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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Bulletin de l'Association Amicale des Anciens Élèves de l'ENSET n° 133

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L’ E P R E U V E d e.;

corrigée et commentée

M. Gueldry L’ÉPREUVE DE MATHÉMATIQUES Corrigée et commentée Baccalauréat* de Technicien* 02 et G3

nouveauté

L'É PREUVE DE MATHÉMATIQUES

Corrigée et commentée.

BACCALAURÉATS DE TECHNICIENS G2, G3 parM . G U ELD R Y . 152 pages, 7 7 exercices.

Une sélection de sujets proposés au baccalauréat ces dernières années, couvrant le programme des classes terminales.

rappel

L'épreuve d'électrotech niqu e Baccalauréats de techniciens F 3 ,F 5

par M. Bornand.

Pour une commande groupée, veuillez vous adresser à votre libraire.

O F F R E A U X E N S E IG N A N T S J e d é s ir e r e c e v o ir a u p r ix s p é c ia l E n s e ig n a n ts : □ L 'é p r e u v e d e m a th é m a tiq u e s . B a c . G 2 , G 3 p a r M . G U E L D R Y ( 2 0 ,0 0 F ). □ L 'é p r e u v e d 'é l e c t r o t e c h n i q u e . B ac. F 3 , F 5 p a r M. B O R N A N D ( 2 1 , 5 0 F ). N o m : ___________________________________ F o n c t i o n : _________ A d r e s s e : _________________________________________ ____________________ C o d e p o s ta l : ___________________________ V ille : ---J e v o u s jo in s la s o m m e d e par : □ c h è q u e p o s ta ! (3 v o le ts OOP La S o u r c e 3 3 9 5 2 - 1 1 M ). □ c h è q u e b a n c a ir e D m a n d a t- l e ttr e .

Bon à découper e t à retourner, accom pagné de votre règlem ent à :

. V U I B E R T

G3, bd. saint-germain, 75005 p a r i s h

---BULLETIN de L’ASSOCIATION AMICALE

des ANCIENS ELEVES de L

E N S E T

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N°133 3e trimestre 1980 A b o n n e m e n t ( u n a n ) . . . . 8 5 F L e n u m é r o ...2 5 F 61. a v e n u e d u P r é s id e n t-W lls o n S O M M A I R E Impressions de M iam i La S O M IV A C Vie de l'Am icale

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ASSOCIATION AMICALE

des Anciens et Anciennes Elèves des Sections Normales

et de l'Ecole Normale Supérieure de l'Enseignement Technique

P r é s id e n ts d 'h o n n e u r :

MM. les D irecteurs généraux honoraires de l’Enseignem ent T echnique.

MM. les anciens Directeurs de l’Ecole N orm ale Supérieure de l’Enseignem ent T echnique. M. le D irecteur de l’Ecole N orm ale Supérieure de l’Enseignem ent T echnique.

M. le D irecteur adjoint de l’E.N.S.E.T. Mme la Sous-Directrice de l’E.N.S.E.T.

M. P. PASTOUR, recteur de l’Académie de Nice.

S e c r é ta ir e s g é n é r a u x e t P r é s id e n ts h o n o r a ir e s :

A. BIGUENET (A j 26-28), Inspecteur général honoraire de l’Instruction publique. R. CANTAREL (B. 56-59), I.P.R. M ontpellier.

H. COURT (D. 24-26), Inspecteur général honoraire de l’In stru ctio n publique. P. PUECH (A l 44-46), Professeur au L.T. Jacquard, Paris.

J.M. REFEU IL (EF. 39-42), Professeur au L.T. de Champigny-sur-M arne. D. SAUVALLE (B. 46-48), Professeur à l’I.U.T. de Paris-Saint-Denis. A. TH U IZA T (A l 42-44), Inspecteur Principal détaché au m inistère.

COMITE

P r é s id e n te ;

Melle MEGE (EF. 46-48), 48 bis, rue Bobillot, 75013 Paris.

V ic e -P r é s id e n ts :

Mme H. BAZIEU (A^ 44-46), Principal du collège “ Les C hatillons” 51100 Reim s. A BONMARTIN (B. 42-44), D irecteur adjoint de l’E.N .N .A ., 64, cours D octeur Long

’ 69003 - LYON.

R. PRU N ET (A î 57-61), 4, rue du 25 A o û t 92340 — BOURG LA REINE.

S e c r é ta ir e g é n é r a l :

G. PO RCHER (B. 53-56), 10, rue du Dr Lancereaux, 75008 Paris.

S e c r é ta ir e s a d jo in ts :

R . CHASSINAT (A | 44-47), 2 rue des Fossés-Saint-M arcel, 75005 Paris. SCHWARTZ (A l 48-50), 3 rue D angon, 6 9 004 Lyon.

I-P. ALARV (Bt 69-72), 2/91 rue F. de Lesseps, 94000 Créteil

J . MAZARS (B î 69-72), 20, H am eau des Echassons 91310 LONG PONT SUR ORG E.

T r é s o r ie r :

M. RESSAYRE (D. 56-59), 4, avenue du Pasteur-M artin-Luther-King, 78230 Le Pecq.

T r é s o r ie r a d j o in t :

M. LASSARAT (B. 58-61), 17, rue de M alnoue, 93160 Noisy-le-Grand. AU TRES MEMBRES DU COMITE :

Melle DUPUY (EF 60-64), Melle PRO UHET (C 41-43), Mme R EV EILLER E (C 49-51), BOISSIER (B 46-48), DE LA FO U CH A RD IERE (B 38-41), G A RN ERO (B 46-48), GA YRARD (A i 56-59), JEA N EA U (A 39-43), MERY (B 56-60), BRAUN (A i 66-70), Mme JO N O N (D 49-51), Mme BERN A RD (EF 46-48), BOSOM (B 55-58).

ADRESSE et COMPTE COURANT POSTAL :

ASSOCIATION AMICALE DES ANCIENS ELEVES E.N.S.E.T. 61, avenue du Président- Wilson, 9 4 2 3 0 Cachan (Val-de-Marne). C.C.P. Paris 5488-99-K

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Collection Université et Technique

U N IV E R S IT É E T T E C H N IQ U E

Pierre SALLES

L'EXPLICATION

D'UN TEXTE

ECONOMIQUE

analyse, résumé et commentaire

d’un texte technique,

applications et sujets d’examens

dunod

3 7 textes d'économ istes retenus pou r des exercices d'appiication.

• Baccalauréat économique • B.T.S., I.U.T.

• Écoles supérieures de commerce • Formation permanente

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SOMMAIRE

• La vie de l 'A m ic a le ... 5

• La vie des Régions... 6

• L'action de la SOMIVAC...

8

• Impressions de M ia m i...

16

• Les recettes de la table Alsacienne...

32

• Vie fa m ilia le ...34

Naissances

Décès

Promotion

• Bibliographie...35

Ce que publient nos c a m a ra d e s ...35

Ouvrages reçus...

38

A travers les r e v u e s ... 44

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NATHAN TECHNIQUE

nouveautés lycées

^ ÉCONOMIE ET ORGANISATION

DE L'ENTREPRISE - Terminale G

B. Martory, Y. Pesqueux, Y. Dupuy

• Élève + T ra vaux dirigés

► LES ABC DU BAC

• ÉCONOMIE ET O R G A N I S A T I O N D E S E N T R E P R I S E S A U BAC G J.L. Charron, J. Favier • L 'ÉPR EUV E DE C O M P T A B I L I T É ^ A U BAC G K ' G. A tgé

^ AU TO M ATIQ UE (Sections E, F, TS)

F. Vasseur, J. Ahetz-Etcheber

T ra ité d 'a u t o m a t i q u e - T e c h n o lo g ie des

a u to m a tis m e s p n e u m a tiq u e s - T e c h n o lo g ie des

a u to m a tis m e s électriques.

^ FABRICATION MÉCANIQUE

J.C. Abril, G. Clisson, D. Marc

T o u te s les in fo rm a tio n s nécessaires à la

c o m p r é h e n s io n du processus de fab rica tio n .

