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Anomalies climatiques et considérations eschatologiques dans A Godly and Fruitful Sermon Preached at Grantham, Anno. dom. 1592 de Francis Trigge

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Anomalies climatiques et considérations eschatologiques

dans A Godly and Fruitful Sermon Preached at

Grantham, Anno. dom. 1592 de Francis Trigge

Monique Vénuat

To cite this version:

Monique Vénuat. Anomalies climatiques et considérations eschatologiques dans A Godly and Fruitful Sermon Preached at Grantham, Anno. dom. 1592 de Francis Trigge. Presses Universitaires Blaise Pascal. Ecrire la catastrophe. L’Angleterre à l’épreuve des éléments (XVIe-XVIIIe siècle), 2019, 978-2-84516-888-6. �hal-03233909�

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Chapitre 2

Anomalies climatiques et considérations eschatologiques dans A Godly and Fruitful Sermon

Preached at Grantham, Anno. Dom. 1592 (1595) de Francis Trigge

Monique Vénuat – Université Clermont Auvergne

Les signes annonciateurs du dernier jour (et comment une imagination excitée par des pressentiments importants manquerait-elle de signes et de miracles ?) sont tous du genre terrifiant. Certains les reconnaissent dans le triomphe de l’injustice, dans l’oppression des pauvres sous la débauche insolente des riches et dans la disparition générale de la loyauté et de la confiance ; ou encore dans les guerres sanglantes déchaînées à tous les coins du monde, etc., bref, dans la dissolution morale et la montée rapide de tous les vices avec leur cortège de calamités, choses inconnues, à ce qu’il leur semble, des époques précédentes. D’autres les voient dans des changements inhabituels de la nature, comme des tremblements de terre, des tempêtes, des inondations, ou des comètes ou des météores. (Kant 1986, 315, in Fœssel 2012, 57)

Ces lignes tirées d’un opuscule d’Emmanuel Kant, La Fin de toutes choses (1794), rédigé deux siècles après le sermon dont il sera question ici, pourraient s’appliquer à la dimension apocalyptique de la prédication et de la littérature confessionnelle de la période Tudor. Celle-ci est parcourue, à partir de l’émergence de la Réforme, de références à la proximité probable, voire à l’imminence, de la fin des temps. Ces supputations eschatologiques peuvent faire la matière d’ouvrages entiers comme chez John Bale, George Joye, John Foxe1

, ou bien apparaître de façon plus ou moins sporadique, et intervenir en renforcement ou en illustration de l’argumentation générale de l’auteur. Comme le remarque Richard Bauckham, cette tendance s’accentue dans les dernières décennies du règne d’Elisabeth I : « To judge from the

available evidence it would seem that the expectation of the imminent End increased in Elizabeth’s reign, reaching something of a peak in the 1580s […]. To speak of ‘‘this last age

1

Nous faisons ici référence à : la paraphrase de l’Apocalypse de Jean par John Bale : The Image of Both

Churches, Being an exposition of the most wonderful book of REVELATION of St John the Evangelist. ; The Select Works of John Bale, [c. 1545], (1849) ; la traduction-adaptation par George Joye, d’un texte du luthérien

allemand Andreas Osiandre : The Conjectures of the ende of the Worlde and of that godly and learned man,

Andrew Osiander (1548) ; The Conjectures of the ende of the Worlde by A. Osiander translated by Ge. Joye with many things by him added (1548) ; The Conjectures of the ende of the Worlde (gathered out of Scripture by A. Oseander (c. 1548) - disponible dans la base de données EEBO; la référence aux « derniers temps troublés » de 2

Timothée 3 :1 dans le titre de l’édition de 1563 des Actes and Monuments de John Foxe : Acts and Monuments of

these latter and perilous days, touching matters of the Church, wherein are comprehended and described the great persecutions and horrible troubles [1563] (1839), et les perspectives eschatologiques de l’œuvre.

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of the world’’ or ‘‘this old age of the world’’ became commonplace2. » (Bauckham 1978, 148). Exprimée avec plus ou moins d’emphase, cette conviction que la fin des temps est proche s’appuie sur l’exégèse de fragments de textes bibliques – prophètes de l’Ancien Testament, Evangiles, Apocalypse de Jean … – mis en relation avec les circonstances contemporaines et particulièrement le contexte religieux, et ceci, dans la plupart des cas, avec une orientation militante et polémique : la dénonciation de la corruption de la papauté et des exactions de l’Eglise romaine, plus généralement la corruption spirituelle, les persécutions, ou, à l’inverse, la proclamation de l’Evangile par les vrais fidèles du Christ (les réformateurs) sont présentés comme des aspects du dévoilement de l’Antéchrist et de ses auxiliaires, préalable à la survenue de la fin des temps et à la Parousie.

