réfère au jugement, favorable ou défavorable de chacun, sur le travail des femmes ( les femmes devraient toujours travailler", "les femmes ne devraient jamais travailler ) ; 1 autre qui a trait au jugement que l'on peut porter sur la liberté des femmes de choisir ou non de travailler (par exemple : "elles ne devraient travailler que si la famille ne peut vivre avec un seul salaire"). Il reste que cette question permet, grosso modo, de connaître les opinions de la population française vis-à-vis du travail féminin, des partisans les plus acharnés à ceux qui y sont délibérément opposés. Les résultats en

sont présentés au tableau 16.

Tableau 16

Les opinions des Français sur l'activité professionnelle des femmes en fin 1992

(en %)

. Elles devraient travailler dans tous les cas où elles le désirent... 44,9 . Elles ne devraient jamais travailler lorsqu'elles ont des enfants en bas âge ... 28,5 . Elles ne devraient travailler que si la famille ne peut vivre avec un seul salaire 19,9 . Elles ne devraient jamais travailler... 3,9 . Elles devraient toujours travailler... 2,3 0,5 100,0 Source : Crédoc, fin 1992

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En fin 1992, 45% des Français expriment l'opinion la plus "moderniste" au sujet du travail féminin, c'est-à-dire qu'ils prônent le libre choix des femmes de travailler quand elles le souhaitent ("dans tous les cas où elles le désirent"). Cette réponse arrive en première position. Rappelons que 28% des Français optaient pour cette modalité de réponse en 1978. Nous reviendrons plus en détail, ci-après, sur les évolutions d'opinions qui se sont produites sur ce sujet en 1 espace de 15 ans.

Il subsiste quand même un assez grand nombre de Français (29%) qui estiment que les femmes ne devraient jamais travailler quand elles ont des enfants en bas âge et 20% qui pensent que celles-ci ne doivent exercer que "si la famille ne peut vivre avec un seul salaire ". Finalement, rares sont les personnes qui choisissent les opinions les plus catégoriques sur le travail des femmes : 4% pensent qu' "elles ne devraient jamais travailler". 2% estiment qu' "elles devraient toujours travailler".

1 - L'évolution des opinions sur le travail féminin en 15 ans : de plus en plus de partisans

Les regroupements effectués entre les modalités de réponses permettent donc de scinder la population française en deux grandes catégories : d'un côté, "les partisans du travail féminin", ceux qui y sont "favorables" ; d'un autre côté, ceux qui y sont plutôt défavorables dans la mesure où ils y mettent des conditions plus ou moins restrictives.

Les "partisans du travail féminin" sont ceux qui n'émettent aucune restriction au fait que les femmes travaillent, c'est-à-dire ceux qui estiment que "les femmes devraient toujours travailler" ou bien qu'elles "devraient travailler dans tous les cas où elles le désirent". A l'opposé, les enquêtés qui considèrent que "les femmes ne devraient pas

travailler lorsqu'elles ont des enfants en bas âge", ou bien qu'elles "devraient

travailler que si la famille ne peut vivre avec un seul salaire", ou encore qu '"elles ne

devraient jamais travailler" peuvent être classés dans le groupe des personnes plutôt

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L'historique de cette question met en évidence une profonde évolution des opinions de nos concitoyens depuis 15 ans1. En effet, en 1978, la proportion de personnes "défavorables" était d'environ 70%, contre 30% de "favorables" ; en 1991-1992, on est parvenu pratiquement à un équilibre entre les deux groupes. Le travail féminin est donc une notion qui a fait du chemin : elle s'est profondément enracinée dans l’esprit des Français, même si elle ne fait pas encore l’unanimité (graphique 1).

La première rupture importante dans les opinions émises sur l'activité féminine a eu lieu en 1981. La progression des réponses "les femmes devraient travailler dans tous

les cas où elles le désirent" s'est faite à ce moment-là au détriment de la modalité

"Mes ne devraient jamais travailler lorsqu'elles ont des enfants en bas âge". De 1983 à 1990, la répartition entre "favorables" et "défavorables" est restée assez stable, dans un rapport 45%/55%.Un équilibre parfait a été obtenu entre les deux groupes en fin 1991, qui a fait place, en fin 1992, à un léger avantage aux personnes "défavorables" à l'activité féminine.

Graphique 1

Proportion de personnes favorables et défavorables au travail féminin Evolution 19781992

-56,3

années d'enquête

défavorables favorables

Source : CREDOC, enquêtes "Conditions de vie et Aspirations des Français".