MÉCANIQUE - Thèmes d'études - le F

G. Reynaud, J.L. Thomasson

Les lois de la m é c a n iq u e e xposées e t illustrées par des

m a n ip u la tio n s e t des t h è m e s d 'é tu d e .

V

-FERNAND NATHAN

C o r r e s p o n d a n c e ; 9 , r u e M é c h a i n 7 5 6 7 6 P A R I S C E D E X 1 4

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LA VIE DE L’A M IC A L E

Le bureau s’est réuni le 14 Juin 1980. Le comité s’est réuni le 15 Juin 1980.

Etaient présents au comité ; Mr ALARY, Mr et Mme BAZIEU, Mr GAYRARD, Mme JEANEAU, Mme JONON, Melle MEGE, Mrs PORCHER, PRUNET, REFEUIL, RESSAYRE, Mme REVEILLERE.

Etaient excusés ; Mrs BASQUIN, BONMARTIN, DELAFOUCHARDIERE, Melle PROUHET,Mr SAUVALLE, Mme VILLENEUVE.

Après que fut rappelé le brillant succès du congrès de BASTIA ( Bulletin 132 ), l’essentiel des débats du comité à porté sur les points suivants :

RECO NNAISSANCE D ’UTILITE PUBLIQUE

Le comité prend note des observations du conseil d’état :

L’utilité publique de l’association n’est pas mise en cause. Mais il con­ vient d’effectuer une modification ponctuelle des statuts. Le comité rappelle que Mr Refeuil et Mme Jeaneau ont pouvoir de par l’assemblée générale du 15 Mai 1978 ( Bulletin 125 ) de m ettre les statuts en conformité avec les souhaits exprimés par le conseil d’état.

LA VIE D E L ’E N SE T

Mr MONTEL est nommé directeur de l’ENSET, Mr GAUTHERIN est nom ­ mé sous-directeur.

L A M ED AILLE D E L ’E N SE T

Du fait de nombreuses demandes qui ont fait suite à l’enquète parue dans le bulletin 131 (p. 8) le comité à décidé :

— Une baisse du prix de cette médaille ( s 250 Frs).

— Une prolongation des délais de commande pour un premier tirage. (Décembre 1980).

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La V ie d es Régions

La réunion annuelle de notre groupe régional, organisée par nos camara­ des d’Alès, s’est tenue à SAUVE (Gard) le 22 Juin 1980. Etaient présents : d’Alès : Mr et Mme Auzéby, Mr Drolet, Mr et Mme Rapoutet, Mr et Mme

Sié.

de Bagnols sur Cèze : Mr et Mme Isafer.

de Béziers : Mr et Mme Gouzy, Mr et Mme Vasseur. de Mende : Mr et Mme Minet.

de Montpellier : Mr et Mme Artigues, Mr Belorgeot, Mr et Mme Oger, Mme Tapié.

de Nîmes : Mr et Mme Jans, Mr et Mme Norbert. de Perpignan : Mr et Mme Maury.

de Brades : Mr et Mme Barthel. de Vigan : Mr et Mme Lacrampe.

Le rendez-vous était fixé à SAUVE, petite ville du Gard, au pied des Céven- nes, patrie du fabuliste Florian; beau temps, mais frais et peu ensoleillé. Le programme de la matinée com portait la visite de la ville; elle se fit sous la di­ rection d’un jeune homme du pays, auteur d’une thèse sur l’histoire de sa vil­ le, et très documenté.

L’origine de la ville remonte aux premiers siècles de notre ère, ainsi que l’atteste la présence de l’oppidum de Mus; son histoire est très mouvementée. Sauve ayant participé successivement à la guerre des Albigeois, au côté de ceux- ci et l’ayant payé cher, puis quelques siècles plus tard à de nouvelles luttes reUgieuses, ayant opté pour l’église réformée. Conséquence de ces luttes : la population n’est plus que d’un millier d’habitants, après avoir été dix fois plus nombreuse au Moyen âge; aussi, la moitié de la vüle, la plus ancieime et la plus haute, est-elle en ruines.

Elle est bâtie en bordure du Vidourle, petit fleuve côtier célèbre pour ses “vidourlades” , sur im escarpement rocheux dominé par les ruines du château de Roquevaire. Sous la conduite de notre guide, nous avons parcouru les rues escarpées du vieux Sauve, site classé mais encore en bien mauvais état, exa­ m inant les restes de ses remparts, ses ruelles et ses venelles, ses voûtes, ses portes fortifiées, ses deux hautes tours, son hôtel de la moimaie, son évéché, etc. En redescendant vers la ville nouvelle, nous avons admiré le vieux pont sur le Virdoule et la ‘fontaine de Sauve*, en réalité résurgence très im portante

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du Virdoule. A signaler encore une industrie très originale à Sauve, celle de la fabrication des fourches en bois de micocoulier, arbre du midi de la France; cette fabrication, organisée très tô t sous la forme coopérative, fut très floris­ sante jusqu’à la fabrication des fourches en acier, au siècle dernier; elle est malheureusement m aintenant en voie de disparition.

Après cette visite très intéressante, nous nous retrouvions à l’HosteUerie des Cèdres où nous attendait un excellent menu. Le temps ne se prêtant guè­ re à la promenade, les bavardages et évocations de souvenirs se prolongeaient jusq’à l’heure de la séparation. Tous nos remerciements à nos camarades d’A- lès pour cette bonne journée, et à l’an prochain.

M. NO RBERT (B 25-27)

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L’ACTION DE LA SOMIVAC

Le congrès de Bastia nous a permis d’étudier, entre autres, les problèmes que pose l’agriculture corse et, à travers eUe, l’insularité ; nous avons pu ainsi nous débarasser de quelques idées trop facilement reçues. Le m étropolitain sait-il souvent, par exemple, que plus de 40 000 Corses ont été victimes de la guerre 1914-1918, et qu’une telle saignée suffit pour expliquer l’état d’abandon, encore récemment, d’une grande partie de l’fle ?....

Une société d’économie m ixte, la SOMIVAC, a été chargée, depuis 1957, de l’aménagement régional. Nous avons été accueillis à son siège social à Bastia, le 11 Avril, grâce à Mme Donsimoni. Nous tenons à remercier Mr Leandri, re­ présentant la société, tant pour la gentillesse de son accueil que pour la clarté des réponses qu’ü a bien voulu donner aux nombreuses questions des congres­ sistes, vivement intéressés.

Mr Leandri nous a exposé, documents à l’appui, les problèmes posés par la terre et les hommes en Corse, et les amorces de solutions que la SOMIVAC y apporte. Même si, celles-ci sont parfois contestées par les partisans de l’au­ tonom ie, plus bruyants que nom breux, la mise en valeur agricole de la Corse a inconstestablement démarré.

On trouvera ci-dessous quelques notes sur les points essentiels de l’action de la SOMIVAC.

L’AGRICULTURE CORSE EN 1957 :

Le miheu agricole insulaire en 1957 était le vide presque total. Parmi les spéculations traditionnelles, châtaigniers, oliviers, céréales, etc... se m ainte­ naient à peu près uniquement un élevage pastoral archaïque et un vignoble de coteaux, très réduit par le phylloxéra. Les plaines récemment libérées du palu­ disme et vouées à la sécheresse estivale présentaient une petite activité à pré­ dominance maraîchère aux abords des grands centres et étaient livrées, pour le reste, à quelques cultures en sec mais surtout au maquis, allant du léger à l’im­ pénétrable, périodiquement entamé par les grands incendies à but générale­ m ent pastoral.

Dans ce cadre vivait une population d’environ 160 000 habitants, depuis longtemps marquée par un fort mouvement de migration vers les centres u r­ bains de l’île ou vers l’extérieur de la Corse. On y trouvait peu d’hommes suf­ fisamment jeunes et expérimentés, ayant les moyens de tenter l’aventure d’une agriculture moderne révolutionnaire et à première vue inquiétante.

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Pas d’organismes réellement adaptés pour la form ation professionnelle, peu d’assistance technique et financière. Une très faible connaissance scientifique du milieu agricole, physique (pédologique, climatologique, hydrologique) et encore moins de to u t le domaine économique et commercial. Des réseaux électriques et routiers, des transports inadaptés ; pas d ’organismes de condi­ tionnem ent, transform ation et commercialisation.