Il arrive aussi que cette conviction s’appuie, en complément, sur l’observation de dérèglements de toutes sortes, qu’il s’agisse de guerres ou d’anomalies climatologiques dont l’intensité ou la fréquence amène à les associer à ces signes dans le ciel dont parle l’Evangile de Luc (21 : 25-26). Selon Baucham en effet,

[m]any of [these signs] were natural calamities or general social disorders such as had been known in most ages. What the Tudor writers thought impressive was their frequency and intensity. Thus they listed : wars, persecutions, violations of social order, signs in the heavens, comets, many and strange eclipses, ‘many Sunnes at one time, many Rainebowes, many terrible blazyng Starres, fyres in the ayre like dartes and swordes’, remarkable conjunctions of planets, ‘inflammations of the aire’, plagues, raging seas and storms, ‘miraculous floods’, earthquakes, ‘unseasonalbe’ summers, monstrous births and prodigies, and ‘the uncertainty of all things upon earth’. The nova of 1572 drew much attention, though i twas seen rather as a sign in its own right than as a fulfilment of prophecy3. (Bauckham 1978, 151)

Je propose donc de m’intéresser dans ce chapitre aux modalités par lesquelles le Godly and

Fruitful Sermon [Sermon pieux et fertile] du pasteur élisabéthain Francis Trigge4, prêché en

2

« Sur la base des éléments dont nous disposons, il semblerait que la croyance en l’imminence de la fin des temps s’était renforcée au fil du règne d’Elisabeth, pour atteindre ce qui ressemble à un pic au cours des années 1580 […]. Parler du ‘‘dernier âge du monde’’ ou de ‘‘la vieillesse du monde’’ était devenu un lieu commun ».

3 « Nombre de [ces signes] étaient des calamités naturelles ou des troubles sociaux ne différant en rien de ceux

qui avaient marqué à peu près toutes les époques. Ce qui marqua les auteurs de la période Tudor, c’est leur fréquence et leur intensité. Ils dressèrent une liste des guerres, des persécutions, des violations de l’ordre social, des signes dans les cieux, des comètes, de nombreuses et étranges éclipses, de ‘‘la présence de plusieurs soleils, de nombreux arcs en ciel, quantité d’étoiles flamboyantes, à l’aspect terrifiant, des langues de feu en forme de flèches et d’épées dans les airs’’, de frappantes conjonctions de planètes, des ‘‘inflammations de l’air’’, des fléaux, des mers déchaînées, des tempêtes, des ‘‘inondations prodigieuses’’, des tremblements de terre, des étés ‘‘hors de saison’’, des naissances monstrueuses, des prodiges, et ‘‘une incertitude de toutes choses sur terre’’. La nova de 1572 avait été très remarquée, même si [elle fut] plutôt perçue comme un signe que comme l’accomplissement de la prophétie. »

4 Francis Trigge (c. 1540 – 1606), était pasteur de Welbourne dans le Lincolnshire. Pour des éléments

biographiques sur celui qui fonda également, en 1598, la bibliothèque de l’église de St Wulfram à Grantham (la « Francis Trigge Chained Library » est aujourd’hui la plus vieille bibliothèque publique d’Angleterre), voir Carlyle 2004, n.p.

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1592 et publié en 1594 et 1595, s’intègre à cette tendance, et aux fonctions de la représentation, sinon de catastrophes naturelles, du moins de phénomènes climatiques ou astronomiques étranges ou inhabituels.

I. Des signes dans le ciel et sur la terre

Trigge fonde son sermon sur un chapitre d’Isaïe sur la dévastation de la terre (« Esay the 24. Chapter. vers. 1.2.3. ») :

1. Beholde, the Lord maketh the earth emptie, and he maketh it wast[e] : he turneth it upsidedowne, and scattereth abroad the inhabitants thereof.