1 Voir à ce sujet, "Activité féminine et jeune enfant", G. Hatchuel, Collection des Rapports du Crédoc, n°95, février 1991.

(35)

Il reste que, depuis une dizaine d’années, environ 3 personnes sur 10 estiment que les femmes ne devraient jamais travailler lorsqu'elles ont un enfant en bas âge. Comme si on avait atteint là une sorte de seuil minimum en dessous duquel le passage se ferait très difficilement (tableau 17).

Tableau 17

Evolution du pourcentage d’individus estimant que les femmes ne devraient jamais travailler lorsqu'elles ont un enfant en bas âge

_______ _______ (en %)

1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992

40,6 38,4 41,3 33,4 32,7 29,0 30,4 28,2 28,6 29,4 30,3 30,8 31,6 27,5 28,5

Source : Crédoc, Enquêtes "Conditions de vie et aspirations des Français"

2 - Des positions très marquées suivant l'âge

L'âge apparait être un critère très discriminant sur les opinions émises sur le travail féminin. Les jeunes de moins de 25 ans (de sexe mascuün ou féminin) prônent, à près de 70%, la liberté des femmes de travailler quand elles le souhaitent. En revanche, les personnes plus âgées, et plus particulièrement les femmes de plus de 60 ans, préfèrent que les mères de jeunes enfants ne travaillent pas. Les personnes âgées (hommes et femmes) de plus de 60 ans font d'ailleurs souvent allusion au "travail subi" par les femmes, dans la mesure où, pour eux, ce sont plus souvent les raisons purement financières qui doivent décider de l’activité féminine : environ un quart d’entre eux estiment en effet que les femmes ne doivent travailler que si la famille ne s'en sort pas avec un seul salaire.

Si, chez les plus jeunes, l'écart est très grand, aussi bien chez les hommes que chez les femmes, entre les "partisans" du travail féminin et ceux qui y sont défavorables, celui-ci est considérablement réduit dans la dernière classe d'âge. Grosso modo, on est majoritairement favorable au travail féminin jusqu'à 40 ans, quel que soit le sexe de l'enquêté. La situation s'inverse au-delà de 40 ans : 71% des hommes de plus de 60 ans et 74% des femmes sont défavorables à l'activité féminine (tableau 18).

(36)

Graphique 2

Opinions des hommes à propos du travail féminin, selon leur âge

20 < 60 ans et + 40-59 ans 25-39 ans < -24 ans Age de l'enquêté

jamais si enf. bas âge seulement si besoin de 2 salaires

Le graphique 3 permet de visualiser les opinions des femmes selon leur âge. S il a la même allure générale que celui des hommes (graphique 2), il présente cependant quelques différences notables. En effet, les femmes des deux classes d âge intermédiaires (25-39 ans, 40-59 ans), les plus susceptibles d’être actives et d'avoir des enfants, expriment plus fortement que les hommes une opinion défavorable au travail des femmes ayant de jeunes enfants.

Graphique 3

Opinions des femmes à propos du travail féminin, selon leur âge

60 ans et + 40-59 ans

25-39 ans < -24 ans

Age de l'enquêté

jamais si enf. bas âge seulement si besoin de 2 salaires

(37)

Tableau 18

Proportion de personnes favorables ou défavorables au travail féminin, selon le sexe et l'âge (fin 1992)

(en %)

Moins de 24 ans 25-39 ans 40-59 ans 60 ans et plus Ense mble

Homme Femme Homme Femme Homme Femme Homme Femme Homme Femme

Favorable... 71,1 74,1 56,0 55,7 43,0 44,9 28,2 25,3 45,9 48,4

Défavorable, dont :

estime que femmes ne devraient jamais

27,9 25,9 42,8 44,0 56,7 55,1 71,4 73,8 53,4 51,3

trav. qd elles ont

enf en bas âge.. 19,7 13,0 17,9 25,2 27,3 33,7 37,8 44,1 26,7 30,2

Total ... (y compris NSP)

100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0

Source : CREDOC.

Toujours est-il que les femmes se montrent à tout âge (sauf lorsqu'elles sont très jeunes) plus sensibles que les hommes au problème de la conciliation entre 1 activité professionnelle et les enfants puisqu'elles évoquent un peu plus leur préférence pour l'inactivité féminine quand les enfants sont jeunes.