Après avoir trouvé un équilibre économique et moral et un régime quasi autarcique, où le travail était pénible et peu rénum érateur, la Corse, depuis la première guerre mondiale, végétait, déjà touchée par l’économie de marché qu’el­ le n’était pas prête à affronter. Nul ne voulait rester ou revenir au travail à la pioche, au labour à l’attelage, au transport animal, mais tous prétendaient à un travail physiquement moins pénible et financièrement capable de leur perm ettre de goûter aux fruits de ce que l’on appelle la civilisation moderne. Pour les troupeaux enfin, l’impossibilité de la transhumance traditionnelle vers la plaine orientale, occupée par la vigne et les agrumes, exigeait de trouver une nour­ riture d’appoint pour la période automne-hiver.

Certes, en Corse, beaucoup d’organismes et de particuliers, depuis des années, demandaient “l’intervention dans l’intérieur” , mais les voies et les moyens de la réahser n’avaient encore aucune forme pratique. Aucun crédit à cette fin n ’exis­ tait dans les financements de la SOVIMAC, fournis à peu près uniquem ent pour les “Grands Aménagements Régionaux” , c’est-à-dire essentiellement grande infrastructure hydraulique.

Celle-ci, à sa création en 1957, ne disposait guère que d’un atout ; la régio- naÜsation, qui perm ettait de décider, en partie dans l’île même, des orientations de l’équipement hydraulique et de la mise en valeur des terres, dans l’intérêt des agriculteurs Corses.

L’EXTENSION DU VIGNOBLE :

2300 hectares crées sur 32 000 au total :

La mission primordiale de la SOVIMAC était l’équipement hydraulique de la plaine orientale. Le but était de promouvoir des cultures modernes irriguées, sus­ ceptibles de produire des fruits et légumes dont une partie devait satisfaire le marché local, le reste étant capable de supporter les charges de l’insularité à l’exportation sur les marchés français et européen.

Avant 1962 la France im portait d’Algérie en moyenne 15 millions d ’hec­ tolitres de vins de consommation courante, de fort degré. D n’était donc pas question dans les programmes agricoles de développer la vigne en Corse.

La plaine orientale, notam m ent, était promise à des cultures irriguées, clas­ siques, telles que des pâturages pour l’élevage ovin et bovin, et des vergers pour les conserveries et les olives de table, ou plus modernes, telles que les clémenti­ nes, les avocats, les fleurs, etc... Mais survint l’arrivée, dès 1959, d’agriculteurs (Corses en général) revenant d ’Afrique du Nord et misant sur l’effondrem ent du vignoble algérien si les viticulteurs français avaient à l’abandonner.

Ensuite, l’indépendance de l’Algérie en 1962 avec l’afflux de rapatriés (en­ viron 17 500 dont 500 familles d’agriculteurs, en prédominance Corses dont on

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estimait à 100 000 le nombre de ceux implantés en Afrique du Nord), les condi­ tions particulières qui leur étaient faites pour aider à leur réinstallation, et le dé­ veloppement immédiat d’un vignoble de plaine là où les réseaux d’irrigation n’étaient pas encore arrivés.

L’Etat pouvait raisonnablement penser que les terres corses à évidente voca­ tion viticole prendraient une petite part de la relève du vignoble algérien qui allait faire défaut à la France et à L’Europe ; (depuis la Corse a produit les meil­ leures années, près de 2 millions d’hectolitres de vin sur les 60 millions de moyenne du vignoble national), il a donc laissé s’installer une spéculation qui, après to u t, était conforme aux possibilités du terroir et aux intérêts généraux du pays.

Les agriculteurs, même bénéficiaires des lots et des interventions sur pro ­ priétés privées (malgré les clauses lim itant la plantation de vigne à 25 % des superficies mises en valeur) étaient heureux d’équilibrer leurs exploitations en plantant en vigne les parcelles de terre médiocres, les meilleures étant réser­ vées aux cultures irriguées.

Les Corses insulaires qui, au départ, ignoraient les techniques nouvelles, l’emploi de la main-d’oeuvre maghrébine com pétente, la manipulation du cré­ dit bancaire, l’im plantation de circuits de transform ation et de commerciali­ sation, suivirent très vite l’élan venu de l’extérieur.

Sur les 32 000 hectares du vignobles corse à son apogée, seuls 2 277 ha furent plantés sur des terrains mis en valeur avec l’aide de la SOMIVAC et ex­ ploités à 63 % par des Corses (52 % Corses insulaires — 11 % Corses rapatriés). Sans condamner ce vignoble moderne de qualité et qui est un des principaux atouts de l’économie agricole corse, même à l’heure de l’extension du Marché Commun, on ne peut que déplorer que les secteurs irrigables n’aient pu être ré­ servés aux cultures irriguées dont les surfaces s’avèrent encore très insuffisantes. L’EQUIPEMENT HYDRAULIQUE :

En ce qui concerne les équipements hydrauliques et l’eau, le lancement d’une agriculture moderne ne pouvait se faire au départ qu’en plaine orientale, où existaient des milliers d’hectares de terres plates et riches, à peu près libres de toute exploitation et travaillables mécaniquement, dans un pays dépourvu de main-d’oeuvre. Mais il était indispensable de fertiliser ces terres, arides une lon­ gue partie de l’année, en apportant de l’eau en quantité suffisante.

Les nappes phréatiques et les cours d’eau s’avérant insuffisamment alimen­ tés en période estivale, au m oment de la plus grande demande d’eau agricole et humaine, les techniciens établirent un vaste programme de barrages, desti­ nés à retenir les eaux d’hiver, et de réseaux pour les distribuer ensuite à le de­ mande.

On sait rarement que l’étroitesse de la Corse et son relief élevé et abrupt n’offrent pas les longues vallées à pente faible qui perm ettent l’im plantation idéale d ’un barrage peu élevé mais susceptible de retenir plusieurs dizaines, voire centaines de millions de mètres-cubes d’eau.

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Le beau barrage de Calacuccia, par exemple (réalisé à frais communs par E.D.F. et la SOVIMAC et dont les eaux , après avoir produit de l’électricité en montagne, alimentent les réseaux de Marana et Casinca jusqu’au district bastiais) avec ses 70 mètres de haut et 240 mètres de long ne retient que 25 millions de mètres-cubes d’eau.

Il a donc fallu envisager, en fonction des secteurs à desservir, plusieurs re­ tenues de types divers appropriés aux sites favorables et aux ressources en eau capable d’en assurer le remplissage des années les plus sèches.

Dès 1960, la SOVIMAC distribuait par gravité une partie des eaux du Fium ’- Orbo. Elle construisait rapidement (pour endiguer si possible l’expansion impré­ vue du vignoble) et m ettait en service en 1963 la réserve de Péri (3 m i l l i o n s de m3) ; en 1964 la station de pompage de Marana-Casinca ; en 1965 les réser­ ves de Teppe-Rosse (3 millions de m3) et Alzitone (6 millions de m3) ; en 1967 la station de pompage de Casaperta au pied d’Autisanti, en 1968 le bar­ rage de Calacuccia (25 millions de m 3) avec E.D.F. et en 1970 le barrage d’A- lesani (12 millions de m 3) .

Ces réserves retiennent 48 millions de m3 d’eau ; les stations de pompage, 700 km de canalisations enterrées, 2 700 bornes de desserte chez l’agriculteur ont permis d ’équiper â l’irrigation 8 000 hectares.

L’expérience des cultures irriguées ayant fait ses preuves en plaine orientale, et le développement résidentiel de la rive sud du golfe d’Ajaccio étant éclatant, la SOVIMAC élabora dès 1970, les schémas d’aménagement hydraulique des principales régions de Corse sous-équipées.