[…]

3. The earth shalbe cleane emptied, and utterly spoiled, for the Lord hath spoken this word5. (Trigge 2013, 60)

Ces versets inspirent une première tirade sur la vanité des entreprises humaines au regard de l’imminence de la fin, suivie d’une énumération de divers dérèglements climatiques et phénomènes astronomiques : « Strangeness of eclypses, and the multitude of them in our

daies, in comparison of the daies of our fathers, and the two eclypses of the sunne which shalbe seene this yeare, which I think was not seene in the memory of man before, the inflammations of the aire, and the ragings of the seas, the unseasonable sommers, and miraculous flouds which wee have had, the uncertainty of all things upon earth, surely all these are signs of this his comming6 » (ibid., 64). L’interprétation des anomalies climatiques ou astronomiques comme signes précurseurs de la venue du Christ à la fin des temps est ici on ne peut plus claire. Trigge la renforce par une citation de Luc 21.25-26 dont certains éléments y font directement écho : « Then there shalbe signes in the sunne, in the moone and in the

starres and upon the earth, trouble among nations, with perplexity, the sea and the waters shall roare, and mens harts shal faile them for looking for these things which shall come on the worlde7 » (ibid.).

Paradoxalement, il semble y avoir quelque chose de décevant ou de frustrant au regard de la thématique qui réunit les auteurs du présent volume dans le fait que Trigge ne fournit aucun détail supplémentaire sur les catastrophes, ou du moins les anomalies ou formes de

5 1. « Voici que le Seigneur dévaste la terre et la ravage, il en bouleverse la face, il en disperse les habitants ».

[…] 3. « La terre sera totalement dévastée, elle sera pillée de fond en comble, comme l’a décrété le Seigneur » (traduction TOB).

6 « L’étrange multiplication des éclipses de nos jours, en comparaison avec ce qu’ont connu nos ancêtres, et les

deux éclipses du soleil que l’on va observer cette année, chose qui, selon moi, aussi longtemps qu’on s’en souvienne, ne s’est jamais produite auparavant, les inflammations de l’air, les mers déchaînées, les étés hors de saison, les inondations prodigieuses qui sont survenues, l’incertitude de toutes choses sur terre, font qu’il y a là sans nul doute autant de signes annonciateurs de Sa venue ».

7 « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles, et sur la terre les nations seront dans l’angoisse,

épouvantées par le fracas de la mer et son agitation, tandis que les hommes défailleront de frayeur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde » (traduction TOB).

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perturbations qu’il évoque, alors que dans une autre section du sermon8, il fournit d’abondants et précis détails sur les pratiques du commerce et de l’agriculture contemporains. Ainsi, il s’étend assez longuement sur la spéculation sur le prix du blé, mais sans la mettre en lien avec de mauvaises récoltes résultant des aléas climatiques relevés9. Pour autant, si le volume qu’occupent quelques lignes dans l’économie du sermon est réduit, elles y ont une fonction clé en ce que cette brève énonciation engendre dans la suite du discours un jeu d’échos et de résonances amplifiées dans des variations et de longs développements sur d’autres aspects du monde qui est celui de Trigge et de ses contemporains, le tout sur fond d’eschatologie et dans la perspective du jugement dernier que le prédicateur souhaite imprimer avec force à l’esprit de son public pour l’exhorter au repentir. Tel est en effet le but premier du sermon qui entrecroise une trame de références bibliques avec des constatations critiques sur la condition morale et spirituelle de la société contemporaine, laïque ou ecclésiastique. Ces remarques plutôt concises, mais frappantes, constituent un pilier de l’argumentation de Trigge, leur fonction étant de capter l’attention de ses auditeurs, puis de ses lecteurs dans la version publiée du sermon, en leur présentant à l’esprit, ou en leur re-présentant ces phénomènes qu’ils ont pu eux même observer, et dont ils ont pu s’alarmer, inscrivant ainsi le futur – celui de la catastrophe finale – dans le présent des signes visibles de celle-ci10. De la conclusion qu’il présente immédiatement « surely all these are signs of this his [Christ’s] comming11

», ces éléments constituent des preuves tangibles précisément parce qu’observables par tous, même par les plus rétifs, contrairement aux catastrophes décrites dans les récits bibliques. Cela n’empêche pas Trigge de les mettre en parallèle avec celles-ci en amenant en écho une série d’extraits de textes prophétiques de la Bible : les Evangiles de Luc et de Matthieu (« Now is the time when he that is on the house top, should not come downe to fetch anything

8 Dans l’édition citée, cette section est introduite par la mention du couple « like buyer, like seller » [« tel

vendeur, tel acheteur »] du passage d’Isaïe 24 :2 (dont la citation complète est donnée plus loin dans ce chapitre) et couvre les pages 119-128 pour les pratiques en matière de commerce et de thésaurisation du blé.