3 - Plus on est diplômé, plus on est favorable à I activité des femmes

Le niveau de diplôme est tout particulièrement corrélé aux opinions sur le travail féminin : diplômés et non-diplômés s'opposent radicalement. Ainsi, 70% des personnes diplômées (ayant au moins le bac) expriment leur préférence pour le libre choix des femmes de travailler, contre 31% de celles qui ne disposent d aucun diplôme. A l'inverse, 36% des non-diplômés souhaitent que les femmes ne travaillent pas quand elles ont des enfants en bas âge, et 24% qu'elles ne travaillent que si le foyer a besoin de deux salaires, contre respectivement 16% et 10% des diplômés du supérieur (graphique 4). Les femmes de diplômes intermédiaires sont globalement plus hostiles au travail féminin (52%) que les hommes de même niveau (43%). En revanche, les diplômées du supérieur sont, plus que leurs homologues masculins, favorables à l'activité des femmes (tableau 19).

(38)

Graphique 4

Opinions à propos de l'activité féminine selon le niveau de diplôme

jamais si enf. bas âge seulement si besoin de 2 salaires don désir >24,4 'X10,4 Bac et BEPS, Aucun, CEP BEPS, Diplôme de l'enquêté Tableau 19

Proportion de personnes favorables ou défavorables au travail féminin, selon le sexe et le diplôme (Fin 1992)

(en %)

Aucun-CEP BEPC-BEPS-BE Bac ou plus Ense mble

Homme Femme Homme Femme Homme Femme Homme Femme

Favorable... 33,6 32,3 56,1 47,0 66,3 78,0 45,9 48,4

Défavorable, dont : 65,7 67,5 43,3 52,2 33,3 22,0 53,4 51,3

estime que femmes ne devraient jamais trav. qd elles ont

30,2

enf. en bas âge .... 32,0 40,2 19,8 29,9 19,7 12,9 26,7

Total ... (y compris NSP)

100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0

Source : CREDOC.

4 - Plus on a eu d'enfants, plus on est opposé à l'activité féminine

Toutes les personnes qui ont au moins eu un enfant sont majoritairement défavorables au travail féminin. L'opposition se fait plus forte quand le nombre d enfants est élevé, les Français qui ont au moins eu trois enfants ne sont que 35% à se dire "favorables" au travail des femmes.

(39)

Tableau 20

Proportion de personnes favorables ou défavorables au travail féminin, suivant le nombre d'enfants que l'enquêté a eu (fin 1992)

(en %)

Aucun Un Deux Trois et plus Ensemble

Favorable... 63,9 48,2 45,0 35,4 Al,2

Défavorable 35,0 51,4 54,8 64,4 52,3

estime que femmes ne devraient jamais trav. qd elles ont

enf. en bas âge.... 19,9 26,1 29,8 35,6 28,5

Total (y.c. NSP) .. 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0

Source : CREDOC.

5 - Les cadres et les professions libérales sont de farouches partisans de la liberté de choix de la femme

L'examen des opinions émises sur l'activité professionnelle des femmes met aussi en évidence un fort effet PCS (Profession-catégorie sociale). En effet, les cadres et professions libérales se prononcent très majoritairement pour une liberté totale des femmes de choisir de travailler (67%). Les femmes au foyer affichent en revanche une nette préférence pour l'inactivité des mères qui ont de jeunes enfants (41 %). Peut- être cette réponse est-elle en quelque sorte une justification par rapport à leur situation personnelle. Les retraités, quant à eux, ont une opinion assez proche de celle des femmes au foyer : 38% émettent l'opinion que les femmes ne devraient jamais travailler lorsqu'elles ont des enfants en bas âge ; 25% pensent aussi que celles-ci ne devraient travailler que s'il faut deux salaires pour la survie matérielle du foyer. Ces résultats se recoupent évidemment avec les effets d'âge déjà mentionnés précédemment.

Tableau 21

Proportion de personnes favorables ou défavorables au travail féminin selon la PCS (fin 1992)

F _________________________________(en %)

Indépendants Prof lib cadres

Employés Ouvriers Femmes au foyer Retraités Autres inactifs* Ens. Favorable1 36,7 69,5 59,2 39,2 34,9 28,7 80,4 47,2 Défavorable1 63,3 30,5 40,4 59,3 65,1 70,4 19,6 52,3 Total (y.c. NSP) 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0

* Cette catégorie est essentiellement composée d'étudiants

Figure

Tableau 4 Les postes de restrictions

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