La politique de la SOVIMAC dans le domaine de l’équipement hydraulique de la Corse vise trois objectifs : poursuite des réalisations en plaine Orientale et Rive sud du golfe d’Ajaccio, lancement d’opérations nouvelles visant à satis­ faire des besoins en eau potable et en eau d ’irrigation dans les zones en plein développement, tels le sud-est de la Corse, la Balagne, le Sartenais où le manque d eau constituait un lourd handicap ; et enfin, élaboration de schémas d’aména­ gement hydraulique pour tous les autres secteurs de l’île déficitaires en eau. Les programmes hydrauliques annuels de la Société se sont ainsi traduits par la réalisation sur le terrain de travaux im portants confiés à des entreprises loca­ les. Le rythme actuel est de l’ordre de 70 millions de francs de travaux exécutés chaque annés.

La part im portante consacrée à la Plaine Orientale s’est vue réduite depuis 1974 de 58 à 15 %, pour perm ettre à la société de réaliser des opérations dans de nouveaux périmètres.

24 000 hectares sont aujourd’hui équipés à l’irrigation, dans la Plaine Orien­ tale, où sont stockés 48 millions de m3 d’eau distribués sous pression par près d’un millier de kilomètres de canahsations enterrés. L’eau d’irrigation est livrés à la borne sous pression : peu de pays, même parmi les plus riches, livrent l’eau sous pression au secteur agricole. Le prix de vente de l’eau d’irrigation est très

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au-dessous du prix de revient avec une moyenne de 25 centimes le m3 ; on peut estimer que pour un agrumiculteur, sur 10 000 f de charges annuelles à l’hecta­ re, l’eau d’irrigation représente 500 à 800 F, et elle est livrée nuit et jour, sans interruption, sans limite de volume, et sous une pression minimum garantie.

La SOMFVAC a été absente du débat sur l’énergie en Corse ! C’est une ques­ tion d’échelle : la centrale du Vazzio représente une puissance de l’ordre de 150 mégawatts. La mise en oeuvre de tels projets ne peut-être que l’affaire de l’E.D.F.; si au plan de l’hydraulique des possibilités existent, la SOMIVAC collabore avec elle pour des projets de stockage ou des objectifs complémentaires d’irrigation et d’hydroélectricité. Elle peut intervenir plus directem ent à un niveau plus modes­ te et immédiatement réalisable : celui des microcentrales, et deux sont en cons­ truction sur les grosses canalisations du Golo et du barrage de l’Alesani ; leur puissance totale, de l’ordre de 3 mégawatts, est faible par rapport à la puissance de la centrale du Vazzio, mais cela représente 2 % des besoins actuels de l’île, pour un coût d’investissement global qui n’excédera pas 4 à 5 millions de francs.

LA MISE EN VALEUR DES TERRES ;

Faite essentiellement par des Corses, l’aide apportée par la SOVIMAC a consisté, soit par la créations de lots agricoles, dans les plaines, soit par des “Interventions pour la Renaissance Agricole de la Montagne” (IRAM) à l’in­ térieur, afin de conserver le cadre de vie.

La surface des terres achetées par la SOMIVAC pour la création de lots agri­ coles, essentiellement à la disposition d’agriculteurs dépourvus de terres, s’est élevée en to u t et pour to u t à 1 630 ha. Il est bon de noter que la surface to ta­ le des tenains acquis en toute propriété par des rapatriés et migrants non Corses par l’entremise de la SOMIVAC, s’élève à 381 hactares.

Les 1479 ha loués à bail em phytéotique de 50 ans (dont 20 sont déjà écou­ lés) à des communes ou syndicats de communes leur seront restitués en fin de bail avec le bénéfice de leur totale mise en valeur, plantations, équipements et bâtiments.

Les 101 lots crées sur ces parcelles à partir du maquis, ont été attribués à des agriculteurs dont : 65 d’origine corse (43 Corses insulaires, 22 Corses rapatriés), 36 rapatriés non Corses. Dès 1959 la SOVEMAC accordait par des contrats I.P.P. (Interventions sur Propriétés Privées), les mêmes avantages d’assistance technique et financière aux agriculteurs propriétaires ou locataires de terre.

Déjà en 1974, plus de 5000 hectares, c’est-à-dire beaucoup plus que les lots agricoles, avaient été mis ainsi en valeur au bénéfice de 338 agriculteurs à 80 % corses.

Bien qu’en ayant la possibilité dans le cadre de la concession, la SOMIVAC n’a jamais usé de son droit d’expropriation, ni pour créer des lots, ni pour im­ planter ses ouvrages hydrauhques d ’intérêt général. Toutes les opérations fon­ cières se sont toujours traitées à l’amiable avec les propriétaires.

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LES “INTERVENTIONS POUR LA RENAISSANCE AGRICOLE DE LA MONTAGNE” :

C’est certainement, la partie la plus originale du travail fait par la SOVIMAC à l’intérieur de la Corse, à partir de 1970 essentiellement.

La plupart des éleveurs y avaient à leur disposition des parcours d ’autant plus vastes que les cultures ayant pratiquem ent disparu, les propriétaires n’exercent plus la protection rigoureuse (et parfois vigoureuse) de leurs terrains dont les clôtures n’étaient même pas entretenues.

Sur les vastes surfaces ainsi à la disposition des troupeaux (ovins, bovins, ou caprins) il existait presque toujours soit des fonds de vallées, des bords de ri­ vières, d’anciennes terrasses où une culture d’herbe peut être installée par les moyens modernes de mise en valeur. Les agronomes de la SOMIVAC ont cal­ culé (ce que le paysan savait déjà par expérience d’ailleurs) que 3 ou 4 hecta­ res de luzerne ou de bonne prairie permanente peuvent suffire à passer les m o­ m ents les plus difficiles de l’hiver pour un petit troupeau d’ovins ou de bovins. Le ministère de l’Agriculture, accepta de transgresser, pour ce cas particulier de l’intérieur, les règles ; et donc de subventionner toute mise en valeur supérieure à un hectare, sans appliquer les critères de “rentabilité” , le taux de subvention atteignant 80 % du m ontant des travaux ; les 20 % d’autofinancement pou­ vant être foumis par le bénéficiaire en espèces ou en travail personnel. Sont aussi subventionnées la clôture du terrain ainsi travaillé, et si nécessaire, du che­ min d’accès s’il est d’un coût assez faible ; le souci étant d’éviter to u t endet­ tement des agriculteurs.

De même, sont également subventionnés de petits bâtiments à usage unique­ ment agricole, pour la protection des animaux et du fourrage. Le ministère a admis peu à peu le bien fondé de la politique de la SOMIVAC, et cette réo­ rientation s’est dons accompagnée de nouvelles ouvertures de crédits métro- poUtains, sous les habituels contrôles locaux et parisiens...

Pour la SOMIVAC, la productivité, raison principale de l’agriculture de plai­ ne, jouait un rôle beaucoup plus restreint dans les objectifs poursuivis en montagne. Ceux-ci visent surtout à maintenir sur place une population rurale suf­ fisante, et à empêcher l’occupation par le maquis de toutes les terres autrefois cultivées, jusqu’à menacer les villages eux-mêmes. Par principe, eUe n’a con­ seillé le démaquisage que sur des surfaces planes ou à faible pente où pouvaient être installées de petites prairies suivant les seules méthodes de travail du sol actuellement éprouvées. Ces travaux doivent apporter à l’exploitation le com­ plément de nourriture dont le troupeau a besoin. Les surfaces ainsi concernées peuvent varier de 1 à 7 ha et la pratique a m ontré que la moyenne oscille entre 4 et 5 ha.

Mais les éleveurs, et encore plus les femmes d’éleveurs, ne veulent plus travail­ ler dans les conditions d ’autrefois. Tous cherchent à se sédentariser er à béné­ ficier d’un revenu régulier et comparable à celui d ’autres catégories d’actifs. Il leur est nécessaire en conséquence de mener de plus près des troupeaux plus nombreux ou plus productifs par tête que ceux d’autrefois, avec recours de plus en plus au tracteur et à la machine à traire.

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CONCLUSION :

Pour parvenir à la mise en valeur des terres, il a fallu établir des études préci­ ses et indispensables. Il a fallu connaître le milieu géographique, physique et hu­ main ; voir d ’une part ce que l’on pouvait produire en Corse et, d’autre part, savoir si cette production serait commerciahsable sur le marché européen en dé­ gageant un bénéfice pour le producteur insulaire. Il a fallu expérimenter les ré­ sultats de ces études avant de les m ettre en application sur le terrain. Donc, il a fallu créer des stations de recherches, telles que : celle d ’agrumiculture de San Giuliano, celle d’irrigation de Migliacciaro, celle d’élevage d’Altiani, qui sont au­ tan t d’instruments de haute qualité.