9 Il est difficile de dire avec précision la période que l’auteur a en tête. Dans la citation donnée plus haut, à

propos des éclipses solaires, Trigge parle de « our daies, in comparison of the daies of our fathers » [« de nos jours, par comparaison avec ce qu’ont connu nos ancêtres »] pour leur fréquence, ce qui peut renvoyer à l’espace d’une génération, voire d’un siècle ou plus ; de « this year » [« cette année »] pour un phénomène particulier – probablement 1595, année de la deuxième publication du sermon, où il y eut une éclipse solaire totale visible dans toute l’Europe du Nord et les îles britanniques. Il n’évoque ni la nova de 1572, ni la comète de 1577, ni le tremblement de terre de 1580. Pour les autres anomalies climatiques, il écrit simplement « which we have had » [« qui sont survenues »], ce qui peut suggérer un passé assez récent, et peut coïncider avec le début en 1594 d’une période catastrophique marquée par une série de mauvaises récoltes liées à des pluies torrentielles qui provoquèrent une famine en 1596-1597.

10

Nous nous inspirons de la réflexion de Michaël Fœssel : « On le voit, la marque des pensées de la catastrophe, qu’elles soient religieuses ou non, est d’inscrire le futur dans le présent. La consistance du présent, ce que nous pouvons appeler l’actuel, se trouve abolie au profit d’une fin dont on postule qu’elle est déjà à l’œuvre dans l’histoire » (Fœssel 2012, 37).

11

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out of his house […]12 » (Luc 17.31 et Matthieu 24.17, Trigge 2013, 60), la deuxième Epitre de Pierre (« the world shall surely be destroyed, and the earth shal burne […]13 ») et à nouveau l’Evangile de Matthieu (« the gospel promiseth ‘‘[…] great stormes to the ship,

wherein he [Christ] saileth, […]’’14 » [2. Pierre 3.10 et Matthieu 16.24, Trigge (1595) 2013, 61]), le livre du prophète Joël (« the day of the Lord is a terrible day and at hand […] ») et Isaïe (« the earth […] reeleth too and fro like a drunken man […] the sunne and moone shall

be abashed […] » [Joël 2:1 et 2:12-13 ; Isaïe 24:19-23; Trigge 2013, 74])15, les livres des prophètes Daniel, Isaïe et Malachie (« And among the Prophets Daniel, Essay, and Malachi

have most plainely declared to us this great mistery16 » [Trigge 2013, 76]), et à nouveau la

deuxième épitre de Pierre (« The earth shall burne saith Peter and al the works thereof 17» [Isaïe 24:1-3, Daniel 7:9, Malachie 4 :1, 2, Pierre3:10, Trigge 2013, 76]).

L’idée que ces phénomènes constituent des symptômes et relèvent de la catégorie des signes précurseurs (« surely all these are signs …18 ») est soutenue par un double appareillage d’exemples ou d’arguments, d’ordre spirituel et scripturaire d’une part, naturel d’autre part, l’un venant en renforcement de l’autre.

II. Le topos du vieillissement du monde

Intercalés avec des références scripturaires, d’autres éléments de démonstration ou pièces à conviction dérivés de l’observation directe ou indirecte du monde environnant sont introduits. Trigge qui adhère toujours à « l’idée antique et scolastique de cosmos » (Fœssel 2012, 20) utilise tantôt « terre » (« earth ») tantôt « monde » (« world ») et parfois « cosmos » - rappelant au passage que le terme vient du mot grec pour « beauté »19 (Trigge 2013, 86), pour en référer à ce qui est à la fois création et miroir de l’harmonie divine dans la nature, et matière périssable, soumise à la dégradation et à la destruction. Reprenant le topos du mundus senescit, il expose ce qu’on peut décrire comme une théorie du vieillissement du

12 « Voici venu le Jour où celui qui sera sur la terrasse devra se garder de descendre pour emporter ce qu’il y a

dans sa maison » (traduction TOB).

13 « […] sans nul doute le monde sera détruit, et la terre sera consumée » (traduction Bible de Jérusalem, 1975). 14 « […] l’Evangile prédit que le vaisseau du Christ devra affronter de violentes tempêtes ». (traduction TOB). 15

« Que tous les habitants du pays frémissent : le jour du Seigneur vient, il est proche » ; « La terre vacille comme un ivrogne […] La lune sera humiliée, le soleil sera confondu » (traductions TOB).

16 « Et parmi les prophètes, Daniel, Isaïe et Malachie nous ont très clairement exposé ce grand mystère ». 17 « La terre avec les œuvres qu’elle renferme sera consumée » (traduction Bible de Jérusalem, 1975). 18 « […] sans nul doute il y a là autant de signes … ».

19

« And this separation and division of all thinges being made by the great wisedom of God, was the cause of the

beauty of the worlde : wherfore it was called afterward of the Greeks κόσμος that is beauty. » [« Et cette

séparation, cette distinction entre toutes les choses accomplie par la grande sagesse de Dieu a été à l’origine de la beauté du monde ; c’est pourquoi les grecs l’appelèrent plus tard κόσμος , c’est-à-dire beauté »] (Trigge 2013, 86).

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monde, ou de la terre, énonçant au passage une – évidente - loi de la nature selon laquelle tout ce qui a un commencement doit avoir une croissance et une fin : « […] that there shalbe an

end nature […] teacheth : whatsoever hath a beginning […] hath […] an ending20 » (ibid., 75).

Pour revenir à la certitude que la fin du processus en question n’est plus éloignée Trigge compose le tableau d’un monde vieillissant, d’une terre à l’agonie dont un motif brode sur un autre topos cher à la période, celui du microcosme-macrocosme. Tandis que Trigge rappelle que l’homme est un « petit monde » (« little world », ibid., 77), il cite Esdras qui compare le monde et la terre à un homme : « Esdras also compareth the worlde and earth to a man21 » (2.Ezr.14.10-18, Trigge 2013, 78). Ce monde est dépeint comme un organisme vivant qui vieillit et s’affaiblit « The world waxeth old (saith Esdras) and weaker and weaker22 » (ibid.) et dont la beauté, comme celle d’un être humain, se flétrit. Selon lui les signes de ce vieillissement et de l’approche de la mort sont évidents :

[…] before death there appeareth inordinate heate or cold, weaknes of al the memberes, sighing of the

heart, shortnes of breath, these be certaine signes and tokens of death. And as in man (who is called a little world) so I suppose in the great worlde, when the like tokens appeare, the destruction and finall ende of it also approcheth. And maie we not perceive now the extinguishing of natural heat in the soule, and the excesse and encrease of heate unnaturall and inordinate, and the distemperature of all members23 ? (Ibid., 77)

Au terme de cette réflexion élaborée à partir de l’énumération initiale, Trigge arrive à un élément intermédiaire majeur de sa démonstration qui est de montrer qu’au processus naturel, inéluctable de sénescence qui affecte la terre aussi bien que l’être humain en tant qu’espèce (l’humanité) comme en tant qu’individu, au niveau collectif comme individuel, (à « old age of

the earth24 » correspond « decay of man25 », ibid., 86), viennent s’ajouter les souffrances dont les humains sont la cause et dont certains d’entre eux sont eux-mêmes victimes. Il se fait alors l’écho des lamentations de la terre :

[…] doth not every man almost sigh and complaine ? doeth not the earth grone and sigh ? […] As

Abels bloud our of the earth : so nowe also the earth it selfe crieth to God. The earth now groneth and sigheth, saith S Paul, being against its wil subect to vanity […] if it beare with gronings the vaine

20 « […] qu’il y aura une fin, la nature […] nous l’enseigne : tout ce qui a un commencement […] a […] une

fin ».

21

« Esdras aussi compare le monde et la terre à un homme ».

22 « Le monde vieillit (nous dit Esdras) et s’affaiblit de plus en plus ».