Mais ces dispositions seraient sans grand effet si la SOMIVAC n’était allée au devant des agriculteurs pour les inform er et les suivre quotidiennem ent dans leurs efforts. La Corse de l’intérieur a été divisée en quatre secteurs avec chacun un ingénieur d ’agronomie au centre principal, et un adjoint installé en un autre point aussi judicieusement choisi que possible ; depuis bientôt quatre ans, des agents sont installés à Corte, Venaco, Ajaccio, Cargèse, Sartène, Porto-Vecchio, Bastia, Calenzana. Plus une division de quatre agents chargés des constructions et une section administrative de deux agents au siège social à Bastia.

Avec plus de 200 agents, la SOMIVAC est une des plus importantes entre­ prises de l’île, elle n’est en fait que modeste par rapport aux entreprises conti­ nentales et aux autres Sociétés d’Aménagement Régional ; la Compagnie du Bas-Rhône, par exemple, compte plus de six cents agents, ou la Société du Ca­ nal de Provence, plus de 500 personnes.

Eu égard aux immenses besoins de l’île en 1957 pour rattraper son retard, la mission de la Société d’Aménagement Régional est forcément très étendue : recherches, études, expérimentations, grands équipements hydrauliques, gestion, mise en valeur, assistance technique et commerciale, etc....

En 22 années l’E tat a investi par l’entreprise de la SOMIVAC 60 mühards de centimes ; 50 ont servi l’intérêt général dans toute l’île pour les équipements hydrauhques, les études, les expérimentations ; 10 mühards de centimes au bé­ néfice des particuhers, agriculteurs et éleveurs, ont permis de m ettre en valeur 14 000 ha et de construire 700 bâtim ents d’exploitation. La SOMIVAC chargée d’une mission de rattrapage -économique dans la région Corse, s’est donnée peu à peu les moyens de ses objectifs ; même si ceux-ci sont parfois contestés, et n’ont pas toujours été atteints —plus en raison de la conjoncture économique générale que des circonstances régionales— Ü n’en ont pas moins participé puissamment au “décoUage” de l’agriculture corse.

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La preuve en est que la SOMIVAC est chargée de missions d ’assistance pour le développement agricole, non seulement dans les Etats africains, mais aussi bien dans la vallée du Danube....

G. BAZIEU (E F 4 3 4 5 )

PRINCIPALES SOURCES :

* D ocum entations fournies par la SOMIVAC, et en p articulier : — Bulletins d ’in form ations de la SOMIVAC

— La SOMIVAC 57-78 ; 21 ans de mise en valeur agricole de la Corse — “ La SOMIVAC cette m al aim ée” Revue d ’in fo rm atio n O ctobre 1979

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IMPRESSIONS de MIAMI

Devant participer à un congrès, j ’ai eu la chance inespérée de pouvoir effec­ tuer récemment un voyage à Miami, malheureusement un peu trop court pour me perm ettre d’avoir une bonne vue d ’ensemble de cette vüle. Cependant les huit jours que j ’y ai passés ont produit sur moi un choc violent et plus profond que celui que j ’avais ressenti, il y a fort longtemps, en découvrant Venise. On a beau préparer son voyage avec m inutie, Üre une abondante docum entation sur la Floride, plus modeste d’ailleurs et moins accrocheuse que celles qui vantent les circuits touristiques classiques d’Europe ou d’Orient, étudier attentivem ent des photos qui ne renvoient jamais au spectateur qu’une information appau­ vrie et aussi éloignée de la réahté qu’un spectre de diffraction l’est de la struc­ ture atomique qu’il prétend analyser, donc construire une m aquette mentale de ce que l’on imagine et espère voir, on reste ahuri et hébété par des sites ab­ solument extraordinaires, finalement fort peu, et volontairement sans doute, connus dans le monde.

Bien qu’ayant en poche un billet délivré par Air France, je partis d’Orly sur un D.C. 10 des National Air Lines, un avion bruyant au confort assez relatif, heureusement aux trois quarts vide à cause de la grève finissante des aiguil­ leurs du ciel. J ’avais choisi une place vers un hublot, près du bord d’attaque de l’aüe.

En cette journée du huit décembre 1979, Paris languissait dans un brouil­ lard épais ; cependant, dès le décollage vers treize heures, nous retrouvâmes le soleil en altitude, circonstance qui me permit d’observer un phénomène as­ tronom ique to u t à fait simple et banal quand il est décrit dans les livres, mais assez surprenant quand on le rencontre pour la première fois : vers quatorze heures, le soleil se trouvait dans l’axe de mon hublot et il ne tourna pas plus de dix degrés pendant au moins neuf heures. Il se trouvait, par hasard, que le temps était complètement dégagé au-dessus de l’Atlantique ; seules quelques nappes de nuages diaphanes étaient prises en sandwich entre l’indigo du ciel et le cyan de l’Océan. Ce n’est qu’à l’approche des côtes américaines que cette course au soleil cessa, puisque ce jour-là, il pleuvait sur Miami.

Le vol dura dix heures, agrémenté des classiques repas et de la projection d’un film violemment coloré, mais aussi insipide qu’un café américain, dont la vision était gratuite mais dont le son, à cause de la location d’écouteurs indi­ viduels, valait deux dollars. Je soupçonne d’ailleurs que cet argent doit alimen­ ter la caisse noire des hôtesses.

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Cependant quelques zones de perturbations venaient rappeler aux voyageurs la réalité de la physique de l’atmosphère et des systèmes oscillatoires. Par m o­ ments, je voyais nettem ent l’extrém ité de la demi-aile de l’avion, longue d’en­ viron vingt mètres, animée de vibrations de flexion, mais aussi de torsion, de plus de vingt centimètres d’amplitude, couplées à des vibrations longitudinales de la carlingue parfaitement perceptibles. Cela me remémora un chapitre de Bruhat, aussi célèbre qu’hermétique intitulé : calcul de la flèche de la poutre fléchie.

Avant l’atterrissage, on nous fit remplir des documents d’immigration où il -était spécifié qu’il était interdit d’im porter aux USA to u t animal vivant ou plante ou viande ou nourriture renfermant de la viande ou des protéines (pas question d’im porter un Camembert ! ) ; à tel point, qu’ayant sur moi un pa­ quet de biscuits, je le laissai dans l’avion et je crois que je fus fort bien avisé ainsi. Je rappellerai, en passant, que lors de la demande de visa, on remplit également des papiers où l’on certifie, n ’être pas communiste ni appartenir à une organisation subversive, ce qui permet de se voir apposer un très beau ca­ chet multicolore sur le passeport.

Nous atterîm es à Miami vers 17 heures et l’on nous annonça que nous ne pourrions pas sortir de l’avion immédiatement, parce que le dédouanement d’un avion venant de Londres n’était pas achevé. L’attente prévue était d’un quart d’heure ; mais sans que l’on voulût nous donner quelques explications supplémentaires, elle se prolongea pendant une heure. Ce laps de temps pa­ raît très long et inquiétant lorsque l’on est enfermé dans une enceinte com ­ plètement close sans aucune communication possible avec l’extérieur. On se de­ mande alors ce que peuvent ressentir des otages enfermés dans un avion pen­ dant des journées entières, sans climatisation et sans possibilité de bouger. Enfin, l’on nous autorisa à descendre et nous entrâmes dans la zone de dé­ douanement où des poHciers lents, méticuleux et très soupçonneux firent m et­ tre les voyageurs, français pour la plupart, en deux files. Ces fonctionnaires se tenaient devant un portillon à peu de distance duquel était tracée une ligne jaune matérialisant l’entrée du sol américain, dont le franchissement était pro­ visoirement interdit. Certains de mes compatriotes indisciplinés qui s’asseyaient sur cette ligne se faisaient rappeler à l’ordre. De même, les voyageurs dont les pa­ piers étaient mal ou incomplètement remplis étaient renvoyés à la queue et de­ vaient recommencer le pensum. On n’entre plus aux States comme en France ou en Grande-Bretagne. Les formaUtés pour chaque immigrant durent environ cinq minutes pendant lesquelles on tamponne une demi-douzaine de papiers, on tourne votre passeport dans tous les sens et l’on vous toise effrontém ent comme si vous étiez, a priori, considéré comme un terroriste en puissance.