23 « […] avant la mort apparaissent une chaleur ou un froid excessif, une faiblesse dans tous les membres, le

cœur soupire, le souffle se fait plus court : ce sont là des indices, et des signes certains, que la mort est proche. Et ainsi qu’il en va chez l’homme (que l’on dit être un petit monde), de même il me semble que dans le grand monde, lorsque de tels indices se manifestent, sa destruction totale et sa fin sont proches. Et n’observons-nous pas aujourd’hui l’extinction de la chaleur naturelle de l’âme et, à l’inverse, une augmentation hors de toute mesure, et contraire à la nature, de la chaleur, et le dérèglement de la température dans tous les membres ? »

24 « […] vieillesse de la terre ». 25

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dealings of men in trimming and digging her, for their pleasures : surely it cannot beare the mangling and scorching of ther face without crying out and exclaiming, and that to the hurt of the poor. So that now she even sigheth […] for injuries and wrongs committed upon her : now she even gaspeth for life. The earth heretofore hath beene full of vanity, but now the dayes of Noah are upon us26. (Ibid., 77)

III. La catastrophe naturelle comme métaphore de la dégénérescence morale et spirituelle

Les variations sur le thème du vieillissement et de la maltraitance dont une partie de l’humanité se rend coupable envers la terre amènent le glissement vers la thématique de la dégénérescence morale et spirituelle de l’époque, en particulier le manque de charité des riches, négociants ou propriétaires terriens que Trigge fustige dans la dernière partie de son sermon. On peut repérer, dans le passage précédemment cité, le point de basculement des considérations naturelles vers des considérations morales, spirituelles et sociales voire politiques portant sur l’état du monde « sous les jours de Noé ». Trigge le prolonge dans un développement sur la sueur de la terre (« sweating of the earth »), expression empruntée cette fois non plus à la Bible mais au pseudépigraphe de la Sybille27. Il en cite de longs passages dont l’un fournit encore une association entre dérèglement climatique et imminence de la fin :

And here lastly, even of the very weather and unseasonable seasons of our times which wee presently feele, let us marke how plainely she prophesieth :

When God the time of yeare shall change : Of summer drie to winter strange. Then shal such sinnes committed be : As are not to be spoke truly28. (Ibid., 85)

L’expression « sweating of the earth29

» proprement dite apparaît dans le passage suivant :

In sweating shall the earth shew forth A signe of dreadful doome.

Eke downe from skies shall come a king,

26 « […] n’entend-on pas tous les hommes, ou presque, se plaindre et soupirer ? N’entend-on pas la terre gémir et

soupirer ? Comme le sang d’Abel criait vers Dieu depuis la terre, ainsi aujourd’hui c’est la terre elle-même qui crie vers Dieu. La terre gémit et soupire, dit saint Paul, car elle est livrée contre son gré à la vanité […] si elle supporte en gémissant les vaines entreprises des hommes qui la creusent et la façonnent pour leur plaisir, sûrement elle ne peut supporter sans crier et s’exclamer tout fort qu’ils mutilent et brûlent sa face, tout ceci au détriment des pauvres. Ainsi soupire-t-elle […] pour tous les torts et les offenses qui se commettent à sa surface : ainsi suffoque-t-elle, luttant pour rester en vie. Jusqu’ici la vanité a régné sur la terre, mais désormais les jours de Noé sont sur nous. »

27 Trigge a probablement utilisé l’édition de Castellion des Oracles Sibyllins : Sibyllinorum Oraculum Libri VIII

addita Sebastiani Castalionis interpretatione latine, Bâle 1555. Il en affirme ainsi l’authenticité : « […] these verses were not counterfeited since Christes comming, seeing Tullie maketh mention of them in his booke de

divinatione ». [« […] ces vers n’ont pas été falsifiés depuis le temps du Christ : à preuve, Tullius [c’est-à-dire Cicéron] en fait mention dans son De divinatione »] (Trigge (1595) 2013, 81). Pour la Sybille, voir aussi Augustin, Cité de Dieu, livre XVIII, ch. 23 et Oracles sibyllins dans Ecrits apocryphes chrétiens (Geoltrain et Kaestli 2005, 1045-1083).

28 « Et enfin, voyons avec quelle clarté la prophétie annonce même le temps et les saisons déréglées que nous

connaissons de nos jours : / Lorsque Dieu changera les saisons, / De l’été sec faisant étrange hiver, / Alors de tels péchés se commettront / Qu’en parler ne peut se faire. »

29

(9)

that evermore shall raigne,

So that all flesh, that king shall judge,

[…]

When that the world shal end

[…]30

(Ibid., 80-81)

Dans son commentaire Trigge présente cette sueur de la terre comme une métaphore car, dit-il, la terre étant par nature froide et sèche, elle ne peut en réalité pas transpirer : « […] the

earth otherwise properly cannot sweat, for it is cold and dry (as the Philosophers affirme)31 » (ibid., 81) ; il s’agit là donc du climat moral et spirituel provoqué par la cupidité des propriétaires terriens qui imposent à leurs fermiers des loyers et autres charges exorbitants (« and so surelie it should seeme, that our great and excessive rents or great burthens and

paiments which covetous landlords lay on their tenants, without al compassion, do cause this sweating of the earth32 », ibid.). De même, expose-t-il, les buissons d’épines (« briars ») dont il est prophétisé qu’ils envahiront la terre dans les derniers temps servent à désigner les hommes au comportement indigne. Ainsi aux excès ou déficiences climatiques, sécheresses ou inondations, correspondent excès ou manques dans les comportements humains. A la sécheresse du climat répond la sécheresse du cœur, le manque de charité généralisé. Aux désordres et dérèglements cosmiques correspondent les perturbations de l’ordre social et politique dont se rendent coupables certains membres du Commonwealth et sujets de Sa Majesté.

C’est ainsi que Trigge arrive à l’essentiel de son propos, auquel introduit le second verset d’Isaïe dans l’extrait proposé, avec l’énumération et la mise en parallèle de catégories ou fonctions sociales : « And there shalbe like people, like priest ; and like servant, like master ;

like maide, like mistress ; like buyer, like seller ; like lender like borrower ; like giver, like taker to usurie33 » (Isaie 24 :2 ; Trigge 2013, 60). Il s’agit non seulement de dénoncer l’usure et la spéculation, mais aussi bien d’autres maux de la société et bien d’autres comportements répréhensibles qui sont autant de péchés, et d’exhorter sans relâche à se repentir, à réformer sa vie, et à abandonner les vains plaisirs du monde devant la perspective de la fin de celui-ci, du jugement dernier, et du risque de damnation éternelle.

30

« Lorsque la terre tout en sueur sera / Ainsi donnera-t-elle un signe funeste de la fin. / Aussi des cieux viendra un roi / Qui éternellement règnera / Et toute chair, ce roi jugera / […] / Lorsque du monde viendra la fin […] ».

31 « […] la terre cependant ne peut réellement produire de sueur, car elle est froide et sèche (ainsi que l’affirment

les philosophes) ».

32 « Et ainsi il semblerait que les loyers élevés et excessifs, ou les lourdes charges et autres paiements que les

propriétaires avides imposent à leurs fermiers, sans la moindre compassion, soient la cause de cette sueur de la terre ».

33 « Il en sera du prêtre comme du peuple, du maître comme de l’esclave, de la maîtresse comme de la servante,

du vendeur comme de l’acheteur, du prêteur comme de l’emprunteur, du débiteur comme du créancier » (traduction Bible de Jérusalem, 1975).

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Conclusion : entre catastrophisme et prudence

Un premier constat au regard de la représentation des catastrophes naturelles, c’est que Trigge ne s’alarme pas outre mesure des dérèglements climatiques qu’il évoque alors même qu’il les considère comme signes de la fin. Fin du monde, fin des temps qui ne l’alarme pas non plus en tant que telle – puisqu’avec elle vient aussi la Parousie, le règne du Christ, événements dont on ne peut que se réjouir, pourvu qu’on soit du bon côté de la ligne de partage entre les élus et les damnés. Dans cette optique, au-delà des signes que constituent les catastrophes naturelles, c’est la perspective du Jugement dernier qu’il est de son devoir, en tant que pasteur, de rendre réelle, présente à la communauté dont il a la charge afin de lui signifier l’urgence absolue du repentir. On pourrait dire qu’il « veut produire une angoisse utile qui situe les hommes face à leur propre finitude » (Fœssel 2012, 30)34. Du point de vue du prédicateur élisabéthain la finitude humaine, temporelle, terrestre, débouche sur l’éternité soit de la béatitude soit de la seconde mort ou damnation. L’imminence de l’Eschaton prête à l’incitation à se préoccuper de son salut, qui en temps ordinaire concerne individuellement chaque membre de la communauté, une dimension collective et une force de persuasion magnifiée. L’évocation des anomalies climatiques récemment constatées (éclipses récurrentes, orages, mer déchaînée, saisons perturbées, ardeur excessive du soleil ou pluies diluviennes), avec leur côté étrange, spectaculaire, voire terrifiant, et leur identification comme des signes avant-coureurs de la fin, sert à frapper l’esprit des auditeurs ou des lecteurs pour les rendre plus réceptifs à l’admonestation morale et spirituelle qui est le propos du sermon et en compose la part la plus importante. Il existe d’ailleurs peut-être une contradiction chez Trigge au sens où la destruction finale est présentée comme inéluctable et proche alors que l’exhortation à se réformer, surtout du point de vue moral et social, semble impliquer une projection dans une certaine durée. La parénèse est d’autre part tempérée par le rappel de la mansuétude divine qui s’exprime dans les dérèglements, anomalies ou autres calamités au