Contrairement à ce qui se passe en Angleterre, les signalisations ne sont pas exclusivement en anglais, mais aussi en allemand, en français et en espagnol.

Ainsi, au bgut d’une autre borme heure d’attente m ’autorisa-t-on à entrer aux Etats-Unis. Je passai ensuite à la douane des bagages, puis il me fallut par­ courir à pied cinq cents mètres de couloir, sans tapis roulant, à la recherche de ma valise. Après une bonne demi-heure, elle arriva enfin sur un plateau tournant. Puis il fallut encore repasser la douane des valises. Là, contrairem ent à ce qui se

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passe dans d ’autres aérodromes internationaux, on ne put pas sortir directem ent de l’aérogare ; les valises filèrent de nouveau sur un tapis roulant et les passa­ gers em pruntèrent encore à pied cinq cents mètres de couloirs. Nouvelle attente pour récupérer la valise. Enfin à l’ultime porte, une dame peu gracieuse ne lais­ sait passer les voyageurs que contre remise d’un ticket spécial reçu à l’em barque­ m ent à Paris. Bref, je sortis de la gare à plus de vingt heures. Il faisait nuit, mais les abords du site étaient tellement éclairés par de puissantes lampes au sodium qu’on y voyait comme en plein jour.

Je me rendis à mon hôtel, le Hilton Fontainebleau, dans un petit car qui ne partit qu’une fois fait le plein de voyageurs et qui était conduit par un chauffeur au teint basané portant une barbe à la Fidel Castro et parlant plus volontiers l’espagnol que l’anglais. Arrivé à l’hôtel, le chauffeur me fit comprendre qu’il voulait un pourboire. C’est l’un des rares pourboires que j ’aie donné en huit jours. A l’hôtel, l’un des portiers habillé d’une tenue kaîd avec un casque colo­ nial me dirigea vers la réception où l’on me confirma que ma chambre était re­ tenue mais où l’on me demanda aussitôt si j ’avais une carte de crédit. Comme je ne possédais pas cet instrum ent, ni en Amérique, ni même en France, on m ’in­ vita à payer d’avance le prix total de m on séjour. J ’ai appris depuis que tout américain honorable possède une carte de crédit et qu’il est assez mal vu de n’en point avoir.

Je portai moi-même ma vaHse à ma chanbre sise au onzième étage. Ma première surprise fut l’immensité de la dite chambre. C’était une pièce d’au moins trente-cinq mètres carrés avec salle de bain complète et penderie séparées, le to u t occupant facilement la surface d’un F3 à Paris. La porte était fermée par une serrure de sécurité avec une chaîne qu’il ne fallait absolument pas oublier de m ettre pour assurer sa sûreté, qui perm ettait d’entrouvrir la porte en cas de visi­ te inopinée et de s’assurer de l’identité de l’interlocuteur. Tout cela, je l’avais lu dans un guide des USA qu’on m ’avait fourni au consulat de Lyon, mais ici c’était mis en pratique.

L’inventaire des Ueux est le suivant : un lit à trois places en bois exotique avec trois oreillers (pour Monsieur, Madame et bébé, je suppose, bien que d’autres combinaisons à la Feydeau puissent venir à l’esprit), une table de nuit, une grande commode, quatre lampes à pied, deux fauteuils, deux reproductions de Dufy au m ur, un poste de télévision en couleurs avec sept chaînes dont une entièrement en espagnol, enfin un téléphone avec deux énormes annuaires et le mode d’emploi perm ettant de téléphoner directement en France (prix de la communication de trois minutes : huit dollars). Pour to u t cela, je payai la m o­ deste somme de $ 42 par jour soit 176 fr. C’est à peine le double de ce coûte à Paris la chambre la plus minable.

Dans un coin de la salle de bain, une petite étiquette conseillait : “Help us conserve your energy. Please turn o ff lights and television when leaving room ” . Fn voyant cet avis, ma première réaction fut de sourire de cet hum our améri­ cain car l’hôtel était entièrement climatisé avec impossibilité d’ouvrir les fenê­ tres qui étaient d ’immenses baies occupant to u t un côté de la pièce. La consom­ m ation des lampes et même de la télé devaient être négligeables par rapport au

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coût énergétique de la climatisation qui me semblait absolument inutile. Je n’allai pas tarder à changer d’opinion sur ce dernier point.

J ’étais arrivé un semedi soir et je profitai du lendemain pour visiter les lieux et un peu la ville. L’hôtel Hilton de Miami est formé de trois corps de bâtiments de quinze étages séparés, d’un côté, par une aire de service : immense hall d’accueil, salles de conférences, salles de bal, restaurants de toutes catégories, dancing, au rez-de-chaussée et galerie marchande au sous-sol ; de l’autre, par un immense jardin tropical avec cocotiers et palmiers, piscine d’agrément et cascade artificielle (avec un bar sous les rochers de la cascade), courts de ten ­ nis, piscine olympique, aire de bronzage avec chaises longues, bars exotiques et rôtisserie. Cet énorme complexe comprend mille deux cents chambres. Ce n ’est pas le plus grand hôtel du monde (il y a bigger à New-York et à Chicago), mais certainement l’un des plus grands et il n ’y a aucun équivalent en Europe. Chaque bâtim ent est desservi par une douzaine d’ascenseurs (appelés elevators là-bas) conduits par des liftiers et plus souvent par des Hftières qui explorent sys­ tém atiquem ent les étages jusqu’à ce que la cabine soit pleine. Si bien, qu’à moins de chercher un escaher difficile à trouver (si tant est qu’il en existe), l’attente peut se prolonger pendant d’assez longues minutes. Les Américains sont des gens méticuleux et sérieux, donc ils ne sont pas pressés ; seuls quel­ ques latino-européens attardés ou des japonais manifestent des signes d’im pa­ tience.

Ce qui m ’a frappé, c’est le personnel très nombreux où toutes les races sont mélangées : il y a beaucoup de noirs, mais aussi des métis et des sud-américains. Les hôtesses d’accueil parlent plusieurs langues, mais il n ’y en avaient apparem­ ment que deux qui s’exprimaient en français : elles étaient de nationalité belge. Au bas des ascenseurs du hall d’entrée se trouve une plaque de cuivre dédi­ cacée par le sénateur-maire de Fontainebleau, ville marraine de l’hôtel et les por­ traits de Hilton Sr (m ort en 79 à un âge des plus avancés) et de Hilton Jr, grand patron de la chaîne d’hôtels portant son nom.

Les noms des salles de réunion sont français pour la plupart : Jade Promenade, Grand Gallerie, Salon Fontaine, Salon Fleur de Lis, salon La Ronde, French Stage, salles Pasteur, Voltaire et La Fayette. La plus grande de ces salles mesure 60 X 49 X 6,70m et peut contenir cinq mille personnes. Pendant to u t le temps que je résidais à l’hôtel, plusieurs congrès se déroulaient en parallèle. Les décorations des halls s’inspiraient, en général, de celles de châteaux français : elles sont toutes de marbre brun, donc luxueuses, mais d’un luxe plus fonction - nel que raffiné et sans trop de fioritures. Il est vrai qu’en Europe le m ot luxe sous-entend souvent une profusion et une opulence excessives, à l’échelle h u ­ maine, alors qu’ici, on se trouve dans un ensemble architectural tellement écra­ sant que le luxe apparaît presque comme une nécessité et un élément rassurant ; imagine-t-on ces bâtiments démesurés meublés médiocrement et décorés d’élé - ments de basse quaUté : ils seraient aussi m onotones et laids que certains ensem­ bles d’HLM des banlieues parisiennes ou lyonnaises.

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Quels sont donc les gens qui circulent dans de tels hôtels ? Quelquefois des personnes à qui l’on a payé le billet d’avion (mais pas forcément les frais de sé­ jour), mais surtout des touristes américains venant du nord ou de canadiens, mais aussi des sud-américains très distingués et probablement alors très riches, to u t un monde grouülant, haut en couleurs où se côtoient des dames en robes du soir made in Paris, des filles en jeans effrangés ou en bikini ; des petits retraités be­ donnants vêtus de tee-shirts à poster, de bermudas ridicules et coiffés de l’in­ vraisemblable calot bleu et blanc de la marine américaine et des tennismen de deux mètres com m entant leur dernier set ; des Hollandais et des Allemands voyageant en tours organisés, des ressortissants du Proche-Orient aux épouses plantureuses, couvertes d’or et des Japonais austères et affairés ; les mille deux cents chambres et suites ne sont pas toutes occupées par des milliardaires.

Tout cela se mêle, en gardant cependant ses distances, sans aucune gêne ni affectation. La surveillance de l’hôtel est effectuée par des vigiles coiffés d’un grand chapeau bleu à large bord et armés de talkies-walkies, que l’on rencontre un peu partout et même à la plage.

Ce dimanche matin donc, je commençais par déjeuner au restaurant du sous- sol appelé “Chez Boum-Boum” , vaste salle blanche et verte où l’on pouvait s’asseoir qu’après y avoir été invité par une hôtesse portant son prénom sur un badge. Le déjeûner type, qui me suffisait amplement, comprenait une grande tas­ se de café (le café assez fade et corsé coule à flots), des petits pains variés sucrés ou salés en quantité non limitée, deux oeufs sur le plat, du beurre, de la confiture et deux microscopiques cartons de lait de deux centilitres chacun, le to u t pour $ 3,78 soit environ 16 F (dans un hôtel de luxe ! ). On pourra com ­ parer au petit déjeûner que j ’ai pris à m on retour, le matin à Orly, et que je dé­ crirai plus loin.

Je décidai, après de prendre un peu l’air et de visiter les jardins de l’hôtel. En sortant, je fus surpris par la tem pérature et la m oiteur de l’air. Le temps était couvert, un vent chaud soufflait de l’Océan, il faisait 25 ° et l’humidité re­ lative était d’au moins 80 %. Je me souvins alors que l’on était en hiver, à la sai­ son sèche et je m ’imaginais quelle devait être la situation en été où la tem péra­ ture atteint 30 ° et où les orages tropicaux ou les ouragans se déchaînent fré­ quemment. Plusieurs personnes ayant séjourné à Miami en été, m ’ont confirmé que le climat était très pénible, par conséquent, la climatisation apparaît comme une nécessité, presque to u t au long de l’année, si l’on veut maintenir une activi­ té de pays industrialisé et non une activité africaine.

L’hôtel est situé sur une langue de terre formée probablement de récifs cora- liens, d’une vingtaine de kilomètres de longueur appelée Collins Avenue, bordée d’un côté par l’Océan dont la couleur est la même qu’en Bretagne (vert foncé ou gris mais non bleu), de l’autre par un chenal maritime appelé Indian Creek, aussi large que le Rhône. Les plages, vraisemblablement artificielles, mais immenses, sont de sable blanc. EUes sont toutes privées, dépendant des établissements qui les bordent, donc très propres. Ce qui frappe, c’est q u ’eUes sont désertes, han­ tées seulement par quelques amateurs de planche à voüe. Ici, on ne se baigne

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qu’en piscine. Je suppose que, dans cette région du globe, où le Gulf-Stream prend naissance, les courants côtiers doivent être assez violents et certaines pla­ ges effectivement dangereuses. D’ailleurs un écriteau indique que l’on s’y bai­ gne à ses risques et périls.

Je décidai ensuite de me prom ener dans CoUins Avenue, artère aussi large que les Champs-Elysées où la circulation est peu dense aux heures de pointe et où aucune voiture ne stationne. Les nombreux feux de circulation sont sus­ pendus à des câbles franchissant la rue. Cette disposition offre probablement moins de prise au vent des ouragans que nos habituels poteaux.

Ce qui m ’étonnai d’abord c’est qu’en ce dimanche matin (9 décembre), j ’étais presque tout seul dans cette immense artère bordée de plus de trois cents hôtels tout blancs, de quinze à vingt étages dont le plus petit a plus de cent chambres. La num érotation des bâtim ents se fait par blocs discontinus, chaque bloc renfermant un grand nombre de numéros sans que l’on sache bien à quoi ils peuvent correspondre et cet ensemble de nombres va de 1 à plus de 20 000. J ’appris par la suite, qu’il était déconseillé de se promener to u t seul dans les rues. Tout le monde circule en auto et ne prennent le bus que les noirs, les immigrés, les vieilles personnes et les gens fauchés. Si les arrêts de bus sont indiqués, par contre les numéros et des destinations des dif­ férentes hgnes demeurent presque confidentiels. Ce n’est qu’au service d’ac­ cueil de l’hôtel qu’on a pu me renseigner efficacement car il n ’existe pas de plan de transports en commun ; de même, il n’existe aucun de ces édicules publics bien décrits dans Clochemerle ; on n’utilise ici que les commodités privées des hôtels, des magasins, des bars, bref to u t à l’opposé de l’Angleter­ re où elles foisonnent. D’ailleurs, pourquoi vouloir sortir du lieu où l’on a élu domicile alors que c’est un monde fermé avec ses restaurants, ses boutiques, ses lieux de plaisirs et tout ce dont a besoin un homme civilisé possédant suf­ fisamment d’argent ?

J ’ai donc rem onté cette avenue splendide pendant près de deux heures, sous un ciel un peu gris. Une brise agréable agitait les palmiers et les cocotiers dont quelques-uns avaient été cassés par les récents cyclones David et Frédéric. Mais plus j ’allais, plus j ’éprouvai un sentiment de lassitude et d’opression. J ’étais to u t seul et aux buildings blancs succédaient interminablement d’autres buil­ dings blancs, tous portant des noms français, italiens ou espagnols. Imaginez un instant les Champs-Elysées se prolongeant jusqu’à Versailles ; on ne les trouve­ rait certainement plus aussi beaux, car le gigantisme dilue la beauté et émousse la sensibilité des regards. Au bout de quelques kilomètres, je renonçai à poursui­ vre ma promenade : je n ’avais visité qu’une petite partie de cette avenue et je compris qu’il était to u t à fait illusoire de vouloir connaître la ville de cette ma­ nière. Mon second sujet d’étonnem ent était l’absence de toute odeur. Miami- Beach et même Miami, villes associées dont je parlerai plus loin, sont entiè­ rement aseptisées. Je n’y ai vu aucun m oustique, aucun papier ne traîne dans la rue, aucune trace de pollution n ’est apparemment visible (je ne prétends pas que les antiseptiques, pesticides et déodorants ne soient pas polluants). Bref, nous sommes sous les tropiques, mais des tropiques de très haut standing.

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Ecrasé par la démesure des lieux, je rentrai à l’hôtel pour m ’y reposer et dé­ jeuner.

Contrairement à quelques idées reçues, la cuisine américaine et surtout his­ pano-américaine est très différente de la cuisine anglaise. Les plats sont copieux car les Américains sont de gros mangeurs et les prix nettem ent moins élevés qu’en France à qualité égale ou supérieure.

Voici quelques exemples de menus pris à l’hôtel :

Lunch : - poulet à l’ananas (moitié d’ananas rempli d’une farce au poulet avec une grosse grappe de raisin, une tom ate verte, quelques asperges, de l’orange et des amandes) ;

- un pamplemousse mûri sur l’arbre ; - un jus d’ananas ;

- un verre d’eau glacée (pain + verre d’eau glacée + beurre gratuit) ; prix ; $ 7,95 = 3 3 ,4 0 F.

D îner : - Océan Front Mangrove Snapper Chowder = consommé (Snapper) mangrove ;

- Omelette Caruso (omelette + frites + un rognon de veau -I- une tran­ che de pamplemousse 4- une tranche de pastèque + une tranche d’orange) ;

- Un verre d’eau glacée ; Prix : $ 6,25 = 26,25 F.