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La formule est également empruntée à Michaël Fœssel, à ceci près que Fœssel écrit ces mots pour distinguer « l’apocalypticien contemporain » de ses devanciers (« les apocalypticiens judéo-chrétiens classiques »), le premier espérant pouvoir agir et empêcher la fin en question. Fœssel cite G. Anders : « si nous nous distinguons des apocalypticiens judéo-chrétiens classiques, ce n’est pas seulement parce que nous craignons la fin (qu’ils ont, eux, espérée) mais surtout parce que notre passion apocalyptique n’a pas d’autre objectif que celui d’empêcher l’apocalypse » (Anders, 2007, 88) ; et poursuit : « Contrairement à ses devanciers, l’apocalypticien contemporain est animé par la passion d’avoir tort. En annonçant que nous vivons ‘‘le temps de la fin’’, il veut produire une angoisse utile qui situe les hommes face à leur propre finitude. C’est précisément parce que le monde peut finir qu’il y a quelque chose à faire. Cette différence quant à l’objectif distingue la période présente des ressorts apocalyptiques traditionnels faits de craintes ou d’espérances toujours impuissantes. » (Fœssel 2012, 30).

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sens où, à travers elles, Dieu avertit les hommes et leur laisse une possibilité de se tourner vers lui avant la dernière heure. La catastrophe est donc salutaire et providentielle :

And here surely as in other thinges almost which we use, so also in evils, and troubles, and stormes, and tempests, we are to praise the loving kindness of the Lord. He bestoweth no ggod thing of us without some signification of it before, no nor no evil thing neither without some token or florishing35. (Trigge

2013, 76)

Trigge paraît partager ces observations, de même qu’une certaine prudence, avec d’autres prédicateurs de son temps. On songe par exemple à Edwin Sandys qui consacre explicitement un sermon aux « signes dans le soleil, la lune, les étoiles » (Luc 21)36, mais avertit que si de tels signes doivent annoncer la deuxième venue du Christ pour le jugement, nul ne connaît le jour et l’heure de celle-ci, et il exhorte à se préoccuper d’éviter le péché et à se tourner vers le Christ au lieu d’interroger les astres (Sandys, 1842, 353). Dans ce type de prédication, l’évocation de catastrophes ou anomalies climatiques et leur exploitation vise à rappeler l’impermanence de toute chose, à susciter juste ce qu’il faut de sentiment d’urgence sans pour autant faire basculer dans la panique ou alimenter un catastrophisme prophétique incontrôlé qui relèverait de la terreur ou provoquerait une fascination superstitieuse pour l’étrange sans amener à un examen de conscience et à une réformation des modes de vie, au repentir et à la conversion, ceux-ci demeurant l’objectif premier de l’art du prédicateur.

*********** Bibliographie

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Parker Society, Cambridge 1849.

Bauckham, Richard : Tudor Apocalypse, The Sutton Courtenay Press, Oxford, 1978.

35 « Et en ceci certainement comme dans d’autres choses dont nous usons, de même dans les maux, dans les

tourments, dans les orages et les tempêtes, nous devons louer la bonté du Seigneur dans son amour. Il ne nous envoie rien de bien sans nous en donner un signe auparavant, ni rien de mal non plus sans nous envoyer un présage ou une semonce. »

36 Edwin Sandys (1516?-1588) : “A sermon preached at Paul’s Cross: Luke 21: 25 Then there shall be signs in

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Firth, Katherine : The Apocalyptic Tradition in Reformation Britain: 1530-1645, Oxford, 1979.

Fœssel, Michaël : Après la fin du monde : Critique de la raison apocalyptique ; Editions du Seuil, Paris, 2012.

Foxe, John : Acts and Monuments of these latter and perilous days, touching matters of the

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