(Essayez donc, n ’importe où en France, d’obtenir un potage, un rognon sauté et une omelette à ce prix-là ! ).

D îner : - salade de fruits (extrêm em ent copieuse) comprenant melon,

raisin, pamplemousse, ananas frais (au goût beaucoup plus fui que celui en boîte) ;

- crème glacée (avec fraises fraîches) ; - un jus de papaye ;

- un verre d’eau glacée ; prix : $ 7,63 = 32,00 F.

Il me faut m aintenant décrire la situation de Miami (prononcer Maïamé, m ot d’origine indienne signifiant source). Cet ensemble urbain de près de deux mil­ lions d ’habitants se trouve situé à 80° de longitude ouest et 26° de latitude nord, donc tout près du tropique, (le tropique passe à la Havane) et à 7400 km de Paris. Il couvre une superficie probablement égale à celle du départem ent du Rhône et se trouve à l’extrémité sud-est de la Floride. L’Etat de Floride a une superficie de 150 000 km2 environ dont la moitié est faite de forêts et de maré­ cages. C’est une presqu’île prolongée par une très longue langue de terre au nord-ouest. La presqu’île elle-même a environ 80 km de longueur et 200 km dans sa plus grande largeur. L’altitude ne dépasse jamais 50 m : d’ailleurs toute la moitié sud est strictement au niveau de la mer. Le climat est subtropical avec une saison sèche, l’hiver, et une saison pluvieuse, l’été. Si la tem pérature

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esti-vale ne dépasse pas 30°, elle descend rarement au-dessous de 20° en hiver, sauf quelques jours, en janvier, où il peut geler, dans le centre et le nord de la Floride. Ces gelées, assez rares, causent alors d ’im portants dégâts aux cultures d’agrumes, qui avec l’exploitation de gisements de phosphates, constituent la principale richesse de l’état.

La ville de Miami a été conquise sur des marais dont il reste le parc national des Everglades à l’ouest. Elle est séparée de la ville résidentielle de Miami-Beach par un bras de mer franchi par une demi-douzaine de chaussées à six ou dix voies construites sur les innombrables îles existantes, reliées par des ponts dont certains sont plus longs que celui d ’Oléron.

Miami-Beach est formé d ’un grand nombre d’îles coraUiennes, toutes bâties surtout de maisons individuelles basses, de style vaguement colonial, entourées de splendides jardins tropicaux. Ces villas ont souvent les dimensions d’un petit château de France et ne sont pas isolées les unes des autres, ni entourées d ’une clôture. Certaines possèdent un débarcadère, car ici, la mer est partout.

Miami est l’un des principaux ports de voyageurs du monde et vit surtout du tourisme et des nombreux congrès qui s’y tiennent to u t au long de l’année. Les deux tiers de la population sont formés d’immigrés récents, en particulier, de Porto-Ricains, d ’Espagnols, d’italiens, de Mexicains et de plus de 500 000 Cu­ bains. Inutile de préciser que to u t le monde parle l’espagnol, plus facilement que l’américain, aussi bien dans le bus que dans les magasins ou dans la rue. De ce fait, je n’ai pas eu beaucoup de difficultés de langue. L’américain des Miamiens est facile à comprendre, tout comme l’anglais de toute personne qui n ’est pas anglaise, ni américaine de naissance.

La ville possède une université récente qui essaie de se faire connaître et qui semble être aux mains des Turcs. D’ailleurs, le chairman du congrès auquel j assistai était turc ainsi que Mrs Bayazitoglu, la chairwoman de la session où je fis un exposé (en anglais, avec l’accent alsacien ! ). De ce congrès où chacun ve­ nait surtout pour exposer sa petite affaire plutôt que pour écouter celle des au- tres, je ne dirai pas plus. Par contre, je décrirai plus longuement le banquet de clôture que j ai trouvé assez pittoresque. Le prix du banquet était compris dans les frais de congrès ($ 185 ; il faut rappeler que la participation à ces sortes de réunion, même en France, n’est plus gratuite), mais que le prix du cocktail de bienvenue qui valait $ 2, aussi bien pour un jus de fruit que pour un scotch, ne l’était pas.

Ce banquet se tint dans l’une des immenses salles de l’hôtel. La demi-douzai­ ne de Français qui se trouvait là s’était évidemment rassemblée et essaya d’établir le contact avec un attaché de 1 ambassade de France, venu de Washington, com­ me cela doit se faire traditionnellement. Nous nous présentâmes à l’attaché, vé­ ritable figure de mode extraite de Lui ou de Play-Boy et habillé par Cardin, qui nous souhaita la bienvenue d’un air distrait élégamment ennuyé et retourna ra­ pidement à ses affaires : bien qu’U fût attaché scientifique, la présence d’uni­ versitaires et d’ingénieurs français lui était à peu près indifférente.

Le banquet se tin t par petites tables de onze personnes. Les six français a- vaient invité un espagnol, un italien, un canadien et une canadienne

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anglopho-nés et une péruvienne d ’une exubérance volcanique. Les conversations se fi­ rent en anglais, français et espagnol et ce fut extrêm em ent sympathique.

Le dîner ne me laisse pas un souvenir impérissable. Je me souviens seule­ m ent d’une pièce de boeuf rôtie sur une tranche de pamplemousse et d’un des­ sert douceâtre et chocolaté dont la consistance rappelait un peu le caoutchouc ou la pâte de guimauve. On nous servit une unique bouteüle de 75 cl d’un ex­ cellent vin de Californie (à partager en onze !). A la fin du repas, le chairman du congrès introduisit un de ses amis de Houston qui fit un petit discours ; lui- même introduisit un autre ami qui y alla aussi de son laïus, puis un autre qui, enfin, réintroduisit le chairman. Ce manège dura un quart d’heure, chaque ora­ teur applaudissant le précédent et s’applaudissant lui-même.

Nous eûmes enfin droit au plat de résistance : on nous présenta un repré­ sentatif de Washington, l’honorable Mike Me Cormack, qui, pendant une heure fit un discours interminable et filandreux où il était question d’énergies nou­ velles, d’ayatollah, d’otages, de pétrole, le tout entrecoupé de bons m ots qui provoquaient les rires de l’assistance, mais dont je ne pouvais malheureuse­ m ent pas apprécier to u t le sel à cause de m on insuffisante connaissance de l’américain, et de couplets patriotiques longuement et vigoureusement applau­ dis. Je soupçonne l’auteur d’être un agent électoral du Président et l’universi­ té de Miami d’en attendre quelques subsides : to u t comme le Sport, la Science n ’est ni apohtique, ni désintéressée.

* * *

D me reste à décrire deux excusions absolument inoubliables que j ’ai faites les jours suivants : l’une au parc national des Everglades, l’autre à un centre d’achats de la ville.

Avant mon arrivée à Miami, je m ’étais fixé trois promenades touristiques : la visite de la ville, celle des marais, celle de Cap Canaveral distant de 250 km. Cette dernière visite n’avait Heu qu’une fois par semaine, le lundi et le seul lundi dont j ’aie pu disposer était occupé en entier par le congrès ; il m ’avait donc faUu y renoncer.

A l’est de Miami s’étend un immense marécage grand comme deux dépar­ tem ents français dont une partie est érigée en parc national : ce sont les Ever­ glades, déformation probable des m ots River glades. D’après le Harrap’s, le m ot ^ ad e désigne une clairière, une éclaircie dans une forêt. J ’ignore si c’est l’acception exacte que lui donnent les Américains.

Je partis donc en bus, en compagnie de deux compatriotes vers 9h30. Le bus était climatisé et rempU surtout d’Américains ; le chauffeur était un métis. Nous traversâmes la ville de bout en bout pendant près d’une heure, puis nous abordâmes la campagne formée de paysages variés, tan tô t des champs de pam- plemoussiers et d’orangers, tan tô t des marais de roseaux entrecoupés de canaux de drainage ou de vastes surfaces couvertes d’une végétation luxuriante, le chauf­ feur nous expliqua que ces lieux comprenaient des réserves d’indiens Séminoles, premiers occupants des Caraïbes, qu’en principe on ne visitait pas. Il nous dit

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